| | | (#)Mer 24 Avr 2024 - 16:27 | |
| Carmine l’avait appelée hier soir pour lui dire que le Sun, un journal qui s’était particulièrement acharné sur elle durant leur relation, avait publié un nouvel article à leur sujet. Si elle avait tout de suite imaginé le pire, elle n'avait jamais vu venir la suite. Abigaïl était effectivement tombée de haut lorsqu’il lui avait dit que l’article portait sur leurs récentes fiançailles et leur éventuel mariage. C’était tellement absurde qu’elle en avait presque ri. Poisson d’avril? Blague de mauvais goût? Pourtant, ce n’était pas son genre. Si c'était vrai, soit il s’agissait de la fausse nouvelle du siècle, soit il lui manquait clairement une information. Comme l’article suggérait que l’information venait directement des parents des nouveaux fiancés, chose que sa soeur lui avait aussi confirmé par message, elle avait appelé ses parents à la première heure ce matin. L’appel avait duré vingt minutes trente secondes et avait fini en catastrophe. Tout était vrai et elle n’avait pas son mot à dire si elle ne voulait pas être reniée de la famille, soit son pire cauchemar. Elle était désormais fiancée à Carmine et sa mère allait venir la voir prochainement pour débuter les préparatifs du mariage. Le choc était trop grand et trop récent pour qu’elle sache comment l’absorber. Devait-elle pleurer? Pleurer, car on lui enlevait toutes possibilités de vivre l’histoire d’amour qu’elle avait toujours rêvé de vivre? Elle avait aimé Carmine et elle le considérait encore comme l'amour de sa vie, mais elle n'avait pas mis fin à leur relation pour rien. Devait-elle être heureuse? Heureuse, car elle allait enfin pouvoir rejoindre l’idéal social d’une femme dans la trentaine? En plus du mariage, peut-être allait-il ou avait-il changé d'idée sur le fait d'avoir des enfants... Devait-elle être terrifiée? Terrifiée à l'idée de revivre le harcèlement et les insultes des idiots et idiotes qui jalousaient sa place?
Il était environ 9h AM lorsque le message suivant s’afficha sur son téléphone : « Fleurs du mal, 1h PM ». C’était Lily. D’un côté, elle était contente que son amie la contacte. Elle avait sans doute vu la nouvelle passer, se demander si elle avait manqué quelque chose et vouloir savoir si c'était vrai. D’un autre côté... Qu’allait-elle lui dire? Allait-elle réellement lui confier que ses parents l’avaient fiancée à son insu? Que ce n’était qu’une question d’image? Si elle disait la vérité, de quoi aurait-elle l'air auprès d'elle qui semble tout avoir à l'heure actuelle? Après quelques minutes d’hésitation, elle finit néanmoins par accepter son invitation. Ou son ordre plutôt. Après tout, peu importe si elle décidait de se confier ou non à son amie, sortir de la maison pouvait lui faire du bien. Elle entra dans le restaurant en retirant ses lunettes de soleil et se rendit presque tout de suite compte qu'une des tables au fond de la pièce la pointait du doigt et murmurait à son sujet. Abigaïl était habituée de se faire reconnaître en Angleterre, mais pas en Australie. Du moins, pas ainsi. Elle savait donc pertinemment qu’on parlait d’elle à cause de Carmine qui, lui, était bien connu dans les deux pays. Et, comme elle avait passé la nuit et le début de la journée à chercher et à lire tout ce qui se disait à son sujet actuellement, elle se doutait que les regards virés sur elle n’étaient pas tous très bienveillants. L’histoire se répétait, elle le sentait, et elle était à deux doigts de craquer. « Je suis arrivée, dis-moi que tu es bientôt sur place? », qu’elle écrivit nerveusement à Lily avant de remettre ses lunettes sur le visage et de faire semblant d'être occupée sur son téléphone.
Dernière édition par Abigaïl Clarke le Mar 30 Avr 2024 - 17:02, édité 2 fois |
| | | | (#)Sam 27 Avr 2024 - 20:46 | |
| La nouvelle l’a particulièrement prise de court, Lily doit bien l’avouer. Et si elle s’est retrouvée étonnée de ce qu’elle a appris, elle a surtout été en colère contre elle-même face à l’évidence qu’elle n’a pas su anticiper correctement la suite des choses pour une amie longtemps perdue de vue. Comment une chose telle que des fiançailles peut se passer sous son nez sans qu’elle n’en sache rien, sans qu’elle n’y voit rien non plus ? Elle, Lily. Il n’est pas question du premier venu qui ne fait attention qu’à ses clés d’appartement, on parle bien d’une Lily qui ne laisse rien passer et surtout rien au hasard. Et voilà qu’Abigaïl se retrouve fiancée et très bientôt mariée sans la moindre explication, ce qui ne peut convenir à une Lily qui a envoyé un message presque au même moment où elle lisait l’annonce des fiançailles, dans un journal qui ne laisse que peu de place au hoax.
