you’re on your own, kid
@Nicholas Hurley ☆ crédit/josshelps

La portière du SUV grand luxe dont elle dut sauter pour en sortir claqua dans un bruit feutré lorsqu’elle la referma derrière elle, dérangeant à peine la quiétude de Carmody Road, toujours endormie. Elle se souvenait d’un passé pas si éloigné où c’était à pied qu’elle remontait la rue où était située la maison de sa grand-mère à cette heure-ci, sortant de son service à Paradise City, les yeux papillonnants encore sous le reflet des stroboscopes de la scène, là où les filles se dénudaient pour espérer vivre correctement. Les choses avaient beaucoup changées, et si elle avait les yeux qui brillaient désormais, ce n’était pas seulement à cause des maquillages élaborés qu’elle ne se faisait plus toute seule, véritable petite poupée qu’on dorlote et qu’on remballe lorsqu’on n’en avait plus vraiment l’utilité. Jo, elle était une putain de star maintenant, ce n’était même pas elle qui le disait. Elle était partout, difficile de la louper. Quand elle rentrait ici pourtant, elle avait le sentiment que c’était moins le cas, et pas particulièrement à cause de l’environnement modeste qui l’entourait. Elle revenait dans un univers plus terre-à-terre où elle devait jouer à la diva, l’étant surement beaucoup moins que lorsqu’elle avait une caméra braquée sur elle et que personne ne se demandait si elle faisait semblant ou pas ; sous la lumière des flashs et des projecteurs, personne ne doutait que ça lui était inné. Ce n’était pas toujours vrai toutefois, surtout en ce moment, découragée d’en être arrivée à un stade où la critique jugeait bon pointer du doigt qu’elle était comme toutes les autres, qu’elle n’avait rien de spécial à part ses fréquentations, et que son entrée fracassante dans la cour des grands, elle la devait aux autres — à un autre. En somme, elle devait composer avec ce à quoi elle avait tenté d’échapper toute sa vie, s’étant échappée de chez ses parents pour se gérer elle-même et prouver de quoi elle était faite, et c’était aussi difficile qu’elle s’en voulait d’avoir cru pouvoir changer la donne et ne pas reproduire le même genre d’erreurs. Peut-être que rentrer à la maison pour quelques jours lui ferait du bien, peut-être que passer du temps avec sa grand-mère et se figurer de son état la forcerait à relativiser les choses, sentant une autre forme de culpabilité gonfler en elle tandis qu’elle prenait conscience qu’elle était beaucoup trop rarement présente pour ses proches depuis quelques temps maintenant et qu’elle passait à côté de tout un tas de choses, parfois dramatiques, parfois moins, qui la prenaient de court quand elle redescendait de l’Olympe pour se mêler au commun des mortels.

Elle fit un petit signe de la main à Marcus pour qu’il circule en toute sécurité lorsqu’elle contourna son véhicule pour se positionner près de la clôture fleuries de chez sa grand-mère, assurée de l’absence de photographes par l’observation minutieuse du jeune homme avant de s’engager pour la ramener à bord port après un voyage de plusieurs jours en Europe. Elle resta un moment là, dans sa tenue de vol, son sac de voyage fiché à l’épaule, les bras ballants de par et d’autre de son corps emmitouflé dans un manteau oversize qui accentuait la petitesse de sa silhouette. Au loin, de l’autre côté de la chaussée, elle vit deux points lumineux percer l’obscurité ; c’était les yeux du chat des Hurley qu’elle appâta par des mots doux pour le faire venir avant de, s’impatientant, traverser la rue pour s’en approcher. Le bruit de ses baskets résonna doucement sur l’asphalte, et elle changea radicalement de ton quand, se penchant pour le prendre dans ses bras, elle lui souffla "En plus d’être laid à crever, t’es sourd comme un pot, t’as vraiment rien pour toi." Elle eut droit à un coup de tête plein de tendresse contre son visage dépourvu de maquillage. Ça la fit relativement sourire, resserrer sa prise contre le corps poilu du chat, puis enfin tourner la tête vers la maison de ses voisins. Une lueur d’échappait de l’arrière de la maison, et sans chercher à rationaliser sa décision, elle s’y dirigea pour se retrouver quelques pas plus tard devant la fenêtre éclairée de la chambre de Nicholas à laquelle elle frappa trois coups contre le vitre, comme au bon vieux temps. Elle attendit qu’il ouvre le battant de la fenêtre, lui tendit le chat pour qu’il le fasse entrer à l’intérieur, et lui dit en même temps "Il va finir par se faire faucher par une voiture, tu viendras pas pleurer quand tu devras ramasser ses boyaux sur la chaussée." Bonjour, Nicholas. Elle ne s’encombra pas de ça, elle lui attribua une oeillade rapide, son corps se mouvant sur la pointe de ses pieds sur laquelle elle se hissa pour regarder par dessus son épaule, et constater le vide relatif dans la pièce. Elle eut une épiphanie qui lui fit lui demander sur le même ton que d’habitude, aussi égal que quiconque l’ayant déjà entendue chanter en live savait que c’était seulement pour préserver son outil de travail et ménager ses cordes vocales qu’elle parlait aussi bas "Alors, tu pars ?" Remontant doucement la sangle de son sac  de voyage sur son épaule, elle connaissait déjà la réponse. Mais puisqu’elle l’avait appris en scrollant sur les réseaux sociaux, elle se disait que ce n’était peut-être qu’un projet, pas une réalité.

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@Jo Carter ☆ crédit/ssoveiagifs

Tu as beau froncer les sourcils et essayer de t'en rappeler, tu n'as jamais vu ta chambre à coucher aussi vide. Jamais. Même quand tu as emménagé ici, il y a des années de cela, et que c'est Esmée qui a ouvert la porte pour te montrer ton nouvel espace, il y avait déjà du fouillis sur les étagères et les murs. Quelques peluches sur le lit pour le gamin de sept ans que tu étais à l'époque, des livres, un des harmonicas d'Esmée pour te tenir compagnie... Rien de tout ceci aujourd'hui, juste quelques cartons, un seul et unique violon. Et toi qui pousse un immense soupir avant de t'asseoir en tailleur sur le sol. Tu prends enfin la mesure de ce que déménager veut dire, une fois que tu aurais pris ces trois cartons et cet instrument de musique, tu ne vivras officiellement plus ici. C'est un sentiment étrange, tu n'es pas sur le point de paniquer, pas en train de te dire que tu fais une erreur colossale et tu n'as même pas besoin qu'on te rassure. Ta décision est prise, tu vas de l'avant, focalisé sur ta carrière, la musique et sur ce que tu veux vraiment. C'est à se demander si tu es la même personne qui a passé le pas de cette porte il y a près de trente-trois ans de cela. Sûrement pas, si tu revoyais ce petit Nicholas, tu lui dirais que les choses vont bien se passer, que tout s'arrange... Et que toutes les mélodies qu'il a dans la tête vont le mener quelque part. La preuve, Florence Welch en personne veut reprendre une chanson que tu as écrite et produite avec Jordan, pour la version deluxe du dernier album de son groupe à elle. Tu as dû te pincer plusieurs fois en recevant l'appel et si tu vas partir à Londres pour un week-end pour aider à boucler tout ça, tu n'en reviens toujours pas que cela te soit tombé dessus.
Surtout qu'il s'agit encore d'une chanson que tu as écrite ici, entre ces quatre murs. Juste au moment où tu te fais cette réflexion, et tu te dis que tu devrais sûrement bouger, Esmée va finir par se demander si tu pars, un son familier te parvient. La fenêtre, comme d'habitude, tu n'hésites même pas, tu sais déjà qui tape contre la vitre de toute façon, tu te lèves et tu ouvres la fenêtre. Tu t'écartes dans le même temps, pour que Jo puisse rentrer. Le chat entre ses mains ? C'est un peu inattendu et tu saisis Tosser avec aisance, l'animal se hissant automatiquement sur tes épaules. "Hmmm... c'est vrai qu'il me manquait un chat dans mes cartons." Tu le marmonnes alors que Jo te met en garde, elle a sûrement raison, mais tu grimaces un peu en l'entendant. Tu tords un peu ton poignet pour pouvoir gratter le museau de l'animal et le rassurer dans le même temps. "Shh, elle ne le pense pas, elle ne le pense pas du tout, il n'y a pas de voiture dans la nouvelle maison, juste plein de place pour s'étirer, si si." Tu pars avec le chat trouvé il y a des mois cela, qui a un peu fini par devenir ton chat par habitude. Ça te paraissait évident, tout comme la réponse à la question de Jo. Mais, tu supposes que vous ne vous êtes pas vus de visu depuis... Que vous êtes croisés par hasard à Paris. Cela remonte à des semaines, des mois maintenant que tu y penses bien. Et dire qu'avant, croiser Jo c'était aussi simple que de sortir de ta chambre, cependant, vous avez été tous les deux occupés, et ce même si depuis janvier, tu es de retour à Brisbane. Tu n'as pas vraiment arrêté depuis la fin de cette tournée et ton retour en ville, tellement pas... que maintenant tu pars de Toowong."Oui. Enfin, techniquement, je suis déjà parti, je venais chercher mes derniers cartons et rendre mes clefs à Esmée." Tu réponds cela sur un ton serein et quand le chat s'agite sur tes épaules, tu le fais descendre rapidement, il semble intéressé par le seul carton ouvert, ironiquement."Avant d'aller chez moi. Mon nouveau chez moi. Et oui c'est moi, Nicholas Hurley, qui viens de dire ça..." Tu le dis avec un sourire, Jo notera le changement et elle pourra te faire remarquer que le fait que tu partes de la demeure d'Esmée, ça relève du miracle. Si ça se trouve, elle et Vance étaient déjà en train de faire les paris pour savoir si cela allait arriver un jour. Même Esmée ne s'y attendait plus et la surprise a été de taille quand tu lui as annoncé que tu commençais à faire des recherches pour devenir propriétaire, toi aussi.

