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with  @Raelyn Blackwell     - soundtrack

La fin de l'année est venue et, dans son sillage, le temps des grands questionnements. Danaë retrouve une activité régulière à l'Octopus, là où tout a finalement commencé. Est-ce là aussi que les choses doivent se terminer ? L'éclat d'une ancienne conversation lui est revenu en mémoire, tel un vieux songe qui prendrait tout son sens à présent. Son ambition grandissante ne pourra tolérer qu'elle reste hôtesse en ce lieu, une fonction qui a certes des atouts, mais qui papillonne surtout à des années lumières de ses aspirations. Ainsi a-t-elle commencé à remuer ses propres pions, se bougeant le derrière et creusant ses méninges pour obtenir un rendez-vous chez les forces de l'ordre*. C'était une prise de température, qui aura eu le mérite de confirmer sa préférence de carrière. Pourtant, face à cette volonté se dresse une figure de l'ombre, le monument qui l'a tirée vers le haut en lui apprenant quelques ficelles, fort utiles au quotidien. Pour elle, cette chère blonde qui lui mène parfois la vie dure, Danaë a envisagé de remettre l'empire familial à flot - j'en serais capable, car de ce monde, elle possède un éventail de possibilités, façonnées dès le berceau. Avec l'aide de Siloé, et un marché à conclure ici bas, auprès du Club, nul doute que les protagonistes feraient fortune.

Néanmoins, c'est bien la criminologie qui retient son attention. Elle n'est probablement pas là pour les bonnes raisons, plus admirative du couple Monsieur J, miss Quinn que des véritables professionnels; mais qu'on lui laisse le soin de gratter dans l'encéphale de connards manipulateurs ou de grands sociopathes, et Danaë serait quasiment certaine de trouver son bonheur. Oui, je suis bizarre. Et alors ?
Pour l'heure, elle doit surtout amorcer une grande discussion, faire preuve de transparence à l'égard de sa mentor. Car c'est ainsi que brunette perçoit la Madone: plus qu'une boss, plus qu'une simple supérieure hiérarchique, Raelyn évoque quasiment la figure manquante, grandiloquente de son quotidien, celle qui peut la sermonner et, de concert, lui apprendre à s'élever. Aussi prend-elle son courage à deux mains, une grande inspiration, après avoir rangé son poste de travail, pour mieux se diriger en sa direction. Un raclement de gorge pour éviter de la surprendre, une main, quelque peu nerveuse, fait virevolter une mèche brune sur le côté. - Raelyn, j'ai besoin de quelques minutes avec toi. et, puisqu'il n'est jamais aisé de s'attirer les bonnes grâces de la blonde, - en privé. Il faut que j'te parle. non, cette fois, il ne s'agit pas de Cecilia. J'me suis débrouillée sur ce coup-là. Face à la lionne, Danaë tente de garder l'air impassible, lequel se fait gage de son sérieux. Ce n'est pas d'importance capitale, en soit, mais il serait délicat de réaliser pareilles démarches dans son dos. Cela, nul doute qu'elle n'apprécierait pas.
          

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sirens call
Raelyn Blackwell & @Danaë Lescaut ☆ crédit/fuckyougifs

Le procès approche et, bien que j’assure mes responsabilités au casino – nos responsabilités communes et qu’Amos ne peut assumer pour l’instant – je ne suis pas vraiment là. Inquiète pour lui et pour ce que l’avenir nous réserve, mon esprit s’égare et songe au procès, aux accusations et à la défense que mon époux a préparé avec mon avocat. Tétanisée par l’idée de le perdre, j’en deviens irascible et chaque client ou employé du Casino qui a le malheur de parler trop fort, de rire trop fort ou simplement de se trouver sur mon chemin subit mon courroux. En cet instant, je mérite la réputation de reines des glaces et de tyran que je me suis forgée. Mais je m’en moque. Je m’en moque parce que je suis terrorisée, je m’en moque parce que je suis en colère contre un Amos qui, en brisant les conditions de son assignation à résidence, nous a privé de l’opportunité de fuir, de quitter le pays avant que les choses ne risquent de tourner au vinaigre. Et tous mes instincts me hurlent que c’est ce que je dois craindre. Ils me hurlent que quelque chose de grave s’apprête à se produire, qu’il n'y aura plus de retour en arrière, mais je suis impuissante. Impuissante parce qu’Amos est de retour derrière les barreaux dans l’attente de son procès et que malgré les mots rassurants de Reagan, j’ai peur que l’issue ne soit pas favorable. Pour un crime de la nature de celui qui lui est reproché, mon âme-sœur risque bien plus qu’une tape sur le dos de la main et j’en suis consciente.

