Tu savais que tu avais besoin d'aide pour passer au travers de ton trouble, mais tu avais de la difficulté à avouer que tu n'arrivais pas à le faire toute seule. Tu ne voulais pas que Clarence te voit comme une femme faible et savoir qu'il t'avait vu dans une telle vulnérabilité te faisait paniquer.

Être aussi froide avec lui n'était pas dans ta nature, mais tu avais besoin de te protéger. Tu avais besoin de sentir que tu avais un minimum de contrôle.

Tu avais besoin qu'il te croit, qu'il arrête de chercher plus loin. Tu écrasa ta cigarette dans le cendrier qui était posé à côté de toi.

Tu espérais que ça lui enlève le goût de discuter de toi avec ton frère. Et si jamais il le faisait, tu osais espérer que ton cadet garde ton secret pour lui. Tu avais seulement peur qu'il comprenne que tu ne faisais pas autant d'effort que tu lui disais faire.

Tu croyais pouvoir entendre Clarence te dire lui-même les mots qu'il écrivait et ça te faisait mal. Il était blessant et c'était un côté de lui que tu ne connaissais pas. Tu aurais préféré ne jamais en être témoin et encore moins la personne vers laquelle ses mots étaient dirigés.

Ce n'était pas vrai. Tu avais besoin de quelqu'un pour te rassurer, pour te dire que ça irait bien. Bien sûr que tu avais eu peur de ses questions et que tu regrettais d'être partie. Tu ne pouvais toutefois pas revenir en arrière et il était hors de question que tu retournes chez lui, avouer que tu avais eu tord, qu'il avait raison d'être inquiet. Le souffle te coupa encore une fois lorsqu'il mentionna Ruben.

L'impression qu'un poignard s'enfonçait dans ton coeur accompagna son dernier message. Bien sûr, tu étais au courant que tu ne pouvais pas vraiment le duper. Tu avais espérer toutefois qu'il n'oserait jamais aborder le sujet.

Tu ne pensais pas que Clarence allait tout te déballer. Tu avais tenté d’être froide, tranchante, pour qu’il n’ait plus envie de t’écrire. Du moins, pour le restant de la nuit. Tu avais obtenu tout le contraire. Tu avais des frissons à la lecture de je m’inquiète beaucoup trop pour toi. Tu n’avais pas voulu ça. Tu n’avais pas voulu qu’il s’inquiète pour ta santé. Et il déballa tout. Là où tu croyais réussir à avoir des stratégies pour qu’il ne remarque pas tes petites manies au niveau de la nourriture, il avait tout remarqué. Comment ferais-tu pour aller chez lui alors que tu savais maintenant qu’il était au courant de tout ?

Parce que bien sûr que le seul problème que tu y voyais était qu’Emilia se rendait compte que tu ne mangeais pas assez et tu ne voulais pas être ce mauvais exemple pour elle.

Tu savais que c’était peine perdue, que tu ne pouvais plus lui dire qu’il n’y avait rien, que tu allais bien. Tu pouvais seulement t’assurer que Ruben ne soit pas mis au courant que tu ne faisais pas les efforts que tu lui avais promis de faire. Tu ne savais pas si ça rassurerait Clarence que ton frère soit au courant ou qu’au contraire, ça l'inquièterait encore plus…

Tu te raidis à la lecture de ces mots si durs, si méchant. Les larmes te montent immédiatement aux yeux et tu ne peux t'empêcher te cliquer sur le logo du téléphone à côté de son nom. Tu ne lui laisse pas le temps de te parler lorsqu'il décroche la ligne

Tu essayais de parler rapidement pour ne pas qu'il se rende compte que tu pleurais, mais tes paroles étaient parfois entrecouper de sanglot.

Tu l'écoutais parler une main sur ta bouche pour étouffer tout son qui pouvait indiquer que tu pleurais. Tu ne voulais pas le laisser gagner, pas cette fois où il avait été si méchant avec ses mots alors qu'il disait être inquiet pour toi.

Tu savais que tu l'avais poussé à bout, que tu l'avais forcé à te dire qu'il savait pour ton trouble alimentaire, mais il aurait très bien pu arrêté-là. Ne pas dire ces méchancetés qui avaient probablement dépasser sa pensée, mais qui tournerais en boucle dans ta tête.

Ta voix se brisa. Pourquoi est-ce que tu devais toujours être aussi fermement attaché à ceux qui avaient le pouvoir de te blesser ? Tu avais besoin de Clarence, de sa présence dans ta vie. Tu ne t'imaginais pas le perdre, mais en même temps, il venait de te prouver qu'il avait le pouvoir de te briser. Le son de Clarence qui se brise en te demandant de venir le lendemain te fait presque vaciller. Tu sais qu'il regrette, mais tu ne peux pas passer l'éponge si facilement.

Tu étouffas de peine et de misère un sanglot. Tu éloignas le téléphone de ton visage quelques secondes pour renifler, essuyer tes larmes. Tu ne savais pas s'il avait besoin de toi, mais toi tu avais besoin de lui. Tu ne pouvais toutefois pas lui avouer cette information. Pas maintenant.

C'était probablement le temps de t'investir un peu plus dans ton couple. D'essayer de faire reprendre la place de patron à Clarence... Tu savais toutefois déjà que ce serait un échec. Ce lien avec lui était déjà beaucoup trop fort.

Comme tu n’étais pas obligée de me repousser et de partir de cette façon ce soir… Il avait raison. Tu pourrais t'appuyer sur lui, lui demander de t'aider. Tu avais cependant cette mauvaise manie de paniquer lorsque les gens découvraient ton secret. Tu avais peur qu'ils te prennent pour une débile, une moins que rien... Et tu avais peur de guérir malgré que tu disais vouloir t'en sortir. Ta voix se fit si faible que tu ne savais pas s'il t'avait compris

Puis, il t'annonça qu'il te laisserait le temps dont tu avais besoin. Malgré que ce soit ta demande, ton coeur se serra. Tu n'avais pas besoin de temps, tu avais besoin de lui, mais ta fiertée t'empêchais de lui dire. Comment annoncer à Clarence qu'il était le centre de ta vie alors que ce n'était pas comme ça que les choses étaient sencés se passer au début ?

Cette colère contre lui se dirigeait maintenant vers toi-même. Pourquoi ne pouvais tu pas être normale ?

Mot à demi soufflé... Tu resta quelques secondes au téléphone, incapable de raccrocher. Tu t'accrochais seulement à son souffle que tu entendais au travers de ton portable. Tu te résolus difficilement à raccrocher avant de te recroqueviller dans ton lit et pleurer toutes ces larmes que tu avais tenté de retenir pendant votre appel.

Fin mai

Emilia était couchée depuis environ une heure. Tu passais la nuit chez lui puisqu'il avait dût accepter un quart de travail nocturne pour remplacer un collège de travail.

Fin mai