Assise sur le sol de ma chambre, face à une pile de livres aux couvertures colorées, je soupirai dramatiquement, jetant l’un des ouvrages au loin après avoir lu le résumé. Comme toute bonne personne trop compulsive, j’achetais plus de livres que je n’étais capable d’en lire, une pile “à lire” interminable, et comme toute bonne personne trop spontanée, aucun ne me faisait envie au moment où je voulais lire un livre. “Je ne suis pas dans ce mood-là spécifique” était mon excuse parfaite pour justifier d’aller acheter encore de nouveaux livres qui correspondraient à mon envie du moment. C’était simple : quand j’achetais un livre, soit je le lisais immédiatement, soit il terminait sur une étagère et prenait la poussière jusqu’à que trois ans plus tard, il soit enfin le bon moment pour lire. Comme d’habitude, avec moi, c’était tout ou rien.

Et là, en l'occurrence, c’était plus rien. Rien ne me faisait envie, aucun livre de ma pile ne ferait l’affaire pour m’accompagner pendant mon long trajet d’avion jusqu’à LA, où mon devoir d’actrice m’appelait pour faire une série d’interviews qui sortiraient en juin pour le mois des fiertés - c’était la seule période de l’année où être une actrice ouvertement lesbienne avait un avantage. J’enfilais donc mon bob vert pastel et de grandes lunettes de soleil, un stratagème qui m’assurait encore aujourd’hui un peu de vie privée, et pris la direction donc ma librairie de quartier préférée, où je commençais à être une sérieuse habituée. La plupart des employés savaient qui j’étais mais faisaient comme si de rien était et c’était exactement ce que j’appréciais dans ce lieu.

Comme d’habitude, je me retrouvais dans le rayon littérature queer, mon favori - et puis quoi, il fallait que je lise quelque chose qui me mette dans le mood de mon voyage ! - et j’avais déjà deux livres sous le coude, un troisième en main, prête à dévaliser le rayon, même si je savais que je n’aurais pas le temps de tout lire et qu’invariablement, une partie de mes achats terminerait dans la pile à lire répétant mon cycle maudit. Tant pis. Je n’étais pas vraiment du genre à apprendre de mes erreurs.

Depuis que j’étais arrivée, je partageais le rayon avec une blonde aux cheveux courts qui semblait un peu perdue, lisant résumé après résumé sans jamais choisir de livres. J’étais en train d’observer l’une des couvertures quand je remarquais que la jeune fille était en train de lire le résumé de…. « Il est très bien, celui-là », dis-je à voix haute à son attention. Elle tenait All The Lights Above dans ses mains et je n’avais pas pu m’en empêcher. « Je ne lis pas souvent de l’horreur, mais j’ai pas pu décrocher », ajoutai-je avec un petit sourire.


