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@Helen Stenfield  ☆ crédit/ purplespoiler

Le dispensaire est peu à peu devenu son nouveau lieu de prédilection. Depuis qu’elle a retrouvé le plaisir de mettre les pieds là-bas, Olive n’arrive plus à se contenter de quelques visites uniquement, non au contraire, elle y passe bien des heures et des heures. C’est un peu devenu son Havre de paix, ce qui est très étrange quand on connaît son passé chaotique envers le Saint-Vincent. À vrai dire, ce n’est pas le lieu même qui a causé tant de troubles chez la jeune femme, c’est plutôt une seule et unique personne. Olive, c’était la gamine fière de parcourir les couloirs de l’hôpital avec sa blouse blanche. Fière de pouvoir un jour espérer devenir chirurgienne. Bien sûr, ça n’avait pas toujours été son rêve, c’était même tout l’inverse puisque c’étaient avant tout ses parents qui l’avaient poussé à suivre cette voie, parce que c’était prestigieux, parce que c’était ce qu’elle devait être. Au début, elle avait eu des craintes à l’idée que la marche soit trop haute pour elle, mais finalement, elle avait adoré la complexité de ce métier. Bien sûr, elle n’était encore qu’au début de son aventure en tant qu’interne, mais ça avait été de courtes années pleines de sensations. Malheureusement pas que de bonnes sensations. Olive, elle avait aussi découvert la pression, et la haine sans fin des résidents. De ceux qui pensaient être mieux que n’importe qui dans ce bas monde et qui en profitaient sans avoir le moindre scrupule pour détruire les autres. Peut-être qu’au fond, c’est juste qu’Olive Sterling n’était pas faite pour ce milieu de requin. Elle était trop sensible, trop émotive pour pouvoir s’en sortir sans la moindre embûche. Alors, la médecine avait eu raison d’elle, la plongeant dans un état de lamentation. Une fin obscure et intense pour la jeune Australienne qui ne rêvait que de réussite. Elle aurait aimé avoir le courage nécessaire pour affronter une journée sans avoir une boule au ventre, elle était douée oui, mais ce n’était pas suffisant.

Alors, après trois années à broyer du noir, à se demander ce qu’elle pourrait devenir, le destin avait fait tourner la roue des possibles. Ce n’était pas encore le terminus, mais le train était dans la bonne direction et c’était déjà ça. Choisir de reprendre du bénévolat au dispensaire avait attiré du bon et elle espérait que cela pourrait durer. Retrouver le contact des patients sans le stress d’un supérieur qui lui tombe dessus était un grand soulagement. Ici, personne ne pourrait lui dire comment se comporter, et comment agir puisqu’elle n’était que bénévole. Les urgences n’étaient pas de son ressort, ni quoi que ce soit d’autre. Olive, était là pour donner de son temps et c’était tout. Forcément, elle appréciait de pouvoir intervenir de temps en temps sur des petites interventions sans conséquences en cas d’erreur, des cas simples qu’elle avait appris par cœur à l’école. C’était son petit plaisir à elle. Aujourd’hui ne changea donc pas sa routine. La queue-de-cheval battant dans son dos, Olive enfila la blouse blanche du dispensaire, accrocha son badge bénévole à la poche et inspecta le planning des tâches. C’était une routine qu’elle avait appris à apprécier au fur et à mesure des jours et dont aujourd’hui, elle ne pouvait plus se passer. Sur sa liste, quelques prises de sang, des diagnostics de gastro et ce type d’habitude l’attendaient patiemment. Elle était prête pour affronter cette nouvelle journée, en attendant de faire autre chose de son existence. Elle passa voir la première personne sur sa liste, un sourire radieux accroché à son visage. Persuadée, que rien ne pourrait entacher cette belle journée. Olive passa la tête à travers le rideau qui servait à garder un peu d’intimité entre les patients. Le sourire sur son visage se figea en apercevant la silhouette si reconnaissable qui avait doucement gâché sa passion pour la médecine. Son estomac se serra avant même que les mots ne puissent sortir de sa bouche. Olive aurait aimé opérer un demi-tour, faire comme si elle ne venait pas de tomber sur le Docteur Stenfield, comme si son pire cauchemar n’était pas en train de lui faire face, mais elle était clouée sur place.

