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L’ambiance se voulait familière, mais comme étrange. Atlas était vêtu de son uniforme le moins formel, les pieds plantés sur la piste d’un porte-avions, le regard fixé sur un horizon qui se voulait aussi instable que l’océan aux alentours. Il voyait son hélicoptère, à quelques mètres de là, porte du cockpit grande ouverte, n’attendant que lui. Mais ses pieds refusaient d’avancer. Comme si la semelle de ses rangers avait fondu pour ne faire plus qu’un avec le tarmac. Il se retrouvait figé sur place, incapable de parler, d’interpeller ceux qui l’entouraient et surtout dans l’incapacité du moindre mouvement. L’angoisse paraissait s’agrandir dans sa poitrine alors qu’une douleur venait à le lancer dans la cuisse. Il cherchait à bouger, à faire quelque chose, mais rien ne semblait s’avérer efficace. Et alors que l’océan paraissait avaler une tempête, il senti comme un coup sur son épaule. Un petit rien, qui se transforma en une secousse, tel un tremblement de terre étranger. La secousse repris accompagnée d’une voix qui le fit sortir de sa torpeur. « Hé, la belle au bois dormant ! » Dans un premier temps, Atlas enregistra la douleur qui provenait de son crâne. Avant qu’on ne le secoue à nouveau. « La sieste est finie. » Et finalement, ses instincts de militaire prirent le dessus. Dans un mouvement étrangement souple pour quelqu’un qui n’avait pas pratiqué le moindre sport depuis des mois, Atlas se redressa sur le matelas pour attraper la main posée sur son épaule. D’un seul geste, il entreprit de tordre le poignet de son assaillant, prêt à en découdre. Il lui fallut une seconde, et un hurlement de la part de l’homme qu’il tenait fermement, pour réaliser qu’il n’était pas en zone de combat, mais dans une chambre d’hôtel. Sous le coup de la surprise, Atlas relâcha son étreinte et se laissa tomber sur le matelas. « C’est quoi ce bordel ? » Il avait parlé trop fort, le mal de crâne qui s’était infiltré entre ses tempes lui rappela une triste réalité. Il releva les yeux pour tomber sur la silhouette d’un parfait étrange. Grand, brun et surtout à moitié à poil. « Mais t’es qui toi ? » Oh, il avait bu. Il ne pouvait plus en douter, entre sa gorge qui lui hurlait de boire de l’eau, sa langue pâteuse et ce terrible mal de tête qui lui vrillait le crâne. Il n’avait aucune idée de ce qu’il foutait là et fut rassuré de remarquer qu’il avait encore son caleçon et un tee shirt sur le dos. Pour le reste ? Il n’avait aucunes idées d’où il pouvait bien être et une nausée était en train de lui torturer l’estomac. Sans un mot pour l’inconnu, il se leva, trop rapidement au goût de ses muscles. Sa cuisse lui rappela qu’il ne pouvait plus être aussi vif et il manqua de s’écrouler sur le lit à nouveau. Il lui fallut une minute pour retrouver son équilibre et une de plus pour se rendre dans la salle de bain et s’asperger le visage d’eau froide. « Putain… » Il n’avait aucune idée d’où il pouvait être et l’autre continuait à le fixer comme s’il avait réponse à tout. « T’as un nom au moins ? » C’était quoi encore que cette histoire… Il n’avait quand même pas ramassé un mec dans un bar ? Il était bien dans un bar hier soir, non ?

