« Je sais, je sais. » Tout en ouvrant une des portes dérobées des locaux de Weatherton, il en profite pour la maintenir et faire signe à Mavis de passer en même temps. « Ça sonne un peu louche d’y aller aussi tard et de passer par les portes de derrière. » Le soleil s’est couché depuis longtemps, les bureaux se sont vidés depuis plus longtemps encore. Il n’y aurait que James pour encore travailler à ce genre d’horaire, et son frère lui a assuré que ce ne serait pas le cas pour cette soirée en particulier. « Mais James m’a vraiment donné les clés. » Il n’a rien volé, c’est promis et c’est juré. Même s’il aurait été un brin déçu que son frère refuse de laisser Mavis utiliser une des robes de la maison de couture, il aurait accepté son avis et n’aurait pas cherché à passer outre. S’il y a bien une personne qu’il ne voudrait jamais doubler ni même décevoir, c’est James. Pour prouver la véracité de ses mots, il montre un instant le trousseau de clés à la jeune femme, avant d’en profiter pour fermer derrière eux et ainsi éviter que n’importe qui d’autre puisse se faufiler à son tour.

« Y’a juste un truc sur lequel j’ai menti. » Il mène la voie sans même s’en rendre compte, sans doute un peu trop habitué à évoluer dans le bâtiment depuis qu’il est gamin. C’est presque comme s’il avait grandi ici, après tout. Le porte clé joue contre la paume de sa main et tourne et retourne autour de son index, le temps d’appuyer un pseudo suspens qui n’en a sans doute que le nom. « Mon frère a pas vraiment accepté que t’empruntes une robe. » Ce qui serait bien dommage, pour une soirée devant avoir lieu dans les jours à venir, pas vrai ? Ambrose profite de sa maigre avance pour se retourner en sa direction et avancer à reculons d’un pas plus lent, son regard posé sur le profil de Mavis. Déjà, il se demande quelle robe pourrait obtenir ses faveurs. Les clés tournent un peu plus rapidement autour de son index. « Mais il a par contre dit que tu pouvais choisir n’importe laquelle. » Et maintenant, il esquisse un sourire fier au possible. Il n’a pas réellement de quoi l’être, ce n’est pas comme s’il avait eu à négocier. Il n’avait même pas pensé demander à son aîné un accès au showroom avant que celui-ci le lui propose simplement, comme si de rien n’était et comme si l’endroit n’était pas une véritable Cour des Miracles. Ambrose se retourne pour appeler l’ascenseur et les emmener quelques étages plus haut, son sourire toujours imprimé sur ses lèvres. L’instant n’a rien de simple - emprunter une robe de couturier directement dans la maison mère n’est pas un acte du quotidien, non - mais à ses yeux, c’est tout comme. « On a accès au showroom jusqu’à ce que les employés arrivent, donc je pense qu’on a le temps. » Il rassure finalement et l’informe enfin de la situation dans son entièreté, après avoir entretenu un certain mystère jusqu’à cet instant. Il avait une bonne nouvelle à lui annoncer ; il voulait garder la surprise. « Et si jamais il y a des reprises à faire, elles seront faites demain matin. » Il assure cette fois-ci en hochant la tête dans le même élan, pour lui faire comprendre qu’elle n’a pas à s’inquiéter de quoi que ce soit: elle pourra profiter de tous les avantages de Weatherton. « Je me porte garant pour toi, tu peux choisir ce que tu veux. » Elle n’a même pas besoin de se demander combien lesdites tenues pourraient coûter. Là où ils sont, de toute façon, le prix n’est certainement pas marqué sur une étiquette.

made of velvet
@Ambrose Constantine (crédit gif/hartrps)

"J’ai l’impression d’être une criminelle." Des paroles particulièrement ironiques sortant de la bouche de Mavis, laquelle se fendit d’un léger sourire tandis qu’elle acceptait de suivre Ambrose dans ce qui ressemblait curieusement à un méfait parfaitement orchestré. Bien avant qu’il ne lui avoue avoir récupéré les clefs des mains de James, elle était déjà persuadée qu’il n’en était rien, le jeune homme pas particulièrement du genre à accomplir ce genre d’actes répréhensibles. Mais ça l’amusait de penser le contraire le temps d’un instant seulement, ça rendait plus excitante encore la perspective d’être dans un endroit comme celui-ci. Mavis aimait ce genre de conjoncture, après tout c’était bien pour ça qu’elle s’était enfoncée dans son histoire avec Ruben jusqu’au cou. Flirter avec les limites, se gargariser avec la satisfaction de faire quelque chose de mal tout en ne se faisant jamais prendre, c’était un schéma qu’elle maîtrisait sur le bout des doigts.

A défaut de commettre un crime ce soir, la malice exhalée par Ambrose était tout aussi excitante que l’idée-même de se faufiler en secret dans un endroit où ils n’étaient pas supposés se trouver à cette heure-ci. Elle en gloussa très doucement, se laissant porter par la manière dont il menait sa barque pour faire s’installer un certain suspens qui la prit de court finalement, interpellée par ce qu’il lui disait à propos de la faveur qu’il avait demandé à celui qu’il considérait comme son frère. Elle s’arrêta à sa portée, fronça, perplexe, les sourcils en lui demandant d’emblée "Pourquoi on est là alors ?" Si James avait refusé de lui prêter une robe, pourquoi étaient-ils ici ? Allaient-ils commettre un délit, finalement ? Son coeur se mit à battre fort dans sa poitrine quand, cherchant la réponse dans les yeux rieurs d’Ambrose, il explosa agréablement en se rendant compte qu’il la faisait marcher. Elle lui asséna une légère tape dans l’abdomen, le sourire bouche fermée qu’elle faisait en même temps lui donnant l’air d’un poisson-globe pendant une seconde à peine "T’es insupportable. Je te déteste, Ambrose." Des mots doux qu’elle ne pensait pas bien sûr, lui passant devant pour s’engouffrer dans l’ascenseur qu’il appela avec aisance, grand habitué des lieux.

Elle s’adossa à la paroi "Tu sais, je plaisantais quand j’ai émis l’idée de demander à James de me prêter une robe pour le gala." Elle le lui disait à retardement parce qu’elle savait que c’était inutile dans le fond. Maintenant qu’ils y étaient, la plaisanterie n’existait plus, c’était une réalité qui venait avec des avantages qui, là encore, la laissaient on ne peut plus perplexe pour une raison simple, qui lui échappa quand, dans une légère vrille de sa tête sur sa propre épaule, posée du côté opposé à celui où Ambrose, lui, était, elle lui demanda "Qu’est-ce que je vais devoir faire en échange ?" Les mains derrière le dos, un sourire apparut très brièvement sur ses lèvres, ses yeux plantés résolument dans ceux d’Ambrose à qui elle expliqua en laissant un petit rire lui échapper "C’est vrai, ce genre de faveur vient souvent avec une contrepartie." Elle en savait quelque chose. Elle avait été habitué à ça, aux si je fais ça pour toi, qu’est-ce que tu dirais de me rejoindre dans la salle de garde du sixième étage ? Elle se mordit l’intérieur de la joue, fort. Elle n’était pourtant pas assez timide pour détourner les yeux malgré la sensation cuisante de chaleur qu’elle ressentait sous l’épaisseur du sweat beaucoup trop grand pour elle qu’elle portait sur le dos — et qui la rendait surement indigne d’aspirer à porter du Weatherton, mais peu importait. Elle ajouta, déterminée à avoir toutes les modalités de ce service que lui rendait le jeune homme en face d’elle "Annonce la couleur, que je sache un peu à quelle sauce je vais être mangée." C’était un peu triste de penser de cette façon, elle en avait conscience, alors c’est peut-être pour ça qu’elle le dit avec un autre rire, se recalant doucement contre la paroi de l’ascenseur qui les menait dans l’antre somptueux de la maison Weatherton.

"Pourquoi on est là alors ?" La question, pourtant légitime, ne rencontre que le silence d’un Ambrose dont les lèvres s’étirent déjà un peu trop pour ne pas lui faire comprendre qu’il ne fait que rigoler avec elle. Après tout, il n’a aucune intention véritable de faire perdurer le secret, et loin de là. Preuve en est, il explique la situation après un très bref silence de quelques secondes. "T’es insupportable. Je te déteste, Ambrose." Et lui de sourire un peu plus encore, parce qu’il s’agit de la pire chose qu’elle pourrait lui dire en cet instant et que ce constat est rassurant, apaisant. « Avec plaisir Mave. » Il énonce simplement avant de s’engouffrer dans l’ascenseur pour qu’ils se rendent enfin dans le showroom. "Tu sais, je plaisantais quand j’ai émis l’idée de demander à James de me prêter une robe pour le gala." Ambrose retrouve une expression plus neutre alors qu’il anticipe que le sujet s’apprête à basculer doucement mais sûrement vers quelque chose de plus sérieux. Il entend le changement de ton de Mavis, à peine audible et pourtant bien présent. « Je sais que tu te serais pas vexée si j’avais pas pu te prêter la robe. » Il la rassure au moins sur ce point, alors qu’il est bien loin d’avoir une vision d’elle telle une petite diva qui ne demande qu’à briller. Au contraire, il ne pourrait sans doute pas la voir plus différemment que ça. « Mais ça me coûtait rien de demander. » Surtout face à James, qui a tout au plus essayé d’en savoir un peu plus sur la relation entre Mavis et lui. Il sait qu’il peut toujours tout demander à son frère et surtout parler de tout sans crainte. Si cela avait mis son frère dans un quelconque embarras, lui-même aurait pu lui répondre par la négative sans que cela n’entraîne d’effet domino. En réalité, il n’y a sans doute pas à en faire tout un plat: Ambrose a une position naturellement privilégiée dans l’entreprise pour lui permettre d’oser ce genre de demande sans risquer gros. Sans rien risquer tout court, en réalité.