Le silence régnait dans la chambre ce matin, seule la respiration parfois un peu plus bruyante de Sam le brisait. Le réveil sur la table de chevet à sa droite indiquait une heure bien trop matinale, mais Helen n’arrivait pas à retrouver sommeil. Elle s’était réveillée pour aller aux toilettes (charmant hein, mais ça arrive à tout le monde). Depuis, il lui était impossible de se rendormir. Elle fixait le plafond, s’interrogeant sur la probabilité de le repeindre prochainement pour égayer un peu la pièce. Et puis, elle se souvenait qu’elle manquait de temps pour ce genre de choses, jamais elle n’arriverait à caser ce type d’activités dans son emploi du temps surchargé de chirurgienne. Sam dormait profondément à ses côtés, sans savoir qu’elle l’observait à plusieurs reprises, lorsque sa respiration lui rappelait sa présence. La jeune brune aurait pu le contempler avec amour, puis le réveiller tout en douceur, pour finalement se perdre dans ses bras. Pour cela non plus, elle avait le sentiment de ne plus avoir le temps… alors qu’au fond, c’était simplement un manque d’envie. Elle se voilait complètement la face. Helen prit la décision de se lever plus tôt, pour aller travailler plus tôt. Cela ne lui servait à rien d’attendre bêtement dans son lit, elle détestait cette sensation de perdre du temps. Elle se hissa furtivement hors des draps, sans même faire frémir Sam qui poursuivait sa nuit. Helen s’empara uniquement de vêtements propres, qu’elle enfila rapidement. Hors de question de se faufiler sous la douche et de prendre le risque de réveiller son mari. Au besoin, elle utiliserait les douches de l’hôpital.

Son arrivée fut donc très matinal ce jour-là, ce qui lui permettrait de prendre de l’avance dans son planning. Blouse enfilée, cheveux attachés en chignon, elle était prête à affronter une nouvelle journée sous pression. Elle fit le tour de ses dossiers, estimant l’urgence ou non de telle ou telle opération. « Docteur Stenfield, nous avons besoin de vous au dispensaire ce matin. Une fracture du genoux, visiblement. » Helen délaissa sa paperasse pour s’y rendre, par chance elle était libre de pouvoir s’y rendre dès maintenant, ce qui n’était pas toujours forcément le cas entre les opérations, les consultations, les suivis. Avant de venir s’adresser au patient, Helen prit le temps de parcourir son dossier laissé par les infirmiers. « Monsieur Millers, je suis le docteur Stenfield, je vais vous examiner. D’après le dossier, vous avez mal au genou depuis votre chute en moto, c’est cela ? » Avec douceur, Helen ausculta la partie dite sensible chez son patient, qui grimaça très fortement. Il n’eut pas besoin de répondre, son visage parlait pour lui. Son genou était très gonflé, il semblait effectivement y avoir un souci. « Il semble y avoir une fracture de la rotule. Une radiographie nous le confirmera très vite. Je vais vous appeler quelqu’un pour qu… »  Helen n’eut pas le temps de terminer sa phrase qu’une tête passait à travers le rideau qui séparait Mr Millers d’un autre patient. La chirurgienne leva les yeux vers son ou sa collègue, et reconnut très rapidement son ancienne interne, Olive Sterling. Personne n’aurait pu rater son sourire s’effacer en la voyant, Helen en aurait fait tout autant si elle était tombée sur son boureau. Elle était pleinement consciente d’avoir joué un rôle important dans la démission de la jeune femme, si ce n’est le rôle principal. « Mademoiselle Sterling, vous tombez à point nommé. Pouvez-vous programmer une radio pour Monsieur Millers, je suspecte une fracture de la rotule. » Helen ne souriait pas, mais elle n’était pas non plus aussi désagréable qu’elle aurait pu l’être. La surprise ne l’envahissait pas, elle avait eu vent du retour de la jeune femme en tant que bénévole, elle entendait elle aussi les bruits de couloir. Pour autant, si elle ne sautait pas au plafond, une partie d’elle semblait ravie qu’elle n’abandonne pas complètement cette voie dans laquelle elle avait souvent excellé, elle devait bien l’avouer. « Pourriez-vous me dire ce qui me fait supposer la fracture ? » C’était une question très simple, le cas n’était pas compliqué du tout et relevait d’une situation de première année d’internat, et encore. Helen voulait s’assurer qu’elle n’avait pas perdu de ses connaissances. Rien qu’à voir les échymoses et le déplacement anormal de l’os visible sous la peau, n’importe qui était apte à pencher pour la fracture.

