like a lazy ocean hugs the shore
@Midas Sterling ☆ crédit/lilachsgifs

"Pourquoi ça te surprend autant que je sois susceptible de te répondre que oui ?" C’était l’impression qu’elle avait, que chaque fois qu’elle initiait une avancée significative dans leur relation, Midas était surpris qu’elle puisse avoir ce genre de velléités. Seulement, à défaut d’être bien construite, elle tachait de faire les choses dans un certain ordre, à un certain rythme, qui n’incluait pas de se précipiter, même si selon son propre avis, ils avaient déjà perdu beaucoup trop de temps loin l’un de l’autre. Il restait tout de même des choses pour lesquelles ça restait important de prendre son temps, notamment parce qu’elle était souvent terrifiée de ne pas savoir comment s’y prendre, malgré sa propension à donner le change pour ne pas admettre qu’elle avait peur justement — de ruiner l’équilibre de Midas, de le casser, alors qu’il paraissait plus armé qu’elle pour supporter certaines choses, et évoluer en tant qu’adulte. Elle apprenait, et elle faisait des erreurs, mais elle les corrigeait. Elle essayait, du moins. Elle ne prétendrait pas que ça l’enchantait de se retrouver coincée entre le père et la mère de Midas, le concept de parents, et donc d’autorité, étant difficile à endurer pour quelqu’un comme elle, même à son (vrai grand) âge, mais elle n’avait pas des intentions différentes de celles qu’il avait partagé avec elle tout à l’heure en lui disant qu’il aimerait rencontrer quiconque ayant un tantinet d’importance à ses yeux : ses parents étaient importants pour lui, à partir de là, la conclusion était facile à tirer, même pour quelqu’un de pas très malin. Elle lui attrapa le visage entre les mains, donnant l’impression de vouloir le froisser avec ses doigts, ne sachant quoi faire du sentiment qui l’animait sur l’instant et qui ressemblait à s’y méprendre à un trop-plein d’amour. Elle évita d’être trop démonstrative cette fois, préférant garder ça pour plus tard, se contentant du minimum en faisant bondir son nez contre le sien "Je veux vérifier par moi-même si tu ressembles plus à ta mère ou à ton père et plus jamais te laisser tranquille avec ça." En d’autres termes, bien sûr qu’elle en avait envie, et le fait qu’il tente de la flatter en vantant l’honneur que ça lui ferait de la présenter à ses parents ne la gonflerait pas davantage d’orgueil à cette idée. Elle savait que la mère de Midas serait moins honorée de la recevoir quand elle se rendrait compte que son fiston avait mis le grappin sur un numéro pareil.

