Everybody lies

@Cade Grimes & @"Milena Grimes" & Savannah Williams

Ma voiture se gare dans la rue, non loin de cet appartement dans lequel je me suis si souvent perdue, comme s'il m'appartenait. Rien n'a changé, hormis cette étrange impression, celle de ne plus y avoir ma place. Tout me semble si familier et étrange à la fois. Durant un bref instant, j'en viens à me demander si ma présence ici n'est pas stupide, et complètement incongrue. La partie raisonnable est là pour me rappeler les faits, me rappeler à l'ordre face à cette envie qui pourrait m'attirer bien trop de problèmes et de remords ensuite. J'y suis déjà passée. Je m'étais promis de faire preuve de fermeté, de ne pas retourner dans mes travers, dans cette sorte de vieille addiction qu'il avait représenté à mes yeux durant tant d'années et de laquelle je me relevais encore à ce jour , de mettre toutes les chances de mon côté en le rayant définitivement de ma vie, de me protéger de façon drastique, et me voilà à saisir le premier prétexte pour aller à sa rencontre. L'autre partie de moi, la plus irrationnelle,guidée par un amas d'émotions, qu'il m'est difficile de comprendre la plupart du temps, bien plus profonde et hargneuse, se contente de me rappeler que tout n'est pas obligé d'être noir ou blanc entre nous, nous ne sommes pas sensés rentrés dans une quelconque case. Mais surtout, j'ai en tête l'implication dont il a fait preuve lorsque les choses m'ont échappé il y a quelques semaines. Le monde s'écroulait sous mes pieds, me rendant plus vulnérable et par dépit plus cruelle que jamais, et c'est la chair de mon sang qui en aura subi les dommages cette fois-ci . Une première qui l'aura poussé à contacter la seule personne capable de me venir en aide. Cade. Il était cette épaule sur laquelle m'appuyer, et ce fait n'aura pas échappé au jeune garçon. Il a débarqué, et il est resté auprès de moi. Alors même que je m'empressais de couper court au moindre échange qu'il cherchait à mettre en place, un réflexe acquis sciemment depuis la rupture que je nous ai imposée plus d'un an auparavant. Il m'a poussé à voir la lumière lorsque tout me semblait particulièrement obscur et sans issue, m'a ouvert les yeux face à des arguments qui ne peuvent être ignorés. Il sait d'où je viens, sait combien je me suis battue pour en arriver là, il ne lui a pas été difficile de me le rappeler lorsque plus rien ne semblait avoir de sens et d'importance. Je ne peux me contenter de lui vouer si peu de considération et tant d'égoïsme lorsque lui fait preuve d'un soutien infaillible, comme souvent. Je ne peux ignorer tant de bienveillance. Alors peut-être qu'il n'attend rien en retour de ma part, peut-être qu'il préfèrerait que je m'en tienne à ces fichues règles de distance qu'importe une rupture, mais je suis là. A traverser cette route, une stupide boîte à la main. Qu'importe le niveau d'absurdité que j'atteins par cette visite impromptue, j'ai besoin de lui faire savoir combien je lui suis reconnaissante, et qu'il n'est pas un quelconque pion sur cette table d'échec que j'ai décidé d'éliminer sans éprouver le moindre remord.

Ma main vient frapper plusieurs coups sur cette porte. Et je me pince les lèvres, cherchant à me souvenir de la dernière fois que j'ai pu me rendre à cette adresse. Je n'y parviens pas. Je suis certaine que c'est le dernier lieu a avoir été témoin de cet amour, lâchement abandonné dans les décombres du passé, mais à aucun moment le souvenir précis de ce moment ne me revient en mémoire. Il ouvre la porte, me prenant presque par surprise. Je parviens à me sortir rapidement de mes pensées pour lui adresser un sourire forcé, capable de pallier à ce sentiment étrange qu'il doit éprouver de voir ma silhouette sur le pas de sa porte. "Joyeux anniversaire?" J'avais pourtant plusieurs jours de retard pour me lancer dans une telle tirade, mais c'était nécessaire pour songer à l'approche souhaitée. "Il me restait un peu de farine dans le placard…J'me suis dis que noël n'était pas si loin pour oser me lancer dans une fournée de sablés." Une anecdote qu'il était le seul à pouvoir comprendre par des souvenirs communs. J'aurais pu opter pour une bonne bouteille de bourbon, mais ce présent est bien plus personnel que ceux qu'il serait en mesure de recevoir. Et cette fois, il aura le loisir de pouvoir tous les ingérer sans qu'une ribambelle de mioches ne s'en empare, sans éprouver le moindre scrupule à l'effort que ça nous avait demandé. Je lui tends la boîte, haussant finalement les épaules en émettant une nouvelle hypothèse. "C'est p't'être aussi un moyen pour te remercier de tout ce que t'as fait pour nous ces derniers temps" Mon regard, qui s'était détourné, sous le poids d'une certaine gêne encore bien trop éprouvante dans ce contexte, parvient à se relever dans le sien, guettant le moindre signe me permettant de déceler que le choix de venir n'est pas la pire idée que je puisse avoir eue.

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Au volant de sa voiture, direction Redcliffe après un après-midi de boulot plutôt diversifié dans son genre, Cade colla son téléphone portable à son oreille. Certains en profiteraient pour lui faire une morale ennuyeuse dont il ne tiendrait pas compte, préférant ignorer les dangers encourus à chaque appel passé en conduisant. Il tomba sur la voix à la fois douce et inflexible de Milena. Son répondeur le sommait de rappeler plus tard. Soit, il retenterait sa chance bien qu’elle lui eut paru pressée de lui parler lorsqu’elle-même avait tenté de le joindre un peu plus tôt. Il raccrocha et laissa tomber son portable sur le siège passager en se reconcentrant sur la route. Il n’était pourtant pas très tard mais la pénibilité des dossiers qu’il traitait ces derniers temps et le peu de divertissement qu’il s’autorisait avait raison de lui et sa lassitude le poussa à rentrer directement pour, sans doute, manger un morceau et zapper sur toutes les chaines de télévision jusqu’à l’éteindre complètement. Bingo, il se débarrassa de sa veste, lança ses clés de voiture sur le bar qui séparait le salon de la cuisine et ouvrit le réfrigérateur en vue de se préparer un casse dalle bien mérité. Alors qu’il s’était penché pour scruter la moindre denrée intéressante, un bruit se fraya dans le silence de son petit appartement. Un bruit inquiétant. Terrifiant même. Un « ploc, ploc » qui l’interrogea immédiatement. Sourcils froncés, il se redressa et observa son coin cuisine d’où semblait provenir le son, puis il s’immobilisa dans l’attente de savoir s’il fabulait ou si réellement un souci pointait le bout de son gros nez. Rien. Plus rien ne semblait interrompre le silence qui régnait dans la pièce. Cade cru avoir rêvassé jusqu’à ce que.. de nouveau.. « ploc ploc ». Des gouttes qui tombaient. De plus en plus rapidement. Cela ne pouvait provenir que de la tuyauterie sous l’évier. Cade pencha légèrement la tête en priant que ce diagnostic se révèle faux puisque la plomberie, c’était loin d’être son domaine… Bordel !

Il referma la porte du frigo machinalement et s’approcha avec hésitation du meuble qu’il devait à présent ouvrir pour constater une éventuelle fuite. En s’accroupissant, il se rendit bien vite compte qu’il n’y voyait pas grand-chose. Il attrapa donc son téléphone et alluma la lampe torche pour la pointer vers le fond du placard. Grimes plissa les yeux, peu fier de devoir s’atteler à ce type d’inconvénient. C’était bien là. Le bruit provenait d’une fuite et de l’eau semblait déjà joncher la planche inférieure du meuble. « Eh merde ! » Murmura-t-il pour lui-même, pestant déjà contre toutes les connaissances en plomberie qui lui manquaient. Il aurait dû s’y attendre. Il ne prenait pas plus de précautions pour entretenir le système, pas plus qu’il ne s’intéressait aux autres commodités de cet appartement, qu’il habitait pourtant depuis plus de 5 ans. Il fallait donc procéder par étapes essentielles ; d’abord, couper l’eau. Oui, mais où ? Il chercha une trappe, un robinet, quelque chose qui pourrait lui permettre de bricoler là-dedans sans inonder tout le bâtiment. S’énervant tout seul et réfléchissant déjà aux outils qui se trouvaient dans le coffre de la Chevrolet en se frottant le front, il entendit frapper à sa porte. Un sauveur envoyé par le ciel ?

Ce n’était clairement pas un plombier qui se trouvait sur le seuil de l’entrée. Mais la surprise n’en était pas moins belle et elle le sortit instantanément de son problème de tuyauterie défectueuse. "Joyeux anniversaire?" Cette question-exclamation le laissa mut et il fronça les sourcils avec un début de sourire. « Merci… ?! » Son anniversaire remontait à plus de 2 semaines maintenant mais il devait désormais remarquer que c’était le premier depuis quelques années que Savannah ne lui souhaitait pas le jour J. Leurs échanges ayant évolués, il ne lui en avait pas tenu rigueur bien sûr et il jeta un œil à ce qu’elle apportait. "Il me restait un peu de farine dans le placard…J'me suis dis que noël n'était pas si loin pour oser me lancer dans une fournée de sablés." Cade ne pu retenir un léger rire se remémorant sans peine ce soir, proche de Noël, où ils avaient confectionné des sablés au beau milieu de la nuit. Un bon moment qui avait joué son rôle dans l’attachement qui s’était révélé peu à peu. « Désolé, je ne fournis pas le pyjama qui va avec. » A l’époque, tout était bien plus simple et innocent. Evoquer ces souvenirs le lançait sur une note bien moins dramatique que celle de leur précédent entrevue. Et il appréciait. "C'est p't'être aussi un moyen pour te remercier de tout ce que t'as fait pour nous ces derniers temps" « tout » ? Il n’avait fait que lui rappeler les choses importantes pour ne pas qu’elle lâche prise. Il n’avait fait qu’écouter son intérieur qui lui hurlait sans cesse de ne pas la faire disparaitre de sa vie. Cade reprit un air plus sérieux quoiqu’encore doux et sincère. « C’est une triple raison qui me pousse à accepter ton offrande ! » Derrière cette phrase, le bruit de l’eau et l’image du placard encore ouvert et suintant lui remirent son problème en tête. Il grimaça. « Tu veux… entrer une minute ? J’ai un tout petit problème à régler. On peut boire un café et partager un sablé après ? » Il passa le seuil de la porte, l’invitant indirectement à entrer pour s’installer. Les outils qui lui seraient forcément utiles se trouvaient dans le coffre de sa voiture. En marchant à reculons, il tenta de panser son empressement qui pouvait paraitre curieux aux yeux de Savannah. Malgré ça, il ne voulait pas qu’elle dépose son paquet et fuit aussi rapidement… "Je reviens tout d'suite ! J'en ai pas pour longtemps !" Ca c'était lui qui le disait.

