Please, don’t kill me
@Anthony Lewis ☆ Pénélope

Inutile de dire que je n’avais pas passé une très bonne nuit. Je m’étais endormie vers 2h du matin, révéillée à 4h par le sms de Tony et je n’avais pas pu me rendormir. Je pensais à lui et à Juliet. A lui avec Juliet. A eux deux ensemble et ça me serrait le ventre. Ça me donnait la nausée parce que je savais le pouvoir qu’elle avait sur lui. J’en avais été indirectement témoin. J’en avais été une victime aussi quand il était parti la rejoindre au nouvel an et qu’il m’avait évité des jours durant. Et honnêtement, je craignais qu’il se passe la même chose. Pourtant, il s’en était passé des choses entre nous mais dès que cette femme entrait en jeu, il ne réfléchissait plus correctement. Je me sentais encore en compétition avec elle et j’avais l’impression qu’elle était en train de gagner. Elle l’appelait et il accourait.

La commode que j’avais reçu en kit était montée – j’y avais passé une bonne partie de ma soirée – et je l’avais poncé dans la nuit. J’avais déjà passé une couche d’apprêt – blanche – ainsi que la première couche de peinture bleu clair. J’avais dans l’idée de faire la chambre des bébés sur le thème de l’océan. J’avais commandé des stickers en forme de tortue, de dauphins, de poulpe et même de sirène pour décorer la chambre. J’étais plutôt fière de moi pour le moment mais je gardais toujours en tête la nuit que Tony avait passé avec Juliet et je n’arrivais pas à passer outre. Je me demandais ce qu’il avait dit, ce qu’elle, elle avait dit et ce qu’ils avaient fait ou pas fait. Ça me rendait dingue !

Je m’étais préparée un jus d’ananas que je dégustais sur la terasse en attendant de pouvoir passer la deuxième couche de peinture quand j’entendis frapper à la porte. « Penne ? » - « Je suis sur la terrasse. » criais-je sans pour autant bouger de ma place, retardant le plus possible de me retrouver face à lui parce que je n’avais tout simplement pas envie de parler. Finalement, je levais mes fesses et me dirigeais vers l’entrée pour le retrouver. « J’ai fait au plus vite --- je suis crevé mais je te jure que je suis prêt à donner un coup de main … et tu connais ma mère, tu sais que je suis un peu doué en peinture » Un haussement d’épaule de ma part avant que je ne lève les yeux vers lui et que je m’écris : « Tu t’es battu ?!!! » - « Non, c'est rien du tout ... je t'assure » Je le regarde, effarée, et pose mon verre sur la table du salon avant de le rejoindre pour lui faire face. « Donc ça c’est rien du tout ? Tu te fous de moi ? » demandais-je avec un regard teinté de reproche mais surtout d’inquiétude, « Un petit souvenir du mari de Juliet ? T’as claqué la bise à ce gentil monsieur ? » Ironie quand tu nous tiens, « T’as désinfecté au moins ? » et je regrette déjà cette question, je ne veux surtout pas l’entendre dire que c’est Juliet qui s’est occupée de lui.

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« … quelques coups mais rien de plus, et entre nous, il était préférable que ce soit sur moi et non sur elle qu’il passe ses nerfs --- » Son regard rassurant ne me dit rien qui vaille. Il s’attendait à quoi ? Que je le félicite ? Que je lui offre une médaille parce qu’il est allé au-devant du danger ? Cependant, je ne peux pas, non plus, ignorer le fait qu’il m’ait à moitié révélé que le mari de Juliet la frappait. Ça je ne pouvais pas l’ignorer et bien sûr que ça me touchait, plus que je ne l’admettrais jamais. Mais la première personne qu’elle avait pensé à appeler quand un pépin lui arrivait, c’était Anthony. Parmis toutes les personnes qu’elle devait connaître, c’était lui qu’elle avait appelé … Merde !! Ses mains viennent se poser sur mes épaules, pour me rassurer, mais ça ne fait qu’accentuer mon agacement et je lève les yeux au ciel. « Regarde, je suis en forme, je suis sur pied et tout va pour le mieux --- t’as pas besoin de t’occuper de moi sur ce coup-là, c’est moi qui suis venu pour m’occuper de toi et de cette chambre. OK ? » - « On dirait Rocky Balboa. » ne puis-je m’empêcher de lui faire remarquer. Ses mains passent de mes joues à mes épaules, et je pourrais presque être attendrie par ce geste mais je suis surtout jalouse. Jalouse qu’il ait accouru vers elle même si je trouve ce geste très noble dans la mesure où aucune femme – AUCUNE ! – ne devrait avoir à subir des violences conjugales. J’en recevais au planning familial et ça me révoltait tellement. « T’aurais pas dû te donner cette peine. Le meuble est monté depuis hier soir, je l’ai déjà poncé hier, mis une couche d’apprêt ce matin » Non, c’était cette nuit aux alentours de 4h du matin mais il n’avait pas besoin de le savoir, « et je viens de finir la première couche de peinture, … c’est en train de sécher. » Je précise en plantant mon regard bleuté dans le sien. Je ne peux pas cacher mon air agacé ni même les éclairs que mes yeux doivent lui lancer. « Et j’ai pas besoin de m’occuper de toi parce qu’elle l’a fait cette nuit ? … Non tais-toi, je veux pas savoir. » Je ne me rendais même plus compte à quel point mon point de vue était biaisé. J'exagérais. Je faisais confiance à Tony. Ce qu’on s’était dit sur le voilier en direction de K’Gari, je savais qu’il était sincère et qu’il ne mentait pas mais il y avait une autre part de moi – celle qui se sentait encore en compétition avec Juliet – qui se faisait les pires scénarios.

