you wouldn’t be the first renegade to need somebody

@lucas allen

lieu: queen street mall, spring hill.
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Ce n’était pas l’idéal, mais cela lui permettait au moins de joindre l’utile, à l’agréable, au pratique - plusieurs paramètres avaient été pris en compte avant de venir ici. Elle avait besoin de faire un saut à l’un des magasins de tissus du quartier, parce-qu’il lui manquait une teinte qu’elle n’avait pas réussi à trouver la dernière fois qu’elle y était allée; elle savait que les arrivages importants se faisaient toujours en début de mois, et ne voulait pas manquer celui du mois en cours. Elle avait aussi besoin de prendre l’air, de voir d’autres éléments que les murs de l’atelier et ceux de son appartement qui avaient été ceux qu’elle côtoyait surement de trop ces dernières semaines, le travail n’étant pas ce qu’il manquait loin de là - depuis le début de l’année, elle avait l’impression de courir en permanence à droite et à gauche, sans jamais s’arrêter. Et surtout, elle n’avait pas de mal à le dire: elle avait besoin de voir Lucas. Elle avait besoin de libérer son coeur de certains sujets qu’il était à peu près le seul à comprendre, et le seul aussi à qui elle arrivait à en parler pleinement sans se limiter. Même si les années s’étaient écoulées et commençaient à s’entasser dans la collection que le temps formait, elle n’arrivait toujours pas se libérer de certaines choses aux premières personnes qu’elle rencontrait, se cantonnant à ses repères familiers qui permettaient de rester dans sa zone de sécurité. Lucas faisait partie de cette zone de sécurité, il l’avait été depuis le premier jour, et il le serait surement pendant encore un bout de temps.

Millie lui avait donc donné rendez-vous dans la rue commerçante de leur quartier, lieu stratégique de plein d’échanges et où elle pourrait donc joindre tous les bouts qu’elle avait au creux de ses mains aujourd’hui. A peine le visage du jeune homme s’était fait voir à travers la foule qu’elle lui adressait déjà de grands signes de la main, sourire aux lèvres. Quelques pas faits de son côté pour terminer de combler la distance entre eux, et dans la foulée elle vint prendre le jeune homme dans ses bras sans retenue. Un sourire persistait déjà sur ses lèvres, alors qu’elle reculait pour laisser Lucas respirer un minium tout de même. « T’es conscient que d’accepter de m’accompagner aujourd’hui est un traquenard, et que je vais profiter des tes bras pour porter des rouleaux de tissu jusque chez moi ? » C’était une sorte de salutations un brin plus familier, une pointe de taquinerie dans ces dernières; parce-qu’elle avait toujours établis les choses de cette façon face à lui. Ou tout du moins, avec le temps et en apprenant à l’apprécier et à lui faire confiance. Penchant quelque peu sa tête sur le côté, Millie plissa le bout de son côté. « Je suis contente de te voir. » Et toute la sincérité de cette phrase transparaissait autant dans le ton emprunté par sa voix que dans son regard, qui naviguait sur les traits du visage du jeune homme. « Comment tu vas ? »

