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@ruben hartfield

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"C’est toi qui en as voulu toujours plus." Elle l’interrompit, ne sachant pas se taire quand elle avait l’impression qu’il réécrivait l’histoire "J’ai fait que te suivre." lui fit-elle remarquer ensuite, prenant en compte ce qu’il était en train de lui dire au sujet de ce qui aurait dû rester tel quel, mais qui n’avait fait qu’évoluer au point qu’aujourd’hui, même après que Nina se soit aperçue de l’entourloupe, même après qu’il se soit fait prendre à son propre jeu, il venait s’en remettre à Mavis qui était la responsable directe de sa déroute. Elle continua de le fixer, son souffle pantelant accroché aux lèvres du docteur qu’elle tenait par les côtés de sa blouse et qu’elle n’avait pas envie de lâcher. Si la mauvaise foi avait un visage, c’est le sien qu’elle aurait, parce que si le fond de son accusation était on ne peut plus vrai, la réalité n’était pas tout à fait similaire à ce qu’elle dépeignait : Mavis avait poussé Ruben à la faute, prenant garde de rester suffisamment innocente pour qu’il ne le lui reproche pas. Pour autant, elle réussissait à se souvenir qu’elle lui avait laissé le choix, et de ça, elle n’en démordrait pas ; quand ce soir-là, elle lui avait fait savoir que personne ne se rendrait compte de leur absence s’ils s’éclipsaient à l’étage, elle ne s’était pas réellement attendue à ce qu’il saisisse sa perche, et pourtant il l’avait fait sans l’ombre d’une hésitation, s’emparant d’elle sans se soucier du reste du monde, puis affirmant le statut qu’il voulait lui donner en mettant des mots clairs sur ce qu’il voulait qu’elle devienne pour lui, et c’était sa maîtresse. Elle n’en avait pas tant attendue, c’était allé au-dessus de ses espérances jusqu’à échapper à son contrôle, et ça seulement parce qu’il n’était pas capable de se contenter du peu qu’on lui donnait, qu’il voulait tout, jusqu’à ne plus en pouvoir, jamais rassasié.

Et elle était exactement pareille que lui. C’était pour cette raison que ça matchait si bien entre eux : ils partageaient des qualités, ils partageaient surtout des défauts qui les poussaient à des extrémités par appât du jeu, du dernier mot, et tout un tas de choses dont ils ne savaient se passer pour se sentir mieux, vivants. Il venait de lui dire qu’il l’aimait, elle aurait du se contenter de ça et le laisser s’en aller pour panser son coeur, mais elle le retenait prisonnier en voulant connaître la genèse de sa prise de conscience. Elle voulait s’en repaître jusqu’à l’écoeurement. Ça gonflait son orgueil autant que son coeur, bien que celui-ci manqua un battement lorsqu’il répondit à sa question. Elle resta interdite, ne s’étant pas attendue à ce que ce soit sa grossesse qui soit l’élément déclencheur de la révélation du docteur ; parce qu’il avait toujours mis un point d’honneur à lui dire que ça en particulier, ça ne changeait rien à ce qu’ils étaient, que c’était un non-événement qui n’aurait fait que compliquer les choses un peu plus. A nouveau, elle voulut comprendre, et pour de vrai, cette fois "Pourquoi à ce moment précis ? Tu m’as toujours dit que c’était pas important, tu m’as toujours laissé croire que ça te rebutait, même." Elle l’avait pris comme ça de temps à autre, surtout quand ils avaient cette grande conversation à la date de l’accouchement qu’elle n’avait pas vécu, et qu’il lui avait dit que la seule bonne décision à prendre au sujet de tout ça, c’était celle qu’elle avait prise sans le consulter au préalable. Mavis fronça les sourcils, l’intense satisfaction qu’elle avait ressentie quelques secondes avant à peine laissant place à de l’incompréhension tandis que ses yeux se perdaient dans ceux de Ruben qu’elle ne réussissait toujours pas à lâcher, suspendue à tout ce qu'il était susceptible de lui dire.

"Je le sais, mais j’avais envie de te l’entendre dire, c’est aussi mal que ça ?" La question était moins sérieuse que toutes les autres. Elle la prononçait d’ailleurs avec un léger sourire qui s’écrasa contre les lèvres de Ruben qui lui retournait la question au sujet de cette réalisation qu’il avait faite. Elle commença d’abord, abandonnant ses lèvres sans s’en saisir, trop joueuse pour son propre bien "Quand on est partis tous les deux à ce séminaire et que t’as remis ton ancien collègue à sa place après qu’il se soit permis de me toucher sans permission." Elle profita de son explication pour rebondir sur ce qu’il lui avait dit quelques minutes avant, sa tête s’inclinant doucement pour assister aux souvenirs qui devaient jouer dans l’esprit de Ruben qu’elle observait attentivement "Tu viens de le dire toi-même : il faut que ce soit plus qu’une simple affection pour que t’aies envie de défendre quelqu’un comme tu le fais avec moi." Elle se recula sans cesser de le toucher, mis de côté l’idée qu’elle lui imposait son intelligence, puisqu’elle s’était aperçue de ses sentiments bien avant lui, bien avant même qu’elle ne tombe enceinte, et continua en ajoutant, un peu plus bas, même si ce n’était pas nécessaire "Ça va pas te faire plaisir que je te le dise, mais t’es pas très subtil, Ben." Ses yeux passèrent de l’un à l’autre des siens, son attention déclinant seulement parce qu’elle avait encore envie de l’embrasser, et qu’elle le fit avant de lui dire "Et t’es trop possessif pour que, là encore, ce soit le résultat d’une simple affection." Toutes ses crises de jalousie étaient elles aussi un bon indicateur de ce qu’il ressentait pour elle, c’était une évidence qu’elle n’avait pas besoin de souligner encore une fois, se perdant dans le nouveau baiser qu’elle lui donna, et qu’elle rompit juste pour lui faire, toute trace de stratégie et de sourire quittant ses traits en même temps que ses doigts esquissaient les contours de ceux du jeune homme "Tu me le diras encore ?" Qu’il l’aimait ? Est-ce qu’il oserait maintenant qu'il avait lui-même accepté que c'était la stricte vérité, qu'il ne pouvait pas y échapper ?