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@Helen Stenfield  ☆ crédit/ purplespoiler

« Mademoiselle Sterling, vous tombez à point nommé. Pouvez-vous programmer une radio pour Monsieur Millers, je suspecte une fracture de la rotule. » Si à cet instant précis sa mâchoire avait pu se décrocher complétement, elle se serait lourdement étalée sur le sol dans un fracas monumental. Olive s'était doutée que tôt ou tard, elle devrait recroiser le Docteur Stenfield, que tôt ou tard, elle serait amené à devoir lui répondre au doigt et à l’œil comme si jamais rien n'avait été différent, comme si des années ne s'était pas écoulées depuis cette fois où elle avait déposé sans un mot sa lettre de démission à la chirurgienne. Mais elle s'était pas attendue à ce que ce moment soit là et maintenant. C'était clairement pas dans ses plans. Olive bégaya ne sachant quoi répondre sur l'instant, cette vision la troublait au plus haut point. Sûrement était-elle dans un rêve absolu. En tout cas, tout cela ne pouvait clairement pas être la réalité. Si ses jambes voulaient bien lui obéir, Olive ferait certainement un demi-tour soudain sur elle-même, mais son corps ne répondait plus de rien, complétement paralysé par la surprise, et sûrement un peu par la peur. « Pourriez-vous me dire ce qui me fait supposer la fracture ? » Son cœur s'emballa. Tout d'un coup, elle ne savait plus réfléchir, elle ne savait plus comment agir, tout était complétement embrumé dans son esprit. C'était dingue de savoir à quel point cette femme avait de l'emprise sur elle, à quel point sa simple présence pouvait devenir un bloc de glace pour Olive. La brune inspira, une fois, deux fois, trois fois, juste assez pour reprendre contenance. Assez pour laisser l'oxygène reprendre sa place dans ses poumons. "Tu peux le faire Olive" Un nouvelle inspiration lui permettant de ne pas flancher. Olive releva ses yeux vers la chirurgienne, puis vers le patient. « Je vais programmer la radio. » Elle avala un peu trop bruyamment sa salive avant de reprendre. « Mais ce sera là uniquement mon aide Docteur Stenfield. » Non pas qu'elle ne voulait pas l'assister, non pas qu'elle n'était pas plus que partante pour résoudre une énigme. Ce n'était juste plus son rôle depuis longtemps maintenant, et à défaut du reste, Olive savait au moins cela. Reprendre une place au dispensaire n'avait pas été facile, parce qu'elle avait encore beaucoup de craintes à traverser les murs d'un hôpital depuis son départ précipité. Sauf qu'en revenant ici, elle s'était promis de ne pas surpasser ses propres capacités, et surtout de ne pas se faire plus de mal que de raison avec des suppositions qui ne sont pas de son ressort. Olive aimait l'optique de devenir un jour une grande chirurgienne, de pouvoir à son tour former des internes et devenir un espère de challenge pour eux, mais ce n'était aujourd'hui plus ce qu'elle avait en tête, plus ce qu'elle pouvait atteindre en tout cas et c'était mieux ainsi. Pour sa propre santé avant tout, et ça, elle en était pleinement consciente. Olive n'avait pas envie de replonger, pas envie de revivre l'enfer, c'était hors de question. Que cette femme soit Satan en personne ou non, elle n'agirait que dans ses propres possibilités, et celle de donner un diagnostic précis n'est plus le sien. Olive est bénévole, pas la poupée d'un docteur trop aigri pour laisser de la lumière aux autres. « Je suis navrée Docteur Stenfield, mais je ne pourrais rien faire de plus pour vous. » Et elle ne se battrait pas pour obtenir une place qu'elle n'atteindra jamais. De toute manière, Olive sait que quoi qu'elle dise, ce ne sera pas assez bien pour la chirurgienne. Olive Sterling n'avait plus rien à prouver à personne, encore moins à cette femme. « Monsieur Millers, je passerai vous prévenir quand la radio sera libre. » "D'ici là, bon courage pour supporter cette mégère" Elle le pensait fort, mais n'ajouta rien de plus avant d'être prête à tourner les talons pour effectuer sa base-besogne.

