let this night invade my lungs
ft  @Mateo Alvarez

Il n’avait rien d’autre à faire, et il continuait à se raconter les mêmes mensonges alors qu’il avait promis d’arrêter. S’il lui avait promis à lui, il pouvait tout de même continuer à rester le même lorsqu’il était seul, persuadé que cela n’aurait aucun impact. Il était de toute façon exclu qu’il réussisse à penser que le fait de faire tout simplement ce dont il avait envie n’avait rien de condamnable, encore et toujours persuadé qu’il agissait mal sans même réellement en comprendre les raisons. Le monde dans lequel ils vivaient, probablement, sa famille, sans aucun doute. Et surtout, son incapacité à voir tout cela autrement que comme quelque chose d’illogique. L’échange qu’il avait eu avec Mateo avait ravivé ce sentiment d’en vouloir toujours un peu plus et de ne jamais souhaiter cesser que leurs discussions aient un point final. Ce soir-là, en revenant de l’hôpital, il avait longuement hésité, prenant son téléphone, s’imaginant le contacter avant de le reposer. Une solution plus simple encore s’offrait à lui et c’était peut-être le dénouement positif de l’état de santé de la petit Daphné qui l’avait mis dans les bonnes dispositions pour s’y résoudre.

Devant la porte, il était déjà trop tard pour faire demi-tour et il avait fini par appuyer le doigt sur la sonnette de Rafael, sa bouteille de rhum mexicain à la main. Il ne buvait pas, n’aimait pas sortir, cela ne voulait pas dire qu’il ne connaissait pas les codes de ce genre d’événements. Lorsque la porte s’était ouverte venant chasser les derniers doutes qui s’étaient emparés de lui, Diego avait été accueilli par l’accolade enjouée de son ami. « Diego ! C’est cool que t’aies pu te libérer, viens, je vais te présenter un peu tout le monde même si t’as dû en rencontrer la majorité au mariage. » Diego était mal à l’aise, extrêmement mal à l’aise et le sourire qu’il arborait était plutôt le résultat de la façon dont il serrait la mâchoire. Il ressentait une pointe de culpabilité en voyant Rafael aussi enthousiaste à l’idée de le voir ce soir, réalisant qu’il était peut-être un ami médiocre parce qu’il évitait toujours ce genre de moment. C’était pourtant simple, une apparition, quelques discussions avant de repartir chez lui, profitant d’un départ anticipé grâce au travail prenant qui était le sien. Diego n’avait pas réalisé que venir ici libérerait autant de questions, et il réalisait qu’il l’avait fait pour une raison qu’il ne dirait pas à son ami au risque de le blesser. C’était idiot, il avait beau balayer la pièce du regard, il ne voyait nul part la raison pour laquelle il était venu - la vraie. Ce n’était finalement pas si mal, discuter avec des personnes qui n’étaient ni sa famille, ni ses collègues. Pourtant, il était évident que quelqu’un manquait à l’appel et la façon dont il faisait vibrer sa jambe témoignait de sa nervosité. « Aaaah, voilà le meilleur, mon témoin ! Mateo, viens ! » Il n’avait pas vu la porte s’ouvrir tant les allers venus étaient nombreux, mais il s’était figé au moment où il l’avait vu entrer et se diriger droit sur eux, saluant tout le monde avec toujours cette même attitude. Mateo n’avait fait aucun commentaire, Diego avait subi la soirée qui devenait bien trop longue maintenant que tous les convives semblaient éméchés et avoir des discussions qui n’avaient plus rien de sensé. L’avantage était que plus personne ne faisait attention à quoique e soit et il avait profité de ce moment pour le rejoindre dans la cuisine, légèrement épargnée par les festivités. « T’étais obligé de me faire la bise sérieux ? » avait-il demandé en levant les yeux au ciel avant de rire légèrement alors qu’il s’adossait contre le meuble de la cuisine à côté de lui. C’était quelque chose d’automatique dans ce groupe d’amis, pourtant, eux deux étaient supposés n’être que deux connaissances au mieux et Mateo n’avait qu’ajouté à son état de gêne actuel. Mais, en même temps, sa présence l’avait immédiatement calmé. Presque rassuré. « Je comprends en fait pourquoi les gens boivent, c’est pour oublier le malaise de devoir discuter avec des inconnus. » Debout avec son coca zéro, il devait admettre qu’il faisait un peu tâche dans le décor et que les souvenirs de combien l’alcool avait calmé ses nerfs cette fois avec Emery ou cette autre fois au restaurant avec Cece amenaient à réfléchir. « J’avais rien d’autre à faire. » Il pouvait continuer à enchaîner les phrases dénuées d’intérêt, le regard de Mateo qu’il sentait posé sur lui continuerait à le fixer alors il avait donné l’explication qu’il attendait. Et sa promesse de ne plus lui mentir était presque brisée, il n’avait pas menti, il avait simplement dissimulé une grande partie de la vérité.

Voilà un moment que Raf n'avait pas organisé une telle soirée mais sa femme étant partie pour le week end avec quelques unes de ses amies, le fêtard qu'il était n'avait pu s'empêcher de sauter sur l'occasion de faire une fête comme à l'époque : la maison pleine de tous les gens qu'il connaissait, de l'alcool et de la nourriture coulant à flots. Mateo se demandait quand Raf finirait par grandir - s'il le faisait un jour - et malgré ça il n'avait pu s'empêcher de rire en voyant son meilleur ami de toujours totalement excité pour retomber, l'espace d'une soirée, dans ses travers d'époque étudiante. Mateo avait traîné des pieds en allant chez Raf, sachant que ça risquait d'être encore une fois un piège où il se retrouverait à boire trop et à passer la nuit entière chez son ami pour ne rentrer qu'au petit matin dans un état pas des plus glorieux. Non pas qu'il n'appréciait pas sa compagnie ou ce genre de soirées, mais il admettait sans mal préférer à ce genre d'évènements des rencontres en plus petit comité, d'autant plus qu'une grande partie du groupe d'amis de fac de Raf avaient tendance à l'exaspérer. Qu'importe, il avait promis qu'il passerait alors il passerait : le sourire aux lèvres, des blagues plein les poches, et il passerait une excellente soirée comme toujours, même s'il avait du mal à y trouver un sens parfois. Alors qu'il venait d'arriver dans la maison de son ami, Mateo s'était fait immédiatement repéré. C'est en allant saluer le médecin désormais marié qu'il était tombé né à né avec Diego - la dernière personne qu'il aurait cru croiser ici ce soir. Il s'était approché de lui pour le saluer comme il l'avait fait pour tous les autres, claquant ses joues contre les siennes pour lui faire la bise comme ce groupe, composé pour la majorité d'européens d'origine, avait pour habitude de faire. Bien évidemment Mateo dû se retenir de ne pas pouffer de rire face à cette situation tant il imaginait déjà la gêne que ce geste avait pu procurer à Diego, et finalement, la soirée promettait d'être plus intéressante que prévue. Il avait patienté sagement et avait agit comme il l'aurait fait en l'absence du Gutiérrez, buvant des bières en lançant des remarques cinglantes à qui voulait bien les entendre. Et alors qu'il avait pris un peu de distance avec le reste du groupe rien qu'une seconde, Diego était venu le rejoindre, ce qui eut le don de faire naître un sourire à peine dissimulé sur le visage de Mateo. « T’étais obligé de me faire la bise sérieux ? » Il pouffait de rire, persuadé qu'il aurait droit à ce genre de remarque. Posant son regard sur Diego et s'assurant que personne ne risquait de l'entendre en s'approchant juste un peu de lui, il se mit à chuchoter, d'un air taquin : « Pourquoi, t'aurais préféré autre chose ? » Bien entendu il n'attendait aucune réponse de sa part et il ne lui avait d'ailleurs pas laissé le temps de placer un mot alors qu'il reprenait sa voix et sa posture habituelle. « J'fais la bise à tout le monde ici, ça aurait été louche que t'y passes pas aussi. » Il avait promis de ne rien laisser transparaître devant quiconque et de ne pas jouer à l'idiot à ce sujet, et il tenait bien respecter sa promesse en ne dépassant aucune limite avec Diego ; limites qui comprenaient justement ce genre de remarques, mais celle ci lui avait échappée et il ne semblait pas lui en tenir rigueur pour le moment. « Je comprends en fait pourquoi les gens boivent, c’est pour oublier le malaise de devoir discuter avec des inconnus. » En observant autour d'eux, Mateo voyait bien de quoi il parlait. Lui qui lui avait vendu cette soirée comme "pas si pire que ça" aurait clairement usé d'autres propos s'il avait su ce que Raf avait réellement en tête depuis le début. « J’avais rien d’autre à faire. » Mateo avait hoché la tête, un sourire calé sur ses lèvres. « Je me doute, ouais, surtout que c'est pas ton genre d'être là. » Il se voulait taquin, pas moqueur pour un sou. « C'est cool que tu sois là. » Il le pensait sincèrement et il espérait vraiment que Diego prendrait cette phrase au sérieux et pas comme une énième pique ou comme quelque chose de dit à la légère. Pour autant, il essayait de garder une certaine distance pour ne pas risquer de le gêner - il avait déjà usé de la carte joker qu'il s'était lui même octroyé, à son plus grand regret. « T'aurais dû me dire que tu venais, j'aurais pu être là plus tôt. Parce que si t'as eu le temps de comprendre pourquoi les gens picolent, c'est que t'as manqué de bonne compagnie depuis trop longtemps. » Et il aurait presque trouvé ça triste de voir Diego complètement bourré sous prétexte qu'il avait à subir sa présence à cette soirée, quand bien même Mateo supposait qu'il avait finir par céder à venir en partie pour lui. En tout cas, son égo aurait été largement flatté que ce soit le cas. « Heu-reu-sement je suis là maintenant. Une demi heure de plus et tu te mettais à boire sans que personne t'y aies forcé, ça aurait été le drame. » Qu'il lançait en le charriant.

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ft  @Mateo Alvarez

Le temps lui avait semblé long parce qu’il était venu dans un but bien précis et qu’il réalisait de plus en plus que ne pas avoir prévenu Mateo de sa présence signifiait peut-être qu’il ne viendrait pas. Ce n'était pas qu'il s'accordait une importance qu'il n'avait pas, mais il avait conscience que de ne jamais dire les choses clairement pouvait se retourner contre lui. Diego ne savait pas si quelqu’un avait pu voir son comportement changer lorsqu’il était apparu dans son champ de vision avant de se mêler à ce petit groupe qu’ils formaient avec Rafael mais il était probablement difficile pour quiconque d’envisager que ces deux-là s’étaient revus depuis le mariage. Ils avaient parfaitement joué le rôle de deux invités ayant fait connaissance une seule et unique fois pour se retrouver par hasard à cette soirée et s’il était reconnaissant, Diego avait un instant presque douté de Mateo. Jouait-il le jeu pour ne pas le mettre mal à l’aise face à leurs amis communs ou était-il réellement indifférent à sa présence ? Les questions qu’ils se posaient étaient nombreuses et il n’avait pas pu se résoudre à quitter une discussion bien installée pour aller les poser directement au principal intéressé alors il avait pris son mal en patience jusqu’à ce qu’une opportunité se présente. Il n’avait pas bu d’alcool et pourtant, quelque chose l’avait poussé à prendre les devants, comme si l’euphorie ambiante s’était emparée de lui. Ou peut-être avait-il simplement trop attendu de le voir venir vers lui sans que cela ne se produise. Et quand il l’avait enfin trouvé, Mateo était seul, lui évitant de faire demi-tour, dissuadé par la présence de quelqu'un d'autre. « Pourquoi, t'aurais préféré autre chose ? » Diego s’était apprêté à répondre quelque chose et à user une nouvelle fois de ce comportement qui était le sien avec lui mais Mateo l’avait coupé dans son élan. « J'fais la bise à tout le monde ici, ça aurait été louche que t'y passes pas aussi. » Il avait hoché la tête, choisissant finalement de ne pas entamer des hostilités qui n’avaient que trop duré.