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@mavis barnes

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« C’est toi qui en as voulu toujours plus. J’ai fait que te suivre. » Il roula des yeux à son commentaires. « J’ai pas dit que c’était de ta faute. » C’était la version pour laquelle elle tirait seule de conclusions, alors que ce n’était pas les paroles qu’il mettait en avant. Il disait que la situation n’aurait pas du évoluer pour devenir ce qu’elle était aujourd’hui, mais ce n’était pas pour la blâmer elle; il savait qu’il était grandement responsable ici et c’était la raison pour laquelle il ne faisait pas le beau et qu’il ne paradait pas. Il était difficile pour Ruben d’admettre quand il s’était trompé, alors même si cela restait en sous-entendues et à demi-mots plutôt que dit de façon franche, il ne comptait pas lui laisser l’occasion de s’approprier cette partie là. Il savait bien que ce n’était pas sa faute à elle - pas que ça ait évolué de la sorte, en tous cas -, il ne l’accusait en rien justement.

Ben n’était pas sans savoir que ramener cet événement là sur le devant de la scène n’était pas anodin, et que cela allait forcément faire réagir d’une manière ou d’une autre la jeune femme; il aurait préféré ne pas le mentionner d’ailleurs, mais il se voulait honnête à travers ses mots alors il se devait bien de le faire. Il vit, l’instant de latence qu’elle eut pour rebondir sur cette information et lui poser une nouvelle question - il ne pouvait lui en vouloir. « Pourquoi à ce moment précis ? Tu m’as toujours dit que c’était pas important, tu m’as toujours laissé croire que ça te rebutait, même. » Sa mâchoire se décala légèrement, alors qu’il s’en voulait désormais d’être justement honnête dans ses propos; parce-que cela valait aussi bien pour les parties qui pouvaient être jolies que pour celles qui pouvaient remuer le couteau dans la plaie. « C’est pas pour autant que ça m’a pas fait un électrochoc. » De la savoir enceinte, et qui plus était enceinte de lui. « Parce-que même si de l’apprendre aurait rien changé et que mon avis aurait pas changé sur la question parce-que je veux pas d’enfant, ou en tous cas pas maintenant, savoir que tu avais traversé tout ça m’a touché. » Il s’était retenu comme argument d’ajouter qu’il n’avait pas prévu aussi d’avoir un enfant avec elle, parce-que ce n’était pas nécessaire et surtout ce n’était pas la question posée. « Te voir affectée m’a touché aussi. » Qu’il ajouta, avec un soupire en prime. « C’est là que j’ai su que quelque-chose tournait pas rond chez moi sinon j’aurais pas réagi comme ça. » Et parce-que la première fois que cette situation s’était présentée avec Nina, il avait directement pris le parti d’être en colère contre la situation et la décision de la jeune femme allant de paire avec; il n’y avait pas eu la place pour d’autres émotions. Cette fois, avec Mavis, les choses étaient différentes puisque lorsqu’il l’avait appris, elle avait déjà pris les dispositions nécessaires. Il n’y avait pas eu le temps ni l’espace pour la colère, simplement l’impact de la nouvelle et des conséquences de cette derrière qui avaient laissé un goût doux-amer qu’il ne pensait pas être nécessaire malheureusement de ressentir ici. C’était à la suite de tout ça qu’il avait compris que s’il n’était pas davantage impliqué qu’il pensait l’être entre eux, il n’aurait pas réagi de cette sorte.