"Et toi ?" Tu as un coup de tête pour désigner le sac qu'elle a toujours sur l'épaule, la chanteuse doit être entre deux dates importantes. Tu sais que sa carrière va bien, tu la vois toujours dans les playlists des Top Hits dès que tu ouvres Spotify, à la recherche d'inspiration ou simplement pour te distraire. Surtout après sa double victoire aux Grammy Awards. Quand vous vous êtes croisés la dernière fois, ce n'était qu'une hypothèse, maintenant, c'est une réalité. "Tu rentres ? Je pensais que tu étais toujours entre les concerts, à surfer sur le succès de ton premier album..." Et certainement pas à Brisbane, et encore moins dans ta chambre vide alors que tu es sur le départ. "Et avant que tu ne me poses la question, c'est needy ma chanson préférée." Tu l'ajoutes sur un ton léger et parce que c'est la vérité et que tu ne vas pas cacher le fait d'avoir écouté sa musique et de l'avoir appréciée.

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@Nicholas Hurley ☆ crédit/josshelps

Elle pensait complètement ce qu’elle disait pour le chat, seulement ce n’était pas utile de le préciser. S’époussetant le devant de son manteau pour faire bonne mesure, théâtralisant peut-être un peu la grimace de dégoût qu’elle faisait en prétextant silencieusement ne pas supporter d’être couverte de poils de chat, elle se redressa face à la fenêtre de Nicholas pour le regarder dans le faux jour induit par la lueur venant de l’éclairage de sa chambre vide. Il était tard au point qu’à cette heure-ci, ce n’était même plus la nuit, mais plutôt le petit matin. Elle savait que son voisin était du genre insomniaque, mais quelle drôle d’idée de déménager aussi tard — aussi tôt —, même si ce n’était que pour récupérer quelques cartons. Plissant ses yeux qu’elle posa plus fixement sur lui, elle le jugea de long en large par-delà le cadre de sa fenêtre et enchaîna avec suspicion "T’étais quand même pas en train de nous faire une petite déprime hein ?" Jo le connaissait assez pour savoir qu’il était nostalgique par nature et que le moindre changement dans sa vie le rendait tributaire de ses émotions. Dans un sens, elle pouvait le comprendre. Mais Nicholas avait besoin d’avancer, il n’avait pas le temps de se laisser avoir par ses émotions. C’était clairement une bonne chose qu’il évolue enfin dans le bon sens. Elle l’avait assez tanné pour qu’il se bouge les fesses, aussi en moins d’un an, il avait gravit un certain nombre d’échelons. Elle penserait à le féliciter plus tard, quand elle ne serait pas autant occupée à écouter la réponse qu’il lui donnait au sujet de son départ. Sa réponse lui fit lui demander en retour, plus magnanime que d’ordinaire "Est-ce que c’est ta façon de me dire que je te dérange ?" Dans une certaine mesure, ça devait être le cas. Elle n’en était pas désolée toutefois, même si elle ajouta sur le même ton "Parce que j’ai juste fait un crochet pour te rendre l’affreux. Je compte pas m’éterniser, t’en fais pas." Le jet-lag la garderait éveillée une bonne partie de la journée, jusqu’à ce que son corps se souvienne qu’elle avait besoin de dormir. En attendant, elle profiterait d’Ava qui se lèverait dans une heure ou deux, partagerait un long moment avec elle jusqu’à ce qu’il soit l’heure pour elle de vaquer à sa routine, entre rendez-vous avec le médecin et visites de ses copines à la maison de retraite. Jo avait donc le temps de s’éterniser au fond, simplement ce n’était sincèrement pas son intention sur l’instant. Croisant un peu plus fort ses bras sur sa poitrine, elle opina au reste des mots du jeune homme "Tu migres à Bayside, c’est ça ? Ça y est, t’as enfin atteint le dernier niveau pour devenir un cliché." Midas et son château moderne apprécieraient. Toutefois, elle disait vrai : c’était là-bas que toutes les célébrités, musiciens, acteurs, et autres philanthropes du coin allaient s’entasser, comme si c’était forcé qu’elles restent toutes à proximité dans leur monde inaccessible. Ce ne serait jamais son cas, quand bien même elle appréciait rejoindre la propriété de son chanteur de petit-ami, ses goûts en matière de bien immobilier était ailleurs, tellement que ça ne se situait pas à Brisbane, pas même en Australie.

Elle remarqua le coup de tête que Nicholas donna en direction du sac qu’elle portait à l’épaule. Par réflexe, elle le remonta encore une fois, posant un regard absent à cette anse qu’elle avait de fiché à l’épaule et eut un léger rire à ce qu’il avança à son sujet et qui pourrait expliquer les choses "Les concerts ? Y a que dans ton monde que les choses vont aussi vite. Même si franchement, je suis flattée que tu m’attribues autant de crédit, je te rappelle que mon album est sorti il y a moins d’un mois." Et qu’elle n’était pas représentée par un label indépendant, mais par une maison de disques qui faisait peser un nombre incalculable de choses sur ses épaules. Ce n’était qu’à partir des chiffres des prochaines semaines que la stratégie autour d’une potentielle tournée serait discutée par sa maison de disques — ils étaient bons d’ailleurs, les chiffres, au contraire de la critique pure et dure qui s’en donnait à coeur joie en redoutant qu’elle ne soit qu’un produit marketing sur lequel il serait malin de parier certes, qu’ils craignaient ne pas être assez solide pour s’installer sur la durée, si bien que lui faire confiance pour porter une tournée sur son seul nom ? Ça semblait on ne peut plus risqué ; malgré son Grammy, Jo Carter restait une newbie. Reprenant, elle précisa à Nicholas, et ce sans ironie "C’est de la promo que j’ai fait ces derniers jours. Ça se vend pas si mal en Europe, je rentre de Milan." Elle s’avança près de l’appui de fenêtre pour y déposer ses deux bras et hausser les sourcils à ce qu’il lui confia. Il préférait l’une de ses chansons les plus introspectives, et quelque part, ça ne l’étonnait même pas que ce soit son premier choix ; needy était différente des autres "Tu veux me faire la critique de mon album en direct ? T’es sûr que t’as le temps pour ça ?" lui fit-elle, cette fois-ci avec un sourire en biais pour souligner qu’elle l’en défiait presque, sa tête se tournant à droite et à gauche pour regarder dans sa chambre qu’elle n’avait jamais vu aussi vide.

