what should be over burrowed under my skin

@megan williams

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Ce n’était pas prévu, mais il avait envie de sortir de la maison et d’aller profiter de la fraicheur que l’automne apportait, le soleil toujours bien haut dans le ciel mais bien plus agréable à supporter qu’il ne l’était en plein été. Si Damon avait été habitué au soleil, celui de l’Australie le surprenait tous les ans en revanche et il ne savait pas s’il serait un jour capable de s’habituer à quel point il était pesant contrairement à d’autres endroits sur la planète. Il avait donc passé le harnais à Bowie, le chien déjà en train de courir dans tous les sens près de la porte à peine était-il sorti du bureau, ayant senti par anticipation qu’il allait être de la partie. Clefs de voiture en main, il fit monter le chien à l’arrière du véhicule et se mit rapidement en chemin en direction de l’université. A la vue de l’heure, il savait que Megan n’allait pas tarder à sortir des cours et ils pourraient profiter du reste de la journée et de la soirée, peut-être même poursuivre sur un diner au restaurant - une spécialité pour Damon. Il espérait en tous cas qu’un tel programme pourrait être de mise, puisqu’il s’était mis ce dernier en tête seul, sans consulter la jeune femme auparavant; il partait du principe qu’elle l’aurait prévenu si elle comptait sortir à la fin des cours, ou si elle avait quelque-chose de prévu. Il avait regardé à quatre fois les messages échangés ces derniers jours pour voir s’il n’avait pas manqué quelque-chose.

Appuyé contre la portière de la voiture, lunettes de soleil sur le nez et les bras croisés sur le torse, il analysait la foule qui sortait des bâtiments pour se rendre sur le parking. Certains visages ne lui étaient pas inconnus - autant des élèves que des professeurs -, mais il ne s’attarda sur aucun de ces derniers, surtout en sachant que celui de sa femme se trouvait à quelques mètres de là. Alors, bien sur, un sourire traversa son visage d’un côté à l’autre de ce dernier; c’était la réaction qu’il avait toujours en voyant Megan. « Madame Williams. » Dieu qu’il aimait l’appeler de la sorte. Comme si c’était possible, il agrandit son sourire, tendant son bras devant lui pour attraper la main de la jeune femme et l’attirer à lui. Une fois que ce fut chose faite, il entoura sa taille de ses bras pour lui voler un baiser. « Bonjour. » Comme s’ils ne s’étaient pas vus le matin même avant qu’elle ne parte pour l’université, comme s’il ne lui avait pas déjà envoyé plusieurs messages depuis le moment où elle avait passé la porte de leur maison. « Comment allez-vous ? Avez-vous passé une bonne journée ? » Damon libéra une de ses mains pour glisser le bout de ses doigts sur la joue de Megan, dans le but d’aller replacer par la suite une de ses mèches de cheveux qui s’était rebellée. « Puis-je avoir l'honneur de profiter de votre compagnie ou avez-vous d’autre plan de prévus pour ce soir ? » Il espérait que la réponse serait positive; parce-que si ce n’était pas le cas, il n’avait pas le plan de secours et surtout s’était déjà imaginé la suite de la soirée dans son esprit - il se trouverait très déçu. « J’ai emmené Bowie avec moi pour qu’on aille se balader, en vrai. » Il plissa quelque peu le bout du nez, presque comme une moue d'excuses accrochée à son visage - pour que cela joue en sa faveur, bien sur.

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Megan Williams & @Damon Williams ☆ crédit/harley

« Megan, je peux vous parler ? » Relevant mon nez de mon ordinateur sur lequel je finis de taper mon dernier cours de la journée et, alors que certains ont déjà ramassé leurs affaires pour se lever, j’aperçois le regard du professeur de sociologie braqué sur moi. Piquée à vif – je n’aime pas le sentiment d’être épinglée, je hoche rapidement la tête avant de refermer mon ordinateur que je glisse dans mon sac à main, avant de descendre les quelques marches de l’amphithéâtre pour m’approcher. Mal à l’aise, je réajuste la bride de mon sac sur mon épaule, avant de lui adresser un sourire mal assuré. Les derniers étudiants ont quitté la salle à présent, c’est déjà ça. « Je voulais te parler de tes absences. Ta dernière dissertation n’était pas fantastique, j’ai peur que tu ne prennes pas les choses assez au sérieux. » Mes joues rougissent d’une honte qui ne me ressemblent pas : jusque-là, j’ai toujours été une femme au tempérament affirmé et qui n’avait pas peur d’affronter l’autorité. Sauf qu’il est question de mes résultats académique et que, comme toujours dans ce cas, je n’ai plus la moindre confiance en moi : je perds bien vite tous mes moyens. « J’avais écrit au responsable de cursus pour lui expliquer ma situation. Mais la tournée promotionnelle est terminée maintenant, j’assiste à tous les cours. » - « Certes, mais il te manque pas mal de fondamentaux et tu nous as rejoint cette année, en plus de ça… Tu devrais vraiment envisager le tutorat. »

C’est avec le souvenir trop frais de cette désagréable discussion que je quitte l’université et que, prenant la direction du parking, je me dirige vers ma nouvelle voiture. Un échec ne serait pas synonyme de situation compliquée pour moi. Obtenir un diplôme doit sembler être un luxe pour beaucoup, dans ma situation. Mais cela n’a rien d’une lubie, et que j’ai besoin de me prouver que j’en suis capable. Je rumine encore ma discussion dans ma tête lorsque j’aperçois la berline de Damon garée à côté de mon véhicule, et la tête blonde de mon Italien qui me fait signe, un sourire sur les lèvres. « Madame Williams. Bonjour. » Sa présence me redonne le sourire et me réchauffe de l’intérieur. Il glisse son bras autour de ma taille, m’attire contre lui et m’embrasse et l’espace d’une seconde, j’oublie mes tracas du quotidien. Je pose ma main sur sa joue pour lui voler un second baiser, avant de le saluer à mon tour. « Comment allez-vous ? Avez-vous passé une bonne journée ? » - « Excellente. J’ai besoin de tutorat d’après mon prof de Précurseurs et fondateurs de la sociologie. Les cours ont repris depuis trois mois et il m’a déjà collé l’étiquette de l’élève médiocre sur le front. » Je tente de faire preuve d’ironie. Je tente de faire passer le tour sur le tout de la plaisanterie, mais je ne parviens qu’à masquer mon amertume, pas ma déception. Pour lui signifier que ce n’est pas important, que nous n’avons pas besoin d’en parler et que rien ne sert de s’éterniser sur le sujet – il est sensible – je dépose un nouveau baiser sur ses lèvres. « C’est rien. Je vais me mettre au niveau. » Et je l’envisagerai, ce foutu tutorat.