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Face à cette porte, je me demande un instant si j'ai le droit de faire ça. Cette relation que nous avons vécue, si forte fût-elle, ne mérite-elle pas de demeurer dans nos souvenirs avec toute la positivité et l'authenticité de notre dernier échange? Pourquoi vouloir relancer encore et encore une partie qui ne finira peut-être pas sous les meilleurs auspices? Mon égoïsme prime probablement, moi qui m'affaire pourtant depuis des mois à me tenir éloigné de cet homme, qui représente à lui seul une grande partie de ma vie. Ce besoin de le remercier après coup de cette scène particulièrement laborieuse infligée un soir de semaine. Un soir où tout m'avait semblé particulièrement obscure pour me fermer de tout, un discours qu'il avait pris le temps d'énoncer pour me rappeler les priorités que je me devais d'avoir. Il avait apporté cette énergie, celle que j'avais semble t-il épuisé avec le temps, celle indispensable pour mener cette vie bien trop chargée avec la force qu'elle requiert. Peut-être aussi, qu'au-delà de cette simple visite de remerciement, j'éprouve le besoin de me retrouver réellement, et qu'il est le centre de gravité qui me permettra de me rappeler qui je suis, moi qui semble m'être perdue dernièrement. J'ai besoin de m'assurer que certaines choses ne changeront jamais, que nous n'avons pas changé, lui comme moi, nous nous sommes peut-être tout simplement perdus en chemin face à des rapports bien trop compliqués à gérer. "Joyeux anniversaire?" L'air surprit sur son visage parvient un faible instant à me faire douter quant à l'idée faramineuse qui m'a amené jusqu'ici. Peut-être n'est-il pas seul, ou qu'il a des projets de prévu plutôt que de devoir s'accommoder de ma visite à l'improviste?

Sa date d'anniversaire? Elle n'a pas été oubliée avec le temps, pas plus que les souvenirs dans lesquels j'apparais pour la lui souhaiter les années précédentes, cependant je m'étais demandée un instant si j'étais en droit de débarquer avec une bonne humeur factice après l'épisode de l'autre soir, un simple message me paraissant presque insuffisant pour l'occasion, et pour le dévouement dont il avait fait preuve à mon égard. Une question sur laquelle je me suis visiblement positionnée puisque je me trouve face à lui, ces stupides gâteaux à la main en guise de cadeau. « Merci… ?! » Un sourire pour tenter de pallier la gêne d'un problème de timing. "Il me restait un peu de farine dans le placard…J'me suis dis que noël n'était pas si loin pour oser me lancer dans une fournée de sablés." Ca sort de ma bouche, et je me sens tellement stupide là tout de suite. L'idée me paraissait pourtant plutôt bonne quand elle avait émergée quelques heures plus tôt. Fort heureusement, le rire qui s'extirpe de ses lèvres parvient à me rassurer, que ce soit pour la confection des sablés ou ma présence ici. « Désolé, je ne fournis pas le pyjama qui va avec. » Un humour qui suffit à faire naître cette douce chaleur dans ma poitrine. Rien n'a changé. "T'as prit un an de plus…Y a un moment où il faudra y passer" Malgré la légèreté de cette conversation, j'ai à coeur de lui rappeler combien je lui suis reconnaissante pour ce qu'il a fait, qu'importe les réelles raisons qui l'ont amené à vouloir m'aider dans cette histoire. "C'est p't'être aussi un moyen pour te remercier de tout ce que t'as fait pour nous ces derniers temps" Je pèse mes mots, ayant pourtant parfois bien du mal à les extirper de ses lèvres régulièrement scellées par la peur d'être blessée au passage « C’est une triple raison qui me pousse à accepter ton offrande ! » J'acquiesce d'un signe de tête, léger sourire qui étire mes lèvres, satisfaite qu'il n'éprouve pas le besoin de se méfier de moi après la froideur que j'ai pu instaurer dans les échanges survenus depuis notre rupture. « Tu veux… entrer une minute ? J’ai un tout petit problème à régler. On peut boire un café et partager un sablé après ? » Je relève les sourcils, tentant d'étouffer la moindre réaction capable de m'échapper et mettre à mal un début pourtant prometteur. Je n'ai pas envie de m'imposer à lui et qu'il se sente obligé de quoique ce soit envers moi, pourtant, j'éprouve le besoin de poursuivre un peu plus longtemps ces retrouvailles, avec toute la déraison que ça inclut.

Il passe le seuil de la porte, visiblement empressé pour je ne sais quelle raison, alors que mon regard suit sa silhouette qui s'éloigne à l'opposé de la mienne. "Je reviens tout d'suite ! J'en ai pas pour longtemps !" Je secoue la tête, ayant bien du mal à comprendre ce qu'il se passe dans sa tête, alors qu'un balbutiement s'échappe de mes lèvres pour laisser place à un simple "Okay" tout aussi minable. Je soupire silencieusement, et passe l'encadrement de la porte d'entrée, qui m'amène tout droit dans la pièce de vie. Une sensation étrange s'empare de moi, alors qu'un flot de souvenirs, tout aussi bons que mauvais, me viennent en tête. Ça fait bizarre. Rien ne semble avoir particulièrement changé, comme si le temps s'était figé depuis mon départ, attendant le moment où je retrouverais les lieux. Derrière ce silence, un bruit étrange et régulier qui semble provenir de la cuisine. Bruit auquel je ne cherche pas à prêter attention au départ, m'accaparant visuellement de ce qui m'entoure, mais qui devient suffisamment agaçant pour que je cherche à en trouver l'origine J'ai toujours eu horreur de ce genre de bruit dans un tel silence, c'est comme s'ils avaient pour seul but de mettre mes nerfs à rude épreuve dans un état de nervosité jusqu'alors absent, un peu comme le bruit des aiguilles d'une vieille horloge le feraient. L'air faussement innocent, je jette un coup d'oeil vers l'évier, qui semble étrangement à l'origine de cette nuisance. Une petite hésitation avant de me baisser, observant de loin sous le meuble de ce dernier. Inutile. Ma tête se faufile à l'intérieur, observant d'un meilleur angle de vue une plomberie visiblement défectueuse. Cette voix famillière qui s'élève à quelques mètres suffit à me surprendre alors qu'un vieux réflexe me pousse à relever la tête avant même d'avoir littéralement sortie celle-ci du caisson. Un bruit qui n'est rien comparé à cette douleur passagère que j'éprouve par cette maladresse. La curiosité est un vilain défaut Williams. Je retiens un juron. Mais pas le deuxième. "Eh merde" La grimace qui s'est emparée de mes traits me pousse finalement à me tourner, toujours accroupie, vers le propriétaire des lieux. Je me frotte le dessus du crâne, comme si ce simple geste allait permettre de me libérer plus rapidement de cette souffrance. La vision de Cade tenant une caisse outils suffit cependant à me détourner de cette dernière. "Bien joué Bob le bricoleur" Je fronce les sourcils, ne pouvant m'empêcher de lancer dans une certaine ironie , sourire apparent "Depuis quand t'as une caisse à outils toi?" Je suis moqueuse, mais c'est à la hauteur de ce qu'il vient de m'infliger, même s'il ne l'a pas fait volontairement.

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Cet appartement, Cade ne l’avait pas choisi et il n’y passait que peu de temps. Il n’avait pas l’esprit casanier non plus ce qui expliquait le peu de soin qu’il accordait à son aménagement intérieur ainsi qu’à l’entretien de la plomberie. Malheureusement, la tuyauterie semblait rancunière puisqu’elle avait décidé de l’ennuyer un peu, comme pour se donner de l’importance. Si Grimes prenait plaisir à bichonner le moteur de sa voiture et en avait acquis de belles connaissances, ce n’était pas le cas pour les canalisations et dés qu’il eut un aperçu de la fuite plutôt menaçante, il prit ça pour un véritable problème. Ce genre de truc, ça commence toujours par quelques gouttes d’eau innocentes et ça finit en inondation avant d’avoir pu faire quelque chose. La fin de la journée était compromise. A moins que…

Deux surprises en l’espace de quelques minutes. L’une était fâcheuse et complètement accablante, tandis que l’autre était bien plus agréable. Quoique tout aussi perturbante. Savannah se tenait derrière sa porte avec des gâteaux à la main et lui souhaitait son anniversaire, avec une petite gêne adorable lisible sur son visage et présente aussi dans le ton de sa voix. "T'as prit un an de plus…Y a un moment où il faudra y passer" Elle le prenait de court, lui faisant un instant oublier son soucis du moment qui ne tarderait pas à se faire entendre de plus belle s’il ne s’y remettait pas. La légèreté qu’elle semblait vouloir donner à cette visite lui plu instantanément et il était hors de question qu’il y mette un terme en évoquant son tracas technique. « Tu veux… entrer une minute ? J’ai un tout petit problème à régler. On peut boire un café et partager un sablé après ? » Elle ne pouvait pas repartir aussi rapidement. Et d’un autre côté, il fallait qu’il s’occupe de cette fuite. Il franchit donc le seuil de la porte, ne lui laissant plus le choix que d’entrer pour l’attendre à l’intérieur. "Je reviens tout d'suite ! J'en ai pas pour longtemps !" Clés en main, Cade se dirigea vers le parking pour ouvrir le coffre de la Chevrolet et en extirper une petite caisse. Il l’ouvrit pour vérifier qu’il y avait quelques outils qui l’aiderait à se sortir de ce pétrin. En réalité, il ignorait complètement quelle était la marche à suivre pour ne pas finir noyé. Tant pis, il improviserait, au moins pour pouvoir profiter un peu de la présence de Savannah. Leurs échanges se faisaient si rares ces derniers temps et elle lui avait semblé particulièrement sereine, contrairement à leur récente entrevue.

A défaut d’avoir une vraie idée en tête quant aux réparations qu’il allait pouvoir bricoler sur ses tuyaux, Cade revint vers son appartement d’un pas décidé. La porte claqua dans son dos et ses yeux cherchèrent immédiatement la jolie blonde qui, il l’espérait, n’avait pas prit ses jambes à son cou en admirant ses habitudes inchangées. Il la trouva accroupie, la tête à l’intérieur du meuble de cuisine, probablement en train de constater les dégâts. « Mais qu’est-ce que tu fous ? » Elle faisait comme lui, quelques minutes auparavant, mais elle, elle était guidée par une curiosité déraisonnable qui le surprendrait toujours. Planté devant elle, il grimaça lorsqu’elle se cogna, serrant les dents comme s’il pouvait ressentir sa douleur. "Eh merde" Il finit par hausser les sourcils devant ce profil naturel qu’il n’avait pas vu depuis bien des mois. "Bien joué Bob le bricoleur" .