Je suis en colère contre moi-même, aussi. En colère et déchirée par la culpabilité. Le crime dont l’homme que j’aime plus que je ne m’aime moi est accusé est le mien, mais il n’y a rien que je puisse faire pour empêcher l’engrenage de la justice de le dévorer plus plutôt que moi. Si j’avouais aujourd’hui, nous serions punis tous les deux et ma fille serait privée de ses deux parents. Dieu que j’aurais voulu qu’Amos me laisse assumer les conséquences de mes actes moi et moi seule dès le début.

« Raelyn, j'ai besoin de quelques minutes avec toi. » Le raclement de gorge puis la voix qui s’élève derrière moi appartiennent tout deux à Dani, et je fais volte face avec la lenteur d’un prédateur. « en privé. Il faut que j'te parle. » Je lève un sourcil, les bras croisés sous ma poitrine, les longs ongles manucurés de ma main gauche enfoncés dans la peau de mon bras droit presque jusqu’au sang. « C’est urgent ? » Que c’est sensible ça je crois le deviner. En revanche, à l’aube du procès qui risque de chambouler mon existence et celle de ma gamine, elle a intérêt à ce que ce qui la pousse à solliciter une entrevue avec moi revête d’une importance vitale.

Un coup d’œil m’indique qu’elle ne bougera pas. Un autre qu’un semble lutter pour ne pas danser d’un pied sur l’autre, comme mal à l’aise de m’aborder. Elle aiguise ma curiosité, à défaut de m’apaiser d’une quelconque façon, à défaut d’endormir la pulsion d’agressivité et colère qui pulse sous ma peau à la recherche d’un coupable ou, à défaut, d’un bouc émissaire. « Mon bureau. » Je désigne l’escalier d’un signe du menton sans détacher mes bras mon corps. Je l’emprunte après elle, ne desserrant mes bras de mon corps qu’au dernier moment pour attraper la rampe de l’imposant escalier qui mène aux bureaux. Lorsque nous atteignons le mien, je referme la porte derrière la brune. Plutôt que de m’installer sur mon siège, j’ouvre la fenêtre et j’attrape une cigarette dans le paquet que je garde dans l’un des tiroirs, avant de l’allumer. Le tabac, qui m’a toujours aidé à garder mon calme lorsqu’une situation le nécessitait et que je n’étais pas certaine d’en être capable, fait bien peu de choses pour moi aujourd’hui. « T’as pas vraiment choisi le meilleur moment. » Ma cigarette dans une main, je pince l’arrête de mon nez de l’autre et masse le muscle entre mes sourcils, à la recherche de l’apaisement. « Fais vite, s’il te plait. » Aussi surprenant que cela puisse paraître, j’ai dit s’il te plait, fantastique, non ?

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Raelyn Blackwell & @Danaë Lescaut ☆ crédit/fuckyougifs

Plus le procès approche, plus la paranoïa, que je laisse habituellement à ma moitié – mon contamine à mon tour. Je me demande si Reagan fait tout ce qu’il peut pour construire un dossier solide à Amos. Contrairement à mon époux, je n’adhère pas en sa théorie selon laquelle l’ancien avocat aurait des vues sur moi - je sais qu’elle ne nait dans l’esprit d’Amos que parce que nous sommes séparés et que cela n’a jamais été bon pour sa santé mentale – mais j’en viens à me demander si le responsable juridique de l’Octopus n’aurait pas des vues sur le poste de directeur. La question ne prend racine dans aucun élément tangible. Une part de moi sait qu’elle n’est rien de plus que le résultat de mon agitation, de la peur panique que je ressens, qui me serre les tripes à l’idée de perdre mon essentiel.

Tous les sentiments négatifs du monde ne se sont jamais manifestés chez moi sous forme explosive, si l’on retire la jalousie et la possessivité de l’équation. Pour toutes les autres, je les gère à coup de froideur, de cruauté, d’implacabilité, je les gère en m’en coupant et en devenant une terrifiante main de fer dans un gant de velours. Me fréquenter, dans des moments comme celui-là, n’est agréable pour personne.

