Faire une surprise à quelqu'un pour son anniversaire ? Très peu pour Mateo. En tout cas, c'est quelque chose qu'il n'avait jamais pris le temps de faire. C'est pourtant ce qu'il avait décidé de faire alors que Diego passait la trentaine aujourd'hui. Il lui avait suffit de parler avec Rafael pour trouver le plan parfait : leur groupe d'amis de la fac de médecine avait prévu de fêter l'occasion dans un superbe restaurant alors Mateo attendrait Diego chez lui à son retour. Ç'aurait été mentir que de dire qu'il n'avait pas été en partie vexé de ne pas avoir été invité à ce dîner, mais il y avait fort à parier que leur dernier échange de messages y était grandement pour quelque chose alors Mateo avait décidé de ne pas en tenir rigueur au mexicain. C'est aussi à cause de ces dits sms qu'il avait pris le parti de le rejoindre chez lui et de ne pas s'incruster à leur table au restaurant, persuadé qu'agir de cette façon aurait gêné Diego plus que ça ne lui aurait fait plaisir. Alors il s'était contenté de dire à Raf de le prévenir lorsqu'ils quitteraient leur lieu de rendez vous pour pouvoir se rendre dans l'immeuble de Diego qu'il connaissait déjà comme sa poche et d'aller l'y attendre. La porte d'entrée de l'immeuble était restée ouverte alors il en avait profité pour se faufiler et aller patienter devant la porte de son appartement, appuyé contre le mur, scrollant un compte d'artistes sur son téléphone pour passer le temps. Il s'était senti profondément idiot à cet instant, réalisant qu'il était en train de fournir plus d'efforts pour Diego que pour quiconque avant. Était-ce le fait qu'il allait partir en voyage quelques temps qui l'avait angoissé, l'anniversaire lui permettant de penser à autre chose, ou était-ce simplement parce qu'il tenait beaucoup à Diego ? Il ne comptait rien admettre à ce sujet là et espérait bien qu'on ne lui en demande rien : c'était d'ailleurs ce qu'il avait dit à son meilleur ami quand il lui avait demandé pourquoi il s'intéressait autant à l'anniversaire de Diego. Tôt ou tard il aurait à s'expliquer auprès de Raf, bien conscient que ce dernier était en train de sentir qu'il se tramait quelque chose entre les deux hommes. Pour autant Mateo avait une confiance aveugle dans le fait qu'il ne dirait rien s'il lui faisait promettre de n'en parler à personne, mais il respectait l'envie de discrétion de Diego et n'aborderait pas le sujet de leur relation avec lui. Quelques minutes à peine après qu'il ne soit arrivé dans ces couloirs déjà familiers, Mateo avait relevé les yeux en entendant quelqu'un arriver vers lui. Il aurait tout donné pour avoir filmé l'instant où Diego avait réalisé qu'il était là à l'attendre, sa surprise étant clairement affichée sur son visage. Et en même temps, comment en aurait-il pu autrement ? A tous les coups, le mexicain devait déjà être énervé qu'il soit si tard et qu'il n'ait reçu aucun message de sa part dans la journée pour son anniversaire, alors il n'avait pas dû s'imaginer une seconde que Mateo serait présent sur le pas de sa porte. « Joyeux anniversaire. » Avait-il lancé tout naturellement en s'avançant pour prendre Diego dans ses bras pour une brève accolade. Il avait décidé d'éviter de lui faire la bise, refusant de le voir reculer comme la dernière fois. « Je me suis dit que ce serait plus sympa de te le dire en vrai. J'parie que tu t'y attendais pas à celle là. »

Trente ans. L’ensemble des problèmes qui lui anesthésiaient l’esprit avait été salvateur : il n’avait pas pris conscience de l’étape importante qu’il s’apprêtait à franchir. Il savait ce que le passage dans la trentaine pouvait signifier pour la plupart des gens, et même s’il aurait pu partager ce sentiment à un moment donné de sa vie, il était maintenant incapable d’y accorder trop d’importance. C’était une occasion de célébrer, un jour particulier où il avait fait de son mieux pour s’autoriser à ne pas trop penser et à tenter d’être heureux. Mais c’était difficile, surtout après quelques jours passés sans parler à Mateo. Il était maintenant clair qu’il représentait bien plus pour lui qu’il n’aurait jamais voulu l’admettre, mais il s’était accordée une pause en le blâmant pour avoir tenté de le rassurer. C’était plus simple de s’imaginer qu’il avait minimisé son ressenti plutôt que de lui donner raison mais la façon dont il avait vérifié son téléphone tout au long de son dîner d’anniversaire trahissait son attachement. Mateo lui manquait, et ce malgré la réaction de Cesar qui n’avait fait qu’amplifier ses doutes et renforcer cette idée qu’ils ne seraient jamais acceptés. Il avait soufflé ses bougies et avait quitté le restaurant la gorge nouée, l’heure était si avancée qu’il avait perdu tout espoir qu’il ne pense à lui. Il avait brisé quelque chose, il était le seul fautif, et il regrettait amèrement de ne pas lui avoir répondu quand il en avait encore l’occasion.

En montant les escaliers qui menaient à son appartement, Diego en avait profité pour commencer à dénouer le nœud de cravate qu’il avait supporté bien trop longtemps. Ses mouvements contenaient toute sa frustration mais ils s’étaient arrêtés net. « Joyeux anniversaire. » Il n’avait pas eu le temps de réfléchir ou de réaliser qu’il était réellement là que, déjà, il l’avait pris dans ses bras. « Je me suis dit que ce serait plus sympa de te le dire en vrai. J'parie que tu t'y attendais pas à celle là. » Il était énervé de savoir qu’il avait eu l’idée de le laisser attendre, chamboulé de réaliser que sa respiration s’était accélérée sous l’effet de la surprise mais la seule émotion qu’il avait réussi à exprimer avait été l’amusement. Diego avait ri en le voyant là, sans réellement savoir depuis combien de temps il l’attendait, adoptant cette même attitude alors qu’il pensait avoir brisé quelque chose entre eux. « Faut que t’arrêtes de regarder des comédies romantiques » Parce qu’il était bien plus facile de détourner l’attention avec une pique injustifiée plutôt que d’admettre à quel point cette attention lui faisait plaisir. Le contexte n’était pas le bon, Diego était encore sous le choc de sa discussion avec son frère qui lui laissait entrevoir ce que deviendrait sa réalité s’ils allaient plus loin. Tout semblait déjà compliqué alors même qu’ils ne faisaient que se voir, sans que personne ne puisse être au courant de la façon dont ils se comportaient dans l’intimité de son appartement. C’était étrange, ce sentiment que la vérité pouvait se lire sur son visage. On ne pouvait pas tout y voir, mais ce sourire en coin qui ne le quittait plus était un signe probablement assez évident pour le trahir auprès de tous. Ouvrant sa porte pour rentrer chez lui sans prendre la peine d’indiquer à Mateo de le suivre tant il était évident qu’il se devait de le faire, Diego l’avait refermée sur eux pour se sentir instantanément plus à l’aise. Mais un détail l’avait fait tiquer, il avait donc posé la question dans un soupir. « Soit t’as attendu là toute la soirée soit t’as parlé à Raf. Y’a une réponse qui me plairait plus que l’autre. » Le regard qu’il lui lançait était empli d’une crainte bien plus vive que tout ce qu’ils avaient connu par le passé. Diego était partagé entre la joie de le voir ici et de le voir aller à l’encontre de tout ce qu’il était pour lui faire plaisir et la peur panique que l’affaire s’ébruite. Mais puisqu’il semblait condamné à ce que tout le monde le démasque pour quelque chose qui s’était passé des années auparavant, peut-être valait-il mieux leur donner une raison valable de douter de lui. « Ça fait aussi comédie romantique si je te dis un truc du genre t’es mon plus beau cadeau d’anniversaire ? » Il ne pouvait pas lui en vouloir tout comme il ne pouvait pas s’empêcher de sourire en lançant cette plaisanterie qui cachait une simple vérité. « C’est n’importe quoi… » Il avait déboutonné les boutons des manches de sa chemise pour la replier sur ses avant-bras en riant nerveusement. Rien n’avait de sens, ni le fait que Mateo ait eu un geste que personne n’avait jamais eu pour lui, ni ce sourire ridicule qu’il n’arrivait pas à chasser de son visage, encore moins la façon dont il le fixait toujours de la même façon, se laissant envahir par ses émotions. Il venait d'avoir trente ans, et si sa maturité devait commencer ainsi, avec lui, alors il admettrait sans aucun mal l'impact de cet anniversaire.