@Spencer Blackwell

Cette librairie, ça fait des semaines que tu passes devant lorsque tu prends le bus pour venir bosser. Des semaines que tu te dis “faut que je m’arrête”, mais que c’est compliqué vu les horaires effectués. Cette fois pourtant, ton emploi du temps te le permets et t’es pas pressée par l’horloge. Pour dire, t’avais même prévu un post-it de recommandations faites par une collègue, sauf qu’il semblerait que tu l’aies perdu quelque part.
Tant pis.
Avec un peu de chance, les titres et noms d’auteurs seront suffisants pour te rappeler ceux de sa liste. Mais encore une fois, manque de bol ; le seul qui fait tilt, c’est celui de Margot qui trône en plein milieu du rayonnage avec son bandeau “best-seller”. Autour, les autres livres ne te parlent pas plus que ça, et t’as beau les prendre, lire les résumés, les reposer pour en changer, finalement pour les reprendre et recommencer, rien n’y fait. Lèvres pincées, t’en viens forcément à venir attraper le seul du lot que tu connais. La quatrième de couverture est accrocheuse, il faut l’avouer. En plus de ça, t’as cette espèce de curiosité morbide qui fait que t’as envie de parcourir les pages et de tomber le perso détestable que t’as dû lui inspirer simplement en respirant le même air qu’elle. A tous les coups c’est genre la pute du village que tout le monde déteste et qui finit par crever de la pire des façons, étranglée par son foulard coincé dans une portière de voiture ou après avoir chopé le tétanos en marchant sur une vieille canette rouillée, petite vengeance à peine subtile mais ô combien satisfaisante pour l’écrivaine. Tes yeux font des aller-retours sur les pages que tu tournes, cherchant la moindre trace d’un prénom mixte à la con du style Harper, Riley ou encore Sam, mais rien. C’est sans doute t’accorder bien plus d’importance que ce qu’elle a pu te porter. Avec une légère moue, tu refermes l’ouvrage avant de recommencer à scanner les rayons à la recherche de tu ne sais trop quoi. Pourquoi y a autant de livres disponibles ? Ca relève carrément de la torture de choisir quand on a pas la moindre idée de ce qu’on cherche. Une voix s’élève juste à côté et comme une gamine prise sur le fait, tu tournes la tête en regardant dans sa direction, tout ça pour découvrir une grande blonde à moitié planquée sous un bob. Même pas sûre qu’on se soit vraiment adressé à toi, tu jettes un oeil à droite puis à gauche pour te rendre compte que vous êtes seules dans l’allée. Tes yeux retournent se poser sur le livre que tu tiens toujours entre tes doigts et tu souffles un rire en haussant les épaules. « Oh, heu… Ouais, j’en ai entendu du bien, mais… » Mais tu vas quand même pas lui offrir le roman écrit par son ex, quoi. « Bein elle l’a déjà, celui-là. » T’es pas tout à fait certaine de l’info, mais y a de bonnes chances que ça soit vrai de toute façon. « Presque sûre qu’il y a tous les livres de l’autrice à la maison, d’ailleurs. » Ou en tout cas qu’elle les a lus dans leur forme la plus brute, lorsqu’ils n’étaient encore qu’à l’état de manuscrits à peine terminés, qu’il y a peut-être même un peu d’elle dans les versions finales sous la forme de nouvelles idées ou de changements mineurs gardés dans la version finale. « Par contre si t’as des conseils sur un bouquin sympa dans le même genre, je suis carrément preneuse. » De toute façon, t’étais à deux doigts d’aller voir sa collègue. « J’y connais pas grand chose du coup j’ai aucune idée de ce qui est bien ou pas » C’est pas faute d’avoir essayé, pourtant. Pour l’heure, tu caches ton embarras derrière un rire nerveux.

Je n’avais plus l’habitude de parler avec des inconnus, toujours un peu inquiète que l’on me reconnaisse ; j’appréciais trop les moments de liberté furtive où je vivais comme tout le monde pour risquer de les perdre en me faisant remarquer. Sauf que depuis toujours, j’avais été ainsi, à lancer la discussion avec les caissiers et les baristas, à devenir des habituées de restaurant, à échanger avec les gens dans les coins fumeurs des boîtes. Je me rappelais même d’une dispute avec l’une de mes exs, qui m’avait accusé de vouloir faire un numéro de charme à toute la planète, prétextant que mon besoin compulsif de plaire finissait par me faire préférer parler avec des inconnus qu’avec elle. Encore aujourd’hui, je me demandais si elle n’avait pas eu un peu raison, mais je me justifiais en me disant qu’elle était simplement d’un peu ennuyeux, et que c’était pour ça que je finissais par aller discuter avec d’autres gens en soirées.

La blonde releva les yeux vers moi, et j’eus le plaisir de voir dans ses yeux qu’elle n’avait apparemment aucune idée de qui j’étais - ou alors elle avait la plus grande poker face que j’avais rencontré de ma vie. Habituellement, même les gens qui ne sont pas des fans mais reconnaissent mon visage ont un petit mouvement de sourcil, ou d’yeux. « Oh, heu… Ouais, j’en ai entendu du bien, mais… Bein elle l’a déjà, celui-là. » J’hochai la tête, satisfaite. Le elle ne m’échappa pas non plus : un cadeau pour quelqu’un, sûrement sa petite-amie, ou sa meilleure amie. On était pas aux rayons queer pour rien. « Presque sûre qu’il y a tous les livres de l’autrice à la maison, d’ailleurs. » J’eus un grand sourire. « Il parait qu’ils sont tous supers, je veux grave en lire d’autres », répliquai-je, sans préciser que j’en avais au moins deux dans ma bibliothèque que je n’avais pas encore lu et que pourtant j’étais là, en train de m’acheter d’autres livres. Oops. Encore une fois, c’était pas ma faute, tout est une question de timing, en lecture !

