De toute évidence, cette escapade dans la nature n’était pas franchement l’idée du siècle, et si le sportif aguerri ne s’était pas attendu à un miracle de la part de son compagnon visiblement allergique à cette pratique, il est néanmoins sidéré de se rendre compte qu’un aussi petit effort lui cause de telles afflictions, et s’il tourne cet étonnement en dérision sous couvert de quelques taquineries, il n’en reste pas moins qu’il trouve cela un peu déroutant. Faudrait pas qu’il doive courir pour sa vie, Ash, il serait cruellement condamné par la faible capacité de ses poumons ! « Ouais, parce que j’accepterais pas que tu te moques de moi ainsi… » assis à côté de lui, Izan lève légèrement son menton en affichant une moue faussement interloquée, et il pose même l’une de ses mains à la naissance de sa gorge en disant, l’air médusé ’’Qu’est-ce qui te fait croire que j’me moque de toi, déjà ? Je t’assure que non, c’est pas mon genre.’’ le ton de l’innocence est bien moins convaincant que l’éclat de son sourire malicieux, qui s’accentue davantage lorsqu’il expose la menace de sa conduite qui, apparemment, n’est pas assez tempérée pour être rassurante, ce qu’il ne comprend pas au vu de son expression. « Y’as aucune chance que je m’évanouisse dans ce cas là. » s’il lui lance un regard morne en fronçant ses sourcils, c’est avec le mince espoir que sa démonstration exagérément attristée le fasse changer d’avis mais, même le pianiste n’y croit pas trop. ’’Toi, tu te moques sans problème, par contre…’’ puisqu’il ne parvient pas à l’attendrir, il va jouer une autre carte : celle de la culpabilité… sans trop y croire non plus, cependant.

« si c’est pour  m’en remettre blotti contre toi, je ne dis pas non. j’aurais dû courir plus longtemps… » sa tempe appuyée contre la clavicule du tatoué, il abandonne rapidement les morceaux d’herbe arrachés pour déposer sa main sur sa cuisse,  faisant courir ses doigts jusqu’à son genou tout en coulissant son profil sur son    épaule pour pouvoir lever un regard amusé vers son comparse, auquel il offre un énième sourire enjôleur, grandement annonciateur de ce qui suit ’’J’crois pas que tu en sois capable…’’ s’il émet un petit rire qui secoue son torse pendant quelques secondes, il redresse finalement sa nuque de quelques degrés pour lui laisser une porte de sortie, à savoir abandonner l’idée de cette randonnée qui, il faut bien l’avouer, semble déjà compromise « On peut rentrer… s’il te plait… » il s’y attendait, et le choix fait par son compagnon n’entache point le sourire qu’il porte, ni le regard doucereux qu’il pose sur lui « désolé si je t’ai déçu… » - ’’D’où tu sors ça ?’’ il le demande en saisissant sa main pour se relever mais, comme il lui apparaît impensable d’achever cette conversation sur cette fausse note, qui est autant erronée que dénigrante pour l’anglais, il use de son bras libre pour le retenir contre lui, entourant sa taille tout en venant tout d’abord embrasser le coin de sa mâchoire. ’’Tu penses vraiment que je peux être déçu pour si peu ?’’ ce n’est point un reproche qu’il vient de formuler, mais le pianiste espère sincèrement que son compagnon ne craint pas une telle réaction, puisque celle-ci est improbable. ’’Du moment que je suis avec toi, ça me va. Et puis…’’ qui est murmuré avec sincérité et douceur, et si ses mains remontent le long du torse de son petit-ami, c’est pour permettre à l’une de ses mains de glisser jusqu’à sa nuque pendant qu’il incline son menton sur le côté pour que ses lèvres, amoureuses de sa peau délicatement parfumée, tracent un chemin de baisers dans son cou, redessinant le galbe de son épaule en remontant progressivement le long de sa gorge, jusqu’à la coupure de sa mâchoire. ’’…J’suis sûr qu’on trouvera de quoi s’occuper…’’ après lui avoir volé un furtif baiser, le brun soutient son regard pendant quelques secondes, admirant et caressant ses traits avant d’enfin le libérer de son étreinte, commençant même à s’éloigner de quelques pas. ’’Allez, viens, on rentre.’’ ensemble, et c’est bien tout ce qui compte.