L'effet de surprise était réussi et Mateo s'en félicitait. Il ne pouvait s'empêcher de sourire en réponse au sourire de Diego, et il était plus que ravie d'avoir sauté le pas d'un geste aussi attentionné. « Faut que t’arrêtes de regarder des comédies romantiques » Il avait pouffé de rire en voyant Diego ne pas savoir trop comment réagir au point qu'il ne l'avait même pas remercié de sa présence ou de ses vœux d'anniversaire. Pour quelqu'un d'aussi carré que lui, cela signifiait que Mateo avait réussi son coup. « J'ai l'air d'être du genre à regarder des comédies romantiques ? » Tout naturellement il avait suivi Diego, et alors qu'ils se retrouvaient tous les deux dans cet appartement qu'il avait désormais bien trop l'habitude de fréquenter, Mateo avait serré les dents lorsque son hôte avait repris la parole. « Soit t’as attendu là toute la soirée soit t’as parlé à Raf. Y’a une réponse qui me plairait plus que l’autre. » Il n'avait pas songé au fait que cette situation risquait de mettre mal à l'aise Diego s'il lui avouait avoir parlé de leur relation avec Raf, même si ce dernier ne savait rien de concret et qu'il n'avait que certaines hypothèses à leur sujet. « J'avoue j'ai parlé à Raf mais je t'interdis de paniquer. Il sait rien et même s'il se doutait d'un truc il dirait rien à personne. » La confiance qu'il avait en son meilleur ami d'enfance était infinie et Mateo demandait à Diego de croire en lui aussi. « De toute façon t'as interdiction de me faire la gueule parce que si tu m'avais invité au resto avec les autres j'aurais pas eu besoin de passer par lui. » Il avait prononcé ces mots en souriant et comme un argument pour ne pas laisser le temps à Diego de se mettre en colère quant il le savait tendu à propos du secret de leur relation, et surtout pas pour montrer qu'il lui en voulait de ne pas avoir été informé de déroulé de cette soirée. Certes, Mateo s'était senti déçu d'apprendre qu'il ne faisait pas partie du programme de sa journée d'anniversaire, mais maintenant qu'il faisait face à Diego et qu'il voyait le sourire qu'il affichait sur ses lèvres grâce à sa visite surprise, il savait qu'il s'était juste laissé emporter par ses craintes une fois de plus. Et ça, le jour de ses 30 ans, il n'avait pas le droit de le lui reprocher quand il avait surtout une humeur festive. « Ça fait aussi comédie romantique si je te dis un truc du genre t’es mon plus beau cadeau d’anniversaire ? » D'habitude Mateo aurait ri pour se moquer d'une telle remarque mais là, il avait offert à Diego un léger rire et un sourire charmeur. Il aimait entendre Diego parler de la place qu'il était en train de prendre dans sa vie. « C’est n’importe quoi… » Sa tête s'était balancée de gauche à droite et il s'était approché du mexicain, se retenant d'établir à nouveau un contact physique. « Non, moi j'aime bien. » Qu'il s'était contenté de répondre aussi sincèrement que possible, son ton pour une fois dénué de tout second degré. Leurs regards se croisaient et si leurs yeux avaient pu parler à cet instant ils n'auraient eu que des mots d'amour, mais Mateo avait fini par baisser les yeux une seconde vers sa poche tout en sortant un petit paquet en kraft, brisant l'intensité qui s'était formée bien trop rapidement entre eux. « Mais du coup je me sens un peu con de t'avoir acheté un truc. Si j'avais su que ma présence te suffirait, je me serais pas creusé la tête pour te trouver ça. » Avait-il lancé en riant et en tendant à Diego ce petit paquet qui contenait un bracelet en tissu mexicain. « Bon ok c'est rien de fou, mais ça m'a fait penser à toi. » Et c'était sûrement la meilleure raison pour offrir quelque chose à quelqu'un. « Il te plaît ? T'es pas obligé de le mettre, au pire tu pourras le garder avec tes cadres photos ou je sais pas trop. Mais j'espère qu'il te plaît. » Il avait parlé un peu trop rapidement, son flux de parole prouvant qu'il était juste un peu nerveux. Il avait envie de faire les choses bien. Et s'il détestait se sentir vulnérable de cette façon, cette facette de lui le rendait réellement attendrissant.

Il se retrouvait face à une scène dont il n’aurait jamais pu rêver parce qu’il n’était pas particulièrement romantique et qu’il ne s’était jamais attardé à réfléchir à la façon dont il pourrait retomber amoureux. Mais le voir là, devant sa porte, avec pour seule volonté l’envie de le surprendre et de lui souhaiter son anniversaire en personne, avait tout l’air d’être la manière parfaite de démarrer quelque chose. Alors si ses sourires étaient sincères, ils retombaient parfois lorsque Diego réalisait à quel point il s’était laissé aller au jeu pour ne plus jamais réussir à repartir en arrière. Et pour seule réponse, il avait décidé de le provoquer. « J'ai l'air d'être du genre à regarder des comédies romantiques ? » Diego avait haussé les épaules avant d’ouvrir la porte et quand ils étaient entrés, il avait pris conscience de ce que signifiait sa présence ici. « J'avoue j'ai parlé à Raf mais je t'interdis de paniquer. Il sait rien et même s'il se doutait d'un truc il dirait rien à personne. » Diego avait soupiré avant de passer une main sur son visage. Il s’autorisait à le croire parce qu’il savait combien sa relation avec Rafael était particulière, s’étonnant même de ne pas l’avoir croisé avant son mariage. Probablement parce qu’ils s’étaient éloignés, et que le mexicain se retrouvait être bien plus proche des autres membres du groupe. Malgré tout, si l’un apprenait que ces deux-là se voyaient un peu trop souvent, la nouvelle pourrait se répandre bien trop vite. Il réfléchissait déjà trop, et Mateo avait coupé court à ce mécanisme qui intervenait trop souvent dans son esprit. « De toute façon t'as interdiction de me faire la gueule parce que si tu m'avais invité au resto avec les autres j'aurais pas eu besoin de passer par lui. » « Tu m’interdis beaucoup de choses je vais finir par te penser toxique. » Il avait incliné le visage pour lui adresser un sourire avant de poursuivre.  « Je peux pas t’en vouloir là, mais on verra plus tard. » Le fait de se concentrer sur le positif était quelque chose qu’il avait rarement l’occasion de faire, sa vie ayant pris une tournure bien trop angoissante ces derniers mois. C’était donc sans aucune difficulté qu’il avait mis le sujet de la discussion entre Mateo et Rafael de côté pour ne pas gâcher un moment aussi agréable que celui-ci, pour ne pas gâcher leurs efforts.

C’était difficile d’être lui-même, pourtant, face à lui, c’était presque par réflexe qu’il donnait maintenant son point de vue. « Non, moi j'aime bien. » Il l’avait laissé s’approcher, ignorant la sensation dans son estomac et son cerveau qui lui criait de fuir pour ne pas céder à la tentation. « Mais du coup je me sens un peu con de t'avoir acheté un truc. Si j'avais su que ma présence te suffirait, je me serais pas creusé la tête pour te trouver ça. » Ils excellaient dans l’art de tout minimiser, comme pour se protéger de toutes les significations qu’avaient leurs regards, leurs gestes et leurs mots. Si Diego avait plusieurs fois évoqué les raisons qui l’amenaient à être vigilant, il ne réussissait pas à comprendre que Mateo en fasse de même. « Bon ok c'est rien de fou, mais ça m'a fait penser à toi. » Il avait ouvert le paquet négligemment, en continuant de regarder Mateo avec un sourcil arqué. Et à l’entendre parler sans jamais lui laisser le temps de répondre, il comprenait que lui aussi semblait nerveux et c’était étrangement la meilleure des façons pour redonner un semblant de sentiment de contrôle à Diego. « Il te plaît ? T'es pas obligé de le mettre, au pire tu pourras le garder avec tes cadres photos ou je sais pas trop. Mais j'espère qu'il te plaît. » Il avait tiré le bracelet du sachet et l’attention le touchait forcément, c’était quelque chose de simple, mais le simple fait qu’il ait pensé à lui offrir quelque chose signifiait pourtant énormément. « Si je te connaissais pas j’aurais l’impression que t’es nerveux, Mateo. » Il se moquait, gentiment, profitant de ce moment où les rôles s’inversaient. Pas totalement, parce que Diego lui aussi continuait à se perdre entre la facilité avec laquelle les choses évoluaient, la nervosité d’un moment trop lourd de sens et l’angoisse d’en mesurer toutes les conséquences. « C’est parfait et ça me fait vraiment plaisir. Tu me le mets ? » Ses yeux s’étaient relevés vers lui alors qu’il tendait déjà son poignet pour que Mateo puisse nouer le bracelet autour. Alors que ses doigts frôlaient son avant-bras, les yeux de Diego s’étaient perdus sur les contours de son profil, souriant à la façon dont il paraissait concentré. « Merci. Pas seulement pour ça mais d’être venu. » D’être resté, de n’être jamais parti. En rabaissant la main, il avait effleuré le bout de ses doigts avant de les tenir quelques instants et les relâcher.  « Même si t’exagères, j’ai attendu ton message toute la journée. » Il avait baissé le visage pour rire et évacuer sa propre nervosité, avouant à demi-mots la façon dont il avait pensé à lui, un peu trop pour que cela ne signfie rien.

Mateo n'était pas quelqu'un de particulièrement romantique. En tout cas, il n'avait pas pour objectif de l'être de manière générale. Sa spontanéité pouvait être prise comme telle parfois, mais cette fois ci il s'était surpris à essayer d'être intentionnellement sentimental. Ça n'enlevait en rien son air nonchalant caractéristique et la façon qu'il avait de taquiner Diego à la moindre occasion qui se présentait à lui, mais il avait su dès l'instant où leurs regards s'étaient croisés que cette soirée serait spéciale. « Tu m’interdis beaucoup de choses je vais finir par te penser toxique. » Il avait pouffé de rire. « Punaise t'as raison, je me méfierais à ta place. » Diego aurait pu se méfier de lui dès le départ, alors qu'il avait encore beaucoup d'aprioris sur la personnalité de Mateo et sur le genre de personne qu'il était. Il était trop tard maintenant pour qu'il ne se mette à se méfier de lui ; l'australien lui ayant prouvé qu'il était digne de confiance. Alors il avait répondu en riant, non sans une certaine nostalgie de leurs premières conversations où ils en étaient encore à tâter le terrain. Lorsqu'il s'agissait d'être honnête et d'avouer qu'il avait pris des informations auprès de Raf, Mateo aurait dû se douter que cela aurait posé un problème. Pourtant, la réaction de Diego était détendue, preuve qu'il était de plus en plus en confiance avec toute cette situation. « Je peux pas t’en vouloir là, mais on verra plus tard. » Peut-être aurait-il droit à des réflexions à ce sujet plus tard - c'était même certain - mais au moins pour ce soir, Mateo pouvait relâcher la pression. « J'ai pas hâte d'être plus tard du coup. »