Les vieux démons d’Helen étaient de retour, sans grande susprise. Elle lui posait une question comme elle l’aurait fait en tant qu’interne, sauf que ce statut ne lui appartenait plus. Qui plus est, la chirurgienne osait le faire devant le patient qui attendait qu’on daigne lui faire sa radio, car son genou semblait véritablement lui faire un mal de chien. Il ne semblait pas prêt de l’avoir, car Olive donnait comme l’impression d’être sur pause. Helen l’attendait tellement au tournant, que ses quelques secondes de silence lui semblèrent être une éternité. « Je vais programmer la radio. Mais ce sera là uniquement mon aide Docteur Stenfield. » Comment ? Elle ne se risquait pas à répondre à sa question ? Elle n’oserait pas, pas devant un patient qui était susceptible de perdre confiance en leur capacité à bien s’occuper de lui ? « Je suis navrée Docteur Stenfield, mais je ne pourrais rien faire de plus pour vous. » Et bien, visiblement c’était le cas. Elle pouvait l’être, oui, elles perdaient toutes les deux toute crédibilité auprès de ce fameux Monsieur Millers. Il n’y avait rien de tel pour qu’Helen oublie ses remords et reprenne son rôle de tyran auprès de son ancienne interne. Parce que même si elle n’était plus son interne, elle ne pouvait pas se permettre de remballer une chirurgienne de l’établissement devant un patient. Même poliement. Helen restait l’une de ses supérieures hiérarchiques. « Monsieur Millers, je passerai vous prévenir quand la radio sera libre. » Oh, elle n’allait pas la laisse filer si facilement. Olive venait d’enclencher le mode tyrannique chez la chirurgienne. « Vous permettez Monsieur Millers, je préfère accompagner Mademoiselle Sterling. J’avais oublié qu’elle abandonnait trop facilement ses obligations. » Elle marqua une très courte pause en fixant le dos de la jeune femme, qui n’était pas encore partie. « J’ai bien peur que sinon, vous ne la passiez jamais cette radio. » Et puis, comme pour alléger l’ambiance qui était subitement devenue très lourde, elle ajouta avec le sourire : « Vous savez, les jeunes, ils bavardent dans les couloirs et ils oublient ce qu’ils ont à faire. » Helen se leva de son tabouret sur lequel elle s’était assise pour ausculter Monsieur Millers, pour se dresser aux côtés d’Olive. « Surtout n’essayez pas de vous lever tant que nous n’avons pas les résultats de la radio, vous risquerez d’aggraver la fracture. A tout à l’heure, Monsieur Millers. » Sur ces paroles, la chirurgienne et Olive quittèrent le box. Mais si cette dernière pensait pouvoir s’échapper comme elle avait essayé de le faire, elle se fichait le doigt dans l’œil. Helen n’avait pas apprécié ses paroles, alors elle comptait bien le lui montrer en sortant à nouveau les crocs. Lorsqu'elle fut assurée qu'aucun patient ne puisse entendre leur conversation, elle cracha presque : « La prochaine fois que vous me mettez dans une telle situation, sachez que vous ne serez plus la bienvenue dans cet hôpital, ni même dans ce dispensaire. Que vous ne soyez plus interne ici c'est une chose, mais cela ne vous donne pas le droit d’esquiver une question qui laisserait ce patient croire à mon incompétence. » Helen avait saisi l'opportunité d'entendre Olive redevenir brillante à nouveau. Depuis son départ, peu d'interne avait su impressionner la jeune brune. Dire qu'elle n'avait jamais songé à la contacter pour s'excuser d'avoir toujours été si vache serait mentir. Helen avait longuement hésité, plusieurs semaines après sa démission. Trouver ses coordonnées n'aurait pas été si difficile, en général les internes étaient toujours