feel so high school
@Olive Sterling (crédit gif/runegifs)

- Fin juin 2024.

Sans doute paraissait-elle différente, Jo ne se posait pas la question. Le fiancé de sa grand-mère lui avait fait remarquer qu’elle paraissait plus calme, elle lui avait répondu qu’elle réfléchissait beaucoup, que c’était peut-être pour ça. A l’intérieur d’elle, elle ne se sentait pas plus calme ; elle ne le serait jamais, elle était un petit modèle monté sur piles, et c’était ça qui faisait son attrait. Son énergie, elle se réverbérait sur chaque personne qui formaient son entourage, en bien ou en mal, c’était comme ça. À Ibiza, ça n’avait pas été des vacances comme l’avait raconté les gossips sur Instagram — qu’elle n’avait toujours pas réactivé, d’ailleurs —, comme l’avait cru Midas, et bien sûr qu’il avait ses raisons : ça avait été aussi dur que se lancer dans un travail sur soi-même demandait du courage. Elle s’était néanmoins senti écoutée tout du long de son séjour, comprise, et ça lui avait donné le sentiment de ne pas être qu’une jeune femme aux caprices faciles et à la tête dure. Même si elle ne le dirait pas en ces termes à qui que ce soit, ça la changeait d’avoir pu parler sans se sentir jugée d’alimenter des mauvaises pensées et des doléances puériles, ça l’avait aussi rassurée de comprendre qu’elle n’était pas défaillante, juste humaine, et que malgré ce qu’on essayait de lui faire ressentir constamment, elle la première, elle n’était pas toujours la fautive des situations dans laquelle elle se retrouvait parfois. Pour une fois, elle avait accepté qu’on lui trouve des excuses, et ça lui avait du bien de pouvoir avouer qu’elle souffrait, dans une certaine mesure. Elle n’était pas parfaite, et ce n’était pas grave, elle devait juste apprendre à le revendiquer d’une façon plus saine qu’en se cachant derrière des mécanismes de défense comme ceux qui régentaient sa vie, ses relations, depuis des années maintenant. Rien n’était gagné, la magie n’existait pas, elle était toutefois revenue avec l’assurance d’avoir une soupape de décompression à sa disposition si elle se sentait à nouveau prise dans un étau.

Ce n’était pas le cas aujourd’hui "Bon." Dans une robe baby doll blanche du meilleur effet pour aller avec sa nouvelle frange, elle entra dans l’une des grandes salles de bain de la résidence de Midas pour s’approcher de sa petite-soeur. Trottant à pieds nus sur le carrelage frais, elle s’accota par la hanche au meuble qui soutenait les vasques épurées, faisant dos à l’immense miroir qui reflétait le joli petit minois d’une Olive qu’elle observa de ses grands yeux marrons "J’ai amené mes paillettes. J’espère que t’es prête." Elle lui avait promis de lui écrire à son retour en ville, elles n’avaient pas tardé à se donner rendez-vous. Ça, ça n’avait pas changé chez Jo : elle continuait de respecter ses promesses, celle qu’elle avait faite à la jeune femme amenée par une curiosité certaine au sujet de quelque chose qui lui fit plisser les paupières avant qu’elle ne se lance dans ce qu’elle lui avait proposé de l’aider à faire : mettre son visage en valeur, rien de moins "C’est pour une occasion particulière ?" Elle le lui demanda sur l’air de ne pas y toucher, s’activant pour contourner la jeune femme qu’elle avait assise sur un tabouret pas trop haut pour qu’elle puisse l’atteindre sans avoir besoin de se jucher sur la pointe des pieds. L’Espagne l’avait faite bronzer certes, elle ne l’avait pas faite pousser, c’était une évidence "Je sais pas, comme un nouveau rencard par exemple ?" Rassemblant les longs cheveux clairs d’Olive dans une queue de cheval basse qu’elle laissa reposer entre ses omoplates, elle glissa ensuite des barrettes colorées sur ses mèches de devant pour que ça ne la gêne pas quand elle commencerait à la maquiller, et ajouta sur le même air "Je demande ça au hasard." À d’autres Josephine, un sourire en coin venant fendre un côté de son visage incliné près de celui d’Olive alors qu’elle se souvenait très bien des textos qu’elles avaient échangé lorsqu’elle était encore à Ibiza.

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@Jo Carter  ☆ crédit/ waves

Pour la première fois, Olive avait eu le courage de prendre les devants. En outre, de faire le premier pas. Ce n'était pas grand chose, et tout au plus c'était même sûrement ridicule, mais elle avait eu envie. Cela avait été comme une évidence dans son esprit à cet instant, ou c'était simplement parce qu'elle commençait enfin à y voir plus clair et qu'elle comprenait qu'elle devait mettre un terme à sa prise de tête constante avec elle-même. Elle comprenait doucement qu'elle n'avait rien à perdre à faire le premier pas, et encore moins à demander de l'aide pour quelque chose qui lui tenait à cœur. Alors oui, elle prenait encore certaines pincettes mais plus assez pour qu'elle se sente complétement différente. Le progrès ne peut-être que dans le bon sens et ça lui fait vraiment du bien à Olive. Il reste encore plus d'une étape bien sur dans sa propre reconstruction, mais elle n'a rien à perdre c'est certain. Ce message à Jo était une première initiative, certes qui avait été infructueuse mais dont elle n'avait pas eu peur de recevoir une réponse négative. Elle avait essayé, elle avait fait cet effort et elle en ressortait fière, cela même si ça pouvait paraitre ridicule. Olive Sterling reprenait doucement confiance en elle.