L’été arrivait doucement à son terme à Brisbane, ce qui réjouissait Lucas. Les lumières et les couleurs qui annonçaient l’automne avait toujours un pouvoir apaisant sur lui. Les journées n’étaient plus aussi chaudes mais les soirées restaient agréables. Tout ceci l’aidait beaucoup à ne pas replonger, à tenir son sevrage. Il s’était aussi replongé dans la musique récemment, tenant ses bonnes résolutions, parmi lesquelles il s’était promis de monter un groupe de jazz, cette année. Son trombone avait bien trop pris la poussière ces derniers temps, mais il avait aussi acheté une guitare d’occasion. L’idée de composer ses propres morceaux était bonne, puisque cela allait lui accaparer assez de temps pour penser à autre chose qu’à la douleur qui titillait sa jambe encore trop souvent. Mais aujourd’hui, son programme était différent : Millie avait sollicité son aide par message et, même s’il ne savait pas trop à quoi s’attendre avec la jeune femme qui vivait à cent à l’heure, il n’avait pas hésite une seconde pour la rejoindre en ville. Lucas sourit en sentant ses bras de autour de lui, lorsqu’il la retrouve dans leur quartier.. C'était toujours un moment de réconfort, un rappel de cette amitié solide qui les unissait depuis si longtemps. Il lui rend son étreinte avec chaleur avant de reculer légèrement pour répondre à sa taquinerie. « Un traquenard, carrément ? C’est trop tard pour faire demi-tour ? », demande-t-il, sourire aux lèvres. « En échange de mes bras, je veux que tu me couses un truc alors ! » Sa demande n’en est pas vraiment une, sachant très bien que Millie avait bien plus de travail qu’il n’en fallait. Voir son amie si heureuse de le revoir lui fait chaud au coeur, mais déclenche aussitôt un léger sentiment de culpabilité chez le pompier : il ne prenait pas souvent de nouvelles, les derniers mois ayant pris la forme d’un tunnel sans fin. Mais maintenant qu’il commençait à y voir la lumière au bout, il devait se promettre de remédier à cela. Surtout que les liens qui l’unissaient à la jeune femme méritaient d’être consolidés. « Moi aussi, ça me fait plaisir. », lui répond-il, sincère. « Comment tu vas ? », lui demande-t-elle, toujours souriante. « Oh, ça va plutôt bien. » Cette simple réponse, il le savait, n’allait pas la satisfaire, alors il en profite pour développer un peu. « Juste un peu occupé avec les réunions, quelques projets perso… Mais rien de trop fou. », finit-il par dire, juste assez pour piquer sa curiosité. Mais ce qui l’intéressait réellement, c’est les raisons pour lesquelles Millie avait dû le solliciter. Il la sait très indépendante et le fait qu’elle lui demande son aide ne pouvait signifier que deux chose : soit, elle allait acheter la moitié du magasin de tissus et avait un projet titanesque en préparation ; soit, elle avait besoin de le voir pour lui parler de quelque chose. « Et toi ? J’imagine que si t’as fait appel à mes gros bras musclés pour déplacer des montagnes de tissus, c’est que t’as un gros projet à venir ? Un défilé ? », demande-t-il, curieux. Ils font quelques pas dans l’agitation de la rue, avant de pousser la porte de la boutique où Millie voulait les emmener. Une petite clochette tinte pour annoncer leur entrée. Lucas ne peut s’empêcher de poser les yeux tout autour de lui, impressionné, tandis qu’une odeur semblable à celle qu’on peut sentir dans les vieilles librairies vient chatouiller ses narines. L’ancien pompier a toujours adoré visité les petits commerces de son quartier, tous pourvus d’une âme, d’une odeur particulière. Ça lui rappelait le disquaire où il a travaillé quand il était plus jeune, avant de devenir pompier. « Alors, qu’est-ce qu’on cherche ? T’as une idée précise ? Ou bien tu fonctionnes au coup de coeur ? », questionne-t-il en rejoignant son amie, déjà en quête du plus beau tissu qui correspondrait à son projet.

@Millie Butcher

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Elle ne mit qu’un instant pour remarquer que Lucas n’hésita pas à lui rendre son étreinte, et celui lui fit du bien; savoir que les choses ne changeaient pas avec le temps et étaient toujours assez solides pour être de valeur sure faisait du bien. « Un traquenard, carrément ? C’est trop tard pour faire demi-tour ? » Millie lui rendit son sourire sans une once d’hésitation, plissant quelque peu le bout de son au passage. « Je pense que c’est trop tard oui. » Surtout: elle ne le laisserait pas partir aussi vite et avec autant de facilité. « En échange de mes bras, je veux que tu me couses un truc alors ! » Fermant les yeux et laissant un petit rire se faire entendre, elle secoua quelque peu sa tête, reposant son regard sur celui qui avait pendant un temps était son beau-frère. « Tu sais que je peux te le faire ça n’importe quand ? Pas besoin que ce soit pour me faire pardonner ? » Elle le ferait pour toutes les occasions s’il le souhaitait, la question ne se posait même pas; elle savait aussi qu’il avançait cette idée là ici pour l’embêter et pour aucune autre raison.

« Moi aussi, ça me fait plaisir. » Son sourire perdura encore un instant, bien sur, à entendre ces mots. « Oh, ça va plutôt bien. » Elle haussa un sourcil: ils savaient qu’ils se devaient de développer plus que ça lorsqu’ils n’étaient que tous les deux, ce n’était souvent pas une réponse satisfaisante. « Juste un peu occupé avec les réunions, quelques projets perso… Mais rien de trop fou. » - « Tu m’en dis trop ou pas assez là. » Il ne s’en sortirait pas de cette sorte - parce-que la réponse qu’il lui donnerait, qu’importait la composition de cette dernière, serait intéressante pour elle. Mais étant donné qu’il reprit la parole pour centrer la conversation sur une autre chose, elle se doutait qu’il ne développait pas parce-qu’il avait une autre idée en tête. « Et toi ? J’imagine que si t’as fait appel à mes gros bras musclés pour déplacer des montagnes de tissus, c’est que t’as un gros projet à venir ? Un défilé ? » Pinçant ses lèvres un instant, elle finit par opiner du chef avant de se mettre en marche vers le dit-magasin qu’elle souhaitait visiter en premier lieu. Elle joignait l’utile à l’agréable, mais il fallait effectivement qu’elle applique l’utile dans cette situation et elle ne pouvait se permettre de repartir sans ce qu’elle état venue chercher. « Nouvelle collection. » Pour répondre à l’interrogation de Lucas sur la raison qui la poussait à arpenter ce magasin là aujourd’hui. « Et promis, j’ai pas autant de quantité que ça à porter,  tu vas t’en sortir. » C’était plus l’occasion qui l’avait poussée à lui proposer de l’accompagner plutôt que la nécessité qu’il soit avec elle.