Et si la première question avait suscité son intérêt, la seconde suscite son souci. "Qu’est-ce que je vais devoir faire en échange ?" Elle a beau en sourire, il ne peut pas s’empêcher de chercher à lire davantage d’indices dans une telle question. Ce n’est pas un simple jeu, une blague lancée à la volée pour occuper les quelques étages les séparant du bouton sur lequel Rose a appuyé. "C’est vrai, ce genre de faveur vient souvent avec une contrepartie." Le rire de Mavis semblait plus franc que jamais. En retour, le sourire d’Ambrose est un brin triste, malgré lui. Il reconnaît un peu trop facilement dans quel autre genre de relation un donné allait forcément de paire avec un rendu, et il sait qu’elle n’y est pas étrangère à son tour. Loin de là, même. "Annonce la couleur, que je sache un peu à quelle sauce je vais être mangée." - « Rien du tout. » Il finit par ajouter suite à ses derniers mots, s’étant rendu compte sur le tard que son silence avait laissé à Mavis le temps de nourrir ses craintes et les verbaliser par la même occasion. « Je te l’ai proposé en premier, j’attends rien en retour. » Peut-être qu’il aurait pu voir les choses autrement si elle avait été celle à lui demander explicitement une robe hors de prix, mais là encore il en doute. « Les contreparties ça se tient au boulot, mais pas en dehors. » Quand ça n’implique pas Ruben, du moins ; parce qu’à ses côtés, il serait bien triste de ne pas pouvoir lui donner un doigt (une main, un bras et quelques organes au passage) sans exiger une petite attention de sa part en retour. « Et là, on travaille pas. » Il ajoute dans un sourire. Elle l’avait sans doute compris par elle-même, sans mal aucun, mais il ressent le besoin de préciser.

La seconde suivante, ils sortent tous deux de l’ascenseur et n’ont besoin de faire qu’un pas avant d’entrer dans la dernière pièce, fermée à double tours et précieusement gardée par des caméras de surveillance. « Il y a eu un cambriolage y’a pas si longtemps mais les caméras sont en dehors de la pièce seulement. » Et elles donnent un peu le tournis, il en convient. Simplement, il la rassure quant au fait qu’ils ne seront plus épiés une fois la porte passée. « Toutes les collections passées de Weatherton. » Une fois la porte enfin ouverte, et refermée aussitôt derrière eux, il souffle pour lui présenter le véritable trésor qui se présente sous ses yeux. « T’as carte blanche. » C’était sans doute assez clair mais il le précise mot pour mot. « Et tu peux te changer derrière les rideaux, là-bas. » Un coin de la pièce est désigné d’un geste de la main alors qu’Ambrose est encore occupé à allumer toutes les lumières. « Est-ce que tu as vu quelque chose qui te plairait, d’un ancien défilé ? » Elle est bien assez méticuleuse pour avoir voulu se donner une idée de ce que Weatherton présente au public et il ne serait pas étonné qu’elle ait pu faire une présélection, même s’il ne lui avait pas dit jusque là qu’elle aurait accès à toutes les pièces. « Je peux t’aider à chercher sinon. » Il assure en hochant la tête. Il n’est pas un professionnel mais il connaît assez le travail de sa famille pour l’aiguiller.

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@Ambrose Constantine (crédit gif/hartrps)

Comme à chaque fois qu’elle était avec Ambrose, Mavis avait le sentiment de revenir à un moment très précis de son adolescence. Sa réaction face au faux-suspens qu’il lui imposa était la preuve concrète, que sous ses airs de jeune interne en médecine à l’aube du quart de siècle, elle était toujours capable de se comporter comme une gamine ; beaucoup plus qu’à l’époque en vérité, le poids de la mort de sa soeur ayant pesé sur elle les premiers mois, et pas parce qu’elle en était la coupable, mais bel et bien parce que ça avait été toute une adaptation à mettre en place, et qu’une toute petite part d’elle avait été déroutée d’être enfin autorisée à libérer sa lumière jusqu’alors étouffée par l’ombre de Marion "Je me serais même pas vexée si t’avais décidé de refuser de m’accompagner." Elle lui sourit, sa tête remuant quand elle ajouta dans le même temps "D’ailleurs, ça vaut toujours : si ça te dit plus rien, c’est pas grave." Elle lui avait rabattu les oreilles avec ça, consciente qu’elle le prenait de court à propos du délai imposé par la tenue imminente du gala, mais il avait insisté tout de même. Si effectivement, elle ne se vexerait pas qu’il lui pose un lapin, elle était néanmoins rassurée qu’il veuille être à ses côtés et qu’il fasse même l’effort de vouloir faire les choses selon un rituel précis, demandant à son frère une faveur qu’elle pensait sous le joug d’une fichue contrepartie.

Elle lui en fit part, et aussitôt, elle remarqua la tristesse dans le fin sourire qu’il lui donna en retour "Ça va, je plaisantais." affirma-t-elle alors que ce n’était pas le cas, choisissant ce moment pour détourner la tête parce que, même à cette distance, elle était capable de lire dans ses yeux à quoi il pensait — à qui il pensait, plus précisément, et que ça lui fit quelque chose au creux de l’estomac. Elle se demanda s’ils allaient continuer à ne pas parler de Ruben, et se rendit compte qu’elle l’espérait. Elle n’avait pas envie de prendre davantage connaissance du schéma par défaut mis en place par le docteur pour s’octroyer le droit de posséder les âmes et les corps de ceux qu’il jugeait digne de son attention. Elle n’avait pas envie de se dire qu’elle était juste son type, qu’elle était aussi malléable qu’Ambrose semblait l’être, et que c’était pour ça qu’il tenait tant à elle, si tant était qu’il tenait vraiment à elle au fond. Elle regarda à droite, elle regarda à gauche, attendant la sentence d’un Ambrose qui apaisa ses craintes de quelques mots qu’elle l’écouta prononcer sans plus le regarder, avant de s’y astreindre pour constater qu’il était sérieux "C’est bon à savoir." trouva-t-elle à lui rétorquer, tout aussi sérieuse qu’il l’était jusqu’à ce que se creuse une fossette sur sa joue, et que silencieusement, elle le remercia d’être différent de celui qu’ils ne citaient pas.

Rapide et agile, elle harponna son bras quand l’ascenseur arrêta sa course et qu’il passa à ses côtés pour en sortir, y glissant le sien pour entrer dans le showroom en même temps que lui. Elle n’était pas une fifille Mavis : elle aimait bien les beaux vêtements, elle aimait bien paraître et être jolie, mais elle n’avait pas beaucoup d’effort à fournir, et n’en fournissait donc surement pas assez contrairement à d’autres. Elle avait l’apparence d’une fille de bonne famille, jouissant de la facilité pécuniaire pour s’habiller selon ses envies, lesquelles n’étaient pas exubérantes, amatrice de vintage et de fripes ; elle ne se maquillait pas, elle ne se teignait pas les cheveux, elle était aussi naturelle que la nature l’avait assez gâtée pour qu’elle ne s’y sente pas obligée, tout simplement. Elle savait néanmoins reconnaître la beauté d’une pièce d’orfèvre, celles qui étaient exposées sur des mannequins sans visage et qui les accueillirent en arrivant en faisant définitivement partie. Au loin et dans la pénombre, elle ne les distinguait pas encore très bien, mais elle se préparait à être soufflée par le talent indéniable de James et de ses petites mains. Elle lâcha Ambrose qui lui parlait, le rassura dans la foulée "Je compte rien voler, c’est juré." En passant devant le coin filmé désigné par Ambrose, elle montra ses deux paumes levées à la petite lumière rouge qu’elle voyait briller au-dessus de leur tête, et se retourna vers lui avec un immense sourire cette fois. Elle avait carte-blanche "C’est le moment où je t’avoue que j’y connais strictement rien en haute-couture et où tu regrettes d’avoir plaidé ma cause auprès de ton frère pour faire honneur à une de ses pièces — c’est tellement beau, j’ai le droit de toucher ?" lui demanda-t-elle, s’approchant donc d’un mannequin exposé qu’elle regarda avec de grands yeux ronds, le noisette de ses iris brillant d’un éclat certain tant elle trouvait les dorures magnifiques. Elle n’y connaissait rien en haute-couture certes, ce qui se dégageait des créations autour d’eux lui laissait cependant un sentiment de pouvoir dont elle savait qu’elle pourrait vite se sentir dépendante. Ça lui fit dire "Je vais avoir l’air sortie d’un épisode de Game of Thrones si je choisis ce genre de pièce, non ?" Elle en rit doucement, quittant des yeux celle qu’elle admirait depuis quelques secondes déjà pour s’accorder au jeune homme à ses côtés, et se placer devant lui en opinant du chef "J’aimerais bien que tu m’aides à chercher, oui." Et puis faisant jouer son profil pas vilain du tout, une main portée sous son menton pour le mettre en valeur, le bout de son nez pointant vers un angle qui flattait son port de tête, elle ajouta dans un ton de muse prête à influencer la créativité d’un artiste "Quel genre de tenue je vous inspire, monsieur Constantin ?" Elle le disait sur le ton pompeux de la plaisanterie bien sûr, mais quelque chose en elle la poussait à éprouver une once de curiosité à l’idée de prendre connaissance de l’image qu’Ambrose avait d’elle, et ce qu’en effet, elle lui inspirait.