"Depuis quand t'as une caisse à outils toi?" Il avait presque oublié cet attirail qu’il regarde furtivement avant de lui répondre en s’approchant. « Depuis que j’ai réduis drastiquement le nombre de personne susceptible de toucher à ma caisse. » Effectivement, il opérait son petit bijou seul la plupart du temps, lorsqu’une réparation mineure était nécessaire. Elle se rappelait certainement de son attachement pour la Chevrolet ! « Sors de là avant d’empirer les choses. » Sarcastique, il déposa la caisse par terre et lui tendit la main pour l’aider à se relever. En fouillant ensuite dans la caisse en plastique, il trouve une mini lampe torche. La dernière fois qu’il s’en était servi, ce n’était pas du tout pour faire de la plomberie. Il la testa, l’alluma et l’éteignit pour constater qu’elle fonctionnait encore. Et puis il se saisit d’une pince qu’il imaginait être la bonne pour resserrer un lien entre deux tuyaux. Si cela pouvait être aussi simple… Grimes allongea son mètre quatre vingt six dos au sol pour mieux scruter le dessous du siphon. En jetant un œil à l’extérieur de cette caverne humide et sombre, il remarqua le regard intéressé et sans doute amusé de Savannah. « Avoue que ça te plait…de m’voir jouer les plombiers d’un soir ! ». Son visage munit d’un sourire ironique et son esprit ne s’attardant que sur l’atmosphère léger qui semblait régner dans cet instant, Cade se mit en tête de passer sa main partout pour voir d’où provenait ces gouttes. « Alors… comment tu t’en sors en ce moment ? » Référence au burn-out auquel elle faisait face et dont il avait pu être témoin quand elle avait laissé les larmes transpercer ses émotions. Son dos commençait à imbiber l’eau déjà sur le sol, il ne se sentait déjà plus en position de force même s’il cru avoir repéré l’endroit fatal. Un mince filet s’écoulait d’une liaison entre deux tuyaux grisâtres et pas en très bon état. Il se mordit la lèvre. « Tu peux m'filer la plus petite pince ? »

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Ma venue ici pourrait s'expliquer par bon nombre de prétextes, certains plus ou moins récusables, pour autant, c'est probablement cette petite voix à l'intérieur de moi qui m'a amené jusque devant chez lui, suivant machinalement ce chemin si souvent emprunté avant de me retrouver à proximité de son appartement. Face à la porte close, j'ai un instant l'impression d'être une alcoolique prête à pousser la porte d'un bar, déclinant toute pensée impure en prétextant un simple besoin d'observer les bouteilles parfaitement alignées les unes à côté des autres. Je vais droit dans le fond d'un verre, et je m'affaire à ignorer parfaitement l'évidence avec toute l'innocence qu'on me connaît. Qu'importe le travail que j'ai pu accomplir durant plus d'un an, j'en suis encore à redevenir cette femme qui se précipite vers les complications en sachant pertinemment que je n'en ressortirais pas indemne. Si cet échange vient à bien se dérouler, ça relancera sans aucun doute une vague de souvenirs avec toute la nostalgie nécessaire pour émettre quelques regrets, et si ce n'est pas le cas, ça ne fera que relancer ces ondes négatives qui désormais paraissent faire partie intégrante de notre relation, me contrariant involontairement au passage durant un petit moment. J'ai cependant à coeur de lui montrer que je n'ai pas changé (ou besoin de me convaincre moi-même) L'image que j'ai pu donner de moi dernièrement est loin d'être flatteuse. Pire encore alors qu'il s'est retrouvé à devoir me soutenir dans un moment où je lui donnais toutes les raisons de me fuir. Sa bienveillance et sa dévotion pour le bien-être des autres n'est plus à prouver, et une partie de moi ne peut que se sentir flattée de faire encore partie de ces personnes pour lesquelles il voue un certain attachement, malgré le déclin de cette histoire, la nôtre. J'ai besoin de le remercier, besoin de le rassurer sur mon état, besoin de retrouver l'espace de quelques secondes ce sentiment d'insouciance, comme si rien ne pouvait m'atteindre à ses côtés. Je suis cependant incapable de pouvoir m'y résoudre sans subir un possible rejet ou questionnement de sa part, ou que la situation soit des plus étranges. J'y vais donc presque timidement, lui offrant un sourire qui m'avait largement manqué lors de notre dernière rencontre, et qui à ce jour révèle un quotidien moins morose, et plus supportable.

Son invitation à prolonger ce moment à l'intérieur de son chez lui est aussi alléchante qu'effrayante. Pas de Mathis pour apporter une quelconque distraction en cas de silence pesant, pas de crise de nerf qui me pousserait à subir l'ambiance chargée qui l'accompagne. Ca sera lui et moi, autour d'un simple café, dans l'intimité qu'offre son appartement. Un contexte qui pourrait me pousser à partir au courant, n'ayant pas envie d'en arriver une fois encore à briser cette entente encore fragile. Pour autant, l'entrain dont il fait preuve m'empêche de pouvoir me poser des questions, alors qu'il passe la porte après que je me sois convaincue de la franchir. "Je reviens tout d'suite ! J'en ai pas pour longtemps !" Pourquoi me demander d'entrer alors que lui semble vouloir partir au plus vite? Les sourcils froncés, et après quelques secondes où mes yeux retrouvent l'environnement familier de cet endroit, je parviens à me laisser distraire par un bruit qui provient de la cuisine. Sans même prendre le temps de réfléchir à mes actes, me voilà le visage dissimulé dans le caisson pour pouvoir obtenir des réponses. « Mais qu’est-ce que tu fous ? » L'écho de sa voix provoque un réflexe qui ne me sera pas favorable, alors que j''étais parvenue à oublier son retour imminent. Une grimace alors que je me frotte la tête pour tenter d'atténuer cette douleur passagère. "Depuis quand t'as une caisse à outils toi?" Ce sarcasme qui reprend ses droits, ou simplement un besoin de me venger de ce qu'il a provoqué à l'instant, j'ai cependant mes traits qui s'étirent face à l'impertinence dont je sais faire preuve avec lui, qu'importe le temps qui passe et nos rapports. « Depuis que j’ai réduis drastiquement le nombre de personne susceptible de toucher à ma caisse. » Je m'empêche de rouler des yeux pour provoquer un agacement volontaire chez lui. « Sors de là avant d’empirer les choses. » Ma main agrippe celle qu'il me tend, alors que je me retrouve rapidement au second plan de cette scène qui ne m'inspire rien de bon. Une position qui s'avère bien plus attrayante, alors que je l'observe manœuvrer, allongé sur le sol, avec une fausse confiance sur le visage qui ne peut m'échapper. La maison que j'occupais avait eu elle aussi non nombre de mésaventure de ce genre, et je me souviens parfaitement du manque d'initiative qu'il avait eu à ce sujet, non pas par fainéantise, mais par manque de compétences dans certaines domaines. Mes doigts viennent pincer légèrement ma lèvre inférieure, cherchant probablement à me donner un air banal alors que je suis simplement en train de m'empêcher de sourire face à cette scène qui mériterait presque d'être immortalisée par son côté inédit. « Avoue que ça te plait…de m’voir jouer les plombiers d’un soir ! ». Je relève les sourcils. "Je n'suis venue que pour ça…Un vieux fantasme que je me devais de réaliser. J'suis juste déçue que tu n'aies pas pensé à te débarrasser de tes fringues avant.". La légèreté du moment me pousse à oublier le vent tendancieux que nous sommes en train de souffler bien malgré nous. Je ne peux cependant  que reconnaître que la vue est loin d'être désagréable. « Alors… comment tu t’en sors en ce moment ? » Voilà de quoi nous lancer dans un échange plus sérieux. "Tout n'est pas toujours facile, mais je parviens à garder la tête hors de l'eau…" Parce qu'il avait été celui qui m'avait poussé à remonter à la surface lorsque je m'enfonçais dans les profondeurs obscures. "J'essaie de me ménager" avouais-je en relevant les épaules, comme s'il s'agissait d'un banal effort. "C'est un conseil qui m'a été donné" Une précision dans laquelle il se reconnaîtra bien évidemment, alors qu'une certaine timidité pour lui avoir imposé cette vision de moi me rend quelque peu honteuse. « Tu peux m'filer la plus petite pince ? » Je fronce les sourcils, me baissant pour fouiller dans la caisse à côté de lui. "Quand tu dis p'tite pince, tu entends pince de serrage?" Je ne suis peut-être pas une bricoleuse hors paire, mais certains termes me sont malgré tout familiers, surtout après les travaux par lesquels j'ai pu passer quelques années plus tôt. Je la lui tends, grimaçant en voyant le flux de l'eau qui semble plus impressionnant. "Ca sent pas bon…" Et je ne parle pas là de l'odeur, mais d'un pressentiment quand à la suite des événements, même s'il semble être le plus apte à le savoir, puisqu'il subit au premier plan les dommages occasionnés. "T'es sûr qu'tu veux pas faire appel à un plombier?" osais-je demander, prenant le risque de me faire rembarrer par le manque de confiance que je lui voue pour solutionner le problème.

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@Cade Grimes & @Milena Grimes & Savannah Williams

C’était une scène familière. Voir Savannah sur le pas de sa porte, un petit air gêné sur le visage et…des gâteaux à la main ! Voilà l’élément inédit surtout si l’on considérait un peu le type de relation qu’ils entretenaient depuis leur rupture. Mais Cade n’eut pas le temps d’étudier l’atmosphère de cette nouvelle entrevue. Un problème de plomberie le forçait à être dans l’urgence et à abandonner la jolie blonde sur son palier pour récupérer de quoi tenter de colmater la fuite. Malheureusement, hormis quelques outils dont il doutait de l’efficacité, l’ex agent fédéral ne trouve pas vraiment de solution dans le coffre de sa voiture. Il revint dans son appartement avec une petite caisse, bien utile lors de ses réparations ponctuelles sur la Chevrolet mais apparaissant simplement ridicule dans le cas d’un ennui plus sérieux. Resserrer un tuyau ou changer un joint bousillé ne devait pas lui demander trop de connaissance en la matière. Ça le ferait.  Espérant que Savannah n’avait pas laissé son paquet sur la table avant de s’enfuir, il pressa le pas et la trouva finalement très intéressée par ce qui se passait sous le meuble, là d’où provenait le début de sa galère logistique. "Bien joué Bob le bricoleur" Cade ne pouvait se vanter d’avoir le même accoutrement que ce personnage de dessin animé bien plus doué que lui dans le domaine mais il avait déniché de quoi essayer de se sortir de là. « Sors de là avant d’empirer les choses. » Il l’aida à se relever pour prendre sa place, armé d’une lampe et d’une pince qu’il avait choisie sans même se demander si elle ferait l’affaire. Allongé de tout son long là-dessous, Grimes ne semblait pas réfléchir à l’image cocasse que renvoyait cette situation et au souffle léger qu’elle apportait entre Savannah et lui. Il fallait tout de même qu’il se concentre un minimum pour ne pas que tout lui explose en pleine figure. La plomberie était visiblement un Art.

« Avoue que ça te plait…de m’voir jouer les plombiers d’un soir ! » Cette vision un peu trop clichée d’un fantasme féminin répandu était bien entendu une plaisanterie qui balayait d’un revers toute la véracité de l’attirance qu’ils avaient pu éprouver l’un pour l’autre par le passé. "Je n'suis venue que pour ça…Un vieux fantasme que je me devais de réaliser. J'suis juste déçue que tu n'aies pas pensé à te débarrasser de tes fringues avant." Un sourire amusé s’empara de ses lèvres alors que ses yeux se reposèrent aléatoirement sur l’enchevêtrement de tuyaux qui allaient lui donner plus de fil à retordre que prévu. Il osa finalement tendre un peu le fil et lui demander l’état de son moral. La dernière fois, il l’avait quitté dans un triste état, a bout de nerfs et complètement paumée sur ses priorités. Malgré le néant qu’elle s’était évertuée à installer entre eux, elle n’avait su lui cacher plus longtemps ses tracas professionnels et personnels. Et bien sûr, il n’avait pas pu faire comme si ce n’était pas ses oignons… "Tout n'est pas toujours facile, mais je parviens à garder la tête hors de l'eau…" C’était vague mais un peu plus positif malgré tout. "J'essaie de me ménager. C'est un conseil qui m'a été donné" Sans sortir la tête de son antre, Grimes sourit à cette remarque qui le concernait directement. « Que de sagesse dans cette recommandation ! » Fit-il ironiquement en se congratulant lui-même. « Et dans cette décision aussi. Y’a bien longtemps que tu dois lever le pied et penser à toi…avant de penser aux autres. » ‘Les autres’ planquaient un certain patron qui lui en demandait trop, invoquant le boulot mais dissimulant un attachement lié à un passé commun. Une famille trop présente, et pesante par la fréquence de ses péripéties tumultueuses. Et des relations sans doute trop intenses qui lui avaient imposées de faire des choix difficiles, et qui avaient forcément jouer sur son mental. Il s’incluait indirectement là-dedans.