Ils poussèrent la porte du magasin, et Millie se sentit comme chez elle à peine le seuil de porte passé. Elle adorait arpenter ce type de magasins, parce-qu’elle sentait qu’elle était parfaitement on osmose avec son environnement; ce n’était pas tout le temps le cas, bien qu’elle n’en paraissait souvent pas moins. « Alors, qu’est-ce qu’on cherche ? T’as une idée précise ? Ou bien tu fonctionnes au coup de coeur ? » Elle esquissa un petit sourire. « Je serai toujours impressionnée de la façon dont t’arrives à te montrer enthousiasme dès que ça concerne mon boulot alors que c’est pas du tout ton domaine initialement. » Après lui avoir accordé un nouveau petit sourire, elle se mit à arpenter lentement mais surement les allées de la boutique. « En vrai, je sais déjà ce que je veux exactement. C’est un tissu précis, mais ils l’avaient plus en stock l’autre jour. » Après ça, elle irait directement le déposer à l’atelier de chez Weatherton pour que les personnes nécessitant ce dernier puissent continuer de travailler. « J’avais juste envie de te voir, et comme mon planning est souvent très chargé, je me suis dit qu’au moins si je t’embarquais avec moi je pourrais prendre de tes nouvelles. » S’il y avait bien quelque-chose de pratique avec Millie pour son entourage, c’était qu’une fois que vous passiez la barrière de protection qu’elle érigeait autour d’elle, elle était à coeur ouvert et ne cherchait pas à cacher ses ressentis ou sentiments. Il fallait passer la barrière, mais après tout était plutôt aisé à obtenir.

C’était pour prendre dessus nouvelles, passer un peu de temps avec lui, mais également aborder des sujets qui fâchaient un peu plus. Si elle était facilement ouverte à discuter sans filtre lorsqu’elle connaissait bien les gens, elle n’était pas tant du genre à tourner autour du pot lorsque c’était effectivement le cas; Lucas le savait, il y avait de fortes chances qu’il ne soit pas tant surpris que cela par son comportement et sa façon d’aller plutôt droit aux choses. Laissant ses doigts glisser sur les tissus, elle détourna son regard vers ces derniers plutôt que vers lui. « T’as eu de ses nouvelles ? » De sa soeur - pas qu’ils étaient en bons termes et passaient la plupart du temps à s’appeler pour se rappeler du bon vieux temps, bien au contraire. Mais au cas où - elle n’était pas capable de prendre son téléphone pour discuter avec sa propre soeur, mais peut-être qu’elle le faisait avec celui qui avait fut un temps était son compagnon.

Il est évasif sur sa vie actuelle, ne pouvant s’empêcher de vouloir protéger Millie. Non pas qu’elle ne pourrait pas comprendre, bien au contraire. Elle est l’une des personnes les plus courageuses qu’il connaisse. L’admiration qu’il a pour la brunette est sans limite, mais il sait aussi combien elle a souffert. Aussi, il aime que leurs moments ensemble soient consacrés à des instants heureux. Voir le visage de Millie illuminé par la joie lorsqu’ils sont entrés dans le magasin en est un parfait exemple. Il adore la voir porter cette sérénité en elle, chose qui s’était faite rare par le passé, quand ils étaient plus jeunes. « Je suis toujours enthousiaste quand c’est quelque chose qui te rend heureuse. », répond-il simplement, avec sincérité. Un brin cheesy, mais il le pensait. La jeune femme avait une place spéciale dans sa vie et il aimait lui rappeler quand il en avait l’occasion. Et elle savait le lui rendre. « Wow, je me sens honoré que t’aies réussi à me caser dans ton emploi du temps de ministre, miss Butcher. », dit-il en la taquinant. Il vient passer son bras autour de ses épaules pour la serrer un bref instant contre lui, en riant. Sans s’en rendre compte, Millie lui apportait la légèreté dont il avait besoin, et s’il fallait porter des kilomètres de tissus pour ça, il le ferait sans hésiter.
Néanmoins, cette légèreté s’est évaporée en instant, en une seule question. Un rire - jaune cette fois - s’échappe des lèvres de Lucas. Il trouvait toujours particulière cette façon qu’ils avaient tous les deux de ne pas prononcer son nom, comme s’il s’agissait de Voldemort en personne, et que sa simple énonciation pouvait la téléporter la principale concernée ici et maintenant, auprès d’eux. Ottie, la grande soeur de Millie, n’était plus qu’un souvenir douloureux pour lui et il espérait ne plus jamais avoir affaire à elle. Leur relation était même un regret pour Lucas, qui aurait préféré pouvoir l’effacer de sa mémoire. La seule chose dont il était reconnaissant envers son ex, était sa rencontre avec Millie. Et le fait que cette dernière évoque sa soeur en cet instant n’était pas un bon présage. « Pourquoi tu me demandes ça ? Elle a essayé de te contacter ? », demande-t-il en retour, sourcils froncés. Évidemment, il ne faut pas plus de quelques secondes pour que l’inquiétude grandisse chez l’ancien pompier, mais il choisit de ne pas la montrer. « Pas de nouvelle de mon côté, et c’est tant mieux. », finit-il par répondre, voulant se montrer détaché. Il observe la jeune femme à ses côtés un instant, son regard rivé sur le tissu qu’elle tenait entre ses doigts. « Millie. » Il l’interpelle pour qu’elle lève la tête et qu’il puisse planter son regard dans le sien, fuyant depuis qu’elle a posé la question. « Il se passe un truc ? » Il sait qu’elle ne lui en voudra pas de poser la question directement ; Lucas a appris avec le temps que la couturière n’aimait pas les chemins de traverses et préférait largement l’honnêteté. Et il préférait chasser les fantômes, plutôt que de les laisser traîner autour de lui.