"Je me serais même pas vexée si t’avais décidé de refuser de m’accompagner. D’ailleurs, ça vaut toujours : si ça te dit plus rien, c’est pas grave."
« Je vais finir par croire que tu cherches un moyen de te débarrasser de moi, à force. »

Une façon comme une autre de lui faire comprendre que son avis sur la question n’a toujours pas changé et qu’il n’attrapera pas sa perche pour finalement profiter d’un soir de calme et de pleine quiétude. Il a proposé de l’accompagner non seulement pour lui faire plaisir, mais aussi parce que l’idée l’enjouait lui aussi. Maintenant qu’ils ont qui plus est accès aux entrailles de Weatherton, la perspective de cette soirée le réjouit plus que jamais. "Ça va, je plaisantais." Il ne saurait pas dire si elle rigolait réellement et il n’a aucune envie d’y réfléchir davantage, raison pour laquelle il se contente de profiter de l’instant présent pour passer d’un sujet à un autre. Le contexte permet au moins de recentrer la discussion sur son futur choix de tenue, ce qui permet d’éviter avoir à se focaliser sur leur connaissance commune - évidemment qu’il est question de lui, personne n’est dupe.

Rapidement, Mavis profite pour lui assurer qu’elle ne volera rien et Ambrose d’en sourire, n’ayant pas un seul instant pu douter de ce sujet. Il aurait pu douter que l’idée même de jouer à la pseudo princesse puisse ne pas l’intéresser, ça oui, mais absolument rien du reste. "C’est le moment où je t’avoue que j’y connais strictement rien en haute-couture et où tu regrettes d’avoir plaidé ma cause auprès de ton frère pour faire honneur à une de ses pièces — c’est tellement beau, j’ai le droit de toucher ?" D’un signe de la main, il lui fait comprendre qu’elle peut effectivement toucher la pièce si elle le désire. Cette scène a tout pour le faire sourire tant elle paraît insensée. « C’est pas ce que j’attendais de toi, t’en fais pas. » Il n’est lui-même pas le plus grand connaisseur de mode haute-couture, il faut bien l’avouer. Ce n’est pas comme si qui que ce soit allait lui passer un interrogatoire sur ce sujet, de toute manière, n’est-ce pas ? « J’ai pas vraiment eu à plaider ta cause, James a accepté presque aussitôt. » Sans doute que cela donne une version un brin moins rocambolesque de la situation, mais sans doute aussi que cela pourrait Mavis à sentir un peu moins de pression sur ses épaules: si James attend qu’elle n’abîme pas la robe, il n’attend certainement pas qu’elle en fasse l’éloge devant les journalistes ou dans un photoshoot - et pour cause, il n’y aura rien de tout ça. "Je vais avoir l’air sortie d’un épisode de Game of Thrones si je choisis ce genre de pièce, non ?" Et peut-être que son frère aurait raté quelques battements de coeur s’il avait entendu un tel commentaire sur une de ses tenues. Du côté d’Ambrose, néanmoins, cela a tout pour le faire rire simplement. « Quoi, t’aimes pas l’idée ? » Il rigole et taquine.

Elle ne tarde pas davantage avant d’avouer vouloir un brin d’aide de la part d’Ambrose, ce qu’il accepte sans y réfléchir ; après tout, il a déjà réfléchi quelques fois à la robe que Mavis pourrait peut-être porter. Elle se met en avant, joue de son profil, devient une parfaite mannequin le temps d’un instant. « Y’a un truc auquel j’ai pensé. » Il avoue simplement, sans imposer son idée dans la discussion. Il y a simplement pensé, rien de plus, et le voilà déjà qui s’avance dans les collections éloignées, et donc plus vieilles. « C’est quelque chose d’assez simple et facile à porter. » Pas de coupe alambiquée, pas de traîne infinie, rien qui ne nécessite personne à un mètre autour d’elle. Une robe simple mais dont la qualité de la coupe autant que des finitions suffisent à qualifier de haute-couture. « James et Norman ont travaillé sur un de mes dessins, quand j’étais gamin. Autant te dire qu’il y avait beaucoup de boulot à faire dessus. » Il ne risque pas de lui avouer qu’il a toujours eu un coup de crayon parfait et des ambitions dans le monde de la mode: ce n’est pas le cas, et cela ne l’a jamais été même alors qu’il était enfant. Il s'est toujours contenté d'admirer ses aînés, raison pour laquelle le gamin qu'il était s'est retrouvé particulièrement touché lorsqu'ils lui ont avoué avoir travaillé sur un de ses dessins pour un prochain défilé. En effet, la robe avec laquelle il revient n'est pas la plus parfaite de la maison, et sans doute loin de là, mais elle représente pour lui un petit quelque chose de particulier. Maintenant, il la présente à Mavis avec une certaine humilité. « Je crois que l'inspiration, c'est le drapé des statues grecques. » Il ne sait pas trop ce que le lui de l'époque avait sous les yeux à ce moment là, mais c'est ce qu'il a toujours pensé du tissu et de la forme donné à ce dernier. « T'as le droit de dire non. C'est juste une proposition. Y'a beaucoup d'autre choix. » Des choix plus osés, des choix plus immenses. « Faut juste prévoir trois à quatre jours ouvrés pour arriver à la mettre comme il faut. » Il prévient malgré tout, bien conscient qu'il existe aussi d'autres robes, et d'autres tenues, qui demanderaient bien moins d'efforts. Mais celle-ci irait bien à Mavis, il en est persuadé.

made of velvet
@Ambrose Constantine (crédit gif/hartrps)

Jamais, qu’elle chuchota exagérément en rassurant Ambrose sur son envie de l’avoir à ses côtés lors de la soirée qu’ils préparaient tous les deux. L’enjeu était important pour Mavis, mais il était déjà écrit en vérité, alors participer à tout ça, ce n’était qu’une formalité ; une formalité qu’elle voulait rendre spéciale, tenant à garder de tout ça un bon souvenir, comme tout ce qui avait trait à son parcours d’étudiante controversée, mais studieuse, à en faire pâlir les petits génies. Elle voulait faire les choses bien, et elle était reconnaissante qu’Ambrose veuille en faire autant. Elle devait pourtant admettre qu’elle n’était pas la plus avisée en matière de mode, et si c’était surement un peu honteux du point de vue des godiches de sa promotion qui venaient pomponnées comme des marquises à chaque travaux dirigés. De son côté, ça a avait plus l’allure d’une farce mignonne à son sujet que d’un défaut rédhibitoire — il y avait plus alarmant que ça à dénoter dans sa personnalité que ses goûts vestimentaires. Ici, cependant, elle se devait d’être ouverte sur ses lacunes, et elle le fut en avouant en Ambrose ne rien y connaître. Elle ne s’attendait pas à ce qu'il s’en offusque, elle ne s’attendait pas non plus à ce qu’il le prenne par-dessus la jambe, persuadée, qu’à son contraire, James pourrait regretter d’avoir été aussi généreux s’il se rendait compte à quel point l’amie de son frère était indigne de ses créations. Elle rit à ce que le jeune homme lui dit, fronça très doucement les sourcils en lui faisant en retour "Je me demande bien ce que tu lui as dit à mon sujet pour ce qu’il se montre aussi indulgent avec moi." Pressant ses lèvres l’une contre l’autre, elle continua en regardant autour d’elle, s’autorisant à effleurer les différents tissus avec ses doigts après avoir reçu le signal positif d’Ambrose "Je croyais qu’il était impitoyable ? Je me serais attendue à ce qu’il me fasse passer un interrogatoire minutieux avant d’accepter de m’habiller." Là, pour de vrai, elle plaisantait. Elle ne connaissait pas James personnellement, mais tout ce qu’elle avait entendu de lui et qui sortait de la bouche d’Ambrose affirmait l’idée qu’ils feraient tout l’un pour l’autre, et que les rumeurs au sujet de son caractère dans la sphère professionnelle étaient peut-être vraies, ça ne l’empêchait pas d’être un autre dans sa vie privée. Restait que l’indulgence du Weatherton sur ce coup-ci la surprenait un peu, mais ce n’était pas forcément dans le mauvais sens : elle était indéniablement flattée "Hm, j’en sais trop rien. Est-ce que je suis vouée à une marche d’expiation si finalement on ne me donne pas mon diplôme pendant le gala ?" Il y aurait tant de choses pour lesquelles elle aurait dû déambuler sous des shame, shame, shame, Mavis, mais ne pas avoir son diplôme n’en faisait même pas partie, alors ça la fit rire, et continuer à s’imaginer dans une tenue aussi majestueuse que celles des héroïnes de Fantasy.