« je me moquerais jamais de toi voyons…. Ce n’est parce que j’ai peur pour ma vie à chaque fois que je suis passager dans une voiture que tu conduis que je me moque aussitôt de toi »  la calomnie qui entoure ses talents discutés le fait autant sourire que soupirer, mais c’est finalement la deuxième humeur qui l’emporte puisque le paysage de son visage se teinte d’un air presque maussade, et s’il roule des yeux c’est pour mieux manifester son désaccord ’’Si ce n’est pas de la moquerie, tu l’imites drôlement bien, hein…’’ la carte de la culpabilité marche tout aussi mal que celle de l’attendrissement mais, il gagne un baiser qui est déposé sur le sommet de son crâne, et qui adoucit considérablement les accusations portées à son encontre ; le geste affectueux rompt l’expression bougonne pour courber ses lèvres avec davantage de douceur, ce qui le pousse à se blottir encore plus contre son petit-ami, son front maintenant accolé contre le flanc de sa gorge. Laissant librement ses doigts courir sur la jambe de celui-ci, sans autre conspiration que celle de lui offrir quelques caresses vagabondes, il redresse finalement sa nuque après avoir entendu le « Pas pour l’instant, ça c’est sur, mais peut-être que si on faisait des entraînements intensifs?... » qui ne laisse planer aucun doute sur l’activité - ô combien plaisante - suggérée par Ash. ’’Je serai ravi d’être ton professeur.’’ prononcé sur un ton aussi joueur que la phrase précédente, et qui laisse un vestige grandement suave sur ses traits lorsque décision est prise de rebrousser chemin, même si celui-ci n’avait pas franchement été entamé.

Il n’est pas déçu, Izan, puisque l’élément le plus important de cette journée est qu’il va la passer en compagnie de son petit-ami, et qu’après avoir enduré plusieurs jours en étant séparés l’un de l’autre, le musicien n’est pas franchement regardant sur ce qu’ils font, puisque la seule chose qui compte à ses yeux est d’être avec lui. « je ne sais pas… ma vie n’est pas aussi excitante que la tienne. Je ne veux pas que tu t’ennuies à mes côtés… » passer huit à dix heures par jour à s’entraîner n’est pas franchement ce qu’il appelle excitant, même s’il est bien conscient que Ash fait plutôt référence à ses nombreux voyages et représentations à travers le monde ; il n’irait pas s’en plaindre, Izan, suffisamment lucide pour connaître sa chance d’être ainsi privilégié, jouissant d’une place hautement favorisée dans le monde de la musique, mais il regrette, parfois, le temps où le piano était pour lui un exutoire, un refuge, et non pas le métier qui lui cause parfois (de plus en plus souvent) des angoisses terribles. ’’Je ne m’ennuie jamais, à tes côtés. Je m’ennuie plutôt de toi quand tu n’es pas là, parce que tu me manques.’’ il tente de le rassurer, comme il le peut, n’étant pas certains que ses mots soient suffisamment éloquents pour être porteurs d’un quelconque réconfort, puisqu’il s’exprime plus aisément à travers sa musique que ses paroles mais, pour lui, il essaie. ’’Allez, viens, on va retrouver nos enfants.’’ dit-il d’un ton complice juste pour tenter de lui arracher un sourire, venant entrelacer les doigts de leurs mains afin de l’entraîner vers leur voiture, qui demeure être l’objet de leurs chamailleries : reste à savoir si va la conduire, cette voiture… ’’T’es drôlement pâle, tu sais ? Tu devrais me laisser conduire, au cas-où…’’ sortant les clefs de son sac, il hausse ses sourcils avec un air de défi dans le regard, comme s’il lui disait essaie de me les prendre pour voir, et le sourire provocateur qui accompagne l’impulsion espiègle de ses iris ne quitte pas ses lèvres, si bien qu’il se permet même d’agiter le trousseau devant lui avec un air farouchement enfantin. ’’Alors, tu me laisses conduire pour le trajet retour ?’’