Elle n’avait pas envie de s’énerver. Elle n’avait pas envie de laisser à sa colère tout le loisir de faire un retour tonitruant alors qu’elle l’avait laissée en Australie. Mais sur l’instant, Midas ne lui facilitait pas la tache, et le besoin de prendre un peu de distance devint vital pour non seulement contenir ce qui lui brûlait la langue, mais surtout relativiser la situation qui n’était pas dramatique au fond, qui lui demandait pourtant d’improviser au sujet de quelque chose dont elle avait émis l’exigence de ne pas y être confrontée tout de suite, ne serait-ce que pour se laisser une marge supplémentaire et composer avec l’idée qu’elle n’était rien d’autre qu’une intruse au milieu d’une dynamique mise en place depuis six ans. Elle prit une profonde inspiration, levant les yeux vers Midas qui faisait ce qu’il pouvait pour faire tampon évidemment, et ça lui laissa un goût amer sur le bout de la langue. Il était en train de se démener pour désamorcer cette situation, mais il l’avait laissée gérer toute seule celle de tout à l’heure en la rendant responsable du sort de Harleen. Clairement, ça ne jouait pas en sa faveur. Mais admettons, elle lui laissait le bénéfice du doute, consciente d’en faire des caisses pour rien, et expira longuement cette fois en le regardant par-dessous la ligne épaisse de ses cils "Sauf qu’elle est là, et que je vais pas réussir à faire semblant que c’est pas le cas." Elle haussa les épaules, jetant un regard au hasard par-delà la grande baie vitrée de la villa "Et je veux pas lui laisser la moindre occasion de je sais pas, décider que j’ai pas le droit de faire partie de l’entourage de votre fille en me comportant comme une pétasse bouffie de jalousie qui a aucun scrupule à la foutre à la porte alors que le danger rôde à l’extérieur." C’était pourtant ce qu’elle était, dans une mesure, une pétasse bouffie de jalousie — sauf qu’elle était loin d’être bouffie, mais passons, là n’était pas la question. Elle garda un petit sourire sardonique sur les lèvres, et décida de ne pas lui soutenir que Posy avait toujours besoin de passer du temps avec sa maman quoi qu’il en soit. Elle n’avait pas envie de se battre pour avoir le dernier mot, pas cette fois. Elle avait juste envie, maintenant, qu’on lui laisse le temps de digérer ce qu’elle avait vu, ce qu’elle avait constaté, ce qu’elle avait ressenti — ressentait, et qui la bouffait d’une manière curieuse, douloureuse. Elle eut un très léger rire qui n’était rien d’autre que défensif quand il contredit l’idée que tous les trois, ils n’étaient pas une famille comme Jo l’entendait, et bien qu’elle le laissa venir à elle sans faire rien de plus que le regarder, elle, elle resta à sa place en lui disant dans la foulée "Pourtant, c’est à ça que vous ressembliez tout à l’heure. Mais qu’est-ce que j’en sais, hm ?" Après tout, elle n’avait pas eu le bon exemple, en matière de famille.

Si lui ne comptait pas l’abandonner au profit de Harleen, elle, elle avait besoin de s’éloigner de lui le temps de quelques instants, et c’est ce qu’elle fit. Elle n’imaginait pas un instant qu’il la laisse ronger son frein tranquillement, elle espérait simplement qu’il aurait assez de jugeote pour attendre un peu avant de l’approcher à nouveau. Mais il la talonna, et alors qu’elle s’apprêtait à refermer la porte pour laisser ses émotions l’envahir, il la retint avec sa main. Elle leva la tête, trouvant rapidement ses yeux avec les siens "Laisse-moi cinq minutes." Elle aurait pu le supplier, choisit de ne pas le faire tout de suite et fronça les sourcils quand elle se rendit compte que son coeur cognait beaucoup trop fort dans sa poitrine. Pas parce qu’elle craignait quoi que ce soit, mais parce qu’elle se retenait de pleurer depuis quelques minutes déjà. Elle sentit ses paupières s’alourdir sous le regard qu’il lui lançait et qui était une excellente tactique pour la faire s’attendrir fissa, d’autant qu’il lui présenta des excuses qu’elle ne pouvait pas refuser. Ça l’ennuyait, n’ayant soudainement plus aucune vraie raison de lui en vouloir sur la durée "J’ai eu l’impression que tu me piégeais, alors que je t’ai dit que je voulais pas voir ça, là." Elle entendit sa voix se briser juste un peu, le ça là désignant ce qu’elle, elle avait toujours dans la tête, cette dernière se secouant doucement tandis qu’elle lâchait la poignée stylisée de la porte pour replacer ses longs cheveux d’un côté à un autre de sa nuque "Je sais que tu comprends pas que ça me fait de la peine, et je te demande même pas de le faire, parce que je suis même pas sûre de réussir à t’expliquer pourquoi je réagis comme ça de toute façon." Passée l’idée qu’elle était une chieuse professionnelle, il y avait tout de même une vraie raison à sa réaction. Elle avait trop conscience que c’était puéril cependant, et qu’à côté du fait qu’elle était blessée, elle était aussi mal à l’aise de ne pas réussir à passer rapidement à autre chose en se disant que c’était la vie, que considérant les années qu’ils avaient passé loin de l’autre, ce n’était pas anormal que l’un d’eux avait réussi à construire quelque chose de concret, même si c’était selon un modèle sur-mesure, donc moins conventionnel. Elle soupira pour la énième fois, traduction de l’embarras réel qu’elle ressentait depuis tout à l’heure "Je suis pas en colère contre toi. J’accepte tes excuses, pour de vrai." Malgré le sentiment qu’elle gardait qu’il l’avait mise au pied du mur, elle était sincère. Elle ferma les yeux, fort, et ajouta, plus que déterminée, en dépit de sa lassitude évidente, à obtenir au moins quelque chose dont elle avait vraiment envie aujourd’hui "Mais s’il te plaît, laisse-moi un peu seule. Juste le temps d’accuser le coup, après je ferai ce que je peux." Elle se concentrerait sur Posy, c’était encore ce qu’elle ferait de mieux.