cul et chemise entre eux, il lui aurait suffit d'en faire chanter un pour avoir son numéro de téléphone. Ou bien, elle aurait aussi très bien pu regarder dans son dossier. En tant que chirurgienne, elle pouvait y avoir accès. Après réflexion, la chirurgienne n'avait pas souhaité se montrer en position de faiblesse, ou laisser entrevoir qu'elle pouvait avoir du cœur. Pas après toutes ces années à jouer le tyran, ce serait perdre en crédibilité après aux yeux des autres internes si Olive était allée raconter ça après. C'était bien dommage... et la tournure de leurs retrouvailles ne laissait rien présager de bon. Helen aurait pu ravaler sa fierté, faire en sorte d'être véritablement agréable et lui laisser sous-entendre qu'elle manquait à la promotion d'internes à laquelle elle avait appartenu. Que nenni. « Vous me décevez terriblement. »  Elle soupira bruyamment, comme pour accentuer ce ressenti en elle. « Vous me direz, ça me rappelle nos années de travail ensemble. Votre démission était peut-être finalement la meilleure décision à prendre. » Même si Helen laissait sous-entendre qu'elle ait pu penser le contraire à un moment, la dureté de ses mots ne contribuait qu'à descendre Olive, une nouvelle fois.

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@Helen Stenfield  ☆ crédit/ purplespoiler

 Son cœur se resserre douloureusement dans sa poitrine, lui laissant un goût amer dans la bouche. Olive elle aurait aimé hurler à l'instant, au mieux disparaitre complétement de cet endroit, mais à la place, elle n'arrivait même pas à faire un pas devant l'autre. Totalement figée face aux propos de la chirurgienne. Elle avait tenté d'être précise Olive, de faire comprendre au tyran que peu importe qui elle était, l'Australienne n'était qu'une bénévole ici et qu'ainsi, elle n'avait d'ordre à recevoir de personne. Donner de son temps, oui avec plaisir, ce faire injurier, c'était non. Du moins Olive n'avait pas signé pour ça. « Vous permettez Monsieur Millers, je préfère accompagner Mademoiselle Sterling. J’avais oublié qu’elle abandonnait trop facilement ses obligations. » Premier coup de poing das son estomac. Voilà qu'elle tapait fort et que les choses ne changeaient définitivement jamais avec elle. Hélen Stenfield resterait toujours cette femme ingrate qui pense que le monde lui appartient. Olive elle ne sait quoi répondre, dansant d'un pied à l'autre, espérant que le patient suffoque pour détourner l'attention du docteur et qu'elle puise filer à toute jambe à travers le dispensaire. Olive espère que la brune change d'avis, qu'elle se rende compte à quel point son comportement est débile et qu'Olive n'est plus une de ses internes qui a besoin d'un chaperon pour une tâche aussi facile. Dieu qu'elle déteste cette femme. Ce qui est bien trop rare chez Olive pour ne pas le souligner. « J’ai bien peur que sinon, vous ne la passiez jamais cette radio. » La colère s'installe peu à peu, mais Olive n'est pas de ces personnes qui perdent du temps à expliquer aux autres en quoi ils sont des gros cons. Elle est plus du genre à garder le positif, à démontrer que ce n'est pas grave, c'est juste une mauvaise passe. Mais cette fois, elle ne tenait plus, refusant de se faire encore malmener de la sorte alors qu'elle n'était plus le toutou de la chirurgienne.  