Sans argumenter plus que ça pour ne pas alourdir l’ambiance, il se pinça les lèvres au vu de la fuite qui commençait à prendre de l’ampleur. A peine eut-il le temps de demander à Savannah une plus petite pince que le flux de l’eau avait doublé le long du tuyau principal. "Quand tu dis p'tite pince, tu entends pince de serrage?" Il l’attrapa en essayant de garder la main contre ce qu’il pensait être la source du problème. « Ca devrait faire l’affaire. » Faussement confiant, il retira sa main et cala la pince ouverte sur la jonction entre les deux tuyaux pour serrer ce qu’il pouvait entre les minuscules cascades menaçantes. "Ca sent pas bon…" Cade força en serrant la mâchoire et il finit par y aller à deux mains en sentant le vent tourner, sans parler du reflux qui commençait à l’écœurer.  "T'es sûr qu'tu veux pas faire appel à un plombier?" Rien à faire ! Tout était scellé et ne bougeait pas d’un pouce malgré la force qu’il y mettait. Et puis soudain, un bruit métallique. Un jet d’eau surgit de nulle part, près de la première fuite. « Hé merde ! » lança-t-il en plissant les paupières et en s’agitant pour sortir de là rapidement. L’eau coulait à flot cette fois et ce n’était pas terminé. Le temps d’ouvrir un placard pour en tirer ce qui ressemblait de loin à une serpillère, l’eau surgit encore un peu plus pour envahir le sol du coin cuisine. Dans la précipitation, Grimes ne vit qu’une seule solution. Il tendit la serpillère à Savannah. « Prends ça, j’vais couper l’eau. » Malgré elle, la jolie blonde se retrouva impliquée dans ce désastre et sa tenue risquait fort de se retrouver dans le même état sur la sienne. Trempé et dégueulasse, Cade venait de flinguer ses chaussures, et se précipita pour ouvrir la trappe qui se trouvait dans le recoin de la cuisine. En abaissant le petit levier, l’eau termina très lentement son chemin non sans une odeur nauséabonde, à en vomir. En revenant près de Savannah, l’enquêteur constata les dégâts mais s’attarda surtout sur l’image de la jeune femme accroupie par terre. Image qui, alliée à la situation, lui inspira plus de l’hilarité que du désespoir. « Allez, dis le ! J’suis loin d’être le meilleur plombier du coin ! » C’était peu dire ! Sa fierté en prenait un coup, il avait été vaincu par des tuyaux, pire que Mario Bros ! Il regarda le sol, leva les pieds, et souffla finalement. « Désolé, j’avais pas prévu de boire le café sur la plage. »

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@Cade Grimes & Savannah Williams

En venant ici, j'avais imaginé toutes les situations possibles, mais à aucun moment il n'avait été question de problème de plomberie et de me retrouver moi-même épanchée sur le sujet. La vision de Cade, allongé sur le sol, prête à rire. Parce que les années passées ensemble nous avaient permis de déceler les compétences, ou plutôt les non compétences de l'autre, et qu'à cet instant; je devine aisément combien il prétend maîtriser la situation, alors qu'il n'en est rien. Un domaine dans lequel j'ai moi-même tout à apprendre, ce qu'il avait pu constater lorsque je l'avais appelé à l'aide après avoir voulu nettoyer un siphon sans être capable de le remonter correctement. Un appel dont il s'était amusé, probablement causé par l'agacement dont j'avais fait preuve sur le moment, cette frustration de ne pas savoir me débrouiller seule dans toutes les matières, cet égo écorché de devoir dépendre d'un homme. A cet instant, c'est peut-être un retour de médaille? Ou alors peut-être que cela lui donnera l'opportunité de me prouver que femme et homme ne peuvent pas être égaux dans tous les domaines. « Avoue que ça te plait…de m’voir jouer les plombiers d’un soir ! »  Cette remarque me fait rire, là où elle devrait pourtant être complètement malaisante en sachant nos antécédents. Pour autant, cet échange s'apparente surtout à cet humour un peu borderline qui a toujours rythmé nos discussions, et qui, à ce jour, suffit à me rappeler combien j'aimais partager ça avec lui. "Je n'suis venue que pour ça…Un vieux fantasme que je me devais de réaliser. J'suis juste déçue que tu n'aies pas pensé à te débarrasser de tes fringues avant." Nul doute qu'il s'attendait à ce que je réplique sur le même ton, en profitant pour m'enfoncer davantage dans cet humour douteux. Ce sujet léger laisse cependant place à un autre bien moins agréable, mais pourtant inévitable. La perte de contrôle dont j'avais été victime l'autre soir, et qui l'avait contraint à devoir rester pour m'écouter, et m'apporter un réconfort que j'avais pourtant cherché à éviter les premières minutes. Une image que je n'aime pas donner, et qui n'est pas tellement représentative de ce que je suis en générale. Un aveu de faiblesse qui fait de moi un être humain, mais que j'aurais préféré lui épargner dans l'état actuel de notre histoire. "Tout n'est pas toujours facile, mais je parviens à garder la tête hors de l'eau…" Une réponse qui fait preuve d'honnêteté. Inutile de prétendre qu'il s'agissait seulement d'un dérèglement hormonal qui m'aurait miné pour la soirée, il n'y croirait pas. N'ayant pas envie de subir durant quelques secondes le silence pesant d'un tel aveu, je me charge de dédramatiser ce souvenir par un autre, qui cette fois l'inclut en premier plan. "J'essaie de me ménager. C'est un conseil qui m'a été donné" Un conseil qui n'était pas toujours évident à suivre, mais qui prenait effectivement tout son sens lorsque mon regard bleuté se posait sur la petite bouille qui trainait dans les parages. « Que de sagesse dans cette recommandation ! » Je relève les sourcils, bien qu'il ne puisse le voir, cherchant à appuyer ses mots par un hochement de tête. "C'est pourtant pas le premier mot qui me viendrait à l'esprit en pensant à l'auteur de cette précieuse recommandation, mais soit." Un petit sourire en coin qu'il ne pourra déceler qu'en regardant dans ma direction, alors que je jette un coup d'oeil furtif dans son environnement. « Et dans cette décision aussi. Y’a bien longtemps que tu dois lever le pied et penser à toi…avant de penser aux autres. » Un avis qui inclut peut-être principalement ce travail et le fait que je puisse me sentir redevable envers Evan, cet homme qu'il n'apprécie pas tellement, mais qui pourtant, inévitablement, me ramène à lui, et à tout ce que j'ai pu laisser dans notre relation. Un moyen de me faire comprendre que ma présence ici n'est peut-être pas la plus raisonnable, et que je me dois d'aller de l'avant, sans chercher à m'accrocher à un passé qui n'est plus? Un air faiblement contrarié prend possession de mes traits alors que je baisse le visage, avant de parvenir à souffler un "Ouais" qui lui donne raison.

Timing idéal ou pas, c'est le moment où la fuite se fait plus importante, me poussant à devoir jouer l'assistante du moment avec toute la nervosité que ça peut inclure. Me servir des outils? Oui. Savoir les reconnaître aisément et les différencier? Ca ne coule pas toujours de source. L'implication de ce cher Grimes ne fait pas de doute, mais n'enlève en rien cette perplexité que j'éprouve. Ca semble bien trop évident pour que ça fonctionne ainsi. "T'es sûr qu'tu veux pas faire appel à un plombier?" Une remarque qui pourrait passablement l'irriter dans un moment pareil, pour lui, qui se démène à la tâche depuis plusieurs minutes, mais qui mérite d'être étudié selon moi. Un jet fini par s'imposer, avec bien plus de pression que la fuite de base, laissant une visibilité casi impossible dans cette position à l'ancien agent qui se retrouve prit au piège et cherche à s'en extirper le plus vite possible « Hé merde ! » Je me relève rapidement, tournant le visage de part et d'autre en cherchant comment lui venir en aide. « Prends ça, j’vais couper l’eau. » Je fronce les sourcils. "Tu vas me laisser gérer ça?!" Demandais-je. A peine ai-je eu le temps de lui crier ces mots que je finis par m'accroupir en cherchant à limiter les dégâts. Pire idée de tous les temps, je délaisse rapidement cette serpillière dans le but de venir tenir fermement le tuyau, et ainsi espérer un instant calfeutrer la fuite le temps que l'eau soit coupée. Je me retrouve finalement à perdre l'équilibre, mes genoux ancrés dans le sol, le visage aspergé sans ménagement, et subit à plusieurs secondes cette attaque sans parvenir à la contrer réellement. L'eau s'arrête subitement, me laissant pourtant figée face à la fraîcheur qui m'a été imposée, alors que le silence laisse planer l'espace de quelques secondes une atmosphère dans laquelle je ne sais quelle réaction adopter. Je tourne le visage en devinant la silhouette de Cade, bouche entrouverte par un tel revirement de situation, et décèle bien assez vite son hilarité. « Allez, dis le ! J’suis loin d’être le meilleur plombier du coin ! » Je me redresse finalement, délaissant cette plomberie qui ne nous cherchera plus à se montrer si menaçante. "J'étais juste venue t'apporter des sablés" rappelais-je avant de souffler fortement pour dégager une mèche humide venue se placer devant mon visage . Je secoue les mains dans le vide, cherchant à me débarrasser de l'eau, dans laquelle je baigne pourtant plus ou moins les jambes. « Désolé, j’avais pas prévu de boire le café sur la plage. »J'observe les dégâts autour de nous, avant que mes iris ne croisent les siens, cherchant à dissimuler mon hilarité en me pinçant les lèvres, avant qu'un rire nerveux ne m'échappe. La scène doit prêter à rire, nous sommes tout bonnement ridicule dans ces conditions. "Quel dommage que j'n'ai pas pensé à prendre mon maillot" lâchais-je, venant finalement m'asseoir sur le sol. Mouillée pour mouillée de toute façon… "C'est parce que j'ai refusé de prendre des vacances que tu as voulu les amener jusqu'à moi?" demandais-je, non sans une pointe d'ironie. "Rappelle-moi de ne jamais t'appeler si je rencontre un jour un problème de tuyau" Un sourire moqueur alors que je passe mes mains dans mes cheveux pour les dégager en arrière.