« Par contre si t’as des conseils sur un bouquin sympa dans le même genre, je suis carrément preneuse. » Mon visage s’illumina, et j’avais du mal à cacher mon excitation. J’adorais parler de choses qui me passionnaient, et même si j’étais loin d’être une lectrice assidue, ces dernières années à passer des heures dans les avions, ou dans des trailers entre deux prises, j’avais recommencé à lire de plus en plus. Surtout que plus ça allait, moins scroller sur mon téléphone me faisait du bien. J’étais à peu près persuadée qu’une détox de réseaux sociaux me ferait un bien fou, mais j’étais encore incapable de lâcher. « J’y connais pas grand chose du coup j’ai aucune idée de ce qui est bien ou pas » Je posai les livres que j’avais sous le bras, comme si j’étais prête à me lancer dans une tirade - à tout instant, Marceline la tornade serait de sortie. « Oh, j’suis pas une pro non plus, mais c’est vrai que j’ai pas mal lu de trucs de ce rayon », dis-je en faisant un signe de la main vers les étagères du rayon queer dans lequel on se trouvait. « Je suis pas forcément une spécialiste de l’horreur, pas contre, même si j’ai déjà quelques idées… » Je me tournai vers l’une des bibliothèques, cherchant du bout des doigts un titre que j’adorais. Je me retournais vers la jeune fille. « C’est pour une occasion spéciale, ou c’est juste un cadeau comme ça ? Cette fameuse elle, tu sais ce qu’elle aime lire de manière générale ? » Demandai-je, tout à coup très investie par la situation.



@Spencer Blackwell

Te retrouver dans une librairie et encenser les livres de Margot face à une parfaite inconnue n’était décidément pas dans ton bingo 2024. Des années en arrière, tu ne te serais sûrement pas privée de descendre le travail de l’autrice par pure jalousie ou par simple manque d’estime de toi, mais aujourd’hui et avec le recul, tu n’en vois plus trop la peine. Il faut se rendre à l’évidence, t’as beau ne rien connaître sur le sujet, tu te doutes que tout bouquin entouré du liseret “best seller” ne l’est pas par hasard.
Qu’on ne vienne pas te demander de détails par contre, t’es bien incapable de dire de quoi ça parle ou de reconnaître la moindre référence faite aux oeuvres de la brune, ta moitié en revanche… « Ah bein si elle était là elle saurait sûrement dire lequel est le mieux pour commencer, mais moi… » Not so much, c’est pas faute d’avoir essayé de t’intéresser pourtant, mais la lecture, c’est décidément pas ton truc.
Avec tout ça, t’es pas plus avancée sur quoi offrir, peut-être que quelqu’un avec un minimum de connaissance saura t’aiguiller sur ce qui plaît en général. La jeune femme joue la modeste avant de finalement concéder avoir lu une bonne partie des bouquins en rayon et juste comme ça, tu sais que t’as probablement demandé à la bonne personne (et c’est pas uniquement parce que c’est la seule présente en dehors de la vendeuse). « Oh non, juste comme ça. » Juste parce que t’as l’opportunité de le faire, l’argent pour, que t’as envie d’être le genre de meuf qui a de petites attentions sans rien attendre en retour. Et quelque part, qu’après tout ce qu’elle a fait pour toi, c’est bien la moindre des choses et que c’est même loin d’être assez. Peut-être que tu devrais en prendre deux, finalement.
Aïe, la colle. « Hm… Twilight ? » Forcément c’est le seul titre qui te vient tout de suite tellement t’en entends toujours parler. T’es à deux doigts d’ajouter et “la biographie de Lindsay Lohan” mais t’es pas certaine de ton coup. « C’est vague, je sais, » tu t’en es rendue compte à l’instant où t’as ouvert la bouche mais c’était déjà trop tard, ça t’arrache un rire nerveux et une légère moue avant de reprendre : « mais heu… J’ai mentionné que j’y connaissais rien ? » Parce que là ça commence à se voir de façon un peu trop flagrante. « À côté de ça elle lit aussi des trucs super sérieux, genre un peu féministes, tu vois ? » c’est ce que t’as retenu en demandant de quoi ça parlait en tout cas, « ou des fanfictions un peu ringardes, » juste parce que ça l’amuse de voir ta tête quand t’essaies de suivre avec elle les aventures d’Ebony Dark’ness Dementia Raven à Poudlard sans rien comprendre à l’intrigue complètement grotesque et absurde. « Fin du coup je cherche pas quelque chose de vraiment spécifique, on est large sur le choix quoi. » Le nez plissé, tu te rends surtout compte que ça ne doit pas du tout l’aiguiller pour te conseiller quelque chose à offrir. « Désolée, je pense pas que ça aide beaucoup. » Voire même pas du tout, en fait. « J’imagine que n’importe quel bouquin sympa fera l’affaire, en vrai. » Encore une fois, trop large. « Tiens ton préféré à toi, c’est quoi ? » Ca sera sans doute plus simple de procéder comme ça.