« Je le sais, mais j’avais envie de te l’entendre dire, c’est aussi mal que ça ? » L’air un brin moins sérieux qu’elle emprunta fit lever les yeux au ciel à Ruben mais cette fois-ci de façon moins agacé qu’il n’avait pu l’être jusque maintenant. « C’est mesquin. » Elle le savait, elle en jouait; il le savait, il acceptait volontairement que ce soit le cas. C’était ça aussi la partie importante à garder en tête dans cette situation: il avait beau comprendre quel comportement avançait Mavis sans se cacher, ce n’était pas pour autant qu’il faisait demi-tour, ce n’était pas pour autant qu’il n’acceptait pas ses baisers, ce n’était pas pour autant qu’il se défendait d’une quelconque manière parce-qu’une trop grande partie de lui acceptait et surtout appréciait de la voir se comporter de cette sorte. « Quand on est partis tous les deux à ce séminaire et que t’as remis ton ancien collègue à sa place après qu’il se soit permis de me toucher sans permission. » Oh, la scène était ancrée dans son esprit comme si elle s’était déroulée la veille - il s’en voulait en grande partie d’avoir réagi de la sorte, parce-qu’il n’aurait justement pas du; il se devait de garder cette partie de leur relation pour eux. Mais malgré lui, effectivement il avait réagi - et dit avec cette simplicité, cela semblait presque logique qu’elle se soit dit à ce moment là que les choses n’étaient pas ce que le docteur laissait paraître. « Tu viens de le dire toi-même : il faut que ce soit plus qu’une simple affection pour que t’aies envie de défendre quelqu’un comme tu le fais avec moi. » - « Je sais, j’ai compris. » Qu’il échappa entre ses dents serrées, qu’il n’eut pas le temps de compléter puisqu’elle reprenait déjà la parole. « Ça va pas te faire plaisir que je te le dise, mais t’es pas très subtil, Ben. Et t’es trop possessif pour que, là encore, ce soit le résultat d’une simple affection. » Et il s’en voulait que ce soit le cas, il s’en voulait qu’elle ait si facilement su lire en lui comme elle avait pris un peu trop l’habitude, et il s’en voulait d’être incapable de répondre rapidement et de n’avoir aucune autre réaction que de lui rendre le baiser qu’elle lui donnait. « Le but est pas que tu fasses la liste de mes défauts, tu sais. » Parce-qu’entre deux baisers, c’était ce qu’elle faisait, malgré tout. « Et ça me fait pas plaisir que tu le dises, non. » Il le précisait, juste au cas où, avant d’oser enfin à son tour se pencher quelque peu pour lui voler un baiser.

« Tu me le diras encore ? » Ses doigts apposés sur les traits de son visage, elle connaitrait la réponse au toucher avant de l’entendre mais ce n’était pas si grave; bien sur que ces dernières se tendirent un brin, tant ce n’était pas là quelque-chose qu’il avait prévu de voir venir dans son environnement proche de cette manière là - de se retrouver à lui avouer qu’il l’aimait. Ses yeux ne quittaient pas les siens, passant de l’un à l’autre, alors que la raison reprenait lentement mais surement le dessus sur son comportement: il s’était laissé aller aux émotions bien trop longtemps déjà. « Je sais pas, Mavis. » Il lâcha ses hanches pour glisser ses mains dans le bas de son dos, croisant ses bras à cet endroit là. Il savait le comportement qu’il se devait d’adopter ici, ce n’était pas pour autant qu’il en avait envie - mais ça ne changeait pas des derniers mois, des dernières années. « C’est déjà pas raisonnable de te l’avoir dit une fois. » Elle le savait aussi bien que lui, mais elle appréciait bien trop en jouer pour ne pas se permettre de le faire. Ruben ne pouvait s’octroyer trop de jeu, surtout pas ces jours-ci; il avait trop à perdre et de façon trop frontale maintenant. « Et je sais que toi ça t’amuse, mais moi j’en suis pas fier. » Il ne la blâmait ni la critiquait pas, mais c’était pourtant le cas: si elle avait l’occasion et le loisir de s’amuser de cette situation et de la faiblesse du docteur, ce n’était pas sous le même prisme que lui voyait les choses de son côté. Une poignée de minutes encore plus tôt, il était en plus bas de la maitrise de soi et de ses émotions, et il avait que de trop partagé ce qu’il avait sur le coeur. Le but n’étant pas de se retrouver de nouveau dans cette situation là - pas face à Mavis, en tous cas -, donc il n’y avait pas de raison qu’il le lui dise de nouveau. « Je vais surtout avoir besoin de temps, là, je pense. Pas que pour me demander si je te le dis de nouveau ou pas… » Il inspira longuement. « Pour tout autour. » Elle avait vu dans quel état il était réellement; il maintenant la face pour le reste du monde, mais elle saurait désormais que ce n’était justement qu’une façade qu’il montrait pour maintenir comme à son habitude les apparences. Son regard accrochait désormais avec ardeur celui de la blonde, toujours dans ses bras. « Est-ce que tu saurais te contenter de savoir que c’est vrai pour le moment ? » Parce-qu’il y avait de ça aussi: serait-ce assez pour elle pour le moment, alors qu’elle en demandait déjà plus et qu’elle en avait toujours demandé davantage malgré tout ce qu’elle pouvait dire, n’ayant pas peur de jouer avec le feu ?

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Ça lui avait fait un électrochoc d’apprendre sa grossesse, mais ça n’avait pas été un électrochoc suffisant pour lui faire caresser l’éventualité d’une rupture en bon et due forme, bien au contraire, et cela même si, en simultané, il avait compris à quel point il s’était embourbé dans cette histoire qu’ils partageaient tous les deux. Mavis le fixa, et puis finalement, elle lui fit dans un murmure presque ébahit, sa tête remuant de droite à gauche pendant qu’elle tachait de prendre la mesure de ce qu’il était en train de lui dire "C’est quoi ton problème, Ruben." Ce n’était même pas une question qu’elle lui posait à lui, c’était quelque chose sur quoi elle méditait tout haut sans réussir à trouver une réponse correcte, et c’était peut-être bien ça qui l’animait le plus. Résoudre le problème de Ruben, ça ne la rendrait surement pas plus maline, mais ça la rendrait apte à venir à bout de toutes les énigmes possibles et imaginables. Pour quelqu’un comme elle, qui avait le savoir inscrit dans son code génétique, avoir la clef de tous les mystères de l’univers, c’était sa version de la quête du St-Graal ; cet homme-là, aussi charmant et érudit qu’il était, recelait de failles qui n’étaient pas compréhensibles aux yeux de la jeune femme intelligente qu’elle, elle était, et qui savait qu’on lui avait tout donné — ça constituait en effet un véritable mystère qui la laissait pantoise, bien plus que ce qu’il ajouta au sujet de ce qu'il avait ressenti lorsqu’il l’avait vu atteinte par sa décision de ne pas garder son bébé, leur bébé "Tu t’es aperçu que tu m’aimais parce que tu m’as vu vulnérable ? C’est le pire cliché dans lequel tu pouvais tomber, et pourtant t’es tombé dedans tête la première, c'est très humain de ta part." s’amusa-t-elle un peu, n’en ajoutant pas davantage, se retenant d’à nouveau pointer du doigt les travers de l'homme qu’elle avait en face d’elle. Elle aurait cependant aimé lui rappeler qu’elle n’était pas une demoiselle en détresse, qu’elle n’avait pas besoin qu’on la sauve ou qu’on l’aime pour se sentir mieux.