@Millie Butcher

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« Je suis toujours enthousiaste quand c’est quelque chose qui te rend heureuse. » Avec un petit sourire en coin, elle pencha quelque peu son visage sur le côté. « Et c’est ce que je dis: j’en serai toujours impressionnée. » Parce-qu’il n’existait initialement pas la moindre raison pour que les choses se passent de cette sorte entre eux, et Lucas n’avait aucune obligation de se montrer enthousiaste de cette façon. Il aurait pu rompre tout contact depuis bien, bien longtemps maintenant - pourtant, il se montrait toujours présent dès qu’elle l’appelait, dès qu’elle lui proposait de se voir, pour n’importe quelle raison et quel sujet. Alors bien sur qu’elle était heureuse de le voir aujourd’hui - au moins autant qu’elle l’était de pouvoir enfin mettre la main sur ce dont elle avait besoin -, et qu’il lui avait semblé normal de faire une place dans son emploi du temps pour que cela puisse être le cas. « Wow, je me sens honoré que t’aies réussi à me caser dans ton emploi du temps de ministre, miss Butcher. » Elle leva les yeux au ciel, et s’il n’était pas venu la prendre par les épaules pour la serrer contre lui un instant, elle se serait surement permis un petit commentaire; ce n’était plus nécessaire ici, il avait balayé toute envie d’un geste tendre et rassurant, peut-être ce dont elle avait besoin ces derniers temps.

Parce-qu’il y avait toute cette partie là de qu’elle désirait aborder aujourd’hui. Elle savait que ce n’était pas pour cette partie là initiaient que Lucas avait signé, mais le pauvre jeune homme qu’il était à l’époque s’était retrouvé embrigadé dans des affaires qu’il aurait surement préféré garder loin de lui. Il n’empêchait qu’aujourd’hui, il faisait partie des personnes en qui Millie avait le plus confiance; parce-que justement, il était là depuis le début et elle le savait en rien impliqué d’une mauvaise façon dans tout ça. Et ce type de personnes là ne courraient pas les rues. « Pourquoi tu me demandes ça ? Elle a essayé de te contacter ? » Doucement, elle secoua sa tête de gauche à droite. « Elle m’a pas contacté non. » Ottie prenait-elle rien que le temps de penser à sa soeur ? « Pas de nouvelle de mon côté, et c’est tant mieux. » C’était surement effectivement pour le mieux. « Millie. » Son attention à elle se portait sur le tissu comme s’ils avaient la plus casuelle des conversations. « Il se passe un truc ? » Faisant rouler ses lèvres l’une sur l’autre, ce fut avec un visage malheureusement bien plus fermé qu’elle se tourna de nouveau vers Lucas. « Rien de grave. » Parce-qu’elle voyait l’inquiétude dans le regard qu’il posait sur elle; cela lui semblait nécessaire de lui préciser qu’il n’y avait pas de danger réel. Elle soupira quelque peu. « Mais j’ai pas réussi à l’arrêter, tu sais. » Parce-que le noeud du problème se trouvait là ces dernières semaines, et c’était ce dont elle désirait parler avec lui aujourd’hui. « Pour le film. » Parce-qu’il se devait d’être au courant, même si elle lui disait ça comme si c’était une nouvelle: il allait voir le jour, il allait être projeté en salles. Millie avait essayé pourtant; peut-être pas comme ses premières paroles le laissait entendre, mais elle y avait mis du sien quand même. « Ou plutôt j’ai pas réussi à saboter son projet sans lui en parler directement, alors c’est pour ça que je te demande si t’as de ses nouvelles. Si toi au moins elle t’a prévenu, ou j’en sais trop rien en fait. » Haussant presque vaguement les épaules, elle laissa ses doigts glisser de nouveau le long du tissu qu’elle ne saurait lâcher.

