Comme à l'accoutumée, je me serai passé allégrement de célébrer mon anniversaire. Néanmoins, Jude et Maia étant tous deux dotés de l'enthousiasme inébranlable des enfants de souligner un anniversaire et avoir une part de gâteaux, Penny et moi avions mis un point d'honneur à au moins souligner l'événement la veille du jour fatidique - en se concentrant exclusivement sur l'élément phare du gâteau -, davantage pour faire plaisir aux petits à mes yeux. Le lendemain, je croisais seulement ma conjointe qui se déplaçait pour sa carrière, profitant de mon jour de repos pour m'occuper des jumeaux et faire le chauffeur pour les autres enfants. Ma jambe totalement remise de sa fracture désastreuse remontant à quelques mois, j'avais avancé sur les travaux et l'entretien de la maison pendant que les bébés dormaient, puis j'avais installé les petits êtres dans leur sièges lorsqu'il avait été l'heure de faire de nouveau chauffeur.

L'habitacle était passé de deux enfants qui chouinaient à trois, Maia ronchon et fatiguée de sa journée à la garderie. Puis, à l'entrée de Jude et des enfants de Liv, la bonne humeur avait explosé dans l'automobile grâce à l'entrain des trois plus grands en anticipation de la petite fête de ce soir. Liv, quant à elle, nous rejoindrait chez moi à la fin de son service, peut-être avec Paul selon les arguments de l'adolescent sur son programme du soir et ce qu'il préférait faire.

A l'arrivée à Toowong, Lenny et Jude se ruèrent dans le jardin pour une partie de foot plus ou moins improvisée tandis que Lizzie avait déjà pris Maia par la main en parlant lecture. Je m'occupais pour ma part des jumeaux que j'installais dans leur parc, Jack fracassant déjà ses cubes de bois l'un contre l'autre pendant que sa jumelle mâchouillait un livre en tissu, les joues rougies par les dents qui perçaient sauvagement ses gencives.

"Les garçons carburent au jus de fruits", j'expliquais à Liv qui se faisaient accueillir par son fils et le mien par un ballon perdu et leurs rires sincères. Des cadavres de briques de jus reposaient sur la table à pique-nique dans le jardin ; je préférais ne pas penser au moment où celles-ci seraient remplacées par de l'alcool et qu'il nous faudrait nous inquiéter de nos enfants en soirée qui rentreraient en piteux état. "Ca a été ta garde ?" Je demandais à ma meilleure amie, la suspicion grandissant discrètement en moi sur les surprises des enfants dont elle m'avait parlé et dont je n'avais pu extraire le moindre mot auprès des petites têtes blondes.

Accueillir Olivia à la maison apportait des nuances de réconfort. Bien que l'absence de Penny soit temporaire et que mon domicile demeurait plus qu'animé avec la présence de quatre enfants en bas âge, la compagnie d'un adulte était plus qu'appréciable, et la personne de ma meilleure amie inoculait ce bonheur sans peine. Certes, le rabat-joie que je représentais aurait favorisé que mon anniversaire, et donc l'ajout d'une année à mon âge, ne soit pas l'origine de cette soirée, mais la pure réjouissance des petits à me fêter avait promptement suffit à avaler aisément la pilule de ma quarantaine qui approchait périlleusement.

J'écoutais attentivement Olivia me relater sa garde, bientôt assaillie de sa fille et de mon aînée. « Il est tout pardonné. Tu lui diras merci pour les bons vœux, » je faisais dans un rire, comprenant naturellement l'intérêt de l'adolescent de passer une soirée avec ses copains, et plus si affinités avec son crush, que de squatter un anniversaire d'adulte accompagné d'une armée d'enfants et de bébés. Je suivais du regard une partie de la petite troupe qui s'empressait d'aider Liv à décharger sa voiture, mon aide réfutée. Je grimaçais en observant les deux bougies d'anniversaires chiffées tenues par Maia. « Tu aurais pu te passer de ces chiffres, ou me rajeunir ! » Je taquinais. Au moins, la Welch ne s'était pas éprise de la mission de marteler le gâteau de trente-neuf coups. « Je confirme, les enfants avaient leurs lèvres complètement scellées, » je reconnaissais avec complicité, à la plus grande fierté de Lizzie.

Rapidement, la table fut totalement dressée. J'observais les cadeaux et le gâteau, commentant avec sincérité et gratitude : « Vous m'avez beaucoup trop gâté. Merci beaucoup. » J'installais les jumeaux dans leur chaise haute respective pendant que ma meilleure amie freinait les ardeurs des gourmands autour de la table. Un rire fila entre mes lèvres en constatant Maia effacer les traces de son méfait et j'assurais : « J'arrive, j'arrive. Vous n'aurez plus à lutter contre la tentation très longtemps. » Lenny me rappelait de formuler un vœu après leur prestation musicale plus que touchante et j'hésitais quelques instants, mon regard parcourant tendrement l'assemblée, avant de se poser sur Olivia et de me concentrer sur les bougies embraser. Il y avait encore quelques années, je me résignais à tirer un trait sur mon rêve d'être père. Aujourd'hui, deux de mes enfants me chantaient mon anniversaire à tue-tête pendant que deux autres gigotaient dans leur siège. La vie était drôlement faite, entrecoupée de rythmes indociles. « Vous faites le décompte ? » J'encourageais les jumeaux de Liv qui s'empressaient d'initier les chiffres, suivis laborieusement par Jude et Maia. Je soufflais ensuite sur les bougies, accompagné par Maia qui applaudit gaiement à l'apparition de la fumée. « Alors, qui veut du gâteau ? » Je lançais, saisissant les assiettes pour entreprendre la découpe des différentes parts.