Olive était toute souriante alors qu'elle remettait les pieds dans la demeure de son ainé. Non pas qu'elle n'avait pas eu l'occasion d'y revenir, mais elle avait préféré que ce soit l'inverse. Revenir ici n'était pas douloureux, mais elle admettait que ça lui manquait fortement de ne plus squatter dans les couloirs sans fin de cet endroit. Alors forcément, l'occasion était à prendre. "Bon." Olive déposa ses yeux sur la nouvelle venue, pas mécontente de retrouver le joli minois de Jo surtout depuis la dernière fois qu'elles avaient été vraiment seule. La brune semblait reposer, mais surtout prête à en découdre surtout avec le visage d'Olive. "J’ai amené mes paillettes. J’espère que t’es prête." Un rire léger s'échappa des lèvres d'Olive. Des idées elle en avait pleins la tête, mais sûrement pas celles de se retrouver avec la tête digne d'une boule à facette. Pour autant, elle faisait confiance à Jo et c'était peut-être là la grande différence. « Il va sûrement en falloir plus pour me rendre potable tu sais. » Olive plaisanta à cette idée de devoir mettre des couches sur son visage, ce qu'elle n'avait clairement pas l'habitude. Si elle prenait le temps du mettre du mascara en journée, c'était déjà énorme. Pour autant, elle était prête à passer sous les doigts de fée de la brune, patientant sur ce tabouret. "C’est pour une occasion particulière ?" Olive secoue la tête. « Pas dans l'immédiat, mais peut-être que ça me servira à un moment oui. » Du moins très prochainement, mais Olive n'était pas certaine que cela intéresse vraiment Jo de savoir pourquoi tout d'un coup, elle tenait à faire attention à son image. "Je sais pas, comme un nouveau rencard par exemple ?" Olive pinça ses lèvres avant de lever les yeux au ciel. Jo n'était pas née de la dernière pluie c'était certain, et Olive n'était pas une bonne menteuse, de toute évidence, elle ne pourrait échapper à cette vérité. « J'essaie de changer un peu mes habitudes, j'me dis que ça ne peut pas me faire de mal non? » Alors oui, c'était pour quelqu'un, mais pas que. Olive ne bouge pas d'un poil alors que Jo s'active, même si elle n'est clairement pas à l'aise dans cette posture. "Je demande ça au hasard." Olive aurait pu se mettre à faire des pirouettes pour détourner l'attention de Jo que ça n'aurait pas été suffisant. La brune ne lâcherait de toute manière pas l'affaire. « Tu es difficile en négociation Jo. » Ce qui était bien la stricte vérité, mais Olive n'était pas prête à tout lui dire d'un coup. Ménager le suspens pour mieux tout expliquer quand les choses seraient au clair dans son esprit. « Tu as des idées de ce qu'il faut faire alors? » Pas pour séduire un homme bien sûr, mais plus pour ne pas ressembler à un cadavre un petit temps.

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@Olive Sterling (crédit gif/runegifs)

Elle avait probablement besoin de penser à autre chose pour s’investir autant dans une entreprise qui ne la regardait absolument pas, mais Jo le nierait farouchement parce qu’elle avait beau vouloir aller mieux, elle n’en perdrait pas — jamais — son caractère pour autant. Olive était un agneau, à croire que le nom qu’elle portait était gage de gentillesse et de bienveillance, encore qu’elle avait vaguement entendu des histoires à propos du frère aîné des Sterling qui ruinaient ne serait-ce qu’un peu sa théorie. Ce n’était pas toujours évident pour elle de composer avec ça sans qu’à un moment où un autre elle ne la trouve niaise alors que, du plus profond de son coeur, elle l’aimait beaucoup, la jeune femme. Mais quand on était comme Jo, on avait du mal à comprendre qu’on puisse se dénigrer autant quand on avait tout pour soi, et Olive avait clairement la chance d’avoir eu de bonnes fées qui s’étaient penchées sur son berceau. Elle ne s’en rendait pas compte, et elle trouvait ça dommage en plus de trouver ça un peu triste. Ça lui donnait l’impression que personne n’avait jamais pris le temps de lui faire des compliments et de la dorloter. Elle savait que Midas le faisait, peut-être pas comme il le faisait avec elle, elle restait sa petite-soeur, l’amour qu’il lui portait était différent, mais il croyait suffisamment en elle pour qu’elle soit en confiance et comprenne qu’effectivement, elle avait absolument tout. Jo était plus dure avec elle simplement parce qu’elle ne savait pas faire autrement, mais elle se calait sur la ligne de conduite de son amoureux quand il s’agissait de faire entendre à Olive qu’elle n’était pas inintéressante ; avec ses propres mots, sa façon abrupte de dire les choses, mais sous couvert de bonnes intentions.

Elle espérait mieux s’y prendre aujourd’hui. Elle était dans un état d’esprit relativement différent, oscillant entre deux sentiments pendant quelques temps encore, alors qui savait si sa douceur ne se révélerait pas pour aider Olive à s’occuper un peu d’elle. Elle roula des yeux avec un sourire quand, déjà, elle se mit à se dénigrer "Un jour, je te ferai la liste des choses qui vaudraient que t’arrêtes de te déprécier, et que je t’envie peut-être un peu." À commencer par sa taille, le seul vrai complexe que Jo avait et qu’elle cachait derrière son aisance à porter des talons plus souvent qu’à son tour — pas aujourd’hui toutefois, elle était bien à plat. Elle se mit à sonder les raisons derrière son envie de changer un peu ses habitudes, se référant à ce qu’elle avait cru comprendre au travers des messages qu’elles avaient échangé le mois dernier et reçut le même genre de réponse qu’elle lui avait accordé par écran interposé "Non, bien sûr. Ces connes de féministes diraient qu’on a pas besoin d’avoir envie de plaire à un homme pour prendre soin de soi de toute façon." À ça de les traiter de salopes mal baisées, Jo garda sa langue ; ça restait une balle perdue pour elles. Doucement, elle remonta l’une de ses épaules en laissant une petite moue malicieuse lui échapper pendant qu’elle ajoutait, joueuse "Mais c’est quand même vachement cool de se faire belle et de se sentir regardée." Désirée aurait plus juste, mais Olive était une sainte, et Jo doutait qu’elle la mettrait à l’aise si elle se mettait à parler avec elle comme elle le faisait avec Charlie ou Megan, aussi choisit-elle son champ lexical avec soin, s’accommodant — pour le moment du moins — au refus de la jeune femme de ne lui parler de rien.