L’insouciance a laissé place à l’inquiétude et la simple évocation d’Ottie, sans que son nom n’ait eu besoin d’être prononcé avait refroidi l’ambiance. Une bonne dizaine de scénarii se bouscule dans sa tête, tous pires les uns que les autres. L’aînée des Butcher a semé la pagaille dans la famille, plus qu’elle n’en a eu déjà besoin. Tout le monde lui a tourné le dos, Lucas y compris, lorsque son projet de faire de la disparition du petit Reggie une oeuvre lucrative a été dévoilé. Le pompier essaie de décrypter dans le regard de Millie si quelque chose de grave se trame, mais celle-ci semble déterminer à fixer le tissu qu’elle fait rouler entre ses doigts, empêchant Lucas d’y découvrir le moindre indice. Il pose alors la question directement et qu’il entend dans la bouche de la cadette Butcher lui donne la nausée, l’espace d’un instant. Ainsi, Ottie n’avait pas abandonné ce projet ridicule d’adaptation cinématographique d’un roman qui avait déjà fait coulé beaucoup d’encre - et pas seulement. L’appât du gain n’avait donc aucune limite chez son ex, qui préférait visiblement l’argent et la notoriété à la dignité et la tranquillité de sa famille, bien que cette dernière ait été brisée des années auparavant. Lucas le sait bien, puisqu’il a lui-même assisté à l’effondrement de la famille Butcher, puis l’explosion de la relation de ses deux filles, il y a plus d’une dizaine d’années. « Putain, mais quelle g… » Garce voulait-il prononcer mais ses manières de gentleman l’en ont retenu avant que le mot passe la barrière de ses lèvres. De nombreux noms d’oiseaux et autres insultes lui passaient par la tête. Une colère sourde naviguait à flot dans les veines de Lucas, qui ne supportait pas de voir Millie impuissante de voir sa propre soeur remuer le couteau dans une plaie qui ne s’est jamais vraiment refermée, pour son propre profit. Le jeune pompier qu'il était à l’époque a vu la jeune fille pleine de vie s’éteindre à petit feu, prise dans un tourment médiatique malgré elle, abandonnée par sa mère puis trahie par sa grande soeur. Le trentenaire avait la violence en horreur, mais s’il avait ne serait-ce que la moindre idée d’où il pourrait trouver Ottie, il y serait certainement déjà, prêt à utiliser n’importe quelle manière pour dissuader cette femme qui le révulsait. « On peut vraiment rien faire ? », demande alors Lucas, tentant de maintenir la sourde colère qui emplissait maintenant son coeur sous silence, pour ne pas inquiéter Millie. « J’ai quelques contacts… Je peux demander à Mabel, elle a un peu d’influence dans ce milieu, j’imagine qu’elle peut convaincre la personne qui a accepté d’adapter ce torchon de tout arrêter, que ça va être un véritable échec… Je peux demander à Greta aussi, elle a donné les droits pour son livre l'an dernier, je suis sûr qu’elle doit connaître quelqu'un qui… », réfléchit Lucas à voix haute. Mais il s’arrête, lisant dans le regard de la couturière que, tout cela, elle l’avait déjà certainement essayé. Et que cela n’avait rien donné. Les approches indirectes s’étaient visiblement toutes soldées par un échec. Il ne restait alors qu’une autre stratégie à adopter. « Tu veux que j'aille lui parler ? », finit-il par proposer. Lucas craignait que Millie ne le fasse en premier, et Lucas tenait absolument à éviter que les deux soeurs ne se retrouvent l’une en face de l’autre. Il ne remettait pas en question la courage et la détermination de la brune, mais il savait aussi combien son aînée pouvait être un poison, manipulatrice et mielleuse lorsqu’il s’agissait d’arriver à ses fins. Le pompier avait Ottie en horreur et la simple idée de reprendre contact avec elle l’écoeurait, mais il aurait fait n’importe quoi pour protéger Millie.

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« Putain, mais quelle g… » Pinçant ses lèvres entre elles, avant de les faire rouler l’une sur l’autre, elle ne sut retenir le soupir entendu qui menaçait de s’échapper. Elle ne le dirait pas non plus, mais ils étaient raccord sur ce point: Ottie méritait surement un ou deux noms à peine polis pour la façon dont elle se comportait et pour souligner l’obsession dont elle faisait preuve pour ce sujet là. Peut-être qu’un jour, ils auraient la paix - mais cette dernière semblait s’éloigner davantage de jour en jour sans le moindre moyen d’être rattrapée. « On peut vraiment rien faire ? » Lentement, Millie secoua sa tête de gauche à droite. « Le film est déjà annoncé. » - « J’ai quelques contacts… Je peux demander à Mabel, elle a un peu d’influence dans ce milieu, j’imagine qu’elle peut convaincre la personne qui a accepté d’adapter ce torchon de tout arrêter, que ça va être un véritable échec… Je peux demander à Greta aussi, elle a donné les droits pour son livre l'an dernier, je suis sûr qu’elle doit connaître quelqu'un qui… » Relevant cette fois-ci son regard vers Lucas, elle eut un instant où elle resta pantoise avant de lui adresser un fin sourire; ce dernier manquait d’éclat, mais il soulignait en partie la certaine tendresse qu’elle éprouvait à son égard. « C’est gentil, Lucas. Mais on va pas déranger qui que ce soit. Mabel a assez de boulot à côté pour être embêtée par tout ça. Je ne connais pas Greta, mais je pense qu’elle a d’autres affaires à traiter aussi. » Elle inspira longuement, haussant quelque peu les épaules. « Et l’une ou l’autre ne pourra pas faire bien plus que l’un des acteurs principaux avec qui j’ai été mise en contact qui n’a rien pu faire non plus. Ca vaut pas le coup de les déranger. »