Alors lorsque Dani m’interrompt, je suis occupée à observer Reagan tout en tentant de faire appel à la part rationnelle de ma personne. La brune a au moins le mérite de m’empêcher de continuer à divaguer, de continuer à emprunter des chemins dangereux pour ma sanité d’esprit. Alors je l’accueille avec froideur, mais je l’accueille au moins : un ou une autre qu’elle n’aurait pas nécessairement eu la même chance. « Je sais… » Si tu le sais, alors pourquoi t’y risques-tu ? Une autre qu’elle aurait également reçu une réponse d’une condescendance rare, mais la jeune femme profite d’importants privilèges lorsqu’il est question de moi ; celui de pouvoir m’aborder quand d’autres ne s’y risqueraient pas en fait partie. « Si t'as besoin de temps ou.. N'importe quoi d'autre en fait, je peux t'aider avec ta fille.. Par exemple. » - « Je n’ai pas besoin d’aide avec Micah. » La phrase se teinte d’une froideur que même moi je regrette. Ma fille est la seule chose à laquelle il m’est offert de me raccrocher ces derniers mois, ma fille est le dernier précieux trésor qu’il est mon devoir de protéger et j’accepte à peine l’aide de Spencer, la concernant. La vérité, c’est que paraître faible – ce qui dans notre milieu devient automatiquement paraître comme une cible facile – me terrorise. Toutefois, je me radoucis – un peu – et au terme d’un long soupir, j’ajoute tout de même. « J’ai besoin de toi à l’Octopus. J’ai besoin de toi pour être mes yeux et mes oreilles, plus encore qu’en temps normal. » Parce que moi, je ne peux pas être autant là et gérer autant de choses que je le voudrais, pour d’évidentes raisons.

« J'ai l'intention de postuler en criminologie, et.. J'espère obtenir un poste d'apprentie dans une cellule psy' des forces de l'ordre. » Sa déclaration rapide et maladroite – elle a toujours conservé un soupçon de nervosité lorsqu’elle s’adresse à moi – me surprend et me fait écarquiller les yeux. Pour la première fois depuis des semaines, une émotion se dessine sur mon visage. Colère, sentiment de trahison. « Je te demande pardon ? » La question est rhétorique. Dis moi que j’ai mal entendu, Dani. « Rien n'est fait. Je voulais t'en parler et t'avertir avant toute chose. » Je l’observe avec, dans le fond de l’œil, l’air de ceux qui ne réalisent pas tout à fait que la scène qui se déroule est réelle. J’ai perdu Aaron sous les balles des forces de l’ordre. Mon époux et âme sœur s’est vu passer les menottes aux mains et se trouve à présent derrière les barreaux. Pense-t-il qu’il y a ne serait-ce qu’une infirme chance que je réagisse bien à cette annonce. « Dis-moi que c’est encore une idée idiote de ta part pour tenter de m’impressionner. » En temps normal, je suis moins désagréable avec elle. Il semblerait qu’elle ait perdu ses privilèges en m’annonçant ce genre de chose. « Dis-moi que tu t’es simplement dis - » Que tu as été sotte au point de te dire. « - que c’était une bonne idée, une façon d’avoir quelqu’un à l’intérieur, chez l’ennemi. » Parce que c’est ce qu’ils sont. C’est ce qu’ils sont tous.

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Raelyn Blackwell & @Danaë Lescaut ☆ crédit/fuckyougifs

« Je peux doubler mes heures, si ça t’arrange. » Je hoche la tête d’un air distrait. Un c’est entendu qui ne passe pas la barrière de mes lèvres puisque je ne suppose pas que la brune ait besoin de l’entendre. C’est entendu, avais-je simplement besoin de l’entendre me le proposer de vive voix tant, à mon sens, il paraît évident qu’elle obéira si je donne un ordre. A ma décharge, j’en donne peu. Je me contente généralement de vagues consignes en espérant – non, en sachant – qu’elles me suffisent pour être exaucée, qu’il soit question de Dani ou d’un ou d’une autre. Je ne lève pas non plus le ton, pratiquement jamais. Je préfère une terrifiante froideur à la plus explosive des colères. Je suis persuadée que la première est bien plus efficace, que l’expression de la fureur est l’apanage de ceux qui veulent se faire respecter mais sans en avoir l’étoffe. Mitch ne m’a jamais semblé plus ridicule que lorsqu’il sortait de ses gonds, quand j’étais à la place de seconde. J’avais bien plus d’ambition que Danaë, de toute évidence.