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Midas Sterling & @Jo Carter ☆ crédit/ssoveiagifs

« Pourquoi ça te surprend autant que je sois susceptible de te répondre que oui ? » - « Je suis pas surpris. » Si, un peu dans le fond, mais ce n’est pas pour cette raison-là que j’insister pour lever tout malentendu. « T’as juste pas dit oui aussi clairement que ça, alors je voulais être certain que j’avais bien compris. » Dans les faits, je n’avais pas compris grand-chose, puisqu’elle parlait de l ‘avenir, qu’elle parlait presque de ces présentations comme une fatalité là où, moi, je veux simplement être certain que c’est bien le cas, qu’elle en a envie et pas qu’elle se sent obligée de le faire comme si c’était la prochaine étape. Bien sûr, si cette seconde éventualité se révélait être la bonne je serais déçu, je finirai certainement par me dire que malgré tout l’amour que je lui porte, Jo ne verra jamais les choses comme moi et cela finirait par me blesser, mais je serais malgré tout incapable de cesser d’en être amoureux comme un fou pour autant. « Je veux vérifier par moi-même si tu ressembles plus à ta mère ou à ton père et plus jamais te laisser tranquille avec ça. » J’esquisse un sourire, soulagé par son aveu auquel elle donne des allures de plaisanterie mais qui m’ont malgré tout l’air parfaitement authentiques. « Alors tu le feras. » Et moi, j’organiserai ça dès notre retour maintenant que je sais qu’elle y aspire. « Je prends du côté de ma mère, pour répondre à ta question. » Les yeux bleus sont un héritage maternel, je les partage avec mes cousins autant qu’avec mes frères et sœurs. La ressemblance avec mon père est là également, mais bien plus subtile. Je crois que c’est de lui que je tiens mon physique plutôt fin et élancé là où mes cousins sont de biens plus grands gaillards que je ne le serai jamais.

Je me demande dans quelle mesure Jo sera toujours désireuses de faire un aussi grand pas en avant – rencontrer ma famille en est un et je suppose qu’il doit la terrifier, au moins un peu – après le fiasco qu’est cette fin de journée. Mais qu’étions-nous supposés faire ? Laisser la mère de ma fille se débrouiller seule ou dormir à l’aéroport ? La renvoyer de force dans l’avion et graisser la patte des officiers de l’aéroport privé en prenant le risque qu’il arrive quelque chose à Harleen ? Je comprends le désarroi de Jo, je le comprends vraiment. Mais je suis démuni face au constat que nous n’avions pas réellement le choix. Atterré par sa réaction puisque mon ex n’entretient pas avec moi la moindre ambiguïté. N’ai-je pas le droit à une histoire ? Pendant six ans nous sommes devenus des inconnus, Jo et moi, étais-je supposé mettre ma vie en parenthèse ? N’ai-je pas le droit de venir avec des bagages ? Quoique je ne considère même pas le fait d’avoir une petite fille – et donc une mère qui vient avec – comme en étant un. Jo devra accepter un jour ou l’autre qu’elles font toutes les deux parti de l’homme que je suis, que Posy est une part importante de mon histoire, et Harleen avec.