Oh, vraiment ? Pourtant, elle n’avait jamais paru aussi heureuse d’entendre quelqu’un lui dire qu’il l’aimait, elle n’avait jamais paru aussi pressée de l’entendre le lui dire à nouveau "C’est pas raisonnable de me dire que tu m’aimes, mais ça l’est de m’entraîner dans une réserve pour m’embrasser à pleine bouche alors que t’ignores mes messages depuis des jours ?" Le deux poids, deux mesures de Ruben était harassant. Elle fronça les sourcils, se laissa évidemment rapprocher de lui, embrasser aussi, n’en étant plus à ça près de toute façon, mais recula la tête quand il l’accusa de s’amuser de toute cette situation — ce n’était pas faux, seulement croyait-il sincèrement que tout ça était sans conséquences sur elle ? Elle eut un rire qui sonna faux, se reculant de lui pour de bon histoire de lui accorder une oeillade fixe, le silence qui s’installa dans la pièce devenant aussi dense que ce qui pesait sur son coeur et qui finit par sortir lorsqu’il lui parut évident que non, il ne lui redirait jamais qu’il l’aimait, et ce pour une raison simple "T’as pas vraiment besoin de réfléchir, huh ?" Elle sourit, mais pas de joie "À la seconde où elle t’autorisera à revenir, c’est elle que tu choisiras, et je te le reproche pas, j’ai toujours sur que ce serait le cas." Ce n’était pas un problème. Ce qui l’était, c’était le déni de Ruben qu’elle ne cessa de regarder pendant qu’elle poursuivait "Mais fais-toi une fleur pour une fois Ben, et arrête de toujours pencher vers le déni pour tenter de restaurer ta conscience. Tu m’aimes, mais tu l’aimes plus que moi." C’est ça ? ravala-t-elle, connaissant déjà la réponse. Elle sentit tout de même son coeur se mettre à battre fort en réalisant à quel point, au fond, ça pouvait la toucher de n’être encore une fois qu’une option pour quelqu’un qui, de tout son coeur, préférait une autre de toute façon. Elle sentit son corps se raidir, elle sentit sa gorge se serrer en même temps, et son cerveau se mit à tourner à une vitesse ahurissante tandis qu’il lui posait une question à laquelle elle n’avait pas envie de répondre pour le moment.

D’ailleurs, elle ne le fit pas, pas prête à admettre que non, elle ne saurait pas se contenter de savoir qu’il l’aimait ; qu’elle avait pris goût à certaine chose, qu’elle aussi, elle s’était laissée piéger. Elle prit le temps de le regarder un moment encore, et puis après un instant interminable, elle rompit le contact visuel en se mordant l’intérieur de la lèvre inférieure en ne croyant pas qu’elle allait être celle avec le plus de jugeote dans cette histoire. Ça ne lui faisait pas plaisir d’en venir à cette décision-là, mais finalement, elle était fatiguée de vivre avec la perspective de ne jamais pouvoir aspirer à rien d’autre que d’être l’ombre aux côtés de Ruben, et pas uniquement parce qu’il lui préférait Nina, mais parce qu’il lui en préférait d’autres aussi, et que son palmarès était susceptible de s’étoffer avec le temps tant il avait besoin de toujours plus. Il l’aimait peut-être, elle était séduite par l’idée d’y croire, mais il disait aussi qu’il aimait Nina, et l’histoire lui avait prouvé que ce n’était pas suffisant pour le rendre ne serait-ce qu’honnête et droit. Elle reprit la parole après s’être raclée la gorge et coincée les cheveux à deux mains derrière ses oreilles "Tu vas essayer de la récupérer. Je la connais pas assez pour estimer combien elle tient à toi pour te pardonner, alors je vais pas m’avancer là-dessus. Par contre, je peux parler en hypothèse au sujet du reste : si elle tient autant que toi aux apparences, c’est qu’une question de temps avant qu’elle accepte d’avoir au moins une discussion avec toi, et on sait tous les deux comment elle se terminera, qu’elle te pardonne ou pas." Elle l’avait dit tout à l’heure, déjà : avec lui qui retournerait auprès de son épouse, la queue entre les jambes, prêt à lui prouver que ce n’était qu’une erreur qu'il réparerait en lui assurant sa bonne volonté, les doigts croisés derrière le dos — peut-être qu’enfin il lui ferait un enfant, pour lui montrer à quel point il était prêt, à quel point il tenait à la garder. Cette idée en particulier scinda son coeur en deux, aussi elle prit une très profonde inspiration en relevant la tête pour mieux marquer un temps de silence supplémentaire dans l’idée de le laisser en venir à la conclusion qui s’imposait dans son discours. Elle verrouilla de nouveau son regard au sien, et lui fit en désespoir de cause "Ça a duré le temps que ça devait durer, non ? On a déjà trop tiré sur la corde." Elle ne lui laissa pas le temps d’objecter, elle ajouta avec précipitation, parlant au-dessus de lui en secouant la tête et en fermant fort, très fort, les yeux, ses mains se levant devant elle pour l’arrêter, juste au cas-où "Je veux pas qu’on se retrouve dans le même cas de figure tous les six mois, Ben. Ce sera mieux comme ça." Tout à l’heure, il avait dit que son désir de l’entendre dire qu’il l’aimait alors qu’elle le savait parfaitement relevait de la mesquinerie, ce ne serait donc pas une surprise pour lui que le commentaire avec lequel elle ponctua ses paroles soit du même acabit ; aussi vil qu'il était amer, laissant une goût particulier sur le bout de sa langue "Il te restera Ambrose. Tu t'en sortiras."