Les forces de l’ordre. Est-ce donc ça, son brillant plan d’avenir ? Ai-je passé autant d’année à la façonner pour qu’elle devienne la semblable de ces crétins qui, parce qu’ils ont une arme à feu ou une matraque à la ceinture, pensent être les maîtres du monde ? N’a-t-elle pas assez évolué à mes côtés pour savoir que ceux qui établissent les règles du jeu, qui contrôlent le jeu, ce sont ceux qui évoluent loin des projecteurs, les rois et reines des profondeurs et des bas-fonds ? Je croyais qu’elle recherchait le pouvoir, ma protégée. Pense-t-elle qu’elle pourra en acquérir ne serait-ce qu’une fraction en passant de l’autre côté ? Qu’elle ne soit pas dupe, ce dont elle parle, c’est de changer de camp, seule une idiote pourrait croire que les deux mondes son conciliables. « C'est probablement une idée idiote, j'en conviens… Pour le peu de chances que j'ai, de toute façon. » - « Tu serais chanceuse d’échouer, ça te sauverait au moins de ta bêtise, si tu me demandes mon avis. » Mais ce n’est pas réellement ce qu’elle est en train de faire, non ? Ou en tout cas, elle ne demande pas mon aval, et force est de constater que cela m’irrite. « J'me suis dit que.. J'suis assez fucked-up pour être douée là-dedans. » Insensible à ses arguments, je l’observe avec une mine sévère. Je la détaille, un rictus agacé mon minois, pas particulièrement rassurée de ressentir enfin quelque chose. Amos m’a abandonnée. Dani va le faire à son tour. « Comme Harley Quinn, si on veut.  » - « Est-ce que j’ai vraiment la gueule de quelqu’un qui va savoir de quoi il s’agit ? » Pense-t-elle que je passe mes soirées devant la télévision, un livre, une série ou que sais-je ? Croit-elle qu’on devient qui je suis en se berçant de conneries d’histoires à dormir debout ? En rêvant être quelqu’un d’autre, un personnage de fiction, plutôt qu’en se tuant à la tâche pour le devenir ? « J'sais rien faire d'autre, que de manipuler et rentrer dans la tête des gens. Si j'suis pas ça. Je suis juste celle qui écarte les cuisses contre des liasses de billets. » Je pousse un soupir, avant de secouer la tête, désabusée, et de porter ma cigarette à mes lèvres. « Ne t’ai-je pas montré que tu peux être bien plus que ça ici ? » N’est-elle pas passée du statut de prostituée, à peine une intrigante débutante, à personne vers laquelle je me tourne lorsque j’ai besoin de soutirer des informations avec délicatesse et douceur ou lorsque j’ai besoin d’un joli minois pour manipuler les esprits ? « Je ne te dirai pas ce que tu dois faire. » Mais elle sait clairement de quel côté de la barrière je me place. Ma cigarette écrasée sur le rebord du bâtiment et abandonnée dans le cendrier posé sur le rebord de la fenêtre, je m’en détourne pour face face à la brune, mains accrochées au dossier de ma chaise de bureau. « Mais tu ne peux pas tout avoir. Et je ne pensais pas qu’il était encore nécessaire que nous ayons cette discussion. » J’ai l’impression qu’il s’agit de la centième fois. « Si tu veux terminer tes études, ouvrir un cabinet de psychanalyse ou que sais-je, je m’en moque. » Je le prouve d’un geste nonchalant de la main. « Mais si tu crois que je vais te laisser m’insulter - » Me planter un coup de couteau dans le dos, voilà comment je le vois. « Alors tu es naïve. »

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Raelyn Blackwell & @Danaë Lescaut ☆ crédit/fuckyougifs