Après un instant d’hésitation, elle sortit son téléphone portable; ouvrit Instagram sur la page qui lui avait fait découvrir l’affiche du film. Elle tourna l’écran dans la direction du jeune homme. « C’est déjà trop avancé pour qu’on puisse trouver quelqu’un qui y fera quelque-chose, je pense. » C’était aussi et surtout pour ça qu’elle voulait le voir aujourd’hui: s’il n’était pas encore au courant qu’une date avait été communiquée pour la sortie du film, il n’était pas question qu’il l’apprenne de quelqu’un d’autre. Elle l’avait appris sur les réseaux, ce n’était pas pour autant que cette mauvaise expérience devait être celle de tout le monde. Il fallait aussi qu’elle en parle à son père - mais un problème à la fois: aujourd’hui, elle gérait le fait d’en parler à Lucas.

« Tu veux que j'aille lui parler ? » Avec douceur, elle étira un petit sourire. « Je te dirai pas de pas le faire. » Parce-qu’à ses yeux, il n’était pas question de déranger des personnes qui étaient extérieures aux problèmes qui concernaient leur famille; ça avait déjà été assez longtemps le cas, ce n’était pas nécessaire de repartir sur des mauvaises habitudes qui ne leur avaient jamais apporté rien de bon. « Mais j’ai pas envie que tu te fasses du mal. » Avec Lucas, c’était différent; malgré lui - ou de façon assez volontaire en réalité -, il était impliqué jusqu’au cou dans cette affaire aussi. Et surtout: il était là depuis le début. Pour Millie, la différence était importante à souligner. Elle qui peinait à faire confiance, c’était là un élément important. « Je pense pas qu’elle ait meilleur caractère maintenant, et à part faire remonter de vieux souvenirs pour toi… Je te demanderai pas de le faire, mais je t’en empêcherai pas non plus. » Il y avait de fortes chances qu’elle aille elle-même la voir finalement avant que quiconque d’autre ne le fasse, mais peut-être que d’entendre le dégout de ces actions de la part d’une autre personnes fonctionnerait mieux auprès d’Ottie.

Millie avait rejeté chacune de ses propositions, avec gentillesse. Certainement que d’entendre le pompier lui proposer son aide l’avait attendrie et qu’elle avait trop de peine à réduire trop brutalement en poussières les espoirs qu’il avait de pouvoir avoir une quelconque influence sur l’annulation du film adapté du roman d’Ottie. Lucas se sentait dépassé et impuissant de ne pas pouvoir protéger son amie de sa sorcière de soeur. À l’époque, il était trop jeune et avait été trop naïf pour faire quoique ce soit. Il ressentait donc d’autant plus d’amertume aujourd’hui, alors qu’il était plus mature, plus expérimenté. Et pourtant, il avait à nouveau sous-estimé la déloyauté et l’hypocrisie de l’ainée des Butcher. Le post instagram que Milie finit par lui mettre sous le nez achève de convaincre Lucas qu’effectivement, il est trop tard. L’ancien pompier y découvre l’affiche du film, avec sa date de sortie. Cela faisait longtemps qu’il n’avait ressenti pareille colère, mais il s’efforce de la contenir pour ne pas inquiéter la brune à ses côtés. Il est trop tard, mais peut-être peut-il faire quelque chose lui-même ? Après tout, si Ottie restait la même femme avide de gloire, sans aucune empathie, Lucas, lui s’était endurci. L’idée de la menacer lui traverse l’esprit, sans savoir de quoi exactement. Lui proposer un marché ? Qu’aurait-il à échanger d’assez grande valeur pour qu’elle accepte d’annuler son propre film ? Pactiser avec le diable n’a jamais été profitable à qui que ce soit, si ce n’est le diable lui-même. Il se permet malgré tout de faire part à Millie de son idée de confronter sa grande soeur, ce à quoi elle répond d’abord par un sourire. La surprise s’affiche alors sur le visage du pompier, qui s’attendait à ce que la brune rejette cette idée en bloc. Elle émet quelques réserves, évidemment, mais n’apparaît non plus totalement fermée à sa proposition. « Tu sais, j’ai pas meilleur caractère non plus, aujourd’hui. », finit-il par répondre, pour rassurer son amie. Et Lucas n’entretenant plus aucun sentiment amoureux, ou même positif pour son ex-petite amie, il se voyait difficilement la prendre en pitié. « Arrête de penser à moi. J’en ai plus rien à secouer de cette meuf. Si ce n’est qu’elle me dégoûte. » La fin de se phrase est plus acide qu’il ne l’aurait voulue, la colère qu’il ressentait depuis quelques minutes maintenant menaçant de déborder. Le pompier se force à prendre une bonne inspiration, avant de reprendre. « Là, c’est toi qui comptes, Millie. » Ses prunelles noisette s’étaient plantées dans celle de Millie, déterminées à lui faire passer son message. « S’il faut que j’aille lui parler, j’irai. Si je n’ai, ne serait-ce qu’un infime moyen de lui mettre un grand coup de pression, je me poserai même pas la question d’y aller ou pas. » Et c’était bien là tout la question. Il n’avait aucun moyen à sa connaissance qui permettrait d’arriver à leurs fins. « Il nous faut juste un plan. », finit par admettre Lucas. Lui, n’avait pas la moindre idée de ce qui pourrait les aider à peut-être faire chanter Ottie. Mais Millie, elle, en avait peut-être une. Encore faudrait-il qu’elle ait envie de l’utiliser contre sa soeur.

