| The faces aren't the same but their stories all end tragically - Malik |
| | (#)Lun 3 Juin 2024 - 2:32 | |
| The faces aren't the same but their stories all end tragically — with @Malik Fleming TW: Addiction, alcool, notion de décès, idée suicidaire.
« J'ai bu un verre hier. Et encore un autre après en réalisant ce que j'avais fais. Et encore un pour oublier la honte que je ressentais. Ma femme m'a surprise et je sais que je fais que de la faire souffrir, je suis un déchet et un boulet pour elle. Je sais qu'elle me soutient mais jusqu'à quand ? J'en peux plus de voir la déception et la souffrance dans son regard à chaque fois que je replonge. Elle veut des enfants, elle veut avancer et moi je suis incapable de lui offrir tout ça. J'en peux plus, j'ai tout essayé et je finis toujours par me retrouver à moitié mort sur le sol de mon salon parce que j'ai replongé et que je ne sais pas m'arrêter. Après je me dis que c'est peut-être mieux finalement que je ne sois pas à moitié mort sur le sol mais totalement mort, j'arrêterai de la faire souffrir, d'être une honte pour elle et pour ma famille. »
Cette confession d'Henry prends une toute autre tournure aujourd'hui. Je repense à ses mots qui m'ont bouleversé, à cette détresse mêlée à de la haine et de la honte dans son regard. A cette résignation dans ses propos, à cette pensée qu'il serait mieux mort et aujourd'hui, deux semaines après cette confidence ses mots prennent un tout autre sens. C'est Julia, la responsable de notre groupe de parole qui vient de nous l'annoncer. En préambule de la séance du jour. Elle vient de nous l'apprendre, Henry ne viendra pas aujourd'hui et tous les autres jours. Henry n'a pas rejoins un centre de désintoxication, Henry est décédé. Il a été retrouvé, non pas sur le sol de son salon mais dans son lit. Alcoolisé mais surtout son cœur ayant cessé de battre. C'était il y a deux semaines qu'il passait ce message d'aide, cet appel à l'aide et aujourd'hui il est mort. Henry, je le connaissais, ce n'était pas un ami mais plutôt une connaissance proche. Il fait, faisait, parti de ce groupe de parole depuis aussi longtemps que moi. Il a, avait, passé du temps dans le même centre de désintoxication que le mien. Il a, avait, un parcours similaire au mien. C'est pour sa femme qu'il a voulu se soigner, pour elle qu'il a essayé de se battre contre cette maladie, mais il n'a pas réussi et à la différence de moi, son parcours de sobriété a été jonché de période de rechute. 4 ans à se battre avec l'alcool, à se battre contre lui et aujourd'hui son combat est terminé. Cette annonce a forcément une répercussion sur tous les membres du groupe et sur moi aussi. C'est lui aujourd'hui qui a perdu face à l'alcool, mais ça aurait pu être n'importe lequel d'entre nous, on en a conscience et c'est ce qui rends cette annonce aussi difficile. Je ne suis pas Henry mais j'aurais pu être retrouvée morte un matin, tuée par l'alcool, tuée par la drogue, tuée par cette vie et ce que j'infligeais à mon corps. J'aurais pu être Henry et dans le regard des gens autour de moi, je sais qu'ils ont cette pensée aussi. Une pensée entre la compassion, la colère et la peur. Une pensée triste pour Henry mêlée à un sentiment de soulagement de ne pas être Henry justement. Il y avait longtemps que je n'avais pas ressenti un tel besoin de boire, ce qui est absolument insensé je vous l'accorde mais pendant une seconde ou plutôt une dizaine de secondes, peut-être quelques minutes, j'ai pensé à l'alcool. Et je sais que je ne suis pas la seule, et c'est sans doute bien ce qui montre que l'alcoolisme est sournois, traître, qu'il ne veut que notre mal. Les jambes des participants, les miennes comprises, frappent le sol dans des mouvements de stress et de manque aussi peut-être. Quelques larmes ont coulé, et beaucoup de questions ont été posé à Julia avant un dernier moment à prier pour Henry. Je ne suis pas croyante, malgré