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@Jo Carter ☆ crédit/ssoveiagifs

"Dans quel univers tu me déranges déjà ? Ne t'inquiète pas pour ça..." Que tu réponds automatiquement à Jo, avant de hausser les épaules. Tu ne vois aucune raison de lui montrer la porte et si les choses continuent sur leur lancée, pour toi, comme la brune d'ailleurs, il peut s'écouler encore quelques semaines avant que vous ne vous croisiez de nouveau. Il est révolu le temps où tu passais toutes tes soirées ici, avant de disparaître pour un mariage de temps en temps ; même pour Jo, elle n'est plus une simple serveuse, pas juste à s'occuper d'Ava le reste du temps. Les choses ont changé et c'est un peu fou de se dire que tous les deux, vous vivez de votre musique maintenant. Tu ne le vois pas du tout comme une coïncidence, et même ton déménagement, ça s'aligne avec tout le reste. "Ouais, j'ai trouvé une maison cool, avec de la place, j'ai même mon propre studio d'enregistrement." Un endroit confortable et beaucoup plus grand que ta chambre, ton chez-toi, une première maison et un autre pas en avant vers l'indépendance. Et tout ce que tu voulais, tu n'as aucune envie de faire marche arrière, tu assumes tout ce qui t'arrive, avec de plus en plus de facilité maintenant. Tes chaussures ne sont plus trop grandes, et tu n'es pas perdu dans un rôle qui ne te va pas. "Hmm, mon label se moque de la pub et des charts, donc je suppose que c'est différent." Totalement différent même et tu ne le regrettes pas, c'est la musique que met en avant par Ninja Tune et pas autre chose, le reste ? Cela va et vient, comme t'a dit un des producteurs quand tu étais en tournée, parfois, tu as un succès, d'autres, tu fais juste de la musique qui sert de bruit de fond à une dizaine de personnes... Peu importe, dans les deux cas, c'est le même effort, les mêmes heures, voire même semaines passées dans le studio.
Jo est en pleine promo donc, pour booster les ventes de son album, tu n'as jamais été à Milan que tu te dis, pensif, alors qu'elle s'avance vers la fenêtre. Ton sourire se joint rapidement à celui de Jo l'instant suivant, alors qu'elle te pose des questions plus que précises à propos de cet album. Son premier album. "Contrairement à ce que tu penses, je sais voir les pièges quand on m'en tend un, mais... C'est un bon album, ça, tu le savais déjà." Mais, elle t'a posé la question et c'est Jo, dans un coin de ta tête, elle sera toujours ta voisine. Toujours celle qui tape à cette fenêtre-là pour t'embêter quand tu es toujours debout, toujours celle qui a écouté certaines de tes mélodies juste là, au bureau qui était encore là il y a quelques jours de cela, toujours celle qui s'est assise sur ton lit pour être à l'aise et corriger une rime ou un accord... Peu importe le Grammy et le reste, ça ne changera pas. "C'est léger et fun, une écoute rapide, sans prise de tête, chaque refrain est bon et facile à mémoriser, même Esmée peut te citer tes propres paroles si tu lui demandes." Ce qui est un bon indicateur, oui, même si tu es sûr et certain que ta grand-mère n'est absolument pas le public visé par Jo ou par son équipe.
Tu le fais tout de même remarquer, mais pour toi, Jo n'a aucun souci à se faire, pour un premier album, c'est une réussite, elle ne peut que grimper les échelons après cela. Tu n'as pas lu les critiques, tu trouves ça tellement ridicule que certains se croient expert en musique, ce n'est pas ainsi que ça fonctionne, il faut qu'il y en ait pour tous les goûts et toutes les couleurs."Je ne m'attendais juste pas à de la pop si je suis franc, mais, tu sais harmoniser comme personne et le perfectionniste que je suis l'entend sur chaque morceau." Ton premier point n'est pas une critique en fait, il ne faut pas connaître Jo longtemps pour connaître son amour du jazz et savoir que c'est un répertoire qu'elle maîtrise mieux que personne. Tu supposes que cela fait moins vendre, oui, un album jazzy en 2024? Pas très accrocheur et pas très vendeur, mais les émotions sur là, dans chacune des chansons, surtout dans needy, de même que la voix maîtrisée de Jo."Une critique dont tu te remettras très vite." Que tu conclus, avec un léger rire et un regard pour Jo.

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@Nicholas Hurley ☆ crédit/josshelps

Elle ne dérangeait pas Nicholas, chose qui ne l’inquiétait pas outre mesure à dire vrai, du genre à s’imposer sans craindre que sa présence ne soit pas désirée. Elle l’était toujours d’une façon ou d’une autre, il suffisait de la regarder "Et Mila a sa chambre dans ta nouvelle maison ?" Jo, elle restait une sale gosse dans l’âme. Quand elle se rendait compte qu’un sujet était particulièrement sensible, elle faisait en sorte d’en faire un comique de répétition pour pousser ses interlocuteurs dans leur retranchement et démontrer que, malgré les apparences, c’était peut-être bien elle la plus maligne de la pièce. Le regard posé sur lui, le sourcil haussé et le sourire en biais, elle observa sa réaction en s’attendant à ce qu’il rougisse comme il le faisait à chaque fois qu’elle remettait la jeune femme sur le tapis, signe évident qu’il se passait quelque chose et que les tabloïds n’avaient pas torts quand ils lui inventaient un petit truc avec elle. Ça lui faisait une belle jambe, il fallait qu’elle reste honnête sur ce sujet, sauf que la provocation était son mode de fonctionnement et ce n’était certainement pas plusieurs longues et éreintantes heures d’avion qui la réduiraient au silence "Dis donc, t’as trouvé la perle rare en matière de label." Quel genre de production ne s’intéressait pas au profit de leurs artistes ? Soit le label sous lequel Nicholas et Vance avaient signé était en effet un ovni dans le monde de la musique, soit le grand gaillard qu’elle avait en face d’elle était d’une naïveté qu’elle jugeait dangereuse, très dangereuse. S’il était prêt à gober qu’un label ne s’inquiétait pas de l’émergence de ses artistes après avoir fait une tournée en Europe, et donc engrangé une certaine somme dont une partie revenait à ceux qui le représentaient, il serait facile de lui faire gober bien d’autres choses qui pourraient mettre à mal son intégrité. Jo fronça les sourcils, brièvement soucieuse et suspicieuse. Elle n’était pas inquiète pour Nicholas, mais elle savait que c’était facile de l’appâter. Il suffisait juste de lui dire que c’était la musique qui comptait, et il le croyait, profondément passionné par son art et ce qu’il avait à partager avec ceux qui, désormais, le suivaient de près.