Je suis arrivée, dis-moi que tu es bientôt sur place? Derrière toi.
« Range moi ce téléphone qui n’appelle personne. » qu’elle ordonne faussement, dans un sourire parfaitement amusé par la petite scène montée de toutes pièces. Elle ne pourrait évidemment pas être en retard, Lily, à moins que toutes les horloges du monde aient tenté de fomenter un piège contre elle. Si elle se fait remarquer, cela ne peut être que pour une bonne raison, et un retard ne rentre évidemment pas dans la case de ce qui est accepté ; ainsi est expliqué son mode de fonctionnement, aussi simple qu’il peut être piégeux. « Montre moi tes mains. » Après une étreinte en guise de salutations, elle n’attend pas davantage pour lui poser la question qui lui brûle les lèvres, à savoir si elle porte déjà une alliance au bout de son doigt ou non. « Non, attends, on se pose et après tu me montres tes mains. » Elle repousse les siennes d’un geste pseudo dramatique, sa propre main sertie d’une alliance se posant par dessus celles de son amie pour ne rien gâcher de la surprise. C’est un sujet qui les occupera bien assez longtemps pour qu’elles puissent prendre la peine de réserver une table dans ce salon de thé déjà testé et validé par Lily à de nombreuses reprises. Malgré le brouhaha ambiant, il lui semble être bien moins bruyant que sa maison où règnent les discussions d’enfants de différents âges, qui parlent parfois seuls, hurlent contre son oreille le reste du temps, ou ne font que balbutier et recracher leur lait quand il s’agit des jumeaux. Un café et une pâtisserie ressemble à une vision du paradis pour elle, ses attentes ayant été drastiquement revues à la baisse depuis que son train de vie ressemble affreusement à celui d’une simple mère de famille qui court après le temps et n’a justement le temps de rien. Ironiquement, c’est ce même rêve après lequel elle a passé une vie à courir. |
| | | | (#)Mar 30 Avr 2024 - 12:10 | |
| Soit elle devenait paranoïaque, ce qui n’était pas impossible étant donné ses tendances dramatiques, soit les jeunes femmes à l’entrée la regardaient de plus en plus obstinément. Derrière ses lunettes de soleil bien opaques, Abigaïl tentait de deviner l’origine de leurs expressions faciales et allait même jusqu’à tenter de lire sur leurs lèvres. Elle était maintenant convaincue qu’elles parlaient d’elle et qu’elles parlaient en mal d’elle. Énervée, elle les regarda droit dans les yeux avant de leur offrir sa plus belle grimace sarcastique iconique. Évidemment, pour avoir plus d’impact, elle avait aussi pris le soin de retirer ses lunettes le temps de les incendier du regard. On n’insultait pas une Clarke. Jamais elle n’aurait osé agir de la sorte devant les caméras, mais là, dans ce restaurant rempli des plus fausses bourgeoises de Brisbane, elle n’en voyait pas d’inconvénients. Elle retourna ensuite à son téléphone, qu’elle continua à faire semblant d’utiliser. Sa tête allait trop dans toutes les directions pour qu’elle puisse réellement se concentrer sur quoi que ce soit. Si elle donnait l’impression qu’elle était au-dessus du jugement des femmes à l’entrée, il n’en était rien. C’était de loin son talon d’Achille. Le jugement.