« Tu m’en veux ? Tu m’en veux de m’être mêlé de son histoire de couple, pas vrai ? T’as ton air de « j’ai envie de te tuer mais je me retiens par politesse » --- d’autant plus que je sais que tu as lu/vu mon message hier. Tu m’en veux. Mais tu n’as absolument rien à craindre, Pen. Je suis avec toi. Il ne se passera plus jamais rien avec Juliet. C’est du passé. Je lui ai juste rendu un service car elle n’avait personne d’autre et que je ne suis pas le roi des enfoirés. » Il me connaissait trop bien. Il me connaissait même par cœur … Normal, c’était mon meilleur ami depuis toujours et il avait appris à lire dans ma tête. Il connaissait toutes mes mimiques, tous mes regards en coin … absolument tout. Je ne pouvais rien lui cacher. « Elle t’aime toujours … j’en suis sûre. » On appelle pas son ex en premier si on ne ressent rien pour lui. Je soupire longuement et me saisis de sa main, caressant du bout des doigts ses phalanges avant que je ne le lâche et que je passe ma main dans mes cheveux : « ça t’as fait quelque chose de la revoir ? ça t’as retourné le cerveau ? » comme à chaque fois ? Question imperceptible et j’espérais qu’il comprenne où je voulais en venir. J’étais prête à le croire mais il fallait que je sache si elle avait encore ce pouvoir sur lui. Si elle arrivait encore à l’envoûter par sa simple présence. Après je n’étais pas dupe, j’imaginais sans problème que ça l’avait touché de savoir qu’elle avait été frappé – en tout cas c’est ce que j’en avais déduit à son discours – mais je ne parlais pas de ça bien sûr. « C’était juste un service … » Un rire sans joie et je roule des yeux. « Ouai … bien sûr. On a qu’à lui demander, je pense pas qu’elle voyait ça comme un service. » Je croise les bras contre ma poitrine et finis par reculer de quelques pas pour venir m’asseoir au canapé, attendant sa réponse avec impatience.

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« Dans ta bouche, ça sonne pas comme un compliment … » - « Parce que je suis pas fan de Stallone … à choisir je préfère Vin Diesel ou Jason Statham. » Un haussement d’épaule …une tentative d’humour. Il connaissait mon amour pour la saga Fast & furious plutôt que celle du boxeur. Je vois bien dans son regard qu’il regrette vraiment de ne pas avoir été là pour le montage de cette commode. Si j’étais encore plus en colère contre lui je le laisserais miroiter qu’il a tout loupé mais je n’en suis pas capable. Sérieux ? » Un nouveau haussement d’épaule. Je baisse le regard une semaine tout en me pinçant la lèvre inférieure, « Oui mais il reste encore une couche de peinture à faire et le vernis aussi … » Il pourrait se rattraper là-dessus, je ne voulais pas le priver de cette opportunité. « Et si ça t’intéresse, j’ai aussi acheté de la peinture pour les murs de la chambre et j’ai commandé des stickers de tortue, de poulpes, de baleines et de sirène, tu pourras le faire… Si t’as envie. » Je pouvais le faire toute seule, j’étais indépendante mais je pouvais aussi lui laisser la place qu’il souhaitait prendre.