De son côté, sa maison de disques était relativement décomplexée au sujet de ce qu’elle attendait d’elle et de la sortie de son premier album "Un bon album c’est pas suffisant Nicholas, essaye encore." lui répondit-elle, empruntant la voix lascive des narratrices de jeu vidéo vintage qui cajolaient les perdants en leur disant de recommencer la partie. Les bras posés contre le bord de la fenêtre de Nicholas, elle pencha la tête au point de la faire reposer sur sa propre épaule en l’encourageant donc à faire mieux et à dérouler son cheminement de pensées à propos du projet de sa vie. Elle n’avait pas besoin d’une autre critique en vérité, elle en avait assez bouffé ces dernières semaines pour estimer ça judicieux d’accepter de se prendre un nouveau coup derrière la nuque en entendant dire que ce n’était pas ce à quoi on s’attendait, que ça ne lui ressemblait pas, ou elle ne savait quelle connerie démoralisante qui pesait sur son état d’esprit bien plus qu’elle n’oserait le dire, se cachant derrière l’idée qu’elle était forte, solide, et donc qu’elle pouvait tout entendre ; faire un effort pour comprendre que ça anéantissait quelque chose en elle chaque fois qu’on lui faisait remarquer qu’elle s’était éloignée de ce qu’elle avait toujours voulu faire, qu’elle avait essayé de rétablir durant sa tournée promotionnelle, c’était visiblement hors de la portée de ses proches qui se montraient parfois plus durs que les autres. Sur l’instant, Nicholas ne l’était pas encore, aussi dès qu’il mentionna Esmée, elle lui demanda avec malice "Tu crois qu’elle serait prête à potasser mes prochains outros avec moi ? Je sais qu’elle est un peu coquine dans le fond, elle devrait pouvoir apporter sa contribution sans faire beaucoup d’effort." Amusée par l’idée, elle laissa filer un léger clin d’oeil à l’intention du jeune homme, et puis se concentrant de nouveau très vite sur ce qu’il ajoutait. Ça la fit prendre une très profonde inspiration et l’arrêter au beau milieu de sa phrase, une main se levant sans agressivité dans l’espace qui les séparait pour bien marquer son intention de ne pas en entendre davantage "J’ai pas besoin d’entendre pour la centième fois que c’était pas là où on m’attendait, merci." Se redressant doucement pour que ses coudes quittent le bord de la fenêtre, elle remonta son sac sur son épaule avec une certaine dose d’impatience dans sa façon de faire. C’était avant tout dû au fait que les dernières semaines n’avaient pas été simples pour elle et qu’elle ressentait quelque chose de l’ordre de la déception réduire à néant tout son enthousiasme entourant cet évènement majeur de sa vie. Ça la contrariait "Restons sur fun et léger." décida-t-elle finalement, laissant un très léger sourire de circonstance lui échapper quand se hissant sur la pointe des pieds, elle jeta encore une fois un oeil à l’intérieur de la chambre de Nicholas, visant par-dessus son épaule pour mieux voir "T’as l’intention de me laisser dehors, ou je peux entrer pour faire mes adieux à ta forteresse de solitude ?" Dévier la conversation quand elle était pourtant centrée sur elle, ce n’était pas commun venant de Jo. Seulement elle n’avait pas envie de faire remarquer à Nicholas qu’aux dernières nouvelles, elle était aussi humaine que lui et que les critiques, elle les prenait tout aussi personnellement qu’elles touchaient ce pour quoi elle avait travaillé pendant plus d’un an sans discontinuer et dans quoi elle avait mis tout son coeur.

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@Jo Carter ☆ crédit/ssoveiagifs

Tu ne sais pas si tu as trouvé la perle rare en matière de label. Sincèrement pas. Tu as surtout trouvé un label indépendant qui privilégie la musique plutôt que la célébrité, une carrière au sommet et sous les flashs. Il y a moins d'enjeux de cette façon, moins de faux-semblant d'après toi, tu n'es pas une superstar internationale... non. Tu es un parolier, un guitariste, un bassiste à tes heures perdues, un producteur parfois et surtout, tu es le Nicky de nicky & the saints. Ce qui reste le plus important chez les gens de Ninja Tune et c'est un pari réussi pour toi et quelque chose qui te convient bien. Personne ne te dit quoi chanter, quoi faire, comment te tenir et à quel style musical tu dois t'en tenir, si c'était le cas, tu aurais fait demi-tour depuis longtemps. Et même si cela aurait voulu dire plus d'écoutes, plus de célébrité ou même un Grammy. Ce n'est pas pour toi tout ça alors tout ce que tu peux faire c'est hausser les épaules, et encourager la seule personne que tu connais qui a choisi cette voie-là. Jo, qui parle d'Esmée comme si c'était un membre de sa famille à elle, et c'est assez pour te faire sourire. Tu sais que ta grand-mère serait prête à déplacer des montagnes si Jo le lui demandait, alors bosser ses textes ? Ce n'est pas grand-chose en fait, rien du tout même."Demande-lui gentiment et qui sait ?" Tu n'es pas sérieux en disant cela, vous connaissez tous les deux la réponse à cette question. Esmée serait contente de la voir ailleurs que dans sa télévision, mais cela, tu ne vas pas le faire peser sur les épaules de Josephine, elle vit sa vie, qu'elle a amplement méritée, ça ne fait pas l'ombre d'un doute à tes yeux.
Elle interrompt ta critique cependant et s'il y a des mois cela, tu l'aurais pris personnellement, ce n'est pas le cas, la brune a changé d'avis, c'est son droit. "C'est toi qui voulais mon avis, Jo." Et tu n'as aucun intérêt à lui mentir, si l'album ne t'avait pas plu, tu lui aurais dit également, sans aucune retenue et sans te dire que tu es la pire personne du monde. Les goûts musicaux ? C'est trop subjectif pour être soumis à des règles ou même à de la logique... vous le savez très bien tous les deux. Ce qui te surprend, c'est que Jo semble avoir besoin d'une invitation, explicite en plus, pour rentrer dans ta chambre. Depuis quand ? La partie la plus cynique de toi se demande si c'est ce que lui demande son partenaire, mais tu chasses la pensée bien loin, aussi vite qu'elle est arrivée d'ailleurs, cela n'a pas sa place ici. Jo vient de dire que ça devait rester fun et léger, tu n'as pas vu la brune depuis longtemps, alors tu peux bien respecter cette demande."Hmm... je sais pas, s'il se met à pleuvoir, ça pourrait être marrant." Tu fais mine de réfléchir, tu grattes même ta barbe de plusieurs jours quelques secondes, cependant, tu es un bien mauvais acteur, tu as toujours ton sourire bien en place sur tes traits. Tu es en mouvement la seconde suivante, tu ouvres davantage la fenêtre."Je plaisante, je tiens à la vie ! Enfin... dans une certaine mesure." Que tu répliques en tendant la main à Jo. Tu l'aides à rentrer dans ta chambre, pour de bon, reculant de quelques pas ensuite pour la laisser respirer.
"Et voilà, à l'intérieur." Elle peut constater à quel point ta chambre est vide. Et à quel point cela est déroutant et bizarre. Car cette chambre est tout ce que tu as connu pendant des années. Qu'est-ce que tu es en train de faire ? C'est la question qui traine dans l'air, que tu ne prononceras pas à voix haute, pas la peine, c'est aussi évident que le nez au milieu de la figure."Ce qui est logique, toi aussi, il faut que tu dises au revoir à cette chambre." Une chambre que Jo, à juste titre, t'a reproché de ne jamais quitter. Il y a un monde à l'extérieur, tu sais, que la brune t'a déjà dit des centaines de fois. Des années plus tard, il est bon de se dire que tu n'as plus la tête dans le sable."Est-ce que je vais chercher une bougie ou alors j'arrête d'être aussi dramatique ?" Pour dire au revoir, prononcer quelques mots, tu en as toujours fait des tonnes et il s'agit d'un énorme pas en avant. Pour toi, si tu étais une personne équilibrée, ça ne serait pas le cas, et toi et Jo ? Vous seriez déjà en train de parler d'autre chose. Tu cesses de fixer ton environnement, ton regard maronné se posant de nouveau sur la brune. Tu fais un mauvais hôte, enfin... tu l'es dans cette maison pour encore quelques minutes, mais c'est important et hors de question de faire honte à Esmée. "Tu veux quelque chose à boire d'ailleurs ? À manger ? Si tu viens d'atterrir, tu dois être affamée, enfin, c'est le cas pour moi dès que je reviens à Brisbane et surtout ici." Et elle t'a dit qu'elle était en pleine promotion, donc aucun signe de repos à l'horizon. "Tu peux dévaliser le frigo, ça fera à plaisir à Esmée, surtout qu'elle perd la personne qui le faisant avant."