Elle voulait qu’Ambrose l’aide à trouver sa tenue "Quand est-ce que t’y as pensé ?" lui demanda-t-elle, surprise qu’il soit aussi réactif à répondre au coup de main qu’elle lui demandait. Ça l’amusa qu’il puisse avoir réfléchi à tout ça en amonts de ce soir, et une fois encore, elle se sentit flattée d’avoir potentiellement occupé ses pensées au point qu’il l’avait imaginée porter telle ou telle robe. Elle arrêta de jouer au parfait mannequin pour le rejoindre là où avait trotté, délaissa sa veste en jean sur une causeuse élégante à proximité d’eux, et concentra ses sens sur ce qui lui était présentée ; les mots d’Ambrose possédèrent ses tympans, l’illustration qu’il en fit en lui montrant le fruit du travail de Norman et James concentra toute son attention "Quand tu dis gamin, t’avais quel âge exactement ?" Elle se doutait bien sûr que le dessin dont lui parlait Ambrose ne devait être qu’une esquisse imprécise, et que la robe qui en était née avait joui du génie créatif du père et du fils Weatherton, mais elle se disait aussi que pour inspirer quelqu’un aussi fort, il fallait une base solide. Si ça ne la surprenait pas qu’Ambrose puisse avoir ce genre de choses en lui, elle ne se souvenait pourtant pas l’avoir déjà vu dessiner, alors elle lui dit "J’ignorais que t’étais capable d’avoir ce genre d’idées." Pour Mavis, pour son oeil inexpérimentée, bien sûr que cette robe était parfaite. Elle l’était d’autant plus qu’elle semblait être spéciale pour lui "T’es sûr que tu veux que je porte ton chef-d’oeuvre ?" Il comprendrait qu’elle exagérait sans mal, mais la question sa valait. Cette robe était sublime, comme toutes les autres, mais elle était tissée dans une histoire personnelle qu’elle n’était pas certaine d’être en droit de porter — ça lui fit demander à Ambrose "Qu’est-ce que Norman en dirait, tu crois ?" Elle quitta le tissu de ses yeux pour les poser sur le jeune homme et observer son visage d’abord — de part en part, n'ommettant aucun angle —, et enfin les planta dans les siens pour qu’il comprenne sans qu’elle ne soit forcée de lui dire qu’il n’y avait pas de piège, qu’elle voulait juste savoir pour être capable de se décider. Elle baissa de nouveau les yeux sur la robe quand il fit une blague à laquelle elle fut sensible, gloussant comme une adolescente sans même s’en rendre compte, et apposant brièvement un silence à leur échange pour dire juste ensuite, la lèvre mordue avec indécision "J’ai très envie de l’essayer."

Il n’a pas la même vision de James que le reste du monde, c’est évident et il n’est pas assez aveugle au sujet de la vision qu’il a de lui pour ne pas s’en être rendu compte. Il l'idolâtre, il le voit comme le grand frère ultime que la tragédie familiale a au moins su lui amener ; il est loin de donner du sens aux propos faisant de lui un patron impitoyable et sans cœur. Lui, il sait qu’il connaît la véritable personne derrière l’homme et la personnalité publique, et c’est une raison de plus qui le pousse à sourire face à une Mavis qui a l’impression d’être une véritable Élue. Sans doute qu’il y a un peu de ça, oui, mais pour des raisons différentes. "Je croyais qu’il était impitoyable ? Je me serais attendue à ce qu’il me fasse passer un interrogatoire minutieux avant d’accepter de m’habiller." - « La vérité est décevante, peut-être. » Peut-être aussi parce qu’il s’agit de Mavis et que son prénom trouve son écho dans les souvenirs de son frère aîné, mais peut-être aussi parce qu’il aurait simplement accédé à la moindre demande d’Ambrose, peu importe le sujet. « Mais ne fais pas passer le mot, il détesterait perdre son image de grand méchant. » Il rajoute dans un sourire, conscient que James est plutôt attaché à l’image qu’on a de lui, laquelle n’est pas non plus un mensonge dans son intégralité tant il n’accepte que peu de laisser de la place dans son cercle proche.

"Quand est-ce que t’y as pensé ?"
« Quand on a parlé tenue pour la première fois. »

Il y a un moment maintenant, donc. Il ne voulait pas lancer une idée globale sans savoir quoi en faire dans ses aspects plus précis, et telle est son excuse si jamais Mavis en venant à penser qu’il s’est fait bien trop de scénarios dans son esprit - ce qui ne serait pourtant pas vraiment éloigné de la vérité. "Quand tu dis gamin, t’avais quel âge exactement ?" De ses doigts levés, il lui montre le chiffre sept, avant de marquer un instant de réflexion et d’afficher un huit. L’âge précis n’importe sans doute pas réellement, il n’est qu’une preuve supplémentaire que ses idées étaient loin d’être aussi précises que la robe sous leurs yeux et que sa création ne s’est faite que grâce au talent des Weatherton, non du sien. "J’ignorais que t’étais capable d’avoir ce genre d’idées." - « Ne t’imagine vraiment rien d’intéressant. C’était un gribouillage. » Il ne marche pas sur les plate-bandes de James, tant parce qu’il le respecte bien trop pour cela que parce qu’il n’a jamais entraîné un quelconque talent artistique, que ce soit au niveau de son coup de crayon ou du sujet de la création de mode. Il aime s’amuser sur ces sujets, mais cela ne va certainement pas plus loin. "T’es sûr que tu veux que je porte ton chef-d’oeuvre ?" - « Bien sûr. Je te l’aurais pas proposé sinon. » Il confirme sans hésiter un seul instant, son sourire s’ajoutant à ses mots pour que Mavis comprenne bien qu’elle ne le met pas dans une position délicate d’aucune manière. Il est celui qui lui a proposé de venir, il est celui qui lui a proposé d’essayer cette robe. Les décisions finales n’appartient qu’à Mavis, mais aucune n’est pour déranger Ambrose.

Parmi tant d’autres, il y a pourtant une question pour le désarçonner un instant. "Qu’est-ce que Norman en dirait, tu crois ?" Ses yeux retrouvent ceux de Mavis un instant, pour lui qui ne cherche pas à cacher un brin de la surprise qu’il éprouve à ainsi entendre le prénom de son père prononcé de la bouche de la jeune femme. « Je… je crois qu’il serait heureux que la robe soit portée par un de mes proches. » Il est de ceux qui pensent qu’elles doivent être portées, non exposées à tout jamais derrière des vitres impeccables. Il est surtout de ceux qui auraient pu se montrer d’autant plus heureux de savoir la robe portée par quelqu’un qui pourrait encore mieux en comprendre son histoire, et pour ça personne ne semble plus indiqué que Mavis. "J’ai très envie de l’essayer." Et le sourire d’Ambrose s’étire doucement alors qu’il se charge de porter la robe jusqu’à l’arrière-salle faisant office de cabine d’essayage, laquelle est de la taille d’un véritable petit appartement. « Je te laisse te changer. » Il lui laisse la place l’instant d’après, ne voulant pas s’imposer de trop pour le moment. « Je te donne les instructions pour le drapé de l’autre côté du rideau. Ça me semble être un bon travail d’équipe. » Il reprend dans un sourire, bien conscient qu’il s’agit d’un assemblage aux allures impossibles pour quiconque ne l’ayant pas essayé quelques fois. Ainsi, il recule de quelques pas pour refermer ledit rideau et se poste derrière, prêt à visualiser les pans de la robe et l’ordre dans lequel les faire passer les uns sur les autres pour rendre hommage à la création de la meilleure manière.

« Si on t’avait dit que tu serais dans les locaux de Weatherton à quasiment minuit, à essayer une de leurs robes, à quel point t’aurais rigolé au nez de la personne face à toi ? » Il demande malgré tout dans un sourire, quand bien même il se fait la réflexion qu’il n’aurait pas été mieux placé de son côté. Si on lui avait annoncé qu’il le ferait en compagnie de Mavis, lui aussi aurait bien rigolé. Et maintenant, pourtant, rien ne lui semble faire plus de sens que l’instant présent.

made of velvet
@Ambrose Constantine (crédit gif/hartrps)

Le secret de James serait bien gardé, tout comme l’avait été celui d’Ambrose au sujet des velléités qu’il couvait depuis plusieurs temps à propos de la robe qui attirait maintenant toute leur attention. Mavis n’avait pas de raison de mettre la parole du jeune homme en doute, plus que flattée que son choix se soit immédiatement portée sur une pièce sublime d’abord, qui avait une valeur et une signification particulière pour lui ensuite. Elle ne craignait pas de ne pas en être digne malgré son manque d’intérêt notoire pour la mode dans le sens large du terme, elle craignait plus de ne pas être légitime de la porter à cause de l’histoire sur laquelle se basait sa création. Ambrose l’avait imaginé quand il avait huit ans, ça lui paraissait si loin, et en même temps, elle réussissait sans mal à l’imaginer à cette période. Quelques années plus tard, ils se rencontreraient, et l’histoire s’écrirait pour terminer juste ici, dans les locaux de la maison de couture de sa famille "J’aimerais bien le voir." Ce fameux gribouillage dont il lui parlait, celui qui avait inspiré cette robe qu’elle ne réussirait à quitter du regard que pour affronter le sien, quelques minutes plus tard. Sur l’instant, elle ajouta seulement "C’est une pièce de collection, je suis sûre que James doit la garder dans ses archives au cas-où." Elle était curieuse de se figurer du chemin parcouru par les Weatherton pour arriver au résultat final qu’Ambrose lui présentait maintenant.

Il était certain de vouloir lui confier la responsabilité de porter cette tenue. Elle, elle voulait savoir ce que Norman en penserait parce que, plus que tout, l’avis de ce père qu’il avait été pour Ambrose comptait, même bien après sa mort, et que curieusement, Mavis avait envie de lui faire honneur en la respectant. Elle s’en voulut de lui imposer son prénom de but-en-blanc, pas de le pousser à se reconnecter à l’éventualité que ça lui aurait plu qu’il veuille faire profiter une amie de l’opportunité de représenter les armoiries de leur si prestigieuse maison. Elle lui sourit tendrement, s’arrêta sur ce qu’il lui répondit, et en profita pour lui demander "Alors c’est ce que je suis pour toi, une proche ?" Ironique quand on savait qu’ils ne s’étaient pas vus ni parlés pendant des années. Ce qui les rendait proches aujourd’hui, c’était davantage leurs erreurs que le reste. Bien sûr, elle savait pertinemment que dans une certaine mesure, Ambrose la considérait sincèrement comme une amie chère à son coeur, mais ça restait néanmoins flou pour elle, et bien qu’elle n’avait pas l’habitude de se faire dicter la marche à suivre pour considérer telle ou telle personne, elle ne tenait pas à se tromper en définissant Ambrose auprès des autres. Proche, c’était un bon début, mais ça n’était pas moins flou, espèce de fourre-tout pour ne pas s’évertuer à réfléchir davantage sur ce que ça voulait dire.