Cette dernière s’est montrée discrète depuis l’aéroport. Lorsque nous sommes arrivés à la villa, elle s’est éclipsée avec sa fille, certainement pour respecter que Jo et moi avions besoin de quelques minutes en tête à tête. Elle l’a certainement perçue, la frustration de ma compagne. Elle sent les choses, Harls, et je suis presque certain qu’elle saisit aussi toute l’hostilité de la chanteuse. « Sauf qu’elle est là, et que je vais pas réussir à faire semblant que c’est pas le cas. » J’écarte les bras, impuissant. Et qu’est-ce qu’on était supposé faire ? – semble demande chaque fibre de mon être. « Et je veux pas lui laisser la moindre occasion de je sais pas, décider que j’ai pas le droit de faire partie de l’entourage de votre fille en me comportant comme une pétasse bouffie de jalousie qui a aucun scrupule à la foutre à la porte alors que le danger rôde à l’extérieur. » - « Elle décidera pas ça. » Harls est beaucoup de choses, parfois un peu mesquine je l’admets, mais elle sait qu’en agissant de la sorte elle s’engagerait dans une voix dangereuse pour elle et pour Posy. Pour cette dernière, parce qu’elle a besoin de passer du temps avec son père et que Jo fait partie de mon quotidien. Quant à moi, elle n’osera pas entrer dans un nouveau bras de fer, trop consciente de tout ce que je lui apporte au quotidien, trop consciente d’être entièrement entretenue par ma fortune. « Elle sait se montrer sensée. Et elle est pas idiote, elle doit savoir et comprendre que passer tes vacances ou même une partie avec l’ex de ton compagnon, c’est pas ce que tu voulais et que c’est pas agréable. »

« Pourtant, c’est à ça que vous ressembliez tout à l’heure. Mais qu’est-ce que j’en sais, hm ? » - « C’est peut-être à ça qu’on ressemblait à tes yeux. » La précision est importante, elle laisse sous-entendre peu subtilement que sa perspective n’est pas dénuée d’importants biais. « Mais c’est pas ce qu’on est. » Posy tenait la main de son père et de sa mère à la fois. Pour Posy, nous sommes sa famille. Je n’ai toutefois pas posé le moindre regard incriminant ou tout simplement qui pourrait faire souffrir ma petite amie sur mon ex, j’y ai veillé. « Laisse-moi cinq minutes. » Je déglutis et j’ôte alors ma main de la porte de la chambre. Je la laisse fuir, parce que j’ai le sentiment qu’elle est irrationnelle et que je ne peux rien faire pour la retenir .« J’ai eu l’impression que tu me piégeais, alors que je t’ai dit que je voulais pas voir ça, là. » Tu vois ce que tu veux voir. Ou plus précisément, ce qu’elle craint de voir. Et puis merde, pensait-elle pouvoir éviter ce pan là de mon existence indéfiniment ? Elle n’aurait jamais passé ce cap de son plein gré, voilà ce que l’agacement commence à me pousser à penser. « Je sais que tu comprends pas que ça me fait de la peine, et je te demande même pas de le faire, parce que je suis même pas sûre de réussir à t’expliquer pourquoi je réagis comme ça de toute façon. » Stoïque, je demeure à présent doit comme un i face à l’embrasure de la porte de la chambre, las de me battre contre elle à propos d’une chose sur laquelle je n’ai pas la moindre emprise. Harleen est là et je ne peux pas changer ce fait, qu’il s’agisse du fait qu’elle soit là aux Fidji ou de façon plus générale dans mon existence. Combien de temps encore faudra-t-il à Jo pour digérer mon passé ? Combien de temps me faudra-t-il à moi avant de me mettre à penser qu’elle le considère comme une tare et, par conséquent, qu’elle ne m’aime pas tout à fait comme je viens ? « Je suis pas en colère contre toi. J’accepte tes excuses, pour de vrai. Mais s’il te plaît, laisse-moi un peu seule. Juste le temps d’accuser le coup, après je ferai ce que je peux. » Je hoche la tête, reculant alors de quelques pas. « Ca là. » Ce qu’elle ne voulait pas voir. « Ca fait partie de l’homme que je suis Jo. Et je peux pas le changer. » Et je ne voudrais le changer pour rien au monde non plus, à vrai dire. Sans ça, il n’y aurait pas de Posy. « Prends ton temps. Mais reviens s’il te plait. » Je le lui dis sans brusquerie, sans que cela ne résonne comme un ordre non plus. C’est une vraie requête. Ne gâche pas tout, je t’en supplie.

