La nostalgie est un sale piège dans lequel il est difficile de ne pas retomber dans les moments de solitude. Lena le savait bien et pourtant elle s'était fait avoir bien trop facilement lorsqu'une vieille amie à elle était réapparue pour lui proposer de participer à un jeu de rôle grandeur nature avec quelques personnes de leur groupe de l'époque. Si le timing avait été différent, il y avait fort a parier que l'influenceuse aurait décliné cette proposition. Elle n'osait même pas imaginer les répercussions que cela pourrait avoir si une photo d'elle dans sa tenue de mage fuitait sur les réseaux. Et pourtant, elle avait accepté, se sentant même impatiente de participer à cette aventure. Grande joueuse à l'époque, elle avait toujours été friande de ces mondes fantastiques dans lesquels il était possible de s'évader le temps d'un instant. Alors se couper du monde et enfiler une autre personnalité le temps d'un week end lui avait paru agréablement régressif, et beaucoup trop tentant pour ne pas se prendre au jeu. Bien sûr une part d'elle espérait secrètement ne croiser personne qui pourrait se servir de sa présence ici pour la descendre, encore, mais elle avait prit le risque. C'est vêtue d'une longe robe de mage verte aux manches évasées, d'une cape sombre et d'une longue perruque rousse qu'elle avait profité de sa première journée et elle était plus que satisfaite de n'avoir à penser à rien. La fin de son après midi aurait pu se dérouler dans le même ton si elle n'était pas tombée nez à nez avec quelqu'un qui n'avait absolument rien à faire là alors qu'elle venait de lui ramasser son heaume pour le lui tendre. « Qu’est-ce que… ? » Elle aurait voulu croire que son cerveau lui avait fait défaut en reconnaissant le visage de Sergio dans cette imposante armure qui n'avait pas l'air d'être prévue pour se déplacer avec, mais il n'était pas une hallucination à son plus grand regret. « J’ai beaucoup de questions sur… ça. » Elle baissait les yeux, se rappelant que s'il était ridicule, elle aussi était dans une tenue des plus originales - ou en tout cas loin de celles dans lesquelles il l'avait déjà vue auparavant. « Et moi donc... » Elle avait pouffé de rire au passage, ayant du mal à se retenir devant l'air qu'il avait coincé là dedans. « Mais ce sera pour plus tard, j’ai une urgence. Est-ce que tu as vu des chèvres quelque part ? » « Qu'est-ce que tu veux foutre avec des ch... » Elle avait eu envie de rire, que ce soit à cause de cette situation ou de sa demande improbable, mais elle s'était interrompue elle même en voyant l'air ô combien inquiet de Sergio. Elle avait beau ne plus le porter dans son cœur depuis un moment, Lena n'avait aucune raison de lui vouloir du mal pour autant. « Juste là-bas, dans l'enclos derrière la taverne. Tu vois les vois à peine d'ici. » Qu'elle avait lancé en désignant la bâtisse en bois. « Qu'est-ce qu'il se passe ? »

(la robe et pour le reste de la tenue tu te débrouilles pour imaginer (j'attends la comparaison avec la princesse fiona))

Objectivement, Lena était magnifique. Sa longue perruque rousse bouclée était sublime, sa robe d'excellente qualité et elle lui tombait merveilleusement sur les hanches, les accessoires qu'elle avait soigneusement choisis pour l'occasion étaient tous parfaitement accordés. Elle n'avait pas été totalement convaincue au départ mais elle avait fini par se sentir à l'aise dans ce personnage d'un jour. Pourtant, objectivement aussi, elle savait que la personne qu'elle était au quotidien, qu'elle affichait, n'avait aucun rapport avec cet univers fantasque. Alors elle avait compris en voyant l'air de Sergio qu'elle était à ses yeux plus ridicule qu'autre chose, dans le même sens que lui, dans son armure qui avait dû coûter bien trop cher pour l'occasion, l'était tout autant. Pourtant, les pensées des deux étaient happées vers le sentiment d'urgence que la situation semblait nécessiter. Alors Lena avait donné l'indication qu'elle avait en tête suite à cette surprenante demande de trouver des chèvres. Si elle avait déjà eue à répondre aux exigences de Sergio par le passé alors qu'ils travaillaient ensemble, celle là, il ne lui avait jamais faite. « Je vais aller voir, merci. » Et peu importe à quel point elle avait pu haïr l'homme qui se tenait face à elle, Lena avait aussi un amour inconditionnel pour sa famille - ou presque, selon de quel membre de cette dite famille on parlait. Alors elle lui avait demandé ce qui s'était passé, se doutant bien qu'il n'était pas venu ici pour son bon plaisir comme elle mais qu'il avait dû être traîné là par l'un de ses enfants, et vraisemblablement le plus jeune - autant dire qu'elle n'imaginait ni Diego, ni Alma, ni Cesar ou Sara demander à leur père de passer du temps en tenue d'époque. Quoi qu'elle aurait pu être surprise, à bien y penser. « Je suis venu avec Alejandro et il a vu des chèvres. Il a filé et je ne le trouve plus. Si tu veux m’aider, tu es la bienvenue. » Elle n'avait pas vu Ale depuis des années mais soudainement l'envie d'aider s'était imposée à elle. « Viens, c'est juste là bas. » Qu'elle avait lancé pour annoncer qu'elle allait l'accompagner, sans plus dire un mot ensuite, jusqu'à ce que Sergio ne rompe le silence qui les accompagnait pendant leur court trajet. « Ale m’a fait regarder Shrek, il n’y a pas longtemps. » Inutile de réfléchir bien longtemps pour comprendre ce que Sergio venait de faire, et même si Lena n'avait pas fait le rapprochement avant ça, elle se détestait désormais d'avoir choisi le combo perruque rousse et robe verte. « Et tu as voulu jouer au Prince en armure du coup ? » De toute évidence, elle prêtait à Sergio la même arrogance que ce personnage. Mais il n'était plus le temps pour échanger des vacheries, l'enclos se tenant juste devant eux à présent, ouvert, avec des chèvres échappées. Difficile de dire si c'était une mise en scène prévue ou un réel accident. « Vous allez nous aider à toutes les récupérer, oui ou non ? » Lena regardait autour d'elle, tentant de retrouver Ale, mais les choses semblaient ne pas se passer comme prévu. « On va pas avoir le choix. » Les yeux levés au ciel, elle décida de ne pas se plaindre pour autant. « Tu t’y connais en chèvres ? » Le regard qu'elle lui avait lancé voulait tout dire. « J'ai l'air de m'y connaître en chèvres ? »