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@Nicholas Hurley ☆ crédit/josshelps

"Ouais, je sais." Elle roula des yeux en les faisant papillonner, doucement courroucée que Nicholas lui rappelle que c’était plus ou moins elle qui lui avait quémandé la critique-express de son album tant attendu. Elle avait envie d’ajouter un Midas déteste, j’avais juste envie de jauger s’il était le seul, mais premièrement, le jeune homme ne le lui avait pas dit les choses dans ces termes, et deuxièmement, une règle tacite était née entre Nicholas et Josephine au cours des derniers mois : pour une raison nébuleuse, et bien qu’elle en avait envie chaque seconde de sa vie, ils ne parlaient pourtant plus de Midas. Elle haussa les épaules depuis son bout de jardin, ajouta avec une once de bonne foi dans le ton pour une fois "Excuse, je suis crevée." D’un peu de tout et n’importe quoi. Est-ce que ça valait vraiment le coup d’en discuter avec Nicholas ? On s’attendait à ce qu’elle reste forte Jo, alors c’était ce qu’elle faisait. Tout autre comportement de sa part était jugé, incompris, ignoré ; ce serait le cas ici aussi, la manière dont il se mit à réfléchir pour l’autoriser ou pas à rentrer une dernière fois dans son antre la faisant monter sur ses grands chevaux et lui rétorquer au son mélodieux de son agressivité légendaire "Quoi, me dis pas que ton kink ultime, c’est de mater des gens tout mouillés faire des trucs sales ?" Elle grimaça bien sûr, sachant pertinemment que Nicholas la faisait marcher. Mais personne ne piégeait Jo qui, tout en continuant, lui confia d’abord son sac de voyage pour qu’il le tracte à l’intérieur, puis enfin attrapa sa main pour se hisser le long de l’appui de fenêtre de sa chambre "Je te ferais un petit carwash avant ton départ si y a que ça pour te faire plaisir." Elle ne ferait rien du tout, c’était de la provocation, tout comme le petit clin d’oeil qu’elle lui offrit en atterrissant bien au chaud à l’intérieur de chez les Hurley.

"C’est trop bizarre, le vide." lança-t-elle, distraite, en se détournant de Nicholas, chassant ses longs cheveux dénoués de son visage, de sa bouche où un baume neutre faisait briller ses lèvres, pour les replacer au milieu de ses omoplates de son gros manteau tout doux. Elle fit un tour sur elle-même pour regarder les murs où il ne se trouvait plus d’affiches de groupes bizarres qu’elle n’avait pas envie de connaître plus que ça, mais auxquels elle s’intéressait toujours parce que la musique restait de la musique, et que tout devenait une source d’inspiration quant on gardait l’esprit ouvert. Presque brusquement, elle parla de nouveau, le silence interrompu par son timbre reconnaissable sans que ça ne tranche de trop, aussi posée qu’elle savait être exubérante "Ça te fait quoi ?" lui demanda-t-elle en déambulant un peu au hasard, entendant le parquet craquer sous ses pas presque précautionneux, l’une de ses mains venant délicatement longer la tapisserie vieillotte de la pièce quand, à nouveau, elle roula des yeux à l’intervention de son voisin qu’elle rabroua comme une adolescente avec une gueule beaucoup trop grande pour son propre bien "À quoi elle servirait, la bougie ? À invoquer tous les coups que t’as pas tiré entre ces quatre murs ?" Abruti, faillit-elle ponctuer, mais elle préféra le faire en lui tirant la langue, n’ayant au fond pas besoin de lui confirmer qu’en effet, il était beaucoup trop dramatique.

Pendant quelques secondes, elle ne dit rien. Elle ne fit qu’observer son environnement en se disant que pendant des années, elle avait tanné le jeune homme pour qu’il vive sa vie et qu'il arrête d’avoir peur d’un monde qui lui offrait pourtant tout. Elle s’aperçut avec étonnement qu’une partie d’elle était fière de lui d’une façon curieuse, un peu comme une soeur qui voit partir son grand-frère qu’elle a martyrisé des années en espérant qu’il l’aimerait malgré toutes les crasses faites et les saloperies dites ; elle n’avait jamais vraiment connu ça auparavant, elle avait quitté la maison avant ses frères, même s’ils étaient beaucoup plus vieux qu’elle, aussi ça la bouleversa sur l’instant. Peut-être parce qu’elle venait de perdre l’une de ses meilleures amies, peut-être parce qu’elle n’allait pas aussi bien que le laissait sous-entendre la manière dont elle se comportait et vivait tout ce dont elle avait toujours rêvé et qui, soudainement, lui paraissait trop éloigné de la réalité pour qu’elle s’y complaise tout à fait. Elle avala doucement sa salive, ravalant ce qu’elle avait au fond de la gorge, et retira sa main du mur de la chambre de Nicholas pour se retourner vers lui et hocher négativement du chef à ce qu’il lui proposa "Ça va, j’ai eu droit à tout ce dont j’avais besoin dans l’avion." Et la vérité, c’était qu’elle n’avait pas faim de toute façon. Elle lui sourit légèrement, puis elle le contourna pour lui dire en même temps "Je continuerai à venir la voir tu sais, de temps en temps." Esmée. Elle savait que Nicholas partageait quelque chose de fort avec sa grand-mère, et elle le comprenait sans avoir envie de s’en moquer, bien au contraire "Enfin, quand je serai dans le coin. C’est plus aussi évident qu’avant." admit-elle, se reprenant en dernier recours pour qu’il ne soit pas tenté de le faire à sa place en lui faisant remarquer qu’elle n’était jamais là. Non, elle ne l’était pas, surtout pas pour remarquer quoi que ce soit qu’elle pourrait désamorcer avant que ça n’explose, bien protégée dans sa bulle faite de strass, de paillettes, et de succès. Elle prit une très profonde inspiration, et sans aucun sarcasme, se retournant vers lui pour poser ses yeux fatigués sur lui, elle finit par lui dire "Je suis contente pour toi, Nicholas. C’est une bonne chose ce qui t’arrive." Et d’habitude, elle lui aurait surement fait remarquer que c’était un peu grâce à elle quand même, que le pousser dans ses retranchements, ça lui avait été bénéfique. Mais elle n’avait pas envie d’être autre chose que sérieuse sur le moment. Surtout qu’à son contraire, Nicholas devait sa réussite récente à une seule et unique personne en vérité, et c’était lui même, un détail qu’elle lui enviait avec un goût doux-amer sur le bout de la langue.