« Si je te connaissais pas j’aurais l’impression que t’es nerveux, Mateo. » Mateo s'était perdu dans un flot de paroles incontrôlable et il ne pouvait s'empêcher de se dire que Diego avait eu raison, lors de leur dernière discussion, alors qu'il lui avait dit qu'ils avaient une nouvelle tendance à échanger leurs rôles. Il n'aimait pas tellement ce fait d'ailleurs mais il avait décidé de se détacher de ses craintes pour éviter de tout faire foirer en deux secondes. « Je suis surtout nerveux quand tu dis mon prénom, va savoir pourquoi. Ça te donne un air autoritaire j'dirais. » Il avait répondu l'air léger et toujours dans l'humour, mais le fond de ses propos était une vérité qu'il trouvait important que Diego puisse entendre : oui, cette situation le rendait nerveux lui aussi, pour l'importance qu'elle avait à ses yeux. C'était suffisamment loin de ce qu'il était habituellement pour prouver que Diego comptait pour lui et il espérait vraiment que ce dernier l'ait saisi. « C’est parfait et ça me fait vraiment plaisir. Tu me le mets ? » Il avait sourit en comprenant que Diego n'était pas seulement touché par son geste mais qu'en plus, le cadeau lui plaisait vraiment. « Viens là. » Mateo avait attrapé le bracelet pour lui passer autour du poignet et l'y attacher, non sans profiter du contact de sa main contre son bras l'espace d'une seconde. « Merci. Pas seulement pour ça mais d’être venu. » Il avait relâché son poignet mais Diego était venu prolonger le contact quelques instants de ses doigts, que Mateo avait fixé un moment. La proximité qui s'installait de plus en plus entre eux était agréable et presque rassurante en un sens. Si il y a quelques mois Mateo avait pu douter des intentions de Diego à son égard, aujourd'hui il pouvait être certain que l'attirance qu'il ressentait pour lui était réciproque, mais aussi qu'elle pourrait vraiment mener à quelque chose de tangible. « Ça me fait plaisir. » Avait-il répondu en remontant ses yeux pour les plonger dans ceux du mexicain. « Même si t’exagères, j’ai attendu ton message toute la journée. » Mateo avait ri, mais ce que Diego avait sous entendu là était précieux. Ils pensaient l'un à l'autre, à cette histoire qui était en train de se construire petit à petit. « Je t'imagine tellement râler en pensant que je t'ai oublié. » Il n'avait certainement pas râlé ouvertement puisqu'il n'aurait osé parler de leur relation à personne, mais Mateo imaginait sans difficulté Diego déverrouiller son téléphone plusieurs fois dans la journée en grommelant après avoir vu qu'aucune des notifications ne provenait de lui. « Heureusement pour moi t'as dit que t'avais pas le droit de m'en vouloir aujourd'hui, donc tu peux pas m'en vouloir d'avoir tardé. » De toute manière, il aurait pu parier que le jeu en avait valu la chandelle. Avoir patienté aujourd'hui leur valait de pouvoir passer un moment spécial ce soir, et même si c'était probablement arrogant de sa part, Mateo était persuadé que Diego se souviendrait de son anniversaire rien que pour l'instant qu'ils partageaient. « Et tu pourras pas m'en vouloir pour ça non plus. » Sa main cherchant celle de Diego, il ne l'avait pas lâché du regard alors qu'il entrelaçait ses doigts aux siens pour recréer le contact et pour le tirer vers lui. D'un mouvement lent Mateo avait approché son visage du sien pour venir l'embrasser doucement, avant de reculer la tête pour pouvoir observer la réaction de Diego à ce baiser. Cette fois, il avait décidé de céder à cette envie qui lui brûlait les lèvres depuis trop longtemps maintenant.

Diego avait eu plusieurs excuses pour le repousser, l’une d’elle étant sa capacité à enfouir tout ce qu’il ressentait parce qu’il supposait que cela lui faciliterait la vie. Ce n’était aucunement le cas, parce que plus il résistait et plus il s’imaginait ce que cela aurait pu être jusqu’à être complètement absorbé par des suppositions qui étaient très vite devenues des fantasmes. Ses attentes devenaient de plus en plus évidentes, jusqu’à faire naître en lui une déception qu’il n’avait que rarement ressentie lorsque Mateo avait décidé d’adopter un comportement qu’il lui avait toujours demandé d’avoir. Il s’était fait rattraper par ses contradictions mais encore plus par ses émotions. Et c’était peut-être parce que ce jour était le sien, qu’il avait décidé de ne tirer que le positif de cette scène imaginée par Mateo, incapable de ne pas sourire en le découvrant contre sa porte. « Punaise t'as raison, je me méfierais à ta place. » Son sourire en coin l’avait empêché de penser à la façon dont il n’avait fait que ça depuis le début, comme s’il lui était impossible de réaliser tout le positif que Mateo pouvait amener dans sa vie. C’était pourtant évident, cette façon dont ses problèmes semblaient insignifiants lorsqu’il était là. Cette façon qu’il avait de combler un vide et de lui rendre le sourire, peu importe les raisons qui l’avaient amené à le perdre. « J'ai pas hâte d'être plus tard du coup. » Il n’avait pas envie de réfléchir aux conséquences de ses actes, il n’avait de toute façon pas encore osé les effectuer. Il se souvenait de la façon dont il avait douté de lui, comme s’il ne s’agissait que d’un jeu pour lui mais tout était différent à présent. « Je suis surtout nerveux quand tu dis mon prénom, va savoir pourquoi. Ça te donne un air autoritaire j'dirais. » Difficile de dire s’il était sérieux ou non, mais il s’était contenté de lui adresser un sourire. « Je te l’accorde c’est un peu trop solennel. » Mais il devait admettre que prononcer son prénom l’aidait à rendre toute cette situation plus réelle à ses yeux.

Le simple fait de venir le surprendre chez lui aurait amplement suffi à faire de cet anniversaire le plus spécial qu’il ait vécu, mais Mateo semblait déterminé à prouver quelque chose. A lui, ou à lui-même. « Viens là. » Il était encore étrange et nouveau pour Diego de ressentir tout ce qu’il était en train de ressentir pour un homme, le son de sa voix comme les mots qu’il utilisait l’obligeant à prendre une grande inspiration pour garder le contrôle. « Ça me fait plaisir. » S’il était persuadé de réussir à dissimuler son état, il lui était impossible d’aller à l’encontre des sourires que déclenchait ce moment chez lui. Il ne s’était plus senti aussi bien depuis trop longtemps et il refusait de s’interdire encore de céder à quelque chose d’aussi fort par simple volonté de s’accrocher à ses principes. Ils n’étaient de toute façon même plus les siens, mais ceux de son entourage, ceux du reste du monde. « Je t'imagine tellement râler en pensant que je t'ai oublié. » Diego avait pris une profonde inspiration avant de soupirer, Mateo avait une vision assez précise de la façon dont il avait passé sa journée. La sensation qu’il manquait quelque chose avait été assez forte pour l’empêcher de profiter pleinement, mais c’était pourtant ce qui lui permettait de prendre conscience qu’il avait besoin de quelque chose de plus. Cette idée grandissait au fur et à mesure, en même temps que la tendresse qu’il ressentait pour lui à ce moment précis. Le contact qu’ils avaient initié de la manière la plus banale qu’il soit réveillait quelque chose chez le médecin qui ne craignait plus cette proximité mais la savourait. « Heureusement pour moi t'as dit que t'avais pas le droit de m'en vouloir aujourd'hui, donc tu peux pas m'en vouloir d'avoir tardé. » Il restait silencieux, désireux de le laisser prendre le contrôle d’une situation dont il souhaitait qu’il choisisse l’issue. « Et tu pourras pas m'en vouloir pour ça non plus. » La fraction de seconde entre ses mots et son geste avait été suffisante pour que l’estomac de Diego lui confirme sa nervosité et en un instant, le moment s’était arrêté, laissant ses lèvres dans l’attente de plus. Il avait ouvert les yeux pour les plonger dans ceux de Mateo et constater qu’il lui laissait le temps d’accepter ce qu’il venait de se passer, attendant sa réaction parce qu’il avait toutes les raisons de la craindre. Diego avait hésité quelques secondes encore mais il n’était plus en état de se refuser quoique ce soit alors que le moment lui avait donné l’impression que plus rien d’autre n’existait. Il ne l’avait pas quitté des yeux au moment où sa main libre s’était posée sur sa taille pour lui indiquer qu’il n’était pas sur le point de fuir. Au contraire, il avait lui-même posé à nouveau ses lèvres sur les siennes pour venir sceller ce baiser et le faire durer plus longtemps, assez pour évacuer toute la frustration des dernières semaines. Ils en avaient eu envie durant trop longtemps, au point où ils s’étaient perdus dans le moment avant que Diego ne vienne baisser la tête pour reprendre son souffle, sans rompre le contact, son front posé sur celui de Mateo. « C’est à peu près comme ça que je m’en rappelais » avait-il murmuré avant d’enfin oser retrouver son regard. Quelque chose avait changé, s’il avait profité de ce court moment durant lequel il avait semblé plus assuré que Mateo, il avait finalement retrouvé sa position initiale après qu’ils se soient embrassés. Presque intimidé, surtout perturbé par ce qu’il représentait pour lui.  « A la différence près que là c’était pas un coup de tête, ni fait à la légère. » Il n’y avait rien de comparable à cette soirée là, mais elle avait définitivement été le début de tout ce qu’ils étaient en train de vivre. Quelque chose de bien trop particulier et dangereux pour que Diego ne puisse le minimiser. « Et qu’idéalement on mettra pas quatre ans à recommencer. » Il riait pour chasser ce moment de flottement entre un baiser qui s’était fait trop attendre et ce qui suivrait, sans que Diego ne parvienne à anticiper ce dont ils s’agirait.