« Puis-je avoir l'honneur de profiter de votre compagnie ou avez-vous d’autre plan de prévus pour ce soir ? » Je jette un coup d’œil à ma voiture, un autre à la sienne et j’en profite pour faire de grands signes à mon chien qui s’impatiente à l’intérieur – sa queue remue de plus belle en me voyant – avant de hocher la tête. « Rien d’autre. Tu me déposeras lundi matin si je laisse la voiture ici ? Mon premier cours est à onze heures. » Et mon véhicule peut sans problème passer le week-end sur le parking de l’université sans me manquer et sans que personne ne trouve rien à y redire. « J’ai emmené Bowie avec moi pour qu’on aille se balader, en vrai. » - « T’es adorable. » Je lui adresse un sourire franc, avant d’ouvrir la portière arrière pour saluer le molosse qui tremble d’excitation. « Mais oui, vous êtes tous les deux adorables. » Saluée par l’animal qui a du mal à contenir ses émotions, je referme finalement la porte pour monter côté passager dans la voiture de mon époux. « Tu t’es occupé comment aujourd’hui ? » La voiture démarre et, déjà, je m’enquiers de son quotidien. S’ennuie-il, maintenant qu’il ne travaille plus à la MHI et qu’il est diplômé ? Se sent-il désœuvré ? Moi, je n’ai jamais souffert d’avoir du temps pour moi, mais nous sommes tous les deux bien différents.

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A peine leurs regards s’accrochèrent l’un à l’autre, qu’un sourire apparut sur les lèvres de Megan et agrandit celui de Damon; c’était là un réflexe, il ne pouvait s’en empêcher, il s’était aperçu quelques temps plus tôt qu’il était bloqué avec cette désormais habitude là. En réalité, il n’avait pas envie de s’en empêcher, parce-que la voir et la voir sourire lorsqu’elle s’approchait de lui apportait un ressenti qu’aucune autre personne n’arrivait à lui procurer. Elle lui vola un second baiser, il se retint de ne pas continuer sur cette lancée pour lui en soutirer un autre en retour et ainsi de suite. « Excellente. J’ai besoin de tutorat d’après mon prof de Précurseurs et fondateurs de la sociologie. Les cours ont repris depuis trois mois et il m’a déjà collé l’étiquette de l’élève médiocre sur le front. » Ce n’était pas exactement ce à quoi il s’attendait en posant cette question - ce n’était d’ordinaire pas tout à fait la réponse qu’elle lui donnait -, si bien qu’il se retrouva la bouche légèrement ouverte à ne savoir que répliquer, son sourire perdant au fil des secondes de silence de sa superbe, ses sourcils se fronçant un instant sur son visage. Megan l’empêcha de répliquer quoi que ce soit, de toute manière, scellant son silence d’un baiser et rebondissant seule sur ses propres paroles. « C’est rien. Je vais me mettre au niveau. » Il se pencha pour déposer un baiser appuyé sur sa joue cette fois-ci. Il lui aurait bien proposé d’en discuter plus longtemps, mais il avait perçu dans son regard que ce n’était pas quelque-chose qu’elle désirait faire pour le moment. « Je t’aiderai, t’en fais pas. » Il avait le temps, et la volonté que ce cursus se passe au mieux pour elle; qu’importait le sujet, il lui donnerait un coup de main si cela pouvait l’aider.

Pour le moment, et pour continuer sur la lancée de laisser le sujet des cours de côté, il enchanta sur ce qu’il avait prévu de lui dire lorsqu’il était arrivé tout sourire. Dans son idée, ils prenaient poudre d’escampette et profitaient du reste de la journée pour aller prendre l’air. « Rien d’autre. Tu me déposeras lundi matin si je laisse la voiture ici ? Mon premier cours est à onze heures. » Il eut un petit sourire. « Même si tu laissais pas ta voiture ici, tu sais très bien que je t’emmènerai quand même. » Si c’était quelque-chose qui devait devenir son travail à temps plein, de l’amener ici et là au fil de ses envies, il le ferait sans hésiter un seul instant. Il haussa un brin l’un de ses sourcils. « Je note que tu n’as rien d’autre de prévu donc, c’est moi qui te kidnappe pour la soirée. » Et Bowie. Lui et Bowie, puisque le chien était déjà dans la voiture. Dans tous les cas, il portait un air satisfait de son idée sur son visage. « T’es adorable. » Damon lui accorda un petit clin d’oeil, avant que son attention ne se porte un instant sur le chien qui était on ne pouvait plus pressé de la revoir. « Mais oui, vous êtes tous les deux adorables. »

« Tu t’es occupé comment aujourd’hui ? » Il finissait de boucler sa ceinture, se mettant déjà à reculer sur le parking pour sortir de ce dernier et engager une conduite vers les bords du fleuve - destination finale de sa brillante idée du jour. « J’ai fini le livre de la saga que tu m’avais supplié de lire. » Bien sur que c’était avec une touche d’amusement qu’il soulignait cette partie là de l’idée: il savait qu’elle avait d’excellents gouts dans le domaine et qu’il passerait un bon moment derrière ces écrits. « Et t’avais raison: c’était génial. » Un jour, peut-être, il réussirait à avoir autant de verve et réussirait à le transmettre à travers ses écrits. Il en était loin. « Dans un autre domaine: l’électricien est passé pour réparer le courant qui passait plus dans le garage, t’auras plus besoin d’utiliser ton téléphone pour aller à ta voiture le matin. » Il secouait quelque peu sa tête de ganache à droite: à peine quelque semaines dans la nouvelle maison et déjà obligés de faire intervenir un professionnel ou un autre pour permettre qu’elle soit en parfait état de fonctionnement. « Pas grand chose d’autre, en réalité. Je commençais à devenir fou à rester à l’intérieur, c’est pour ça que je me suis dit que j’allais venir te chercher. » Et parce-que l’autre endroit où il adorait aller quand il avait envie de se libérer l’esprit était l’atelier d’Auden, duquel il avait les clefs depuis bien longtemps désormais, pour peindre et changer de décor - mais depuis sa dernière discussion avec son père, son envie d’aller sur place avait été sapée. Doucement, il tourna un instant son visage vers sa femme, avant de faire revenir son regard sur la route. « Tu veux en parler toi, de ta journée ou tu préfères garder ça pour plus tard ? » Damon proposait, montrait qu’il avait bien entendu et comprit ce qu’elle avait mentionné plus tôt - mais si elle ne désirait pas en discuter pour le moment, ce n’était pas pressé, elle pourrait le faire quand cela lui semblerait être plus propice.

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« Je t’aiderai, t’en fais pas. » - «  Parce que tu connais tout des courants de pensée de Wundt, Williams James et de Freud ? » J’esquisse un sourire amusé, mutin, avant de déposer un baiser à la commissure de ses lèvres. Je ne suis ni braquée ni fermée. Ce que je suis, en revanche, c’est désireuse de laisser ma journée de cours derrière mois, segmenter pour que l’aspect de ma vie le plus défaillant ne contamine pas les autres. « Je suis sûre que tu feras un interrogateur parfait. » Qu’il sera le meilleur pour tenir mon cahier de cours et m’interroger pour me faire recracher certains passages qu’il vaudrait mieux que je me mette à apprendre par cœur fissa. Mais du reste, peut-être ai-je réellement besoin d’un tuteur ou d’une tutrice qui étudie dans le même cursus que le mien. Heureusement, les horaires universitaires laissent de la place au travail personnel, beaucoup de place même.