« Ah bein si elle était là elle saurait sûrement dire lequel est le mieux pour commencer, mais moi… » Je secouai la tête, l’air de dire que ce n’était pas grave : on était là toutes les deux, maintenant, on allait faire équipe sans souci, maintenant qu’on avait un objectif commun : trouver un livre pour sa copine. J’étais in-ves-tie ! Du coup, il me fallait évidemment plus d’informations : est-ce que c’était un cadeau pour une occasion particulière, genre pour se racheter après une dispute (là, il faudrait un livre fancy, pas une édition de poche) ou pour une occasion spéciale (un livre romantique pour célébrer un anniversaire) ? « Oh non, juste comme ça. » Je poussai un petit soupir avec un sourire attendri. « Me voilà investie pour t’aider à être la petite-copine la plus mims de Brisbane », décrétai-je en agitant mes mains, m’emballant - et risquant au passage de faire un peu fuir l’inconnue avec mon implication dont elle n’avait peut-être pas mesuré l’intensité quand elle avait demandé mes recommendations.

Mais j’étais lancée, et il me fallait des infos : elle aimait lire quoi, cette petite amie mystérieuse ? « Hm… Twilight ? » J’éclatai de rire, un peu surprise, mais sans jugement. « Ok, ok, je comprends, Alice et Kristen c’est un peu l’OG ship lesbien des années 2000 », dis-je avec un sourire en coin. « C’est vague, je sais, », elle sembla s’excuser avec une moue, elle voulait bien faire, ça se voyait. « mais heu… J’ai mentionné que j’y connaissais rien ? » Une nouvelle fois, j’agitai la main comme pour chasser ce qu’elle disait, parce que ça ne comptait pas : ce qui comptait, c’est qu’elle voulait faire plaisir à sa copine, et qu’elle y mettait du sien, même sans savoir trop par quel bout le prendre. « À côté de ça elle lit aussi des trucs super sérieux, genre un peu féministes, tu vois ? Ou des fanfictions un peu ringardes. » J’eus un sourire en coin - god, ça me rappelait mes années tumblr, légèrement ravivées par les soirées avec Mac, à l’époque, où elle se perdait sur ses tags AO3. « The duality of a woman, je vois », répliquai-je d’un air entendu. « J’ai écrit des fanfictions Glee jusqu’à un âge un peu trop avancé pour que je te l’avoue à voix haute », confiai-je avec un clin d’oeil.

« Fin du coup je cherche pas quelque chose de vraiment spécifique, on est large sur le choix quoi. » J’avais honnêtement déjà le cerveau en ébullition de tout ce que je pouvais proposer. « Désolée, je pense pas que ça aide beaucoup. » « Tu rigoles, j’ai toutes les infos qu’il me faut : les vampires, les fanfictions, le féminisme. Y a de quoi faire, j’t’assure ! » Rassurai-je avec entrain, parce qu’il en fallait plus que ça pour me démoraliser. « J’imagine que n’importe quel bouquin sympa fera l’affaire, en vrai. Tiens ton préféré à toi, c’est quoi ? » Mon visage s’illumina. Alors là, elle ne savait pas ce qu’elle venait de déclencher, car s’il y avait bien un sujet sur lequel j’étais intarissable, c’était les choses que j’aimais. « Wow, tu vas regretter de m’avoir posé cette question quand je t’aurais tenue la jambe accidentellement pendant 45 minutes, mais allons y ! » J’abandonnais définitivement la pile de livres que j’avais sous le bras, pour avoir mes mains libres, et fis signe à la blonde de me suivre vers les autres étagères.