Elle se recentra sur ce qu’elle était supposée faire, dégagea ses longs cheveux bruns, presque noirs, de ses épaules dénudées pour les rassembler entre ses omoplates, souffla sur sa frange pour la balayer doucement de ses yeux, et se plaça devant Olive, qu’elle avait équipée pour mieux lui déblayer le visage, pour l’observer avec les yeux rétrécis par la concentration "T’es belle, t’as pas besoin de grand-chose." Elle pressa ses lèvres l’une sur l’autre, lui demanda dans la foulée, se décalant d’elle pour venir appuyer ses reins contre le meuble juste derrière elle "Ça dépend vraiment de l’intention derrière. Si t’as envie de rester naturelle, on peut partir sur un no-makeup makeup." L’habitude d’être mise en beauté par des professionnels, elle avait de vraies compétences en la matière "Ça passe bien en journée pour, je sais pas moi, sortir de chez toi te balader, ou boire un café avec un type à trois têtes." Son expression changea légèrement, ses sourcils se haussant dans un léger mouvement malicieux qui venaient avec le reste de sa tirade "Si t’as envie de plus que ça, et que tu projettes de sortir ailleurs que dans les cafés du coin, on peut charger un peu. T’as des beaux yeux bleu-vert, le mauve ça ferait des miracles sur toi." Sûre de ce qu’elle disait, elle ne fit qu’opiner légèrement du chef avant de s’enfoncer silencieusement dans la vision qu’elle se faisait de la mise en beauté d’Olive avant d’en sortir pour lui faire, dans un sourire moins grivois, plus tendre "T’es superstitieuse ?" La question sortait de nulle part. Elle explicita "C’est pour ça que tu veux pas trop en parler ? T’as peur que si tu le fais, ça devienne trop réel avec tout ce que ça implique ?" Sincèrement intéressée, Jo se détourna d’Olive seulement pour ouvrir l’une de ses palettes de fards à paupières.

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@Jo Carter  ☆ crédit/ waves

Tout d'un coup, tout semblait prendre une dimension plus simple dans la vie d'Olive. Ce que jusque là, la jeune femme n'aurait pu espérer. C'était une nouvelle bouffée d'oxygène qu'elle prenait à pleins poumons. Bien sûr, Olive ne pourrait changer du tout au tout et cela même si elle le voulait de toutes ses forces. La brune prenait conscience du chemin qu'elle avait parcouru depuis quelques années maintenant, et de celui qu'il lui resterait à parcourir en suite. Rien n'était perdu, et c'était ça qu'elle tentait de mettre dans son crâne chaque jour. Olive Sterling avait les capacités pour s'adapter et pour changer de mode de vie. Elle avait le pouvoir de reprendre sa vie en main et de cesser de se lamenter sur son propre sort pour des conneries. Bon ça, c'était simplement la petite voix au fond de sa tête qui lui soufflait, la vérité, c'est qu'elle avait encore parfois du mal avec cette adaptation. Mais étonnamment, elle était prête à prendre les devants et à ne plus se terrer dans son trou juste parce qu'elle craignait l'avis des autres. Ce n'était pas facile, cela lui demandait même un grand effort, mais peu à peu elle surmontait plus aisément ses peurs. Tout comme elle avait ressentie une petite fierté en échangeant avec Jo par message, sur un sujet qu'elle ne se serait jamais cru capable d'aborder avec la starlette. Ce n'était pourtant pas grand-chose, au mieux une discussion lambda entre deux copines, mais pour Olive c'était énorme. Alors forcément qu'elle appréciait davantage de pouvoir se retrouver avec la brunette, sortant ainsi totalement de sa zone de confort.

Les mains sur les genoux comme une enfant prête à entendre une histoire, Olive aurait presque la bougeotte. Elle ne sait pas encore ce qui l'attend, mais elle prête à obtenir cette nouvelle victoire. Pour elle, c'est un peu comme obtenir un badge après une bonne action, être scout, mais en mieux. "Un jour, je te ferai la liste des choses qui vaudraient que t’arrêtes de te déprécier, et que je t’envie peut-être un peu." Si sa mâchoire avait pu se décrocher, cela aurait été à ce moment précis mais Olive avait compris à force de fréquenter la brunette que ça ne valait pas le coup de relever les derniers mots prononcés. A la place, elle sourit bêtement, rajoutant un peu plus d'immaturité dans son comportement. « Je vais tenter de ne pas ajouter de commentaire négatif sur ma personne alors. » Elle pinça ses lèvres un instant. « Pour cette fois. » Peut-être que de se taire plutôt que de rétorquer ce qu'elle n'aimait pas chez-elle lui permettrait de moins le faire. Ou au moins, cela lui permettrait de ne plus se faire reprendre par Jo aujourd'hui. Pour les autres, ils avaient fini par avoir l'habitude, sûrement. "Non, bien sûr. Ces connes de féministes diraient qu’on a pas besoin d’avoir envie de plaire à un homme pour prendre soin de soi de toute façon." - « Il y a de ça oui, mais je pense que tu t'en doutes, j'ai jamais vraiment pris le temps de m'apprêter. » A moins d'une occasion très particulière pour cela bien évidement, Olive n'avait jamais pris le temps d'en faire des tonnes pour quoi que ce soit. C'était aussi un moyen efficace pour rester dans l'ombre des autres, et ça, ça lui allait parfaitement. Sauf que cette fois, elle avait envie de ce changement, elle avait envie de faire le tour des possibilités avec son propre corps. De voir si elle avait ce potentiel en elle ou si c'était juste perdu d'avance. "Mais c’est quand même vachement cool de se faire belle et de se sentir regardée." La brune penche la tête sur le côté comme pour mieux interpréter les paroles de Jo. « Comment tu fais toi? J'veux dire pour pas être gênée par le regard constant des autres. » Olive savait que la réponse serait probablement le fait que Jo ne manquait pas de confiance en elle, que très vite elle avait su jouer de ses atouts et que cela aurait été sûrement la meilleure méthode à prendre en compte pour Olive si la timidité n'avait pas été sa meilleure amie.