« Range moi ce téléphone qui n’appelle personne. » L’aristocrate releva subitement la tête. Sur le coup, elle se sentie offusquée et honteuse d’avoir été prise dans son jeu. Puis, une fois l’effet de la surprise dissipé, elle se contenta de lever les yeux au ciel d’un air semi-amusé. « D’accord, d’accord. » L’heure sur sa Cartier en or orné de diamants indiquait 13h00 pile. Il ne fallait pas s’attendre à moins de la part de Lily ; ses manières étaient aussi exquises que les siennes. Elle rangea ses lunettes et se leva pour la saluer. « Montre moi tes mains. » Comment avait-elle pu être aussi tête en l’air? Elle n’avait pas du tout pensé à la bague! Était-elle maintenant obligée de tout lui dire? Son visage blêmit et ses mains firent automatiquement un mouvement de recul jusqu’au moment où elles se retrouvèrent coincées sous celles de son amie. « Non, attends, on se pose et après tu me montres tes mains. » Le nez retroussé et un sourire crispé sur les lèvres, elle fit semblant d’être d’accord avec elle. Ce qui n’était pas totalement faux en soi. Peut-être allait-elle se sentir plus à l’aise de tout lui raconter entre temps? Peut-être qu’elle allait être plus incline à se dévoiler elle-même si elle apprenait qu’elle aussi sa vie n’était pas si parfaite? Encore fallait-il que ce soit le cas. Elle l’espérait égoïstement, car même si elle tenait absolument à garder son image de perfection face à la brune, elle ressentait aussi un terrible besoin de se confier à elle. Lily était une guerrière et Abigaïl n’était pas contre l’idée de l’avoir à ses côtés pour traverser cette situation. Par contre, elle ne savait pas si elle était prête à accepter d’être moins bien vue auprès d’elle. « Oui, commandons et parlons ensuite. » Sauf qu’au lieu de finir par entrer dans le vif du sujet, l’architecte et décoratrice d’intérieur, comme prévu, tenta de gagner du temps pour déterminer la meilleure stratégie à adopter. « Comment vas-tu, toi? Comment se porte la famille? Le travail? Raconte-moi tout! » Elle avait fait exprès de mettre et de garder sa main gauche sous la table dès qu’elle en avait eu l’opportunité. Par contre, elle avait bien la bague de mariage de la mère de famille en visuel, ce qui la rendait bien inconfortable. Pourquoi elle avait tout, elle? |
| | | | (#)Mer 1 Mai 2024 - 16:54 | |
| « Oui, commandons et parlons ensuite. » La proposition semble un peu trop rassurer Abigaïl pour que cela n’éveille pas un certain soupçon de la part de Lily mais la jeune femme décide de ne pas trop le souligner dans un premier temps, se contentant de prolonger un instant le regard qu’elle pose sur son amie. Quelque chose chez elle semble changé ; et en même temps, elle se dit qu’il s’agit surtout de ce qu’il se passe pour quiconque se retrouve fiancé. « Comment vas-tu, toi? Comment se porte la famille? Le travail? Raconte-moi tout! » A peine assises, voilà qu’Abigaïl enchaîne les questions et fait crouler Lily sous ces dernières sans aucune vergogne. Loin de se montrer déstabilisée, la brune esquisse un simple sourire avant de donner de son attention à la carte du café.
« J’ai entendu dire que leurs muffins étaient divins. » Elle répond, sans doute pour lui faire comprendre que ses priorités sont ailleurs et certainement pas à lui tenir un résumé précis de tous les aspects de sa vie sur l’année écoulée. Encore moins alors qu’elle n’éprouve plus autant de plaisir qu’avant à avancer tous les plans sur lesquels sa vie a connu des améliorations ; tous ces mêmes plans qui ne la rendent pas aussi heureuse qu’elle l’a toujours cru et espéré. « On discute pour organiser le mariage en fin d’année avec Ezra. A l’été, ça serait parfait. » Et si elle doit parler d’elle, alors elle choisit les sujets qu’elle met en avant. Sa cérémonie de mariage, qu’elle veut grandiose, est un des rares sujets qui peut être choisi pour une telle occasion. Après tout, s’ils sont mariés aux yeux de la loi, ils n’ont encore pas eu le temps de célébrer en étant entourés de leur famille et leurs amis - et en ce qui concerne Lily, ce sera en étant uniquement entourés de ses amis, à n’en pas douter. « Tu seras invitée, bien sûr. » De ça, Abigaïl ne doutait sûrement pas. « Et je te partagerai toutes mes astuces. » Elle ajoute, relevant ses yeux d’un bleu profond en direction de ceux de la jeune femme. Un fin sourire s’ajoute au spectacle. « Australie ou Angleterre ? Le mariage. » Elle n’est pas passée à côté de l’information, bien sûr que non. « L’Angleterre offre un cadre plus rupestre. L’Australie assure la météo. » Elle y réfléchit sincèrement, comme si la cérémonie la concernait: comme si, au final, elle était celle qui s’apprêtait à marier un homme au nom mondialement connu. Cette capacité à se mettre à la place d’autrui aussi facilement n’a sans doute absolument rien de sain mais Lily n’a jamais cherché à s’en défaire d’une quelconque manière, sans doute aussi parce que personne n’a jamais osé lui reprocher frontalement. « Peut-être même que vous pouvez le célébrer deux fois ? » Elle y pense soudainement, s’ajoutant aux idées telle un véritable messie, comme si personne n’aurait pu avoir l’idée à sa place. « Un vrai petit prince que tu vas épouser, chanceuse. » Elle ajoute finalement avec un sourire en coin, ne cachant plus une once de l’amusement qu’elle ressent lorsqu’elle pense à toute cette histoire. Ses sentiments se mélangent lorsqu’il est question de ce mariage annoncé au pied levé mais elle tente d’être heureuse pour Abigaïl et pour ce que cela signifie pour elle autant que pour son couple. Ils avancent, et ils le font vite, de toute évidence. Tant mieux pour eux ; et Lily, de son côté, tente de ne pas trop faire de parallèle avec sa propre histoire et les raisons pour lesquelles elle avait elle aussi été poussée à précipiter son mariage avec Ezra. |
| | | | (#)Lun 6 Mai 2024 - 16:22 | |
| Ses yeux passaient en revue le menu délicieusement présenté. Il y avait de la quantité et de la qualité, tout pour lui plaire. « J’ai entendu dire que leurs muffins étaient divins. » L’information ne passa pas dans l’oreille du sourde. « C’est vrai? Je veux bien en goûter un dans ce cas », répondit-elle avec entrain. Ce sera donc un muffin et… Un cappuccino, allez. Elle aurait bien pris un thé, mais, en bonne anglaise qu’elle était, elle était capricieuse sur les thés à l’étranger.