Diego s’était justifié sans que le contexte ne le demande et s’il avait bien conscience que cela le trahissait, il n’avait pas pu s’en empêcher parce qu’il devait mettre un terme à ce long silence qui risquait de s’installer et le mettre encore plus mal à l’aise. « Je me doute, ouais, surtout que c'est pas ton genre d'être là. » Diego s’était passé une main dans les cheveux en voyant ce sourire qui laissait sous-entendre qu’il ne croyait pas un mot de ce qu’il disait. « C'est cool que tu sois là. »  « Et c’est cool de te voir. » Diego tentait d’user du même ton que lui et pourtant, le mot utilisé était un euphémisme pour lui. Sa présence avait un effet sur lui, et s'il n'arrivait pas à en profiter pleinement sans se torturer l'esprit, il tentait de se rassurer en voyant cette soirée comme un moment hors du temps. « T'aurais dû me dire que tu venais, j'aurais pu être là plus tôt. Parce que si t'as eu le temps de comprendre pourquoi les gens picolent, c'est que t'as manqué de bonne compagnie depuis trop longtemps. » Un rire s’était échappé de ses lèvres alors qu’il reprenait conscience de l’arrogance dont il pouvait faire preuve et qu'il faisait passer à l'aide de sourires bien trop communicatifs. « Pas de ma faute si tu te laisses désirer. » Il avait haussé les épaules, sa tentative d'humour soulignant le sentiment d'impatience qui l'avait gagné puis il avait finalement grimacé. « Je suis quand même content de passer du temps avec Raf', mais je préfère de loin le voir dans un autre contexte. » avait-il corrigé, repensant à ce sentiment de culpabilité qui ne le quittait pas depuis qu’il s’était dirigé à la soirée avec le seul espoir de revoir Mateo.  « Et c’était pas prévu du tout, tu sais ça. » Les yeux de Diego s’étaient posés sur lui alors qu’il essayait de savoir s’il avait trahi la raison de sa présence ce soir. Cela semblait évident, surtout pour Mateo qui n’avait de cesse de traduire ses comportements depuis qu’ils s’étaient revus, mais l’idée que cela soit trop flagrant lui posait un problème. Il faisait les efforts nécéssaires pour ne pas tirer un trait définitif sur lui, mais tout en faisant de son mieux pour garder une distance sensée le protéger. « Heu-reu-sement je suis là maintenant. Une demi heure de plus et tu te mettais à boire sans que personne t'y aies forcé, ça aurait été le drame. » Le sourire en coin qui se dessinait sur les lèvres de Diego était bien loin d’être discret et trahissait la façon dont son humeur avait changé depuis qu’il savait qu’il était là. « T’en fais pas tout le monde a pas la même influence que toi. » avait-il répondu en levant son verre de soda pour prouver qu’il était bel et bien resté éloigné de l’alcool et ce malgré son sentiment d’être de plus en plus à l’écart au fur et à mesure que la soirée avançait. « Et ouais, heureusement que je suis venu te voir, tu veux dire. » Diego avait repris ses mots en venant souligner le temps qu’il s’était écoulé entre son arrivée et le début de leur discussion qu’il ne devait qu’à lui seul. Mateo ne pourrait plus nier que le médecin faisait des efforts, Diego, de son côté, s’inquiétait de voir son intérêt pour lui s’amoindrir maintenant qu’il prenait les devants. « T’as eu le temps de boire combien de verres avant que je te rejoigne ? Tu parais presque sobre à côté de tous les autres. » Il s’était approché et avait finalement décidé de s’adosser au meuble de la cuisine, juste à côté de lui, les plongeant de nouveau dans cette bulle qui était toute relative ce soir mais qui le rassurait pourtant.

S'il était honnête avec lui même, Mateo devrait bien admettre que Diego avait déjà dépassé un bon nombre de ses limites en terme de patience. Il s'était déjà plusieurs fois demandé pourquoi il continuait ce jeu qui ne mènerait probablement à rien au vu du caractère du mexicain, et la vérité c'est qu'il n'avait pas vraiment de réponse à apporter. Oui, il avait trouvé Diego attirant à la seconde où il avait posé ses yeux sur lui et oui, il avait envie de passer du temps à ses côtés et de goûter ses lèvres une nouvelle fois. Si n'importe qui se comportait avec lui comme le médecin s'était entêté à le faire lors de leurs derniers échanges, il aurait déjà fini par couper les ponts, las d'une situation qui lui imposait des prises de têtes évitables. S'il avait continué sur cette voie, d'ailleurs, c'est clairement ce qui risquait d'arriver. Pourtant, voir Diego lui sourire de cette manière lui faisait presque oublier ses principes, et chaque fois qu'ils riaient ensemble, il en venait à oublier qu'ils étaient si différents. Rien que le fait qu'il soit finalement venu à cette soirée prouvait à Mateo que peut-être il avait bien fait d'insister ; que peut-être il ferait bien de s'accrocher à ce petit quelque chose qu'il avait pu ressentir au mariage. « Et c’est cool de te voir. » Mateo avait la sensation que Diego était enfin en train de se détendre à ses côtés, et il ne pouvait qu'en être ravi. « Pas de ma faute si tu te laisses désirer. » « Qu'est-ce que tu veux, j'aime faire une entrée remarquée. » Qu'il avait lancé en feignant l'arrogance avant de se mettre à pouffer de rire. « Je suis quand même content de passer du temps avec Raf', mais je préfère de loin le voir dans un autre contexte. » Raf n'était pas la même personne en plus petit comité que dans ce genre de soirées, c'était un fait. « Ouais, je comprends. D'ailleurs c'est pour ça que j'ai tardé à venir. » Il l'avait déjà mentionné, mais certaines des fréquentations de son meilleur ami étaient loin d'être à son goût. Car s'il comprenait qu'on puisse avoir envie de s'amuser et de faire les idiots, il rangeait certain de ses amis dans la catégorie des cons finis. « Et c’était pas prévu du tout, tu sais ça. » Il finirait presque par se trahir à force de le répéter, ce qui le rendait encore un peu plus touchant aux yeux de Mateo, qui s'amusait de voir Diego dans cette posture. « T’en fais pas tout le monde a pas la même influence que toi. » Savoir que n'importe qui aurait pu avoir l'effet qu'il avait sur lui l'aurait clairement vexé et il ne s'en cachait pas. « J'aurais été déçu du contraire. » Son sourire en coin ne faisait qu'appuyer ses propos. « Et ouais, heureusement que je suis venu te voir, tu veux dire. » Il s'était empressé d'hocher la tête vivement, agréablement surpris d'avoir droit au Diego détendu et taquin ce soir malgré le monde qui pouvait les surprendre à tout moment. De l'extérieur personne - à part peut-être Raf - n'aurait pu leur prêter des intentions plus qu'amicales, mais il aurait cru que le contexte aurait suffit à Diego pour se braquer. « Oui, c'est vrai. J'aurais pas cru que tu le ferais. » Ils avaient déjà parlé du fait que Diego était perdu et qu'il ne voulait pas risquer de s'afficher avec Mateo à cause de ce que leur relation pourrait laisser entendre de ce qu'il était, et il respectait ça. Il avait du mal à le comprendre, sachant à quel point il n'avait jamais porté une grande attention à ce que le monde pouvait penser de lui, de ses choix ou de son orientation sexuelle, mais il pouvait s'imaginer que tout le monde ne fonctionnait pas de cette façon. Pour l'instant la situation le faisait plus rire qu'autre chose, parce qu'il y voyait surtout la confirmation que Diego lui aussi attendait quelque chose de lui. « Je serais bien venu te voir plus tôt, mais j'étais pas sûr que t'apprécie. » Le laisser venir à lui était le meilleur moyen que Mateo avait trouvé pour suivre son rythme, et cette façon de faire extrêmement mature le surprenait lui même, à bien y penser, quoi qu'il avait gardé ses distances surtout parce qu'il savait que Raf saurait reconnaître l'ambiguïté à des kilomètres à la ronde tant il le connaissait bien. « T’as eu le temps de boire combien de verres avant que je te rejoigne ? Tu parais presque sobre à côté de tous les autres. » « J'sais pas, j'ai pas compté. » En tout cas il avait bu assez pour commencer à en sentir quelques légers effets, mais de loin pas pour ne plus être en mesure d'avoir une conversation censée ou de ne plus être maître de ses actions. « Mais attends, je rêve ou t'as l'air déçu que je sois pas bourré ? » Diego ne l'avait jamais vu à un stade trop avancé d'alcoolisation mais il était déjà bien sou au mariage de Raf, alors il devait déjà bien savoir à quoi s'attendre avec un Mateo complètement sou. Clairement ce n'était pas au programme de la soirée, ou en tout cas ce n'était pas ce que Mateo avait eu à l'esprit en venant ce soir. Il doutait aussi que ce soit le souhait de Diego, mais le sous entendre le faisait beaucoup rire. « Parce qu'au pire ça peut s'arranger, mais dans ce cas je réponds plus de rien et tu risques de le regretter. » Non il ne se mettrait pas dans un sale état ce soir juste par défi - quoi qu'il en était totalement capable, à croire qu'il ne valait pas mieux que les potes de Raf.

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Les indices étaient nombreux et beaucoup trop évidents pour que le mensonge continue à aussi bien fonctionner. Mais puisqu’il était encore le seul aux commandes, Diego semblait maîtriser la situation, juste assez pour engager la conversation avec lui comme s’il s’agissait là déjà d’une transgression de l’intégralité de ses principes. Sans réellement comprendre à quel moment il avait choisi de s’ouvrir un peu plus, Diego se surprenait à plaisanter avec Mateo et à se tenir en sa compagnie sans que son comportement ne change complètement, seule son humeur n’était plus la même et l’idée qu’il ait un impact sur celle-ci ne l’effrayait pas à cet exact moment. « Qu'est-ce que tu veux, j'aime faire une entrée remarquée. » Son menton s’était levé alors qu’il venait souligner la condescendance de ses propos dans un rire avant de défendre Rafael dans l’évocation de la mauvaise compagnie qu’il avait eu depuis son arrivée à la soirée. « Ouais, je comprends. D'ailleurs c'est pour ça que j'ai tardé à venir. » Il aurait presque pu penser qu’il s’agissait là d’une façon de s’excuser de ne pas avoir été là depuis le début, mais Diego avait chassé cette idée de son esprit. « T’as tardé, ouais. » Le sourire qu’il lui avait lancé était cette fois bien décidé à lui faire comprendre la raison de sa venue, sans qu’il ne contrôle encore une fois la façon dont il se laissait aller après avoir tant voulu garder ce point pour lui. Il n’avait pas l’excuse de l’alcool mais peut-être de l’euphorie du moment, de la musique trop forte et de la fumée de cigarette qui émanait de la baie-vitrée. S’il n’était pas à sa place, il pouvait décider d’être qui il voulait. « J'aurais été déçu du contraire. » Diego avait baissé la tête en la secouant légèrement, la répartie de Mateo le faisait toujours rire. « C’est pas glorieux de m’avoir fait boire, Mateo. » Son visage s’était tourné vers lui et ses sourcils s’étaient froncés à l’image d’un parent grondant un enfant puis il s’était mis à rire. Pour la première fois, il réussissait réellement à plaisanter avec lui, sans penser à un souvenir oublié qu’il tentait de lui remémorer, au risque d’être surpris par sa famille ou à la portée de ses confidences.