L'Australienne tente de ne pas remuer alors que les mains de Jo déplacent et replacent des mèches. Elle n'est pas à l'aise c'est certain, mais elle pourrait apprécier l’activité malgré tout. Il est rare que l'on prenne soin d'elle, ou même qu'elle prenne soin d'elle tout court d'ailleurs, donc elle songerait facilement à se détendre si cela était simple. "T’es belle, t’as pas besoin de grand-chose." L'Australienne grimace à ce compliment, mais se ressaisie plus rapidement. « Merci. » Ce n'est pas grand-chose, mais elle sait qu'elle a fait le choix de ne pas se flageller plus que nécessaire aujourd'hui, et elle tentera de tenir ça avec tant bien que mal. "Ça dépend vraiment de l’intention derrière. Si t’as envie de rester naturelle, on peut partir sur un no-makeup makeup." L'idée n'était pas mal du tout, cela était même alléchant, mais Olive n'avait pas forcément envie de se risquer au plus simple. Pour une fois, elle avait envie de prendre des risques avant de se dégonfler. "Ça passe bien en journée pour, je sais pas moi, sortir de chez toi te balader, ou boire un café avec un type à trois têtes." Olive explosa de rire à la référence de Jo. « Je t'assure que ce mec n'est pas Cerbère voyons. » Ou du moins pas qu'elle le sache en tout cas. "Si t’as envie de plus que ça, et que tu projettes de sortir ailleurs que dans les cafés du coin, on peut charger un peu. T’as des beaux yeux bleu-vert, le mauve ça ferait des miracles sur toi." Olive inspira profondément avant de tourner son regard vers la silhouette de son amie. « Je... ouais j'ai envie de partir sur quelque chose qui change de l'ordinaire, qui fait sensation tu vois ? » Mais qui n'est pas forcément extravagant non-plus. Olive, elle a besoin de ce changement, mais elle a aussi besoin de se reconnaitre en se regardant dans la glace. « Tu es la plus à même de faire des miracles, donc je ne doute pas que tu vas t'en sortir haut la main avec n'importe laquelle de ses teintes de fard à paupières. C'est bien comme ça qu'on dit? » Olive haussa un sourcil avant de rire. Cela lui permettait de faire taire l'angoisse qui commençait doucement à s'insinuer entre ses cotes.

"T’es superstitieuse ?" Les sourcils sur le front d'Olive se plissèrent. "C’est pour ça que tu veux pas trop en parler ? T’as peur que si tu le fais, ça devienne trop réel avec tout ce que ça implique ?" Voilà qu'elle comprenait mieux, mais la réponse n'était pas si évidente. « Pour être sincère, j'ai toujours eu trop l'habitude de me projeter, pour absolument tout. » Elle marqua une pause, le temps de retirer le bout de peau qui dépassait de son pouce et de se concentrer sur ses mots. « Alors oui, en un sens y a cette peur que tout m'échappe. Mais y a surtout cette angoisse que ça vire au cauchemar. » Elle soupire. « Alors au fond, je préfère juste imaginer le pire, et me dire qu'il adviendra ce qu'il adviendra, mais que moins j'en parle et moins je serai déçue à la fin. » Ce qui n'était sûrement pas un bon raisonnement, mais elle ne savait pas faire autrement. Pour l'instant.

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@Olive Sterling (crédit gif/runegifs)

Olive essaierait de ne pas trop se descendre en flèche pour aujourd’hui, Jo n’y croyait pas trop. Elle croyait en revanche à son envie de faire un pas en avant pour prendre soin d’elle et avancer enfin, et ne répondit rien à ce qu’elle lui dit sur l’instant, la regardant simplement en essayant de l’imaginer moins craintive, moins timide, plus apprêtée. Elle ignorait ce que dans le passé de la jeune femme avait pu la faire devenir celle qu’elle était aujourd’hui, mais elle était bien placée pour savoir que certaines blessures étaient le terreau de comportements dont on ne réussissait pas à se débarrasser aussi facilement. L’enfance de Jo n’avait pas été simple, son adolescence encore moins, et tout ça avait esquissé les travers d’une adulte qui aujourd’hui avait besoin qu’on lui rappelle de temps en temps qu’elle n’était pas la fautive de tout ce qui était susceptible de lui arriver, qu’elle ne méritait pas d’être punie pour des choses dont elle n’était pas la responsable, même si elle n’était pas parfaite, encore moins facile à appréhender. Lorsqu’elle entendait Midas parler de son enfance, de sa vie de famille, de ses cousins, elle avait le sentiment que tout avait été parfait, que ses parents étaient certes exigeants, mais quels parents ne l’étaient pas ? A côté de ça, elle lui enviait certainement un peu l’importance qu’avait sa famille dans sa vie parce que les moments qu’il y passait semblaient tous avoir été bons, et que même en grandissant, il chérissait le rapport qu’il entretenait avec chacun de ses membres, même si ça semblait plus houleux avec son frère. Ça la menait à la conclusion qu’Olive n’avait pas été malheureuse, elle non plus, alors que s’était-il passé finalement ? "Pourquoi t’en as jamais pris le temps ? Ça t’intéressait pas quand t’étais plus jeune ? T’avais pas de copines ?" lui demanda-t-elle, sans jugement, et le lui prouvant en haussant doucement les épaules tandis qu’elle lui retournait une question, elle aussi "Je me dis juste que si ça leur plaît pas, je leur laisse le choix de regarder ailleurs." Elle maîtrisait les apparences comme personne Jo, et elle savait les gérer sans juger bon de laisser le choix à qui que ce soit en réalité. Mais elle disait vrai : si on ne voulait pas la regarder, il suffisait de tourner la tête — c’était difficile de ne pas la regarder cependant, et ça, elle en avait une conscience certaine depuis toute jeune. Elle ajouta "Tant que moi je me sens bien, j’ai pas de scrupules à pas prendre le regard des autres en compte." Tu devrais faire pareil, se retint-elle de dire à la jeune femme, consciente au fond que c’était plus facile à dire qu’à faire.