WIN : Et alors qu'elle s'apprêtait à décider de par où commencer, un peu perdue face au chaos qui régnait, elle avait fini par poser ses yeux sur Alejandro qui tentait de caresser une chèvre miniature. « Sergio ! » Qu'elle avait crié pour attirer son attention avant de désigner l'enfant du doigt. Peut-être qu'ils pourraient partir ni vu ni connu maintenant que leur objectif personnel était atteint, laissant ceux qui savaient y faire s'occuper des animaux.

SO CLOSE : « Les trois là bas, si tu les contournes d'un côté et que je fais pareil de l'autre on devrait pouvoir les ramener. » Ils en étaient vraiment là, à devoir s'allier pour accomplir une tâche qui ne relevait clairement pas de leurs compétences premières. Mais il faut croire qu'ils faisaient toujours un bon duo, puisque les trois bêtes furent ramenées à l'enclos en un rien de temps.

FAIL : Sans trop établir de stratégie Lena s'était mise à essayer de regrouper les bêtes, mais tomba rapidement sur une chèvre récalcitrante, qui se mit à la charger, la faisant tomber sur ses fesses. « J'espère qu'il est plutôt clair qu'on ne reparlera jamais de cette journée une fois qu'elle sera terminée. »

L'avantage de ce genre de situations inconfortables, c'est qu'elles avaient tendance à rappeler à Lena à quel point elle ne pourrait jamais tout contrôler autour d'elle, peu importe combien d'efforts elle investissait pour y parvenir. « Inutile d’employer ce ton, Lena. Je sais que je suis chanceux de ne pas avoir vécu à l’époque médiévale. » « Tu as l’air d’aimer les animaux. » Pour le coup, il avait raison. Mais ce n'était certainement pas le moment d'entamer une grande conversation sur ses intérêts. « Ça ne veut pas dire que j'ai l'âme d'une fermière. » Qu'elle avait lancé sans pouvoir s'empêcher de rire, le ridicule de la situation étant bien trop important pour pouvoir en faire complètement abstraction. Plaisanter n'allait pas les aider à résoudre le problème auquel ils faisaient face alors elle avait proposé un plan d'attaque et commençait à le mettre en oeuvre pour essayer de dompter les bêtes. « J’ai l’impression d’être dans un crossover Game of Thrones et la petite maison dans la prairie. » La remarque de Sergio l'avait faite rire légèrement, mais elle avait levé les yeux au ciel comme pour ne pas l'admettre. Malgré la disparition d'Ale, leurs costumes et le contexte dans lequel ils s'étaient retrouvés aujourd'hui, Lena n'oubliait pas les raisons qui l'avaient poussée à couper les ponts avec ce businessman toxique. En tout cas, pour réunir les chèvres ils semblaient faire une bonne équipe jusque là. « Il y en a d’autres là-bas. » Combien de temps la blague allait elle encore durer ? A bien y réfléchir, Lena se demandait si tout ceci n'était pas une mise en scène faisant partie du jeu de rôle plus qu'un véritable accident. Mais avant qu'elle ne puisse rien dire, Sergio se lançait à nouveau. On aurait presque dit qu'il y prenait goût l'espace d'un instant. « On la coince, on l’attrape par les cornes, on la remet à l’enclos, et ensuite on arrête avec ces conneries. » « J'ai comme l'impression que tu te serais mieux débrouillé en cowboy qu'en chevalier. » L'imaginer courir après la bête en essayant de lui jeter un lasso était hilarant et Lena aurait tout donné pour voir cette scène réellement se dérouler sous ses yeux, quoi que ce que cette journée était en train de lui offrir était déjà largement assez drôle pour qu'elle ne l'oublie jamais. Le plan de Sergio n'était pas de jouer les cowboy mais de coincer la bête et son air des plus sérieux - voir un poil en colère - avait suffit à convaincre la blonde d'arrêter de se faire des films et de se concentrer un peu sur leur tâche. « Ok, ok, allons y. » Avec un nouveau travail d'équipe et quelques gestes très habiles de la part du chevalier en armure - ce qui avait eu le don de la surprendre - la majorité des chèvres étaient rentrées dans l'enclos et d'autres personnes présentes ramenaient les dernières à l'abri des clôtures.