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@Jo Carter ☆ crédit/ssoveiagifs

Jo est fatiguée. Cela tu peux le comprendre, la célébrité a ses hauts et ses bas, changer de fuseau horaire, régulièrement et rapidement, ça fatiguerait n'importe qui. D'autant plus que Jo n'est pas partie pour siroter des cocktails sur une chaise longue mais pour promouvoir son premier album. Ce n'est pas rien, c'est éreintant sur tous les plans et tu peux le comprendre. Pourtant, plus tu la fixes et plus tu sais que ce n'est pas juste cela. Tu l'as déjà connue et vue beaucoup plus énergétique après des heures passées à son job de huit, à proclamer des vérités à six heures du matin et commencer sa journée avec Ava comme si de rien était. Il s'agit d'autre chose, mais tu ne le ramènes pas sur le tapis pour le moment. Si la brune ne veut pas en parler ou être scrutée, tu peux le comprendre, ce n'est pas une sensation plaisante et tu l'imites, ton regard se portant aussi sur la pièce vide. "Oh, combien d'heures tu as devant toi ?" Que tu réponds automatiquement à sa question. Partir d'ici n'est pas quelque chose d'anodin à tes yeux, bien au contraire. Cette chambre, Esmée pas loin, c'est l'endroit le plus sécurisant et sécurisé du monde à tes yeux. Aux yeux du petit garçon paumé que tu as été, tu as grandi, lentement et avec beaucoup de retard, mais cela a bien été le cas, personne ne peut le nier, pas même toi, pas même Jo. Qui fait un commentaire léger et grossier qui te fait un peu rire et ce même si ça ne dure pas longtemps. Le silence arrive, tu mets les mains dans tes poches, pour ne pas le déranger et parce que le silence avec Jo n'a jamais été dérangeant. Elle met de l'ordre dans ses pensées, tu te demandes toujours pourquoi elle est là et si tu lui offres à boire et à manger, c'est pour aider, bien entendu. Si cela peut faire disparaitre un peu le poids qu'elle a sur ses épaules, pourquoi pas ? Ce n'est pas grand-chose à tes yeux. Mais non, ce n'est pas non plus pour cela qu'elle est là.
Tu la suis toujours du regard alors qu'elle parle d'Esmée. Elle pense tout de même à ta grand-mère maintenant, alors qu'elle ne te doit rien, qu'elle ne vous doit rien. "Je sais, elle le sait aussi, ne t'inquiète pas pour ça." Est-ce cela qui l'accable ? Ne plus avoir autant de temps pour sa vie d'avant ? Jo doit bien savoir que personne ne le fera culpabiliser sur ce point, personne sous ce toit au moins. Vos regards se croisent l'instant suivant et c'est plus fort que toi, un sourire sincère est sur ton visage alors qu'elle te complimente. "Merci." Le simple mot est pâle pour refléter toute ta considération et ta gratitude. Qui a besoin d'un Grammy avec ce genre de mots ? C'est la seule pensée qui te traverse l'esprit, ton regard toujours ancré dans celui de Jo. "Je vais le dire à voix haute, même si on le sait tous les deux mais... ça ne serait pas arrivé sans toi, j'espère que tu t'en rends compte." Qui t'a poussé à faire entendre tes textes ? Qui t'a motivé avant chaque concert ? Qui t'a rassuré avant ton tout premier voyage à Londres ? Jo est le dénominateur commun de toutes ces instances et peut-être que c'est important à tes yeux de lui prouver qu'elle peut avoir raison, peut-être... "Et merci, vraiment, quand ça vient de ta part, je considère que c'est un compliment." Et pas autre chose, mais tu finis bien par pousser ce soupir, pas habitué à être le centre de vos conversations et dans le fond, pas très à l'aise avec cette idée.
"Et je vais te poser une question... auquel tu as le droit de ne pas répondre, parce que tu adores dire que je ne sais pas qui tu es, que personne ne le sait parce que tu es trop importante, mais..." Tu t'es rapproché en parlant, assez pour lui donner du temps de t'arrêter et tu finis par poser une main sur une de ses épaules, y exerçant une légère pression. Elle est là, sans être là Jo, la brune est une bonne actrice, elle l'a toujours été, mais tu sais où regarder. L'habitude et ce sont les mêmes techniques que tu as déjà utilisées tout-même. "Est-ce que ça va ?" Ouais, Jo pourra te dire que ça ne te regarde pas, que c'est le boulot de quelqu'un d'autre de lui poser la question, de lui remonter le moral, mais comme pour sa crise de panique, tu es là. Non, c'est le niveau au-dessus, elle est venue ici sciemment, dans ta chambre à toi. "Tu aurais pu aller directement chez toi et voir Ava, ça on le sait tous les deux." Est-ce que c'est l'habitude, parce que c'est simple... ou autre chose ? Parce que tout comme toi, Jo s'est toujours sentie et se sent en sécurité entre ces quatre murs ? "Arrête-moi si c'est trop." Cette partie de ta phrase est murmurée, alors que tu te dis que les mots ne seront pas assez cette fois-ci. Tu finis par attirer Jo contre toi, pour une étreinte qu'elle mérite plus que tout pour tenter de faire disparaitre cette fameuse fatigue.

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@Nicholas Hurley ☆ crédit/josshelps

"Je suis en plein jet-lag, j’ai tout mon temps." Jusqu’à ce que son corps lui rappelle qu’en effet, elle était trop lasse, trop fatiguée, pour supporter plus longtemps encore de ne pas se reposer. Elle ne l’avait pas vraiment fait depuis la mort de Charlie, le sommeil devenu un concept qui lui passait par-dessus la tête la plupart du temps, aussi pour elle qui tenait à son beauty-sleep, la dette qu’elle était en train d’accumuler en la matière, elle lui donnait envie de hurler. Mais pas plus qu’autre chose, il y avait bien plus grave en vérité "Je m’inquiète pas, je voulais juste te le dire." assura-t-elle, doucement déterminée à mettre les choses au clair. Elle ressentait le besoin de se justifier ces derniers temps, et ce de tout et n’importe quoi, notamment auprès de ses proches qu’elle avait le sentiment d’abandonner. C’était quelque chose qu’elle avait déjà ressenti l’an dernier quand, au milieu de la compétition de The X-Factor, elle avait réalisé qu’elle passait à côté des derniers souvenirs de sa grand-mère — ça avait été pire quand, quand tout avait été terminé, elle avait frontalement reçu la vérité douloureuse qu’Ava se souvenait de moins en moins d’elle, se raccrochant désormais à ceux qui, durant l’absence de sa petite-fille, avait été là pour elle. Aujourd’hui, c’était à côté de la détresse d’une amie qu’elle était passée, et sur quoi elle avait tardé à agir, prise de court par cette réalité qui pesait très lourd sur elle quand elle remettait les pieds à Brisbane. Elle n’aimait pas dépendre du sentiment qui la transissait depuis quelques jours maintenant, seulement elle savait aussi que son absence était un point noir dans sa façon toute particulière de gérer son rapport à ceux à qui elle tenait vraiment. Les Hurley en faisaient partie, quoi qu’elle était tentée d’en dire, ne sachant pas véritablement comment considérer Nicholas, mais sachant qu’il avait au moins le mérite de l’agacer assez pour qu’elle veuille qu’il fasse quelque chose de sa vie et qu’il avance en arrêtant de s’imaginer que le monde s’effondrerait autour de lui s’il le faisait. Oh, quelle ironie. La pensée la traversa comme un frisson quand elle nota à quel point c’était peut-être lui qui avait raison, et que penser à soi, vivre pour soi, ça revenait à tenter le diable et à abandonner ceux à qui on tient.

Elle hocha légèrement la tête quand il la remercia, ne trouva rien d’autre de plus à dire, consciente que ce n’était pas utile. Elle se détourna de lui pour regarder à nouveau autour d’eux, dut lever le menton dans sa direction quand il reprit la parole de son côté, et que dans un tout petit rire filant par le nez, elle lui dit de son côté "Tu m’encourages pas à ne pas me comporter comme une pétasse en me disant ce genre de trucs." D’habitude, elle aurait ajouté quelque chose là encore, et ce pour s’attribuer le mérite de ce que Nicholas avait accompli ces derniers temps, mais sa ligne éditoriale était légèrement différente quand elle lui fit dans la foulée "Tu dois tout ça à personne, t’as travaillé pour en arriver là. Moi, j’ai juste fait ce que je sais faire de mieux : emmerder le monde." Ça la fit sourire à nouveau de dire les choses de cette façon, puis enfin confirmer à la suite du jeune homme, ses sourcils légèrement froncés pour bien marquer l’idée qu’elle pensait ce qu’elle disait "Et ça l’est, je te permets pas d’en douter." Elle ne le complimentait pas suffisamment d’ordinaire pour qu’il soit autorisé à penser qu’elle était en train de flagorner sur le moment.