La réalité c’est que Juliet l’a appelé au secours et qu’il a passé sa soirée avec elle, alors qu’il avait prévu de la passer avec moi. Son silence sur le fait qu’elle se soit occupée ou pas de ses blessures suffit à donner une réponse à ma question. Et j’apprécie qu’il n’en rajoute pas une couche en y répondant. J’étais persuadée qu’elle l’aimait toujours et encore une fois, j’avais vu juste. La question qui me venait en premier, c’était même pas de savoir qu’il s’était vraiment passé pendant la soirée et la nuit, c’était surtout de savoir si ça le perturbait tout autant de la voir et de l’avoir près de lui. « Quoi ? Non ! C’était juste un service » Mon côté légèrement paranoïaque me ferait dire qu’il a répondu un peu trop vite mais, j’essaie de me raisonner. Tony ne me mentirait pas en me regardant dans les yeux. « Ok je te crois. » abdiquais-je, avant de le planter là pour rejoindre le canapé. Il me suit et vient se planter en face de moi, la tête sur mes genoux avec son air façon chat potté, le même regard qu’il me faisait quand il avait 16 ans et qu’il essayait de me convaincre de faire une connerie. Oui ce regard-là ! Sauf qu’il ne voulait pas me faire faire de conneries cette fois. « Penne ! Ça me fait juste chier de savoir que quelqu’un que je connais et avec qui j’ai passé pas mal d’années de ma vie se retrouve dans une situation comme celle-là --- mais je ne fais pas partie de sa vie, je ne fais plus partie de sa vie et je ne suis plus son preux chevalier --- elle sait qu’elle va devoir se débrouiller toute seule, que je suis la solution finale s’il n’y a personne d’autre --- c’est toi que j’aime, qu’elle m’aime toujours ou qu’elle me voit comme un ami, on s’en fout, non ? » Je comprenais très bien son raisonnement. Je comprenais qu’il veuille pas laisser quelqu’un qu’il connaît dans cette situation pourrie. Une situation que je ne souhaiterais pas à ma pire ennemie. Je lève les yeux au ciel puis je soupire longuement en sentant ses lèvres sur mon genou. « Moi ça m’emmerde qu’elle t’aime encore et qu’elle te le dise… parce que je suis quasi certaine qu’elle te l’a dit. » lui dis-je en plantant mon regard dans le sien, « Mais … » Ah ? Il avait réussi à m’adoucir ? « … Si toi tu t’en fous, je suis prête à faire un effort. » Un haussement d’épaule. Je m’étais calmée … un peu. Je me penche alors vers lui et enroule prudemment mes bras autour de son cou que j’embrasse tendrement. « ça veut dire que t’es mon preux chevalier ? » demandais-je d’une voix un peu enfantine.

Qu’il ne se croit pas totalement sorti d’affaire. Je m’étais partiellement calmée mais il devait se douter que j’allais finir par lui demander ce qu’il s’était vraiment passé.

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@Anthony Lewis ☆ Pénélope

ça m’emmerdait d’avoir raison. J’aurais préféré me tromper en disant être sûre qu’elle était encore amoureuse de lui mais son silence parlait pour lui. Juliet restait encore une rivale à mes yeux mais cette fois, même s’il lui était venu en aide, j’avais l’impression que les choses changeaient. Que même Tony ne voyait plus Juliet de la même manière … Et ça me rassurait qu’elle n’ait plus autant de pouvoir sur lui, ça calmait ma peur de le voir partir avec elle. C’était pour cette raison que je décidais de faire, moi aussi des efforts. Un soupir de soulagement s’échappe de ses lèvres et je lui adresse un petit sourire en coin, avant d’enrouler prudemment mes bras autour de son cou. Il ne s’en tirerait pas à si bon compte et il commencerait par me dire ce qui s’était passé pour qu’il prenne des coups. Le mari de Juliet ne l’avait pas loupé. « Mieux que ça, je suis tout ce que tu veux et ce dont tu as besoin. Je suis le meilleur-ami, le preux chevalier, le plombier, le décorateur d’intérieur, le cuisinier … t’as la version de luxe. T’es la seule à l’avoir, la version de luxe. » Je lui adresse à nouveau un sourire, un vrai sourire cette fois avant qu’il ne dépose un autre baiser sur mes lèvres. J’aimais toutes les versions qu’il me montrait de lui mais celle que je préférais était la version authentique parce que c’était de cette version-là que j’étais tombée amoureuse. « Bon, tu viens et tu me montres ce que tu as accompli en mon absence … je suis curieux de voir ça ! » Me dit-il en tendant ses mains pour que je me lève. « ça marche ! Je suis plutôt contente de moi. » répondis-je. Je me lève et ses bras viennent s’enrouler autour de ma taille pour m’attirer contre. « t’as vraiment pas à t’inquiéter, Pen, je n’ai d’yeux que pour toi … et c’est pas prêt de changer. » Mon regard se plonge dans le sien et je me surprends à lui avouer : « Je sais … Et j’arrête pas de me dire la chance que j’ai de t’avoir dans ma vie.» de m’accepter avec mon bagage, mon nouveau bagage, sans partir en courant.