Win : Alors qu'elle regardait autour d'elle, Lena posa les yeux sur Ale, caché à quelques mètres d'eux, en train de rire comme jamais - très certainement d'avoir vu son père dans cette situation. « Sergio, là-bas. » Qu'elle lançait en désignant son fils du doigt.
So close :  La personne qui les avait tous sommés de lui porter secours s'écriait alors : « Merci braves aventuriers ! En compensation de votre dure labeur, vous allez chacun vous voir remettre l'un de ces sacs d'or que vous pourrez dépenser à votre guise. Profitez-en ! »
Fail : La personne qui les avait tous sommés de lui porter secours s'écriait alors : « J'aimerais bien retrouver le garçon qui à fait ça. Et ses parents, surtout ! »

« J’ai travaillé dans la ferme de mon oncle quand j’étais adolescent. Les offres d’emploi ne se bousculaient pas pour devenir chevalier. » C'est qu'il savait plaisanter, finalement ? Lena riait de bon cœur parce que de toute façon, que pouvaient-ils faire d'autre dans de telles circonstances ? Si déjà se croiser dans de telles tenues et dans ce contexte était particulier, les évènements qui s'enchaînaient depuis leurs retrouvailles étaient tout aussi particulières. « Mais t'aurais presque pu devenir humoriste. » Qu'elle rétorquait pour se foutre de lui alors qu'ils étaient encore en train d'essayer de gérer les dernières bêtes égarées. « Enfin. » Leur tâche enfin arrivée à leur fin grâce à une coordination plutôt impressionnante, ils pouvaient désormais se concentrer sur l'essentiel. Cherchant du regard aux alentours, Sergio sembla remarquer un détail sortant de l'ordinaire. « Es una broma ? » L'une des tentes était complètement retombée à cause d'un des piquets qui avait visiblement été dérangé. « J’ai bien une idée de qui est le gosse recherché. » « Ale ? » Évidemment que c'était lui, Lena n'aurait pas eu besoin de prononcer son prénom pour qu'ils aient tous les deux faits de rapprochement. Au moins maintenant ils savaient pourquoi Alejandro avait disparu, restait à le retrouver après le chaos qu'il avait engendré. Lena ne pouvait s'empêcher de penser que vraiment, les Gutiérrez semblaient attirer la malchance partout où ils allaient mais elle se retenait de tout commentaire, surtout qu'une voix attirait leur attention en direction d'un tonneau. « Psst, papa ! » « Qu’est-ce que tu fiches là ? On te cherchait partout ! » Elle observait la scène, silencieuse, se demandant si elle ne ferait pas mieux de s'éloigner maintenant qu'elle savait Alejandro en sécurité. Elle n'avait rien à faire aux côtés de Sergio et de son fils après tout. « J’ai pas fait exprès j’te jure ! J’ai trébuché ! » « Sors de là. On va partir discrètement. » Une part d'elle jugeait Sergio de ne pas offrir un peu plus de discipline à son fils qui avait peut-être seulement trébuché mais qui avait surtout causé un sacré désastre, mais encore une fois, elle s'abstenait de tout commentaire. « Hé, c’est pas lui qu’on cherche ? » Les choses risquaient de se compliquer encore plus soudainement. « Lui ? Non. On l’a eu à l’œil depuis notre arrivée. N’est-ce pas Lena ? » Voir Sergio mentir aisément et sans aucune hésitation lui rappelait à quel point il était un manipulateur né mais puisqu'elle n'était pas décidée à se retrouver forcée à remonter une tente, elle préférait rentrer dans son jeu. « Oui, je vois mal comment il aurait pu faire ça. » Et heureusement pour eux, ils avaient semblé suffisamment convaincants pour qu'on les laisse tranquilles. « Tu m'en dois une. » Qu'elle lançait à Sergio avant de se retourner vers le petit qu'elle n'avait pas vu depuis plusieurs années. « Je suis contente de te voir Ale. » A une époque elle l'aurait prit dans ses bras, mais aujourd'hui trop de temps avait passé pour qu'elle puisse prétendre être encore proche de lui et ceux même si elle l'avait vu grandir pendant un moment. « Et maintenant ? On se sépare et on fait comme si ça ne s'était jamais passé ? » En même temps elle voyait mal quelle autre issue pouvait leur convenir puisqu'elle s'imaginait très mal suivre Sergio et son fils pour profiter de cette journée tous les trois comme si tout était normal ; quoi qu'il fallait aussi espérer qu'aucune aventure ressemblant à celle qu'ils venaient de traverser ne se présente à eux.