premier amour, retrouvailles entre désabusés › Sienna et Finnley, c’est une histoire qui, à l’époque, était à leur image : sans excentricités, sans fioriture, tristement banale, mais non moins sincère. Ils ont fait leur scolarité ensemble ; n’ont jamais vraiment été de grands amis jusqu’à ce qu’ils se retrouvent désespérément seuls au début de leur adolescence. Ils ont commencé à traîner ensemble pour se sentir moins seuls, à parfois s’échanger quelques mots. Puis, ils se mettaient naturellement ensemble lors de travaux pratiques et s’asseyaient à côté à la cafétéria du collège. Les sympathies d’usage ont peu-à-peu fait place à des vrais partages, à quelques éclats de rire et finalement c’est une amitié qui a unit les deux jeunes gens. Avec elle, il trouvait un semblant de normalité en n’étant qu’un adolescent en proie à ses premiers émois, loin d’être cantonné au rôle de frère d’une actrice célèbre ou de père de substitution qu’il devait assumer auprès de sa plus jeune sœur. Elle, de son côté, le percevait tout autant comme un repère en étant là pour elle sans jamais lui demander la raison d’appels à des heures tardives autant qu’il était le premier à vraiment la voir, elle, Sienna, et pas juste l’intello de la classe à laquelle on réclamait les devoirs ou la petite Marling qui s’effaçait au sein de sa propre famille.

L’adolescence arrive et avec elle la volonté de se découvrir et de découvrir d’autres sensations ; ils se rapprochent naturellement jusqu’à s’avouer leurs sentiments naissants. Ils forment un couple heureux, sans prise de tête, peut-être trop banale certains diront, mais néanmoins sincère. L’un avec l’autre, ils apprennent à s’ouvrir, à s’affirmer, à croire en leurs rêves, à s’autoriser à être eux-mêmes, surtout. Ils vivent de timidité et d’amour sincère jusqu’à ce que le père de Finnley décède lorsqu’il a seize ans. Sienna l’a soutenu durant les longs mois où il a dû voir dépérir son père et se conformer de plus en plus à ce rôle de père de substitution pour sa jeune sœur, Bryn. Elle aurait voulu être là pour l’après ; mais la mère de Finnley ne leur a pas laissé cette opportunité. Elle forcera son fils et sa plus jeune fille à déménager à Brisbane, pendant qu’elle continue de courir le pays avec sa poule aux œufs d’or, Cora (la jumelle actrice de Finn). Si dans un premier temps le rouquin s’imagine pouvoir poursuivre cette relation à distance, il réalise très vite que ses nouvelles responsabilités ne le lui permettront pas : il rompt avec Sienna avant son départ. Ils resteront toutefois en contact quelques temps, avant que les nouvelles s’effacent et qu’ils se contentent de penser l’un à l’autre de temps en temps, durant des instants de mélancolie.

Ils se sont quittés sur une note amère, mais avec la satisfaction de croire en l’autre. Pourtant, de nombreuses années après, le résultat est là : ils ne sont pas où ils s’étaient promis d’être, leurs espoirs se sont confrontés à la réalité de leur situation et ils n’ont plus grand-chose à voir avec les gamins discrets, mais rêveurs, qu’ils s’autorisaient à être. Ils sont devenus des adultes cyniques et désabusés ; et leurs retrouvailles risquent de renforcer tout cela alors qu’ils se renvoient, sans le vouloir, tout ce à côté de quoi ils sont passés. Finn n’est pas devenu le neuropsychologue qu’il rêvait d’être, ne terminant même pas le lycée pour s’occuper de l’éducation de sa sœur. Il n’a jamais su exister dans sa propre famille et s’est peu-à-peu perdu dans une rancune qui l’a fait plonger dans l’alcool ; licencié du seul boulot qu’il parvenait à garder, le cœur brisé par une relation qui vient de se terminer avec une femme dont il ignorait beaucoup de choses. Du côté de Sienna, le constat n’est pas beaucoup plus reluisant ; et si la rencontre de leurs mélancolies respectives peut les amener à se faire plus de mal qu’autre chose, la confrontation avec leurs rêves brisés pourraient les amener à vouloir les reconstruire, car un imbécile a dit un jour qu'il n'était jamais trop tard pour cela.