Une petite tape sur mes fesses qui m’arracha un petit rire. « allez montre-moi ça. Et tu peux garder le reste de ta colère et de ton interrogatoire, si si je sais que ce n’est pas la fin de cette discussion, pour plus tard ! » J’hausse les sourcils face à son sourire complice. Il me connaît par cœur, il sait que je vais forcément le questionner sur sa soirée précédente. « Parfois j’oublie que tu me connais beaucoup trop bien … Mais ouai, cette discussion n’est pas terminée. » Un clin d’œil avant que je ne saisisse doucement sa main pour le guider vers la chambre des bébés. La fenêtre était grande ouverte et la commode, posée au sol, sous un grand carton, pour préserver le parquet ancien de la maison. La première couche de peinture donnait déjà l’idée du rendu final. Le meuble était d’une couleur brute à la base et j’avais voulu le peindre en un bleu plus foncé que le serait le mur. « T’en penses quoi ? » je lui demande tout en le laissant rentrer dans la chambre, « Avant même de savoir le sexe des bébés, j’avais déjà dans l’idée de faire une chambre sur le thème de l’océan, c’est un thème neutre, doux et surtout je trouve que c’est apaisant. »

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«L’océan, c’est pas mal comme idée, je te l’accord … après dire que c’est apaisant, je sais pas … il y a des gens qui ne savent pas nager … » Un sourire amusé se glisse sur mes lèvres et ne fait que s’agrandit davantage quand il essaie de me bousculer doucement de l’épaule. « Ma proposition de t’apprendre est toujours valable hein ! » lui répondis-je, faisant là référence à nos 13 ans quand il avait fini par m’avouer qu’il ne savait pas nager. Je n’avais pas hésité une seule seconde en lui proposant de lui apprendre parce que je m’étais mise en tête que je voulais l’inviter à aller surfer avec moi. Je devais sûrement avoir en tête un scénario romantique parce qu’à cet âge-là, même si nous n’étions « sortis ensembles » qu’une journée, je devenais écarlate quand il me prenait dans ses bras.

Je le regarde glisser sa main dans les poches arrières de son jean en se tournant vers moi : «Bien sûr, je plaisante. J’trouve que c’est une bonne idée et tu sais que je suis pas si nul que ça en dessin … je pourrais même essayer de peindre quelques petits trucs sur le mur, si tu veux, me faudra juste un modèle… » Si je le regarde d’abord surprise, j’acquiesce rapidement et avec un grand sourire. « Bien sûr ! Je t’enverrais ce que j’ai trouvé sur pinterest, ça te donnera une idée de ce que j’avais en tête mais, tu pourras y mettre ta patte … » lui répondis-je tout en mordillant le bout de mon pouce. Le voir autant s’impliquer et proposer de faire les dessins lui-même, ça signifiait beaucoup … Ok, ça me donnait presque les larmes aux yeux et je me disais que j’allais mettre cet excès d’émotivité sur le compte de la grossesse plutôt que d’être honnête envers moi-même et d’accepter que ce qu’il était en train de faire, me faisait tomber encore plus amoureuse de lui … Comme si c’était possible !