Embrasser quelqu'un pouvait autant être un geste sans importance que le plus intime des cadeaux. Dans ses quelques relations passées, Mateo n'avait jamais pu mesurer l'ampleur de ce qu'un simple baiser pouvait faire ressentir. Il avait connu la passion, l'excitation. Il avait connu l'amour, aussi, ou du moins un sentiment d'attachement qu'il avait fini par définir comme tel parce qu'il entendait sans cesse autour de lui parler d'ô combien tomber amoureux était nécessaire pour se sentir bien, ô combien c'était un but à atteindre. Ce n'est que récemment qu'il avait décidé de n'écouter que lui et de suivre son instinct, qu'il avait compris que ses émotions étaient étouffées depuis trop longtemps pour mille et une raisons. Il était persuadé de ne pas pouvoir ressentir ce que les autres appelaient l'amour et il s'était accommodé à cette idée, se contenant de virevolter en profitant de passer du bon temps. Et malgré tout ça, malgré sa résignation, malgré ses traumatismes passés, il avait eu la sensation l'espace d'une seconde que Diego avait changé quelque chose dans cette façon qu'il avait de voir les choses. Dire qu'il était en train de tomber amoureux aurait été bien trop exagéré, dire qu'il n'était pas en train de s'ouvrir à cette possibilité, un jour, aurait été mentir. Alors qu'il avait douté une seconde après avoir embrassé Diego de voir sa réaction, il avait ressenti un énorme soulagement quand le mexicain avait prolongé ce baiser tant attendu. Mateo avait savouré l'instant, et il avait regretté de ne plus avoir la sensation de ses lèvres contre les siennes lorsque Diego avait fini par baisser la tête. « C’est à peu près comme ça que je m’en rappelais » Les murmures de Diego avaient eu le don de faire sourire Mateo - qui d'ailleurs ne pouvait plus s'empêcher de sourire, trop satisfait de ce qu'ils venaient de partager. « A la différence près que là c’était pas un coup de tête, ni fait à la légère. » Les choses étaient très claires et Diego avait eu l'audace de les dire : ce baiser avait une signification forte. Et si Mateo aurait pu répondre avec une remarque ironique de son cru, il s'était retenu de le faire pour ne pas gâcher le moment. « Et qu’idéalement on mettra pas quatre ans à recommencer. » « Promis. » Au delà de la promesse d'autres baisers à l'avenir c'était surtout une façon de lui dire qu'ils ne risquaient plus de s'éloigner. C'était une promesse qu'il se faisait aussi à lui même, parce qu'il refusait désormais d'imaginer sa vie sans que Diego n'en fasse partie. Il s'était reculé doucement, pas spécialement pour fuir mais pour prendre un peu de distance, juste assez pour atterrir et réaliser clairement ce qu'il venait de se passer. Et cette fois ci, il avait trouvé judicieux de blaguer pour calmer un peu cette intensité devenue tangible entre eux. « A moins que t'essaies de te venger, que tu fasses genre que t'aies oublié tout ce qui vient de se passer ou un truc du genre ? » Cette fois ci, lui en tout cas, ne l'oublierai pas. Et pour s'assurer qu'il en serait de même pour Diego, Mateo s'était avancé à nouveau vers lui et avait déposé un baiser rapide sur ses lèvres avant de reculer à nouveau. « Juste au cas où, pour pas que t'oublies. » Qu'il avait lancé, l'air amusé, mais non sans une crainte sous jacente qu'il était encore trop tôt pour Diego pour ce rapprochement et qu'il allait finir par lui demander de quitter son appartement en paniquant. Jusqu'ici tout semblait aller pour le mieux et il en était vraiment ravi, mais il ne savait que trop bien que la moindre erreur risquait d'anéantir tous les efforts faits depuis des semaines. Machinalement, Mateo avait levé les bras en l'air comme pour s'étirer, soupirant. « Ça risque d'être profondément chiant de se voir en faisant genre qu'il y a rien à partir de maintenant. » C'était déjà une plaie avant et il ne s'en était pas caché, mais les choses allaient très clairement se compliquer dorénavant, parce qu'il craignait que devoir lutter contre ses envies de se sentir proche de Diego serait une épreuve pour sa patience. Il n'avait pas fait cette remarque pour critiquer Diego ou pour râler à ce sujet, le ton de sa voix était exempt de toute accusation. Il ne faisait qu'établir un fait, essayant de faire comprendre à Diego à quel point il l'attirait, sans lui dire directement pour autant. « Heureusement que ton appart est cool. » S'ils devaient se contenter de se découvrir entre ces quatre murs, il pourrait s'en contenter un temps.

Il pouvait prétendre qu’il n’avait pas attendu ce moment et que cela ne signifiait rien, il pouvait continuer à se mentir à lui-même autant qu’il le voulait, il était maintenant persuadé qu’il n’était plus en capacité de le faire avec Mateo. Il avait décelé quelque chose en lui qu’il n’avait jusqu’alors jamais eu l’occasion de questionner, et c’était son attitude, ses mots et sa patience qui avaient eu raison de lui. Alors à quoi bon ? Il y avait probablement une raison qui expliquait qu’il n’ait jamais réussi à ôter cette soirée de sa mémoire, n’y pensant pas seulement à certains moments réunissant des caractéristiques similaires, mais de manière régulière. Se remémorant chaque détail, s’attachant à la sensation que cela lui avait procuré. Diego y avait vécu un moment difficile qui avait pourtant été éclipsé, et c’était cette exacte même impression qu’il venait de ressentir lorsque Mateo s’était enfin résolu à poser ses lèvres sur les siennes pour la seconde fois. Et en se laissant le temps de trouver le moment idéal, ils avaient fait en sorte que cela ressemble à la toute première fois. « Promis. » Les quatre dernières années avaient été trop longues, alors même que Diego n’avait jamais eu aucune certitude que l’attente se terminerait un jour. Ils n’étaient pas supposés se croiser à nouveau, et pourtant, ils étaient là, à sourire comme deux idiots. « A moins que t'essaies de te venger, que tu fasses genre que t'aies oublié tout ce qui vient de se passer ou un truc du genre ? » « Non même pas, en fait c’était qu’un pari. » Apprendre à rire d’un sujet qui l’avait fait souffrir était le signe du grand pas en avant qu’ils venaient de franchir : Diego avait enfin accepté que quelque chose de réel existait entre eux et qui n’avait rien à voir avec une énième plaisanterie de la part de Mateo.

Ils s’étaient regardé en souriant, leurs expressions différentes d’à l’accoutumée, et une nouvelle fois, il l’avait embrassé. « Juste au cas où, pour pas que t'oublies. » Il s’était fait surprendre mais était resté impassible, se contentant de laisser ses lèvres s’étirer en un sourire en coin. « Ça risque d'être profondément chiant de se voir en faisant genre qu'il y a rien à partir de maintenant. » Cela ressemblait presque à un avertissement et Diego s’était passé une main derrière la nuque, conscient une nouvelle fois d’à quel point son point de vue était valide. S’il pensait se connaître, il avait perdu toute notion de qui il était réellement depuis qu’il avait rencontré Mateo et n’était plus réellement lui-même en sa présence. Il représentait un changement radical dans sa vie, et s’il était plus que plaisant, il risquait également de tout balayer sur son chemin au point d’obliger Diego à adopter des comportements différents d’un jour à l’autre. Mais il semblait avoir trouvé une certaine stabilité l’ayant amené jusqu’à accepter de céder à la tentation et il aurait souhaité se persuader qu’il saurait maintenir ce cap. « Heureusement que ton appart est cool. » avait-il ajouté venant le sortir de ses pensées et le faire rire, lui rappelant que l’une de choses qu’il appréciait chez lui était sa capacité à désamorcer la plus sensible des bombes. « Tu vas déjà commencer à te plaindre ? Tu sais que ça m’inquiète, tu me ressembles de plus en plus. » Diego l’avait dépassé en le toisant avant de s’installer sur le canapé et lui indiquer de le rejoindre en un regard entendu. Lui aussi appréciait qu’ils aient enfin eu le droit à un rapprochement, et il faisait de son mieux pour ne plus tester la patience de Mateo. « J’ai pas prévu de continuer à prétendre qu’il y a rien entre nous. » avait-il commencé, reprenant son sérieux et le suivant du regard alors qu’il venait s’asseoir à côté de lui. « Mais je peux pas t’assurer pouvoir te donner tout ce que tu voudrais, tout de suite. » Il ne comprenait pas lui-même où il voulait en venir, parce qu’il n’avait aucune certitude de ce que souhaitait réellement Mateo. Peut-être qu’échanger un baiser dans l’intimité de son appartement lui suffisait parce qu’il était volage ou peut-être qu’il souhaitait quelque chose de sérieux allant à l'encontre de tous ses principes. « C’est juste difficile de se remettre à ce point en question à vingt-neu… nan, trente ans. » Il en avait presque oublié son anniversaire. Il s’était pincé l’arête du nez, cherchant des mots qui auraient une connotation bien moins négative parce que ceux-ci n’étaient pas représentatifs de ce qu’il souhaitait réellement lui dire. « Non seulement t’es un mec et en plus t’es insupportable, vraiment je comprends pas pourquoi je me sens si bien avec toi. » La touche d’humour qui menait à une vérité était encore là, et il recommençait à se poser des questions parce que Mateo venait de l’y forcer, quand tout semblait pourtant si facile ce soir. « Mais ouais, je suis bien avec toi. » avait-il répété pour mettre un terme à de longues semaines de questionnement, la phrase était banale mais lourde de sens et venait résumer parfaitement ce qu’il ressentait. Quelque chose de fort mais de tellement simple à la fois.