« Même si tu laissais pas ta voiture ici, tu sais très bien que je t’emmènerai quand même. »
« Vendu alors. »
« Je note que tu n’as rien d’autre de prévu donc, c’est moi qui te kidnappe pour la soirée. »
« Ça aussi, c’est vendu. »

Prouvant que je n’ai rien contre un kidnapping, je monte bien volontiers dans la voiture après avoir salué le molosse qui remue gaiement sa queue à l’intérieur de l’habitacle depuis qu’il m’a aperçue. Après avoir passé plus d’un an à s’habituer à ma présence à la maison, il est certainement dérouté que je sois bien moins présente. « J’ai fini le livre de la saga que tu m’avais supplié de lire. » J’aime ces instants qui semble anodins en apparence, mais qui sont surtout les indices d’une vie de couple équilibrée et équilibrante. J’aime être assez à l’aise avec lui pour ne pas avoir la moindre trace d’une boule au ventre à l’idée d’un non-dit, ou de peur qu’il me cache ou reproche en secret quelque chose. Nos rapports sont d’un naturel qui me fait parfois peur – quand je songe que je ne mérite rien de tout ça et que je vais forcément tout faire foirer – mais, des jours comme aujourd’hui, ils m’offrent énormément de réconfort. Je le prouve en appuyant ma tête contre le haut du bras de Damon, m’appuyant sur lui en ne veillant à pas trop entraver sa conduite. « Et t’avais raison: c’était génial. » - « Bien sûr que j’ai raison. Et bien sûr que c’est génial. » La roue du temps est un classique dans l’univers de la Fantasy et quiconque voulant vivre une longue et tranquille vie à mes côtés se doit de l’avoir lu, voila tout. « Heureusement d’ailleurs que ça t’a plu, parce que maintenant t’en les treize tomes suivants à lire et c’est pas facultatif si tu veux qu’on reste heureux en ménage. » Je prends mon air le plus sérieux, le plus austère, prouvant que je ne suis pas – ou pas tout le temps – une si mauvaise actrice. « Dans un autre domaine: l’électricien est passé pour réparer le courant qui passait plus dans le garage, t’auras plus besoin d’utiliser ton téléphone pour aller à ta voiture le matin. » Réparer le courant sont bien des mots de quelqu’un qui n’a jamais eu à mettre la main à la pâte de sa vie, ne serait-ce que pour dévisser une vis, et j’esquisse un mince sourire attendri. « Il t’as dit ce qui dysfonctionnait ? » Connaissant mon jeune époux, il a plus vraisemblablement signé un chèque en n’écoutant que d’une oreille le compte rendu du professionnel, peu intéressé de savoir s’il a tenté de l’arnaquer ou pas ; quand l’argent n’est pas un problème, ce genre de considération n’a pas lieu d’être.

« Pas grand-chose d’autre, en réalité. Je commençais à devenir fou à rester à l’intérieur, c’est pour ça que je me suis dit que j’allais venir te chercher. » Silencieuse, je tourne ma bouche sept fois dans ma langue avant de parler, ne souhaitant pas donner le sentiment à Damon que je lui mets la moindre pression. Ce serait un comble : pendant de longs mois j’ai profité du statut de femme au foyer, de femme entretenue, alors Damon peut rester autant de temps qu’il le désire sans activités professionnelle ; c’est la première fois qu’il a le moindre choix à ce sujet et il est normal qu’il se cherche. Toutefois, je sens que d’être désœuvré risque de lui peser bien plus qu’à moi, si bien que je me risque à quelques questions. « Tu bosses sur quelque chose en ce moment ? » Un nouveau livre ? D’anciens écrits qu’il corrige en secret en attendant de pouvoir les montrer au reste du monde ? « Tu veux en parler toi, de ta journée ou tu préfères garder ça pour plus tard ? » Je fais la grimace, avant de m’appuyer un peu plus contre son bras pour l’attendrir. « Plus tard ? » Je lui renvoie un sourire d’ange pour qu’il ne se sente pas repoussé ; là n’est pas mon intention. « On pourra, c’est pas tabou. Mais là j’ai envie de profiter de toi. » Et puisque ce soir signe le premier week-end après mon anniversaire qui a eu lieu hier, j’esquisse même un sourire espiègle, voué à lui soutirer des informations sur ses plans top secrets. « Et surtout, j’ai envie de savoir ce que t’as prévu pour ce week-end. » Mon ton mielleux ne trompera personne mais ce n’est pas l’objectif, j’en fais volontairement trop.

Mon téléphone vibre dans ma poche et, fronçant les sourcils, je me détache de Damon. Le numéro qui s’affiche n’est pas enregistré dans mon téléphone, alors je tourne ma tête vers mon Italien. « Je connais pas ce numéro. Ils peuvent rappeler plus tard. » Je propose, désireuse de ne rien changer aux plans qu’il a certainement en tête.

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« Parce que tu connais tout des courants de pensée de Wundt, Williams James et de Freud ? » Le sourire qu’il étira sur ses lèvres fut presque le parfait miroir de celui que sa femme laissait paraître sur son visage à elle. « Non, pas encore, mais j’apprendrai en même temps que toi. » Ce n’était pas là un domaine qu’il connaissait par coeur comme elle le demandait, mais les noms ne lui étaient pas inconnus; il n’avait pas étudié dans cette branche là, mais avait la curiosité littéraire facile et avait déjà pu lire des lignes à ce sujet là. Bien sur qu’il ne serait jamais aussi doué et instruit sur la question que d’autre qui étudiaient le sujet depuis des années, mais il serait plein de bonne volonté pour lui donner un coup de main. « Je suis sûre que tu feras un interrogateur parfait. » Et il s’appliquerait autant que possible à l’être, elle pouvait en être sure.

Maintenant qu’ils étaient d’accord sur le programme, il ne leur manquait plus qu’à le mettre à exécution; assez rapidement, ils furent tous les deux en voiture - l’un sachant déjà où ils se rendaient, l’autre se laissant volontiers porter par le plan construit par le premier. « Bien sûr que j’ai raison. Et bien sûr que c’est génial. » Elle apposait sa tête contre son épaule, signe qu’elle recueillait avec attention ses paroles. « Doucement le lancer de fleurs là. » Il laissa un petit rire amusé se faire entendre de pair avec ses paroles; elle avait le droit de vanter ses mérites de conseillère littéraire malgré tout, il avait vraiment apprécié ce qu’il avait lu. « Heureusement d’ailleurs que ça t’a plu, parce que maintenant t’en les treize tomes suivants à lire et c’est pas facultatif si tu veux qu’on reste heureux en ménage. » - « Je me suis aperçu de ça oui. » De sa main libre, il vint serrer gentiment de le genou de Megan comme pour lui imputer la faute. « Je sais que j’ai du temps à perdre mais quand même. » Il lui faudrait surement plusieurs semaines pour tout terminer, pour le coup: il lisait vite mais autant de tomes restait une quantité conséquente à lire. Surtout qu’il en profitait d’être chez eux pour suivre les réparations et diverses travaux effectués ici et là dans la maison qu’ils avaient récemment acheté. « Il t’a dit ce qui dysfonctionnait ? » - « Il m’a dit oui. » Il fronça quelque peu le bout du nez. « Mais j’ai pas écouté. Enfin, j’ai écouté, mais j’ai pas retenu. » Honnêtement, cela ne l’intéressait pas vraiment ce qui ne fonctionnait pas, du moment que cela était réparé et que c’était de nouveau comme neuf par la suite. Il n’appréciait pas forcément se salir les mains, donc s’il pouvait payer pour que ce soit fait à sa place, il ne se penchait pas plus que ça sur la question. Cependant, que ce soit pour la lecture ou pour l’accueil chaleureux qu’il donnait aux différents réparateurs et autres techniciens qui pouvaient passer chez eux, ce n’était pas de véritables occupations comme ces dernières pouvaient en avoir le statut. « Tu bosses sur quelque chose en ce moment ? » Damon haussa les épaules distraitement l’épaule qui n’était pas occupée par la tête de sa femme. « Pas vraiment. » Depuis qu’il avait aidé Wyatt à corriger les dernières pages sur lesquelles ils travaillaient ensemble, pour la parution de son ouvrage, il n’avait pas véritablement réussi à se pencher sur autre chose avec autant d’attention. « J’ai rien qui me donne vraiment envie, ces derniers temps. Ou alors j’ai l’impression de plus savoir rédiger quoi que ce soit de potable. » Et parfois, parfois, il se demandait si quitter la MHI avait vraiment été une bonne idée; il savait que c’était cette nouvelle liberté à laquelle il n’était pas habitué qui parlait, mais tout de même il s’était déjà posé la question.