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Cade Grimes & Milena Grimes &  @Savannah Williams  

Bien sûr que Cade aurait voulu accueillir Savannah dans d’autres circonstances mais un petit problème de tuyauterie n’était-il pas le meilleur moyen de passer à côté de toute gêne naturelle, entre deux ex amants qui ne savaient définitivement plus comment se placer l’un vis-à-vis de l’autre ? L’ex agent fédéral était pourtant dans une position qui ne lui donnait pas une grande crédibilité et qui facilitait grandement les échanges légers. Munit de sa lampe de poche, allongé sur le sol pour tenter de jouer à Mario Bros, seules les jambes de Cade dépassaient du meuble de cuisine. Il faisait bonne figure, mais en réalité cette fuite le désarmait complètement et il se retenait de jurer pour sortir tout son énervement de ne pas maitriser la situation. Lui qui avait été face à des meurtriers récidivistes et clairement plus dangereux qu’un siphon en mauvais état ne s’en sortirait pas indemne cette fois. L’eau coulait un peu plus depuis qu’il essayait de resserrer le joins. « Que de sagesse dans cette recommandation ! » Malgré la crispation de son visage, Grimes était encore capable d’ironie. Cette recommandation avait été plus qu’évidente au regard de l’état d’épuisement de la jeune femme, dont il avait pu être le témoin direct lors de leur dernière entrevue. Il s’était d’ailleurs trouvé meilleur dans ce conseil, que dans cette tentative de colmater la fuite. "C'est pourtant pas le premier mot qui me viendrait à l'esprit en pensant à l'auteur de cette précieuse recommandation, mais soit." Ca, c’était envoyé et il en haussa les sourcils pour encaisser. Une part de vérité se glissait tout de même dans ce sarcasme habilement utilisé. « Et dans cette décision aussi. Y’a bien longtemps que tu dois lever le pied et penser à toi…avant de penser aux autres. » Il ne voyait pas Savannah mais pouvait aisément capter de quel côté elle avait pris cette remarque. Leur relation et les conditions dans lesquelles elle avait pris fin, avaient sûrement pesées dans la balance sensible de son état moral. Ses derniers mois n’avaient sans doute pas amélioré les choses et c’était son fils qui avait sonné l’alarme. Et pourtant, la jolie blonde se trouvait encore là, presque incapable de laisser s’échapper tout ce qui restait du lien qui les avait tant attachés l’un à l’autre. Un peu comme Cade qui avait surgit chez elle dès l’appel de Mathis…

"T'es sûr qu'tu veux pas faire appel à un plombier?" Savannah devait s’apercevoir, de là où elle se trouvait, que les ennuis étaient loin d’être terminés. Et le beuglement de Grimes suffit certainement à lui faire comprendre qu’il était trop tard pour éviter le pire. Un jet d’eau, avec bien plus de pression, surgit de nulle part de l’arrosa de la tête à la taille avant qu’il ait eu le temps de s’extirper de là-dessous. Son agitation franchit un cap, son agacement était à son paroxysme et il ne voyait plus qu’une seule chose à faire. D’ailleurs, comment n’y avait-il pas pensé avant ?! « Prends ça, j’vais couper l’eau. » Il mit la jolie blonde à contribution en lui lançant une serpillère dans les bras et s’affaira à trouver la trappe, et le robinet d’arrivée d’eau. En se penchant légèrement, il comprit que son action n’avait pas été vaine. Bordel, c’était la dernière fois qu’il se risquait dans ce domaine ! Il retrouva Savannah accroupie au sol, aussi trempée que lui, si ce n’était plus. "J'étais juste venue t'apporter des sablés" Un sourire s’empara de lui à cette phrase. Cade se passa la main sur le visage et jusque sur le front pour empêcher quelques gouttes d’eau crade de tomber de ses cheveux. Il constatait, en même temps, les dégâts dans son petit coin cuisine sans avoir désormais le courage de s’y mettre rapidement pour nettoyer. Il y avait de l’eau partout par terre, néanmoins, il semblait relativiser. Etait-ce su au soulagement temporaire de n’avoir plus à se préoccuper de ce problème de plomberie ? Ou bien la présence de Savannah qui parvenait à rendre cet instant plus cocasse qu’ennuyeux ? « Désolé, j’avais pas prévu de boire le café sur la plage. » Autour d’une table, c’était pas assez original ! "Quel dommage que j'n'ai pas pensé à prendre mon maillot. C'est parce que j'ai refusé de prendre des vacances que tu as voulu les amener jusqu'à moi?" Un fin sourire muet s’installa sur les lèvres de Cade. La scène, Savannah assise dans la mare qui s’était formée au beau milieu de sa cuisine, les cheveux mouillés comme si elle venait de sortir de sa douche, c’était aussi distrayant qu’hilarant. Et Dieu que cette femme était sexy. Il chassa cette pensée rapidement en lui répondant. « J’aurais pas choisi le coin le plus dépaysant… » Son appartement était un endroit bien connu de la jeune femme. Et sans aucun doute, ce n’était pas le lieu idéal si elle voulait chasser tous les souvenirs qui altéraient ses idées ces derniers temps.  

"Rappelle-moi de ne jamais t'appeler si je rencontre un jour un problème de tuyau" Cade attrapa la serpillère et la jeta au sol pour commencer quelque part. « Ce n’est qu’une…petite fuite. Je règlerai le problème demain ! » Fit-il comme s’il croyait lui-même à la possibilité qu’il pourrait encore y arriver seul. Garder la face, même si c’était déjà peine perdue ! Cade tendit alors sa main à Savannah pour l’aider à se remettre sur ses pieds tandis qu’il sentait son propre tee-shirt lui coller à la peau et ses chaussures commencer à émettre un doux « floc floc ». « Vas te sécher, j’vais m’occuper de ça. » un geste de la tête vers le sol et il reprit. « J’crois qu’il n’y a plus de fringues à toi par ici alors, fouilles un peu, tu devrais trouver de quoi t’mettre au sec. » Il esquissa un petit sourire réconfortant, histoire qu’elle ne s’arrête pas sur l’image d’elle-même embarquant le reste de ses affaires, mettant un vrai terme à ses séjours récurrents dans cet appartement.

Il s’agissait maintenant d’éponger le plus gros des dégâts et Cade s’y soumettait pendant que Savannah s’assurait de ne pas attraper de vilain rhume dans les jours à venir. Peut-être qu’une fois changé à son tour, il pourrait enfin profiter d’un de ses gâteaux et d’un verre de whisky. Oui, il avait déjà troqué le café contre un remontant qui lui permettrait d’oublier cette mésaventure. Plusieurs serviettes après, il entendit la porte de la salle de bain s’ouvrir…ainsi que celle de l’entrée. Il leva la tête pour tomber sur sa frangine, toute pimpante, qui entrait comme si elle ne pouvait pas le déranger. « Hey ! J’ai frappé plusieurs fois mais apparemment t’as pas entendu. » Non, il n’avait pas entendu... Milena posa son sac à main sur le canapé et se tourna vers lui en commençant à retirer sa veste cintrée. Elle s’arrêta quand elle découvrit sa touche et fronça les sourcils. « Pourquoi t’es trempé ? » Il soupira…non pas parce qu’il devrait expliquer son inefficacité face à un siphon défectueux, mais parce que Savannah était parvenue jusqu’à eux sans se douter encore de la petite réunion qui s’annonçait.

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@Cade Grimes & Savannah Williams

Je ne sais pas ce qui est le plus étrange. Moi qui me retrouve à arpenter cet appartement comme si je ne l'avais jamais quitté, ou Cade qui est parvenu à se convaincre que le désastre de plomberie qui règne au sein de ce dernier est à la hauteur de ses compétences. Cela ne nous empêche cependant pas de pouvoir échanger librement. Mieux encore, cette situation inédite nous dispense d'un face à face pour le moins intimidant auquel aucun de nous deux ne parviendrait à trouver aisément les sujets qu'il serait possible d'aborder. Et même si nous replonger dans ma petite crise de l'autre soir n'est pas des plus agréables, j'apprécie la façon dont il parvient à rendre ça plus facile, moins dramatique, même si les mots pour lesquels il opte raisonne comme un conseil qui est on ne peut plus véridique, mais on ne peut plus douloureux à suivre. Un sujet qui laissera rapidement place à ses préoccupations du moment, alors que ses nombreux efforts partent en ruine face à une pression devenue incontrôlable. Je me retrouve rapidement propulsée au premier rang du désastre, chargée de combler son absence provisoire, et si mes réflexes ne sont pas toujours les plus adéquates, ils s'avèrent complètement inutiles alors que je me bats contre un jet d'eau indomptable. Quelques secondes interminables avant que ne cesse ce désastre. Je me découvre, littéralement trempée, et remarque bien assez vite l'amusement de cher Grimes lorsqu'il réapparaît dans mon champ de vision. « J'étais juste venue t'apporter des sablés» Une bonne intention qui s'était retournée contre moi. La faute au karma, ou peut-être un coup monté de toute pièce par Cade pour se venger de tout ce que j'ai pu lui faire vivre depuis notre rencontre? Mes muscles se relâchent, n'ayant visiblement plus aucune raison de lutter pour parvenir à garder l'équilibre. Je suis vaincue. Je baigne dans l'eau, et le sourire qui se loge sur le visage de l'ancien agent suffit à dédramatiser un contexte pour le moins fâcheux. « Désolé, j’avais pas prévu de boire le café sur la plage. » Et quelle plage! Pour autant, sans que je ne puisse le lui avouer directement, cet endroit reste de ceux qu'il m'est si appréciable de retrouver. J'en avais passé du temps ici, vécu des moments pour le moins marquants, des bons, comme des mauvais. Pour autant, persistait cette sensation d'y être à ma place, même après plus d'un an sans y avoir mis un pied, et surtout dans le souvenir douloureux d'y avoir reprit mes dernières affaires après avoir mis un terme à notre histoire. "Quel dommage que j'n'ai pas pensé à prendre mon maillot. C'est parce que j'ai refusé de prendre des vacances que tu as voulu les amener jusqu'à moi?" Une allusion à ce conseil donné lors de sa dernière visite, et que je m'étais empressée de réfuter dans un tel contexte. « J’aurais pas choisi le coin le plus dépaysant… » J'acquiesce d'un signe de tête. «Ca tombe bien, j'aime pas tellement le changement» lançais-je spontanément. Pour autant, cette réplique s'avère des plus véridiques, m'amenant régulièrement un vent de nostalgie auquel il m'est souvent difficile d'échapper. Peut-être est-ce uniquement un besoin de me sentir en sécurité dans un cadre que je connais et semble maîtriser, peut-être que la peur de l'inconnue est bien trop insoutenable pour vouloir songer tête la première.