La discussion chez lui avait apaisé plusieurs points, et Diego refusait maintenant d’ignorer cette personne qui lui faisait tant de bien dans un moment où tout semblait pourtant cruellement noir. « Oui, c'est vrai. J'aurais pas cru que tu le ferais. » Et il avait toutes les raisons du monde de le penser, il cherchait juste à comprendre à quel point il avait pu lui envoyer des signaux contradictoires pour que lui ne le fasse pas. « Je serais bien venu te voir plus tôt, mais j'étais pas sûr que t'apprécie. » Un soupir lourd de tout ce qu’il continuait à taire s’était échappé de ses lèvres. « Je suis désolé. » Il l’était. Sincèrement. Parce que plus les minutes s'égrainaient, plus Diego réalisait à quel point tout paraissait logique avec lui, chaque sourire, chaque tiraillement dans son estomac. Il avait évoqué une partie de la vérité la dernière fois qu’ils s’étaient vus, et s’il continuait de faire un pas vers lui de manière imagée, il lui manquait encore le courage de laisser sa main parcourir les centimètres qui la séparaient de la sienne comme son esprit lui criait de le faire. Le fait de le vouloir n’était pas suffisant, Diego devait s’autoriser à penser qu’il le pouvait. Ou trouver le moment où il ne penserait plus, totalement anesthésié comme il l’avait été le soir où ils s’étaient embrassés. Pour faire taire ses pensées, il avait repris la conversation. « J'sais pas, j'ai pas compté. » avait-il répondu et sa réponse était logique. « Mais attends, je rêve ou t'as l'air déçu que je sois pas bourré ? » Diego avait ri à nouveau avant de boire la fin de son verre de soda, le laissant volontiers déformer ses propos dans un trait d’humour maintenant qu’il réussissait à ne pas transformer tout ce qu’il pouvait ressentir en colère injustifiée. « Parce qu'au pire ça peut s'arranger, mais dans ce cas je réponds plus de rien et tu risques de le regretter. » Ses yeux avaient pris le temps d’analyser chacun de ses traits alors que son esprit tentait de lire les sous-entendus cachés derrière ses propos. Il aurait voulu se prendre au jeu, parce qu’il était là uniquement pour lui et que sa présence seule trahissait ses intentions, mais Diego continuait dans la retenue. « L'alcool et les défis ça nous réussit pas, tu te rappelles ? » Et il ne servait à rien de tout précipiter parce que s’il devait prendre un pareil risque avec Mateo, il devait d’abord s’assurer que tout cela en vaudrait la peine. « Et je préfère qu’on soit à égalité, et que tu sois pas comme les autres, là. » avait-il ajouté en désignant de l’index un groupe d’hommes dont les actions se suivaient sans qu’aucune n’ait réellement de sens. Ils étaient passablements ivres, et cela avait grandement fait les affaires de Diego. « Tu peux les remercier, je sais pas si j’aurais osé te parler s’ils étaient pas aussi éméchés. Tu commences à me connaître. » Mais il avait prononcé ces mots en lui adressant un sourire, venant s’autoriser lui-même à se moquer de son propre comportement et à ne pas laisser planer de doute quant à l’apaisement qu’il ressentait face à cette discussion qu’il avait lui-même entrepris. « Et au pire, ils nous verront juste avoir une conversation, j’imagine. Qu’est-ce que tu as à raconter depuis la dernière fois ? » Une conversation simple. Banale. Mais qui représentait un immense pas en avant pour Diego.

Mateo s'était attendu à voir Diego trouver une excuse pour expliquer sa présence ce soir. Il s'était attendu à ce qu'ils gardent une certaine distance, à devoir faire attention à sa façon de se comporter avec lui. Et pourtant, ce soir, il n'avait à faire aucun effort pour que les choses se passent comme il l'avait souhaité à chacune de leurs dernières rencontres : simplement, et dans la bonne humeur. « T’as tardé, ouais. » Encore une fois Mateo pouvait se targuer d'avoir eu raison au sujet des intentions de Diego, puisqu'il venait de lui confirmer d'une façon à peine dissimulée qu'il s'était décidé à venir pour le voir ; qu'il avait attendu son arrivée de pied ferme. Et encore une fois, s'il avait su ça, Mateo serait arrivé bien plus tôt. Ils s'étaient retrouvés depuis peu de temps et pourtant les taquineries fusaient déjà. Ils avaient retrouvé leur complicité en un rien de temps tant elle se présentait à eux comme une évidence, même si tout ou presque les opposaient. Pas du genre à essayer de comprendre les choses qu'il pouvait ressentir, Mateo se laissait simplement aller à continuer ce jeu qu'il appréciait tant - surtout depuis qu'il ne les menaient plus toutes les trois phrases à une nouvelle dispute. « C’est pas glorieux de m’avoir fait boire, Mateo. » Il venait de se faire sermonner comme un enfant mais même là Diego n'était pas parvenu à garder son sérieux, ce qui avait le don de le faire rire. « J'suis pas d'accord. Si t'as picolé avec moi c'est que t'étais assez à l'aise pour perdre un peu le contrôle. Et te faire passer du bon temps, j'trouve ça plutôt très glorieux. » S'il imaginait que peu de gens pouvaient se vanter d'avoir réussi à faire sortir Diego de ses habitudes, Mateo préférait surtout s'en vanter pour les effets positifs que cela pourrait avoir sur le médecin. En tout cas, il préférait que Diego voit ce côté là de l'affaire plutôt que celui où il était juste celui qui le sortait du droit chemin. « Je suis désolé. » « Je t'ai déjà dit d'arrêter de t'excuser. » Mateo n'avait jamais entendu quelqu'un s'excuser à ce point, et à tout bout de champ. D'ailleurs, il avait du mal à comprendre pourquoi il le faisait à cet instant, même s'il pouvait facilement en imaginer les raisons, maintenant qu'il comprenait un peu la façon de faire de Diego. Et c'est justement parce qu'il saisissait un peu sa manière de fonctionner qu'il refusait de poser des questions, évitant d'entrer dans un sujet de conversation trop profond alors qu'il estimait que ce n'était ni le lieu, ni le moment. Heureusement pour eux, le Gutiérrez semblait aussi peu enclin que lui à parler sérieusement, et il s'était décidé à parler de l'état de sobriété de Mateo pour changer de sujet. « L'alcool et les défis ça nous réussit pas, tu te rappelles ? » « Oui oui, comment oublier ? » La blague n'était pas discrète et certainement faite un peu trop tôt, leur conversation au sujet de leur rencontre étant encore récente. Alors il avait pincé les lèvres et caché sa bouche de sa main comme pour montrer qu'il était conscient d'avoir dit une bêtise, espérant que son expression amusée ne suffise à faire passer sa remarque à la trappe. « Et je préfère qu’on soit à égalité, et que tu sois pas comme les autres, là. » Très clairement, à observer les énergumènes qui les entouraient, il ne pouvait que comprendre ce souhait. « Tu peux les remercier, je sais pas si j’aurais osé te parler s’ils étaient pas aussi éméchés. Tu commences à me connaître. » Ça, il aurait pu s'en douter. « Aaaaah, je me disais aussi. » Qu'il avait lancé pour le taquiner et sans aucune envie de le mettre mal à l'aise ou pour se moquer de lui. « Et au pire, ils nous verront juste avoir une conversation, j’imagine. Qu’est-ce que tu as à raconter depuis la dernière fois ? » Plus que ravi de voir que son interlocuteur commençait vraiment à être plus à l'aise, il se mit à réfléchir pour savoir quoi pouvoir raconter. « Euuuuh » Mateo avait passé sa main derrière sa nuque tout en pensant à quoi dire. « J'ai encore que des trucs chiants à raconter je crois, du genre avec mon connard de responsable qui se ridiculise un peu plus tous les jours. » Mais ça risquait de l'énerver rien que d'en parler, et il n'avait aucune envie de miner leur bonne humeur. « Ah, et je vais aller en Espagne le mois prochain. On a repris contact avec une cousine dont j'avais pas eu de nouvelles depuis qu'on était gosses et j'vais aller lui rendre visite. J'ai hâte mais j'ai pas trop de liens avec ma famille donc j'espère que ce sera pas trop bizarre. » La façon dont il avait enchaîné les mots illustrait son impatience comme son stress de faire face à une situation gênante. « Faudrait que je me remette un peu à l'espagnol en vrai. » En dehors de deux trois idioties et expressions qu'il aimait utiliser, il avait clairement perdu l'habitude de le parler. « Et toi alors ? » Qu'il avait lancé en se tournant vers Diego, appuyant son bras contre le mur au lieu de son dos.

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ft  @Mateo Alvarez

Ils apprenaient à communiquer d’une manière différente et Diego faisait de son mieux pour ne pas voir autre chose que de la bienveillance dans le comportement de Mateo. Et, évidemment, tout fonctionnait mieux de cette façon et l’obligeait à dévoiler un peu de cette partie de lui qu’il tentait de dissimuler depuis plusieurs mois. « J'suis pas d'accord. Si t'as picolé avec moi c'est que t'étais assez à l'aise pour perdre un peu le contrôle. Et te faire passer du bon temps, j'trouve ça plutôt très glorieux. » C’était une qualité que de trouver du positif dans chacune des situations, pourtant, Diego était assez pointilleux pour venir corriger ses propos. « Ou que j’étais mal à l’aise au point de ressentir le besoin d’en boire, question de point de vue. » Il avait haussé les épaules, ses yeux fixés sur la pointe de ses chaussures. Il pouvait sentir le poids du regard de Mateo sur lui et sans que rien ne soit prononcé, il savait pertinemment ce qu’il donnait l’impression d’être en train de dire. « Mais je t’assure qu’il y a un monde ou je suis détendu et passe du bon temps de mon propre gré. » C’était difficile d’imaginer qu’il puisse totalement lâcher prise et rire de tout sans qu’un mot réveille une pulsion chez lui capable de tout gâcher entre eux. Sans connaître réellement les réactions de Mateo, il pouvait imaginer à quel point ils avaient frôlé le point de non retour, et il le regrettait sans pour autant être assuré que tout cela soit terminé. « Je t'ai déjà dit d'arrêter de t'excuser. » Diego avait pincé les lèvres en hochant la tête avant de le reprendre sur sa provocation. « Oui oui, comment oublier ? » Il avait eu un réflexe qui illustrait à quel point il lui était déjà un peu plus facile pour lui d'interagir avec Mateo, sa main venant frapper son bras alors qu’il éclatait de rire en le voyant cacher ses lèvres en réalisant ses propos. « Ca t’amuse, hin ? » avait-il répondu en soutenant son regard alors qu’il haussait un sourcil. Il se prenait à un jeu qui le dépassait complètement, mais, pour la première fois, il ne pensait pas aux conséquences, se concentrant simplement sur l’agréable sensation que cela lui procurait. Quelque chose de pur et de réel, qu’aucune substance ne venait amplifier. « Aaaaah, je me disais aussi. » Sa réaction l’avait amusé, il ne pouvait se vexer quand il avait clairement donné toutes les raisons du monde à Mateo pour qu’il se permette de plaisanter de la sorte.