Si sa journée à lui n’était en rien passionnante, celle de Megan avait l’air d’être bien pus éprouvante; elle n’était pas dans son assiette lorsqu’elle l’avait rejoint. « Plus tard ? » Il tourna quelque peu son visage pour apercevoir le petit sourire qu’elle poussait sur ses lèvres. « On pourra, c’est pas tabou. Mais là j’ai envie de profiter de toi. » Son soupire n’en fut qu’un de nom, à peine perceptible, plus un laisser aller de l’air qu’il avait inconsciemment retenu dans ses poumons. « Plus tard alors. » Il se pencha un instant pour déposer un baisers sur son front, se recentrant pleinement sur la route par la suite. Si elle ne désirait pas en parler maintenant, il ne serait pas celui poussant le bouchon d’aucune façon. « Et surtout, j’ai envie de savoir ce que t’as prévu pour ce week-end. » Il échappa un petit rire par les narines. « Essaie pas de m’amadouer, tu sais que ça fonctionne trop facilement ça. » Il secoua quelque peu la tête: il ne se laisserait pas avoir comme ça aujourd’hui. « Tu vas devoir te montrer patiente, tu sais que j’aime bien te faire des surprises. » La conversation fut cependant interrompue par le téléphone de Megan qui se manifesta, indiquant un appel entrant - même s’il n’aimait pas jouer les maris trop curieux, Damon ne sut retenir le réflexe de tourner un instant ses yeux dans la direction de l’écran. « Je connais pas ce numéro. Ils peuvent rappeler plus tard. » Il secoua quelque peu sa tête de gauche à droite. « On va juste au parc là pour l’instant, tu peux répondre vas-y. » Pas qu’elle devait attendre son accord pour le faire, mais il savait qu’une partie d’elle ne prenait pas l’appel spontanément parce-qu’elle n’avait pas notion de la suite des événements prévus pour le moment; ils n’étaient pas pressés, dans quelques instants ils seraient à destination et Damon n’avait rien de prévu pour le moment qui pressait au point de ne pas avoir le temps de prendre un appel imprévu.

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Megan Williams & @Damon Williams ☆ crédit/harley

« Non, pas encore, mais j’apprendrai en même temps que toi. » - « A ce rythme-là, inscris-toi dans ma licence. » Il apprendre en plus de ça bien plus rapidement que moi, qui n’ai jamais vraiment été une enfant très scolaire. Damon est l’enfant parfait, l’enfant brillant et si l’idée dépassait le statut de boutade et s’il s’inscrivait vraiment pour effectuer les mêmes études que moi, cela ne lui poserait certainement aucun problème et il décrocherait probablement son diplôme avec des résultats meilleurs que les miens, par-dessus le marché.

« Doucement le lancer de fleurs là. » J’esquisse un grand sourire amusé, pourtant tout à fait sérieuse et confiante en mes capacité de critique littéraire. De façon générale, lorsqu’il est question de critiquer, je suis plutôt compétente. « C’est pas se jeter des fleurs si c’est la vérité. » Mon air de crâneuse est étudié sur le bout des doigts, après des années à perfectionner ce mélange parfaitement dosé d’insolence et de minauderie ; toujours adorable, jamais pimbêche. « Je me suis aperçu de ça oui. Je sais que j’ai du temps à perdre mais quand même. » - « Comment oses-tu ? C’est pas du temps perdu. » Mes lèvres s’agrandissent en forme de "O", alors que je prétends être particulièrement choquée par ses insinuations. « Il m’a dit oui. Mais j’ai pas écouté. Enfin, j’ai écouté, mais j’ai pas retenu. » - « On va être bien avancé tiens si ça retombe en panne. » Amusée mais pas surprise, j’attrape son genou entre mes doigts et je me tends vers lui pour voler un baiser au creux de son cou. « Pas vraiment.  » - « Ça viendra. » Je connais le sentiment de désœuvrement. Je l’ai vécu et je peux en attester : si, au début, on tourne comme un lion en cage, les projets personnels naissent bien rapidement pour remplir le temps libre qui nous est offert. Damon est un garçon plein de ressource, je ne me fais pas de souci pour lui. « J’ai rien qui me donne vraiment envie, ces derniers temps. Ou alors j’ai l’impression de plus savoir rédiger quoi que ce soit de potable. » - « Laisse toi le temps. C’est un luxe que t’as la chance d’avoir. » Beaucoup ne peuvent pas se permettre de période sabbatique, ayant besoin de rentrées d’argent régulières pour subsister. Lui peut rester oisif pendant plusieurs années sans que l’argent ne vienne à manquer, alors s’il se cherche pendant des mois, personne n’y trouvera rien à redire. La seule chose à éviter à mes yeux, c’est l’ennui qui risque de pointer le bout de son nez et de le rendre fou. « Qui sait, peut-être que tu écriras le prochain best-seller du moment, et que je pourrais jouer le rôle féminin à l’écran. Enfin, ça, c’est si tu me trouves pas trop nulle pour ça. » Si je fais toujours mine d’être vexée par ses mots, c’est parce que je sais ce que j’ai à y gagner : pour se faire pardonner, Damon se montre encore plus tendre et affectueux avec moi. Parfois, il me couvre même de cadeaux.

Même si, ce week-end particulièrement, il n’a pas vraiment besoin d’excuse pour ça. A mon anniversaire, il dépense toujours une somme astronomique simplement pour le plaisir d’offrir et de me faire le plus inoubliable des présents. Cette année, je suis presque certaine qu’une escapade est au programme ; les bijoux étaient suffisants lorsque nous n’étions pas réellement ensemble. Maintenant qu’il est mon mari sur tous les plans, rien ne semble trop beau à ses yeux pour me faire sourire et rougir de plaisir. « Essaie pas de m’amadouer, tu sais que ça fonctionne trop facilement ça. Tu vas devoir te montrer patiente, tu sais que j’aime bien te faire des surprises. » - « Il faut au moins que je sache ce que je vais mettre dans ma valise. » J’ai déjà acté que nous partions quelque part. « Et comment je peux savoir si j’ai la bonne valise pour ça, une assez grande, si je sais pas où on va ? » J’ai toutes les sortes de valises dont une femme peut rêver. Si je n’avais pas été interrompue par la sonnerie de mon téléphone – elle m’importune – j’aurais pu continuer de longues minutes encore. J’aurais fait de lui soutirer les vers du nez ma spécialité. « On va juste au parc là pour l’instant, tu peux répondre vas-y. » - « T’es certain que ça te dérange pas ? » Sinon, l’inconnu laissera un message. Damon acquiesce et, juste avant que l’appelant ne soit basculé sur mon répondeur, je décroche et porte le téléphone à mon oreille.