"Rappelle-moi de ne jamais t'appeler si je rencontre un jour un problème de tuyauterie" Un besoin de le taquiner qui ne s'évapore pas, alors même qu'il pourrait éprouver une frustration d'avoir échoué. « Ce n’est qu’une…petite fuite. Je règlerai le problème demain ! » Je souris. "Qu'est-il arrivé au Cade pessimiste que je connais depuis toujours?" m'amusais-je un instant. Il avait un seuil de tolérance qui m'aurait probablement dépassé à sa place, mais qui fort heureusement rend ma visite plus appréciable. Me retrouver avec lui dans une humeur bougonne n'aurait pas été si jouissif. Sa main se tend vers moi, dans un geste qui en deviendrait presque éloquent à ce stade de notre histoire. Je m'en empare afin de me relever, subissant de plein fouet l'aspect désagréable d'une tenue humide sur moi « Vas te sécher, j’vais m’occuper de ça. » Je relève les sourcils, mon esprit cherchant un instant un moyen de pouvoir résoudre ce problème avec les moyens qui pourraient m'être accordé. « J’crois qu’il n’y a plus de fringues à toi par ici alors, fouilles un peu, tu devrais trouver de quoi t’mettre au sec. » Je me pince les lèvres. Espérant clairement qu'il n'évoque pas là des vêtements féminins qui pourraient appartenir à l'une de ses conquêtes passagères ou nouvelle petite amie du moment. Que cela puisse être possible? Je le conçois amplement. Mais devoir l'apprendre de cette façon me pousse à redouter la découverte et vouloir repousser l'échéance.. L'ignorance vaut mieux parfois, pas vrai? Le petit sourire qu'il esquisse se veut probablement rassurant et bienveillant. J'en feins un en retour, alors qu'intèrieurement, une certaine nervosité se faufile jusque dans mon estomac. D'une démarche qui se veut naturelle, je me dirige vers sa chambre, celle que j'étais parvenue à considérer comme la mienne lorsque je désertais ma demeure ces dernières années. Mes pas ralentissent en s'approchant de la porte, que je finis pourtant par passer avec une appréhension certaine. Et bien malgré moi, mes yeux se perdent autour de moi, constatant avec un léger soulagement que rien ne semble avoir changé. Son odeur flotte dans l'air comme dans mes souvenirs, et aucun cadre ne surplombe les tables de chevet d'une photographie qui le représenterait heureux dans les bras d'une autre. Je me pince les lèvres, cherchant probablement à dissimuler la satisfaction éphémère  que j'éprouve, alors que je me dirige vers son armoire, cherchant une chemise assez longue qui me permettrait de pouvoir ôter les vêtements qui n'ont pas été épargnés. Quelques minutes plus tard, et après un bref passage dans la salle de bain pour tenter d'améliorer mon allure, et cette coiffure qui paraît bien plus naturelle désormais par ces ondulations, je remonte le couloir, enfilant le dernier bouton pour me rendre plus présentable «J'suis désolée de te dire ça chéri, mais c'est un fait, cette chemise me va bien mieux qu'à toi» Un sourire amusé sur mes lèvres alors que je lève le regard tout en retrouvant la pièce de vie, espérant rencontrer le sien qui ne pourra rester insensible à cette réplique qui est probablement bien trop malaisante, mais qui rappellera sans aucun doute notre capacité à flirter avec le malaise.Cette chemise? Ce n'est pas la première fois que je la porte, et ce souvenir antérieur est probablement bien trop loin pour qu'il s'en souvienne, pour autant, elle parvenait à devenir un emblème de notre relation à mes yeux. Malheureusement, l'atmosphère légère que j'essaye d'instaurer se retrouve mise à mal en constatant qu'il ne se trouve plus seul. Mes pas s'arrêtent presque instantanément alors que j'ai bien du mal à ne pas cacher la surprise que je subis de plein fouet. Une femme venue lui rendre visite, et pas n'importe laquelle! Ce visage qui ne m'est pas inconnu est synonyme de retournement de situation. Je me revois au commissariat, accompagnée de cette jeune grande brune pour me soutenir dans un interrogatoire. Je me souviens parfaitement de ce sentiment étrange que de l'avoir déjà croisé, sans jamais parvenir à mettre un nom. «Milena» soufflais-je presque à moi-même, en proie à cette stupidité de ne pas avoir su faire le lien avant. Le visage que j'avais déjà observé sur une photo, cette profession, qui faisait d'elle la fierté de la famille. Bon sang. Comment ai-je  pu passer à côté! Je me racle la gorge, croisant les yeux verts de l'ancien agent qui doit être tout aussi troublé par ce revirement de situation. Je prends conscience, qu'en plus de me trouver dans l'appartement de son propre frère, je suis vêtue d'une tenue presque indécente en arborant un vêtement qui lui appartient, et qu'à en croire la réaction qui flotte sur son visage, elle ne me connaît qu'au titre de complice d'une affaire de fraude, et non pas la relation que j'ai pu partager avec son propre frère depuis des années. «J'pense que je dérange...Je f'rai peut-être mieux d'y aller» Proposais-je, espérant peut-être alléger une tension apparente

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Cade Grimes & Milena Grimes &  @Savannah Williams  

Autant le dire, Cade ne maitrisait absolument rien ce soir. Ni ce foutu problème de tuyauterie, ni la visite surprise de Savannah ne parvenaient à arrêter ses idées pour le rendre efficace. Et plus il essayait de se donner l’image du type tout à fait à l’aise, plus les choses empiraient. En moins de temps qu’il ne fallait pour le dire, la fuite avait prit une sacrée ampleur. De l’eau souillait désormais tout le sol du coin cuisine et passait rapidement derrière le bar pour rejoindre le salon. Après avoir coupé l’eau pour s’assurer que les dégâts en resteraient là pour ce soir, il avait constaté que la blondinette avait été victime de ses négligences matérielles elle aussi. Tout aussi trempée que lui, si ce n’était pas plus, Savannah prenait heureusement cet incident avec humour. C’était aussi de cette façon que Grimes avait décidé de juger les choses. Lui qui aurait habituellement pesté pendant plusieurs heures s’était mit en tête que cette fatalité était inévitable et la présence de Savannah n’était pas pour rien dans cette légèreté étonnante. "Rappelle-moi de ne jamais t'appeler si je rencontre un jour un problème de tuyauterie"  Elle pouvait avoir n’importe quel problème sur sa voiture, il saurait y faire. Mais il n’était définitivement pas Mario Bros et n’irait pas explorer de vastes mondes inconnus pour aller sauver la princesse du château. . « Ce n’est qu’une…petite fuite. Je règlerai le problème demain ! » En composant le numéro du premier plombier qu’il trouverait sur internet, probablement. En attendant, ils avaient tous les deux les pieds dans l’eau et ça, ça ne pouvait pas attendre le lendemain. Cade se pinça les lèvres en pensant au nombre de serpillère qui lui faudrait utiliser et qu’il n’était même pas sûr d’avoir dans ses placards. Quelle merde !

« Vas te sécher, j’vais m’occuper de ça. » Lança t-il en direction de Savannah, se doutant bien qu’elle ne partirai pas d’ici dans cet état. Sauf que… « J’crois qu’il n’y a plus de fringues à toi par ici alors, fouilles un peu, tu devrais trouver de quoi t’mettre au sec. »  Petite image flashback sur le jour où elle avait rempli son sac de tous les vêtements et autres objets du quotidien qui lui appartenaient et qu’elle avait semé ici et là avec le temps. Elle n’avait rien oublié. Pas même un bouquin. Aucune trace de leur relation n’avait survécu dans cet appartement demeurant aussi impersonnel que par le passé. Il était cependant persuadé que la jeune femme se contenterait d’une de ses chemises, qu’elle arrangerait pour lui donner une forme plus féminine. Ou de l’un de ses tee-shirts qui lui irait tout aussi bien qu’une petite robe dont la longueur couvrirait jusqu’à la moitié de ses cuisses. Elle connaissait sa garde-robe pour l’avoir apprivoisé plus d’une seule fois… Cade s’employa à nettoyer le sol, en commençant par stopper la course de l’eau qui ne demandait qu’à visiter d’autres pièces de son appartement.

Sans qu’il n’en soit certain, la porte d’entrée claqua avant les pas très décidés de sa frangine qui venait d’apparaitre dans le salon.  « Hey ! J’ai frappé plusieurs fois mais apparemment t’as pas entendu. » Sans même percuter sur ce possible trouble de l’audition, ce qui lui vint tout de suite en tête n’était bien évidemment pas la surprise de voir Milena débarquer sans prévenir. Ceci était, de toute façon, presque une habitude. Non, c’était plutôt… «J'suis désolée de te dire ça chéri, mais c'est un fait, cette chemise me va bien mieux qu'à toi» Savannah apparue elle aussi dans le salon, vêtue d’une de ses chemises et d’un sourire malicieux pour illustrer son ironie qui jeta dans l’atmosphère un malaise saisissant. Cade n’observa que le regard abasourdi de sa frangine sur la blondinette et il ferma un instant les yeux, vaincu par la réalité de cette rencontre, qui aurait forcément des répercutions. Milena ne savait rien du lien qui l’unissait irrémédiablement à Savannah, mais outre la surprise qui se lisait dans ses yeux verts, elle paraissait sidérée et prit cet air glacial qu’il lui connaissait si bien et qui trahissait un désaccord fulgurant. «Milena» Pardon ?! Cade ne se souvenait pas avoir déjà fait les présentations… Il fronça les sourcils, scruta Savannah pour tenter d’avoir des indices et puis, il renvoya son incompréhension vers sa sœur qui serrait la mâchoire et fusillait sa cliente du regard. « Qu’est ce qu’elle fait là ? » Demanda-t-elle finalement à son ainé complètement paumé. « Vous…vous vous connaissez ? » Il avait pointé les deux jeunes femmes successivement et maladroitement du doigt, ressentant cette curieuse froideur qui cachait encore bien des choses. « Bien sûr qu’on se connait ! » Elle laissa tomber sa veste sur le dossier du canapé sans prendre le risque de laisser Savannah s’exprimer avant elle. « J’espère que toi, en revanche, tu la connais un minimum ! Mademoiselle Williams est pleine de surprises. On la trouve toujours là où on ne l’attend pas ! » Alors là, c’était de plus en plus flou pour Cade. Savannah, elle, semblait bien comprendre les allusions de l’avocate. «J'pense que je dérange...Je f'rai peut-être mieux d'y aller» Prendre la poudre d’escampette n’était pas la solution. Il fallait qu’il comprenne ce qui tendait Milena qui dévisageait la blondinette de la tête au pieds, les bras croisés. « Non non non… attends… ! » Grimes ne la laisserait pas s’en aller aussi vite. « Si t’es attirée par les délinquantes Cade, je peux t’en présenter plein d’autres tu sais. Mais s’il te plait, j’aimerais que tu m’épargne les vestiges de tes parties de jambes en l’air ! »  Son frère s’agaça. « Arrêtes Milena. Ca n’a rien à voir. » Milena réalisa seulement l’état de l’appartement. « Et puis…Qu’est ce qui s’est passé ici ?! » Elle grimaça. Dépassée par la scène, sa frangine ne pouvait que se faire des idées. Tout ça ne lui disait pas comment les deux femmes s’étaient rencontrées…  

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@Cade Grimes & Savannah Williams

L'image prête à rire, pourtant, cette situation qui aurait dû être cauchemardesque devient rapidement notre bouée de secours, notre échappatoire. Assis sur le sol, trempés de la tête au pied, nous subissons un concours de circonstance qu'aucun de nous n'aurait pu prédire, et la douce chaleur qui émerge dans ma poitrine me rappelle combien c'était si simple entre nous, avant que la complexité de cette relation ne vienne s'interposer. Durant un instant, il n'est plus question de ce que nous avons été, de ce que nous avons pu traverser, de ce que nous devons désormais être, il n'est plus question de savoir ce que nous sommes en mesure d'avouer ou non, mais de savourer la légèreté d'un moment qui me rappelle de nombreux passés ensemble et combien c'était si facile d'apprécier un moment en sa compagnie. Un répit qui se charge d'alimenter cette jauge de bien-être, qui peine à se recharger dans ma vie dernièrement. Il me fait du bien, même si une partie de moi aimerait qu'il n'en soit pas ainsi. Moi qui me suis affairée à me tenir éloigné de lui depuis notre rupture, j'éprouve de nouveau ce besoin vulnérable de le retrouver, et ça me tue. Est-ce parce qu'il m'a montré l'attachement qu'il me voue encore, malgré les circonstances, en se montrant d'un réconfort infaillible quelques semaines auparavant, ou parce que cet endroit que je cherche à tout prix à fuir, il ne l'a jamais quitté, et que tout naturellement, je me dois de rester moi aussi ? « Vas te sécher, j’vais m’occuper de ça. » Une proposition spontanée qui est loin d'être si simple. La possibilité de découvrir le moindre changement dans cette chambre me glace le sang, et je ne suis pas sûre de vouloir m'y confronter. « J’crois qu’il n’y a plus de fringues à toi par ici alors, fouilles un peu, tu devrais trouver de quoi t’mettre au sec. » Parce que chaque trace de moi a disparu à mon initiative il y a bien longtemps, marquant une décision sur laquelle je ne semblais pas prête à revenir cette fois-ci.