Maintenant que les choses semblaient bien plus simples, le médecin avait décidé d’entamer les banalités, même s’il restait persuadé que tout un tas de choses importantes dormaient encore au plus profond de lui. « Euuuuh » Il l’avait regardé passer sa main derrière sa nuque, taisant les pensées qui l’assaillaient, attendant sa réponse. « J'ai encore que des trucs chiants à raconter je crois, du genre avec mon connard de responsable qui se ridiculise un peu plus tous les jours. » Il s’était peut-être inventé une image de lui totalement biaisée, alors il s’était étonné de l’entendre se décrire comme ennuyant. « Ah, et je vais aller en Espagne le mois prochain. On a repris contact avec une cousine dont j'avais pas eu de nouvelles depuis qu'on était gosses et j'vais aller lui rendre visite. J'ai hâte mais j'ai pas trop de liens avec ma famille donc j'espère que ce sera pas trop bizarre. » Il aimait l’écouter, il aimait la façon dont son visage s’animait en évoquant son futur voyage et le sourire ne quittait pas ses lèvres. « Faudrait que je me remette un peu à l'espagnol en vrai. » « Tu le parles pas couramment ? Tu y as vécu jusque quand ? » avait-il demandé et il était évident qu’il ne feignait pas l’intérêt pour sa personne. « Je connais rien de toi, en fait. » Le constat n’était que logique puisque depuis qu’ils avaient échangé au mariage, leurs sujets de discussion étaient tous plus dramatiques les uns que les autres. Diego était le seul coupable, mais cette affirmation avait été bien plus facile à dire que l’aveu clair et précis qu’avait fait Mateo par message. Lui aussi voulait le connaître, mais il ne réussissait pas à dire tout ce qui lui venait à l’esprit, filtrant encore ses propos. « Et toi alors ? » Il avait laissé s’échapper une longue expiration avant de répondre. « Le problème avec cette question c’est que je peux te dire tout et n’importe quoi et t’en dire trop, beaucoup trop, exactement comme je l’avais fait la première fois. » Il avait tourné son visage vers lui avec un sourire timide. « Je sais pas pourquoi je suis comme ça avec toi. » Il avait haussé les épaules avant de trouver quelque chose de concret à dire, qui aurait été ce qu’il aurait dit à n’importe qui d’autre mais qui n’était pourtant pas une simple réponse qui avait plutôt tendance à mettre fin à la discussion. « J’ai eu trois rémissions au boulot ce qui m’a permis de prendre quelques jours de congés, ça m’était pas arrivé depuis… Trop longtemps pour m’en souvenir. Et pour fêter ça, mes patients m’ont forcé à participer aux olympiades. » Les yeux du mexicain s’étaient levés au ciel à l’idée. « Ça m'a coûté une chemise, ces bêtises. Mais ça m’a fait du bien. » Tout comme ce moment, avec lui, à parler de tout et de rien et à n’être attentif qu’à l’intégralité de ses sourires. Il avait encore tellement de choses à lui dire, et pourtant, cette bulle dans laquelle ils s’étaient installées devait forcément éclater à un moment. « Oh, les gars, ça va aller la contre soirée dans la cuisine ? Venez un peu là j’ai mis notre chanson. » Celle qui était passée plusieurs fois au mariage, et qui semblait lier tous les amis de Rafael entre eux. Diego avait lancé un dernier regard à Mateo en levant les bras sur le côté comme pour s’excuser et il avait rejoint la pièce principale. Il avait passé du temps avec ceux qui pouvaient encore tenir une conversation sans vaciller de gauche à droite et avait fini par se prendre au jeu, probablement parce que ce moment en tête à tête avec Mateo lui avait apporté ce qu’il lui manquait. Ses éclats de rire étaient un peu plus sincères et il avait passé du temps à danser, faisant de son mieux pour ignorer sa présence dans ce petit groupe comme s’il cherchait à lui prouver qu’il pouvait montrer une toute autre facette de lui. L’ambiance de la fête ne permettait à personne de prêter des intentions aux invités et une fois qu’il en avait été assuré, Diego s’était penché vers Mateo, ses lèvres au creux de son oreille pour qu’il l’entende par-dessus la musique. « Fais moi signe quand tu sors fumer, si tu veux reprendre notre discussion. » Il n’était pas sûr qu’il continuerait à être aussi direct après la soirée, mais il faisait de son mieux pour profiter de l’instant en sachant pertinemment combien les choses seraient différentes par la suite.

« Ou que j’étais mal à l’aise au point de ressentir le besoin d’en boire, question de point de vue. » Mateo avait grincé des dents à entendre cette réflexion : oui, tout était une question de point de vu et oui, lui même avait essayé de tourner la situation à son avantage pour n'en sortir que le positif. Il ne pouvait en vouloir à Diego pour avoir essayé de remettre les compteurs à zéros même s'il soupçonnait que derrière ses grands airs, il avait plus qu'apprécié l'expérience au mariage. « Mais je t’assure qu’il y a un monde ou je suis détendu et passe du bon temps de mon propre gré. » Même s'il avait tendance à le taquiner en sous entendant le contraire, Mateo n'en doutait pas. Sinon, il n'aurait jamais insisté pour continuer à fréquenter Diego : ce n'était pas son genre d'être attiré par des personnes juste ennuyeuses. Il était persuadé que Diego se cachait derrière tout un tas de couches de protection durement construites au fur et à mesure des années, et sa curiosité l'avait poussé à chercher au delà de celles ci parce qu'il était prêt à parier que ça valait le coup. « J'ai hâte de voir ça. » Il le défiait des yeux. « Ca t’amuse, hin ? » Et alors que la main de Diego venait de frapper son bras par réflexe, Mateo dû s'empêcher de faire une réflexion à propos de ce geste qui voulait tout dire à ses yeux. Il se contentait de rire à l'unisson avec lui, bien heureux de voir que le médecin était bien décidé à rester détendu face à ses blagues. Un tel état d'esprit était bien plus agréable, et rappelait à Mateo pourquoi il s'intéressait à Diego, en dehors de l'attirance physique qu'il avait pour lui. « Ouais, j'avoue. »

Mateo avait déblatéré son aventure à venir avec une telle joie dans la voie qu'elle trahissait son impatience. Son sourire s'était élargi un peu plus alors qu'il voyait que l'intérêt que Diego portait à son discours était sincère. « Tu le parles pas couramment ? Tu y as vécu jusque quand ? » Machinalement il se mit à secouer la tête de gauche à droite en faisant de grands gestes. « Non, je l'ai jamais vraiment parlé. J'ai jamais vécu là-bas en fait, je suis né ici à Brisbane. » Il n'était espagnol que d'origine et s'il avait toujours regretté de ne pas avoir passé plus de temps en Europe, il ne se voyait pas vivre ailleurs qu'en Australie. « Je connais rien de toi, en fait. » Diego avait prononcé ces mots avec une intonation que Mateo aurait qualifié comme du regret mais c'était un fait et c'était tout bonnement logique. « Et moi j'connais pas grand chose de toi non plus. C'est pour ça qu'on parle non ? » Réaffirmer son envie d'apprendre à le connaître procurait une sensation étrange à Mateo, qui était, malgré tout ce qu'il pouvait montrer, perdu dans toute cette histoire. Un jeu de séduction était clairement en train de se mettre en place entre eux et pourtant il leur restait à chacun des barrières à abaisser pour faire avancer les choses ; d'autant plus qu'il était difficile de savoir où ces dites choses allaient bien pouvoir les mener. En tout cas, Mateo était curieux de le découvrir. « Le problème avec cette question c’est que je peux te dire tout et n’importe quoi et t’en dire trop, beaucoup trop, exactement comme je l’avais fait la première fois. » Un rictus se dessinait sur son visage alors qu'il se remémorait cette première discussion. Il ignorait comment il avait fait pour oublier cette soirée mais il était certain qu'elle ne quitterait plus jamais sa mémoire à présent, parce que Diego avait commencé à laisser une emprunte indélébile dans sa vie, sans qu'il ne comprenne encore pourquoi. « Je sais pas pourquoi je suis comme ça avec toi. » Il avait haussé les épaules, n'ayant pas de réponse à apporter à cette interrogation. Ce qu'il savait en revanche, c'est l'effet que lui procurait d'entendre Diego lui dire ça. « Moi ça me va que tu sois comme ça avec moi. J'aime bien t'écouter parler. Surtout quand tu m'engueules pas. » Sa bouche s’était étirée en un sourire malicieux qui laissait apparaître les fossettes tout à côté de ses lèvres. « J’ai eu trois rémissions au boulot ce qui m’a permis de prendre quelques jours de congés, ça m’était pas arrivé depuis… Trop longtemps pour m’en souvenir. Et pour fêter ça, mes patients m’ont forcé à participer aux olympiades. » L'habituel sourire en coin qu'il arborait sur son visage s'était transformé en un sourire franc et solaire. Entendre Diego parler de ses réussites et le sentir fier remplissait Mateo de joie. « Ça doit être vraiment trop bien d'avoir des bonnes nouvelles comme ça. Par contre j'ose pas t'imaginer à des olympiades, j'espère qu'il y a des vidéos, j'rêve de voir ça. » Bien évidemment il n'avait pu se contenter de commenter sans ajouter une touche d'humour. « Ça m'a coûté une chemise, ces bêtises. Mais ça m’a fait du bien. » « T'as fini torse nu en plus ? Merde, j'espère vraiment que quelqu'un a filmé ça. » Il avait un air taquin et il aurait pu continuer longtemps sur sa lancée mais la voix de l'hôte de la soirée venait de les couper dans leur conversation. « Oh, les gars, ça va aller la contre soirée dans la cuisine ? Venez un peu là j’ai mis notre chanson. » Bordel, Raf avait eu le don de les interrompre au mauvais moment. Mateo ne pouvait qu'imaginer le soulagement de Diego de pouvoir se dérober après sa réflexion, mais il regrettait plus que tout de ne pas avoir vu comment il allait se sortir de là, ou même s'il allait entrer dans son jeu encore plus car après tout, ce soir le médecin était plein de surprises, ce qui n'était pas pour lui déplaire. Ils avaient fini par suivre son meilleur ami dans la pièce principale et ne s'étaient pas adressé plus de trois mot pendant un bon moment, n'échangeant que quelques regards alors que Mateo ne s'était pas arrêté de danser. « Fais moi signe quand tu sors fumer, si tu veux reprendre notre discussion. » Ce message murmuré à son oreille il l'avait pris au pied de la lettre et il n'avait pas fallu plus d'une dizaine de minutes avant que Mateo ne fasse un signe discret à Diego pour qu'il le rejoigne dehors. Il avait sorti une clope de son paquet pour l'allumer à peine était-il sorti, et tout en gardant ses yeux perdus dans le vide il avait lancé : « Première fois que ça t'arrange que quelqu'un avec qui tu traîne fume, j'parie. » Il tirait une nouvelle fois sur sa cigarette avant de tourner la tête pour souffler la fumée loin de Diego, puis fixait son regard dans le sien. « Alors, c'est moi ou je t'ai vu sourire avant ? Me dis pas que tu finis par apprécier la soirée ? A moins que c'est juste le fait de m'avoir vu danser... je comprendrais, j'suis plutôt pas mal dans mon genre. » Il feignait si bien l'arrogance qu'on aurait pu croire qu'il se complimentait sérieusement - en réalité, il y avait une part de vrai puisqu'il savait pertinemment qu'il était du genre à plaire. « T'es pas mal non plus j'dois dire. Ça doit être les gênes hispaniques, un truc du genre. » Mateo n'était pas du genre à savoir faire des compliments trop directement, mais plutôt à lancer ce qu'il pensait comme si c'était des évidences. Autant il avait des facilités lorsqu'il s'agissait de parler des autres et de ce qu'ils pouvaient avoir en tête, autant il avait tendance à croire que ses sous entendus étaient tous très clairs alors qu'ils ne l'étaient pas toujours. « D'ailleurs tu parles espagnol toi, non ? Tu pourrais me donner des cours particuliers. » C'était clairement une excuse pour être sûr qu'ils auraient une raison de se revoir, comme s'il craignait que Diego ne prenne peur à nouveau et qu'il finisse par stopper ce début de quelque chose.