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@mavis barnes

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« C’est quoi ton problème, Ruben. » Oh, elle allait devoir être plus spécifique sur la façon dont il fallait faire la liste pour répondre à cette question là. « Tu t’es aperçu que tu m’aimais parce que tu m’as vu vulnérable ? C’est le pire cliché dans lequel tu pouvais tomber, et pourtant t’es tombé dedans tête la première, c'est très humain de ta part. » - « Crois moi de nous deux, c’est moi qui m’en veux le plus de ça. » D’être si faible, d’être tant humain comme elle le disait; parce-qu’il n’appréciait en rien être soumis comme il l’était à ses émotions et ses sentiments. Ce n’était pas de cette manière là qu’il envisageait les autres, c’était là une ancienne version de Ruben qu’il avait relayé au placard et aux oubliettes plusieurs années plus tôt, se promettant de ne plus se retrouver dans cette situation. Il avait échoué, cela allait sans dire. « C’est pas raisonnable de me dire que tu m’aimes, mais ça l’est de m’entraîner dans une réserve pour m’embrasser à pleine bouche alors que t’ignores mes messages depuis des jours ? » Il pinça ses lèvres avant de les faire rouler l’une sur l’autre - il avait encore le goût de celles de Mavis sur ces dernières s’il se concentrait assez. « C’est pas raisonnable non plus, non. » Il avait laissé son instinct agir, mais ce dernier n’était pas très bien calibré - et il ne pouvait pas se tarer de dire que c’était que d’aujourd’hui, puisque cela faisait des mois et des mois que son compas interne était complètement détraqué. « Je t’ai dit: je suis désolé d’avoir réagi comme ça. » Et il avait rarement été aussi sincère quand cet instant.

Ben n’appréciait que peu le petit sourire qui étira les lèvres de Mavis en cet instant, parce-que ces dernier avait une teinte de tristesse et de réalité qui lui brisait lentement mais surement le coeur. « T’as pas vraiment besoin de réfléchir, huh ? » Il pencha quelque peu sa tête. « À la seconde où elle t’autorisera à revenir, c’est elle que tu choisiras, et je te le reproche pas, j’ai toujours su que ce serait le cas. » Il ne pouvait s’en prendre qu’à lui même qu’elle soit autant au fait de cette information: il ne l’avait jamais caché, ayant toujours eu à coeur d’être honnête sur ce fait là puisqu’il n’était pas supposé tomber autant sous son charme. « Mais fais-toi une fleur pour une fois Ben, et arrête de toujours pencher vers le déni pour tenter de restaurer ta conscience. Tu m’aimes, mais tu l’aimes plus que moi. » Il l’aimait oui; mais il était amoureux de Nina et c’était là toute la différence malheureusement. Il ferma les yeux en pressant un instant les paupières, sachant que la précision n’était pas nécessaire mais que mettre des mot sur les maux était encore tout ce qu’il pouvait faire pour être au plus proche de l’honnêteté en cet instant. « Je l’aimerais toujours plus que toi. » Lui le formulait comme un reproche mais à son-propre égard, par contre.  Il rouvrit les yeux. « Je suis désolé que ce soit si brutal de le dire. » Discuter de ses sentiments ne devrait pas faire autant mal, ne devrait pas autant remuer le couteau dans la plaie - qu’il avait seul créé, malgré tout. Mavis se recula quelque peu de lui à la suite, ce qu’il n’appréciait guère mais il ne pouvait rien y faire. « Tu vas essayer de la récupérer. Je la connais pas assez pour estimer combien elle tient à toi pour te pardonner, alors je vais pas m’avancer là-dessus. Par contre, je peux parler en hypothèse au sujet du reste : si elle tient autant que toi aux apparences, c’est qu’une question de temps avant qu’elle accepte d’avoir au moins une discussion avec toi, et on sait tous les deux comment elle se terminera, qu’elle te pardonne ou pas. » - « Mavis… » Oh, il ne fallait pas être devin pour comprendre où elle souhaitait emmener cette conversation; ce n’était pas les plans initiaux, ce n’était pas ce que le jeune homme souhaitait non plus. Il n’était pas réellement en position d’exiger quoi que ce soit, mais ce serait idiot de penser que Ruben n’essayerait pas tout de même. « S’il te plait. » Pas maintenant; il lui avait pourtant dit: il avait besoin de temps. Il avait besoin d’air, il avait besoin d’espace et surtout de liberté pour regrouper ses sentiments et comprendre ce qu’il lui arrivait. Pour reprendre en mains une situation qu’il avait maitrisé à la perfection pendant tant de temps.