« Si je peux bénéficier des programmes du gouvernement en matière de psychologie et d'espionnage.. J'pourrais faire beaucoup plus que ça. » - « Tu veux devenir une petite espionne du gouvernement, toi ? » Je lève un sourcil, autant courroucée qu’amusée qu’elle ne voit pas plus loin que le bout de son nez – et toutes les raisons qui font que son idée est la plus idiote de toutes. « Et dis-moi, comment tu vas faire quand le gouvernement lancera des background check sur toi et toute ta famille ? Quand ils se renseignerons sur ton identité et la façon dont tu es entrée dans le pays ? » Je n’ai jamais posé à Dani les questions qui dérangent. Mais comme tous les oisillons tombés du nid, je n’ai pas le moindre doute quant au fait qu’elle tait une histoire qu’elle préfèrerait certainement voir enterrée. Dieu qu’elle est idiote. « Vouloir évoluer en pleine lumière, c’est possible quand on a rien à cacher, Dani. » Son surnom, habituellement signe de familiarité voire d’affection, dans mes bons jours, sonne comme une insulte aujourd’hui. Je le crache sur un ton d’une condescendance rare, consciente qu’elle joue d’un mauvais timing et que dans d’autres circonstances j’aurais été, si pas plus compréhensive et docile, moins agressive avec elle. Sauf qu’elle est sotte au point de se lancer dans ce genre de projet insensé alors que mon mari croupit derrière les barreaux dans l’attente de son procès et que je tremble à chaque seconde à l’idée de le perdre.

« Je ne veux pas t'insulter ! C'est pour ça que je suis venue te voir ! » - « Pourquoi alors ? Parce que tu pensais que j’allais te le passer, que je te passerais tout parce que tu es toi ? » Et que j’ai confiance en elle, que je lui ai passé beaucoup de lubies, consciente qu’elle m’a aidée quand j’ai repris le contrôle du gang. Consciente qu’elle est un atout précieux, aussi, mais pas si elle se met ce genre d’idiotie en tête et pour cause : je serais incapable de lui faire confiance, si d’aventure elle parvenait à s’engager dans les forces de l’ordre. « Disparais de ma vue Dani. » Je le marmonne presque dans ma barbe – ce qui ne me ressemble pas, j’en conviens – et en me massant les tempes, signe de mon irritation croissante. Sauf qu’elle ne le fait pas, parce qu’elle en a des choses à dire, visiblement. Parce qu’elle a décidé qu’aujourd’hui était le bon jour pour faire sa crise d’adolescence, qu’elle a jugé qu’à quelques semaines du procès de mon époux et âme-sœur, le moment était bien choisi pour se rebeller et me tenir tête.  

« Oui, j'pourrais ouvrir une boutique d'antiquités, un cabinet de curiosités et développer un trafic de reliques; oui, je saurais faire, oui, ça reste une option et ça pourrait nous être bénéfique à toutes les deux. Mais même là, j'doute que ce soit encore assez bien à tes yeux. » Il en faut bien plus pour attendrir mon cuir. Alors je l’observe, insensible, les lèvres pincées et le regard un semblant fatigué par cette conversation. « Et tu penses que te lamenter sur ton sort et mon manque de considération va t’aider à la gagner ? » Elle sait que je ne respecte que la force, la loyauté et la ruse. Elle sait que même elle ne peut m’attendrir en me servant la larmoyante scénette de l’apprenti jamais à la hauteur des immenses attentes de son maître. « Quoi que tu puisses penser, quoi que tu puisses ressentir. J'suis pas ton ennemie. » Impassible je l’observe se battre contre des moulins à vent. Mon visage est fermé. Ma mâchoire serrée. N’importe qui me connaissant un minimum saurait deviner que Danaë ne va pas aimer la suite de cette conversation, que mes nerfs, pourtant réputés pour être d’acier, son sur le point de lâcher dans un claquement sinistre. Le claquement que produit un fouet sur une chair nue. « J'suis peut être naïve, immature et insensée. Mais je n'en reste pas moins honnête et loyale, au minimum envers toi. Tu pourras me rembarrer comme tu veux, ça reste la vérité. » - « Si tu fais ça, tu deviendras mon ennemie. Que ça te plaise ou non. Que ta petite tête arrive à l’intégrer ou pas. » Si elle fait ça, trahira, elle me laissera elle aussi. « Tu as fait des choix. Et je t’ai prévenue à l’époque que ce n’était pas le genre de décision sur lesquelles tu pourrais revenir plus tard. » L’affection que j’ai pour elle ne changera rien, pas quand la colère et le sentiment de la traitrise m’étreignent les tripes. « Alors réfléchis bien. Demande-toi si ça vaut la peine de cracher sur tout ce que tu as construit ici et que tu pourras encore construire si tu oublies ces conneries. » Lorsque l’on devient mon ennemie, on en revient pas. Lou Aberline peut en témoigner. Ou pas, justement.