Abigaïl remarqua que Lily prit soin de ne pas répondre à toutes ses questions. Pour elle, c’était un signe, quoi que subtile, que sa vie n’était possiblement pas aussi parfaite qu’elle en avait l’air. Elle se sentit donc tout suite plus disposée à s’ouvrir à elle. D’abord, son ami l’informa que son fiancé et elle pensaient organiser leur mariage en fin d’année, plus particulièrement à l’été. « Bon choix », approuva-t-elle avec un sourire sincère. Ensuite, elle lui souligna qu’elle était bien sûr invitée à l’événement. « J’espère bien, oui! », s’exclama-t-elle sur un ton taquin. Enfin, l’Australienne, tout en la regardant droit dans les yeux, lui dit qu’elle lui partagerait ses astuces pour son propre mariage. Le bleu perçant ses yeux et son regard insistant mirent l’aristocrate instantanément inconfortable. Ah… Euh… Merci, c’est très aimable de ta part, répondit-elle. Elle était déstabilisée parce qu’elle n’arrivait pas encore à intégrer le fait qu’elle allait se marier. De plus, elle avait été touchée par la proposition d’aide de son amie. Était-elle en train de mentir à une personne qui ne voulait que son bien? Pourquoi?
Sans grandes surprises, le sujet de discussion retomba très vite sur son mariage avec Carmine et, à partir de là, Abigaïl sut qu’elle était mal barrée si elle voulait continuer de mentir à Lily. Elle avait été impulsive en acceptant de la voir et elle n’avait pas eu le temps de créer un tissu de mensonges suffisamment résistants pour faire face à sa perspicacité. Pendant que Lily se questionnait sur le lieu de célébration du mariage, Abigaïl se retenait de tout lui avouer. Son secret était devenu insupportable à garder et elle n’avait plus qu’une envie à présent : qu’il franchisse les murs de ses lèvres et qu’il voie finalement la lumière du jour. Pourtant, pour une raison qu’elle n’arrivait pas encore à identifier dans son intégralité, elle s’obstinait encore à le laisser enfermer le plus longtemps possible.« C’est ce que j’allais dire… Il y aura deux célébrations. Une plus officielle en Angleterre et une plus intime en Australie. Tu sera aussi invitée à nos mariages, bien entendu. », finit-elle par insérer entre les prises de paroles de son amie. Ayant envie de régler la question de la bague et ayant pensé à une excuse, elle revint subitement sur le sujet. « D’ailleurs, pour en revenir à la bague, je ne l’ai pas sur moi en ce moment, car j’ai dû l’amener au bijoutier pour en faire changer la taille. Je devrais la ravoir d’ici peu. Par contre, elle est magnifique! Carmine s’est surpassé, vraiment », inventa-t-elle avec une certaine assurance.