Et je m’effondre. J’écoute la voix au bout du fil me parler, et mon visage devient livide. J’ai l’impression qu’on m’arrache le cœur. Mon bras, posé sur la cuisse de Damon, la serre de toutes mes maigres forces. Ma respiration s’emballe et, sans parvenir à répondre à la personne qui me délivre une bien funeste nouvelle, je tourne mon visage vers Damon. « Gare-toi là. » Pas de politesse. Le visage blanc comme un lingue, je l’observe avec des yeux suppliants. Dès qu’il s’exécute, j’ouvre ma portière pour quitter l’habitacle de la citadine en trombe. Au bord de la Brisbane River, je tombe à genoux. Tandis que des larmes emplissent mes yeux, agitée par des hauts le corps, je rends mon déjeuner. Sans me soucier de reposer à quelques centimètres de mes régurgitations, je tombe sur mon séant, en proie à une crise de larmes incontrôlable.

Le téléphone est abandonné sur le siège passager. A l’autre bout du fil, la mère de Charlie tente certainement de m’interpeller, se demandant peut-être si nous avons été coupées.

La mère de Charlie qui me contacte pour m’annoncer le décès de sa fille.

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« A ce rythme-là, inscris-toi dans ma licence. » Il eut un petit rire, secouant quelque peu la tête. « Je pense que j’ai ma dose d’école, m’ne veux pas. » Si cette dernière n’avait pas été reliée à de mauvais souvenirs de sa part, il aurait été capable de s’inscrire et de suivre les mêmes cours que Megan juste pour lui donner un coup de main ou pour passer plus de temps avec elle, sans une once d’hésitation. A défaut, il avait du temps désormais pour dévorer les recommandations littéraires de sa femme, et de s’apercevoir surtout qu’elle lui proposait de lire une saga qui était composée d’une pile de livres assez conséquente pour l’occuper pendant quelques semaines. « C’est pas se jeter des fleurs si c’est la vérité. » Il plissa le bout du nez, secouant quelque peu son menton, amusé. « Comment oses-tu ? C’est pas du temps perdu. » Il leva les yeux au ciel mais ne put s’empêcher d’avoir un rire amusé à sa réaction théâtrale - qu’il ne commenterait pas, il avait retenu la leçon. « T’as très bien compris ce que je voulais dire. »

« On va être bien avancé tiens si ça retombe en panne. » - « Je te rappelle que d’avoir écouté ou non change rien dans cette situation: si ça tombe en panne, j’appelle un réparateur. » Il n’avait pas du tout les compétences dans tous les cas pour réparer quoi que ce soit, alors cela ne servait pas à grand chose de retenir ce que le technicien avait pu lui dire. Et il ne se préoccupait pas de l’image que ça pouvait renvoyer de lui d’agir de la sorte, parce-que dans son monde il n’avait pas besoin de savoir comment faire les activités manuelles: il avait toujours la possibilité d’appeler quelqu’un d’autre pour le faire.  « Ça viendra. » Damon haussa les épaules: il espérait que cela viendrait. « Laisse toi le temps. C’est un luxe que t’as la chance d’avoir.  » Son attention rivée sur la route, il plissa tout de même le bout du nez. C’était peut-être un luxe, effectivement, mais il pensait que les choses seraient plus simples que cela une fois qu’il aurait terminé l’école. Encore une fois, une fausse perception induite par ses habitudes de personnes qui pouvait tout avoir rapidement sans trop d’efforts. « Qui sait, peut-être que tu écriras le prochain best-seller du moment, et que je pourrais jouer le rôle féminin à l’écran. Enfin, ça, c’est si tu me trouves pas trop nulle pour ça. » Il pinça ses lèvres, rougit peut-être légèrement des joues. « Tu sais très bien que c’est pas ce que j’ai dit, tu te joues de moi. » Et cela fonctionnerait à tous les coups, parce-qu’il n’avait jamais voulu la vexer d’aucune sorte avec son honnêteté; il voulait simplement être prévenant et la façon dont les choses avaient été dites avait été maladroite. Désormais, elle lui soulignait dès que l’occasion était disponible ce qu’il avait dit. « Je t’écris tous les premiers rôles du monde si tu veux, tu sais. » Et il était on ne pouvait plus sérieux. Cela fonctionnait assez facilement avec lui, que de tirer sur la corde sensible de son amour pour le voir se faire pardonner d’une manière ou d’une autre - ça, et le fait qu’il n’aimait pas être fâché ou en froid avec les autres. Si cela fonctionnait pour son avis sur la prestation au cinéma de Megan, elle savait parfaitement qu’elle pouvait lui soutirer des informations cette fois-ci concernant les plans qu’il avait mis en place pour le weekend si elle insistait un petit peu - sans grand effort, juste un brin davantage par rapport à d’habitude. « Il faut au moins que je sache ce que je vais mettre dans ma valise. » Il soupira avec un énervement tout relatif sur le fait qu’elle ait deviné déjà qu’elle avait besoin d’une valise. « Et comment je peux savoir si j’ai la bonne valise pour ça, une assez grande, si je sais pas où on va ? » Il secoua la tête, maintient ses positions. « Tu m’auras pas. Je pourrais te dire au dernier moment de quelle valise t’as besoin, pas besoin de le savoir en avance. » Ce n'était pas comme s’ils manquaient de quelque chose chez eux de toute manière.

Et elle aurait continué si son téléphone n’avait pas sonné. Elle aurait continué s’il ne lui avait pas signalé que non, ça ne le dérangeait pas qu’elle décroche: ils avaient tout le reste de la journée pour continuer cette discussion et ce petit jeu. Ou du moins, c’était ce qu’il se disait avant de voir le visage de Megan blanchir dans le coin de son regard, de sentir sa main se resserrer sur sa cuisse - et son coeur à lui manquer un battement à sentir que quelque-chose n’allait pas et était en train de tourner. « Gare-toi là. » Il s’exécuta sans réfléchir un seul instant à la question, sans en poser non plus; et il fit bien de le faire car à peine avait-il mis le frein à main que déjà elle sortait de la voiture pour s’effondrer quelques mètres plus loin - Damon eut le temps de voir qu’elle rendait le maigre contenu de son estomac avant de sortir de la voiture, y laissant un Bowie aboyant autant qu’il lui était possible de le faire en sentant que sa maitresse n’allait pas bien. « Meg ? Megan ? » Il contourna rapidement la voiture pour se jeter, presque littéralement, aux côtés de la jeune femme qui était assise par terre et surtout, qui était en pleurs. Son téléphone était à l’abandon par terre, mais il n’en avait rien à faire: ce qui le préoccupait lui était les larmes qui ruisselaient sur les joues de sa femme. Ce n’était malheureusement pas la première fois qu’il la voyait pleurer, mais là en cet instant il n’avait aucune idée du pourquoi et il avait cette sensation de perdre pied à ne pas savoir à quoi se raccrocher alors que clairement, ce n’était pas lui qui avait reçu cet appel qui la chamboulait elle. Prenant son visage entre ses mains, il se mit rapidement à essayer les larmes de ses pouces, cherchant à rattraper son regard. « Meg, regarde moi. » La voir dans cet état lui donnait déjà envie de pleurer à son tour, mais ce n’était pas le moment il s’en rendait bien compte. « Parle moi, dis moi qu’est-ce qui se passe. » La détresse dans la voix et dans le regard qui analysait chacun des traits de son visage à elle. « C’est qui au téléphone, dis moi c’est qui. » Parce-qu’il avait quelques idées en tête de qui pourrait être annonciateur de cette façon de mauvaises nouvelles - il n’avait envie d’entendre le prénom d’aucune de ces personnes -, mais la réalité n’était même pas encore une possibilité sur sa liste finalement, il allait rapidement l’apprendre.