«Et tu voyais la chambre comment ? Tu viendras te caler ici pour bercer l’un pendant que l’autre se mettra à pleurer, » L’épaule calée sur le rebord de la porte, je m’en détache pour m’avancer vers lui en riant. « En fait, j’ai eu un coup de cœur pour la commode, j’avais les couleurs en tête mais j’ai pas acheté d’autres meubles, je … » Je suis coupée par la sonnerie de son téléphone. Il le sort de sa poche et je fronce les sourcils en même temps que lui. C’était elle. Ca ne pouvait être qu’elle. Je soupire, excédée, et lève les yeux au ciel. Il a hésité et ça ne fait que renforcer mon agacement. « Te gênes pas pour moi, réponds-lui ! » Ma voix est ironique et je préfère quitter la pièce pour éviter de voir s’il va vraiment la rappeler ou pas. Je préfère aller dans la cuisine, laver ma tasse que j’ai laissé dans l’évier ce matin. M’occuper les mains, m’occuper l’esprit plutôt que de me laisser envahir par … la jalousie. J’essayais de prendre sur moi mais ça devenait compliqué.

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@Anthony Lewis ☆ Pénélope

Le statut qu’aurait Tony pour les jumeaux demeurait encore un mystère pour moi … Nous avions convenu qu’il ne serait pas le tonton cool mais je ne savais pas quel rôle il souhaitait et le fait qu’il veuille s’impliquer dans  la confection de la chambre signifiait déjà beaucoup. Chaque chose en son temps … Et là, je n’avais plus la tête à penser à cette chambre. Juliet venait de l’appeler et ça m’insupportait. Vraiment ! et je ne pouvais même pas le cacher. « Pen » Je quittais rapidement la chambre pour me diriger dans la cuisine et m’occuper les mains et l’esprit. Tony prend le temps de répondre rapidement par message à Juliet et heureusement que je ne le vois pas. Je suis toujours dos à lui quand il rentre dans la cuisine. « Sérieusement Pen, t’as pas à réagir comme ça, je t’assure … Tu sais que s’il y a bien un truc qui me rend dingue, c’est la jalousie … j’ai déjà eu pas mal de copines qui ne me croyaient pas, qui s’imaginaient tout et n'importe entre nous alors qu’on est d’accord, il ne s’est jamais rien passé. Je ne suis pas un enfoiré. Quand je suis avec quelqu’un, je suis avec cette personne et y’a aucune raison d’être jalouse. Alors est-ce que tu pourrais … arrêter ? » Je finis par me retourner pour lui faire face après avoir posé ma tasse et ma cuillère sur l’égouttoir.

« Arrêter ? Mais je suis pas jalouse Tony. » Ma voix est extrêmement calme – et ça c’est pas rassurant haha – mais mes yeux lancent des éclairs. « On pourrait croiser l’intégralité de tes ex en se promenant en ville, que ça me ferait ni chaud ni froid. » Avec ses ex, je ne m’étais jamais sentie en danger – c’était plutôt l’inverse - contrairement à Juliet. C’était vraiment la seule que je craignais. « Mon problème c’est elle. » Je jette la serviette que j’avais dans les mains, sèchement, presque d’un geste rageur et plante mon regard dans le sien. « je me sens encore en concurrence. » commençais-je, « Vous êtes restés je sais même pas combien de temps ensemble – puisque tu me l’as jamais dit - et c’est bien pour elle que tu m’as planté au nouvel an non ?  » le questionnais-je, petite piqure de rappel concernant le pouvoir qu’elle avait sur lui. « La nana elle t’avait envoûté et tu voudrais que je sois pas inquiète de te savoir avec elle ? C’est pas en toi que j’ai pas confiance, c’est en elle…elle a le pouvoir de te retourner le cerveau. » Et il avait pas intérêt à me contredire à ce propos. « Et puis t’as passé une partie de la nuit avec elle ! Vous avez fait quoi ? Elle t’as dit quoi ? C’est terrible ce qui lui arrive, et je souhaiterais même pas à ma pire ennemie d’être victime de violences conjugales mais c’est bon non ? Tu l’as aidé, elle a pas des amis sur qui compter ? » Et comme pour me donner raison, son portable sonne une fois de plus. Un message, un appel j’en sais rien et je suis sûre que c’est encore elle. Ça ne fait que piquer davantage ma jalousie. « Tu sais quoi ? Moi aussi, je devrais faire pareil. Colin m’a envoyé un message il y a une semaine, il est de passage en ville pour le boulot, je vais passer la soirée et une grande partie de la nuit avec lui … on aura teeeellement de choses à se raconter. » ironisais-je et pour le coup, c’était vrai, Colin m’avait vraiment contacté en me disant qu’il était de passage en ville. Mais je n’avais pas pris la peine de lui répondre. Tony savait – il en avait été témoin – que j’avais été folle de Colin, je m’étais projetée dans cette relation avant de tomber de haut quand il m’avait fait comprendre qu’il ne voulait rien de sérieux. J’étais puérile en parlant de Colin, j’avais tourné la page depuis un bail mais Tony n’aidait pas à me calmer.

