@Diego Gutiérrez

tw : ça va péter

Avril-ish 2024

Diego se fout de ma gueule et j’en ai ma claque. Il a toujours eu un caractère de merde, c’est une putain de tête de mule mais aujourd’hui c'est trop. Chez les Gutiérrez on a tous notre caractère c’est vrai, mais ce qu’il manque à Diego c’est du courage. Je pense que le jour de la distribution du courage Diego était bien planqué sous une table ou dans un placard. J’ai mes défauts mais j’ai, je pense, le mérite d’assumer mes erreurs et de ne pas mentir. Je pensais qu’entre frères on ne se cachait rien, qu’on partageait tout et qu’on se faisait confiance, mais visiblement je ne mérite pas la confiance de Diego. Il faut dire que jusqu’à quelques mois mois seulement je n’avais même pas le droit à son soutien pour mes projets, alors pourquoi est-ce que je suis surpris qu’il me considère aussi peu ? Il m’a caché la vérité pendant trop longtemps. Je me fous qu’il soit gay, hétéro ou je ne sais quoi. Quand Emery m’en a parlé j’ai été plus que choqué, c’est vrai. Un peu dégoûté aussi pour être honnête mais j’ai réagi comme un gros con. J’y ai beaucoup repensé, j’ai pris le temps de digérer l’information et les préjugés que je pouvais avoir à cause de Rudy et de son ouverture d’esprit aussi petite que son cerveau. Je sais au fond que gay ou pas gay Diego restera le grand frère relou qu’il a toujours été. Lui et moi on ne se ressemble pas, on ne le sera sûrement jamais et il y a même des fois où je me demande si l’un de nous n’a pas été échangé à la maternité. Non, ce qui me fait chier dans cet histoire c’est son silence, le fait qu’il me fuit. Il a eu un million d’occasions de me dire qu’il était gay et surtout qu’il avait trompé Emery avec un mec. Il avait le temps de le faire, je suis même passé le voir après le voyage en Nouvelle-Zélande pour avoir des explications. Tout ce que j’ai eu c’est une porte fermée et des excuses de merde pour éviter le sujet qui fâche. Cette fois je ne lui ai pas donné le choix et je me suis pointé chez lui pour avoir une discussion à cœur ouvert et qu’il assume enfin ce qu’il a fait.

Je toque à la porte en trépignant. La colère me rend encore moins patient que d’habitude. La porte s’ouvre enfin et c’est avec le visage fermé que je le salue “Salut” L’ambiance est glaciale et il n’a même pas dit un mot que je soupire déjà. “Je fais pas passer par quatre chemins : je sais tout ok?” Je vais une pause tout en le lâchant pas du regard, parce que moi j’ai le courage de le regarder droit dans les yeux. “Em m’a raconté ce que tu lui as fait.” Je suis sûrement mal placé pour critiquer le fait qu’il ait trompé Emery alors que je suis aussi coupable de la même chose, mais tant pis. “T’as déconné putain.” Je me pince l’arrête du nez, excédé et à la recherche de mes mots pour ne pas dire quelque chose que je pourrai regretter comme j’ai pu le faire pendant le voyage avec Em. “Tu lui as brisé le cœur d’abord. Et tu m’as menti ensuite.” J’ai l’impression d’être encore une fois le dindon de la farce, le pauvre mec qui ne mérite même pas qu’on lui dise la vérité. “Tu m’as répété pendant deux ans que si t’avais quitté Emery c’était parce que ça matchait pas entre vous. Tu t’es bien foutu de ma gueule.” Le bras le long du corps je serre mon poing pour m’empêcher de trembler sous l’adrénaline. “Tu t’es encore foutu de la gueule d’Emery à la remise des prix en trainant encore avec ce même mec.” Je soupire en repensant à cette scène chaotique. “Enfin mec on va le nommer hein ? Mateo.” Il y a même des moments où j’en viens à penser qu’il a influé sur les résultats du concours via Mateo et c’est une pensée qui me blesse beaucoup. Je veux avoir gagné parce que je le méritais pas par piston parce que mon frère et un des mecs de la fondation couchent ensemble. “C’était calculé ça aussi Diego de remuer le couteau dans la plaie devant elle ?” Je lève la main devant lui pour l’empêcher de me couper la parole. “J’ai pas fini.” J’ai besoin de vider mon sac sans être interrompu. “Et ensuite quoi ? T’as fui. J’ai voulu qu’on parle, je t’ai laissé l’occasion de t’expliquer, de me dire la vérité. Mais non hein, t’as fait l’autruche” Mon regard plein de jugement ne le quitte pas. “J’ai dû supplier Em de me dire ce qu’il se passait et ça a foutu une merde monstre entre nous pendant notre voyage.” Je repense encore à ce voyage gâché de A à Z par cette histoire alors que j’avais prévu un voyage surprise pour la Saint Valentin. “Alors j’espère que t’es fier de toi.”