Depuis cette chambre, je subis bon nombre de souvenirs sans que je ne le veuille alors que je passe mon bras l'une des manches de la chemise pour laquelle j'ai opté, notamment mon premier passage dans celle-ci, vêtue d'un pyjama en soie qui aura peut-être eu raison de ce cher Grimes sur le moment. A cet instant, on aurait pu me vanter l'avenir de cette relation à venir que je n'y aurai pas cru un seul instant, et aujourd'hui, nous étions devenus ces deux êtres, incapables d'éprouver une quelconque indifférence face à ces quelques années passées ensemble. Nous en avions fait du chemin, mais quel futur pouvait encore s'offrir à nous? Chassant les quelques pensées de mon esprit, je le rejoins, m'emparant d'une ironie qui ne pourra que l'amuser dans un tel contexte. Malheureusement, cet échange intimiste devient un véritable spectacle aux yeux d'une autre. Si je devrais me retrouver gêné de participer involontairement à ces retrouvailles familiales, je vis en parallèle une prise de conscience qui pousse mon esprit à faire certaines connexions, qui lui avaient échappées jusqu'alors. J'aimerai pouvoir me présenter, avec une fausse innocente, malheureusement, ma réputation me précède alors que la jeune femme ne semble pas avoir oublié l'objet de notre précédente et unique rencontre. Mon regard coupable se fige dans celui de la jeune avocate, sans prendre le temps de croiser celui de Cade, qui attend probablement de croiser le mien « Qu’est ce qu’elle fait là ? » La question est légitime, alors que l'une de ses clientes se retrouve à arpenter l'appartement de son frère vêtue de l'une de ses chemises. Le jeune homme lui aurait-il confié les détails de notre rupture pour que cet accueil soit si peu chaleureux? Notre dernière conversation, liée à cet interrogatoire, n'avait peut-être pas été une partie de plaisir, mais je n'avais pas ressenti un jugement aussi acerbe que celui qu'elle m'impose à travers son regard, mais aussi son attitude désinvolte. « Vous…vous vous connaissez ? » Mon regard se détourne un instant sur Cade, qui paraît complètement perdu dans cet échange. Je relève les sourcils, incapable de savoir par quel point commencer pour expliquer de telles retrouvailles. Milena se chargera de mettre fin au suspens avant même que mes lèvres ne se détachent l'une de l'autre « Bien sûr qu’on se connait ! » Étrangement, cette impression que la version qu'elle s'apprête à lui livrer ne va pas jouer en ma faveur, quand bien même Cade est au courant de mes déboires avec la justice depuis le début. « J’espère que toi, en revanche, tu la connais un minimum ! Mademoiselle Williams est pleine de surprises. On la trouve toujours là où on ne l’attend pas ! » Une sorte de rictus s'échappe de ma bouche sans que je ne le veuille. La provocation est donc un trait de caractère commun dans cette famille. Pour autant, derrière cette réplique, à laquelle j'aurais été en mesure d'offrir une réponse en temps normal, je ressens la stupeur qui m'en dispense. Elle ignore qui je suis . Je suis inconnue au bataillon. Cette relation, qui avait marqué la vie amoureuse de son frère durant plusieurs années, ne lui a pas été comptée, me rendant insignifiante et illégitime dans cette pièce. Lui avait pourtant eu l'occasion de croiser les membres de ma famille, aux yeux de la sienne, je n'étais rien d'autre qu'une simple dépravée passagère aux yeux de son père, et une délinquante quelconque auprès de sa soeur. J'encaisse, forcée de reconnaître une fois encore les différences flagrantes de notre vision des choses pour lui et moi. «Il me connait bien plus que n'importe qui» lâchais-je,n'ayant pas dans l'idée de jouer le rôle de la rencontre ephemere à laquelle Cade aimerait peut-être que j'aspire. Je secoue la tête «J'pense que je dérange...Je f'rai peut-être mieux d'y aller» Parce que ma place n'était plus ici, si elle l'avait un jour été. Étrangement, Cade ne semble pourtant pas de cet avis, à cet instant en tout cas. Je m'éloigne, me retrouvant rapidement bloqué par sa présence devant moi« Non non non… attends… ! » Mes mâchoires se resserrent. Alors quoi, j'allais devoir supporter les attaques insensées de sa sœur? Lui qui était parvenu à cacher mon existence durant si longtemps, pourquoi subitement j'avais mon importance? « Si t’es attirée par les délinquantes Cade, je peux t’en présenter plein d’autres tu sais. Mais s’il te plait, j’aimerais que tu m’épargne les vestiges de tes parties de jambes en l’air ! » Je dévisage durant plusieurs secondes l'ancien agent. Pouvait-il lui reprocher d'avoir cette image de moi alors qu'elle ignorait tout de notre histoire. « Arrêtes Milena. Ca n’a rien à voir. » Je souris ironiquement, retrouvant finalement le regard de sa cadette. « J'n'ai pas souvenir d'avoir lu dans les p'tites lignes que dénigrer son client en dehors des plaidoiries était autorisé?» Un haussement de sourcils alors que je me charge de lui renvoyer ce même regard désabusé. «J'vous trouvais plus sympathique lors de notre précédent échange» Elle pouvait penser ce qu'elle voulait, ce n'est pas comme si je me devais de lui rendre des comptes pour ma part. « Et puis…Qu’est ce qui s’est passé ici ?! » Je ne suis pas disposée à lui fournir la réponse, et me tourne finalement vers Cade, cherchant à dissimuler la moindre émotion sur mon visage, si fugace soit-elle. «J'ai rencontré ta sœur il y a quelques semaines. Elle m'a représenté pour mon dernier interrogatoire à propos de la fraude. » Je me pince l'espace d'un instant les lèvres, ignorant volontairement la jeune avocate pour ne pas me laisser distraire. «Son visage ne m'était pas revenu jusqu'à aujourd'hui» Il faut dire que nous n'avions jamais eu l'occasion de nous croiser, et que seule une photo sur laquelle j'étais tombée plusieurs années auparavant me permettait à ce jour de mettre un prénom sur ce visage. Et si la mémoire de Cade était plus efficace que la mienne à cet instant, elle lui permettra peut-être de se remémorer les quelques mots que j'avais eu à ce sujet lorsqu'il m'avait trouvé avec un moral au plus bas lors de son passage chez moi.

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Cade Grimes & Milena Grimes &  @Savannah Williams  

Cette mésaventure aura eu, au moins, un point positif : Décontracter l’atmosphère malgré le stress engendré pour un Cade totalement désemparé ! La plomberie, ce n’était pas du tout son domaine et face à Savannah, il tentait de faire bonne figure, ce qui effaçait toute forme de gêne existante et tournait la scène en cocasserie. Que se seraient-ils racontés autour d’un café, après les confessions de la jolie blonde sur son état d’esprit du moment ? Et surtout, après ce passé qui les hantait, et plomberaient certainement leur relation pendant un moment. Ils ne pouvaient décemment pas faire comme si rien ne s’était passé, et l’attachement que Cade avait pour son fils et elle en résultait toujours, quoi qu’il arrive. Alors qu’il se dévouait pour éponger après le déluge, Grimes avait proposé à Savannah d’aller trouver de quoi être plus à l’aise. La jeune femme n’avait rien laissé en le quittant, mais il était sûr qu’elle retrouverait l’une de ses habitudes, lui piquer une chemise en flanelle, longue et confortable, au risque de retomber mélancoliquement, et maladroitement, dans une image périmée où tout allait encore bien entre eux. A peine eut-il réussi à trouver une autre serpillère et à faire en sorte que cette mare d’eau, au sol, n’atteigne pas son mini salon, que la voix de sa frangine resonna en le surprenant et en se confondant presque avec la plaisanterie de Savannah, tout juste de retour. «J'suis désolée de te dire ça chéri, mais c'est un fait, cette chemise me va bien mieux qu'à toi» Le malaise s’installa très rapidement, et naturellement. Pris entre les deux femmes, Cade n’eut pourtant pas à ouvrir la bouche pour lancer des présentations malavisées. Il remarqua le regard méfiant et agacé de Milena, planté sur la blonde. Celui-ci trahissait beaucoup de choses et n’était pas de bon augure. L’ex agent fédéral ne comprenait pas encore la tornade dans laquelle ils se trouvaient tous les trois.

« Qu’est ce qu’elle fait là ? »  Les hostilités débutaient. Car ce ton donnait clairement la couleur. Les deux femmes se connaissaient et ne s’appréciaient pas plus que ça. Du moins, Milena ne portait pas Savannah dans son cœur, l’inverse était-il aussi valable ? Les yeux curieux de Cade vacillèrent entre son ex et sa sœur, en essayant d’assembler des morceaux de passé qui n’existaient même pas. Il avait beau chercher, il ne se souvenait pas avoir parlé de Savannah à Milena. Il ne se rappelait pas non plus avoir invité Savannah à une réunion de famille, autre que l’hasardeuse et désagréable rencontre avec son paternel. Le mystère restait donc entier et il fallait mettre les pieds dans le plat puisqu’aucune des deux ne semblait vouloir s’avancer. « Bien sûr qu’on se connait ! J’espère que toi, en revanche, tu la connais un minimum ! Mademoiselle Williams est pleine de surprises. On la trouve toujours là où on ne l’attend pas ! » Milena était toujours très tranchante lorsqu’elle ne faisait pas amie-amie. Néanmoins, cela manquait d’indices concrets pour qu’il puisse deviner ce qui avait permis à leurs chemins de se croiser. «Il me connait bien plus que n'importe qui» Les yeux de Cade roulèrent, envahis par la culpabilité. Ce n’était pas lui qui les avait présentés, puisqu’il n’avait jamais eu l’occasion d’évoquer sa relation avec aucun des membres de sa fratrie. Ou il n’avait pas voulu… Chez les Grimes, la communication était parfois très simple et directe. Et parfois, elle se voulait plus compliquée et secrète. Si Cade mettait un point d’honneur à rencontrer tous les chers prétendants de sa soeurette, il ne s’étendait jamais sur ses propres histoires avec Milena. Il s’était épargné, jusque-là, tous les commentaires du style « C’est plus de ton âge les plans cul Cade » qui avaient eu leur place, étant donné les relations plus que courtes qu’on lui connaissait. Il n’avait guère eut envie d’entendre un « T’es sérieux ?! Elle ne te correspond pas ! » qui serait forcément sortit de la tendre mauvaise foi de Milena. Grimes rattrapa Savannah avant qu’elle ne s’échappe, souhaitant avoir les deux points de vue. Une grande première pour celui qui prenait toujours le parti de sa petite sœur, malgré les faits. Milena d’ailleurs, encaissait la dernière remarque de la jolie blonde, se questionnant sur la nature du lien qu’elle avait devant les yeux et qui semblait, de toute façon, ne pas lui plaire. « Si t’es attirée par les délinquantes Cade, je peux t’en présenter plein d’autres tu sais. Mais s’il te plait, j’aimerais que tu m’épargne les vestiges de tes parties de jambes en l’air ! » A travers cette pique qui aurait pu ressembler a une vérité, Cade discernait un indice. Milena considérait Savannah comme une « délinquante » et le schéma se bâtit très vite dans l’esprit de l’ainé. Les deux femmes s’étaient sûrement rencontrées dans le cadre du boulot d’avocate de la fille Grimes. En outre, elle plaçait la jolie blonde dans une position peu flatteuse et révélatrice d’un besoin d’aide face à la justice. Tout se mettait en place. « Arrêtes Milena. Ca n’a rien à voir. » Qu’il tenta posément pour essayer d’apaiser ces retrouvailles étonnantes. « J'n'ai pas souvenir d'avoir lu dans les p'tites lignes que dénigrer son client en dehors des plaidoiries était autorisé?» Savannah confirmait son statut dans le contexte professionnel de Milena. Mais une chose était sûre : Si elles avaient du coopérer devant un juge, elle n’étaient pas copines en dehors d’une salle d’interrogatoire. «J'vous trouvais plus sympathique lors de notre précédent échange» Milena était brillante dans son métier et elle savait changer de facette lorsqu’il fallait pousser la situation à son avantage. Sav avait dû en faire l’expérience. « Et puis…Qu’est ce qui s’est passé ici ?! » Ignorant, pour l’instant, le conflit inédit qui apparaissait devant lui, Cade répondit à sa sœur. « Un p’tit soucis de plomberie…rien de grave. » Mis à part l’eau qui jonchait son sol et la bonne crève qui le guettait s’il n’allait pas prendre une douche chaude, non, rien de plus délicat que cette réunion qui se tenait entre sa cuisine et son salon.