Mais ça ne lui ressemble pas à Olive de sortir de ses gonds et d'envoyer le monde aux enfers, même si tout d'un coup, ce n'est pas l'envie qui lui manque. « Vous savez, les jeunes, ils bavardent dans les couloirs et ils oublient ce qu’ils ont à faire. » Olive lève les yeux au ciel à cette remarque. Ce n'est pourtant pas elle qui monopolise la conversation depuis trop longtemps maintenant pour qu'Olive puisse compter les minutes. « Surtout n’essayez pas de vous lever tant que nous n’avons pas les résultats de la radio, vous risquerez d’aggraver la fracture. A tout à l’heure, Monsieur Millers. » Voilà au moins quelque chose de censée ans la bouche de cette vipère. Olive n’attend pas son reste en opérant un demi-tour lui permettant de sortir de la zone d’auscultation. « La prochaine fois que vous me mettez dans une telle situation, sachez que vous ne serez plus la bienvenue dans cet hôpital, ni même dans ce dispensaire. Que vous ne soyez plus interne ici c'est une chose, mais cela ne vous donne pas le droit d’esquiver une question qui laisserait ce patient croire à mon incompétence. »  Olive inspira un grand coup pour se donner du courage même si jambes étaient clairement entrain de flancher sous elle. « Docteur Stenfield. » Elle marqua une pause pour s'encourager un instant. « Vous n'êtes aujourd'hui plus en mesure de me dire quoi faire, ou comment faire les choses. Comme je ne suis personne pour répondre à vos questions qui ne me concerne même plus. » Olive était bénévole bordel, pas l'assistante personnelle de Madame Stenfield. Pour qui se prenait-elle au juste cette mégère ? Olive était patiente, sûrement trop encore pour subir une nouvelle slave de rage de la part de la chirurgienne. Elle voulait donner de son temps oui, mais pas à ce prix. Pas si cela voulait dire rejoindre ses démons encore et encore. « Vous me décevez terriblement. » Cela faisait trois ans qu'elle se décevait elle-même, alors elle n'était plus à personne près pour lui dire. Pour toute réponse, Olive hocha péniblement les épaules. « Vous me direz, ça me rappelle nos années de travail ensemble. Votre démission était peut-être finalement la meilleure décision à prendre. » Et sur ces mots, Hélen avait parfaitement raison. « Votre avis ne compte plus depuis longtemps. » Et si cela avait vraiment eu une importance, c'était avant que son monde ne tombe en ruine. « Je ne suis pas revenue pour subir votre mauvaise foi docteur. Et j'imagine que vous avez bien mieux à faire également. » Olive avala bruyamment sa salive, se défilant une nouvelle fois. « Il est préférable que vous terrorisiez une autre âme pour cette fois. Je ne jouerai pas à ce jeu avec vous. » Et plus jamais elle ne se laisserait marcher sur les pieds par cette femme. Trois ans d'enfer, c'était largement suffisant.

La démission d’Olive laissait un goût amer dans la bouche de la chirurgienne. Au fond d’elle, Helen savait qu’elle était la cause de son départ. Elle avait ressenti sa rancœur et sa déception de ne jamais avoir su être brillante à ses yeux. Pourtant, Olive l’avait été, maintes et maintes fois, sans jamais qu’Helen ne daigne lui faire savoir et la complimenter. Elle entendait encore son père lui rabâcher qu’il ne fallait jamais se montrer trop gentil au travail, que si elle faisait preuve de trop de bienveillance, ses collègues n’hésiteraient pas un jour à lui marcher dessus, ou à lui faire des coups en douce. Il fallait penser qu’à soi-même, c’est tout. Cette pression qu’exerçait son père sur elle, même à l’hôpital, épuisait la jeune femme. Cette cruauté envers ses internes la fatiguait, mais aujourd’hui il lui semblait difficile de faire machine arrière. Et puis, c’était comme une question d’habitude. Il lui suffisait d’ouvrir la bouche aujourd’hui pour qu’une remarque cassante ne sorte. C’était presque devenu facile d’être la méchante chirurgienne. « Docteur