« Un vrai petit prince que tu vas épouser, chanceuse. » Lily avait tapé dans le mile avec cette phrase qui gonfla immédiatement la confiance d’Abigaïl. Sauf qu’elle n’avait pas seulement touché sa confiance en soi, elle avait aussi appuyé sur sa culpabilité. D’un côté, elle se plaisait à savoir que son amie la trouvait chanceuse, d’un autre, elle se sentait mal de lui cacher un tel secret. Elle avait toujours fait en sorte que Lily l’envie un peu, en exagérant légèrement plusieurs aspects de sa vie, mais elle n’était jamais allée jusqu’à lui mentir autant. Il fallait qu’elle fasse quelque chose. De plus, à qui allait-elle pouvoir en parler si ce n’était pas à elle? Elle pouvait toujours compter sur Evan, certes, mais ce n’était pas la même chose. Parfois, pour certains sujets, c’était mieux d’en parler entre filles. Sans parler du fait que son meilleur ami risquait de ne pas l’encourager dans toute cette fausse histoire. Lily… Je dois te dire quelque chose… Je… C’est…, commença-t-elle en prenant ses mains et en tentant de la regarder dans les yeux. « Me ferais-tu l’honneur d’être ma demoiselle d’honneur? », poursuivit-elle avec un grand sourire plaqué sur son visage. Elle s’était dégonflée et elle avait fait un jeu de mots plutôt nul, mais elle ne pensait pas moins ce qu’elle venait de dire. |
| | | | (#)Mer 8 Mai 2024 - 15:03 | |
| C’est avec un certain amusement que Lily note à quel point son amie semble impliqué dans tout ce qu’elle lui annonce, jusqu’au point où elle semble juger nécessaire de lui donner son avis sur la date même du mariage ; comme si le choix de Lily pouvait être conditionnée à l’avis de qui que ce soit. Ezra lui-même n’avait pas grand-chose à en dire sur ce sujet. Ah… Euh… Merci, c’est très aimable de ta part. Face au malaise d’Abigail, Lily ne sait que s’infiltrer dans la brèche tel un véritable serpent. « Ou peut-être que vous allez simplement engager quelqu’un pour gérer tout ça ? » Vue leur niveau social, leur statut et leur porte-monnaie, Lily n’en serait pas étonnée le moindre instant. Et à dire vrai, il s’agit surtout de l’idée qui lui semble être la plus logique pour deux personnes telles qu’eux : ils ont bien d’autres choses à faire pour ne pas perdre leur temps à s’arracher les cheveux sur des préparatifs de mariage particulièrement chronophages.
« C’est ce que j’allais dire… Il y aura deux célébrations. Une plus officielle en Angleterre et une plus intime en Australie. Tu sera aussi invitée à nos mariages, bien entendu. » - « Est-ce que je dois aussi prévoir d’emmener toute ma famille ? » Elle n’est pas étonnée de la double invitation, si bien qu’elle ne lui répond pas dans de plus amples détails sur ce point. Elle en est heureuse, bien sûr, mais elle estime aussi qu’il n’y a pas beaucoup plus à en dire. Ce qu’elle veut savoir, c’est si cette invitation va de paire avec une autre pour son mari, et surtout une autre pour Noah, Alice, Matt et Ezra - rien que ça. Si elle doit trouver une tenue pour toute cette famille, elle devrait s’y prendre le plus tôt possible. « D’ailleurs, pour en revenir à la bague, je ne l’ai pas sur moi en ce moment, car j’ai dû l’amener au bijoutier pour en faire changer la taille. Je devrais la ravoir d’ici peu. Par contre, elle est magnifique! Carmine s’est surpassé, vraiment » Lily pose un instant supplémentaire son regard dans le sien, prenant le temps d’analyser la situation selon ses propres critères. Son sourire subsiste mais elle n’en doute pas moins pour autant de la version des faits d’Abigaïl. Elle revient sur les faits avec bien trop de retard pour que cela fasse du sens, et elle lui donne une explication bien trop impersonnelle pour que Lily veuille y croire un seul instant. Malgré tout, elle rentre dans son jeu. « C’est une bague de famille ? Ou il l’a achetée à cette occasion ? » Et si le sujet l’intéresse réellement, il pousse sans doute aussi Abigaïl à se creuser les méninges du mensonge, ce qui n’est pas donné à tout le monde. Et de son côté, ça amuse terriblement Lily qui se contente d’observer le spectacle.