Elle se mit dans la peau d’une professionnelle, et ce qui ressortit de son analyse rapide du profil de la jeune femme qu’elle avait en face d’elle, c’était qu’elle était belle. Quand elle la remercia, Jo lui adressa un sourire sincère, bouche fermée, se décalant pour mieux la regarder et lui donner ses conseils en allant, sans trop la brusquer, remettant sur le tapis la mention de cette personne mystérieuse qui semblait être le déclencheur de quelque chose chez elle "T’en es sûre ? Parce que t’en parle comme d’une créature mythique, c’est à ça d’être vraiment trop mignon." Sans délai, même si elle laissa un petit rire lui échapper, elle lui demanda "C’est un ami ?" Elle lui avait dit une connaissance, quand elles en avaient discuté par texto, mais elle sentait le dilemme s’échapper de tous les pores de la peau de la jeune femme, la légendaire crainte de ruiner une amitié suintant des propos qu’elle avait laissé filer en demi-teinte lorsque Jo l’avait questionnée pour en savoir davantage. Elle n’insista pas plus là, se recentrant sur le maquillage. Elle hocha la tête, agrandit doucement les yeux lorsqu’elle lui répondit qu’elle voulait quelque chose qui faisait sensation "Dis donc mademoiselle, on a envie que des langues se tirent et que des yeux sortent de leurs orbites sur ton passage, ou je me trompe ?" La vision était très cartoonesque de mauvais goût, mais Olive comprendrait où elle voulait en venir ; et Jo comprenait où Olive voulait en venir, s’animant enfin pour rassembler ce dont elle avait besoin et s’y mettre doucement "Juré, je te ferai pas ressembler à une caricature. C’est ma réputation de bonne copine qui est en jeu." laissa-t-elle échapper, faisant mine de rouler des yeux face à l’hésitation émanant de la jeune femme au moment où elle parla de fards à paupières.

Elle laissa ça de côté, se permettant d’entrer un peu plus dans le vif du sujet à l’instant où elle se retourna avec, entre les doigts, un pinceau propre "C’est pas si mal de se projeter." Une remarque qu’elle fit avec une vraie douceur dans le ton, les reins toujours appuyés contre le meuble derrière elle. Elle ne se mit pas tout de suite à son oeuvre, elle attendit qu’elle déroule son explication pour mieux la saisir et laissa un très léger rire filer quand elle lui répondit "Pourquoi tu veux que ça vire au cauchemar ? Parce que vous vous connaissez déjà ?" Elle reprit tout de suite, ses yeux se déportant un court instant de son visage pour se poser sur les luminaires de la salle de bain spacieuse "Je comprends que ça te fasse peur. J’ai pas vraiment fait la fière non plus quand j’ai compris ce qui se passait entre ton frère et moi." Elle ne savait pas si l’aveu était maladroit à faire compte tenu qu’Olive était la petite soeur de Midas, mais c’était son seul point de comparaison qui comptait à ses yeux. Elle resta un instant silencieuse, et puis elle ajouta dans une légère inspiration "Mais j’avais de bonnes raisons de douter et de redouter. Ça faisait six ans, et je suis moins calibrée femme idéale que tu ne l’es." Et elle n’en avait pas honte, le prouvait l’espièglerie dans le fond de ses yeux. Secouant doucement la tête, elle finit par s’emparer de la palette de fards à paupières qu’elle avait préparé tout à l’heure, préférant s’occuper des yeux de la jeune femme avant le reste, et préleva un peu de matière sur son pinceau en lui demandant finalement, baissant les yeux sur la rangée de couleurs qu’elle avait sous le nez avant de s’intéresser au visage d’Olive "Et à lui, tu lui as déjà parlé de quoi que ce soit ?" A ce type dont elle ne voulait même pas divulguer l’identité.

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@Jo Carter  ☆ crédit/ waves

Il y avait des choses plus faciles à dire qu'à faire, mais Olive était prête à patienter aujourd'hui. Elle était d'humeur joyeuse et rien ne pourrait changer cela. Pour cette fois, Olive avait le cœur léger et l'esprit dans un nuage de bienséance. Ce qui était bien rare, mais davantage présent ces derniers temps. Et puis, elle ne voulait certainement pas tout gâcher avec Joséphine. Pas cette fois du moins. Non, cette fois elle ferait en sorte de bien se tenir et de ne pas se mêler de ce qui ne pourrait la regarder. Elle tiendrait sa langue et son corps autant que possible, parce qu'Olive elle avait vraiment besoin de passer un bon moment. Elle avait vraiment besoin de profiter pleinement de la présence de la starlette. Et puis, elle avait surtout besoin d'apprendre à être présentable pour une fois. Ce qui n'était clairement pas une mince affaire puisque la routine d'Olive était simple, voir quasi inexistante finalement. Bien sur cela lui allait parfaitement au quotidien, sauf que cette fois, la brune avait eu besoin d'un changement, d'une petite touche en plus qui ferait la différence. Qui lui permettrait de sentir attirante. Ce que tout d'un coup, elle n'aurait jamais pu croire possible. Olive, elle était de ceux qui rase les murs en continue pour ne pas se faire trop voir. Mais pas cette fois.