Diego avait reculé pour mieux tomber, évitant la confrontation avec son frère alors qu’il savait pertinemment qu’elle devrait avoir lieu tôt ou tard. Et à la seconde où la porte s’était ouverte sur son frère, il avait compris sa capacité à empirer une situation alors qu’il souhaitait justement la rendre plus simple. “Salut” Peut-être devait-il déjà s’estimer heureux que son petit frère ait au moins daigné le saluer. C’était ce que Diego pensait naïvement avant de l’entendre commencer à déverser son venin, lui laissant à peine le temps de se retourner pour lui faire face. “Je fais pas passer par quatre chemins : je sais tout ok?” Le sourcil du mexicain s’était arqué alors qu’il tentait de comprendre ce que signifiait ce tout. “Em m’a raconté ce que tu lui as fait.” Lui qui faisait de son mieux depuis trois années pour tirer un trait sur ce passé peu glorieux se retrouvait face à lui encore et encore depuis quelques temps. Le retour de Mateo lui rappelait constamment son erreur et le fait qu’Emery et maintenant Cesar prennent conscience de sa présence dans leur vie  empirait encore un peu plus le problème. “T’as déconné putain.” Comme trop souvent depuis quelques temps, Diego s’était appuyé sur le comptoir de sa cuisine, peu sûr de si son frère lui laisserait le temps de se défendre. Bien vite, celui-ci avait repris, lui montrant qu’il s’agissait là d’un monologue et qu’il valait mieux qu’il lui laisse l’opportunité de vider entièrement son sac avant d’oser parler. “Tu lui as brisé le cœur d’abord. Et tu m’as menti ensuite.” Ce point aurait dû être minimisé par le fait que s’il ne lui avait pas brisé le coeur, Cesar ne serait peut-être pas avec elle à l’heure actuelle. L’argument était déplacé, il le garderait pour lui, mais il ne s’était pas attendu à l’énervement de son frère sur ce point. Pour ce qu’il s’agissait de lui avoir menti, il espérait qu’il comprenait les raisons qui l’avaient poussé à le faire.  “Tu m’as répété pendant deux ans que si t’avais quitté Emery c’était parce que ça matchait pas entre vous. Tu t’es bien foutu de ma gueule.” Pourtant, il y avait une partie de la vérité dans les propos qu’il avait tenus à l’époque. “Tu t’es encore foutu de la gueule d’Emery à la remise des prix en trainant encore avec ce même mec.” Il dévisageait Cesar, prenant conscience de la colère qui déformait ses traits. “Enfin mec on va le nommer hein ? Mateo.” Il y avait quelque chose de déstabilisant à l’entendre prononcer son prénom, sans qu’il ne sache réellement pourquoi. Resserrant son emprise sur le meuble, Diego continuait d’encaisser, silencieux. “C’était calculé ça aussi Diego de remuer le couteau dans la plaie devant elle ?” Sa bouche s’était à peine entrouverte que Cesar avait levé la main, et jamais Diego ne s’était autant laissé prendre au jeu de la crisé d’autorité que lui jouait son petit frère. Une partie de sa colère était légitime, il le reprendrait sur les points qui n’étaient qu’un déversement de toute sa frustration. “J’ai pas fini.” Il soutenait son regard, lui indiquant de continuer. “Et ensuite quoi ? T’as fui. J’ai voulu qu’on parle, je t’ai laissé l’occasion de t’expliquer, de me dire la vérité. Mais non hein, t’as fait l’autruche” Il pouvait voir la déception dans son regard et la culpabilité qu’il ressentait n’en était que décuplée. Les choses n’avaient pas besoin de se passer ainsi, il en était conscient, mais Cesar savait mieux que quiconque la toxicité dans laquelle ils avaient pu baigner depuis l’enfance et qui expliquait sans difficulté sa réaction. “J’ai dû supplier Em de me dire ce qu’il se passait et ça a foutu une merde monstre entre nous pendant notre voyage.” Tout ça était donc à propos de lui ? “Alors j’espère que t’es fier de toi.” Il avait pris une longue inspiration, cherchant à se remettre de ce flot de paroles déversé sous la colère. Ce n’était pas un exercice évident, de rester de marbre face à son petit frère en sachant pertinemment qu’aucun mot ne saurait l’apaiser. « Cesar… » avait-il commencé, cherchant à comprendre ce que lui-même avait envie de faire, calmer le jeu et la situation ou bien mettre de l’huile sur le feu en déversant sa propre colère.  « J’aurais pas dû faire le mort, et pour ça je suis désolé, mais crois-moi je redoutais ta réaction et pour cause. » Il avait levé les mains devant son torse pour venir souligner à quel point ses craintes étaient justifiées.  « Pour le reste… j’avais pas de compte à te rendre sur ma rupture à Emery, j’avais pas anticipé qu’elle finirait avec toi, en fait. » Peut-être que s’il avait été au courant de leur futur, il aurait jugé Cesar légitime à savoir tout ce qu’il se tramait entre eux. « Vous êtes en train de foutre un bordel dans ma vie en insinuant des trucs juste parce que ce type bosse à la galerie, et tu viens me reprocher d’avoir gâché ton voyage ? Sérieusement, comme si j’avais prévu tout ça… » Le ton de sa voix se faisait toujours un peu plus haut, alors que tenter de s’expliquer l’énervait au plus haut point. Il s’était arrêté un instant, évitant d’indiquer à son frère la fragilité de leur relation si ses propres fréquentations venaient la détériorer. Tout cela ne faisait aucun sens à ses yeux, et il était venu attraper ses cheveux en soupirant, se sentant cerné alors que le sujet de Mateo revenait, encore et encore.  « Tu veux pas boire un verre d’eau pour te calmer ou je sais pas ? » Bien sûr qu’il cherchait à clôturer la discussion aussi vite qu’elle avait commencé, parce que c’était la seule manière qu’il avait trouvé pour tenter de s’attribuer encore le rôle du grand frère.

« Cesar… J’aurais pas dû faire le mort, et pour ça je suis désolé, mais crois-moi je redoutais ta réaction et pour cause. » Alors ça, c’est typiquement une réponse signée Diego Gutiérrez : s’excuser avant de rejeter la faute sur l’autre. C’est trop lui demander apparemment de seulement s’excuser et reconnaître ses torts. Il m’agace au plus haut point mais je lui laisse encore le bénéfice du doute pour qu’il se rattrape un peu mais j’ai peu d’espoir, je le connais trop bien. « Pour le reste… j’avais pas de compte à te rendre sur ma rupture à Emery, j’avais pas anticipé qu’elle finirait avec toi, en fait. » Encore une fois il ne s’excuse pas. Je soupire tout en l’écoutant d’une oreille distraite : tout ce que j’entends c’est des excuses à deux balles. « Vous êtes en train de foutre un bordel dans ma vie en insinuant des trucs juste parce que ce type bosse à la galerie, et tu viens me reprocher d’avoir gâché ton voyage ? Sérieusement, comme si j’avais prévu tout ça… » C’est la meilleure celle-là : c’est lui qui trompe Em avec un homme et c’est moi qui met le bazar dans sa vie ? Et comment ça on insinue des trucs ? On insinue pas qu’il est gay, on l’affirme. Il a embrassé un mec c’était pas par hasard quand même. « Tu veux pas boire un verre d’eau pour te calmer ou je sais pas ? » Je fais les gros yeux, je viens vraiment d’entendre ça ? Il me demande de me calmer ? Avec un putain de verre d’eau ? “Mais oui bien sûr volontiers, une tasse de thé au fenouil peut-être avec ça ? Et on fait comme s’il s’était rien passé en parlant de la météo ?” Le sarcasme est mon premier réflexe : à question bête réponse bête. “Non mais Diego sérieux!” Diego a toujours été un type brillant, une tronche qui pouvait tout réussir à l’école. Mais ce qu’il peut être maladroit avec les autres, c’est fou ça. Comment est-ce qu’il ne mesure pas à quel point c’est une mauvaise idée de me demander de me calmer ? Il devrait le savoir pourtant à force de me côtoyer. “Je suis pas venu pour boire un coup et tu