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C’était surement là une réaction bien lâche de sa part, que de se confier à l’une des seules personnes qu’elle savait d’avance dans le même camp qu’elle lorsqu’il s’agissait d’Ottie. C’était surement autant lâche de sa part que ne pas s’opposer à l’idée que Lucas aille parler à sa soeur alors que le contexte n’était pas aisé pour lui non plus; plus qu’il ne pouvait l’être pour elle, mais ce n’était pas pour autant que cela se devait de lui servir d’excuse. Elle n’était pas fière de l’idée de se retrouver là aujourd’hui, mais en même temps il existait si peu de personnes qui sauraient la comprendre un minimum que parfois, se raccrocher à elles ça faisait du bien. Egoïstement, ça lui faisait du bien. « Tu sais, j’ai pas meilleur caractère non plus, aujourd’hui. » Elle étira un petit sourire, laissant une touche de malice s’accrocher au coin de ce dernier. « C’est même pas comparable, Lucas. » Il avait changé - ils avaient tous changé avec les années et le temps passé; mais elle était persuadée que cela ne pourrait jamais être pire que le caractère que sa soeur avait développé avec les années. Et puis elle avait vu comment il avait pu évoluer avec les années: il avait bon caractère à ses yeux.

« Arrête de penser à moi. J’en ai plus rien à secouer de cette meuf. Si ce n’est qu’elle me dégoûte. » Millie dodelina de la tête: bien sur qu’elle penserait à lui, elle ne saurait faire autrement. Elle avait besoin de se raccrocher mais elle ne savait le faire complètement, ayant eu plus d’aise jusqu’alors dans sa vie en repoussant les autres et en repentant sur elle. Elle s’améliorait avec l’âge, mais ce n’était pas encore ça. « Là, c’est toi qui comptes, Millie. » - « C’est pas que moi qui compte. » Ce n’était jamais que elle qui comptait, ça n’avait jamais été le cas - et c’était là quelque-chose qu’Ottie n’arrivait pas à intégrer, et il était hors de question que ce soit sa façon de faire distant ses pensées à elle aussi. C’était justement parce-qu’elle savait qu’elle n’était pas la seule à prendre en compte qu’elle en était là aujourd’hui, devant lui, à lui autant qu’elle voulait qu’elle ne voulait pas qu’il aille parler à sa soeur. « S’il faut que j’aille lui parler, j’irai. Si je n’ai, ne serait-ce qu’un infime moyen de lui mettre un grand coup de pression, je me poserai même pas la question d’y aller ou pas. » Un soupir, autant de soulagement que d’embarras, s’échappa de son côté. « Il nous faut juste un plan. » - « Je vais… essayer d’aller la voir, moi. » Ce n’était pas ce dont elle avait envie mais en même temps, ce n’était pas quelque-chose d’optionnel. Si elle voulait que certaines choses changent, elle se devait de s’en occuper elle-même et surtout de ne pas se cacher derrière d’autres personnes. « Et le plan pourrait juste être de… tu vas lui parler à la suite ? » Millie releva un regard autant empli d’une certaine peine que d’un certain espoir. « J’ai beau vouloir que ce soit pas le cas, ça se passera mal. Tu pourrais aller la voir sur cette excuse là, comme ça. » Et peut-être qu’en voyant Lucas, Ottie changerait son fusil d’épaule et serait prête à entendre ce que d’autres avaient à dire.