l'éducation religieuse que j'ai reçu, mais pour Henry j'ai suivis le mouvement. Je n'ai pas prié pour lui mais j'ai eu une pensée pour sa femme que j'ai rencontré une fois alors qu'Henry était arrivé complètement alcoolisé et qu'elle avait du venir la chercher. J'ai une pensée pour cette femme qui s'est battue à ses côtés et qui aujourd'hui se retrouve seule. C'est l'alcool, enfin je crois mais les mots d'Henry me laissent penser que peut-être l'alcool n'est pas le seul responsable de la mot d'Henry et qu'il a peut-être précipité les choses et pendant quelques instants je lui en veux parce que je pense à sa femme. Mais, Caleb me dirait que ce n'est pas Henry, c'est la maladie, c'est l'alcoolisme, c'est sans doute la dépression liée à ces nombreuses rechutes et les sentiments négatifs qui ont poussé Henry à boire, qui ont poussé Henry à consommer à outrance au point d'en mourir. Je ne sais, on ne saura sans doute jamais et ce n'est qu'une connaissance pour moi, mais sa mort résonne comme un rappel que nous ne sommes pas grand chose face à la vie et à l'alcool. Je ne connaissais pas très bien Henry et si sa mort m'affecte malgré tout, je sais que ce n'est rien à côté de ce que peuvent ressentir d'autres membres de ce groupe et notamment son parrain qui est présent aujourd'hui. Je regarde autour de moi, et c'est à ce moment que mes pensées se tournent vers Malik. Il connaît, connaissait, Henry. Ils se connaissaient bien avant ce groupe de parole, passer des semaines dans un même centre, enfermés, ça aide à créer des liens et je les revois jouant au basket sur le terrain du centre alors que je cours pour gérer mes émotions, la douleur du sevrage, et surtout le manque. Je les revois, ils arrivaient à rire et à se chambrer dans des duels un contre un alors que rien ici ne semblait prêter à rire. Je pense à Malik et j'attends la fin de la séance pour me diriger chez lui, je préfère lui dire de vive voix avant qu'il ne l'apprenne autrement, par hasard dans un contexte peu favorable. Même si y'a pas de contexte favorable pour apprendre ça non ? Je mets quelques minutes, quelques dizaines de minutes à arriver jusqu'à Malik, je ne sais même pas s'il est chez lui, ou s'il est seul, je n'y pense qu'une fois devant son loft, alors tant pis je verrais bien et s'il n'est pas seul ce sera peut-être encore mieux finalement parce que je sais qu'en ce moment Malik n'est pas vraiment à l'aise avec sa solitude, il me l'a dit et je ne veux pas le mettre en difficulté avec cette information. Je sonne à l'interphone, un sourire et une voix douce quand je m'annonce pour ne pas dramatiser, même si la situation n'a rien de joyeuse mais le fait que je sois devant chez lui est suffisamment étrange pour ne pas arriver avec un air dramatique mais je sais qu'une fois devant lui je ne pourrais pas lui cacher. « Salut Malik, je te dérange pas ? Tu as un peu de temps à me consacrer ? » Ce n'est pas une visite anodine, il doit le savoir puisque j'ai débarqué sans prévenir, et avant de lui annoncer je veux m'assurer de son état actuel. « J'aurais du appeler mais je voulais savoir comment tu allais aujourd'hui ? » Je ne veux pas le tromper, je ne veux pas lui mentir et une fois assisse, je finis par lui annoncer ou du moins par tenter de lui annoncer. « Tu te souviens de Henry, du groupe de soutien et du centre ? » Et bien il est mort. C'est la vérité mais je me rends compte que je ne peux pas dire ça comme ça. Que je ne peux pas lui annoncer aussi froidement, alors je laisse une pause, cherchant mes mots. « On vient d'apprendre qu'il était décédé y'a deux jours, je suis désolée, je voulais venir te l'annoncer, je sais que vous avez été proche durant la cure, je voulais pas que tu l'apprennes par hasard. » Je voudrais que ce soit plus simple mais finalement annoncer le décès de quelqu'un ne sera jamais quelque chose de simple et j'attends de voir comment Malik va gérer l'annonce.