Stenfield. Vous n'êtes aujourd'hui plus en mesure de me dire quoi faire, ou comment faire les choses. Comme je ne suis personne pour répondre à vos questions qui ne me concerne même plus. » Quand bien même, le silence d’Olive fasse à une question aussi facile la décevait. Si vraiment elle s’était sentie passionnée et motivée par le travail de chirurgien, elle lui aurait répondu. Helen voyait en ce manque de réponse une manière détournée de lui prouver, encore une fois, qu’elle n’avait peut-être pas toujours pris tout cela au sérieux. « Votre avis ne compte plus depuis longtemps. » Savoir que le contraire fût le cas lui fit un léger pincement au cœur. Oh que de contradictions en elle. « Je ne suis pas revenue pour subir votre mauvaise foi docteur. Et j'imagine que vous avez bien mieux à faire également. Il est préférable que vous terrorisiez une autre âme pour cette fois. Je ne jouerai pas à ce jeu avec vous. » Et voilà, Olive disait à voix haute ce que les internes n’osaient jamais dire : elle les terrorisait. S’ils voulaient éviter toute forme de représailles et continuer à apprendre à ses côtés, ils préféraient encaisser et se taire. L’ex interne donnait le sentiment d’avoir des ailes pousser, libérant cette rancœur qu’elle n’avait pas été capable de lui cracher au visage le jour où elle lui avait remis cette lettre entre ses mains. « Je ne joue pas, Mademoiselle Sterling. On ne joue pas dans un hôpital, nous sauvons la vie de patients. » Gronda-t-elle. C’était un fait, Helen savait que ses internes la craignaient. Pour autant, elle ne venait pas travailler tous les matins en réfléchissant à comment elle s’y prendrait. C’était aussi grandement en partie parce qu’ils se montraient exaspérants qu’elle arrivait si facilement à les recaler. « Et pour sauver la vie de patients, un chirurgien doit acquérir un certain nombre de compétences, dont la capacité à savoir maîtriser ses émotions. Je ne m’excuserai pas d’avoir longtemps pensé que vous n’aviez pas suffisamment la tête sur les épaules. » Être brillante ça ne faisait pas tout, la maîtrise émotionnelle était primordiale dans ce boulot. « Vous n’avez visiblement jamais réussi à accepter mes remarques. Même si elles étaient dures, elles étaient là pour vous faire avancer. » Tant pis pour elle si elle s’était plutôt mise à reculer. Il y avait certes un côté mauvaise foi, car Helen avait su reconnaître ses torts en la voyant démissionner. Mais aujourd’hui quoi ? Elle devrait s’excuser car elle n’avait pas été suffisamment forte pour continuer ? Cela faisait trois ans qu’Olive était partie, il était trop tard pour des excuses aujourd'hui. « N’oubliez pas la radio de Monsieur Millers. » Helen ne voyait pas l’intérêt de poursuivre sur cette voie, maintenant qu’elle avait eu l’occasion de lui faire part de sa déception. Après toutes ces années, elle aurait pourtant pu tourner la page, faire preuve de cette bienveillance qui lui avait manqué auprès d’Olive, même sans s'excuser particulièrement. Mais rien de tout cela n’arriverait aujourd’hui. Cette rencontre lui ouvrait les yeux quant au fait qu'elle ne digérait toujours pas qu'elle ait fait cette bêtise de démissionner. Avec le temps, Olive aurait réussi à s'endurcir, Helen en était persuadée. Sauf qu'elle n'en saurait jamais rien. « Bon courage au dispensaire, Mademoiselle Sterling. » Sans un regard supplémentaire, Helen lui tourna le dos pour retrouver le service de chirurgie orthopédique. Il était fort probable que la chirurgienne tergiverse sur cet échange, jusqu’à ce qu’un nouveau patient la lui fasse oublier jusqu’à ce soir.