Elle ne souhaitait pas lui laisser ce temps là, cette latence espérée - pouvait-il réellement lui en vouloir ? Il le vit dans le regard qu’elle accrocha au sien. « Ça a duré le temps que ça devait durer, non ? On a déjà trop tiré sur la corde. » S’il te plait, que lui hurlait son regard à lui, puisqu’elle s’interposa entre eux pour ne pas qu’il prenne la parole pour argumenter quoi que ce soit. « Je veux pas qu’on se retrouve dans le même cas de figure tous les six mois, Ben. Ce sera mieux comme ça. » Fermant les yeux à son tour, il secoua lentement sa tête de gauche à droite. Ce n’était pas de cette façon là que cette discussion était supposée se passer - il ne saurait dire comment ça aurait du être, mais il n’était pas supposé se faire larguer définitivement de la sorte comme elle était en train de le faire. Il refusait que ce soit le cas. « Mavis - » - « Il te restera Ambrose. Tu t'en sortiras. » - « Arrête s’il te plait. » Qu’il souffla dans un soupir écorché, reculant d’un pas. « Est-ce que… on peut ne pas faire ça là, aujourd’hui, s’il te plait ? » L’une de ses mains passa dans ses cheveux pour s’arrêter sur sa nuque, alors qu’il rouvrait les paupières pour poser un regard meurtri sur elle. « C’est pas une question de déni, c’est pas parce-que je veux tout avoir en même temps. » Une partie de ca était vraie, mais ce n’était pas pour ces raisons là pour une fois qu’il lui demandait cette faveur là. « J’ai besoin de prendre du recul, j’ai besoin… Je sais pas ce dont j’ai besoin, j’avais pas réfléchi jusque là dans la situation. » Il ne s’était même pas demandé comment il allait faire si - quand - Nina découvrirait la vérité, alors imaginer comment réagir face à Mavis qui tire un trait pour de vrai sur lui n’était d’autant pas dans ses cordes. « Laisse moi du temps et accorde moi une soirée s’il te plait. Et… Tu pourras répéter tout ça si c’est ce que tu veux. Mais pas ici, pas aujourd’hui. » Elle avait perdu toute considération pour lui à partir du moment où il avait laissé ses impulsions prendre le dessus, ses émotions éclater en mille morceaux sur le sol; Ruben n’était plus à une démonstration de faiblesse - pas pour aujourd’hui, pas si cela pouvait pour une fois jouer en sa faveur.

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Je l’aimerai toujours plus que toi. "OK." C’était clair, elle n’avait besoin de rien d’autre pour prendre une décision qui le serait tout autant. Tout ça n’aurait pas dû aller aussi loin, ils le savaient tous les deux. Au début, ce n’était qu’une question de pouvoir, lequel venait avec le jeu ; tous les deux étaient trop orgueilleux pour ne pas le voir de cette façon, aussi stratèges qu’ils étaient manipulateurs, c’était une formation d’équipe à la limite de la perfection. Les sentiments n’avaient rien à faire là-dedans, et chacun d’eux avait eu à coeur de le faire entendre à l’autre. Les choses avaient résolument changé, ils ne pouvaient pas le nier, et Mavis la première. Elle était blessée par ce qu’elle entendait, et c’était justement parce qu’elle l’était qu’elle savait qu’il fallait mettre un terme définitif à ce qui était en train de se passer. Elle n’avait pas envie de pâtir plus de tout ça, elle estimait avoir déjà suffisamment payé pour vouloir allonger la monnaie encore une fois. Ben pouvait bien lui dire ce qu’il voulait, il pouvait la supplier et se remettre à pleurer si ça lui chantait, elle n’avait plus envie de ça ; de chercher à comprendre pourquoi il agissait avec autant de contradiction quand sa vie aurait pu être si simple que ça, ça en devenait profondément agaçant. Il se mettait des bâtons dans les roues tout seul simplement parce qu’il ne savait pas se contenter de ce qu’on lui donnait, et si Mavis parvenait à le comprendre, avide autant que lui de prouver qui elle était, elle n’était pas certaine de partager le goût de la contradiction que semblait avoir Ruben. Ça la faisait souffrir, comme ça l’avait fait souffrir de voir son père tomber amoureux de ce jeune premier qu'il était, alors qu'elle s’était appliquée à débarrasser son chemin de sa soeur qui avait exactement le même effet sur lui. Aujourd’hui, après avoir vendu son âme pourtant, elle s'en retrouvait au même point, à devoir se battre avec une version d’elle-même qui avait quelque chose en plus, et ça la bouffait déjà assez pour vouloir en rajouter en étant en compétition avec une autre qui, sans se donner véritablement les moyens, avait les faveurs de celui qu’elle, elle aimait.