Lily… Je dois te dire quelque chose… Je… C’est… Me ferais-tu l’honneur d’être ma demoiselle d’honneur? » Cette fois-ci, la surprise est de mise sur les traits d’une Lily qui n’avait pas vu cette annonce arriver. « Vraiment ? Mais oui, bien sûr. Avec plaisir ! » Ses mains cherchent les siennes sur la table du petit café et elle accroche doucement ses doigts manucurés autour des siens pour lui faire part de son bonheur qui, pour une fois, est véritable. Il n’est pas dénué d’intérêt, mais il est véritable. « Tu as déjà proposé à quelqu’un d’autre ? Est-ce qu’on a un dress code ? Oui, non, pardon : évidemment qu’on a un dress code. Tu as déjà une idée de ça ? Est-ce que ça veut aussi dire que tu me laisses aux rennes de ton EVJ ? » La dernière phrase est prononcée avec un sourire en coin tout particulier, les idées de Lily étant déjà bien assez nombreuses pour ne pas lui faire craindre la page blanche sur ce point. Les prochains mois s’annoncent particulièrement intéressants. |
| | | | (#)Dim 12 Mai 2024 - 21:30 | |
| La conversation prenait un virage qu’elle n’avait pas anticipé. Les questions s’enchaînaient à une telle vitesse qu’elle n’arrivait plus à les suivre. La déstabilisation était totale. Il fallait qu’elle reprenne le dessus. Hors de question de continuer ainsi. Le chemin de la vulnérabilité lui avait fait de l’oeil l’instant d’un moment, mais l’impression de perte de contrôle l’avait vite remise sur le chemin du paraître. On ne déstabilisait pas Abigaïl. Abigaïl vous déstabilisait. Du moins, en apparence. « Ou peut-être que vous allez simplement engager quelqu’un pour gérer tout ça ? » C’était le moment de performer et de lui en faire voir toutes les couleurs. C’était le moment de reprendre le contrôle de la situation et de sauver les apparences. « Nous n’allons pas engager quelqu’un, nous avons déjà engagé quelqu’un. Une des meilleures wedding planners au monde. » Rien de moins. « Je vais tout de même participer à toutes les décisions, en plus de m'occuper de la décoration, évidemment. » Ou, en d’autres mots, être ultra chiante. « Elle pourra sans doute te donner quelques conseils aussi. » Une pointe de vantardise par là, une pointe de sincérité par ici. Elle avait intérêt à trouver quelqu’un d’envergure à présent.
Sa décision de ne pas se montrer vulnérable s’accompagna d’un immense sentiment de soulagement. Elle avait toujours envie de se confier à Lily, mais elle ne se sentait pas encore prête à le faire. Comment lui avouer que la vie parfaite à laquelle elle avait toujours aspiré lui était à présent impossible? Qu’elle allait se marier non pas par amour, mais par obligation? Comment avouer une telle chose à une personne à qui tout semblait lui sourire actuellement? « Est-ce que je dois aussi prévoir d’emmener toute ma famille ? » Un sourire sincère s’afficha sur ses lèvres. « Bien sûr. Toute la famille est invitée. » C’était évident pour elle et même un plaisir. « C’est une bague de famille ? Ou il l’a achetée à cette occasion ? » Son sourire sincère se transforma en sourire forcé. Elle n’arrivait pas à savoir si son amie tentait de la piéger, si elle tentait d’accumuler des informations pour la juger ou si elle faisait seulement preuve de curiosité. « C’est une bague de famille qui a été retravaillée, mais je garde la surprise pour le reste. » Une réponse qui était floue, certes, mais qui laissait place aux deux possibilités. Carmine et elle allaient devoir arrimer leurs mensonges au plus vite.
« Vraiment ? Mais oui, bien sûr. Avec plaisir ! » Abigaïl fut touchée par la réaction de Lily et prit ses mains dans les siennes également. Le moment de tendresse entre les deux amies ne dura pas très longtemps par contre, car Beauregard se mit de nouveau à bombarder Clarke de questions. Misère, pensa-t-elle en faisant tout son possible pour ne pas laisser paraître son exaspération. « Tu as déjà proposé à quelqu’un d’autre ? Est-ce qu’on a un dress code ? Oui, non, pardon : évidemment qu’on a un dress code. Tu as déjà une idée de ça ? Est-ce que ça veut aussi dire que tu me laisses aux rennes de ton EVJ ? » Les rennes de mon enterrement de vie de jeune fille ou les rennes de mon mariage?, se dit-elle, à la fois irritée et amusée par le comportement de la brune. On aurait dit qu’elle était plus excitée par son mariage que par le sien. Ce qui, dans un autre contexte, ne lui aurait pas été désagréable. « Il va y avoir d’autres demoiselles d’honneur, mais tu es la première à qui j’ai demandé de l’être. Pour le reste, je n’ai pas encore pris le temps de me pencher sur la question. C’est encore tout nouveau. » Elle hésita lorsqu’elle lui demanda si elle pouvait organiser son enterrement de vie de jeune fille, car elle était assez contrôlante sur ce genre de choses. « Je pensais organiser mon propre enterrement de vie de jeune fille, mais je suis prête à te laisser l’organiser si tu me fais parvenir la liste des activités à l’avance. Et pas de trucs bizarres. » Hors de question d’apparaître dans dans le Sun à cause d’un enterrement de vie de jeune fille à la Hangover. En plus, c’était plus ou moins son genre. |