Elle ne réfléchit pas non plus quand elle lui avoua avoir envie d’essayer la robe, elle se laissa conduire par le jeune homme là où la magie pourrait opérer "Bien, chef." lui fit-elle avant de le laisser tirer le rideau. Elle resta un instant là, les bras ballants en ne sachant pas comment procéder pour enfiler cette robe qu’elle regarda un long instant avant de se sommer de faire quelque chose et de se déshabiller. Elle s’y appliqua en se figurant des prérogatives de la robe en matière d’harmonie et d’agencement, ne gardant que ses sous-vêtements du bas pour s’astreindre à faire les choses correctement, n’ayant pas envie de s’humilier en faisant la moindre faute de goût, et dut admettre au bout d’un moment que les couches se superposant étrangement, que ce soit sur ses épaules ou sur sa poitrine dénudée, elle regretta l’absence de miroir — elle les détestait d’habitude, ne supportant pas d’être confrontée à l’image d’une autre. Ce dernier se trouvant à l’extérieur pour des raisons particulières qu’elle ne comprenait pas cependant, ignorant les us et coutumes inhérents à la haute-couture, ce n’était pas évident de se rendre compte de l’étendue des dégâts. Elle était à peu près certaine que son jupon était parfaitement revêtit, épousant la ligne entretenue de son corps aux courbes avantageuses, elle était à peu près certaine aussi qu’avec l’aide d’Ambrose, le haut serait plus facile à enfiler ; néanmoins elle se convainquit qu’elle y arriverait sans ses instructions pour le moment, et rit à ce qu’elle l’entendit dire de l’autre côté "J’ai l’impression que c’est un truc qu’on aurait pu faire quand on était plus jeunes, se faufiler ici pour essayer des belles tenues et jouer aux grandes personnes sophistiquées." Elle se laissa happer par son imagination le temps de quelques secondes, ajouta finalement, plus distraite qu’autre chose "Ça me paraît surréel. Pas à toi ?" Elle lui laissa le temps d’y réfléchir, toujours aux prises avec le haut de la robe. Elle ne lui allait peut-être pas au final, c’est la conclusion qu’elle apposa à ce casse-tête avant de s’approcher du rideau, d’en tirer une toute petite partie pour pouvoir dire à Ambrose dont elle trouva rapidement les yeux "Je sais que ça va donner l’air d’une scène tirée d’une très mauvaise comédie romantique, mais tu pourrais venir m’aider au lieu de me guider à distance ?" Très vite, elle poursuivit pour qu’aucun malaise ne vienne peser sur ce qui se passait là "Je suis visible, et j’essaye pas de provoquer quoi que ce soit." Juré, ça ne lui frôlait même pas l’esprit, ses pensées aussi innocentes que le sourire qu’elle lui offrit en lui disant "J’ai juste un problème avec —" Le drapé donc, qu’elle désigna silencieusement derrière le rideau, sécurisant avec ses bras ce qu’elle avait réussit à enfiler sur sa poitrine sans l’aide de personne, mais qui souffrait d’un manquement au mode d’emploi qu’elle n’avait pas en sa possession.

« Je peux sans doute te retrouver ça. » est la promesse qu’il fait sans qu’elle ne soit une promesse, justement. Le dessin n’a certainement pas été jeté, ce serait mal connaître ses aînés, mais il va sûrement devoir se renseigner pour savoir où il se trouve désormais. "Alors c’est ce que je suis pour toi, une proche ?" Il esquisse un sourire loin d’être timide lorsqu’elle aborde le sujet, chose qu’il avait sans doute anticipée au fond de lui. La dernière fois qu’il avait posé une étiquette sur leur relation, elle l’avait déjà souligné. « T’as le choix. Ca, ou “vieille amie”. » Il annonce, ses yeux rieurs trouvant sans mal ceux de Mavis. Il est bien sûr ouvert à d’autres propositions, cela va de soi, mais il est le premier embêté par les propositions faites: elles ont leurs qualités sur certains points, mais elles semblent malgré tout être incomplètes. Il manque un quelque chose sur lequel il ne saurait mettre le doigt, parce que des années de discussions et des années de silence ne peuvent pas être résumés à un ou deux mots.

Il est le premier à considérer la robe comme un véritable bijou digne d’être dans les collections de Weatherton, mais il reconnaît aussi qu’elle représente un véritable casse-tête à enfiler et qu’il a sans doute fallu s’y prendre bien en avance pour l’enfiler le jour du défilé. Pour Mavis, cela dépasse ses connaissances, lesquelles sont pourtant particulièrement pointues - en témoigne la raison même pour laquelle elle enfilera peut-être cette robe, le moment venu. Pour l’instant, il la laisse encore se débrouiller de l’autre côté du rideau, l’aidant par de simples instructions. "J’ai l’impression que c’est un truc qu’on aurait pu faire quand on était plus jeunes, se faufiler ici pour essayer des belles tenues et jouer aux grandes personnes sophistiquées." Il en rigole simplement, sans doute déçu de ne pas y avoir pensé à l’époque, parce que l’aventure aurait été aussi incroyable que la soufflante qu’il aurait reçue de la part de ses aînés. Les tenues de l’un ou de l’autre n’étaient pas à plaindre, loin de là, mais se rendre dans les locaux d’une maison de haute couture, quand même, c’est quelque chose de bien différent. "Ça me paraît surréel. Pas à toi ?" Il trouve appui contre le mur derrière lui, ses mains posées contre le bas de son dos pour qu’il s’appuie contre ses dernières. Il a trop appris à protéger ses affaires, sans doute. « Si. Bien sûr. » Qu’il soit présent dans les locaux est déjà surréel, mais qu’il y soit surtout en compagnie de Mavis ne fait que rendre l’instant présent encore plus difficile à imaginer. Ce n’est pourtant pas une surprise qui lui déplaît, et loin de là. Même s’il aurait bien besoin d’être pincé pour être certain que tout est réel, il n’en apprécie pas moins le moment présent.

Le visage du jeune homme se dégage lentement en direction du rideau, d’où sort celui de Mavis telle une petite souris. "Je sais que ça va donner l’air d’une scène tirée d’une très mauvaise comédie romantique, mais tu pourrais venir m’aider au lieu de me guider à distance ?" Et effectivement, ce n’est pas une situation pour le mettre pleinement à l’aise, surtout alors qu’il lui a déjà expliqué une première fois que ses sentiments pour elle ne sont sans doute jamais redevenus platoniques. Pourtant, l’idée le fait rire doucement. Sans moquerie, simplement par surprise. "Je suis visible, et j’essaye pas de provoquer quoi que ce soit. J’ai juste un problème avec —" - « Je suis un adulte, c’est bon, t’inquiète. » Elle n’a pas besoin de s’expliquer davantage, ni même trouver des excuses à tout va. Elle sait qu’il n’a pas fomenté un plan digne d’un méchant de film pour arriver à la voir nue, et il sait qu’elle ne surjoue pas la sotte pour que ce soit le cas - et puisqu’ils sont sur un pied d’égalité sur ce point, alors donner un coup de main à Mavis n’est pas pour le déranger. Preuve en est, il tire un peu plus le rideau pour laisser à Mavis la place pour qu’elle le rejoigne de l’autre côté. A son tour, il explique. « Ca sera plus simple avec les miroirs. » Pour lui, pour elle. Les caméras ne sont pas pointées en leur direction et les locaux sont parfaitement vides : elle n’a pas à craindre quoi que ce soit. Il n’y a qu’eux.

« Mets juste les bras le long de ton corps. Je le tiens. » Elle peut desserrer la pression autour du drapé : il ne risque pas de tomber, maintenant, c’est promis. Le regard d’Ambrose se fait plus sérieux, occupé à se remémorer les gestes exacts pour rendre honneur au drapé et au travail du tissu. Il veut qu’elle se sente belle, et il veut aussi qu’elle admire à son tour tout le travail de son frère et son oncle. « Je vais repasser autour de ton torse, ça doit prendre tout ton buste pour que tu te sentes à l’aise. On verra pas ta peau. » Il explique ses gestes, avance sa main pour tirer un peu du tissu au niveau de ses côtes, d’un côté puis de l’autre, avant de le tirer à nouveau près de ses épaules. « Dis moi si c’est trop serré. Ou trop lâche. » Il demande, son regard cherchant celui de Mavis dans le reflet du miroir. Il s’y attarde un instant pour sourire, la robe prenant forme sous ses yeux et rendant ainsi parfaitement justice à la jeune femme. Lorsqu’il baisse à nouveau son regard en direction des omoplates de la blonde, et du tissu qu’il passe désormais en diagonale sur sa poitrine pour la cacher complètement et donner un brin de mouvement, il garde le même sourire imprimé sur les lèvres. Sa main reste posée sur son épaule pour tenir le tissu alors qu’une autre reste posée contre sa hanche pour en tenir l’autre côté. « On peut jouer sur ce pan là. Si tu veux que la robe soit plus ou moins longue, on l’adapte là. » Qu’il explique en désignant son épaule d’un geste du menton. « On peut aussi modifier la fente, si tu la veux plus ou moins visible. Si jamais t’as des vengeances à avoir sur les autres filles de ta promo, on peut s’arranger. » Il énonce l’idée avec un certain sourire amusé, laissant à Mavis le choix final. Il se doute qu’ouvrir la robe trop haut pourrait mettre n’importe qui mal à l’aise, raison pour laquelle il ne cherche pas à l’influencer, ni même à lui donner son propre avis sur la situation, ou sur le fait qu’il pense - presque objectivement - que n’importe lequel de ses choix irait parfaitement à la jeune femme. « T’es très belle dedans. » Il assure déjà, n’ayant pas besoin de connaître ses décisions quant aux derniers détails pour le savoir. La robe lui va aussi bien qu’il avait pu l’espérer, et même davantage encore.