« Non même pas,  en fait c’était qu’un pari. » Mateo se souvenait de l'instant où il lui avait avoué que leur premier baiser avait été mêlé à une histoire de pari débile. Il se souvenait précisément avoir vu l'air bouleversé qui avait suivi cette information, et jamais il n'aurait cru que Diego serait capable de rire de cet épisode de leur histoire. Pourtant, Diego l'avait surpris à mainte reprises, et à bien y réfléchir, il avait tourné en dérision tout ce qui au départ l'avait énervé. Aux yeux de Mateo, ce n'était qu'une preuve de plus qu'il avait bien fait de suivre son instinct et de forcer un peu les choses pour apprendre à le connaître mieux.

Des inquiétudes et des questions, bizarrement, Mateo en avait l'esprit plein et il détestait cette sensation. D'aucun auraient dit que c'était une bonne chose, que ses émotions étaient en train de lui revenir pleines et entières après un long temps sans s'être complètement exprimées parce qu'elles étaient noyées quelque part. Lui craignait que ça ne soit trop difficile à gérer, surtout lorsqu'il lui serait demandé de réprimer ses envies de contact avec Diego alors qu'ils seraient en public et que le secret de leur relation devait être maintenue. Il n'avait pas fait cette remarque comme un reproche mais plutôt pour indiquer à quel point il avait hâte de pouvoir se sentir proche de lui en toutes circonstances, et heureusement il semblait que le mexicain l'avait pris en ce sens. « Tu vas déjà commencer à te plaindre ? Tu sais que ça m’inquiète, tu me ressembles de plus en plus. » Machinalement il avait secoué la tête de gauche à droite avant de suivre Diego vers  le canapé. « Arrête de dire ça ou je vais finir par vraiment m'inquiéter. » Après s'y être installé et après une seconde de réflexion, il s'esclaffait : « Oh merde, t'as raison. » Et bien qu'il riait et que l'ambiance était au beau fixe, il savait au plus profond de lui que prendre un peu de la maturité de Diego n'aurait rien de mauvais bien au contraire. « J’ai pas prévu de continuer à prétendre qu’il y a rien entre nous. » Mateo avait froncé les sourcils un instant. Il était plus que ravi de l'entendre, même s'il ignorait dans quoi il était en train de s'embarquer et les conséquences que tout cela pourrait avoir sur eux à l'avenir. « Mais je peux pas t’assurer pouvoir te donner tout ce que tu voudrais, tout de suite. » Il avait pouffé de rire sans aucune retenue. « Non pardon c'était pas drôle. » Sa main devant sa bouche pour illustrer ses propos, il avait fini par retrouver son sérieux. Ou presque. « Je sais pas c'que tu crois que je veux exactement mais rassure toi, j'ai pas du tout prévu de me marier dans l'année. » Bien au contraire d'ailleurs. « Et pour le reste... » Il avait baissé ses yeux furtivement avant de les remonter pour regarder Diego en face, non sans avoir laissé un sourire en coin se dessiner sur son visage. « ...j'me débrouille tout seul, j'suis un grand garçon t'en fais pas pour moi. » Et évidemment, il avait ri à nouveau. Il n'avait pu s'empêcher de penser une seconde à l'application qu'il avait téléchargée récemment sur son téléphone ou aux nuits qu'il avait passé encore quelques semaines auparavant dans le lit de son ex, et bizarrement penser à tout ça en présence de Diego lui laissait un arrière goût amer - assez amer pour venir espérer qu'il ne demande pas de précisions à ce sujet. « Vraiment te mets pas une pression sur des attentes que je pourrais avoir. » Il lui avait déjà fait une blague à ce sujet cependant, et la réaction que Diego avait eu à ce moment là expliquait pourquoi Mateo prenait ce temps pour clarifier les choses maintenant. « C’est juste difficile de se remettre à ce point en question à vingt-neu… nan, trente ans. » « Ah ouais, maintenant que tu le dis tout haut ça fait quelque chose. T'es super vieux en fait ? » Il feignait d'être choqué par cette information quand en réalité il n'en avait pas grand chose à faire de l'âge de Diego. Il avait juste profité de l'occasion pour le taquiner une nouvelle fois. « Non seulement t’es un mec et en plus t’es insupportable, vraiment je comprends pas pourquoi je me sens si bien avec toi. » Il avait cherché une vacherie à rétorquer mais n'en eut pas le temps. « Mais ouais, je suis bien avec toi. » Diego avait un don pour s'exprimer à propos de ce qu'il ressentait. Maintenant qu'une certaine barrière était franchie entre les deux, il parvenait toujours à dire ce qu'il pensait et à assumer avec sincérité les choses quand Mateo, au contraire, se cachait toujours derrière son sarcasme. « Oh moi je comprends très bien pourquoi t'es si bien avec moi, j'suis génial. Pas insupportable du tout par contre. » Qu'il avait lancé en donnant un coup d'épaule à Diego. « Et je dois dire.. que c'est réciproque. » Il avait baissé les yeux pour trouver le courage de prononcer ces mots : sa kryptonite à lui, c'était ce genre de conversations. « Autant je sais que tu prends sur toi pour pleins de trucs, mais j'espère que tu sais que moi aussi. Parce que crois moi, j'ai jamais autant parlé de tout ces trucs là qu'avec toi. » Sans doute était-ce pour ça que le médecin s'acharnait à ouvrir des sujets de conversation intimes ; parce qu'il avait fini par comprendre que c'était le seul moyen de faire sortir le côté timide de sa personnalité plutôt confiante en règle générale. « T'auras remarqué que c'est pas mon truc. » Il lui avait déjà plus ou moins dit qu'il évitait toujours les sujets sérieux, mais au moins là c'était clair.

Ils avaient passé un cap mais il était encore trop tôt pour savoir si cela rendait la situation plus simple ou si elle allait se compliquer encore davantage. Diego était au moins libéré d’un poids, parce que s’il avait autant repensé à ce baiser qu’il n’aurait jamais pensé réitérer, l’idée de l’avoir enfin fait semblait être la façon idéale de clôturer des années de torture mentale. Un autre point qu’il n’avait pas prévu était que cet échange marquerait aussi le début de quelque chose, sans réellement savoir ce que cela serait. Pour se sortir d’un moment trop chargé en émotions, le médecin pouvait évidemment compter sur un Mateo qui était incapable de garder son sérieux peu importe la situation. Pourtant, il avait été le premier à exprimer ses craintes, comme s’ils devaient sans cesse aller de l’avant alors que Diego voyait simplement leur baiser comme une étape à savourer. « Arrête de dire ça ou je vais finir par vraiment m'inquiéter. » Il avait grimacé en le regardant s’asseoir, acceptant d’indiquer que finir par lui ressembler serait une grave erreur et lui notifiant qu’il venait de parler exactement comme lui. « Oh merde, t'as raison. » Mais il appréciait de l’entendre parler de ses propres doutes, parce qu’il n’avait jamais eu l’occasion de le faire quand Diego en avait partagé bien trop, alors il avait tenté de le rassurer. « Non pardon c'était pas drôle. » Il savait pertinemment pourquoi il avait ri mais il ne pouvait s’empêcher de lui en vouloir de le faire alors qu’il répondait à ses propres interrogations sans plus aucun filtre. C’était comme se lancer dans le vide et atterrir de la pire des manières. « Je sais pas c'que tu crois que je veux exactement mais rassure toi, j'ai pas du tout prévu de me marier dans l'année. » Diego avait soupiré bruyamment en levant une main, prêt à objecter, mais il savait à quel point cela serait inutile. « Et pour le reste... » Il avait haussé un sourcil non pas parce qu’il se questionnait sur ce qui allait suivre mais parce qu’il le surprenait encore à avoir le culot d’avancer sur ce terrain-là. « ...j'me débrouille tout seul, j'suis un grand garçon t'en fais pas pour moi. » « Donc on en est déjà là, pas de préambule, pas de période de transition avant de montrer ton vrai visage ? » avait-il répondu dans un rire parce qu’il n’attendait pas de lui qu’il soit quelqu’un d’autre que lui-même. Et ce lien qu’il créait avait cet avantage d’être si particulier qu’il leur empêchait de connaître les phases où ils seraient difficilement eux-mêmes. Ils s’étaient déjà livrés à l'époque, pensant bénéficier du confort de quelque chose qui aurait dû être insignifiant, sans anticiper ce qu'il se passerait par la suite. Ils ne pouvaient craindre le regard de l'autre quand tout était déjà trop compliqué et qu'ils n’avaient aucune idée, ni même envie, de poser un mot sur ce qui découlerait de tout cela. « Vraiment te mets pas une pression sur des attentes que je pourrais avoir. » Il avait simplement hoché la tête, refusant de faire quoique ce soit qui risquerait de gâcher le moment.