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@Midas Sterling ☆ crédit/lilachsgifs

Elle n’était plus qu’un lointain souvenir, la conversation qu’ils avaient eue à l’aéroport. Plus tard, Jo se demanderait comment les choses se seraient passées si elle avait été moins fière, et qu’elle avait refusé d’accompagner Midas jusqu’à là-bas ; si comme il lui avait fait dit quelques instants plus tôt, il aurait réussi à être plus homme qu’il ne l’avait été en la rendant tributaire du sort de cette femme que Jo n’a pas envie d’apprendre à connaître pour des raisons aussi puériles qu’elle lui avait volé sa place. De ça, tout le monde était capable de s’en rendre compte puisque de ce que Midas lui avait toujours vendu comme une passade, il en restait quelque chose de concret, et pas des moindres : un enfant. Elle ne réussirait pas à dire à Midas que c’était ça le problème au fond, que dans sa définition de l’histoire d’amour parfaite, il ne pouvait y avoir qu’une seule logique supportable à ses yeux et celle qui devait certainement la faire passer pour plus vieux jeu qu’elle ne l’était : qu’elle aurait dû être la seule susceptible de lui donner tout ce qu’il désirait avant que quelqu’un d’autre ne le fasse. Elle était persuadée qu’il ne le comprendrait pas dans tous les cas, même si elle lui expliquait qu’à ce stade de leur relation, même si ça devait paraître bien tôt pour ceux qui ne connaissaient pas toute l’histoire, elle s’imaginait tout faire avec lui, et que ça lui brisait le coeur de devoir composer avec l’idée que, pour lui, plus rien n’aurait le goût d’une première fois, et surtout pas devenir papa. De fait, elle n’essayerait même pas de se montrer transparente à ce sujet-là, préférant encore qu’il la croit assez immature — c’était le plus facile, supposait-elle, ça ne demandait pas beaucoup d’effort — pour lui reprocher son passé que de ruminer sur le mal que ça lui faisait de s’être fait ravir la priorité, si tant était qu’il y en avait vraiment une.

Visiblement, il accordait plus de crédit à la mère de sa fille qu’à celle avec qui il partageait sa vie aujourd’hui. Elle en était la première surprise, la première offensée aussi. Jo ressentait ses paroles de cette manière, l’entendant vanter les mérites du bon sens et des bonnes intentions intentions de Harleen comme si, là encore, il y avait quelques mois de ça, il ne lui avait pas donné un son de cloche différent. Peut-être avait-il simplement tordu son ressenti à l’égard de la jeune femme pour la rassurer quand elle avait appris l’existence de sa fille, peut-être avait-il simplement voulu l’amadouer comme il l’avait déjà fait en lui dissimulant ses secrets. Elle, elle en venait à penser de cette façon tant elle avait le sentiment désagréable d’être contrainte à faire des efforts, à accepter des choses quand, en contrepartie, elle avait à peine l’impression d’avoir le droit au bénéfice du doute, encore moins à la compassion. Elle sentit sa gorge se rétracter, lui faire mal, et sa déception l’assaillir. Le sourire sardonique qu’elle avait sur le visage à ce moment-là, il disparut dans le regard fixe qu’elle lui donna quand, écoutant ses éloges à l’encontre de Harleen, elle lui dit calmement, sans doute trop compte tenu du tempérament qui était le sien d’ordinaire "Elle a pas l’air de t’horripiler autant que ça finalement." Un constat qui ne la rassurait pas, indéniablement amené par son amertume au regard de la situation dans laquelle elle se trouvait désormais.