| | | | (#)Lun 20 Mai 2024 - 20:59 | |
| « Nous n’allons pas engager quelqu’un, nous avons déjà engagé quelqu’un. Une des meilleures wedding planners au monde. » Evidemment. Ils en ont les moyens et, surtout, ils en ont les besoins. La précision d’Abigaïl fait du sens, même si elle arrive étrangement après que Lily lui ait susurré l’idée. De ça, la mère de famille ne tient aucun commentaire et elle se contente d’hocher la tête tout en mimant la surprise face aux mots de son amie. Après tout, n’importe qui serait épaté d’une telle organisation pour un si beau mariage, n’est-ce pas ? « Je vais tout de même participer à toutes les décisions, en plus de m'occuper de la décoration, évidemment. » Elle fait bien, parce qu’il est plutôt évident que Carmine est celui dont l’influence est la plus importante dans le couple, faisant de leur balance quelque chose d’inégal et si jamais un déconvenue arrive, il sera celui à avoir le dernier mot, peu importe le sujet et peu importe l’avis d’Abigaïl sur le sujet en question. C’est au moins une chose que, de son côté, elle ne peut reprocher à Ezra : il finit toujours par accepter le point de vue de Lily, peu importe le sujet. « J’imagine que votre wedding planner ne risque pas de s’ennuyer, avec tout ça. » Hypothétique ou non, personne n’attendra d’eux autre chose qu’un véritable mariage de princesse de taille XXL, et il ne faut pas avoir la moindre expérience dans le domaine pour comprendre à quel point cela demandera beaucoup de temps et d’argent au couple - ça tombe bien, ils ont les deux. « Elle pourra sans doute te donner quelques conseils aussi. » La pique est acceptée simplement parce qu’elle n’a aucun autre choix. « Avec plaisir. Venant de la meilleure wedding planner du monde, après tout, on ne peut que l’écouter. » Elle dodeline de la tête, joue avec une mèche brune qu’elle fait passer derrière une oreille dont la seule boucle d’oreille souligne la hauteur de son cou. De toute évidence, elle ne ramassera pas les miettes d’Abigail ni de quiconque.
« C’est une bague de famille qui a été retravaillée, mais je garde la surprise pour le reste. » Une surprise et surtout du temps, de toute évidence, mais il n’y a rien là-dedans qui puisse réellement surprendre Lily, raison pour laquelle elle ne continue pas de gratter la surface de leur relation. « J’ai hâte que tu me la montres, elle sera magnifique. » Et s’il y a au moins un point sur lequel elle n’exagère rien, c’est bien celui-ci : la bague sera magnifique, elle le sait par avance. Leur mariage tout entier le sera, peu importe tout le contexte autour de ce dernier. L’idée même que tout sera magnifique est soulignée par la présence de Lily en demoiselle d’honneur, ce qui est véritablement une surprise qu’elle n’avait pas su voir venir. « Il va y avoir d’autres demoiselles d’honneur, mais tu es la première à qui j’ai demandé de l’être. Pour le reste, je n’ai pas encore pris le temps de me pencher sur la question. C’est encore tout nouveau. » - « Bien sûr, oui. Je t’assome avec toutes mes questions mais tu dois avoir beaucoup à gérer. » Et ça aussi, c’est effectivement une part de la réalité : elle pose bien plus de questions qu’elle n’arrive à obtenir de réponses de la part d’Abigaïl, mais là encore cela n’a rien de particulièrement surprenant. Le sujet est particulier, elle est assez bien placée pour le savoir et elle n’est pourtant même pas celle qui va épouser un Cavendish. « Je pensais organiser mon propre enterrement de vie de jeune fille, mais je suis prête à te laisser l’organiser si tu me fais parvenir la liste des activités à l’avance. Et pas de trucs bizarres. » Elle a un petit rire vexé, Lily, comme si elle allait être capable de faire des trucs bizarres. Elle fait des trucs illégaux, parfois, mais jamais rien de bizarre, non. « On s’arrangera Madame… Cavendish ? » Va-t-elle changer de nom ? Oui, sûrement qu’elle le fera. « J’arrête de t’assomer de questions pour le moment. » Elle aura bien le temps de le faire plus tard encore, de toute évidence, et ce n’est là que la raison pour laquelle elle lâche momentanément l’affaire. Abi a besoin de respirer et elle, elle a besoin de penser à autre chose qu’au mariage, que ce soit celui d’une amie ou le sien, qu’elle devra organiser dans le courant de l’année pour que le monde entier ne pense pas qu’elle s’est mariée à Ezra simplement parce qu’elle était (encore) enceinte. Même si oui, il y a de ça. « Tu as pu tester leur cake à la banane ? Magnifique, et très peu calorique. » Conclut-elle sobrement, comme si souligner la question des calories ne venait pas de pair avec le sous-entendu qu’elle a du poids à perdre. Ce n’est pas le cas, même si on demandait son avis à Lily, mais peu importe. |