"Hm ?" Il disait vouloir lui poser une question, et elle ne savait pas pourquoi, elle se dit que ce serait forcément un traquenard. Elle ne bougea pas cependant, resserrant les versants de son manteau contre sa poitrine qui était si serrée que c’était pénible à ressentir, et évita de se concentrer sur le fait qu’il s’était rapproché d’elle sans imaginer un instant que c’était pour quelque chose de particulier. Parce que c’était Nicholas Hurley, qu’elle était certaine qu’il avait peur d’elle comme tous les autres, et qu’il n’oserait pas la piéger d’une quelconque façon avec ses questions, encore moins avec ses gestes. Et pourtant. Est-ce qu’elle allait bien ? Elle resta interdite le temps de quelques secondes, ses yeux trouvant les siens brièvement avant de se détourner, ses sourcils se haussant pendant qu’elle tachait de réfléchir à la meilleure réponse à lui donner. Il n’y en avait aucune, malheureusement. Alors après avoir lâché un petit rire en même temps que son manteau, elle lui dit juste, aussi sincèrement que c’était comme ça qu’elle se sentait vraiment "Je sais pas trop, Nicholas." Et elle les sentit, ses yeux se mouiller sans qu’elle n’y puisse quelque chose, ayant brusquement la sensation d’être une toute petite chose fragile qui n’est même pas capable de mettre des mots précis sur un état d’esprit qu’on lui reprocherait sans doute, parce qu’il fallait voir la vie qu’elle menait ces derniers temps, la chanteuse : elle avait tout, ce n’était même pas une légende à accoler à une photo d’elle illustrant un article dithyrambique dans un magazine à la con, c’était aussi factuel que ça lui donnait l’air d’être une foutue éternelle insatisfaite de traîner cette boule au fond de son ventre depuis qu’elle était rentrée de Brisbane en catastrophe pour comprendre que c’était vrai, que son amie était partie. Elle ravala les larmes qu’elle avait dans les yeux, sans trop de succès, baissant la tête pour pouvoir le faire avec une pudeur éminemment étrange venant d’elle qui n’avait honte de rien, et se laissa surprendre par le geste que Nicholas fit juste après, et qui la força à rester aussi stoïque que possible.

Jo ne le repoussa pas, mais elle ne le tint pas dans ses bras non plus. Elle resta juste dans les siens avec raideur, évitant de se dire que c’était déplacé parce qu’elle le savait très bien au fond, que les intentions de Nicholas étaient innocentes. Sauf qu’en dehors de son cercle de proches, très proches — de sa grand-mère, de Midas —, elle évitait ce genre de contact, n’étant pas une personne tactile en dehors des tapes derrière la tête et des pincements assénés par surprise ; quand elle aimait vraiment, c’était différent, et c’était son langage. Aussi, Nicholas n’était ni sa grand-mère, ni Midas, et une partie d’elle réalisa que c’était beaucoup trop doux pour que ça ne la gêne pas profondément… mais encore une fois, c’était de bonne intention, alors elle se laissa faire sans exhaler rien d’autre qu’un peu de reconnaissance à l’égard du jeune homme dont elle finit par se détacher en lui donnant un petit coup avec le bout de son nez contre son épaule qu’elle atteignit en se juchant brièvement sur la pointe des pieds, frottant très brièvement sa propre joue pour vérifier qu’elle ne pleurait pas lorsqu’elle se recula pour de bon. Et elle ne pleurait pas, mais ses yeux brillaient forts "T’auras fini par l’avoir, ton câlin. Alors, c’était comment ?" trouva-t-elle bon de lui demander en levant la tête vers lui avant de retrouver son sérieux "T’as pas besoin de troquer l’inquiétude qui te rongeais pour ta grand-mère contre de l’inquiétude à mon égard tu sais, je sais me débrouiller." Elle hocha la tête pour ne lui donner aucune occasion d’en douter, et leva la main pour lui tapoter la joue un peu maladroitement, là encore comme une petite-soeur qui ne sait pas gérer les effusions de sentiment d’un grand-frère qui l’avait traitée de peste toute sa vie durant "Un gros point pour toi sur la question du consentement, par contre. Ça y est, je crois que t’es fin prêt à te faire dépuceler, je suis trop, trop fière." Elle essayait de rester elle-même, malgré la voix moins assurée et les yeux luisants de larmes avec lesquels elle rencontra ceux de Nicholas à qui elle dit finalement "Merci."

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@Jo Carter ☆ crédit/ssoveiagifs

Au fil des années, tu en as appris des choses grâce à la brune et à ses côtés. Peut-être que cela aurait dû être l'inverse, vu vos âges respectifs, c'est très certainement toi qui aurais dû apprendre quelque chose à Jo, mais tu ne sais même pas si cela a été le cas. Tu n'as pas envie de lui demander maintenant, pas la peine d'essayer de lui soutirer des informations alors qu'elle a l'air plus vulnérable que jamais. Elle ne te dira très certainement pas ce qui l'accable, franchement ? Tu ne t'attends même pas une révélation ou même un semblant de confession. De même, cette étreinte, tu ne t'attends pas à ce que Jo te la rende ou même qu'elle fasse autre chose que d'être là. Tu sais que la brune est et se voit forte, qu'elle estime que cela veut dire qu'elle ne doit jamais flancher. Une pression monstre que tu n'as jamais comprise et qui peut même être destructrice dans une certaine mesure, mais tu n'es pas là pour critiquer. Les gens seront toujours fidèles à eux-mêmes, cela, tu l'as appris à force d'interagir avec Jo, c'est à toi de décider si tu veux y accorder de l'importance, rester dans leur vie ou non. Pas l'inverse, si tu te contentes juste de réagir et pas d'agir, il ne va jamais rien t'arriver et tu ne pourras pas te plaindre. "Tu n'es pas obligée de savoir, Jo." C'est ce que tu lui réponds, sincère au possible, alors que tu as un mouvement de recul, lui rendant enfin sa liberté de mouvements. Le moment était bref, déjà terminé mais réel quand même et tu t'en serais voulu de ne pas avoir pris une telle initiative. Ce n'est pas parce que Jo est capable de beaucoup qu'elle n'a pas besoin de ce genre d'attention, ou qu'il faut mettre la détresse de la brune de côté, c'est tout le contraire à tes yeux. Tu n'apprécies pas particulièrement de voir son regard aussi brillant, tu ne commenteras pas si elle décide, toute seule et comme elle sait si bien le faire, de verser quelques larmes.
C'est le contraire cependant, il faut que la situation retrouve de sa normalité, alors à la remarque suivante, tu as un simple rire. Qui te donne l'air d'être soudainement plus vieux, tu le sais, mais qu'est-ce que tu peux dire ou faire alors que Jo remet son armure bien à sa place ? "Hmm, un seul ce n'est pas assez pour se prononcer." La réplique est facile et va de pair avec sa remarque, comme si c'était juste une blague et que ça ne comptait pas vraiment, comme si c'était une journée normale, un moment banal et régulier, pour toi ou pour elle. "Je sais et... je sais." Tu le dis, n'étant pas très éloquent alors qu'elle te tapote la joue. Mais déjà, tu vas toujours t'inquiéter pour Esmée. Et pour Jo ? Même si vos routes se croisent moins souvent, même si la vie de Jo est remplie, que son cœur est pris par un autre, ça ne t'empêchera pas, jamais, de jeter un coup d'œil dans sa direction. Pour t'assurer qu'elle va bien justement, parce que c'est la personne que tu es, parce que tu aimes te dire que s'il t'arrivait quoi que ce soit de grave elle s'en soucierait un minimum et parce que, par-dessus tout, tu la considères tout de même comme une amie. Tant pis si ce n'est pas réciproque, tu n'offres pas ton attention, ton temps ou ta compagnie parce que tu attends quelque chose en retour. Tu n'es pas égoïste de cette manière, tu as d'autres défauts que celui-ci. Tu poses une main sur ton cœur à sa prochaine pique, prétendant être reconnaissant de la générosité de Jo Carter. "Vraiment ? Ça va arriver avant mes premiers cheveux blancs, si ce n'est pas la preuve que les miracles sont réels, ça... On devrait contacter le Vatican, ils ne vont plus savoir où se mettre." Vous êtes des idiots, voilà ce que tu te dis tout simplement, ton regard de nouveau ancré dans celui de Jo. Qui elle te remercie, comme tu la fais pour elle il y a quelques minutes de cela. Tu n'aimes pas la voir comme ça, aussi démunie, que tu décides, et tu fais glisser tes mains dans les poches de ton pantalon, pour ne pas la gratifier d'une autre étreinte ou pour essayer de la rassurer d'une autre façon. "De rien... La porte sera toujours ouverte tu sais, enfin dans ton cas, la fenêtre." Tu as un autre rire, tu ne sais pas à quand remonte la dernière fois que Jo a vraiment utilisé la porte d'entrée. Esmée doit connaitre la réponse à cette question, tu devrais lui demander à l'occasion.
"Si tu veux venir te cacher du monde ici, quand Esmée est là, ou même dans ma nouvelle maison, tu n'as pas besoin de demander." Est-ce qu'elle le sait ? Sûrement, peut-être, tu n'en sais rien, elle vient de parler de consentement, Jo a raison, tout ceci mérite d'être dit. "Ou même d'une invitation d'ailleurs." Tu hausses les épaules."Je le dis à voix haute maintenant, histoire que ce soit clair. Pour plus tard." Tu as un autre haussement de tes épaules, comme si de rien était. "Et je sais, tu dois avoir de bien meilleures offres, je sais... Mais si t'as juste besoin d'une pause ou de martyriser un peu ou de... faire la pétasse comme tu dis pour que ça reparte, je ne jugerais pas." Chacun sa méthode que tu penses, avec un mince sourire sur le visage. "Moi je préfère manger mon poids en macarons en écoutant Taylor Swift en boucle, mais chacun sa méthode hein.... Entre artistes, aucun jugement."