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@Anthony Lewis ☆ Pénélope

Je n’étais pas neutre quand il s’agissait de Juliet, j’étais aveuglée. « C’est fini ou tu veux en rajouter une couche ? » Il ne me laisse pas répondre quoi que ce soit et enchaine direct. « Déjà merci de me considérer comme un débile profond en pensant que je retomberais sous son charme en deux trois battements de cil. A tes yeux, je suis suffisamment con pour gâcher ce qu’on est en train de construire pour Juliet ? Génial … merci … ça me fait plaisir d’apprendre que tu me fais confiance mais que tu me considères comme un débile. J’apprécie le compliment. Elle ne me retourne pas le cerveau, Pen. Pour tout te dire, oui, nous avons parlé de ce qui aurait pu se passer, de ce qu’auraient été nos vies si elle avait eu le courage de divorcer avant que son enfoiré de mari ne lève la main sur elle … et ma vie n’aurait pas été meilleure que celle que je suis en train de vivre maintenant car tu es tout ce que j’attendais, espérais depuis toujours ! C’est ce que je lui ai dit, c’est ce que je répèterais … encore aujourd’hui … même après que tu m’ais avoué être à tes yeux un abruti qui se laisse manipuler par une ex … Alors ouais, elle a des amies … ouais, elle va crécher chez sa meilleure-amie mais hier, elle avait besoin d’un type en qui elle avait suffisamment confiance pour que ce type la voit dans un état lamentable, et remonte ses manches pour remettre son type en place … » - « T’es pas débile et j’ai jamais dit ou pensé que tu en étais un. » me crus-je d’abord obligé de préciser. Néanmoins, j’avais entendu qu’ils avaient longuement parlé tous les deux et je comprenais, je prenais conscience que ça y est, elle n’avait plus ce pouvoir sur lui. J’appelais pas ça de la manipulation, juste une attraction qu’ils avaient tous les deux, un truc toxique entre eux et c’est comme si la chape de plomb que j’avais dans la poitrine fondait et me laissait tranquille. J’attendais que ça qu’il soit « délivré » d’elle, de ce pouvoir qu’elle avait sur lui. Juliet a des amis chez lesquels elle va pouvoir aller mais elle avait eu besoin de lui pour partir. C’était tout ! Et bordel ! que ça me soulageait. « J’comprends qu’elle ait eu besoin de toi. » j’ajoute retrouvant mon calme.

« t’essaies de me faire penser quoi en parlant de ce débile de Colin ? De me rendre jaloux ? De faire en sorte que je prenne mes jambes à mon cou, que je te dise que c’est une excellente idée que de retrouver ce mec ? Est-ce que je dois me faire du souci ? » Je secoue négativement la tête et lève les yeux au ciel. Je m’avance vers lui, me retrouve à sa hauteur et prends ses joues râpeuses entre mes mains. « Te faire du soucis ? Là oui t’es un abruti de penser ça ! » lui dis-je en plantant mon regard dans le sien. « Oui il m’a vraiment envoyé un message en me disant qu’il était en ville et qu’il aurait aimé qu’on se voit mais j’ai pas répondu mais … on s’en fout de cet abruti de Colin, ok ? » Je fronce mon nez et me pince la lèvre inférieure avant de continuer : « Tony … t’a arrêté de la défendre. » Un haussement d’épaule. Aussi simple que ça, c’était ce que j’attendais depuis le départ en fait. « Je comprends que tu sois allé l’aider, t’es pas un connard, t’es un mec bien … Et t’as arrêté de la défendre, de lui trouver des excuses et je me rends compte que c’est ce que je voulais entendre pour me rassurer. J’comprends que vous ayez eu besoin de parler et que tu l’aides. » continuais-je, avant lui adresser un petit sourire. J’espérais juste qu’il comprenne que son déclic – celui de parler de cette manière de Juliet, de la mettre au passé – avait été aussi un déclic pour moi. « Et tu veux que je te dise ? Tu es aussi tout ce que j’attendais et que j’espérais Anthony Lewis, » un gloussement nerveux alors que je viens enrouler mes bras autour de son cou et que je lui vole un chaste baiser, « et je crois que je t’aime encore plus après ça. » Comme si c’était possible !