Je glissai mes yeux vers les couvertures, à la recherche des ouvrages que j’avais en tête. « C’est quasiment impossible de choisir un livre, mais ça, je crois que c’est mon favori : On Earth We’re Briefly Gorgeous d’Ocean Vuong. » Je le tirais de l’étagère. « C’est un auteur homosexuel, d’origine vietnamienne, qui écrit un livre à sa mère, analphabète, pour lui parler de leur relation, de son homosexualité. Ca parle du Vietnam, d’être un immigré, d’identité, c’est une écriture très lyrique. Je sais pas si c’est mes mommy issues mais ce livre m’a bouleversé. Par contre, c’est plutôt…  No plot just vibes, tu vois le genre ? » Indiquai-je, parce que c’était quand même un peu particulier. Déjà, je partais vers un autre coin des bibliothèques, à la recherche d’un livre que j’avais vu être mis en display, et pour cause, beaucoup de gens en parlaient en ligne, et la hype était plus que mérité. « Si ta copine kiffe l’horreur et les créatures, je pense qu’elle pourrait kiffer Our Wives Under The Sea de Julia Armfield. C’est pas vraiment de l’horreur, plutôt un truc un peu glauque, glaçant : tu suis un couple de lesbiennes qui se retrouve après que l’une des deux ait été coincée dans un sous-marin pendant des mois, sous l’eau, et en revient traumatisée », racontai-je. « Pareil, c’est plus un livre d’ambiance que de plot, mais oh mon dieu, c’est follement romantique, ça parle d’amour, de deuil, de l’inconnu, de la solitude… » Je poussai un soupir dramatique. « Si Julia Armfield me demandait en mariage, je plaquerais tout pour la suivre », décrétai-je. Je terminai mon tour vers un autre coin, attrapant un livre à la couverture bleu néon. « Et ça, si ta copine kiffe la pop culture et le féminisme : Girls Can Kiss Now de la journaliste Jill Gutowitz. C’est de la non-fiction, et ça parle de grandir en étant lesbienne, et pop culture, par exemple l’autrice raconte qu’elle était obsédée par Lindsay Lohan et Samantha Roson et qu’elle comprenait pas pourquoi, avant de comprendre son homosexualité. C’est très relatable si tu veux mon avis », ajoutai-je avec un rire. J’inspirai, replantant mes yeux dans ceux de la blonde : « Là comme ça, ça serait mes recommandations. »


@Spencer Blackwell (j'ai tapé mes meilleures recos mdrrr )

Et te voilà là, à deux doigts de rougir façon ado prise la main dans le sac en train de parler de sa crush, tout ça parce qu’une parfaite inconnue a décidé de s’investir dans ta vie amoureuse dont elle ignore pourtant tout. Lèvres pincées, tu réprimes un sourire timide, à deux doigts de protester que “t’es pas mims” mais surtout bien moins dispendieuse que la grande perche qui gesticule dans tous les sens.
Avec tes maigres connaissances littéraires, tu fais de ton mieux pour lui donner de la matière à conseiller quelque chose, n’importe quoi qui se lise et qui fera plaisir à ta fiancée. Pas franchement certaine d’en fournir assez avec uniquement la saga sur les vampires à paillettes, t’ajoutes deux-trois trucs un peu plus vagues et ça a au moins l’air de faire sourire la blonde. Amusée par sa confession, tu prends ton meilleur air innocent. « Promis j’en parlerai à personne, » que tu ricanes en dessinant une croix du bout du doigt sur ta poitrine, l’air de sceller le pacte en acceptant de garder son secret jusque dans la tombe. Enfin peut-être que tu partageras l’anecdote avec ta moitié quand même, juste pour le fun, mais c’est pas comme si c’était quelque chose de réellement dommageable. Mais trève de plaisanteries, elle a l’air d’en savoir suffisamment pour commencer te vendre pile ce que tu es venue chercher. « Houla… À ce point ? » Pas que tu sois réellement pressée de partir ou que ça te dérange réellement d’écouter une étrangère parler de quelque chose qu’elle apprécie pendant pas loin d’une heure. Et puis, t’as l’habitude de prêter une oreille attentive à quelqu’un qui a toujours plus de choses à dire que toi, tu ne seras pas trop dépaysée pour le coup.
Juré tu fais de ton mieux pour suivre le rythme et retenir tout ce qu’elle te balance, ton regard fait la navette entre la jeune femme et les livres dont elle parle tout en prenant des notes mentales que tu auras tôt fait d’oublier tant t’es pas foutue de retenir quoi que ce soit. Y a quelque chose dans la façon dont elle en parle qui fait que t’accroches à ses explications que tu bois sans savoir si tu dois la stopper pour faire une pause ou si tu dois la laisser terminer d’une seule traite. Un livre, deux, trois, “là comme ça, ça serait mes recommendations,” qu’elle conclue comme si elle ne venait pas de faire un exposé totalement improvisé presque complet sur trois bouquins. La bouche légèrement entrouverte, tu termines de procéder les informations sans pour autant avoir arrêté un choix. Nouveau rire nerveux, tu lâches un « wow, okay, » un peu perdu en acquiesçant légèrement, ton regard faisant un rapide passage sur les rayons en essayant de faire le point sur toutes les informations qu’elle vient de te balancer. « Avoue, en fait tu bosses ici ? » que tu demandes aussi sérieusement que possible. « Parce que si c’est le cas, félicitations, tu viens de vendre trois bouquins. » Pourquoi choisir quand tu peux juste tout prendre en une fois ? De toute façon si tu pars de là sans les prendre, t’auras oublié jusqu’aux titres à l’instant où tu sortiras, autant ne pas risquer le coup. « Plus sérieusement… » tout de même, « merci, déjà. D’avoir pris le temps et de l’avoir fait comme ça, » avec autant d’entrain et de passion, tu t’attendais pas franchement à tomber sur quelqu’un d’aussi investie dans son boulot (ou dans sa passion de la lecture, au choix). « Et heu, j’avoue je sais pas tellement lequel prendre, du coup j’pense que je vais tout embarquer, ça sera plus simple. » Et puis contrairement à il y a quelques années t’es plus à une dizaine de dollars près, maintenant, surtout pas s’il s’agit d’offrir quelque chose à ta moitié. « T’es là souvent, juste pour savoir si un jour j’ai besoin d’autres conseils pour un cadeau ? » Parce qu’il est évident que tu n’achèteras pas pour toi, peu importe combien un livre peut te sembler intéressant, tu préfères largement qu’on te le raconte.