| | | | (#)Mar 28 Mai 2024 - 14:03 | |
| « J’imagine que votre wedding planner ne risque pas de s’ennuyer, avec tout ça. » Elle avait bien raison sur ce point. Les festivités allaient être grandioses, il n’y avait aucun doute là-dessus. Après tout, on parlait déjà de leur mariage comme un des mariages de l’année. Carmine et Abigaïl appartenaient à la haute société anglaise. Ils avaient aussi une notoriété assez importante en lien avec leur métier respectif, en particulier le premier. Toute cette attention lui aurait plu si elle avait été entièrement positive. Hélas, pour différentes raisons qui la dépassaient, ce n’était pas le cas. Elle n’avait toutefois pas l’intention de se laisser marcher sur les pieds cette fois-ci et elle avait déjà un plan en tête pour tenter d’améliorer son image publique. « Effectivement ! Et nous non plus. Les prochains mois risquent d’être bien remplis. Tout comme pour toi, d’ailleurs, avec l’organisation de ton propre mariage ! » Le fait qu’elle vive la même chose qu’elle à peu près en même temps qu’elle la réconfortait d’une certaine manière. « Avec plaisir. Venant de la meilleure wedding planner du monde, après tout, on ne peut que l’écouter. » L’aristocrate fit un sourire satisfait. « J’ai hâte que tu me la montres, elle sera magnifique. » Elle aussi elle avait hâte de voir le bijou. Et de le porter. Un feu d’artifices explosa dans son ventre à l’idée de porter une bague de mariage. Ce mariage arrangé ne lui déplaisait pas toujours. « Bien sûr, oui. Je t’assome avec toutes mes questions mais tu dois avoir beaucoup à gérer. » La réponse de Lily eut un effet apaisant sur Abigaïl. Tout d’un coup, elle se sentit moins menacée par son amie et plus encline à faire preuve de sympathie envers elle. « On s’arrangera Madame… Cavendish ? » Madame Cavendish… Le nom lui faisait tout drôle… Un sentiment de regret s’empara d’elle en percevant le sourire vexé de la brune suite à sa réponse plutôt dure concernant l’organisation de son enterrement de vie de jeune fille. Elle avait fait comme si elle ne lui faisait pas entièrement confiance pour organiser l’événement, mais elle avait réagi ainsi seulement parce qu’elle s’était sentie attaquée par elle, par ses questions. « Tu sais quoi, oublie ce que je t’ai dit. C’est le stress du mariage qui m’a fait parler. Je te fais entièrement confiance pour l’organisation de mon EVJF. » Elle posa ses mains sur celles de la brune et afficha un sourire sincère. « J’arrête de t’assomer de questions pour le moment. » Dieu merci ! De toute manière, elle allait bientôt avoir toutes les réponses à ses questions. Abigaïl avait déjà prévu tout lui raconter. Il fallait juste qu’elle encaisse un peu le coup et qu’elle détermine la suite des choses avec Carmine avant. Elle espérait juste que la brune allait bien réagir à ses aveux et ses excuses. « Tu as pu tester leur cake à la banane ? Magnifique, et très peu calorique. » Très peu calorique ? Pourquoi cette remarque ? Cachait-elle un message ? « Non, mais c’est bon à savoir, histoire de se faire plaisir tout en gardant la ligne pour le mariage. » Elle décida d’ignorer la remarque et de répondre un peu à la rigolade, quoi qu’elle était sérieuse au fond d’elle. « Je dois t’avouer que je crains quand même quelque chose face à ce mariage avec Carmine. » Son coeur battait plus fort et ses dents mordillaient l’intérieur de ses joues. « La presse a été particulièrement sévère envers moi lorsque nous étions ensemble, Carmine et moi. Sans parler des grandes admiratrices de Carmine qui sont allées jusqu’à m’envoyer des menaces de mort. » Elle donna un coup de menton en direction du groupe de femmes à l’entrée qui parlaient visiblement encore d’elle. Et visiblement toujours pas en bien. Maintenant moins sur la défensive envers Lily, elle se sentait plus confortable à se confier partiellement à elle. |
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