« C’est pas que moi qui compte. » Lucas pince les lèvres, impuissant. Évidemment, Millie cherchait aussi certainement à protéger son père de toute cette tempête médiatique à venir. L’ancien pompier avait bien du mal à comprendre cette piété filiale dont la jeune femme faisait preuve - ses propres relations avec son paternel étant aujourd’hui inexistantes. Quand diable la brune allait-elle penser à elle, pour une fois ? Il lui propose alors de prendre les devants, d’aller parler lui-même à Ottie. Il espérait au moins lui éviter une confrontation directe, la soulager de ce poids. La réponse de la couturière lui fait hausser un sourcil. Décidément, toutes ses propositions pour l’aider tombent à l’eau et voilà son amie prête à se jeter directement dans la gueule du loup. Toutefois, Lucas sent une vague de détermination le traverser alors que Millie continuer de dérouler son plan. Sa suggestion de le voir comme une deuxième vague d'assaut dans leur confrontation avec Ottie le surprend. Il savait combien il était difficile pour son amie de faire face à sa sœur seule, et cette prise de décision indiquait qu'elle aussi, comme lui, avait changé et gagné en résilience. « Tu es vraiment sûre de vouloir y aller d’abord ? », demande le pompier, cherchant dans le regard de Millie une quelconque hésitation qu'il pourrait exploiter pour alléger son fardeau. Mais il n’en est rien. La brune se contente d’hocher la tête, résolue. Elle n’est plus la gamine renfermée, impuissante et résignée qu’elle était lorsque son monde a soudainement basculé. Elle est devenue une femme courageuse, déterminée, résiliente. Et Lucas ne pouvait que respecter et encourager cela. Il hoche la tête à son tour, avant de lui adresse un sourire confiant. « Très bien. Alors je serai prêt, si besoin. Je ne laisserai pas Ottie te briser. Pas une seconde fois. » Il se met à réfléchir à la meilleure manière d'aborder Ottie après la confrontation de Millie. Il ne pouvait pas compter uniquement sur sa colère ; il devait faire preuve d’intelligence, de stratégie. L’aînée des Butcher était habile et manipulatrice, mais le pompier savait qu'elle avait ses propres faiblesses. « Je pense que je vais essayer de jouer sur son orgueil. » dit-il à voix haute, exposant son plan à la brune. « Elle se sent invincible, mais si je lui fais comprendre que sa réputation pourrait être en danger, elle pourrait reculer. Peut-être que si je lui laisse croire que j’ai des informations compromettantes sur elle… » Il n’en avait aucune, mais cela valait la peine d’essayer. « Dans tous les cas, tu peux compter sur moi. On fait équipe, d’accord ? », affirme-t-il à nouveau. Il n’avait jamais été aussi prêt à défendre quelqu’un qu’il tenait en si haute estime.

@Millie Butcher

you wouldn’t be the first renegade to need somebody

@lucas allen

lieu: queen street mall, spring hill.
(c): emziess (gif), luleaby (codage).

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Même si ça aurait été plus simple, elle ne comptait pas emporter qui que ce soit avec elle dans sa chute - si elle pouvait la nommer ainsi. C’était là l’un des traits de Millie: elle avait pris l’habitude avec le temps de se rappeler qu’elle n’était pas seule, que les choses ne l’impactaient pas seulement elle, et qu’elle se devait de faire attention à son entourage. En clair: faire tout ce qu’Ottie n’avait pas fait de son côté. Alors elle n’emporterait pas volontairement Lucas dans sa chute, tout comme elle n’oubliait pas qu’elle n’était pas seule et que son père subirait les conséquences de la moindre guerre entre ses filles - même si l’une n’était pas de son côté et passait son temps à ignorer le mal qu’elle lui faisait.

« Tu es vraiment sûre de vouloir y aller d’abord ? » Elle étira un sourire sans amusement, en haussant vaguement les épaules. « Non. » Il n’était pas possible de lui reprocher de ne pas être honnête et directe. Elle inspira longuement. « Mais si je le fais pas, je m’en voudrais. » Parce-qu’il y avait certaines choses qui étaient à endosser, malgré tout, et même si cela risquait de faire mal: elle ne se rappelait pas la dernière fois qu’elle avait croisé la route de sa soeur et que ça ne s’était pas terminé et traduit par des larmes.

« Très bien. Alors je serai prêt, si besoin. Je ne laisserai pas Ottie te briser. Pas une seconde fois. » Elle pencha quelque peu sa tête sur le côté, esquissant une moue qui était on ne pouvait davantage reconnaissante. Parce-que si Ottie l’avait brisée elle, elle avait aussi brisé Lucas et il n’était pas obligé de se montrer présent à ses côtés. « T’es pas obligé tu sais. Je t’en voudrais pas si tu préfères ne pas t’impliquer. » Parce-qu’elle ne désirait pas qu’il se mette dans une position inconfortable pour elle. « Je pense que je vais essayer de jouer sur son orgueil. Elle se sent invincible, mais si je lui fais comprendre que sa réputation pourrait être en danger, elle pourrait reculer. Peut-être que si je lui laisse croire que j’ai des informations compromettantes sur elle… » A ces mots là, Millie ne sut s’empêcher d’avoir un petit sourire pincé, et un regard empli d’affection pour Allen. « Dans tous les cas, tu peux compter sur moi. On fait équipe, d’accord ? » Avec délicatesse, la jeune femme fit un pas en avant pour passer son bras autour des épaules de Lucas et lui donner une accolade qu’elle garda encore un instant et un autre. Il n’y avait pas beaucoup de points positifs qui pouvaient être cités dans la partie la plus affreuse de son histoire personnelle, mais Lucas était définitivement en haut de la liste. Elle finit par se reculer quelque peu. « T’es bien la seule chose qu’elle m’a laissé qui vaut le coup d’être gardée. » Ottie n’avait pas voulu prendre en considération le jeune homme, mais Millie ne pouvait être on ne pouvait plus reconnaissante qu’il soit resté dans sa vie à elle.