Elle ne voulut plus l’écouter vraiment après ça, elle préféra faire ce qu’ils auraient dû faire depuis longtemps déjà — ce qu’elle avait déjà fait de maintes fois avant qu’il ne revienne pour la récupérer, mais pas cette fois, c’était terminé. Elle ne voulait pas lui faire la faveur de lui laisser un délai pour qu’il puisse se remettre les idées en place, Mavis. Elle savait que si elle le faisait, il se complairait dans l’exercice et ne réussirait jamais à prendre une vraie décision. De ce fait, elle la prenait à sa place, et ce n’était pas de gaieté de coeur, mais à défaut de vouloir lui faire une faveur à lui, elle voulait plus que tout se faire une faveur à elle-même : elle avait assez donné, oui, c’était terminé "Non." Elle entendit l’écho de sa propre voix résonner dans le minuscule habitacle dans lequel ils se trouvaient tous les deux. Elle releva doucement les yeux, lesquels elle avait baissé le temps de quelques secondes pour rassembler son courage et faire le point rapidement sur ce qui était bon de faire, et regarda Ruben pour mieux affirmer sa position "Je vais pas t’accorder de soirée, maintenant ou plus tard." Elle déglutit, secoua la tête en même temps, remettant de nouveau ses cheveux à deux mains derrière ses oreilles, tic nerveux qu’elle n’avait pas d’habitude, mais elle n’avait pas l’habitude non plus de se sentir comme elle se sentait maintenant : épuisée, vidée par les tergiversations de quelqu’un qui venait de lui dire qu’il l’aimait, mais pas plus qu’il n’aimait une autre. Elle s’efforça à reprendre la parole après un temps à le dévisager sans savoir où regarder, réalisant que ça lui faisant mal de s’arrêter sur quelques détails qu’elle connaissait de lui, de ses traits. Elle ne se déroba pas pourtant, elle lui fit "Je compte pas me répéter non plus, je suis certaine de t’avoir tout dit." Elle marqua un très court silence, se corrigea, la voix tremblotante "On s’est tout dit." Elle le pensait vraiment, se félicitant presque d’avoir autant insisté pour qu’il lui dise je t’aime. Elle l’aurait peut-être moins bien vécu de ne pas l’avoir entendu au moins une fois, même si finalement, elle n’en ferait pas grand-chose de ça ; elle pourrait toujours tenter de s’y accrocher pour se convaincre qu’elle n’avait pas perdu son temps au cours des deux dernières années, mais en se lançant dans une rétrospective rapide de ce qui s’était passé entre eux, elle se rendit compte qu’elle se berçait peut-être bien d’illusions à ce sujet.

Que lui avait vraiment apporté sa relation avec Ruben ? Mavis ferma les yeux, sentit tout son corps peser lourd sur la place qu’elle occupait maintenant tandis qu’elle refusait de se pencher sur la question pendant qu'il était là, devant elle, à la regarder prendre sur elle pour ne pas craquer face à l’inévitable. Elle prit une très profonde inspiration, ses épaules remontant si haut que ça en était ridicule, son ventre se creusant si fort que ça en était douloureux, et somma à ses émotions de rester là où elles se trouvaient. Pleure pas, se répéta-t-elle en rouvrant les yeux pour trouver ceux de Ruben sans avoir à les téléguider. Elle pencha la tête, hésita sur quoi lui dire pour terminer tout ça, que ce soit leur histoire ou leur conversation, et finit par trouver "Bonne chance, Ben." C’était plutôt adulte, non ? De terminer une histoire sur une note aussi bienveillante, bien qu’un peu hypocrite sur le fond ? Elle s’appliqua à garder pour elle tout ce qu’elle pensait de la situation dans laquelle il se trouverait une fois qu’elle lui aurait tourné le dos, déterminée à ne pas revenir sa décision, et lui fit avec stoïcisme, bien que ses yeux se fermèrent brièvement, et que sa main se posa sur sa propre poitrine quand elle déclama les bons voeux qu’elle lui offrit de bon coeur, le sien se serrant trop fort à l’intérieur "J’espère de tout mon coeur qu’elle te pardonnera et que tu te montreras digne de ça. Si tu le fais pas pour toi, fais le pour elle, au moins." Elle savait toutefois que Ruben était un lâche, alors la pauvre Nina continuerait probablement à essuyer ses affronts sans jamais rien y faire, parce qu’elle n’avait pas l’air beaucoup plus courageuse que lui finalement. Inévitablement, elle pensa un instant à Ambrose, et son coeur se serra un peu plus de se dire qu’il resterait piégé à tout jamais dans ce qu’il partageait, lui, de son côté avec Ruben dont elle ne voulait plus affronter les yeux désormais. Pour se l’éviter, elle remua enfin, et le contourna en songeant que leur dernier baiser avait été à l’image de leur relation : malsain et toxique, elle avait maintenant besoin de trouver l’antidote à ce poison injecté dans ses veines à l’instant où elle avait décidé de faire de Ruben son allié dans le vice et la trahison.

look at this godforsaken mess that you made me

@mavis barnes

lieu: st vincent's hospital, toowong.
(c): megedonnellygifs (gif), luleaby (codage).

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« OK. » Et avec ce simple mot, avec cette simple interaction, il entendent son coeur se briser en mille morceaux. C’était idiot: c’était là de la part de Mavis une réaction tout à fait adaptée, alors qu’il lui disait l’aimer mais que ce ne serait jamais assez pour dépasser tout l’amour qu’il éprouvait pour sa femme. Quelqu’un d’extérieur à la scène aurait surement hoché vivement la tête face à la réaction de la jeune femme pour l’approuver - comment pouvait-il le faire de son côté ? Ruben n’aimait pas la fatalité qui accompagnait, comme un courant d’air non-désiré, ce OK bien trop tranchant pour qu’il ne soit qu’une transition dans une discussion.