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ft  @Mateo Alvarez

Il était incapable de savoir si la discussion durait depuis plusieurs minutes ou plusieurs heures, toute notion de temps ayant disparu depuis qu’ils avaient réussi à s’accorder un moment à deux. Diego avait encore énormément de choses à prouver, il en était conscient, mais il espérait que ces premiers pas en avant suffiraient à maintenir un semblant de stabilité entre eux. « J'ai hâte de voir ça. » Le rictus qu’il lui avait adressé était la promesse d’essayer et de continuer sur cette voie qui semblait être la plus raisonnable, malgré la peur panique que cela engendrait chez lui. Il ne savait pas pourquoi il lui avait fallu autant de temps avant de réaliser que toutes les moqueries de Mateo faisaient partie de sa personnalité et n’étaient en rien une preuve du peu d’intérêt qu’il lui portait. Au contraire. Même s’il aurait pu leur éviter des conversations désagréables, il avait le sentiment que la prudence dont il faisait preuve rendait ce moment précis encore plus agréable. Et Diego continuait de s’étonner lui-même, de s’entendre rire aux remarques de son interlocuteur plutôt que de les analyser au point de se braquer. « Ouais, j'avoue. » Mateo profitait de la situation, il pouvait le voir, mais maintenant qu’ils semblaient avoir trouvé leur rythme, il préférait apprécier la bonne humeur que cela générait. Malgré tout, il prenait conscience que leur attitude était le résultat de quelque chose de concret, et s’il savait n’en tirer que le positif ce soir, il était également conscient des questionnements qui naîtraient le soir venu, puis le matin. Diego se sentait comme condamné, vivant le moment plus intensément en sachant qu’il serait capable de ne plus jamais s’autoriser à en vivre un similaire par la suite. C’était le moment ou jamais d’apprendre à le connaître, réellement, et pas l’image préconçue que son imagination avait créé dans l’unique but de se forcer à effacer ce qu’il pouvait bien ressentir. « Non, je l'ai jamais vraiment parlé. J'ai jamais vécu là-bas en fait, je suis né ici à Brisbane. » Il avait incliné la tête sur le côté, étonné de la réponse tant il était persuadé qu’il avait vécu en Espagne alors que son accent était pourtant un immense indice. « Quel escroc… » avait-il simplement répondu en secouant la tête et en riant, continuant sur leur lancée. « Et moi j'connais pas grand chose de toi non plus. C'est pour ça qu'on parle non ? » Il avait hoché la tête, venant se tourner légèrement pour appuyer sa hanche sur le comptoir de la cuisine et lui faire face. « Effectivement. Mais imagine t’es totalement l’opposé de l’image que je me faisais de toi, c’est risqué. » Mais puisque l’image qu’il s’était fait de lui consistait à le repousser le plus possible, celle qu’il lui ferait découvrir ne pourrait être que meilleure.

« Moi ça me va que tu sois comme ça avec moi. J'aime bien t'écouter parler. Surtout quand tu m'engueules pas. »
« J’aime bien t'écouter parler aussi. »

C’était avec une grande facilité que Diego menait la discussion comme elle aurait du l’être depuis le début, se laissant aller à cette facilité qu’il ressentait avec lui. Il était en train de se prouver bien des choses, mais la principale était la façon dont il avait lui seul érigé une barrière qui avait tout compliqué. « Ça doit être vraiment trop bien d'avoir des bonnes nouvelles comme ça. Par contre j'ose pas t'imaginer à des olympiades, j'espère qu'il y a des vidéos, j'rêve de voir ça. » Il s’était perdu dans ses pensées, s’échappant un instant pour se revoir à l’hôpital, annoncer les bonnes nouvelles aux patients et aux familles, son regard plongé dans le vide alors qu’il arborait un sourire satisfait. Les Olympiades, en revanche, était un souvenir bien moins glorieux qui l’avait fait grimacé. « T'as fini torse nu en plus ? Merde, j'espère vraiment que quelqu'un a filmé ça. » La seule réponse qu’il avait pu avoir avait été le rire qui précédait ce qu’il souhaitait dire parce qu’ils avaient été coupés par un Rafael aux joues rosies par l’alcool, les cheveux en bataille et la chemise déboutonnée. A son intonation et son enthousiasme, ils n’avaient pas eu d’autres choix que de rejoindre les festivités - à contre-coeur, pour Diego. Mais il devait admettre que Mateo avait un impact sur son comportement, la discussion ayant probablement débloqué cette partie de lui qu’il n’avait jamais vraiment eu intérêt à laisser s’exprimer. Il s’était amusé, vraiment, sans penser à autre chose qu’au moment présent. Et puisqu’il savait qu’il ne devait ça qu’à une seule personne, il avait trouvé le courage de revenir vers lui, une seconde fois. Plus il prenait des risques, plus il se sentait libéré, et il sortait petit à petit du cercle vicieux dans lequel il s’était plongé pour entrer dans un schéma bien plus plaisant. « Première fois que ça t'arrange que quelqu'un avec qui tu traîne fume, j'parie. » « C’est la seule excuse que j’ai trouvée et j’en suis pas fier, je t’avoue. Je veux t’inciter à rien moi, et surtout pas à fumer. Mais on parlera de ça plus tard. » Plus tard. Les mots lui avaient échappé, venant trahir ce qu’il pensait réellement, ce qu’il souhaitait réellement. Il s’était stoppé un instant, laissant le silence n’être brisé que par les souffles de Mateo qui recrachait sa fumée. « Alors, c'est moi ou je t'ai vu sourire avant ? Me dis pas que tu finis par apprécier la soirée ? A moins que c'est juste le fait de m'avoir vu danser... je comprendrais, j'suis plutôt pas mal dans mon genre. » « Je t’ai dit que j’étais capable de m’amuser, parfois. » avait-il commencé. « Et si t’arrêtais d’en faire trop, je pourrais même te dire que t’es pas étranger à tout ça. » Le sourire qu’il lui avait adressé montrait qu’il ne l’accusait pas et ne lui en voulait pas de laisser parler cette arrogance de façade dont il usait et abusait pour ajouter de l’humour à des paroles qu’il savait être bien trop lourde de sens pour Diego. « Tu peux me parler normalement maintenant, je flipperai pas. Je crois. » Il l’autorisait à être lui-même, parce que s’il n’était pas en accord avec ce qu’il ressentait, Mateo, lui, était libre de faire ce qu’il souhaitait. Et son désir de connaître qui il était réellement était bien trop fort pour qu’il ne le lui laisse pas une chance de lui montrer. « T'es pas mal non plus j'dois dire. Ça doit être les gênes hispaniques, un truc du genre. » Son égo acceptait volontiers le compliment, maintenant qu’il ne s’offusquait plus que celui-ci vienne d’un homme. Ce problème-là avait été mis de côté pour une durée indéterminée, parce que Diego était en train de voir bien au-delà de son genre, se concentrant sur la personne qu’il était réellement et tout ce qu’il était en train de lui apporter sans même s’en rendre compte. « D'ailleurs tu parles espagnol toi, non ? Tu pourrais me donner des cours particuliers. » Il faisait de son mieux pour préserver ses racines, peu importe si celles-ci lui apportaient autant de bons que de mauvais souvenirs. « Ouais, j’ai de bons restes. Je suis vraiment né au Mexique, moi, même si j’y suis resté jusqu’à mes deux ans seulement, mes premiers mots étaient en espagnol. On a continué à le parler en arrivant à Brisbane, en même temps que l’anglais. » Une pointe de nostalgie l’avait forcément frappé de plein fouet en évoquant sa période au Mexique, aussi courte avait-elle été. Il ne savait pas réellement à quoi il devait cet attachement à ses origines, probablement à sa mère. « Et j’adore continuer à le parler avec ma mère pour pas le perdre. Je peux t’aider, mais si tu pars dans un mois ça risque d’être court. Faudra un programme intensif. » Il savait ce qu’était le flirt, s’étant déjà prêté au jeu plusieurs fois avec des femmes, mais il restait convaincu que cela n’était pas la même chose avec Mateo. Les mots lui venaient avec facilité, et son attitude n’était que le réflexe qui les accompagnait. « Tu pars longtemps ? » avait-il demandé, s’appuyant contre la barrière du balcon derrière lui pour faire face à Mateo qui était penché contre. Maintenant que cette dynamique entre eux s’était installée, il craignait de le voir partir et passer à autre chose, ou de revenir au point de départ une fois qu’il reviendrait.

« Quel escroc… » Mateo ne cachait pas sa satisfaction à entendre cette remarque. Il était conscient que ses origines hispaniques étaient une évidence et son accent sonnait bizarrement plus espagnol qu'australien, comme si le fait d'avoir dans son entourage la famille de Rafael entretenait cette part de lui inconsciemment. C'est ce genre d'informations qu'ils avaient à découvrir l'un sur l'autre et qui rendaient leurs discussions spéciales, avec Diego. « Effectivement. Mais imagine t’es totalement l’opposé de l’image que je me faisais de toi, c’est risqué. » Il pinçait ses lèvres, pas tout à fait d'accord sur ce coup là. « Vu l'image que t'avais de moi au début, je crois que c'est mieux que j'en sois loin ? » Il était plutôt aisé de se forger une opinion de Mateo bien loin de ce qu'il était vraiment au fond de lui, son attitude pouvant être facilement mal interprétée. Il en était bien conscient, mais il n'en avait pas grand chose à faire d'habitude : ça agissait comme un filtre pour éloigner de lui ceux qu'il estimait ne pas en valoir la peine. « J’aime bien t'écouter parler aussi. » Il avait baissé les yeux une seconde en souriant, ayant du mal à se remettre d'entendre Diego dire ce genre de choses aussi ouvertement. A croire qu'il ne s'en lasserait jamais.