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Megan Williams & @Damon Williams ☆ crédit/harley

 tw overdose, décès

« Tu m’auras pas. Je pourrais te dire au dernier moment de quelle valise t’as besoin, pas besoin de le savoir en avance. » L’échange est doux et agréable - je ne tente de tirer les vers du nez de mon époux que pour badiner et parce que je ne suis pas patiente lorsque je suis curieuse - et rien ne laisse présager que notre bulle de bonheur conjugal s’apprête à exploser. Je lui caresse la joue, laisse mon doigts glisser sur sa cuisse que j’effleure aussi du bout des doigts, non avec une arrière pensée lubrique mais bel et bien dans un geste de complicité et de tendresse, le genre qu’on ne voit que de la part de deux personnes qui qui s’aiment et qui sont autant à l’aise l’une avec l’autre que l’on peut l’autre. Le genre de complicité que je rêvais de trouver avec quelqu’un, lorsque j’étais adolescente et toute jeune femme.

Mais la bulle explose, et elle explose bruyamment et violemment. Au bout du téléphone, la mère de Charlie est en larmes et je ne comprends pas tout de suite de quoi il en retourne. En mon fort intérieur, je comprends tout de suite qu’un drame est arrivé puisque mon ventre se serre et que mes tripes se retournent. Et lorsqu’elle prononce ces trois petits mots, trois terribles mots - Charlie est morte - j’ai l’impression que le monde s’arrête. Je prends une claque, une vraie ou en tout cas c’est tout comme ; mes oreilles bourdonnent, ma vision périphérique se trouble et mon cœur se compresse. Un haut le cœur me pousse à ordonner à Damon de s’arrêter, mais mon estomac révulsé n’est que le symptôme le plus visible de ma détresse. Ce qui ne se voit pas est bien pire. J’ai le souffle court. Mes yeux se remplissent de larmes. Ma poitrine est secouée par d’incontrôlables sanglots tandis que, d’une main tremblante, j’essaye d’essuyer le coin de mes lèvres. Je n’entends pas Bowie aboyer à l’arrière du véhicule que j’ai laissé derrière moi. Je n’entends pas non plus Damon descendre en trombe et claquer sa portière violemment derrière lui alors que nous sommes garés en double file et que des voitures commencent déjà à klaxonner derrière nous. Eux aussi, je ne les entends pas. « Meg ? Megan ? » Je ne l’entends pas plus tomber à genoux à côté de moi. Je sens à peine les doigts de Damon attraper mon visage en coupe, pas plus que je sens ses pouces sur mes joues. « Meg, regarde moi. » Le regard empli d’une détresse palpable, je relève finalement les yeux vers lui. Je voudrais lui expliquer, je voudrais parler mais j’hoquète, incapable de réussir à articuler le moindre mot. « Parle moi, dis moi qu’est-ce qui se passe. » - « Je, je… » Les sanglots reprennent de plus belle et je n’arrive pas à articuler la moindre phrase cohérente. « Charlie. » Charlie n’est plus là, et je lui ai balancé des horreurs innommables ces dernières semaines. Charlie a été emportée de la même façon que ma mère l’a été avant elle, il y a un an et demi. Je pleure sans songer à quoi je ressemble. Plus tard, je serais mortifiée d’avoir été dans cet état face à Damon, lequel j’aspire qu’il ne me voit jamais qu’à mon avantage, que lorsque je suis belle à en mourir. Je ne suis pas belle en cet instant, même pas un peu. « C’est qui au téléphone, dis moi c’est qui. » Sans réussir à dire quoi que ce soit de plus, je me jette finalement au cou de Damon. Je niche mon visage dans son cou en tentant de contenir mes sanglots. Là, sans parvenir à me calmer, je parviens toutefois à articuler quelques phrases plus intelligibles. « La mère de Charlie. C’était la mère de Charlie. » Je n’ai pas caché à Damon ma brouille avec la jeune femme. Je ne lui ai pas caché la raison de notre éloignement non plus. Alors, ce que j’ajoute ne sera pas vraiment une surprise pour lui. Ça ne devrait pas être une surprise pour moi non plus : n’ai-je pas dit à Molly que toutes les personnes dans son genre sont vouées à connaître ce genre de destin ? « Elle a fait une overdose. Charlie a fait une overdose. » Et elle n’est plus là. Je n’arrive pas à ajouter la conclusion à cette histoire, mais elle est facile à deviner si on se base sur mon état.

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@megan williams

lieu: brisbane river, spring hill.
(c): harley (gif), luleaby (codage).

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C’était une vision qu’il aurait préféré ne jamais avoir. Pas parce-qu’il n’aurait pas voulu être présent aux côtés de Megan alors qu’elle avait appris une nouvelle qui la touchait en plein coeur et qui la secouait de toute part en cet instant, mais parce-qu’il n’avait pas envie que ce soit le cas. S’il y avait bien un objectif vers lequel tous ses faits, gestes et paroles au quotidien s’orientaient, c’était celui de rendre Megan heureuse - alors la voir s’effondrer en larmes à quelques mètres de lui sans qu’il ne puisse anticiper ou la rattraper convenablement ne faisait pas partie des choses dont il avait envie d’être témoin, non.