le sais très bien, t’essaies encore de noyer le poisson.” Et il n’y a rien de surprenant à ça connaissant son courage légendaire. Je jure que s’il me propose encore une fois un foutu verre d’eau il finira vidé sur sa tête pour lui rafraichir les idées. “Oui t’avais pas de comptes à me rendre quand tu l’as quittée. Mais tu sais très bien que quand on a commencé à se fréquenter je t’ai posé des questions. Je t’ai demandé s’il y avait un souci avec elle, si y avait eu des problèmes entre vous pour pas être pris dans une relation pourrie ensuite. Et t’as RIEN DIT. Peut-être parce que le problème c’était toi en fait.”  Je n’ai plus de filtre, je sais que ça va le vexer et je m’en fous, il ne fait rien pour apaiser la situation correctement. Il a été lâche il y a deux ans quand j’ai commencé à voir Emery et il a continué de l’être depuis. “Et non je ne viens pas “foutre le bordel dans ta vie” pour le plaisir. C’est pas “juste le mec de la galerie”, arrête un peu tes conneries.” Le ton monte, j’espère que les murs de son appartement son épais sinon les voisins seront aux premières loges pour entendre toute notre conversation. “En tout cas j’espère vraiment que vos histoires n’ont pas influencé dans les résultats de mon concours” La seule idée que mon frère ait influencé par sa vie amoureuse ou sexuelle les résultats du concours me donnerait la nausée. J’ai travaillé dur, trop dur pour découvrir des magouilles comme ça alors j’espère au moins qu’il me rassurera là-dessus.

Il n’était pas habitué à être dans une telle position de faiblesse, à devoir recevoir les reproches de Cesar en de pareilles vagues tout en gardant le silence. Il ne l’avait pas interrompu, il avait déjà assez envenimé les choses en les laissant traîner et s’il n’était pas d’accord avec l’ensemble des propos tenus par son petit frère, il pouvait au moins lui accorder le droit de s’exprimer. Le problème était qu’il n’était pas convaincu qu’il en ferait de même, le moment venu. A vrai dire, à en juger par le flot de paroles incessant de Cesar, Diego se demandait même s’il aurait l’opportunité de ne prononcer rien qu’un mot. Peut-être qu’il prendrait la porte, une fois l’intégralité de son venin déversé. C’était ce qu’il s’était dit en l’écoutant parler, au point ou lorsqu’il avait enfin laissé s’installer un silence assez important pour lui indiquer qu’il pouvait s’exprimer, Diego avait été pris de court. Ses excuses étaient maladroites et il en avait conscience, mais il ne pouvait pas rester silencieux face à la colère de Cesar qu’il trouvait injustifiée. Il avait pris le temps d’exposer son point de vue, de lui indiquer à quel point il était injuste de se retrouver face à leurs accusations, encore plus lorsque celles-ci insinuaient qu’il avait un quelconque pouvoir sur leur couple. Les esprits devaient s’apaiser, Diego préférant d’avantage parler calmement que de s’énerver. “Mais oui bien sûr volontiers, une tasse de thé au fenouil peut-être avec ça ? Et on fait comme s’il s’était rien passé en parlant de la météo ?” Le grand frère avait soupiré devant une réponse criante d’ironie. “Non mais Diego sérieux!” Si Diego avait vu les jours passés comme l’opportunité de prendre du recul face à tout cela, il était évident que la colère de Cesar, elle, n’avait fait que s’amplifier. “Je suis pas venu pour boire un coup et tu le sais très bien, t’essaies encore de noyer le poisson.” « Pas du tout, je pense juste qu’il vaut mieux en parler calmement. Et je te le répète, je vais pas m’excuser pour un coup du hasard. » Et sur ce point, il savait pertinemment qu’il avait raison : revoir Mateo était initialement exclu, le revoir lors de la remise de prix de son frère et en présence de sa famille et Emery n’était qu’une façon de plus pour le destin de se moquer allègrement de lui.