"Pourquoi t’en as jamais pris le temps ? Ça t’intéressait pas quand t’étais plus jeune ? T’avais pas de copines ?" - « J'avais pas l'impression que c'était essentiel pour dire vrai. » Il y avait un peu de ça, et surtout parce qu'elle n'avait jamais eu besoin de faire attention à son apparence qui pour elle n'était qu'une coquille dans laquelle elle devait évoluer. « Et aussi parce que j'ai jamais eu l'opportunité d'avoir quelqu'un pour m'aider à s'y intéresser. » Autrement dit, non Olive n'avait pas ce genre de copines. Il y avait eu Sofia bien évidement, mais avec elle c'était plus facile parce qu'Olive n'avait jamais eu besoin d'en faire de trop. Elle agissait dans l'ombre de sa cousine et ça lui avait toujours plu. Mais maintenant, elle n'avait plus personne pour la couvrir, plus personne pour lui faire comprendre qu'elle avait les qualités requises pour ne pas avoir à trop en faire. Bien sûr Olive ne voulait pas remplacer la relation qu'elle avait connu avec Sofia. Elle voulait juste retrouver une certaine confiance. En outre, qu'on lui mette un sacré coup de pied aux fesses. "Je me dis juste que si ça leur plaît pas, je leur laisse le choix de regarder ailleurs." C'était une belle façon de voir les choses et Olive aurait aimé avoir cette même réflexion au quotidien, mais c'était plus facile à dire qu'à faire même si elle tâcherait de garder cette réponse dans un coin de sa tête pour la prochaine fois. "Tant que moi je me sens bien, j’ai pas de scrupules à pas prendre le regard des autres en compte." La brune soupira légèrement. « Cela à l'air si semble quand tu le dis. » Olive n'est pas encore prête à tout assumer pleinement, encore moins ce qu'elle dégage.

"T’en es sûre ? Parce que t’en parle comme d’une créature mythique, c’est à ça d’être vraiment trop mignon." Olive émit un rire léger. « Ce n'est pas mon genre en tout cas. » Cela même si elle adore les romans de fantaisie. Cela même si elle a déjà rêvé de rencontrer une créature mythique autrement que dans ses rêves. Mais l'homme avec lequel elle a rencart est bien réel et c'est bien ce qui l'effraie le plus. Parce qu'il y a eu un avant et qu'elle espère secrètement qu'il y aura un après même si elle n'a aucune idée d'un partage certain de sentiments. "C’est un ami ?" Olive hocha lourdement la tête de haut en bas. Oui, un ami, c'était sûrement le mot idéal pour caractériser sa relation avec le jeune homme. C'était même très bien comme ça finalement. Reprenant une position statique pour ne pas se faire sermonner par Jo, Olive attendit que les couches de maquillage se succèdent sur son visage. "Dis donc mademoiselle, on a envie que des langues se tirent et que des yeux sortent de leurs orbites sur ton passage, ou je me trompe ?" La réponse de Jo la fit sourire, c'était une belle caricature de ses rêves. Mais à la réalité, Olive n'était pas prête à trop en faire non plus. « Pas autant non. » Elle grimaça. « J'aimerai, peut-être naïvement, qu'il me trouve jolie. » Pour ne pas changer les bonnes habitudes, Olive se dévalorisait sans le vouloir. Elle voulait mettre la barre un peu plus haute cette fois, simplement pour plaire à un homme, c'était sûrement la pire débilité de ce monde. "Juré, je te ferai pas ressembler à une caricature. C’est ma réputation de bonne copine qui est en jeu." - « Tu as toute ma confiance pour cela. »

Olive se figea en voyant approcher le pinceau de son visage avant que la voix de Jo ne la retienne dans autre chose. "C’est pas si mal de se projeter." Peut-être que la jolie brune avait raison, mais ce n'était pas facile pour Olive d'imaginer le faire. Elle était plutôt à attendre que les choses se passent, à attendre de voir si tout n'allait pas tomber en ruine dès qu'elle aurait le dos tourné. Elle avait peur d'avoir trop d'espoir dans quelque chose qui n'était pas fonder. "Pourquoi tu veux que ça vire au cauchemar ? Parce que vous vous connaissez déjà ?" - « Disons que l'on s'est connu pendant un temps. Mais c'était il y a un moment maintenant, et je ne suis pas certaine d'être la même personne qu'il y a quelques années. » C'était même certain qu'elle avait énormément changer Olive. Elle n'avait plus rien à avoir avec la jeune femme d'il y a cinq ans. "Je comprends que ça te fasse peur. J’ai pas vraiment fait la fière non plus quand j’ai compris ce qui se passait entre ton frère et moi." Olive pinça ses lèvres ne sachant pas s'il serait malvenu d'intervenir dans la confidence de Jo. A la place, Olive posa une question. « As-tu eu peur de te tromper sur les signes d'une réciprocité ? » C'est certainement ce qui pouvait lui faire le plus de peur à Olive. L'idée que ce sentiment étrange qui réchauffe son cœur ne soit pas partager. Ne soit qu'un feu sur le point de s'éteindre complétement. Ce feu qu'elle n'avait pourtant pas ressentie depuis bien longtemps mais qui lui procurait un certain plaisir. "Mais j’avais de bonnes raisons de douter et de redouter. Ça faisait six ans, et je suis moins calibrée femme idéale que tu ne l’es." - « Et pourtant, ça semble si facile. » Olive a vu les signes d'amour entre les deux. Il fallait être aveugle pour ne pas comprendre à quel point ils étaient fait l'un pour l'autre. Inévitablement. "Et à lui, tu lui as déjà parlé de quoi que ce soit ?" Olive inspira, cherchant les mots pour répondre à la jeune femme. « Plus ou moins. Cela ne t'étonneras sûrement pas mais je ne suis pas très à l'aise avec l'idée de raconter ma vie. » De donner des détails sur ce qui fait d'elle ce qu'elle est. Olive n'est pas du genre à se confier facilement, même à ceux qu'elle connait depuis longtemps parce qu'elle a toujours peur de ne pas être assez intéressante. « Mais avec lui, c'est facile de discuter de tout et de rien. De ne pas se prendre la tête pour faire attention à ce que l'on va dire. » C'est facile étrangement. « Et puis, il est très intéressant. » Non pas que les autres ne le sont pas bien sûr, mais il a ce petit truc en plus qui retient fortement l'attention d'Olive et qui la fait sourire bêtement à cet instant.