@Marceline Griffiths (en vrai j'ai pris des notes du coup merci )

J’avais prévenu l’inconnue sur ma possible tirade et pourtant je vis à son expression qu’elle était un peu surprise de la tempête dans laquelle elle venait de se faire prendre, mais c’était plutôt fort que moi, je débitais mon texte comme si j’étais sur une planche de théâtre, passionnée par ce que j’étais en train d’exposer. J’avais toujours été comme ça, un peu enflammée, et ça avait toujours pertubé mes parents, qui ne savaient pas être passionnés par autre chose qu’eux et leur amour ; j’avais très vite senti qu’ils ne seraient pas le public dont j’avais besoin, et j’avais développé mon besoin d’être le centre de l’attention ailleurs. Je n’étais pas actrice pour rien, en fait. « wow, okay, » je fis une petite grimace, l’air de dire “désolée, je sais que c’est beaucoup”. « Avoue, en fait tu bosses ici ? » J’eus un petit rire, et secouai la tête. Bon, je crois que la jeune femme n’avait vraiment aucune idée de qui j’étais, et franchement, c’était rafraichissant. « Ouais, on tente cette nouvelle technique où on fait semblant d’être client lambda pour attirer le chalant et le piéger, j’avoue tout », j’agitais mes mains, comme une enfant prise sur les faits. « Parce que si c’est le cas, félicitations, tu viens de vendre trois bouquins. » Un immense sourire s’étira sur mes lèvres - il n’y avait rien qui me faisait plus plaisir que transmettre quelque chose qui me passionnait. « Woohoo, je vais avoir un bonus de fin de mois », plaisantai-je. En réalité, je ferais une terrible libraire : probablement trop occupée à flirter avec les filles qui acheteraient du Sylvia Plath ou la biographie d’Elliott Page.

« Plus sérieusement…Merci, déjà. D’avoir pris le temps et de l’avoir fait comme ça, » J’agitai ma main pour chasser le compliment. « Merci à toi de m’avoir fait vivre ma meilleure vie de pseudo libraire. J’espère que j’ai pas accidentellement volé le job de quelqu’un », ajoutai-je, parce qu’il y avait sûrement vraiment quelqu’un dont c’était le métier et qui aurait peut-être voulu conseiller les livres qu’ils voulaient pousser à la vente. Mais bon. « Et heu, j’avoue je sais pas tellement lequel prendre, du coup j’pense que je vais tout embarquer, ça sera plus simple. » Je tapai dans mes mains, enthousiasmée. « T’es là souvent, juste pour savoir si un jour j’ai besoin d’autres conseils pour un cadeau ? » « Je rode souvent dans le coin, les libraires finissent par penser que je fais partie de l’équipe aussi », plaisantai-je. « En tout cas, j’espère que ça plaira à ta copine, si jamais elle t’accuse d’avoir fait des folies en achetant les trois, dis lui qu’une grande blonde zinzin était un peu trop convaincante ! »



@Spencer Blackwell rp terminé