made of velvet
@Ambrose Constantine (crédit gif/hartrps)

"Proche, ça me donne l’impression de progresser dans ton ordre de préférence." Vieille amie, c’était presque insultant. Proche, c’était doux. Ça exhalait d’une certaine forme d’intimité qu’elle piochait dans la tendresse avec laquelle, l’autre fois, il s’était amusé avec ses cheveux sans juger nécessaire d’être autre chose que ça : tendre, comme à l’époque "J’aime bien ça." lui avoua-t-elle, l’air de rien, et elle lui sourit, avant de prendre une mine plus sérieuse — faussement plus sérieuse — pour ajouter ensuite, feignant de réfléchir à la suite des évènements "J’ai presque hâte de savoir comment les choses vont évoluer et si je vais rester une proche pendant longtemps." Ou si, dans quelques temps à peine, quand ils se seraient lassés du sentiment de nostalgie qui enrubannait leurs retrouvailles, ils redeviendraient simplement de vieux amis — pas de vieux amants, même s’il y avait eu de ça bien sûr, mais tout était resté relativement innocent pour que du côté de Mavis du moins, elle ne veuille pas souiller leur charmante petite histoire d’amour en la définissant aussi trivialement. Ambrose n’était pas Ruben, elle pouvait s’accorder à le penser sans avoir besoin de le dire à voix haute.

La preuve découlait de choses aussi simples que lui demander de l’aide à s’habiller sans que ça ne fasse naître chez lui autre chose qu’un sourire. Elle essayait d’arrondir les angles, et elle se trouva un peu godiche de le faire avec autant d’insistance, sa nudité partielle la rendant tributaire de potentielles fausses idées instillées au jeune homme qu’elle savait sensible à son charme. Mais juré, elle ne se la jouait pas vierge effarouchée pour le contraindre à la dévergonder. Elle n’était pas farouche certes, elle en avait vu d’autres, et c’était d’ailleurs pour ça qu’elle préférait être prévoyante, ne tenant vraiment pas à mettre Ambrose mal à l’aise en se pavanant à moitié nue devant lui. Il prenait les choses avec élégance, et ça la rassura, lui donna aussi la confiance nécessaire pour s’échapper de derrière le rideau pour le rejoindre afin qu’il l’aide à se dépatouiller avec l’agencement de cette robe splendide, comme elle put le constater en voyant son reflet dans le miroir qu’ils rejoignirent de concert "Elle est magnifique." commenta-t-elle tout en sachant qu’elle n’était pourtant pas à son avantage sur l’instant, le drapé n’étant pas placé au bon endroit, et le reste de la robe en souffrant très certainement. Elle croisa le regard d’Ambrose dans le miroir et s’y accrocha pour ne pas être forcée de se regarder véritablement. A la place, elle suivit ses instructions en même temps que ses mouvements pour l’aider à se sortir du pétrin dans lequel elle s’était fichue en choisissant d’essayer cette tenue, laquelle demandait un diplôme pour être enfilée "Heureusement que je me prépare à devenir médecin, et pas habilleuse." Elle aurait eu du souci à se faire sinon. Essayant de dissiper ce qui semblait peser là, au centre des mouvements qu’Ambrose lui demandait de faire, caressée par le contact de ses mains sur sa peau sans qu’il n’en abuse, elle comprit en même temps que, si elle avait été aussi prévoyante au sujet de sa nudité, c’était avant tout parce qu’une part d’elle se savait sensible au regard qu’il posait sur elle, et à la manière dont il la touchait ; là encore sans en abuser, mais ça restait palpable, réel, et ça la troubla peut-être un peu, au point que quand il lui demanda de lui dire si c’était trop serré ou trop lâche, elle eut besoin d’une ou deux secondes de trop pour lui répondre. Sa tête finit par opérer un mouvement à la négative "C’est parfait, je me sens bien dedans." lui assura-t-elle, ne le quittant des yeux que pour les poser directement sur le tissu qu’elle portait et qu’elle effleura du bout des doigts en les passant sur sa poitrine, puis son ventre qui grouillait d’une multitude de bestioles qu’elle refusait de définir comme des papillons, pas assez fleur bleue pour s’y évertuer "J’aime qu’elle soit longue. À moins que ça me donne l’air tassé, mais je m’efforcerai de porter des talons pour cette fois, ça ne fera pas de mal." lui dit-elle en souriant, leur écart de taille étant flagrant au travers du miroir.

Le laissant prendre les décisions stylistiques à sa place, elle le sentait assez aguerri sur la question pour ne pas craindre qu’il la guide de la mauvaise façon "Hm, elles me détestent quasiment toutes, si tu veux tout savoir. C’est rien, j’ai déjà eu ma revanche, et je les déteste toutes moi aussi, de toute façon." Elle rebondissait sur les filles de sa promo, lui expliquant les tenants et les aboutissants de sa fameuse vengeance "Je suis une Barnes et le docteur Hartfield m’a pris sous son aile, ça a été facile. Mais maintenant que t’en parle…" Elle ignora la mention de Ruben qu’elle venait de faire, et le temps d’une seconde à peine, elle fit apparaître sa jambe droite hors du jupon de la robe qu’elle portait, sous-entendant que pour ajouter de l’huile sur le feu, elle pourrait bien se laisser tenter par une fente provocante. Mais le rire qu’elle laissa filer remettait en exergue l’idée que non, elle garderait ses jambes pour elle, ayant déjà l’impression de montrer un peu trop d’elle-même. Le hâle de sa peau était mis en avant par la couleur de la robe qui, elle devait l’admettre, lui allait comme un gant ; sa pensée s’aligna sur celle d’Ambrose qui lui fit un compliment, et tandis qu’elle captait son regard dans le miroir, elle lui demanda sans se donner l’air trop sérieux, même si sa question l’était quelque part "Pas trop déçu, donc ? Ça correspond à l’image que tu t’en faisais quand t’as pensé à me proposer de la porter ?" Quelque chose lui traversa l’esprit en même temps qu’elle parlait, et elle ajouta dans la foulée "Elle s’accordera à ce que toi, tu comptes porter, ou c’est vraiment pas notre genre, de faire ça ?" De se pointer à un gala en s’accordant à la perfection au point de rendre vertes de jalousie les mégères de la promotion de Mavis ?

"Proche, ça me donne l’impression de progresser dans ton ordre de préférence. J’aime bien ça." Et s’il ne sourit pas davantage, c’est parce qu’il anticipe déjà les prochains mots que seront ceux de Mavis, sûrement parce qu’il aurait notamment eu le même genre de fil de pensées en compagnie de Ruben. Il aurait lui aussi pensé que “proche”, c’est bien, mais qu’il y a encore mieux à obtenir que ce terme. Qu’il est une étape élevée, mais pas la plus haute marche. "J’ai presque hâte de savoir comment les choses vont évoluer et si je vais rester une proche pendant longtemps." Une part de lui ressent la même hâte, mais le problème c’est qu’elle reste très largement entachée par la crainte de tout foutre en l’air si jamais l’idée qu’il se fait d’une relation entre eux n’est pas aussi fidèle à ce qu’elle pourrait être. Proche, ce n’est peut-être pas la plus haute marche du podium, mais c’en est au moins une qui ne laisse pas indifférent et qui l’élève sans mal du reste de la masse. C’est pas si pire, en somme. « Va falloir continuer à m’inviter aux soirées étudiantes pour le savoir, alors. » Il ajoute un brin d’humour à la discussion, pas attaché aux soirées étudiantes en elles-mêmes mais simplement aux excuses toutes trouvées pour se retrouver un instant entre eux, à pouvoir refaire le monde sans crainte de jugement.

"Heureusement que je me prépare à devenir médecin, et pas habilleuse."
« C’est juste du mimétisme. Tu pourrais avoir le coup de main très vite. »

Elle est bien assez intelligente pour comprendre comment sont agencés les bouts de tissus entre eux et comment la robe est mise en valeur par des jeux de volumes. Pour ça, au moins, il n’y a pas besoin d’une décennie d’études pour y parvenir, et elle a cet avantage immense sur Ambrose qui, pourtant diplômé, ne sera jamais capable de soigner autre chose que des petits bobos. Mavis pourra être une médecin qui connaît l’art de l’habillage, et cela la rendra à peine plus unique qu’elle ne l’est déjà. "C’est parfait, je me sens bien dedans. J’aime qu’elle soit longue. À moins que ça me donne l’air tassé, mais je m’efforcerai de porter des talons pour cette fois, ça ne fera pas de mal." Il rigole simplement suite à sa remarque et prend le temps de nouer la fausse ceinture de la robe à la longueur indiquée, pour ne plus avoir à la tenir lui-même et surtout pour donner un peu d’espace à Mavis. Elle doit marcher un peu avec pour s’assurer qu’elle s’y sent assez à l’aise pour la garder durant plusieurs heures : il ne sera pas toujours derrière elle, même si l’idée ne semble pas le déranger à un niveau particulier. Ou le déranger, tout court. « Tu risques pas d’avoir l’air tassée, t’en fais pas. » Il corrige avec un sourire tendre, sans doute avec un brin d’objectivité manquant aussi. « On pourra voir pour les chaussures, mais le choix sera moins large. » Si la robe peut être adaptée à sa taille, il en sera plus difficile pour les chaussures.