«J'ai rencontré ta sœur il y a quelques semaines. Elle m'a représenté pour mon dernier interrogatoire à propos de la fraude. » Les yeux de Cade passèrent de Savannah à Milena. Sur le visage de cette dernière, un visage fier. Elle se trouvait en position de force grâce au travail accomplit dans cette affaire et face à une Savannah qui, malgré l’innocence prouvé, conservait sa place sur le banc des accusés, encore plus maintenant que Milena l’avait trouvé chez son frère, vêtue de l’une de ses chemises pour seul vêtement. «Son visage ne m'était pas revenu jusqu'à aujourd'hui» Rien de plus normal. Elle n’était tombée que sur une photo de la jeune Milena. Remise dans son contexte, les traits de l’avocate n’avaient pas pu lui faire penser à quelqu’un d’autre que la frangine de Cade en personne. « Oh, je suis déçue Cade. Tu ne lui a pas parlé de moi ?! » Le ton franchement ironique de Milena n’aidait pas. Mais elle avait pourtant raison. Trop peu de fois l’ainé avait évoqué sa famille avec Savannah. Elle découvrait les membres de la famille Grimes au compte-goutte et pas de la meilleure façon qui soit. C’était encore un point qu’il aurait largement pu améliorer lorsqu’ils étaient ensemble. Lever ce rideau qui avait dû entrer dans les faiblesses de leur couple. Il reconnaissait silencieusement ce tord à présent. Milena commença à s’impatienter en voyant cette certaine complicité entre son frère et Savannah. Pour sûr, elle se doutait qu’il y avait bien plus qu’une partie de jambe en l’air de temps en temps entre eux. « Ok ! J’ai droit à des présentations en bonne et due forme maintenant ? » Plantée là, elle s’adressa à son ainé. « Vous êtes ensemble, c’est ça ?! » Son regard vert se posa sur la tenue de Savannah, comme si celle-ci pouvait répondre à sa place. Cade, lui, semblait hésiter sur la manière dont il allait expliquer la nature de leur relation. Pourtant, concrètement, il n’y avait pas à chercher bien loin. « On a eu une histoire… » commença t-il avant que Milena ne soupire, exaspéré et ne reprenne sans attendre. « Oh oui, c’est seulement ton ex portant une de tes chemises pour seul et unique vêtement ! » Elle montra Savannah d’un geste bref et poursuivait. « Cade… Tu sais dans quoi elle est mêlée ?!!  Et pourquoi tu m’as jamais parlé d’elle si c’était si sérieux ?! » Cade serra les dents. Milena allait encore trop loin. « J’ai aucun compte à t’rendre Milena. J’te demande pas avec qui tu t’envoie en l’air pendant tes déplacements en Europe ! » Le ton montait entre les deux Grimes. L’ainé tenta de se calmer pour éviter d’accumuler les conflits. « J’connais Savannah depuis longtemps. J’connais aussi l’affaire qui l’a poussé chez les flics. Rassemblez les indices Maitre Grimes ; elle m’aidait avec ce problème de tuyauterie et je lui ai épargné une pneumonie ! Et si tu veux connaitre tous les détails de notre relation, je t’en prie, assieds-toi. Ça risque de durer un moment ! » Voyant que son frangin prenait un parti, Milena observa Savannah d’un regard noir et croisa les bras.

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@Cade Grimes & Savannah Williams

Qu'étais-je venue trouver ici? La reconnaissance était-elle le seul maître mot d'une visite qui pourrait être vite qualifiée de gênante dans un tel contexte? Les vestiges de notre passé me hantaient-ils encore dans un moment clé de ma vie, alors que celle-ci se dessinait toujours plus sans sa présence à mes côtés? Je refuse de me questionner sur le sujet, préférant de loin savourer un échange presque innocent et léger en sa compagnie. La complexité de nos rapports se dilapide pour nous rappeler cette complicité qui a toujours existé entre nous, et que le temps ne semble altérer malgré les différents évènements. Pour autant, je sais que la simplicité de cet échange n'est qu'éphémère, et que bien vite, les vieux démons redeviendront maître de ces lieux. Un prémisse lorsqu'il vient à me proposer gentiment de me trouver autre chose à me mettre, nous rappelant que cette chambre dans laquelle j'aimais me perdre par le passé est démunie de toute affaire m'appartenant. Seule entre ces murs,  il est pourtant si facile de me laisser envahir par une certaine nostalgie et le réconfort qu'elle m'apporte par les souvenirs qui flottent encore autour de moi. Mon retour auprès de lui se veut sur une note sarcastique, n'ayant pas envie de devoir rejoindre cette dure réalité dans laquelle plus rien ne doit nous lier. Ce que je n'avais pas prévu, c'est qu'entre temps il puisse être rejoint par une jolie brune, dont le visage ne m'est bien évidemment pas inconnu, pour l'avoir croisée quelque temps auparavant, dans une situation qui ne m'était clairement pas avantageuse. Immédiatement, cette dernière y fait allusion, me rappelant cette affaire pour laquelle je paie encore le prix, d'une certaine manière, à ce jour. Sauf que cette guerre dans laquelle elle prévoit de me dresser en tant qu'ennemie principale, je ne suis pas prête à la mener, encore moins en sachant désormais son identité. Une absence de riposte qui ne me ressemble pas, et qui pousse Cade à calmer le tempérament de feu de sa cadette. « Arrêtes Milena. Ca n’a rien à voir. »

Au delà du problème de cette frangine hargneuse qui semble prête à en débattre, cette vérité qui me torture à nouveau le palpitant en découvrant que notre histoire n'a jamais été contée à l'un des siens, malgré l'importance qu'elle paraissait représenter. La communication n'a jamais été un point fort chez ce cher Grimes, j'imaginais cependant lui avoir apporté suffisamment de bonheur à un moment pour qu'il veuille l'évoquer furtivement avec celle dont il était le plus proche. J'encaisse silencieusement, parvenant à mettre de côté mon égo pour apporter les précisions tant attendues par le pion central de cette scène. «J'ai rencontré ta sœur il y a quelques semaines. Elle m'a représenté pour mon dernier interrogatoire à propos de la fraude. » Le destin s'était visiblement chargé de nous faire rencontrer, dans un contexte qui n'allait pas nous amener à devenir de grandes amies. «Son visage ne m'était pas revenu jusqu'à aujourd'hui» Est ce que cela aurait pour autant changé la situation actuelle? Pas certain, et ce trio provisoire me donne déjà des migraines à devoir supporter le poids des événements. . « Ok ! J’ai droit à des présentations en bonne et due forme maintenant ? » Je l'observe, avec cette prestance enviable qui me manque sur le moment, et qui se justifie par un flot d'émotions difficilement gérables. « Vous êtes ensemble, c’est ça ?! » Je secoue la tête, non pas pour répondre à la question de la jeune avocate, mais pour moi-même. Je refuse d'être témoin d'un discours qui ne sera pas à la hauteur de mes attentes de la part de Cade. Je refuse d'être impactée une fois encore par une triste désillusion, celle dans laquelle il se chargera d'amoindrir ce que j'ai pu représenter pour lui. Et sans même poser mon regard sur les traits du jeune homme, je ressens déjà cette difficulté à devoir mettre des mots sur une histoire qu'il n'a jamais eu à coeur d'évoquer avec elle, pour des raisons presque évidentes selon moi. « On a eu une histoire… »Je parviens à étouffer un rictus ironique pour cette réplique, aussi précise qu'attendue. « Oh oui, c’est seulement ton ex portant une de tes chemises pour seul et unique vêtement ! » Je relève les sourcils, cherchant à l'amener à cette triste conclusion, si peu probable puisse-t-elle être. « Cade… Tu sais dans quoi elle est mêlée ?!!  Et pourquoi tu m’as jamais parlé d’elle si c’était si sérieux ?! » Mon regard, fuyant jusqu'à présent, prend le temps de se poser sur Cade, comme si la moindre réaction sur son visage pourrait venir confirmer mes pensées. Avait-il eu honte de moi? De nous? « J’ai aucun compte à t’rendre Milena. J’te demande pas avec qui tu t’envoie en l’air pendant tes déplacements en Europe ! » C'est donc à ça qu'il comparait notre propre histoire, qui lui paraissait semblable? Une histoire de coucherie dans laquelle chacun des protagonistes profitaient de l'autre?« J’connais Savannah depuis longtemps. J’connais aussi l’affaire qui l’a poussé chez les flics. Rassemblez les indices Maitre Grimes ; elle m’aidait avec ce problème de tuyauterie et je lui ai épargné une pneumonie ! Et si tu veux connaître tous les détails de notre relation, je t’en prie, assieds-toi. Ça risque de durer un moment ! » Ma voix s'élève immédiatement, ne laissant pas le temps à la brune de pouvoir riposter dans l'immédiat. «J'pense en avoir assez entendu pour la journée, j'vous laisse gérer ça entre vous» La sensation d'être de trop se fait largement ressentir, chassant ces bonnes ondes que nous étions parvenus à instaurer un peu plus tôt. Peut-être que le destin se charge finalement de nous rappeler à l'ordre. Mon regard hésitant croise celui de Cade, puis celui de Milena, avant d'esquisser un sourire pour le moins forcé à l'ancien agent. «Salut» Un léger mouvement de bouche sur le côté, qui exprime une contrariété que je me dois de chasser, et me voilà à rejoindre la porte d'entrée, sans avoir la certitude de pouvoir la repasser un jour.