Ca ne l’empêcha pas de se précipiter à ses côtés l’instant suivant, sans une once d’hésitation, attrapant le visage de sa femme entre ses mains pour que son regard puisse croiser le sien. Bien sur que dans sa voix s’entendait l’urgence, que son coeur avait entrepris d’effectuer des battements désordonnés; il n’avait pas d’indice pour comprendre ce qui la rendait dans cet état, et déjà il se sentait désemparé. « Je, je… » Les sanglots étaient tellement présents qu’ils l’empêchaient de parler correctement. Il ne la blâmait pas, il aurait été le premier à se retrouver dans cet état pour à peu près tout et n’importe quoi surtout - il était le plus sensible des deux, ce n’était plus à prouver. « Charlie. » Et même: si elle n’ajoutait pas d’autre mot à cette explication qui n’en avait de nom que l’intention, une partie  de lui à l’intérieur compris sans davantage d’aide ce qu’elle essayait de lui communiquer. Pinçant les lèvres un instant, continuant de caresser des doigts le visage en larmes de Megan, il se forçait cependant à continuer pour qu’elle le dise, pour qu’elle confirme, pour être sur qu’il n’allait pas trop vite en besogne. Lorsqu’elle se jeta dans ses bras, qu’elle enserra ses bras autour de lui et qu’il en fit de même pour la réceptionner cependant, il sut qu’il avait comprit - les quelques larmes qu’il ne sut retenir malgré lui de son côté, que Megan ne pouvait présentement voir, en étaient le témoin. « La mère de Charlie. C’était la mère de Charlie. » Ses bras resserrèrent leur emprise un peu plus, si cela était possible. « Elle a fait une overdose. Charlie a fait une overdose. » Et parce-qu’il n’y avait malheureusement pas d’autre suite possible à cette histoire. De tout ce qui aurait pu lui arriver, bien sur que c’était cette version là que la jeune femme avait choisi: le reste aurait été trop ennuyant comme porte de sortie de ce monde. « Oh, Meg… » Que Damon se contenta de soupirer, alors qu’il se mettait à frotter son dos de sa main et qu’il déposait des baisers contre son crâne. « Je suis désolé, je suis désolé… » Qu’il se mit à murmurer en boucle, continuant d’effectuer des gestes qu’il voulait rassurant à son encontre.

Et il serait resté des heures et des heures comme ça s’il avait fallu que ce soit le cas, il n’aurait pas bougé d’un pouce si c’était ce dont elle avait besoin. Mais la voix à l’autre bout du téléphone se faisait entendre malgré que l’appareil soit à quelques espaces d’eux, tant la femme à l’autre bout continuait de hurler. Et puis, si Megan ne les entendait pas, Damon ne pouvait passer à côté du fait que la circulation routière s’énervait après leur voiture malgré garée et que le chien était à deux doigts de foncer dans la vitre tant il souhaitait voir comment sa maitresse allait. Déposant un baiser et un autre sur la joue de la jeune femme, il se recula quelque-peu - en profita pour essuyer ses propres larmes d’un revers de la main discrètement - avant d’attraper le téléphone de la jeune femme et de mettre fin à l’appel entrant. Il glissa l’appareil dans sa poche. « On peut pas rester là Meg, faut que je t'aide à te relever. » Et avec toute la tendresse qu’il avait à disposition, il s’appliqua à le faire; il ne chercha pas pour la suite et passa ses bras autour de son corps pour la soulever et la porter jusque la voiture. « On bouge juste un peu, pardon. » Et bien sur qu’il s’excuserait tout le reste de la journée pour tout ce qu’il se passerait. Bien sur qu’il ferait en sorte de ne pas lâcher sa main tant que c’était possible - il se devait juste de contourner la voiture, adressant un geste aux autres voitures passant à coté avant de se remettre aussi rapidement que possible dans la circulation. « Je m’arrête plus loin, dès que je peux. »

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Le sol s’est effondré sous mes pieds mais a oublié de m’emporter avec. Voilà l’effet que le coup de fil de la mère de Charlie me fait, voilà ce que je ressens alors qu’un nouveau haut le cœur me secoue mais qu’il ne me reste plus rien à vomir. Alors puisqu’il m’a laissé là, je m’accroche à mon pilier. Les bras passé autour de Damon, je pleure de toutes les larmes de mon cœur une amie qui a emporté avec elle des paroles méchantes, dures et certainement un peu injustes. Charlie a été là pour moi, avec moi, elle m’a tenu la main pendant ce qui a certainement été l’un des moments les plus douloureux de ma vie et elle a gardé le secret comme une tombe pendant quatre ans. Jamais elle n’a révélé à Jo qu’elle m’avait accompagnée dans cette clinique, j’en suis persuadée, jamais elle ne l’a révélé à qui que ce soit et je n’ai été capable de rien d’autre que de lui cracher tout mon fiel au visage quand elle a eu besoin de moi à son tour. Mon amitié est un poison. Je suis la personne la plus néfaste qui soit, et je ne méritais pas plus la blonde que je ne mérite Jo, Shiloh ou Damon. Je la méprise, mais je mérite une famille comme Molly. « Oh, Meg… » J’entends à peine la voix de Damon. « Je suis désolé, je suis désolé… » A la place des mots du blond, je tente de retrouver ceux que j’ai craché à Charlie dans cette boîte de nuit. Ceux que je lui ai adressé par message, au moins, sont gravés dans le marbre. Ils seront toujours les derniers que je lui ai adressés, les derniers qui s’afficheront à chaque fois que j’ouvrirais cette discussion. Je devrais les supprimer, mais je ne le ferai pas : je mérite de me sentir comme une merde.

« On peut pas rester là Meg, faut que je t'aide à te relever. » Un bras de Damon passe dans mon dos, l’autre vient me cueillir sous les genoux et il me soulève de terre. Mes bras s’enroulent autour de sa nuque par automatisme, mais je suis à peine consciente du monde qui m’entoure. Je suis à peine consciente d’être encore là, avec lui, au bord de la Brisbane River. « On bouge juste un peu, pardon. » Au niveau de la voiture, il me semble entendre Bowie qui s’agite et qui aboie sans comprendre ce qu’il se passe, à l’arrière de la voiture. La tête posée contre le torse de Damon, je laisse de chaudes larmes rouler sur mes joues sans être capable de m’arrêter. Lorsque j’ai appris le décès de ma mère, je n’ai pas pleuré. Je me suis contenue pendant des jours, avant de laisser ma détresse faire surface sous la forme d’une colère pure et sourde. Cette fois, je me sens anéantie. Charlie n’était pas ma mère. Billie a été une épave pendant des années et a mis plus de vingt ans à le payer. Charlie, quelques semaines seulement. C’est injuste. La faute d’une drogue coupée au fentanyl, comme je l’apprendrai bientôt. Elle est morte dans son appartement, seule, exactement comme Billie alors que ça aussi elle ne le méritait pas. Elle est morte avant que ses proches deviennent incapables de la reconnaître, en tout cas. Sa mère savait-elle que sa fille avait développé de mauvaises habitudes ? M’en voudra-t-elle terriblement, si elle apprenait que moi, je savais, et que je n’ai rien fait pour aider sa fille. J’ai envoyé une bouteille à la mer à Jo, en espérant qu’elle le fasse. Moi, je me suis contentée de la haïr de toutes mes forces, comme si le monde tournait autour de mon petit nombril. « Je m’arrête plus loin, dès que je peux. » - «Non. » Premier mot qui prouve que je l’entends, que je comprends ce qu’il dit. « Roule. » La tête contre la vitre, je peux pleurer sans qu’il ne me voit. « Ramène moi à la maison. » Je n’aurais pas la force de me lever. Je n’aurais pas la force de marcher, plus loin. Je n’ai plus la force de rien.

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Les options face à cette situation étaient nombreuses et multiples, pourtant il semblait à Damon qu’aucune ne serait jamais assez adaptée. Il voyait bien à quel point Megan était en train de s’effondrer, de perdre pieds; la seule chose qu’il désirait c’était d’être présent pour elle et de faire en sorte que tout se passe pour le mieux. Elle venait d’apprendre la perte de quelqu’un qui avait été important pour elle - il connaissait ce sentiment, ce ressenti, différemment bien sur mais pouvait à minima imager ce qu’elle pouvait ressenti -, et il lui semblait qu’il n’y avait rien qui pourrait réellement être fait pour lui venir en aide.