“Oui t’avais pas de comptes à me rendre quand tu l’as quittée. Mais tu sais très bien que quand on a commencé à se fréquenter je t’ai posé des questions. Je t’ai demandé s’il y avait un souci avec elle, si y avait eu des problèmes entre vous pour pas être pris dans une relation pourrie ensuite. Et t’as RIEN DIT. Peut-être parce que le problème c’était toi en fait.” Il n’était pas sûr de continuer à le suivre. « J’ai pas le souvenir d’avoir prétendu avoir été le mec idéal. » avait-il répondu avec un sourcil arqué. « T’aurais voulu quoi ? Que je te donne tous les dossiers d’Em pour te dissuader de te mettre avec elle ?  Y a des choses qu’il vaut mieux pas que tu saches. » Ses problèmes avec la drogue, notamment, qui l’avait poussé à agir bêtement. Des actions qui lui avaient fait ouvrir les yeux et qui étaient à l’origine de toute cette problématique. S’il apparaissait maintenant comme le coupable idéal, Emery était clairement loin d’être parfaite et il lui laisserait le soin d’évoquer ces sujets là avec elle. « J’ai merdé un soir, ça a précipité notre rupture mais c’était trop anecdotique pour que je t’en parle en fait, on était pas faits pour être ensemble c’est tout. » Il avait haussé les épaules, cherchant au mieux à dissiper les moindres doutes que pouvait avoir son frère. Sa relation avec Emery était une chose, celle qu’elle entretenait maintenant avec Cesar en était une autre et la particularité de ces relations ne justifiait pas de tout lui confier. “Et non je ne viens pas “foutre le bordel dans ta vie” pour le plaisir. C’est pas “juste le mec de la galerie”, arrête un peu tes conneries.” Il était resté silencieux, aucune défense ne lui venait, surtout pas lorsqu’il savait qu’aucune n’aurait de réel poids face aux certitudes de Cesar. “En tout cas j’espère vraiment que vos histoires n’ont pas influencé dans les résultats de mon concours” Il avait laissé s’échapper un rire, étonné par ce retournement de situation : qu’entendait-il par là ? « Mais c’est ça le fond du problème, en fait ? T’es en train de me dire que tu crois que j’ai soudoyé un mec de la galerie pour que tu gagnes ? » Il ne savait pas ce qui était le plus risible : que Cesar le pense capable d’une chose pareille ou qu’il affiche ouvertement son manque de confiance en lui dans un moment où il semblait pourtant ne pas en manquer. « T’as une image de moi encore pire que ce que je pensais, en fait. T’as gagné parce que t’as du talent, rien d’autre, cabrón. » Et malgré l’ambiance actuelle, il ne pouvait s’empêcher de souligner à nouveau ce point, quitte à lui donner l’impression d’utiliser cette carte pour apaiser les tensions. « Je vais le redire une dernière fois, c’était un soir pour déconner, j’ai revu ce type parce qu’on a des amis en commun et il s’avère qu’il bosse à la galerie. Ça s’arrête là, tu me connais quand même ! » Il y en avait eu, des ex, et toutes avaient été des femmes.