Malgré tout, ils ne pouvaient pas prétendre que le moment était le même pour eux deux, il était forcément bien plus particulier pour Diego. « Ah ouais, maintenant que tu le dis tout haut ça fait quelque chose. T'es super vieux en fait ? » « On a pas énormément d’écart mais je te jure que parfois ça se ressent quand même beaucoup. » Le front plissé qu’il avait tourné vers lui en disant long sur ce qu’il sous-entendait par là, s’il n’acceptait plus de rire comme il avait pris l’habitude de le faire, c’était parce que le moment avait été mal choisi. Mais il savait que cette façon d’être faisait partie intégrante de sa personnalité et qu’il avait simplement été piqué parce que ce qu’ils vivaient venait de prendre un virage un peu trop sérieux pour lui. Il réagissait à sa façon, Mateo à la sienne, et au final, l'important résidait dans ce sentiment de bien-être que ressentait Diego. « Oh moi je comprends très bien pourquoi t'es si bien avec moi, j'suis génial. Pas insupportable du tout par contre. » Cette fois-ci, il avait réussi à lui faire retrouver le sourire même si son visage continuait de montrer toutes les traces de son exaspération : comment réussissait-il à être aussi pénible et irrésistible à la fois ? « Et je dois dire.. que c'est réciproque. » Et la raison qui amenait Diego à tolérer un peu plus la façon dont il tournait tout en dérision était là, dans ce changement radical de comportement alors qu’il n’avait dit que peu de chose en comparaison de Diego. « Autant je sais que tu prends sur toi pour pleins de trucs, mais j'espère que tu sais que moi aussi. Parce que crois moi, j'ai jamais autant parlé de tout ces trucs là qu'avec toi. » Si Mateo était un homme d’action, Diego était définitivement un homme de paroles et se retrouvait quelque peu désarçonné de voir Mateo se refermer alors qu’il osait enfin se livrer après avoir tant essayé de tout contrôler. « T'auras remarqué que c'est pas mon truc. » Il avait souri, c’était évident, mais l’entendre le dire était un énième effort de sa part. « Sûrement parce que j’en vaux la peine. » Le clin d'œil qui avait suivi était sa façon d’indiquer que, lui aussi, pouvait parfois s’inspirer de son comportement. « J’avais pas prévu de parler de quoique ce soit et j’aurais rien dit si tu t’inquiétais pas de me voir faire semblant de rien après ça. J’avais pas envie que tu penses ça. » Il avait haussé les épaules, bien sûr qu’il se posait des milliers de nouvelles questions qui venaient s’ajouter à celles qu’il avait toujours gardées dans un coin de son esprit, mais il préférait s’accrocher à ce que tout cela avait provoqué chez lui. « Enfin si, peut-être que je voulais te dire que c’était perturbant de réaliser à quel point ça m’avait plu. » Il fixait le mur, incapable de lui avouer ça dans le blanc des yeux. Il le savait, l’annonce le ferait rire, alors qu’elle était pourtant une réalisation bien trop lourde de sens pour Diego - le baiser n’avait pas été étrange, c’était même la chose la plus naturelle qu’il avait faite depuis longtemps. « C’est terrible je sais que peu importe ce que je vais dire tu vas sortir une connerie, je suis condamné à jamais savoir ce que tu penses, c’est ça ? » Il l’avait regardé rapidement pour lui sourire, se concentrant sur ce bracelet qui venait de rejoindre son poignet pour jouer avec. La question était rhétorique, même s’il restait inquiet à l’idée d’accorder de l’importance à quelque chose qui n’en avait peut-être pas tant. « T’as foutu un sacré bordel dans ma vie alors dis-moi au moins ce que t’avais prévu en venant ici. » Après un moment d’hésitation, il avait reporté son attention sur lui, gardant un sourire sur ses lèvres pour s’assurer qu’il ne verrait pas ce qu’il venait de dire comme quelque chose de négatif. Comme l’obligation de parler alors qu’il n’en avait pas envie. Peu importe la façon dont il se comporterait, son anniversaire avait pris un sens grâce à lui.

Maintenant qu'ils étaient tous les deux plus à l'aise l'un avec l'autre, Mateo se sentait soulagé d'un poids et se permettait de retrouver toutes ses habitudes les plus amusantes - ou agaçantes, selon le point de vu. Sans dire qu'il avait fait des efforts surhumains pour aider Diego à accepter toute cette situation, il était malgré tout parvenu à faire quelques efforts de son côté pour être juste un peu moins direct qu'à l'accoutumée. Mais ces efforts, il aurait été inconscient de s'imaginer qu'il était capable de les tenir sur une longue durée : le croire aurait été naïf ; qu'il le fasse aurait été un sacré changement de personnalité. Il s'était donc permis des libertés comme il le faisait toujours, charriant Diego, s'en moquant gentiment, et se permettant même une réflexion graveleuse qu'il trouvait hilarante. « Donc on en est déjà là, pas de préambule, pas de période de transition avant de montrer ton vrai visage ? » Ils avaient ri tous les deux le plus naturellement du monde. « Premièrement je pense que mon vrai visage tu l'as déjà vu depuis le temps. Deuxièmement, j'dirais même qu'il te plaît. » Il était taquin mais surtout parce qu'il se savait au goût de Diego et que maintenant que les choses avaient pris une tournure plus concrète, il pouvait se permettre d'en jouer - quoi qu'il ne s'en était jamais empêché avant. Il avait tout de même conclu en lui confirmant qu'il n'y avait rien à craindre du côté de ses attentes, Mateo ayant préféré clarifier les choses au mieux.

Il était rapidement reparti sur le terrain des remarques pleines d'humour - mais peut-être un peu tôt. Cette fois ci, Diego n'avait pas ri. « On a pas énormément d’écart mais je te jure que parfois ça se ressent quand même beaucoup. » Peut-être que leur plus grande différence résidait en ce point d'ailleurs : Diego était bien plus posé que lui. Pour autant, Mateo avait du mal à accepter ce fait sans froncer les sourcils à son tour. Il était conscient de passer bien souvent pour un petit con insouciant, mais il était au fond tellement plus que ça lui faisait presque de la peine d'imaginer que Diego ne le voyait que de cette façon, finalement. Il avait préféré ne pas réagir pour éviter d'entrer dans un sujet qu'il n'avait aucune envie d'aborder, au risque de devoir en dévoiler bien trop d'un coup sur ce qu'il était au fond de lui. Il s'était pourtant ouvert un peu, dans un sens, avouant qu'il était lui même perturbé par leur situation. « Sûrement parce que j’en vaux la peine. » Voir Diego se comporter ainsi, à la fois assuré et dans la séduction, avait donné envie à Mateo de se rapprocher de lui une nouvelle fois pour goûter à ses lèvres mais il s'en était empêché, refusant de déjà banaliser un geste pourtant encore lourd de sens entre eux. « J’avais pas prévu de parler de quoique ce soit et j’aurais rien dit si tu t’inquiétais pas de me voir faire semblant de rien après ça. J’avais pas envie que tu penses ça. » Il ne le pensait pas ; en fait il ne savait pas vraiment ce qu'il devait penser. « Enfin si, peut-être que je voulais te dire que c’était perturbant de réaliser à quel point ça m’avait plu. » Ses lèvres s'étaient étirées en un large sourire, le genre que seul Diego parvenait à lui faire décrocher ces dernières semaines. « Ça m'a plu aussi. » Qu'il avait fini par répondre en le cherchant du regard. Et parce qu'il ne pouvait évidemment pas en rester là sans gâcher toute l'intensité du moment, il avait ajouté : « Tu sais, pour un mec qui est pas attiré par les mecs, t'embrasse vachement bien les mecs. » Ça sonnait comme un compliment dans l'esprit de Mateo mais il n'avait pu s'empêcher de l'enrober d'une remarque peut-être déplacée, mais qui faisait écho à leur première explication où Diego avait essayé de se convaincre qu'il n'était pas attiré par lui. « C’est terrible je sais que peu importe ce que je vais dire tu vas sortir une connerie, je suis condamné à jamais savoir ce que tu penses, c’est ça ? » Machinalement Mateo avait haussé les épaules, presque désolé, mais pas assez pour retrouver entièrement son sérieux. Plutôt qu'une réponse claire il s'était contenté d'un sourire malicieux qui voulait tout dire. « T’as foutu un sacré bordel dans ma vie alors dis-moi au moins ce que t’avais prévu en venant ici. » Après cette remarque, en revanche, il avait bizarrement retrouvé un air un peu plus posé. « Franchement ? J'avais pas de plan. Je voulais juste venir te voir pour ton anniversaire, te faire ce cadeau et te voir encore une fois avant de partir en Espagne. » C'était simple et honnête comme réponse. Il ne s'était pas forcé à trouver quelque chose à offrir à Diego, il était tombé sur l'idée en pensant à lui. Il aurait pu se contenter de cette réponse mais une nouvelle fois il avait eu ce besoin de continuer à parler comme pour se justifier. « Ouais je sais que j'ai pas prévu de partir pour des mois et qu'on pourra toujours se parler par messages, mais j'sais pas, j'voulais pas partir sans t'avoir vu. » Ça signifiait beaucoup et Mateo s'en rendait compte, mais il refusait d'être lâche et de s'arrêter en si bon chemin, alors il avait poursuivi. « Mais je dois dire que j'suis plutôt content de la façon dont les choses ont tourné. J'ai bien fait de venir. » Il n'avait eu aucune attente particulière en venant mais les évènements avaient dépassé tout ce qu'il aurait pu s'imaginer, à sa grande surprise et pour son plus grand bonheur. « Et puisque t'avais tendance à me prendre pour un mauvais gars, je te rassure tout de suite, je suis pas du genre à ghoster quelqu'un après une soirée comme ça. Pas besoin de paniquer si je te réponds pas tout de suite : j'te répondrais. » Il s'imaginait déjà Diego ruminer une fois que cette soirée se serait terminée, attendant devant son téléphone comme il avait dû le faire en attendant son message d'anniversaire ce jour, sans savoir lequel d'entre eux deux devait recontacter l'autre en premier. Non, Mateo lui promettait que les choses seraient simples et sans prise de tête, qu'il agirait naturellement et qu'il ne risquait pas de lui faire faux bon maintenant que les choses étaient devenues "sérieuses".