feel so high school
@Olive Sterling (crédit gif/runegifs)

Jo eut un léger rire à la réponse d’Olive "J’oublie toujours que t’as été élevée avec des garçons, toi aussi." La réflexion ne sortait pas complètement de nulle part, elle expliquait en partie pourquoi la toute jeune Olive Sterling n’avait pas jugé nécessaire de s’intéresser à ce qui, du côté de Josephine, avait très vite suscité un intérêt vivace. Malgré le fait qu’elle aussi avait été élevée exclusivement avec des garçons, on lui avait fourré un tube de rouge à lèvres dans les mains rapidement et appris à mettre ses atouts en valeur pour attirer l’attention sur scène. Trésor inestimable aux yeux de ses parents, jusqu’à un certain âge en tout cas, petite pépite qui brillait bien trop fort pour qu’on ne la gâche pas en la polissant un peu, sa mère s’était vite appliquée à lui montrer comment se faire belle. C’était presque la seule bonne chose qu’elle lui avait apprise d’ailleurs, puisque quand elle avait fini par savoir se débrouiller seule, le lien s’était presque totalement rompu, et que les moments qu’elles avaient passé toutes les deux s’étaient retrouvés ternis par son inaction quand le patriarche avait la main lourde sur elle, sur les garçons surtout. Elle y pensa sans amertume, avec un peu de tristesse toutefois "Ta mère est pas du genre coquette ? Tu l’as jamais regardée se maquiller, se coiffer, quand t’étais gamine ?" Elle savait que le sujet des parents pouvait être difficile, elle n’avait pas envie de s’enfoncer trop loin dans ces sujets-là par crainte de recevoir des questions en retour, alors elle se contenta de ça ; et d’inculquer sa façon de fonctionner au travers du regard des autres à une Olive qui ne semblait pas convaincue. Jo arqua un sourcil, la tête détournée le temps de quelques instants encore "Ça peut le devenir, suffit de se persuader que c’est la meilleure méthode à adopter. Une fois que tu suis ta propre ligne de conduite, c’est plus ton problème ce que les autres pensent de toi." L’auto-persuasion était la clef de bon nombre de remontada spéculaire au cours du parcours personnel de Jo "Mais je sais, c’est plus facile à dire qu’à faire." Elle entendait que tout le monde n’avait pas la même capacité de résilience. Elle haussa les épaules "T’as les conseils d’une experte au moins." finit-elle par lui dire, appliquée à ne pas la brusquer.

Sur aucun autre sujet d’ailleurs, prenant bien soin de l’interroger sur ce garçon mystérieux qu’elle avait dans le viseur en distillant un peu d’humour au passage. Elle plissa les paupières en l’entendant se défendre, reprit la main en lui posant de nouveau des questions auxquelles elle reçut un hochement de tête à la positive. Il était donc un ami de la jeune femme "Depuis longtemps ?" Ce n’était pas important, mais elle y allait en douceur pour une fois "Liv, t’as pas besoin de tout ça pour qu’il te trouve jolie." Elle le lui dit en riant doucement. Prenant conscience de l’hypocrisie derrière son compliment, elle s’en rendit compte au point de lui faire ajouter en se désignant elle-même d’un geste circulaire au niveau de son propre visage "OK, je te dis ça en ayant un full face, mais c’est pas moi le sujet de conversation." Elle cessa de rire, garda son sourire sans en dire davantage, convaincue que ce n’était pas en tentant de rentrer de force dans la tête de la jeune femme qu’elle était belle qu’elle y croirait. Néanmoins, après une poignée de secondes, elle lui dit "Y a un truc dans votre famille. Je sais pas si c’est la vie à la ferme, ou si c’est dans vos gènes, mais ça me rend super curieuse de rencontrer tes parents." Elle pressa ses lèvres l’une contre l’autre, compléta pour lui expliquer "Juste pour vérifier lequel d’eux deux vous a légués, tu sais, les longs cils et les yeux clairs. Midas dit que ça vient de votre mère, tu confirmes ?" Chez les Carter, c’était plus difficile à déterminer. Père et mère avaient la peau mate, les cheveux foncés et les yeux tout autant. Néanmoins, Jo avait clairement hérité de sa mère, elle en était aussi fière qu’elle la trouvait objectivement magnifique. Elle aurait davantage eu du mal à s’accepter si elle avait hérité physiquement de son père ; ça, c’était un privilège maudit réservé à ses cinq frères, sans aucune exception.