« Pas du tout, je pense juste qu’il vaut mieux en parler calmement. Et je te le répète, je vais pas m’excuser pour un coup du hasard. » Je suis sûr que dans sa tête s’il s’excuse il brûle façon vampire au soleil. C’est trop difficile de dire qu’on est désolée et arrêter de faire l’autruche ? Chez les Gutiérrez on n’est pas très doués pour ça et plus ça va et plus je trouve ça chiant. “Je suis calme[/]” Le ton légèrement agressif que je prends ne matche pas vraiment avec le contenu de ma phrase mais tant pis. S’il ose me demander de me calmer par contre je vais sérieusement m’énerver. « J’ai pas le souvenir d’avoir prétendu avoir été le mec idéal. » Je ne supporte pas l’air qu’il prend. Il me fait sa tête de monsieur jesaistout et de mec qui a jamais tort. Le genre qui me prend de haut comme si j’étais complètement irrationnel. « T’aurais voulu quoi ? Que je te donne tous les dossiers d’Em pour te dissuader de te mettre avec elle ?  Y a des choses qu’il vaut mieux pas que tu saches. » Je fais les gros yeux, parce qu’en plus il y a d’autres secrets bien enfouis quelque part ? J’en ai ma claque de son silence et d’avoir l’impression d’être pris pour un con. “Comment ça “des choses ? Mais qu’est-ce vous me cachez encore ?” Je n’ai jamais demandé à avoir les moindres détails de leur histoire mais s’il y avait des red flags ou des choses graves à savoir si Emery, oui j’aurais aimé qu’il m’en parle. Pas pour me dissuader, mais plutôt pour que j’ai toutes les informations en main pour faire mon choix. Mais encore une fois il a préféré être égoïste plutôt que vouloir aider son frère. « J’ai merdé un soir, ça a précipité notre rupture mais c’était trop anecdotique pour que je t’en parle en fait, on était pas faits pour être ensemble c’est tout. » Je secoue la tête de gauche à droite. Il en est encore en train de me réciter les mêmes conneries, il n’ouvrira donc jamais les yeux. Je suis sûr que si j’essayais de parler au mur derrière lui ou à Tulum la discussion serait moins stérile. “Mais embrasser un mec c’est pas anecdotique Diego. Réveille toi un peu.” J’en viens ensuite à lui expliquer mes doutes par rapport au concours que j’ai remporté et sur la possible implication que Diego a pu avoir auprès de Mateo. « Mais c’est ça le fond du problème, en fait ? T’es en train de me dire que tu crois que j’ai soudoyé un mec de la galerie pour que tu gagnes ? » Dit comme ça, ça a l’air complètement surréaliste. Mais entre les mensonges et les cachotteries de tout le monde je ne sais plus qui croire et je ne ferme aucune piste. “J’ai pas dit soudoyé. J’ai dit que j’espérais que ça avait pas influencé le concours d’une façon ou d’une autre.” Et si la soirée avait mal fini ? Et si Mateo avait eu une mauvaise image de Diego ? Alors peut-être qu’en voyant mon dossier passer il aurait déjà eu un préjugé sur moi, et c’est une idée qui m’agace au plus haut point. « T’as une image de moi encore pire que ce que je pensais, en fait. T’as gagné parce que t’as du talent, rien d’autre, cabrón. » Je le fixe avec un regard noir. Je le connais : il est en train d’essayer de noyer le poisson pour s’en sortir. « Je vais le redire une dernière fois, c’était un soir pour déconner, j’ai revu ce type parce qu’on a des amis en commun et il s’avère qu’il bosse à la galerie. Ça s’arrête là, tu me connais quand même ! » Je secoue à nouveau la tête. Diego est tellement absent depuis qu’il a quitté la maison et nous sommes tellement différents que je ne suis même pas sûr de le connaître. “Je sais plus si je te connais ou pas.” Je soupire avant d’ajouter. “Je connaissais le Diego qui râlait parce que je laisser la lumière allumée trop longtemps le soir dans notre chambre.” Une époque largement révolue. “Mais le Diego qui embrasse des mecs “pour déconner” et qui trompe sa copine je suis pas sûr de le connaître non.”