Il glisse sur la mention des filles qui la détestent et d’elle qui les déteste en retour, à peu près certain que ce sont des histoires qu’elle jugera elle-même puériles d’ici peu de temps. Il n’y a rien qui semble la contrarier grandement, de toute façon. "Je suis une Barnes et le docteur Hartfield m’a pris sous son aile, ça a été facile. Mais maintenant que t’en parle…" Il ne sait pas si associer le prénom de Ruben à la jambe qu’elle découvre est un lien qu’elle fait consciemment, et il décide de penser que non ; que ce n’est qu’une maladresse, alors que Mavis n’est pas du genre à être maladroite. « Et maintenant tu as les grâces de Weatherton. » Autant de choses qui feraient dire que les bonnes fées se sont posées avec attention sur son berceau. "Pas trop déçu, donc ? Ça correspond à l’image que tu t’en faisais quand t’as pensé à me proposer de la porter ?" - « T’es parfaite. » Il assure et rassure sans faire de grandes explications à ce sujet, n’en voyant pas l’utilité. "Elle s’accordera à ce que toi, tu comptes porter, ou c’est vraiment pas notre genre, de faire ça ?" - « J’y réfléchis. J’ai pas encore la tenue en tête, mais j’y réfléchis. » Il sait qu’il peut à son tour piocher dans les collections de Weatherton, et sans doute même que James se vexerait s’il perdait même du temps à lui poser la question. Simplement, il ne s’est pas encore assez posé la question pour en être arrivé à trouver une solution, ayant priorisé la robe de Mavis dans son esprit. « Evidemment que je prendrai une tenue dans le même thème. » Il ne sait pas s’il arrivera à matcher autant qu’il le voudrait, mais ça n’en reste pas moins son objectif. « Si on doit les rendre jalouses, je dois pas dénoter. » Il rajoute avec un sourire prouvant à quel point il est amusé de la situation, sans doute un peu triste d’avoir autant raté des années universitaire de son côté, trop occupé à travailler ici et là. « Tu veux la surprise ou je dois faire valider ma tenue avant le jour J ? » Il questionne, ses mains dans ses poches et ses épaules ramenées en arrière alors qu’il se décale un peu pour observer Mavis avec une vision directe, et non plus à travers le miroir. Il ne se répète pas au sujet de ce qu’il pense de la robe, mais son sourire n’en dit pas moins.

made of velvet
@Ambrose Constantine (crédit gif/hartrps)

"Je croyais qu’on avait plus besoin de se trouver des excuses pour passer du temps ensemble ?" Elle revenait sur leur discussion d’il y avait quelques temps, créant une continuité dans leurs échanges et leurs aspirations sans pour autant se sentir obligée de mettre Ambrose mal à l’aise — ou peut-être qu’il le serait si elle continuait à être aussi frontale, encore qu’elle y allait doucement, mais surement. L’idée lui déplaisait sur l’instant, de l’embarrasser, alors elle fit mine de rien pour ajouter, presque tout bas "T’es déjà prévu pour la prochaine." Laquelle n’existait et n’existerait jamais, mais quelle était la différence entre une fête étudiante et une expédition nocturne dans un endroit plus ou moins interdit — duquel ils avaient les clefs certes, ça restait tout de même vachement romantique sur le papier, et elle se mit à y rêver davantage, renouant avec les divagations de l’adolescente qu’elle était alors, et qui pensait que le seul garçon qu’elle avait jamais embrassé pourrait aussi être le dernier.

Pour vérifier que la robe lui allait vraiment, elle se mit à déambuler sur la pointe des pieds devant le miroir, évitant de se regarder dedans, se connectant tout simplement aux sensations que lui procuraient le serrage du drapé sur sa peau, sur sa poitrine et ses hanches, les doigts d’Ambrose y ayant laissés leur empreinte d’une façon douce qui l’enthousiasma quand elle songea que, le jour-j, elle aurait peut-être bien besoin de lui à nouveau. Ils n’y étaient pas encore, mais le temps filerait vite d’ici là, alors elle devrait se décider sur des détails tels que les chaussures qu’elle porterait et qui lui éviteraient de devoir se balader sur la pointe des pieds tout au long de la soirée. Dans tous les cas, ce n’était pas très urgent en comparaison du choix de la robe, alors elle se contenta simplement d’opiner à ce qu’Ambrose lui dit à ce sujet, inquiétée par l’idée que son essayage ne soit concluant que pour elle, et que l’image qu’il se faisait d’elle, dans cette robe, ne corresponde pas à ce qu'il avait dans la tête. Ça ne semblait pas être le cas. Ça la fit sourire "Tu peux officiellement proposer mon nom à James pour ses prochains défilés." fit-elle avec feignant une démarche de top-model, ainsi juchée sur la pointe de ses pieds. Elle descendit vite de son socle de fortune, se retrouvant devant Ambrose qui la complimentait encore une fois. Elle inclina la tête sur le côté pour le regarder selon un angle imposé par leur différence de taille "Merci. Et merci d’avoir fait ça pour moi, t’étais pas obligé au fond." Il le savait, ce n’était pas utile de revenir dessus, et pourtant, elle ressentait une vraie gratitude pour lui à ce moment-là. Elle n’avait pas besoin de se sentir belle pour briller Mavis, mais sa sollicitude était un bon ego boost auquel elle aurait du mal à renoncer si jamais ils se perdaient de vue à nouveau ; de là à dire qu’elle profitait d’Ambrose, il n’y avait rien de plus faux, mais le voir presque béat face à elle, ça lui faisait du bien d’une façon plutôt saine en comparaison à ce que l’attention de certains autres — d’un certain autre — lui procurait habituellement.

Jouant avec le jupon de sa longue robe en se balançant de droite à gauche pour créer une sorte de mouvement vaporeux, Mavis s’arrêta doucement et plissa les paupières, écoutant la réponse d’Ambrose au sujet de sa propre tenue. Son regard trouva de nouveau le sien "Evidement, je crains pas que tu fasses la moindre faute de goût." Il était élégant Ambrose, il avait une classe certaine qui agissait en catalyseur de l’attention de ceux qui posaient son regard sur lui. Il avait quelque chose de spécial, elle l’avait su à la seconde même où, toute jeune, elle avait posé ses yeux sur lui ; une nonchalance certaine, antagoniste direct de son ambition qui elle, était dévorante et réelle — comme si tout était facile pour lui et qu’être beau, c’était dans l’ordre des choses. Il était charismatique, intimidant d’une façon différente de ceux qui cherchaient à l’être, et elle était sûre d’une chose "Elles seront jalouses même si tu venais habillé comme un clochard, tu t’es bien regardé ?" C’était un compliment. Moins catégorique que si elle lui avait dit qu'il était parfait — qu’il le serait, qu’importe ce qu’il porterait —, mais elle le pensait, et la manière dont son regard se perdit plus loin et plus longtemps dans le sien après qu’il l’eut toisé pour la regarder dans sa robe le lui laissait sous-entendre sans qu’elle ne se sente obligée de le verbaliser. D’un bref battement de cils, elle se recentra, puis elle se détourna de lui pour daigner se regarder dans le miroir et réagir à ce qu’il lui demandait "Hm, je sais pas. Est-ce que tu penses que c’est comme pour les mariages, et que voir la tenue de l’un et de l’autre est un signe de mauvais présage ?" Dans ces cas-là, ils étaient foutus, puisque Ambrose avait vu sa robe. Le cherchant au travers du miroir, elle pensa à quelque chose dans la foulée "Tu crois qu’on serait mariés aujourd’hui ?" Elle ne savait pas si c’était la mention de mariage qui l’avait menée à ce cheminement, mais elle ne se retint pas de lui poser la question, curieuse à l’image d’une gamine espiègle qui repousse des limites méconnues. Elle reformula, ne le quittant pas des yeux au travers du miroir "Si on avait continué à se voir, si on avait suivi notre plan de base —" Si, si, si, elle s’y perdait bien trop souvent dans ces sempiternels si, ces derniers temps, Mavis "— tu crois qu’on en serait où aujourd’hui ?"

"Je croyais qu’on avait plus besoin de se trouver des excuses pour passer du temps ensemble ?"
« C’est vrai, pardon. »

Le sourire avec lequel il prononce ces quelques mots lui prouve bien qu’il n’est pas vexé pour un sou et qu’il aime toujours autant cette idée de ne pas avoir à se trouver des excuses pour se voir. Ils sont simplement dans leur droit d'agir ainsi, et ce même alors qu’ils ont repris contact il n’y a pas si longtemps que ça. Maintenant, au moins, leurs discussions ne sont plus conditionnées par le deuil de Norman. Maintenant, elle est bien assez à l’aise pour parler de James et d’un possible travail sur les cat walk, idée qu’Ambrose jure faussement de proposer à son aîné le moment venu. "Merci. Et merci d’avoir fait ça pour moi, t’étais pas obligé au fond." Et comme elle s’en doutait, il ne rebondit pas dessus, ayant bien assez souligné que cela lui fait plaisir à lui aussi et qu’elle ne dérange personne. Il sait qu’elle a ses propres raisons pour réitérer les remerciements et ne la rabroue donc pas inutilement, déjà intéressé par de nouveaux propos de sa part. "Elles seront jalouses même si tu venais habillé comme un clochard, tu t’es bien regardé ?" La réflexion le fait rire, surtout alors qu’il espère bien ne pas venir habillé comme un clochard le jour J (son frère ne lui pardonnerait jamais). Il rigole surtout d’une Mavis qui a sa propre façon à elle d’émettre des compliments, ce qui le fait un peu plus sourire encore. « Je sens que je vais adorer cette soirée. » Il va adorer qu’on les déteste, lui et Mavis, pour aucune autre raison que celle d'exister. Et durant tout le temps de l’échange, il n’a pas délogé son regard de Mavis, assez assuré de son charisme pour ne pas remettre en cause les mots de la jeune femme. Ce n’est pas une chose dont il est particulièrement fier, n’ayant rien fait pour le gagner, mais ce n’est pas non plus une idée qu’il pourrait nier.