« C’est la seule excuse que j’ai trouvée et j’en suis pas fier, je t’avoue. Je veux t’inciter à rien moi, et surtout pas à fumer. Mais on parlera de ça plus tard. »  « Vaut mieux que tu le saches dès maintenant, mais je suis pas un très bon client pour les leçons de moral. » Il avait fait cette remarque en riant mais il y avait une bonne part de vérité dans ce qu'il venait de dire. Mateo se doutait bien que Diego aurait des remarques à faire sur certaines de ses habitudes, que ce soit parce qu'il était du genre à avoir une vie saine ou simplement de par son métier. Mais il n'était pas idiot et connaissait bien les risques de sa consommation de cigarettes, de cannabis ou d'alcool, alors il n'avait besoin de personne pour essayer de le convaincre d'arrêter. Heureusement pour eux et pour la bonne ambiance qui régnait, Diego avait décidé de ne pas entrer dans ce débat pour l'instant. « Je t’ai dit que j’étais capable de m’amuser, parfois. Et si t’arrêtais d’en faire trop, je pourrais même te dire que t’es pas étranger à tout ça. » S'il ne craignait pas que Diego puisse fuir à tout moment s'il se montrait trop insistant ou si les choses allaient trop vite, Mateo aurait très certainement pu tenter une approche à ce moment là. Ils étaient seuls, dans leur bulle. La nuit était tombée depuis un moment déjà, le ciel était beau, la musique qui provenait de l'intérieur était étouffée par la porte fenêtre qui les séparaient des autres invités. Il avait posé ses yeux une seconde sur les lèvres de Diego avant de se rappeler de toutes les choses qu'il n'avait pas encore eu le temps de régler avec lui même, de se rappeler les discussions qu'ils avaient eues. Alors il avait relevé le regard, décidant de répondre avec humour, comme il en avait l'habitude. « Moi en faire trop ? Je suis la personne la plus simple qui puisse exister, franchement je vois pas ce que tu veux dire. » Il avait posé une main sur sa poitrine, feignant d'être choqué d'entendre qu'il pouvait en faire trop parfois alors même que c'était sa marque de fabrique. « Tu peux me parler normalement maintenant, je flipperai pas. Je crois. » « On verra ça. » Mateo restait sur ses gardes malgré tout, sachant à quel point un rien pourrait faire reculer Diego dans ses efforts. « Ouais, j’ai de bons restes. Je suis vraiment né au Mexique, moi, même si j’y suis resté jusqu’à mes deux ans seulement, mes premiers mots étaient en espagnol. On a continué à le parler en arrivant à Brisbane, en même temps que l’anglais. » Tout en continuant de fumer il montrait son intérêt pour ce que racontait son interlocuteur en hochant la tête. « Et j’adore continuer à le parler avec ma mère pour pas le perdre. Je peux t’aider, mais si tu pars dans un mois ça risque d’être court. Faudra un programme intensif. » « C'est une chance d'être proche de ta famille, t'as raison d'en profiter. » Il avait prononcé ces mots avec une certaine nostalgie dans la voix et en s'en rendant compte il avait complètement changé d'expression. « Je dis un grand oui pour le programme intensif. C'est bien mon genre l'intensif. » Un clin d'œil venait ponctuer sa réponse avant qu'il ne se mette à rire à nouveau. « Tu pars longtemps ? » Evidemment il était impossible que cette question ne trouve pas une réponse piquante de sa part alors que Mateo l'observait se déplacer pour finir en face de lui. « Pourquoi, je vais te manquer ? » Son sourire ne quittait plus ses lèvres. « En vrai je vais partir une dizaine de jours, histoire que ça vaille le coup avec la durée du trajet. Et si ça passe pas avec elle, je me ferais un trip en solo dans la région, un truc du genre. » Il avait du mal à savoir pourquoi il craignait tellement de voir cette rencontre mal se passer, bien qu'il était plutôt évident de comprendre que c'était à cause de ses relations familiales qui n'avaient rien d'heureuses. Le plus important résidait dans le fait qu'il ne se gâcherait pas la vie même si l'entente avec sa cousine n'était pas aussi bonne que ce qu'il espérait au vu de leurs échanges en ligne : il trouverait bien un moyen de profiter de son voyage, même s'il devait finir seul. « T'es jamais retourné au Mexique toi ? » Avait-il lancé, curieux. Diego avait l'air très attaché à ses origines alors il n'aurait pas été surprenant qu'il soit retourné dans son pays de naissance. Alors qu'il écoutait la réponse du médecin, il vint attraper son téléphone pour voir pourquoi il venait de vibrer six fois d'affilée dans sa poche. « Merde, fais chier. Attends deux secondes, désolé. » Il écrasait sa cigarette dans le cendrier avant d'entre ouvrir la porte fenêtre pour crier à l'intérieur sur Raf qui se trouvait non loin de là. « Meeeec y'a moyen que je dorme là finalement ? » « T'es sérieux ? Tu m'avais dit que tu rentrerais ! C'est mort ce soir j'ai plus de place, va falloir te débrouiller Mat. » « Tu fais chier ! » Il ne pouvait pas lui en vouloir mais Mateo se retrouvait maintenant dans une position plutôt gênante. Il vint reprendre sa place accoudé au rebord du balcon. « Une de mes colocs vient d'envoyer un sos pour qu'on lui laisse l'appart pour la nuit mais rester ici c'est mort. » Ceux qui avaient prévu de rester chez Raf avaient dans tous les cas une petite nuit qui les attendaient mais Mateo se voyait mal rester là à attendre assis dans un coin pendant qu'ils partiraient tous dormir. « Elle va me le faire payer si je rentre. » Bon, elle aurait pu anticiper et prévenir plus tôt, ça aurait été la moindre des choses. Mais s'il était dans son cas, Mateo apprécierait que ses colocataires fassent l'effort pour lui.

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ft  @Mateo Alvarez

La musique aurait dû lui sembler trop forte, les invités trop bruyants et les odeurs de fumée insupportables. Mais il paraissait presque avoir tout oublié de cette sensation de malaise qu’il avait ressentie au début, se laissant totalement absorber par la discussion sans penser un instant à l’heure qui était en train de tourner. Si Diego avait pour habitude de se coucher tôt, il n’avait pour le moment aucune envie de regagner son lit. « Vu l'image que t'avais de moi au début, je crois que c'est mieux que j'en sois loin ? » Il était difficile d’argumenter avec lui tant sa répartie était efficace et, pris au dépourvu, Diego s’était contenté de rire. Il aurait pu lui répondre avec l’éternel discours qu’il tenait avant mais sans qu’il ne comprenne pourquoi, cette parenthèse semblait avoir été refermée. Quand ils avaient rejoint la pièce principale, tout semblait différent et là encore, le médecin était incapable de trouver ce qui le dérangeait tant dans cette soirée. Le savoir à proximité lui donnait l’impression de pouvoir se raccrocher à lui à tout moment et l’idée de ne pas être pris au piège l’empêchait de vivre le moment comme une véritable torture. Et Diego n’avait pas tardé à utiliser ce joker, sans penser un seul instant à la façon dont revenir vers lui trahirait le fond de sa pensée auprès de Mateo. « Vaut mieux que tu le saches dès maintenant, mais je suis pas un très bon client pour les leçons de moral. » Diego était réputé pour être un rabat-joie, mais l’avis de Mateo lui importait déjà bien trop probablement pour qu’il ne montre cette facette de sa personnalité - qu’il avait de toute façon déjà eu le loisir de voir. « On est condamnés à jamais s’entendre, alors. » Il avait haussé les épaules avec une moue désolé, il plaisantait même si son discours cachait une pointe de vérité. Il travaillait au service d'oncologie pédiatrique et si la cigarette n’avait pas de rôle à jouer dans les cancers du sang de ses jeunes patients, il demeurait conscient des statistiques chez les adultes. Mais ce n’était pas ce à quoi il avait envie de penser ce soir, à l’abri sur ce balcon déserté par tous, la lumière tamisée passant par la baie vitrée n’étant que faiblement rehaussée par la lune et les étoiles. Le tableau était parfait, un peu trop, et s’il n’y prenait pas garde, Diego avait tendance à noyer son regard dans celui de Mateo en oubliant le principal problème de l’équation. Et c’est dans le confort de ce moment qu’il avait dit les choses comme il les pensait réellement. « Moi en faire trop ? Je suis la personne la plus simple qui puisse exister, franchement je vois pas ce que tu veux dire. » Il appréciait qu’il ait laissé ressortir son besoin omniprésent de plaisanter à ce moment précis, même s’il doutait qu’il ait réellement entendu ce qu’il venait de dire. Une sensation douce-amère l’avait envahi jusqu’à ce qu’il l’encourage à parler. « On verra ça. » Ses craintes étaient fondées au vue du nombre de fois où Diego s’était dérobé lors d’une de leurs discussions, pourtant, il pensait réellement ces mots au moment où il les avait prononcés.

« C'est une chance d'être proche de ta famille, t'as raison d'en profiter. » Le rire nerveux qui lui avait échappé avait trahi bien trop vite les drames familiaux qui étaient les siens. Si Mateo avait eu vent des premiers points de discorde chez les Gutiérrez lors de la remise de cérémonie de Cesar, il n'était pas au bout de ses surprises avec eux. Proche de sa mère, il l’était, et réciproquement. Mais difficile d’en dire de même pour ses frères et soeurs, qui l’avaient déçu ou qu’il avait lui-même déçus. Et rien ne servait de trop penser à Sergio. Tout son schéma familial avait défilé devant ses yeux et il avait préféré les porter à nouveau sur lui, prenant soin d’y découvrir de nouveaux détails comme le grain de beauté sur le haut de sa pommette. Diego avait secoué la tête, réalisant le moment de flottement qu’il avait laissé s’installer et la façon dont il l’avait fixé. C’était une évidence, après ce moment particulier, que le jeu dangereux auquel aimait tant jouer Mateo recommencerait malgré la proposition sérieuse de Diego de l’aider en espagnol. « Je dis un grand oui pour le programme intensif. C'est bien mon genre l'intensif. » Ses rires s’enchaînaient et il chassait toujours la gêne de la même façon, en secouant la tête avant de la baisser. Il avait repris la conversation comme si de rien était, mais Mateo lisait en lui avec trop de facilité. « Pourquoi, je vais te manquer ? » « Joder, arrête ! » avait-il lancé en venant frapper son épaule contre la sienne dans un mouvement rapide. Le rire que Diego avait laissé échapper était le signe de son inconfort mais permettait de ne pas dramatiser la situation comme il avait toujours eu tendance à le faire. « T’es bien trop prévisible je savais que tu dirais ça. »  Et il ne lui laisserait pas sous-entendre que, oui, l’idée d’être privé de lui pendant trop longtemps deviendrait une réelle épreuve surtout après cette soirée. Parce que plus ils plaisantaient, plus la réalité du moment lui donnait envie de renoncer à toutes ses craintes et ses principes. « En vrai je vais partir une dizaine de jours, histoire que ça vaille le coup avec la durée du trajet. Et si ça passe pas avec elle, je me ferais un trip en solo dans la région, un truc du genre. » Reprenant son sérieux, Diego l’écoutait en fronçant les sourcils. « Pourquoi ça passerait pas avec elle ? » Au fil de la discussion, les zones d’ombre sur l’un et l’autre s’intensifiaient et Diego réalisait à quel point il devenait important pour lui d’en apprendre plus sur l'espagnol. « T'es jamais retourné au Mexique toi ? » Diego s’apprêtait à répondre, mais Mateo avait attrapé son téléphone. « Merde, fais chier. Attends deux secondes, désolé. » Il s’était retrouvé seul un instant négligeable mais qui lui avait pourtant permis de retracer l’ensemble de la soirée et d’en réaliser la simplicité. Perdu dans ses pensées, il n’avait pas réalisé l’échange qui avait eu lieu entre Mateo et Rafael. « Une de mes colocs vient d'envoyer un sos pour qu'on lui laisse l'appart pour la nuit mais rester ici c'est mort. » Il avait levé les yeux au ciel, ce genre de comportement lui paraissait presque enfantin. « Elle va me le faire payer si je rentre. » Il avait grimacé, il en voulait surtout à cette fameuse colocataire de les avoir interrompus en pleine discussion. « Et tu peux pas dormir ici ? » Le regard que lui avait lancé Mateo venait clarifier l’évidence. « Oh. Je vois, c’est pour ça que tu lui as dit qu’il faisait chier. » avait-il poursuivi en levant le menton. « C’est là que je réalise la chance que j’ai d’avoir mon propre appart’... » Diego avait plongé son regard dans son verre, laissant le silence s’installer avant de réaliser ce qu’il convenait de faire. « Je peux te dépanner, si tu veux. » La proposition se voulait banale et pourtant, le mexicain avait pu sentir la chaleur envahir ses joues et prier pour que cela ne soit pas visible. Il y a quelques mois, il l’aurait laissé se débrouiller malgré la culpabilité parce qu’il n’aurait jamais osé se retrouver seul avec lui, mais maintenant que l’opportunité de poursuivre la soirée ailleurs, sans témoin, se présentait, la proposition semblait logique.  « Vu l'heure qu'il est déjà et les réponses que tu me dois encore, on dormira pas beaucoup de toute façon. » avait-il ajouté pour souligner une nouvelle fois que son offre ne les engageait à rien alors qu'à l'intérieur, la fête battait son plein.

Parfois, Mateo aurait aimé être le genre de personnes à savoir dire ce qu'il avait en tête ou ce qu'il ressentait sans passer par tout un tas de sous entendus ou en cachant ses envies sous une épaisse couche d'humour. Il aurait aimé savoir décider des moments où sa bouche lançait des vérités sans filtres et des moments où les mots avaient du mal à sortir dans la meilleure des formes. Pourtant, il semblait bien que pour une fois, il pouvait se laisser aller à rester lui même, l'équilibre entre ces deux facettes de sa personnalité se régulant plutôt naturellement avec Diego. C'est sans doute cette ambivalence qui les liaient, le mexicain ayant lui aussi une nette propension à changer d'humeur régulièrement ce qui, finalement, était une habitude avec laquelle Mateo pensait pouvoir s'accommoder - en partie au moins. « On est condamnés à jamais s’entendre, alors. » Ils avaient ri en cœur, conscients tous les deux qu'ils étaient si opposés que le simple fait qu'ils s'attiraient ainsi était la preuve parfaite d'un adage bien connu. « J'ai l'impression que t'as déjà dit un truc du genre une ou deux fois déjà et pourtant... on est là. » Qu'il avait répliqué comme pour signifier que leurs différences ne devraient jamais être un obstacle à quoi que ce soit. Parce que s'ils en avaient, il n'y avait aucun doute qu'ils finiraient par se trouver aussi quelques points communs.