Il y avait des discussions qu’il savait devoir avoir avec Cesar et pourtant, celle qui était en train d’avoir lieu le dépassait complètement. Il ne l’avait pas anticipé, bien trop focalisé sur la culpabilité qu’il ressentait vis à vis de son petit frère et sur la façon dont il s’était persuadé lui devoir quelque chose comme au reste de sa fratrie. Diego devait se racheter, à des échelles bien différentes avec chacun des membres de sa famille, mais s’il était parvenu à faire quelques progrès avec Cesar, ceux-ci avaient tous été balayés compte tenu des récents événements. Alors il était frustré, avait toutes les raisons de l’être, et détestait ce sentiment de faire un pas en avant puis deux en arrière.  “Je suis calme” Diego avait fermé les yeux pour prendre une profonde inspiration : chacun de ses mots allait être interprété de la façon dont Cesar l’avait choisie parce que s’il écoutait, il n’était pas en mesure d’entendre ce qui était réellement dit. Il n’était pas calme, chaque détail de son attitude le prouver, mais le mexicain le laissait volontiers avoir le dernier mot sur ce point alors qu’il s’agissait d’un détail dans tous ces éclats de voix. La fin de la relation de Diego avec Emery avait été suivie par le début de celle entre elle et Cesar et tout était devenu compliqué. Bien sûr, qu’il avait posé des questions, parce qu’il s’agissait là de quelque chose de particulier que d’entamer une relation amoureuse avec l’ex petite-amie de son grand frère. Cesar était légitime à vouloir savoir dans quoi il s’embarquait, mais Diego n’était pas responsable de l’image qu’Emery avait décidé qu’il ait d’elle parce que s’il avait accordé une part de vérité à son frère, il l’avait fait tout en s’assurant de protéger l’intimité partagée avec elle. “Comment ça “des choses ? Mais qu’est-ce vous me cachez encore ?” « Rien, on te cache rien, absolument rien. J’ai pas envie d’être mêlé à votre couple, c’est si difficile à comprendre ? » C’était trop facile, de vouloir demander toutes les clés à un Diego dont la relation avait de toute façon terminée en fracas.

“Mais embrasser un mec c’est pas anecdotique Diego. Réveille toi un peu.” En une phrase, le petit garçon qu’il était encore aux yeux de son grand frère s’en était allé. Avec lui, il avait emporté le calme et l’empathie que tentait de garder un Diego déjà éprouvé par les récents événements. Ses poings s’étaient serrés, parce qu’il réalisait à quel point le ton employé par son frère ressemblait à du mépris, assez pour lui faire prendre conscience qu’il avait raison de cacher la vérité. Alors il laissait à nouveau place à ce cercle vicieux dans laquelle la culpabilité qui aurait pu l’amener à être honnête était finalement effacée par cette certitude que Cesar ne comprendrait pas. Il se tenait là, devant lui, avec sa vérité préconçue, et il était évident qu’il ne comprendrait pas. Diego lui-même, ne comprenait pas. Et la raison de son énervement se tenait peut-être là, à entendre son petit frère lui cracher au visage tout ce qu’il refusait d’entendre : sa relation avec Mateo n’avait rien d’anecdotique mais tout de problématique. Par une autre accusation, Cesar avait réussi à le tirer un temps de ses pensées, laissant son énervement s’exprimer d’une autre manière. “J’ai pas dit soudoyé. J’ai dit que j’espérais que ça avait pas influencé le concours d’une façon ou d’une autre.” « Non, j’ai pas le pouvoir d’influencer ton concours. » Il s’était répété avec un calme en totale opposition avec son état général parce que c’était là enfin une vérité qu’il pouvait dire sans crainte. Il en avait choisi une autre, indiquant à son frère qu’il le connaissait assez pour pouvoir le croire, mais la réponse avait eu l’effet d’un coup de poignard. “Je sais plus si je te connais ou pas.” Ses lèvres s’étaient pincées alors qu’il feignait de recevoir l’affirmation sans que cela ne l’affecte. “Je connaissais le Diego qui râlait parce que je laisser la lumière allumée trop longtemps le soir dans notre chambre.” Subtilement, Cesar venait lui rappeler que le lien était bel et bien rompu là où il l’avait si souvent nié quand son frère s’en était inquiété. Et il lui en voulait de ne pas avoir admis cette vérité avant qu’il ne soit trop tard, se sentant maintenant incapable d’imaginer une réconciliation définitive avec son frère. “Mais le Diego qui embrasse des mecs “pour déconner” et qui trompe sa copine je suis pas sûr de le connaître non.” Un silence. Puis il avait ri. S’était frotté le visage. « Donc c’est comme ça que tu vas me définir maintenant ? C’est bien, t’as de belles valeurs familiales, hermano. » avait-il répondu alors que son égo avait trouvé une façon de s’exprimer à la place de toute la tristesse qu’il ressentait de voir son frère le rejeter. Le nier en bloc alors même que Diego n’avait rien confirmé. « Vous passez votre temps à vous torcher la gueule et moi je dérape une fois et ça y est, je deviens un paria ? » Il avait toujours été ferme quant à son avis sur l’alcool, il constatait une nouvelle fois sa dangerosité. « Je comprends pourquoi tu parles à ma place au moins maintenant, t’avais simplement besoin d’une putain d’excuse pour me rayer de ta vie depuis le temps que t’en rêves. » Et il avait gagné, Diego n’avait plus la force de se battre avec lui, quand bien même l’idée de se fâcher avec un membre de sa famille lui laissait la sensation désagréable d’être amputé d’une partie de lui-même.