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@Nicholas Hurley ☆ crédit/josshelps

"Mais un seul, c’est déjà trop, et tu devras t’en contenter." Elle ne lui avait pas rendu son étreinte et elle ne ressentait pas le besoin de corriger quoi que ce soit à ce propos, Jo. Nicholas avait été gentil avec elle, il l’était la plupart du temps sans qu’elle ne le mérite, mais elle restait elle : et elle choisissait soigneusement ses préférences. C’était triste à penser sur l’instant, d’autant qu’encore une fois, Nicholas avait été attentif à sa détresse et assez bon pour s’en soucier sans se sentir obligé de le faire, il restait cependant loin de sa liste de gens à qui elle accordait instinctivement ses faveurs. Ça la fit se sentir un peu minable d’y songer, de songer à nouveau aussi à ce que Midas et elle pensaient de ce qui se cachait derrière la bonté de Nicholas à son égard et qui restait une idée fixe parce qu’elle n’était pas sans être sensée finalement, mais au point où elle en était de toute façon, elle se sentirait minable quoi qu’il en serait. Elle essaya cependant de garder bonne contenance, et ce malgré la lueur de tristesse dans ses yeux. Elle n’allait pas s’attarder davantage, elle avait besoin de prendre du recul sur un tas de choses et de se reposer, même si elle savait que ce serait peine perdue et qu’elle passerait les prochaines heures à attendre que sa grand-mère se réveille, que Midas reprenne contact avec le monde des gens éveillés, lui aussi ; qu’importait là où il se trouvait en ce moment, ça ne l’empêcherait de la bombarder de textos. Elle aspirerait à quelques heures de sommeil plus tard, elle pouvait tout juste espérer que le silence de sa chambre si petite, si commune, contrairement à tout ce qu’elle connaissait aujourd’hui, ne vienne pas l’enfoncer davantage dans des préoccupations mélancoliques — peut-être pourrait-elle écrire deux ou trois lignes, jouer deux trois accords sur son matériel un peu usé, mais toujours fonctionnel. Elle s’en occuperait plus tard. Elle regarda à nouveau Nicholas dont la tentative d’humour la laissa plutôt neutre, un léger sourire lui étant attribué sans qu’elle ne rebondisse vraiment à ce qu’il laissa filer dans le seul but de la dérider.

"Ouais, je sais." Que la porte des Hurley lui serait toujours ouverte. Elle passerait voir Esmée demain, prendre la température de son ressenti au sujet du départ de Nicholas et déjà, ça lui donnerait un objectif pour faire encore plus meilleure figure "C’est vrai que j’ai de meilleures offres. Midas a un jet privé, je t’en ai déjà parlé ?" Surement, c’était un running gag aux possibilités multiples qu’elle dégainait pour rappeler au peuple que personne ne jouait dans sa cour, au chanteur — elle était sa meilleure publiciste à ce stade. Nicholas lui en voudrait sans doute d’avoir mentionné le jeune homme, mais en fait, elle n’avait pas envie de lui faire cette fleur ce soir et de considérer que c’était un pacte équitable que de ne pas parler de l’homme qu’elle aimait. Il devait s’y faire, comme Midas s’était fait à l’idée que Jo n’avait rien en commun avec Nicholas, mais qu’elle tachait de rester dans son sillage pour des raisons aussi adorables au fond que, durant toutes ces années, elle avait voulu l’aider à juste évoluer. Il s’en sortait bien désormais, c’était presque tout ce qui comptait vraiment, le reste n’étant pas important aux yeux de Jo "Je vais rentrer." finit-elle par dire, n’osant pas appuyer sur le nerf sensible en disant à Nicholas qu’à choisir un endroit où broyer du noir, elle préférait un million de fois le faire dans l’immense villa de sa popstar de petit ami — d’habitude, elle l’aurait fait, mais on pouvait s’accorder à dire que ce soir n’avait rien à voir avec d’habitude. Elle se remit en mouvement, s’inclinant en avant pour récupérer son sac de voyage, et alla se hisser à la fenêtre de Nicholas pour pouvoir sortir de sa chambre. Quand elle atterrit les deux pieds bien profondément ancrés dans le sol, elle se retourna, puis elle lui dit "Je te propose pas de venir t’aider à emménager, je suis contractuellement plus autorisée à rendre ce genre de services réservés aux cassos de ton genre." Elle plaisantait, bien évidemment. Ce n’était qu’une façon de reprendre la main et de se faire mousser comme elle aimait le faire, faisant battre ses cils dépourvu de maquillage et remettant en route son système pour paraître la plus en contrôle possible. Elle avait toujours les yeux qui brillaient cela dit "Mais si jamais t’es chaud pour organiser une fête un de ces quatre, oublie pas de me mettre sur la liste des invités spéciaux. Tu rêves pas, c’est un ordre." ajouta-t-elle tout en sachant qu’étant donné son agenda, elle ne pourrait pas s’y rendre. Mais encore une fois, l’esbroufe était pailletées, le sourire aussi espiègle qu’il manquait un peu de saveur en vérité "J’y vais. Ressasse pas trop à propos du câlin, c’est plus de ton âge." Et sur cette dernière mise en garde pas bien méchante qu’elle lui fit en pointant un index sévère sur lui, elle tourna les talons.

rp terminé.