Mateo n'aurait jamais cru que parler de son projet de voyage en Europe aurait pu prendre une telle tournure avec quelqu'un mais ses conversations avec Diego n'avaient rien à voir avec celles qu'il avait avec d'autres, aussi, cela n'aurait pas dû le surprendre. A croire que chaque occasion était bonne à prendre pour essayer de faire apparaître sur son visage ce sourire si significatif, qui mêlait une pointe d'exaltation et une pointe de gêne. « Joder, arrête ! » Son accent ressortait parfaitement lorsqu'il laissait s'échapper par réflexe une expression dans sa langue natale, ce qui avait le don de faire sourire Mateo ; surtout que cette fois ci elle était accompagnée d'un coup dans son épaule qui lui laissait comprendre que malgré les apparences, Diego était de plus en plus à l'aise en sa présence. « T’es bien trop prévisible je savais que tu dirais ça. » La moue faussement déçue qu'avait essayé d'afficher Mateo avait laissé place à un léger rictus alors qu'il avait détourné les yeux un instant. Il avait fini par répondre à la question sur la durée de son voyage en précisant qu'il craignait que les choses ne se déroulent pas si bien qu'il l'espérait, ce qui semblait avoir attiré l'attention du mexicain. « Pourquoi ça passerait pas avec elle ? » « Je sais pas trop, mais il paraît que certains trouvent que j'en fais trop. On m'a même dit que j'étais prévisible une fois, tu peux y croire ? » Par réflexe il avait répondu avec une nouvelle taquinerie, mais il s'était rapidement repris, ayant décidé que Diego méritait une vraie réponse. « Je t'ai dit que j'avais pas trop de liens avec ma famille, alors c'est probablement con, mais j'me dis qu'à tous les coups ça peut foirer. » C'était certainement son plus gros trauma, sa peur la plus enfouie et pourtant la plus celle qui définissait qui il était : celle de ne pas être assez pour être aimé. Il avait érigé de nombreuses barrières pour s'en protéger et jamais il ne l'assumerait directement, mais c'était pourtant là dessus qu'il avait fondé une bonne partie de ce qu'il était. « Je t'épargne l'histoire larmoyante pour ce soir. » Un aîné décédé avant même sa naissance, une mère qui n'a jamais réussi à créer de lien avec son fils, une famille détruite au point qu'il ait dû retrouver du réconfort dans une autre... Rien que son enfance et sa relation avec sa mère aurait pu faire l'objet d'un livre à succès. « Mais comme dit, au pire tant pis, j'aurais eu une occasion de faire un voyage en Espagne. » Avait-il conclu, refusant d'entrer plus en profondeur dans le sujet famille. Leur conversation fut de toute manière interrompue par une floppée de sms. « Et tu peux pas dormir ici ? » Son regard avait suffit à apporter une réponse à cette question : Raf venait d'être plutôt clair concernant la possibilité de Mateo à rester ici pour finir sa nuit. « Oh. Je vois, c’est pour ça que tu lui as dit qu’il faisait chier. » « C'est ça. » Les imprévus n'étaient pas quelque chose d'insurmontable pour Mateo et même s'il se trouvait dans une position délicate il n'avait pas peur de devoir la gérer, mais ça n'empêchait pas que la situation était plus qu'agaçante. « C’est là que je réalise la chance que j’ai d’avoir mon propre appart’... » Il ne pouvait pas dire le contraire, même s'il appréciait son choix de vie, en dehors de ce genre de moments. « C'est cool la coloc, surtout que je suis jamais tombé sur des gens chiants. Je préfère économiser pour le jour où je pourrais devenir proprio. Mais en attendant, y'a des contraintes, c'est clair.. » Comme se retrouver à ne pas savoir où rentrer après une soirée pour dépanner l'une de ses colocataires en la laissant tranquille, par exemple. « Je peux te dépanner, si tu veux. » « C'est vrai ? » La surprise était notable dans sa voix. Si Mateo avait espéré qu'il verrait Diego lui faire une telle proposition, il n'aurait jamais cru voir ça se réaliser ce soir. « Vu l'heure qu'il est déjà et les réponses que tu me dois encore, on dormira pas beaucoup de toute façon. » Il avait bien conscience que cette invitation était faite sans la moindre arrière pensée, mais malgré tout il n'avait pu s'empêcher de pouffer. « T'as conscience que ce que tu viens de dire peut avoir un putain de double sens ? » En général, lorsqu'il prévoyait d'aller chez quelqu'un au milieu de la nuit pour "ne pas beaucoup dormir", il prévoyait de faire autre chose que discuter. « J'espère que tu réalises que t'es chanceux parce que j'ai un millier de vannes qui me viennent en tête mais je suis trop reconnaissant de ta proposition pour te les balancer maintenant. » Il valait mieux pour tout le monde reprendre la conversation où ils l'avaient laissé. « Du coup je t'ai coupé, mais t'es déjà allé au Mexique ? »

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ft  @Mateo Alvarez

Le balcon était déserté malgré la température encore agréable qu’offrait la soirée et Diego se demandait s’il ne s’agissait pas là d’un indice sur ce que pouvaient penser les autres. La pensée avait traversé son esprit un instant, venant lui indiquer qu’ils n’étaient peut-être pas aussi discrets qu’il l’aurait voulu. Mais malgré cela, il n’avait pas réussi à se résoudre à rentrer et à imposer une distance entre lui et Mateo - ce constat là étant encore plus déroutant que l’idée que quelqu’un ait pu déduire quoique ce soit. Leurs comportements pouvaient effectivement les trahir, ils n’avaient de cesse de rire et de se frapper gentiment le bras ou l’épaule et même quelqu’un d’aussi ferme sur ses positions que Diego savait en tirer des conclusions. « J'ai l'impression que t'as déjà dit un truc du genre une ou deux fois déjà et pourtant... on est là. » Il avait haussé les épaules, à court de mots. Ils avaient pris cette fâcheuse habitude de laisser une plaisanterie se terminer en vérité, et ils semblaient tous les deux bien plus à l’aise pour indiquer ce qu’ils pensaient de cette façon plutôt que directement. Diego s’habituait presque aux sous-entendus de Mateo mais il avait soudainement choisi de le mettre face à une vérité qui le concernait lui directement, et sa réaction avait été de rire. Un grand pas en avant, même si la logique aurait voulu qu’il soit honnête avec lui. A la place, il avait continué la conversation sur ce voyage en Espagne comme si de rien était. « Je sais pas trop, mais il paraît que certains trouvent que j'en fais trop. On m'a même dit que j'étais prévisible une fois, tu peux y croire ? » Diego avait tourné son visage vers lui pour lui adresser un regard presque provocateur et un sourire en coin en attendant qu’il répondre réellement à la question. « Je t'ai dit que j'avais pas trop de liens avec ma famille, alors c'est probablement con, mais j'me dis qu'à tous les coups ça peut foirer. » En une phrase, Mateo avait dévoilé à son tour une nouvelle facette de sa personnalité, celle où il n’était plus quelqu’un d’assez assuré pour être arrogant et se ficher de tout et de tout le monde. Alors le regard de Diego s’était fait un peu plus insistant, comme s’il réussissait encore plus à ressentir cette connexion dans ce genre de moment. « Je t'épargne l'histoire larmoyante pour ce soir. » Il aurait été prêt à tout écouter, durant des heures, pour s’assurer que ce moment dure le plus longtemps possible. « Mais comme dit, au pire tant pis, j'aurais eu une occasion de faire un voyage en Espagne. » « Je vois mal comment ça pourrait foirer, t’es sociable, avenant et drôle… » Devant l’air victorieux de Mateo, il avait nuancé. « Seulement parfois, t’emballes pas. » avait-il ajouté en riant et en levant sa main gauche à hauteur du visage de l’espagnol. « Si elle est prête à t’accueillir c’est qu’elle doit pas accorder beaucoup d’importance à ces histoires de famille dont tu parles. » C’était presque naturel, de tenter de le rassurer sans réellement savoir le degré d’importance qu’il accordait à tout cela. Mais à force d’observation, Diego pouvait presque ressentir la légère appréhension qui l’avait gagné et il n’avait pas pu se taire.

Il avait pourtant été réduit au silence pour laisser place à une discussion qui allait avoir un impact bien particulier sur le duo. « C'est ça. » avait-il confirmé, et Diego s’imaginait assez mal de devoir trouver un plan de secours à la dernière minute, ce n’était pas quelqu’un qui s’adaptait aux imprévus personnels parce qu’il y était déjà bien trop confronté au travail. « C'est cool la coloc, surtout que je suis jamais tombé sur des gens chiants. Je préfère économiser pour le jour où je pourrais devenir proprio. Mais en attendant, y'a des contraintes, c'est clair.. » « Je vois que les contraintes, moi. Partager une chambre avec mon frère et les dortoirs de la fac ça a dû me traumatiser. » avait-il répondu en plaisantant, sans réellement avoir réalisé qu’il venait d’évoquer Cesar qui avait malgré lui un rôle à jouer dans tout cela. Alors, sans réfléchir davantage, Diego avait offert son aide. « C'est vrai ? » « Non, je disais ça comme ça. » avait-il répondu en levant les yeux au ciel. Il était normal pour Mateo de demander à Diego de confirmer sa proposition, c’était inattendu venant de lui qui arrivait difficilement à se détendre avec lui dans des conditions normales. Malgré tout, il aurait été selon lui encore plus étrange de ne pas offrir son aide à Mateo alors que les choses semblaient se dénouer entre eux. Et comme il l’avait suggéré, il ne s’agirait que de quelques heures à peine à fermer les yeux sur son canapé. « T'as conscience que ce que tu viens de dire peut avoir un putain de double sens ? » Il avait secoué la tête en riant, venant quitter le regard de Mateo pour planter le sien sur le sol. Bien sûr qu’il ne s’en était pas rendu compte mais que lui avait sauté sur l’occasion, restant fidèle à ses habitudes. « J'espère que tu réalises que t'es chanceux parce que j'ai un millier de vannes qui me viennent en tête mais je suis trop reconnaissant de ta proposition pour te les balancer maintenant. » « Contrairement à toi c’était absolument pas volontaire donc me fais pas regretter mon choix, s’il te plait. » Son ton était encore celui de la plaisanterie, mais il regrettait de ne pas avoir pris le temps de réfléchir un peu plus à ses mots. Même si la curiosité concernant les idées que cela avait soulevé chez Mateo était venu le titiller durant quelques instants, il avait été ravi de l’entendre changer de sujet. « Du coup je t'ai coupé, mais t'es déjà allé au Mexique ? » Hochant doucement la tête, Diego avait répondu. « J’y suis retourné avec ma sœur, la plus âgée. On est les deux seuls enfants à y être nés donc ça comptait pour nous. J’aimerais qu’on y aille tous ensemble un jour, entre frères et sœurs, mais c’est seulement un rêve. » Il laissait à Mateo la possibilité d’imaginer que cela n’était dû qu’à la complexité d’organiser un tel voyage. Il était encore trop tôt pour lui avouer combien les relations avec ses frères et sœurs étaient compliquées, parce qu’il les avait abandonnés et avait privilégié sa carrière. Mateo avait de toute façon eu un aperçu du mystère qu'était sa famille pour les personnes extérieures lors de la remise de prix de Cesar. « T’as des frères et sœurs toi ? Je réalise que je parle beaucoup, comparé à toi. C’est pas super équitable si tu veux mon avis. » Le constat était valide pour leurs discussions précédentes et leurs échanges de message car il avait bien conscience que Mateo avait commencé à s’ouvrir, réalisant même à quel point l’exercice pouvait probablement être difficile pour lui. « Je vais me reprendre un truc à boire, tu veux quelque chose ? » avait-il proposé, réalisant qu'ils étaient à l'extérieur depuis un petit moment déjà. « Genre un truc fort pour pas sentir les lattes du canapé dans ton dos tout à l'heure ? » Il avait grimacé pour laisser planer le doute quant au confort qu'il lui proposait ce soir.