« Rien, on te cache rien, absolument rien. J’ai pas envie d’être mêlé à votre couple, c’est si difficile à comprendre ? » Encore un mensonge. Si Diego devait se transformer en pinocchio son pif traverserait toute l’Australie à l’heure actuelle. Bien sûr qu’ils me cachent des choses tous les deux, j’en suis certain et sa réaction est une preuve supplémentaire. Je finirai par le découvrir d’une façon ou d’une autre, comme d’habitude puisque personne ne me dit jamais rien. Je préfère ne rien ajouter, c’est inutile. A la place j’essaie de lui faire comprendre que ce qui s’est passé a son importance et qu’il n’y a rien d’anodin. Je m’assure aussi que l’histoire de Diego et Mateo n’a pas influencé les résultats du concours, ce qui pourrait me faire perdre complètement ma patience. « Non, j’ai pas le pouvoir d’influencer ton concours. » Je me contente d’un hochement de tête accompagné d’un regard noir avant d’ajouter. “J’espère bien.” Si cela avait été le cas, je pense que j’aurais arrêté de parler à Diego, ça aurait été trop grave pour que je puisse le supporter alors que je suis déjà en train d’essayer de comprendre ce qu’il s’est passé et surtout pourquoi Diego a menti pendant toutes ces années. La confiance que je pouvais avoir en lui est morte, c’est clair et net. Et comment est-ce qu’il réagit quand j’essaie de lui faire ouvrir les yeux ? Il rit. Il se fout de ma gueule. « Donc c’est comme ça que tu vas me définir maintenant ? C’est bien, t’as de belles valeurs familiales, hermano. » Je ne peux pas m’empêcher d’avoir un rire nerveux en retour. “Parce que tu crois que c’est les valeurs qu’on a dans la famille ? Tu crois que ça ferait plaisir à mama et à papa de savoir ça ?” S’il trouve que je réagis mal, la réaction de Rudy serait bien pire. S’il était à ma place il aurait déjà mis son poing dans sa figure. Je me souviens trop bien des fois où Rudy me parlait comme le dernier des paillassons ou des claques que j’ai mangées parce que je cite “je me comportais comme une tapette” avec mes peintures. Et je ne pense pas que tromper sa copine avec un homme fait partie des valeurs que les parents ont essayé de nous transmettre. « Vous passez votre temps à vous torcher la gueule et moi je dérape une fois et ça y est, je deviens un paria ? » Je fais les gros yeux, j’ai bien entendu un vous ? Il est vraiment en train de me mettre dans le même panier que Sara alors que je sors une fois tous les 36 du mois ? “Vous ? Me confonds pas avec Sara déjà s’il te plaît. Et ça n’a rien à voir surtout.” Mais qu’est-ce qu’il croit ? Qu’en parlant des écarts de tout le monde ça rendra les siens plus acceptables ? Non, ça ne marche pas comme ça et il ne s’en sortira pas comme ça. « Je comprends pourquoi tu parles à ma place au moins maintenant, t’avais simplement besoin d’une putain d’excuse pour me rayer de ta vie depuis le temps que t’en rêves. » Je serre mon poing en rentrant mes ongles dans la paume de ma main pour essayer de contenir ma colère. Il me fait dire des choses que je n’ai jamais dites. “J’ai jamais dit ça putain.” C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase et ma patience a atteint ses limites. Ca ne sert à rien de parler avec Diego qui n’a aucune envie de se remettre en question. “Bon tu sais quoi ?  Vous me saoulez TOUS, on peut pas discuter avec vous. Je me casse.” Je me dirige vers la porte, avant de lui dire, la main posée sur la poignée de la porte qui sera bientôt claquée. “Tu débrouilles pour Tulum cette semaine, t’auras qu’à demander à ton mec de le garder.”