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| | | | (#)Sam 8 Juin 2024 - 7:54 | |
| M’isoler, éviter les sorties. C’est ma solution. Depuis que j’ai replongé, je me coupe de toute tentation. Être pris la main dans le sac par Nieves a été l’électrochoc qui me fallait pour me remettre un minimum les idées en place. Mais pas suffisant pour couper toute envie. Et c’est encore pire depuis que j’ai remis la tête dedans, ça n’a pas duré longtemps, mais le château de carte est beaucoup facile à détruire qu’à construire. Des années à être clean, quelques secondes pour tout gâcher. J’en ai parlé à personne. Nieves parce qu’elle m’a vue, mais c’est tout. Alors je suis là, chez moi. Rythme de vie peu recommandable puisque je dors le jour et vie la nuit, je profite du calme nocturne pour écrire. Ça a toujours été mon échappatoire, ma solution de replis. Encore aujourd’hui, c’est la dedans que je me réfugie, pourtant je sais que potentiellement, dans le lot, peut être rien ne va sortir. Mais ça m’aide, je pense à autre chose, j’évacue. Ce qui aurai pu m’aider, c’est d’aller au groupe de parole avec Alexandra. J’ai trouvé des excuses à la con pour éviter, je ne me suis pas sentis capable d’être hypocrite à ce point là. et je me suis encore moins sentis capable de parler de ma rechute. Dans un coin de ma tête, j’espère réussir à redresser la barque, j’espère être capable de décrocher aussi vite que j’ai replongé. Ce fut une succession de mauvaise nouvelle qui m’ont conduis la, je dois juste arrêter de me réfugier dans ces merdes dès que ça ne va pas, sans quoi, je n’avancerai jamais.
Aujourd’hui ne déroge pas à la règle. Un simple bas de jogging, une veste de mon équipe de basket préféré. De la musique qui tourne faiblement afin d’avoir un bruit de fond, Thésé qui a la tête posée sur mes cuisses, je pianote sur le mon ordinateur. Écrivant ce qui me passe par la tête. Mon téléphone n’est même pas dans mon coin, sans doute dans mon lit. L’interphone me fais froncer les sourcils. Si au départ je pense plus à une erreur qu’autre chose, ma surprise est d’autant plus grande quand c’est la voix d’Alexandra qui en sort. Sa venue cache quelque chose, j’en ai l’intime conviction. Si d’abord je me demande si des images de moi lors d’une soirée n’ont pas fuité, j’imagine aussi que ça peut être elle, elle qui a rechuté. Les scénarios se multiplie dans ma tête jusqu’à ce que je la vois en ouvrant la porte. Ouai bien sûr. je me décale, refermant la porte derrière elle. Ça va, j’essaye de sortir quelques lignes de ma tête. Mais le résultat n’est pas encore fameux. mon husky ne manque pas de venir à la rencontre de l’anglaise à peine elle c’est installé. Moi, je crève d’envie qu’elle me dise la raison de sa venue. Et le couperet tombe, quand elle prononce son prénom, je sais, quelque chose est arrivé. Henry, une vielle connaissance, on a passé tellement de semaine dans ce centre que ça forge une amitié. Pas du genre à se parler tout les jours, mais on a toujours su que l’un serai là pour l’autre. Il a déjà évoqué ces tracas, sa difficulté à rester sobre. Mais il semblais tenir bon, pour sa femme tout du moins. Alexandra prononce les mots fatidiques. Ça me fige sur place. Incapable de prononcer un mot. Merci. D’être venue me le dire. c’est tout ce qui sors. Je ne sais pas quoi dire, je ne sais pas quoi faire. Immédiatement je me dis que j’aurai peut être pu être là et pourtant, dans le fond, je sais que dans ces cas là, rien n’y personne ne peut y faire quoi que ce soit. C’est terrible, dramatique. Ça va ? T’arrive à absorber la nouvelle ? après tout, la jolie blonde et Henry avaient une situation relativement comparable. C’est le genre de nouvelle qui peut ébranler le château de carte qu’on se construit en restant sobre chaque jour. J’y ai retouché. le regard détaché, d’une voix faible et peu fier. J’avoue, je reconnais ma faute. Je ne sais pas si c’est le moment pour. Mais c’est un choque, la perte d’une connaissance à cause de ce fléau, je ne peut pas rester silencieux. Et par ricochet, en avouant, j’espère que je fais comprendre à Alexandra qu’elle n’aura jamais à avoir honte de me parler d’une quelconque faille si un jour elle en ressent le besoin.
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