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@Helen Stenfield  ☆ crédit/ purplespoiler

 Olive n'avait plus rien à prouver à personne, et encore moins à la chirurgienne qui de toute évidence avait été la cause de ce changement radical. La brune n'était pas rancunière, elle n'était pas non-plus à jeter la pierre sur qui que ce soit pour des comportements qui étaient loin d'être normaux, donc évidement elle n'en voulait pas personnellement à Hélen même si oui, c'était celle qui avait rendu la vie d'Olive impossible. Mais au fond, c'était sûrement pour le meilleur. Même si elle avait tenue bon, même si elle avait décroché sa place en tant que chirurgienne, Olive n'aurait jamais pu supporter ces gens mesquins qui pensaient avoir toujours raison. Devenir ce qu'on attendait d'elle n'était de toute manière pas envisageable et encore moins compatible avec sa façon d'être. Au vu du comportement d'Hélen, la jeune femme n'a rien à regretter et doucement, elle en prend conscience. Tant pis si Olive n'est pas assez bien pour son ancienne mentor, parce qu'un jour, elle le sera assez pour quelqu'un qui l'estimera vraiment et qui n'aura pas juste envie de cracher son venin pour le plaisir. « Je ne joue pas, Mademoiselle Sterling. On ne joue pas dans un hôpital, nous sauvons la vie de patients. » Donc il fallait être méchant et imbus de sa personne pour sauver des vies? Trop peu pour Olive qui n'avait de toute manière plus sa place dans ce monde. Elle avait fait un choix, et elle savait qu'elle ne reviendrait pas dessus, même si ça avait été au début bien difficile de le comprendre. Il n'y avait pas eu d'erreur, juste trop de temps à le comprendre. « Et pour sauver la vie de patients, un chirurgien doit acquérir un certain nombre de compétences, dont la capacité à savoir maîtriser ses émotions. Je ne m’excuserai pas d’avoir longtemps pensé que vous n’aviez pas suffisamment la tête sur les épaules. » - « Et je m'excuserai pas de vous dire que vous êtes une femme sans cœur. » Parce qu'elle malmenait lamentablement les jeunes gens prêts à apprendre et à la servir pour réussir. Pour un jour espérer être au même niveau que le Docteur Stenfield, mais sincèrement, la bataille n'en valait même pas la victoire si cela voulait dire devenir un monstre. De toute manière, Olive n'était pas venue ici pour régler ses comptes, encore moins pour se justifier sur ses agissements. « Vous n’avez visiblement jamais réussi à accepter mes remarques. Même si elles étaient dures, elles étaient là pour vous faire avancer. » Olive soupira à la réponse de la chirurgienne qui se fourvoyait sur toute la ligne. Olive avait accepté chaque remarque durant des années. Elle avait accepté de n'être qu'un numéro dans une loterie et de subir le gourou de cette femme juste parce qu'elle avait décidé d'être de mauvaise humeur. Mais Olive, elle avait compris rapidement que le problème ce n'était pas sa propre capacité à assimiler les tâches, à aimer son travail. Le problème c'était qu'elle n'avait pas envie de finir comme Hélen Stenfield. « N’oubliez pas la radio de Monsieur Millers. » Olive leva les yeux au ciel, bien sûr que non elle n'oublierait pas ce qu'elle a à faire, même si l'envie ne lui manquait pas de rentrer chez elle. Sauf que la brune, elle avait tout de même une conscience professionnelle et que cette situation n'était pas prête de se reproduire. Oui, elle continuerait de venir au dispensaire, mais elle ferait attention à ne plus jamais croiser la route de la sorcière Stenfield. « Bon courage au dispensaire, Mademoiselle Sterling. » Olive patienta le temps que la chirurgienne tourne les talons avant de tirer la langue dans sa direction. Oui, c'était un acte puérile, mais ça lui fit le plus grand bien sur l'instant. Cela avant que finalement toute la pression ne redescende et que les larmes ruissèlent sur son visage. Il était évidement que peu importe le courage dont elle pourrait faire preuve, la chirurgienne aurait toujours la possibilité de lui faire du mal. Elle savait qu'il faudrait qu'elle prenne le recul nécessaire, mais Olive n'était pas de ceux qui sont forts et vaillants. Tout ce qu'elle venait de prendre dans les deux une nouvelle fois, et sans autre mesure qu'un simple refus de répondre à une question qui n'était pas de son ressort fit basculer le peu de confiance qui restait en elle. Les sentiments affluaient de toute part, au point qu'Olive en perdit le contrôle. Cachant ses yeux humides sous un mouchoir, l'Australienne quitta les lieux de sa déchéance le temps de reprendre ses esprits. Maudissant une dernière fois cette femme. "Va au diable Hélen Stenfield."

Rp terminé