Elle reçut la confiance d’Olive pour l’embellir malgré la certitude qu’elle avait que ça lui serait inutile, mais remarqua qu’elle se figea lorsqu’elle approcha avec son pinceau. Silencieusement, elle lui conseilla de se détendre, et pour l’y aider, continua de discuter de ce qui semblait la tarauder. Jo fronça les sourcils en commençant à appliquer un peu de matière sur ses paupières "Lui non plus doit surement pas être la même personne. La vie passe, les gens changent, c’est pas toujours une mauvaise chose." Du bout des doigts, elle invita la jeune femme à baisser un peu la tête pour mieux voir son ouvrage, et lui demanda en même temps "Quand tu dis que t’as changé, tu parles de quoi exactement ?" Se montrant aussi délicate dans ses gestes que dans ses interrogations, elle tacha de montrer sa bonne foi en comparant son expérience personnelle avec celle de la jeune femme qui lui renvoya une question à laquelle Jo se laissa réfléchir un instant avant de se redresser et de lui dire "Je vais te dire un secret. Mais attention, c’est un vrai secret dont t’as l’exclusivité absolue." Elle n’irait pas jusqu’à lui faire promettre de le garder pour elle, seulement elle tenait à ce qu’elle sache que de ça, elle n’en avait jamais parlé à personne. Elle recommença à la maquiller "On s’était embrassés, la veille de la finale en 2016." Elle grimaça juste un peu "Je sais, c’était le pire timing de l’histoire des timings. Je crois qu’on a attendu le dernier moment parce qu’on avait la même frousse que toi au fond." Elle précisa "De gâcher un truc et de pas savoir le gérer si on restait tous les deux dans le concours. Y avait le risque qu’on puisse plus se supporter si ça tournait mal, et j’avais pas envie de le prendre — lui non plus." Elle laissa un rire lui échapper un court moment après s’être laissée entraînée par ses souvenirs "On a beaucoup fait semblant. Quand je revois des images, ça me semble tellement évident pourtant." Elle en parlait avec une certaine nostalgie, et c’était un progrès. À une époque, ça lui faisait trop mal de parler de ces moments, ayant toujours l’impression d’avoir manqué quelque chose, d’avoir ruiné la meilleure partie d’une histoire à laquelle elle croyait dans son coeur. Elle se sentit sourire, se mordit brièvement les lèvres pour le faire un peu moins, et termina en inclinant la tête sur le côté pour avoir un meilleur angle sur le visage d’Olive "Mais on était jeunes — moi plus que ton frère." Elle le soulignait pour la blague, un index se pointant droit sur la jeune femme. Reprenant doucement son maquillage, elle finit par poursuivre en secouant la tête "J’avais pas peur que ce soit pas réciproque à l’époque, non. Je sais pas exactement de quoi j’avais peur parce que quand je l’ai vu la première fois, j’ai su qu’il deviendrait important pour moi." Elle roula des yeux, joignant le geste à la parole en mimant de longs cils recourbés avec sa main et des yeux perçants en agrandissant les siens, murmurant en guise de justification "Ses putains de longs cils et ses yeux clairs." répéta-t-elle, comme elle l’avait mentionné tout à l’heure — et beaucoup d’autres choses aussi, mais elle se perdit un instant dans son ouvrage et sauta quelques étapes pour garder pour elle le fait que, si à l’époque elle n’avait pas craint que Midas ne ressente pas la même chose qu’elle, ça s’était présenté à sa porte six ans plus tard quand ils avaient repris contact et qu’au fur et à mesure de leurs échanges, elle avait redouté s’être trompée sur toute la ligne au sujet de ce qui les liait vraiment. La suite lui avait prouvé qu’elle avait eu tort, toujours est-il qu’elle répondit à l’affirmation d’Olive plus qu’elle ne rentra plus encore dans les détails de la genèse de son histoire avec son frère "C’est pas aussi facile. Ça l’est pour moi, c’est un saint." Elle le pensait du fond du coeur "Mais pour lui, je suis pas sûre de lui apporter plus que des ulcères sur le long terme." avait-elle besoin d’être précise et d’avouer qu’elle lui en faisait voir plus qu’il ne le méritait ? Elle ne le croyait pas, alors elle s’en exempta, s’en sentant atrocement coupable quelque part, et reprit pour la forme "Je suis pas assez altruiste pour l’encourager à aller voir ailleurs et à me laisser tomber. Je lui laisse la responsabilité de le faire quand il en aura sa claque de moi." Elle ne le supporterait pas, mais elle le comprendrait. Enfin tout ça, elle espérait que ça arriverait le plus tard possible, pas optimiste au point de se dire que Midas n’en aurait jamais assez d’elle. Même si elle l’espérait très fort, ça aussi.

"Je vois. Je comprends." Que la jeune femme se montrait économe avec ses confessions auprès de ce type qui était toujours un gros point d’interrogation pour Jo. Après avoir posé sa base neutre sur les paupières d’Olive, elle se détourna d’elle pour s’emparer de sa palette de fards, et les reins de nouveau posés contre le bord du meuble derrière elle, elle lui adressa un regard par-dessous ses cils "Alors de quoi t’as peur, si c’est aussi facile ? T’as l’air de vouloir lui parler plus qu’à n’importe qui, c’est ce que j’appelle un bon signe." lui affirma-t-elle, relevant la tête lorsqu’elle affirma qu’il était très intéressant. L’esprit mutin de Jo se réveilla soudain, et les sourcils haussés, elle lui demanda en s’approchant d’elle avec son pinceau et sa palette "Et ça veut dire quoi ça ? Allez, dis moi en un peu plus — hé, je t’ai dis un secret moi." lui rappela-t-elle en la pointant avec le bout de son pinceau. Un prêté pour un rendu, c’était bien ça l’expression ?