Il se trouvait être davantage une transition dans une relation, surtout. « Non. » Tout comme son OK juste avant, sa réponse résonna de manière singulière dans son esprit. S’il était habitué à ce qu’elle se montre en opposition par rapport à lui, souvent simplement pour avoir la main mise sur la situation et sur ses réactions, il savait que là n’était pas quelque-chose de comparable. Alors bien sur que le regard qu’il remonta dans sa direction comportait une touche de détresse. Il connaissait l’intention qu’elle avait avec ses mots, il lui demandait simplement de garder tout ça pour plus tard, qu’il ait un instant pour souffler et pour reprendre ses esprit, pour y voir plus clair, pour - « Je vais pas t’accorder de soirée, maintenant ou plus tard. » Ce n’était pas comme ça que c’était supposé se passer - il n’arrêtait pas de le répéter, mais c’était d’une évidence même qu’il ne savait faire autrement. « Je compte pas me répéter non plus, je suis certaine de t’avoir tout dit. On s’est tout dit. » Ils ne s’étaient pas tout dit: il ne lui avait pas dit à quel point il adorait la chaleur que procurait à distance son regard lorsqu’elle l’observait de loin et qu’elle pensait être discrète, il ne lui avait pas dit à quel point son rire réussissait à faire valser ses émotions surtout lorsqu’elle riait suite à ce qu’il pouvait lui dire, il ne lui avait pas dit qu’il était la majorité du temps ravi d’avoir succombé à son charme parce-qu’il avait davantage l’impression d’être lui-même lorsqu’il se permettait cet écart. Il y avait encore mille et une choses qu’il aurait aimé lui dire, alors non ils ne s’étaient pas tout dit - mais pouvait-il se permettre de réfuter ses paroles à elle ? Mavis ne laissait pas de place à la négociation ici, et il se trouvait trop abasourdi par tant de choses qu’il serait fatigué rien que de lister ces dernières qu’il ne sut qu’ouvrir quelque peu la bouche pour la refermer dans la foulée. Elle lui dirait qu’il était lâche et qu’il n’étiat qu’un homme comme un autre, incapable de prendre ses responsabilités - Ben aurait tant aimé réussir à anticiper toutes ces pensées là et lui couper l’herbe sous le pied, mais il était évident ici qu’il perdait de trop pied de son côté pour agir d’une quelconque manière en guise de réplique.

« Bonne chance, Ben. » Ne pars pas, que lui hurlait le regard qu’il posait de nouveau sur elle. Je t’en supplie, ne pars pas. « J’espère de tout mon coeur qu’elle te pardonnera et que tu te montreras digne de ça. Si tu le fais pas pour toi, fais le pour elle, au moins. » Il espérait avec une force inégalable qu’elle lui pardonne oui, effectivement; mais elle n’était pas la seule de qui il osait espérer obtenir le pardon: Mavis était sur cette liste aussi. Ce n’était pas comme ça qu’ils avaient décidé que les choses se termineraient entre eux - et puis, elle était sauvée de son côté, elle n’avait rien à craindre, alors pourquoi fuir de la scène de crime ? Ruben était le seul pointé du doigt, il était le seul sur qui les problèmes retombaient; elle n’avait pas besoin d’avoir peur du moindre retour de bâton puisque ce dernier n’était pas supposé arriver. Lorsqu’elle le contourna, il leva légèrement sa main mais ses doigts ne firent que frôler la blouse qu’elle portait sur le dos - il ne fut pas assez rapide pour attraper son poignet au passage, il n’eut pas assez de conviction dans son geste pour réussir à aller jusqu’au bout de ce dernier. Parce-qu’il savait que ce n’était pas là ce qui était attendu de sa part - mais depuis quand faisait-il ce qui était attendu ou non, hein ? La réponse était simple: depuis qu’il avait des émotions plus grandes que celles qu’il était capable de contrôler, de maitriser, d’apprécier même en réalité. Alors qu’elle passa à ses côtés, il ne fut pas capable de la retenir pour ne pas qu’elle lui échappe et il ne savait pas s’il se devait de le faire; n’était-ce pas là ce qu’elle souhaitait, d’être laissée tranquille ? « Ca changera pas que je t’aime quand même, Mavis. » Elle lui avait demandé s’il le redirait - n’était-ce pas le seul moment où il se devait de le faire, maintenant ? Ses mots étaient murmurés, mais ils auraient au moins eu l’audace d’être prononcés avant qu’elle ne disparaisse complètement de son champ de vision, de sa sphère physique, de la pièce où ils se trouvaient tous les deux. Ils étaient également la seule chose qu’il pouvait se permettre ici, alors bien sur qu’il allait saisir sa chance pour s’approcher autant du bord du vide sans tomber dans ce dernier - been there, done that, c’était la seule fois où il apprenait de ses erreurs.

Alors, il restera stoïque et sans faire le moindre mouvement désormais jusqu’à temps qu’il entende la porte se refermer derrière lui - parce-que malgré tout, ils se trouvaient toujours de façon presque maudite dans ce fichu hôpital qui était jusqu’alors un refuge pour lui; dès aujourd’hui, le goût amer que certains endroits pourraient lui donner ne saurait le laisser en paix, Ruben en était persuadé. Il restait stoïque parce-qu’il s’était aussi déjà assez effondré devant quiconque pour aujourd’hui, Mavis y comprit, et qu’il n’était pas question de s’atteler de nouveau à cet exercice; il le ferait quand la porte serait refermée derrière lui, quand la semi-pénombre l’engloutirait et qu’il pourrait laisser libre court à ce qu’il ne saurait supporter de sa propre personne: la submersion de ses émotions sur sa raison.