Elle voulait être seule. Elle en avait besoin sur le moment pour ne pas faire ce qu’elle faisait d’habitude et pencher vers des extrêmes amenés par sa frustration, notamment. Etait-ce trop demandé ? Elle en avait le sentiment — comme elle avait le sentiment de faire le bon choix en ne voulant pas précisément expliquer à Midas ce qui la chagrinait autant quand elle le voyait tirer des conclusions qui remettaient en doute l’idée qu’elle puisse accepter l’homme qu’il était. Vraiment, il ne comprenait pas grand-chose sur le moment, et comme elle le lui avait dit plus tôt, ce n’était pas grave après tout, juste un énième caprice à son actif ; rien de nouveau en somme, c’est ce qu’il devait penser, et c’est ce qu’elle ne l’empêcha pas de penser d’ailleurs, refusant d’affronter ses yeux quand il accepta de la laisser quelques instants tout en la sommant de revenir quand elle jugerait bon avoir assez accusé le coup. Elle pouvait presque l’entendre son ne gâche pas tout, lui étant bien plus transparent qu’elle ne le serait jamais, et c’est ce qui donna à ses émotions l’impulsion nécessaire pour céder quand elle ferma la porte juste après.

Cinq minutes à pleurer en silence, c’était long et pénible, mais c’était un délai suffisant pour lui permettre de se remettre en marche. C’était une mécanique qu’elle connaissait par coeur pour l’avoir alimentée durant des années, apprenant à faire le point pour ne rien laisser transparaître quand elle se sentait profondément blessée, mais qu’il fallait tout de même assurer pour ne pas être taxée d’autres choses que les adjectifs qu’elle acceptait de recevoir comme une offrande empoisonnée — à choisir, elle préférait encore avoir un droit de regard sur comment on la détruisait. C’était presque comme monter sur scène un jour de moins bien, et ça elle savait faire mieux que personne. Alors elle avait peut-être les yeux un peu rouges de les avoir frotté, et elle avait peut-être la voix un peu cassée d’avoir sangloté en sourdine, mais après être passée par la salle de bain pour se débarbouiller et affronter son reflet dans le miroir, elle remonta en selle sans même se laisser le temps de rationaliser l’idée que dans tous ça, celle qui souffrirait le plus ce soir — et peut-être jusqu’à la fin de leur séjour —, ce ne serait nul autre qu’elle, mais que ça ne semblait pas si important que ça. Ne gâche pas tout, s’entendit-elle penser à son tour, sortant de la chambre dans un nuage de parfum qui la suivit jusqu’au salon où elle tomba sur la petite Posy, assise sur le canapé du salon. Elle se laissa lourdement tomber à ses côtés, faisant mine de pas la voir en la bousculant pour de faux histoire de la faire pouffer de rire, et lui lança des petits regards en biais pour la voir graduellement intriguée par l’air malicieux qu’elle revêtait pour susciter sa curiosité ; elle évita de se dire qu’elle ressemblait vraiment beaucoup à ses deux parents sous cet angle. Elle ne se demanda pas où était Midas, si répondre à sa supplication silencieuse le satisferait d’une manière où d'une autre, honnête avec elle-même au point d’admettre que se montrer à nouveau n’avait vocation qu’à ça, malgré le fait que pour l’heure, elle ressentait une forme étrange de déception à son égard ; quant à se demander où était Harleen, elle pouvait s’être fait frapper par la foudre en rentrant de leur bout de plage privée que ça l’aurait à peine chagrinée. Doucement, très doucement, elle se pencha sur la petite qui remarqua les paillettes sur ses bras, les frôla avec sa paume qui se refléta sous la lumière douce de la pièce. Le nez et les paupières plissés, Jo lui demanda sans délai, partageant avec elle le secret de leur prochain méfait — qui n’était pas bien vilain entre parenthèses, contrairement à ceux dont on l’accusait sans chercher à les comprendre "T’es prête à voir ta chambre ?"

rp terminé.