Au moins, il pouvait la protéger et la mettre à l’abri, là où elle ne l’était pas du tout alors qu’ils se trouvaient sur le bas côté d’une route, qui donnait elle-même sur le lit de la rivière. Avec douceur et tout l’amour dont il disposait, il fit alors en sorte de la remettre dans la voiture pour qu’ils ne restent pas là; si elle le désirait, il s’arrêtait quelques mètres plus loin à une hauteur plus sécurisée, pour qu’elle puisse continuer d’évacuer sa peine cela ne lui posait aucun problème - il répondrait à toute demande de sa part de toute façon. Mais il se devait de la transporter ailleurs qu’ici. « Non. » De l’entendre parler et réagir alors qu’il se réinsérait dans la circulation lui fit l’effet de reprendre son air alors en apnée depuis trop longtemps. « Roule. Ramène moi à la maison. » Tournant un instant, un seul, son regard vers elle il eut plutôt envie de s’arrêter pour la prendre dans ses bras - il ne le ferait pas, parce-que ce n’était pas le souhait qu’elle avait émis. « D’accord. » Qu’il murmura doucement, alors qu’il changeait de voie pour reprendre la route qui les ramènerait chez eux. Si c’était ce qu’elle préférait, il ne lui refuserait pas.

Une fois sur place, après un chemin retour des plus longs, des plus pesants durant lequel il n’avait pas lâché la main de sa femme de la sienne, il fit les gestes inverses de ceux qu’il avait effectué avant de remonter dans la voiture. Il ouvrit d’abord la portière arrière pour laisser Bowie sortir - il n’avait pas eu le droit à la balade qui lui avait été promis, il résoudrait ce problème là plus tard -, avant d’aller ouvrir en grand la porte d’entrée. Il revint à la voiture, ouvrit cela portière de Megan pour lui tendre les bras. « Viens. » Ce n’était pas une question: s’il fallait, il la garderait tout contre lui tout le reste de la journée, de la soirée, et tout le temps en plus qu’il serait nécessaire. Même une fois à l’intérieur, il s’installa dans le canapé en la gardant contre lui, l’installant sur ses genoux, déposant mille et un baiser contre la tempe de son crâne. « Je suis désolé Megan, je suis désolé. » Qu’il n’arrêtait pas de murmurer, à intervalles qui changeaient en fonction des baisers qu’il déposait et des respirations qu’il avait besoin de prendre. Il ne connaissait que trop bien la façon dont les choses s’étaient terminées entre Charlie et elle pour ne pas l’être, désolé. « Tu veux appeler Jo ? » Qu’il finit par glisser. L’idée n’était pas mauvaise, il n’était cependant pas tout à fait sure qu’elle soit bonne. Les deux jeunes femmes avaient plutôt tendance à avoir des réactions opposées aux situations, et peut-être que la brune n’aurait que tendance à enfoncer davantage l’idée dans le crâne de sa femme qu’elle était en partie responsable de ce dénouement. Il n’empêchait qu’elles étaient assez importantes dans la vie l’une de l’autre, et dans celle de Charlie, pour ne pas souffler l’idée qu’elle pouvait le faire, si cela lui semblait juste.

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« D’accord. » La voiture effectue un virage serré pour se déporter en direction de la route qui nous reconduira chez nous, mais je ne le sens même pas. Engourdie, j’appuie mon front contre la vitre fraîche de la voiture et, si je suis incapable de fermer les yeux – je revois les messages que j’ai envoyé à ma défunte amie lorsque je le fais, comme s’ils étaient imprimés sur la face interne de ma paupière – je ne suis plus vraiment là non plus. Mon regard est vague, vide, et je ne cherche même pas à couper les vannes pour que mes larmes arrêtent de couler. Ça n’a pas la moindre importance pour l’instant, d’être présentable et force. Ça n’a pas la moindre importance que de tenter de contenir mes émotions et, de toute façon, j’en suis incapable. Je suis une éponge, j’ai toujours agi comme tel et, aujourd’hui, je ne suis plus capable d’éponger et de retenir prisonnière la moindre émotion.

Nous aurions pu rouler dix minutes ou dix heures que cela n’aurait rien changé : quand la voiture s’arrête, je n’ai pas la moindre idée du temps qui passe. J’entends vaguement Bowie aboyer et s’impatienter à l’arrière lorsque mon Italien sort de la voiture pour lui ouvrir la porte – sans doute le molosse est-il contrarié de ne pas avoir eu le droit à sa longue balade – mais je n’entends pas Damon couper le moteur. Lorsqu’il s’approche de ma portière, mue par un réflexe de dernière minute, je décolle mon front du verre de la vitre pour ne pas basculer. « Viens. » Ses bras s’enroulent à nouveau autour de moi, et les miens en font de même autour de son cou. Je me laisse me soulever et me sortir de la voiture comme si j’étais une enfant qui se serait endormie sur le chemin du retour. A m’intérieur, lorsqu’il s’assied sur le canapé en me tant fermement, je reste blottie contre lui. Sa présence est la seule chose qui empêche mes nerfs de définitivement lâcher, ou en tout cas il s’agit du sentiment que j’ai. « Je suis désolé Megan, je suis désolé. » Les lèvres de Damon se pose sur ma tempe, ma joue ou au creux de ma nuque qu’il réchauffe de son souffle chaud. Ses longs doigts caressent doucement mon dos. Sa présence familière est rassurante : je ne vis pas l’instant en plein conscience, mais malgré tout, je me sens chez moi autant que je me sens protégée et aimée, quand je suis dans ces bras. Et ce, même en ce terrible moment.

Pourquoi les gens disent-ils qu’ils sont désolé quand ils n’ont rien à se reprocher ? D’où vient-elle, cette tournure de phrase désuète et incorrecte ? Damon n’est pas responsable du trépas de Charlie. Moi, j’ai en revanche le sentiment d’en avoir été complice. Je n’ai pas poussé la blonde à s’envoyer ces merdes, je ne lui ai pas collé la tête dans la poudre non plus. Toutefois, je savais, et plutôt que de l’aider, plutôt que de trouver une solution pour la sauver, je l’ai repoussée, j’ai été mauvaise, mesquine et méchante. J’ai fermé les yeux et je le regretterai certainement toute ma vie. « Tu veux appeler Jo ? » Je secoue la tête mollement. Jo doit être au courant, elle aussi. Ou pas. Elle le sera bientôt de toute façon, alors en quoi est-ce si important qu’elle vive un jour de plus sans avoir à penser au décès de l’une de ses meilleures amies ? Au contraire, elle dormira au moins bien ce soir. J’aimerais être à sa place. « Demain. » Je lui enverrai un message. J’ignore si je serai capable de décrocher le téléphone. « Je serai pas capable de lui parler ce soir. » La preuve en est, ces quelques mots sont entrecoupés par des sanglots. Dérouté par la douleur qui enfle dans mon cœur, je ressers mes bras autour du cou de Damon. « Reste avec moi. » Occupe-toi de moi. Cette fin de journée et ce soir, Damon devra me traiter comme si j’étais un nouveau-né, à peine une enfant.

rp terminé