Il y avait fort à parier que les obstacles seraient encore nombreux mais Diego avait le sentiment d’avoir contourné le plus imposant de tous et la satisfaction n’en était que plus intense. Et finalement, Mateo serait le meilleur des alliés pour réussir à tous les franchir et il se laisserait maintenant guider comme il venait de le faire si cela signifiait baigner dans ce même sentiment de plénitude. Et si Diego avait souhaité posé des limites parce qu’il était évident qu’il ne saurait pas le suivre partout et à la même vitesse, les doutes avaient une nouvelle fois été balayés. « Premièrement je pense que mon vrai visage tu l'as déjà vu depuis le temps. Deuxièmement, j'dirais même qu'il te plaît. » Le sourire en coin qui avait suivi cette affirmation l’avait trahi et il n’avait même pas pris le temps de se justifier. Et pour la première fois, Diego n’avait ressenti aucune culpabilité à flirter ainsi avec lui, ni aucune envie de venir minimiser tout ce qu’il le forçait à avouer. S’il y avait encore beaucoup de choses à dire, toutes les confidences de Diego semblaient être bien trop nombreuses pour Mateo qui n’avait jamais caché la façon dont il restait discret sur ses sentiments. C’était difficile de jongler entre ce qu’il savait de lui et son besoin irrépressible de s’exprimer sur cette nouveauté, sur ce raz de marée qui était en train de bouleverser sa vie. Alors pour trouver un juste milieu, il avait terminé par quelque chose de simple : la façon dont il avait apprécié le moment. « Ça m'a plu aussi. » L’entendre annoncer le contraire aurait eu un goût amer, qui aurait bien trop contrasté avec la sensation agréable que ce baiser lui avait laissé. Mais comme à chaque mots un peu trop intenses qu’il prononçait, Diego savait que Mateo poursuivrait par une plaisanterie et il avait planté son regard dans le sien, lui indiquant qu’il y était préparé. « Tu sais, pour un mec qui est pas attiré par les mecs, t'embrasse vachement bien les mecs. » Forcément, Diego n’avait pas pu se retenir de rire même si cette pique était encore difficile à accepter. Il ne se considérait toujours pas attiré par les hommes, mais l’était effectivement par Mateo, et c’était un mystère qu’il n’avait plus la force de tenter d’éclaircir aujourd’hui. « J’embrasse vachement bien tout court. Et je vais pas dire que t’es une exception, t’es déjà assez imbuvable comme ça. » C’était pourtant vrai, il était une exception à cette règle non établie sur sa sexualité, et si la théorie lui faisait peur, la pratique le laissait sur un petit nuage. « Franchement ? J'avais pas de plan. Je voulais juste venir te voir pour ton anniversaire, te faire ce cadeau et te voir encore une fois avant de partir en Espagne. » La réponse avait amené un sourire sur son visage, c’était simple mais c’était exactement ce qu’il souhaitait entendre. « Ouais je sais que j'ai pas prévu de partir pour des mois et qu'on pourra toujours se parler par messages, mais j'sais pas, j'voulais pas partir sans t'avoir vu. » « Te justifie pas, j’aurais été déçu de pas te voir avant que tu partes moi aussi. » Il avait répondu en ressentant l’envie de se rapprocher de lui, même de l’embrasser à nouveau, mais il n’était pas encore totalement à l’aise avec ce genre d’attitude. Il n’était pas sûr que cela puisse déjà devenir un automatisme et préférait encore profiter de la rareté du moment. « Mais je dois dire que j'suis plutôt content de la façon dont les choses ont tourné. J'ai bien fait de venir. » Ses lèvres ne retombaient pas alors qu’il l’écoutait parler en toute franchise comme il l’avait rarement fait. Ses mots étaient simples et pourtant, ils permettaient à Diego de se détendre un peu plus et d’être rassuré sur tout ce qu’il venait de se passer. « Et puisque t'avais tendance à me prendre pour un mauvais gars, je te rassure tout de suite, je suis pas du genre à ghoster quelqu'un après une soirée comme ça. Pas besoin de paniquer si je te réponds pas tout de suite : j'te répondrais. » Diego avait secoué la tête en l’écoutant dire une nouvelle fois ce qu’il pensait supposément de lui et qui était finalement à des années lumière de la véritable image qu’il avait de lui. « Comme si j’allais paniquer si tu réponds pas tout de suite. » avait-il répondu en insistant sur la notion de temps avant de rire. « Je suis pas ce genre de mec, t’en fais pas. » Il était amusé et en même temps, craignait qu’il y ait une part de vrai dans ce que Mateo venait de dire. L’idée qu’il puisse voir en lui une simple aventure amusante ou un défi à relever l’inquiétait, tout comme le fait qu’il ait une idée biaisée de l’homme qu’il pouvait être. S’il avait toujours tenté d’être le petit-ami parfait par le passé, chaque relation avait été un échec et il était difficile de dire qui il serait auprès d’un homme. Difficile de dire ce qu’il adviendrait d’eux par la suite. « Mais ouais, j’aurais pu penser que t’en aurais plus rien à faire après ça.  » Comme si le baiser avait été le point final d’un défi qu’il se serait lancé à lui-même. « Et du coup on fait quoi, maintenant ? » L’occasion était trop belle de faire paniquer Mateo et lui laisser penser qu’il lui demandait de mettre une étiquette sur ce qui n’en avait pas besoin, et en voyant son visage se décomposer il avait éclaté de rire. « Relax, moi je te propose un film et vu l’heure, si tu t’endors, je t’en voudrais pas. » Il ne savait pas ce qui l’attendait, mais il savait pertinemment ce dont il avait envie à ce moment précis, même s’il devait une nouvelle fois utiliser des manières détournées de le dire.

Il était évident qu'une alchimie persistait entre eux sans jamais les quitter. Que ce qu'ils avaient vécu il y a quatre ans n'était pas un hasard, que le fait de s'être retrouvés ainsi ne l'était pas non plus. Mateo n'avait qu'une envie à l'instant où il faisait face à Diego, c'était de se perdre dans ses bras et contre ses lèvres sans plus jamais devoir se séparer de lui. Et si c'était évidemment impossible pour un millier de raisons, des plus profondes au plus évidentes, Mateo se rattachait à son humour comme bouée de sauvetage pour ne pas se noyer dans le flot de ce qu'ils étaient quand ils étaient à deux. « J’embrasse vachement bien tout court. Et je vais pas dire que t’es une exception, t’es déjà assez imbuvable comme ça. » Dans ces moments là, lorsqu'ils plaisantaient tous les deux et que Diego était suffisamment à l'aise pour le taquiner comme lui pouvait le faire d'habitude, Mateo ne pouvait s'empêcher de sourire. « T'as pas besoin de le dire, j'suis déjà au courant. » Qu'il avait ajouté avec un clin d'œil entendu. Il avait enchaîné avec quelques phrases plus sérieuses et pleines de vérité, son air taquin et charmeur s'étant transformé en un regard profond qu'il n'aurait su détacher des yeux de Diego. « Te justifie pas, j’aurais été déçu de pas te voir avant que tu partes moi aussi. » A les entendre on aurait pu croire à des adieux pour plusieurs mois alors même qu'il ne partait qu'une dizaine de jours. Et pour détendre à nouveau l'atmosphère, il avait lancé une autre remarque amusée. « Comme si j’allais paniquer si tu réponds pas tout de suite. » « Non évidemment c'est tellement pas ton genre. » Si, ou en tout cas c'est ainsi qu'il l'imaginait. « Je suis pas ce genre de mec, t’en fais pas. » Mateo avait hoché la tête, s'imaginant qu'il verrait bien ce que cela donnerait dans la réalité. « Mais ouais, j’aurais pu penser que t’en aurais plus rien à faire après ça.  » Il avait secoué la tête vivement de gauche à droite. « Oh non t'en fais pas t'as de la marge, j'ai pas encore eu ce que je voulais. » Deux secondes de flottement et il avait reprit : « J'plaisante, évidemment. » Bien qu'il n'était probablement pas nécessaire de le préciser puisqu'ils avaient eu cette conversation juste un peu plus tôt dans la soirée. Pour autant, il avait préféré ne pas laisser place au moindre doute à ce sujet qu'il estimait important, parce que même s'ils étaient suffisamment matures tous les deux, Mateo ne pouvait que comprendre la complexité de la situation dans laquelle Diego se trouvait à ses côtés. « Et du coup on fait quoi, maintenant ? » Trop souvent par le passé cette question avait été posée à Mateo sans qu'il n'ait de réponse qui convienne à apporter. Il craignait déjà que Diego ne lui demande ce qu'ils étaient l'un pour l'autre, qu'il finisse par lui parler de leur relation ou autres conneries de ce genre parce qu'il imaginait totalement le mexicain dans l'attente de mettre des mots sur ce qu'ils étaient, chose que Mateo n'était clairement pas prêt à faire, ni pour lui ni pour quiconque. « Euh bah... » Il avait réalisé avoir réfléchi trop loin, certainement par peur de perdre ce qu'ils avaient si Diego s'amusait à vouloir compliquer les choses en les nommant ou en se fixant certains objectifs, des étapes à atteindre. « Relax, moi je te propose un film et vu l’heure, si tu t’endors, je t’en voudrais pas. » Le soulagement était palpable et Mateo était venu détendre à nouveau ses épaules. Lui qui était déjà prêt à sortir tout un tas d'excuses et un discours à peine cohérent sur ce qu'il recherchait dans la vie venait d'être épargné d'une conversation qui aurait pu mettre à mal ce moment et tout ceux qu'ils avaient partagés jusqu'ici. Mateo avait souri en réalisant que Diego venait de l'inviter subtilement à traîner dans le coin plus longtemps que prévu, et s'il aurait pu faire une énième blague sur le fait qu'il craignait de se voir mis à la porte d'un instant à l'autre, il s'était retenu pour une fois. « Va pour un film. Tu veux regarder quoi ? » Un peu trop à l'aise comme à son habitude il avait attrapé la télécommande comme s'il était chez lui et s'était mis à explorer les applis et films proposés. L'espace d'un instant son esprit avait divagué dans une réalité où cette scène aurait pu être leur quotidien, où la simplicité de ce moment n'aurait pas été gâché par des problèmes qu'ils s'efforçaient de traîner avec eux.