« Je vois mal comment ça pourrait foirer, t’es sociable, avenant et drôle… » Voir Diego tenter de rassurer ses insécurités avait quelque chose d'apaisant. Mateo aurait pu être vexé de le voir utiliser un ton quelque peu sarcastique mais il avait choisi de partager ces quelques informations avec lui et d'accepter la réaction qu'il pourrait avoir par la même occasion. Il s'était rendu compte avec stupéfaction que le mexicain entrait de plus en plus dans son jeu au fur et à mesure des heures qui passaient. « Seulement parfois, t’emballes pas. » Il lui avait adressé un clin d'œil. « L'homme parfait quoi. » Inutile d'entrer dans un long débat à ce sujet, Mateo aurait eu beaucoup trop d'arguments pour essayer de se vendre comme le meilleur des poissons sur le marché. Il était doté d'une certaine arrogance, même s'il aimait faire croire qu'il ne s'agissait que d'un jeu. « Si elle est prête à t’accueillir c’est qu’elle doit pas accorder beaucoup d’importance à ces histoires de famille dont tu parles. » Le sérieux était revenu dans la conversation et il fallait bien admettre que ces propos étaient pleins de bon sens. « Oui, je sais qu'il y a pas de raisons de s'inquiéter. Je t'ai dit, c'est con. »

Devoir voguer entre les différentes contraintes apportées par chacune des personnalités de ses colocataires était compliqué et Mateo le savait bien, mais pour l'heure il voyait toujours le positif dans sa situation. Même si parfois, lui aussi, il aurait aimé pouvoir avoir son intimité en toutes circonstances lorsqu'il passait la porte de son chez-lui (ça finirait par arriver, le jour où il se considérerait enfin comme un vrai adulte prêt à l'indépendance).« Je vois que les contraintes, moi. Partager une chambre avec mon frère et les dortoirs de la fac ça a dû me traumatiser. » Il essayait d'imaginer Diego en train de gérer des colocataires fêtards quand lui tentait d'entretenir un rythme de vie régulier et sain, et ça le faisait rire. « C'est probablement parce que les filles sont plus faciles à vivre ? En tout cas d'après mon expérience, elles le sont. » Avait-il fait remarquer alors que 90% de ses colocataires jusqu'ici étaient de sexe féminin. « Non, je disais ça comme ça. » Un sourire s'était étiré naturellement sur ses lèvres : c'était donc acté, il ne finirait pas errant dans les rues de Brisbane en attendant de pouvoir rentrer chez lui au petit matin. « Contrairement à toi c’était absolument pas volontaire donc me fais pas regretter mon choix, s’il te plait. » Il avait haussé les épaules en mimant de fermer sa bouche pour toujours et d'en jeter la clé par dessus son épaule. Pour cette fois, rester sage et éviter de déblatérer toutes les bêtises qui tournaient dans son esprit serviraient à remercier Diego pour son geste de l'accueillir pour la nuit. Ce problème résolu et cette intermède terminée, Mateo s'était empressé de reprendre leur conversation où ils l'avaient laissée. « J’y suis retourné avec ma sœur, la plus âgée. On est les deux seuls enfants à y être nés donc ça comptait pour nous. J’aimerais qu’on y aille tous ensemble un jour, entre frères et sœurs, mais c’est seulement un rêve. » « Ça devait être bien cool comme voyage. Et qui sait, t'arriveras peut-être à tous les réunir là bas un jour. » Bizarrement, Mateo avait du mal à savoir s'il classait Diego dans la catégorie des personnes capable de réunir les gens, ou dans celle de ceux qui avaient tendance à les diviser. Il avait le potentiel d'entrer dans chacune d'entre elles parce qu'il était à la fois touchant et agaçant, bienveillant et orgueilleux. Un mélange de qualités et défauts qui laissait planer le mystère sur encore beaucoup des facettes de sa personne. « T’as des frères et sœurs toi ? Je réalise que je parle beaucoup, comparé à toi. C’est pas super équitable si tu veux mon avis. » « Ouais mais moi j'aime que parler quand c'est pour dire des conneries, alors.. » Il était comme ça, Mateo, et Diego allait devoir apprendre à faire avec. Il aimait mettre en avant les œuvres d'art créées par d'autres plutôt que d'en créer lui même. Il aimait écouter les histoires des autres plutôt qu'exposer la sienne. Se dévoiler et exposer sa propre vulnérabilité, ce n'était pas quelque chose pour lequel il était doué. Et si c'était un exercice pour le mexicain de s'ouvrir, c'en était encore plus un pour lui de laisser les gens atteindre ses émotions. « Et non, je suis fils unique. » C'était un mensonge. Ou l'était-ce vraiment ? Parler de son frère aîné qu'il n'avait jamais connu aurait ouvert le sujet sur la relation que Mateo avait avec sa mère et avec sa famille de manière générale. Répondre "oui, j'ai un grand frère mais en fait pas vraiment parce qu'il est mort avant que je vienne au monde" n'avait rien d'engageant et même pour lui, reprendre une conversation sur un ton léger après ce genre de nouvelles était mission impossible. Il avait donc décidé de garder ce détail de sa vie pour lui, préférant afficher son profil d'enfant unique depuis toujours comme l'unique vérité. « Je vais me reprendre un truc à boire, tu veux quelque chose ? » Mateo venait de réaliser qu'ils étaient sur ce balcon depuis un long moment, qu'il avait terminé sa cigarette depuis de longues minutes et qu'ils n'avaient en réalité plus d'excuse pour rester là à bavarder pendant que la soirée se poursuivait sans eux à l'intérieur. « Genre un truc fort pour pas sentir les lattes du canapé dans ton dos tout à l'heure ? » Il avait ri tout en hochant la tête. « C'est bien ce qui me semblait, tu me préfères bourré. » En tout cas c'est ce qu'il finirait presque par croire s'il ne connaissait pas un minimum le personnage à force de le côtoyer. « Mais va pour un truc fort, si tu dis que j'en aurais besoin j'te crois. Je viens avec toi. » Ils étaient entrés, quittant la bulle agréable qu'ils s'étaient forgés à l'extérieur. Sur l'une des tables, Mateo tomba sur une bouteille qu'il connaissait bien et donc il s'était servi un verre. « Ce truc là, c'est vraiment une tuerie. Sûr que tu veux pas goûter ? » Diego avait déjà craqué à ses côtés - ou à cause de lui - alors pourquoi pas recommencer ce soir ?

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ft  @Mateo Alvarez

« L'homme parfait quoi. » Ce même ricanement et cette façon de baisser la tête à chacune de ses plaisanteries. Diego savait qu’une part de vrai se dissimulait toujours derrière ce qu’il pouvait dire, et pour une fois, il aurait pu s’accorder à ses propos. Il n’était sans doute pas parfait, personne ne l’était, mais il rejoignait de plus en plus ce que Diego recherchait chez un idéal. Et c’était effrayant, de réaliser que seul son genre était un obstacle. Une seule barrière pourtant trop importante pour être franchie. « Oui, je sais qu'il y a pas de raisons de s'inquiéter. Je t'ai dit, c'est con. » Il flirtait avec l’arrogance pour ensuite redevenir cette version de lui-même qu’il ne s’autorisait que très peu souvent à être. C’était le sentiment qu’avait Diego, qui avait l’impression de réussir à entrevoir des facettes de sa personnalité qu’il ne laissait paraître auprès de personne. Il l’avait vu avec Rafael, dont il était proche, et s’il imaginait assez aisément la profondeur de leur amitié, il y avait quelque chose de différent entre eux. Ce n’était pas une amitié venant détrôner celle des deux espagnols, mais quelque chose de plus fort encore. « Non, c’est pas con. Comme quoi même les hommes parfaits doutent parfois. » Et il lui avait adressé un sourire en coin lui laissant la possibilité de ne pas se créer de personnage lorsqu’il était avec lui parce qu’il était bien plus attiré par la personne qu’il était réellement. Derrière l’humour, les exagérations et l’assurance.

Il n’avait pas vu la suite comme une opportunité à saisir, ce qui expliquait son hésitation, ni même comme une nouvelle étape à franchir, auquel cas il aurait balbutié encore plus longtemps. Il avait simplement proposé son aide, comme il l’aurait fait pour n’importe qui, mais l’évidence de ce que cela représentait apparaissait maintenant clairement à Diego. Ils avaient continué la conversation, lui essayant d’oublier l’appréhension qu’il commençait à nourrir. « C'est probablement parce que les filles sont plus faciles à vivre ? En tout cas d'après mon expérience, elles le sont. » Difficile de ne pas arquer un sourcil face à cette affirmation qui semblait contradictoire pour Diego. Cette simple phrase semblait dissimuler une partie de la vérité qu’il ne possédait pas, mais il était une nouvelle fois en train de se poser bien trop de questions lorsque cela n’était pas nécessaire. Et une fois les doutes évincés, ils avaient repris le cours de la conversation, Diego ravi de retarder l’échéance et Mateo visiblement réellement intéressé par ce qu’il lui racontait. « Ça devait être bien cool comme voyage. Et qui sait, t'arriveras peut-être à tous les réunir là bas un jour. » Evoquer son envie d’aller au Mexique ou n’importe quelle autre chose positive à propos de son pays natal le mettait dans une humeur extrêmement positive, alors à nouveau, il avait souri, sans certitude cependant de réussir à réunir sa fratrie. « Ouais mais moi j'aime que parler quand c'est pour dire des conneries, alors.. » « J’avais remarqué. » La réponse était bien trop facile pour qu’il ne s’hasarde pas à la lancer, venant provoquer un de ces sourires irrésistibles chez son interlocuteur. « Et non, je suis fils unique. » Il avait acquiescé avant de lui proposer de reprendre un verre, pour éviter de plonger dans trop de confidences et pour faire acte de présence auprès des autres fêtards. « C'est bien ce qui me semblait, tu me préfères bourré. » Il avait levé les yeux au ciel. « Mais va pour un truc fort, si tu dis que j'en aurais besoin j'te crois. Je viens avec toi. » « Ecoute j’essaie juste de te préparer à la pire des nuits. » Il savait pertinemment qu’il y avait encore vu un sous-entendu, mais il s’était abstenu de tout commentaire comme il s’était promis de le faire depuis que Diego lui avait offert de passer la nuit chez lui. En rentrant dans l’appartement, le changement d’ambiance avait été brutal, en total opposition avec celle du balcon qu’il regrettait déjà. « Ce truc là, c'est vraiment une tuerie. Sûr que tu veux pas goûter ? » Son visage avait confirmé qu’il n’était toujours pas partant pour autre chose qu’une bière de temps à autre, un whisky avec son père pour tenter de se rapprocher de lui ou, au pire, du champagne pour les jours de fête. « Sans façon, et si t’en abuses trop je te laisserais dormir sur le sol je te préviens. » Inutile de préciser qu’il ne le porterait pas jusqu’à la voiture pour rentrer.