"Hm, je sais pas. Est-ce que tu penses que c’est comme pour les mariages, et que voir la tenue de l’un et de l’autre est un signe de mauvais présage ?" - « J’espère pas, on serait dans la merde. » Et il ne le pense pas non plus, alors tout va bien. Mavis sera parfaite pour cette soirée et aucune malédiction ne risque de planer sur eux, parce qu’ils sont bien loin de pouvoir comparer la soirée en question à un mariage. Leur mariage, qui plus est. Et même alors qu’Ambrose ne doute pas un seul instant du bien fondé de sa pensée, cela amène Mavis à se poser de nouvelles questions. "Tu crois qu’on serait mariés aujourd’hui ?" Il l’observe à travers le miroir avec une surprise certaine. Jamais il n’aurait pensé qu’elle oserait faire le parallèle aussi facilement, aussi naturellement. Comme si le mariage avait déjà été discuté entre eux, et proche de devenir réalité. "Si on avait continué à se voir, si on avait suivi notre plan de base — tu crois qu’on en serait où aujourd’hui ?" Sa surprise la pousse à continuer et à préciser sa pensée, ce qui n’aide paradoxalement pas Ambrose à y réfléchir de son côté. Il s’y force dès l’instant suivant. « Tu crois que c’est toi que j’aurais demandé en mariage plutôt ? » A la place de Cassie ? Peut-être. S’il parlait encore à Mavis à l’époque, peut-être même que c’est à elle dont il aurait osé parler de son plan fou, et peut-être à ses côtés qu’il l’aurait réalisé. Il ose simplement espérer que si ça avait été, la fin aurait été différente et l’accomplissement tout autant : il l’aurait aimée, Mavis, peut-être. « Je sais pas. Si on était restés ensemble toutes ces années, oui, sans doute. » Parce que cela aurait signifié que leur amour était fort et sincère, et parfois il ne pense pas plus loin : ça lui aurait suffi pour lui demander sa main, à n’en pas douter. Et l’histoire des childhood sweetheart n’aurait rien eu d’un mensonge les concernant. « Je regrette un peu que ça ait pas été le cas. Parfois je me dis que ça aurait été plus simple. » Aucun des deux n’aurait eu cette relation avec Ruben, et s’ils s’étaient contentés d’être son ami, tout aurait pu être plus simple, plus plaisant aussi. « Tu pensais à quelque chose en particulier ? » Puisqu’elle a ramené le sujet sur le tapis avec une certaine vigueur, il se permet de le lui demander. « Ca aurait changé quelque chose ? Pour… » Et d’un geste de la main maladroit, il montre son ventre, qu’elle lui a avoué avoir brièvement connu l’existence d’un fœtus. S’il avait été de lui, s’ils avaient été ensemble, est-ce que ça aurait changé quelque chose sur ce sujet précis ?

made of velvet
@Ambrose Constantine (crédit gif/hartrps)

"Oui, moi aussi." Elle allait adorer cette soirée. Elle s’y préparait comme on se prépare à son premier bal de promo, et de nouveau, l’impression d’être revenue dans le passé la submergea d’une façon inédite, mais pas désagréable, son regard s’accrochant à celui d’Ambrose tandis que son esprit essayait d’imaginer ce qui se passerait lors de cette soirée. En dehors de ses pimbêches de camarades de promo, ses parents feraient partis de la fête, et ça, ça avait moins le don de l’enthousiasmer que de se pavaner au bras d’Ambrose sans savoir véritablement comment le présenter aux autres en dehors de l’étiquette de proche qu’ils avaient décidé de se donner l’un à l’autre. Elle savait que Leon se poserait des questions, se demanderait pourquoi elle avait préféré quelqu’un dont il n’avait pas entendu parler depuis des années plutôt que celui qui faisait fi de mentor pour Mavis, de fil spirituel pour lui. Que c’était malsain tout ça, le réalisait-elle en évitant de songer au mensonge qu’elle devrait donner à son père pour expliquer que Ruben n’était pas là, préférant s’ancrer dans le présent plutôt que de se préparer à recevoir des reproches et des gros yeux lors d’un évènement important pour elle.

Du moins, elle s’ancra dans le présent aussi momentanément que la conversation qu’elle avait avec Ambrose les menèrent à reparler du passé — d’une certaine façon, le tout s’emmêlant dans un empilement de suppositions induites par le cheminement de pensées d’une Mavis espiègle. Où ils en seraient, Ambrose et elle, s’ils ne s’étaient pas séparés à l’époque et s’ils s’étaient attachés plus fort à l’un et à l’autre au point de terminer leur vie ensemble ? Elle n’y avait jamais vraiment pensé auparavant, mais maintenant qu’elle avait posé la question au jeune homme, elle avait besoin d’avoir une réponse, celle qu’elle, elle accorda à la question d’Ambrose étant rien d’autre qu’honnête, comme toujours quand c’était lui qui les posait "Je crois que tu m’aimais assez pour que ça te traverse l’esprit à un moment donné." Elle y allait peut-être un peu fort. L’amour à cet âge était largement insufflé par l’adolescence, ce grand chamboulement qui vous pousse à tout prendre au centuple en terme de sentiments. Elle ne pouvait cependant pas se retirer de la tête qu’elle n’avait pas tout à fait tort, elle le ressentait comme ça en tout cas, que ce soit à l’époque où maintenant. Elle lui sourit quand il finit par lui dire que oui, ils seraient sans doute mariés aujourd’hui si les choses étaient restées comme telles entre eux "T’as pas l’air vraiment convaincu." lui fit-elle remarquer en fronçant le nez, l’emploi du sans doute lui laissant penser qu’il hésitait, et c’était normal : ça restait un songe dans tous les cas, leur réalité était bien différente, et leur amourette ne les avait menés à rien d’autre qu’à de l’éloignement au cours des dix dernières années. Elle pressa ses lèvres l’une sur l’autre, esquivant finalement le regard d’Ambrose pour suivre les lignes épurées de la robe qu’elle portait au travers du miroir qu’elle n’avait pas quitté quand il lui avoua avoir des regrets. Elle ne releva pas la tête, elle attendit une seconde ou deux avant de se retourner dans sa direction. Une fois qu’elle se trouva presque face à lui, elle osa lui dire avec un léger sourire qui abondait d’une lueur triste portée par ses paroles suivantes, trouvant sa source dans l’observation de ses traits qu’elle faisait à distance "Ça aurait été plus simple parce que tu l’aurais pas rencontré, c’est bien ça ?" Elle était persuadée ne pas avoir besoin de préciser de qui elle parlait pour qu’il comprenne où elle voulait en venir, la façon dont leurs regards se cimenta suffisant à donner du sens à sa question.

"Non, je pensais à rien en particulier, ça m’a juste traversé l’esprit." Elle hocha la tête, finissant par rompre le contact visuel pour se retourner vers le miroir et affronter son reflet pour de bon cette fois. Elle vit sa soeur dans cette robe, et c’était bizarre, comme chaque fois qu’elle se souvenait qu’elle était son portrait craché, et c’était assez pour qu’elle ne veuille pas s’y attarder en ajoutant, ses yeux papillonnant en même temps "Ça doit être à cause de la robe." À l’effet que ça lui faisait de la porter, sa main se portant délicatement jusqu’à son abdomen au moment-même où Ambrose aborda un sujet qui la laissa interdite le temps qu’elle comprenne où il voulait en venir exactement. Rien ne déstabilisait jamais vraiment Mavis, mais cette fois-là, il pouvait se targuer d’avoir réussi à la faire vaciller sur ses appuis et à la rendre pantoise. Elle ne savait pas quoi lui répondre, elle ne savait pas s’il avait tiré toutes les bonnes conclusions de l’espèce d’aveu qu’elle lui avait fait la dernière fois, elle ne savait pas s’il avait compris que ce qu’il pointait du doigt désormais avait été le résultat de ce qui la liait à Ruben, elle ne savait pas si elle devait le lui préciser — et ne pas savoir, ça la força à prendre trop de temps pour réfléchir. Quand elle lui répondit enfin, elle s’était perdue dans un entre-deux mondes qui, sur le moment lui paraissait trop flou pour qu’elle ne réussisse à faire le point et à se montrer transparente sur le sujet. Elle n’y arriva pas, d’ailleurs, et manifestement troublée, elle préféra lui sourire tout en éludant finalement ce qu’il lui demandait, faisant jouer les pans de la robe devant elle "Je vais aller me rhabiller." C’était une façon polie de lui faire savoir qu’elle n’avait pas envie de parler de ça. Mais puisqu’elle connaissait bien Ambrose, et qu’elle ne voulait pas qu’il ressente la moindre culpabilité à avoir soulevé un sujet aussi délicat, quand elle passa à ses côtés pour rejoindre la cabine d’essayage, elle passa sa main le long de son bras pour lui attraper la sienne, et y déposa un baiser qui n’avait vocation à une seule chose, et c’était de le dispenser de s’en vouloir de quoi que ce soit dans l’immédiat.