Le film avait été lancé sans qu'ils n'aient besoin de plus de quelques minutes pour se mettre d'accord sur lequel regarder. Ils étaient au départ chacun bien assis d'un côté du canapé, et au fur et à mesure des minutes qui étaient passées, leurs corps avaient semblé se détendre peu à peu, à mesure qu'ils s'affalaient contre le dossier en se rapprochant petit à petit l'un vers l'autre. Mateo n'aurait pas su dire à quel moment du film il s'était endormi, s'il avait vu les scènes les plus importantes ou s'il s'en rappelait seulement parce qu'il l'avait déjà visionné. Il avait rouvert les yeux sur la télévision qui diffusait le générique de fin et sur Diego qu'il sentait calé tout contre son épaule, aussi profondément endormi que lui quelques secondes plus tôt. D'un geste doux il avait bougé légèrement son bras, suffisamment pour réveiller le mexicain mais pas assez pour risquer de l'effrayer ou pour le faire fuir ce contact physique qu'il n'avait aucune envie de rompre. Et alors qu'il le voyait émerger à son tour, il avait commenté : « Tu vois qu'il est pas si mal ce canapé. »

S’il avait dû imaginer la façon dont il célébrerait ses trente ans, plusieurs scénarios auraient pu lui venir à l’esprit, mais celui-ci n’était définitivement pas l’un de ceux-là. Il était mieux encore, probablement, malgré tout ce que cela impliquait. Mais c’était ce qui faisait toujours pencher la balance, cette connexion et ce sentiment que plus aucun problème - sauf les leurs - n’avait d’importance lorsqu’il était avec lui. Et ce sentiment venait d’être décuplé depuis que Diego avait obtenu ce qu’il avait secrètement convoité depuis des années : la sensation des lèvres de cet inconnu sur les siennes. « T'as pas besoin de le dire, j'suis déjà au courant. » Même s’il avait anticipé sa réaction, celle-ci l’avait fait rire. L’idée de détendre l’atmosphère était bonne à prendre, parce que si cette tension ambiante n’avait rien à voir avec celle qui naissait des rancœurs qu’ils avaient partagées, elle existait bel et bien, assez pour rendre Diego nerveux. Tout comme l’idée de le voir lui échapper, alors qu’ils venaient à peine de laisser sous-entendre tout ce qu’ils souhaitaient vivre tous les deux. Alors lorsque Mateo avait minimisé l’impact que cette séparation aurait sur eux, Diego s’était senti obligé de lui indiquer qu’il partageait ce besoin de passer un moment avec lui. « Non évidemment c'est tellement pas ton genre. » Si l’idée que Mateo puisse prendre ce qu’il venait de se passer à la légère, elle n’était pas si prononcée qu’il aurait pu le penser, parce que si Diego avait réussi à se laisser aller, c’était également parce qu’il lui accordait déjà un peu de sa confiance. Le chemin pour qu’elle soit totale était encore long, mais il n’aurait pas besoin d’échange de messages constants pour savoir qu’il lui reviendrait. Quelques-uns suffiraient. « Oh non t'en fais pas t'as de la marge, j'ai pas encore eu ce que je voulais. » Même si elle n’aurait pas envahi totalement son esprit, cette idée aurait existé, et sur ce point, Diego avait préféré être honnête. Et le duo avait décidé de fonctionner de manière logique, assez pour que Mateo le rassure - peu importe la tournure qu’il avait donné à ses paroles. Diego avait tenté un rire, mais face à lui, il n’était plus l’homme assuré qu’il s’efforçait d’être et avait même pu sentir la chaleur s’emparer de ses joues. « J'plaisante, évidemment. »  « Évidemment. » avait-il répété. S’il y avait une suite à tout cela, le sujet finirait par exister et il en était conscient, simplement incapable de ne pas le détourner en plaisanterie pour l’instant.

Lui-même avait usé de cette même technique, et il s’était senti plutôt fier en voyant qu’il avait réussi à son tour à désarçonner Mateo. « Euh bah... » Devant sa mine déconfite et son évident malaise, Diego avait complété son propos non sans laisser un rire s’échapper de ses narines. « Va pour un film. Tu veux regarder quoi ? » Il aimait sa décontraction, il aimait sa façon de tout rendre simple et il l’avait regardé prendre les devants avec un sourire en coin. « Je te laisse choisir. » Il avait rendu les choses assez compliquées pour ne pas lui laisser le choix de cette décision qui était encore l’une des plus simples qu’ils avaient eu à prendre jusqu’alors. Le moment aurait pu devenir pesant, s’ils s’étaient entêtés à rester chacun de leur côté, comme si l’envie d’être ensemble n’était pas évidente. A la place, la fatigue rendant leurs mouvements peut-être plus naturels, ils avaient fini par se rapprocher et si Diego fixait l’écran, il n’était plus sûr de ce qu’il y voyait tant il se concentrait sur autre chose. Et à force de penser, d’essayer de rester calme face à tout ce qu’il ressentait, la fatigue avait eu raison de lui et il s’était endormi - tout en lui insufflant assez de sérénité pour le faire tout contre lui. « Tu vois qu'il est pas si mal ce canapé. » Le mouvement et ces mots l’avaient réveillé et il avait mis quelques instants à prendre conscience de l’endroit où il se trouvait et de la personne qui venait de lui parler. « Techniquement, j’ai pas dormi sur le canapé mais sur toi. » Il aurait pu se relever, fuir le contact et continuer par la même occasion de fuir l’évidence. A la place, il avait utilisé le prétexte de devoir s’étirer pour s’avachir encore un peu plus sur lui, attrapant son téléphone pour vérifier l’heure au passage. « Et vu l’heure je pense que je vais devoir dormir avec toi. » S’il n’était pas encore totalement réveillé, le fait de prononcer ces mots tout haut avait terminé de le sortir de sa somnolence. « Je vais ni te demander de partir, ni te faire l’affront de passer une autre nuit sur le canapé. » Pas alors qu’il ne s’était jamais endormi si vite qu’en étant contre lui et qu’il était incapable de retrouver une position normale. Ils étaient adultes, si certaines choses n’étaient pas claires entre eux, celle-ci l’était particulièrement et Diego refusait de continuer à le traîter comme un simple ami.

Mateo avait réveillé Diego en douceur, non sans une pointe d'appréhension quant à sa réaction quand il s'apercevrait s'être endormi sur lui. A sa grande surprise, la scène s'était déroulée très naturellement. « Techniquement, j’ai pas dormi sur le canapé mais sur toi. » « Ouais visiblement je suis confortable. » Qu'il avait répondu en bâillant. La simplicité avec laquelle ils agissaient l'un et l'autre à cet instant était presque déconcertante mais surtout apaisante. Alors qu'il tentait d'émerger pour pouvoir reprendre la route de son appartement, il fut surpris de voir Diego s'étendre davantage contre lui, et encore plus surpris lorsqu'il avait reprit la parole. « Et vu l’heure je pense que je vais devoir dormir avec toi. » Un léger sourire de satisfaction était apparu sur le visage de Mateo sans qu'il ne puisse le voir, mais il avait bien vite repris ses esprits. « Je peux rentrer tu sais, j'suis pas obligé de rester. » Il ne voulait en aucun cas s'imposer ou obliger Diego à quoi que ce soit et il tenait à ce que ce soit très clair. « Je vais ni te demander de partir, ni te faire l’affront de passer une autre nuit sur le canapé. » Et sur cette réponse, un sourire plus franc s'était dessiné sur ses lèvres. « Et je te ferais pas l'affront de refuser ton invitation. J'suis vraiment KO en plus. » Qu'il avait lancé en étirant ses bras sans pour autant bouger le reste de son corps pour ne pas risquer de faire se lever Diego prématurément. L'avoir allongé ainsi à moitié sur lui était agréable, tant par leur proximité physique que parce que cette position signifiait que Diego lui faisait désormais assez confiance pour se laisser aller ainsi avec lui. « T'aurais cru que ta journée d'anniversaire se serait terminée comme ça ? » Qu'il avait demandé en connaissant d'avance la réponse. Il était clair que Diego ne s'était attendu en rien au déroulement de cette soirée et c'est bien ça qui l'avait rendue encore meilleure, plus naturelle. « J'ai une question technique par contre. » Il avait prit un air grave pendant une seconde, bien décidé à essayer de faire une ultime blague idiote en lui faisant croire qu'il allait aborder un sujet des plus épineux. Mais à cette heure ci et alors qu'il était coincé entre l'éveil et le sommeil, il avait vite abandonné. Finalement, il refusait de faire toute une histoire de l'invitation à rester de Diego parce qu'il était persuadé que ce dernier devait déjà ne pas être des plus à l'aise. Entre sa présence devant chez lui, leurs baisers et maintenant le fait de passer le reste de la nuit ensemble, il aurait déjà largement de quoi paniquer au moment ou leur bulle éclaterait pour laisser à nouveau la place au quotidien. Autant lui faciliter les choses du mieux qu'il le pouvait, et ça passait par lui épargner certains de ses traits d'esprit. « Tu dors de quel côté ? » Il s'était glissé sur le côté délicatement avant de se relever, persuadé que s'il restait immobile il finirait juste par se rendormir à nouveau sur le canapé dans une position qui aurait risqué de lui déclencher des douleurs dans la nuque le lendemain. Une fois debout, Mateo en profitait pour s'étirer de tout son long, attendant sagement - pour une fois - les consignes de Diego.