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Le mal de crâne est stratosphérique. De celui qui vous ravage les neurones et tabasse jusqu’à la racine des cheveux. Il n’a aucune idée de l’endroit où il se trouve et ses réflexes le poussent à agresser physiquement le mec qui venait de le réveiller. Rien ne va, rien ne fait sens. Il faut une seconde supplémentaire pour que ses yeux clairs s’adaptent à la lumière du jour. Une de plus pour réaliser qu’il n’est absolument pas chez lui, mais plutôt dans une chambre d’hôtel et que le mec dont il tient toujours le poignet hurle encore. Il le relâche un peu perdu. « Enfermo bastardo. » Il n’a jamais été très bon en espagnol, mais il comprend assez pour relever un regard noir vers l’autre homme. L’envie de répliquer est forte, mais il se retient, essayant plutôt de maîtriser la nausée qui monte. « T’as aucun souvenir ? » Il regarde l’homme qui reste un strict inconnu pour lui et hausse les épaules, regrettant déjà son geste, même cela s’avère être douloureux. « C’est un peu difficile là. » Sa gorge est affreusement sèche, sa voix ressemble à celle d’un fumeur de quatre-vingts ans. Il tousse avant de se lever difficilement pour se précipiter vers la mini salle de bain. Le filet d’eau fraîche lui apparaît comme une véritable délivrance. Dans son dos, il entend l’autre s’agiter dans la chambre, probablement en ouvrant tous les tiroirs à la fois. Il hésite un instant et finit par passer sa tête entière sous le filet d’eau froide. Comme si cela allait miraculeusement lui rendre tous ses souvenirs de la veille. Il n’avait pas pris une telle cuite depuis des années et probablement que le mélange avec ses médicaments n’a pas aidé. « Sergio. Toi ? » - « Atlas. » Bon. Au moins, il a un prénom. Il ne paraît pas vraiment dangereux, juste aussi paumé que lui. C’est quoi ce délire encore. Ils ne se connaissent même pas et pourtant les voilà dans la même chambre d’hôtel. Le lieu ressemble à s’y méprendre à un bon vieux film d’horreur ou à l’un des épisodes miteux de Breaking Bad. La pièce balance une veille odeur de renfermé et probablement un peu de transpiration. « Je dois rentrer. Mais impossible de retrouver mon téléphone, mon portefeuille, ou mes vêtements. Dis-moi que tu as une idée d’où j’ai pu laisser tout ça. » Instinctivement, ses mains se dirigent vers ses cuisses, mais il n’est vêtu que de son caleçon, ce qui complique un peu l’affaire. « Et par pitié, dis-moi qu’on n’a pas atterri ici en ayant ça sur le dos. » Son regard suit celui du brun pour découvrir les vêtements qui jonchent le sol. On dirait un déguisement à dix balles d’un personnage hippie des 70s. Il ne manque que la perruque, qu’il trouve sur le siège miteux vers l’entrée. « Attends… » Par acquis de conscience, Atlas attrape les deux pantalons pattes d’éléphants et trouve par miracle des poches. Et les clés d’une voiture. « C’est pas la mienne. » Non, il a entre les mains les clés d’une Ford et pas de sa Jeep. « C’est à toi ? » Il jette les clés vers Sergio et fouille les autres poches sans rien trouver, si ce n’est une serviette avec un numéro inscrit dessus. « Putain, mais c’est quoi cet enfer. » Est-ce qu’ils ont dragué des filles ? L’autre semble un peu trop nerveux pour qu’il ose poser la question. Il se défait des habits et jette un coup d’œil par la fenêtre. « Reste plus qu’à aller chercher sur le parking en priant pour qu’on ait laissé nos affaires dans la caisse. » Ce n’est pas l’idée du siècle, mais ils sont un peu à court d’options autour de cette chambre. « Ça ressemble pas franchement à Brisbane là dehors. » Où alors un coin qu’il ne connaît pas, mais il est certain qu’en ouvrant la porte, l’odeur de l’océan viendra lui agresser les narines. « T’étais à Gold Coast ? » Autant prendre l’option la plus proche ?

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Retournant la situation dans tous les sens, il ne semble pouvoir grapiller le moindre souvenir qui l’aiderait à comprendre comment il avait bien pu atterrir dans cette chambre d’hôtel en compagnie d’un parfait inconnu. Et s’il avait mis les mains sur des clés de voiture, elle semble n’appartenir à aucun d’entre eux. Qu’est-ce qu’ils ont bien pu faire pour se réveiller ici ? Atlas apprécie de moins en moins le sentiment d’inconfort qui le gagne. La blague de l’amnésie qu’il a déjà subie, à ce jour, il n’a toujours pas retrouvé le moindre de ses souvenirs. Il n’a pas l’intention de recommencer en tout cas. La situation ne prête pas à rire à ses yeux, mais la panique de son comparse reste amusante malgré tout. « Tu es du genre à demander des numéros de téléphone ? » Il hausse les épaules. Pas vraiment, mais bon. « Je suis célibataire. » Autrement dit, un Atlas sous alcool à très bien pu draguer tout ce qui bouge, parce qu’il est célibataire depuis bien trop longtemps à son goût, mais ce n’est pas un détail qu’il a l’intention de partager avec l’autre. Un numéro sans portable, ça n’allait pas les aider de toute manière. Il faut qu’ils sortent de cette chambre pour trouver la voiture. « En évitant de se faire remarquer, parce que j’ai pas envie d’expliquer l’état de la chambre. » Avec leurs accoutrements, ils vont probablement se faire remarquer. Et Atlas réalise que c’est tout sauf une bonne idée. « Je peux pas me faire arrêter ! » Ce n’est clairement pas le moment pour ça, il a besoin de garder un casier vierge, totalement. « Je déconne pas, c’est mon métier en jeu. » Comme s’il allait un jour retrouver sa place quelque part au sein de l’armée. 

Il n’a aucune idée de ce qui les a amenés jusqu’ici, mais ils se sont clairement éloignés du centre-ville. Il traîne dans l’atmosphère un air marin qu’il est impossible de ressentir en plein centre de Brisbane. Atlas se demande comment ils ont pu conduire jusqu’ici sans jamais se faire arrêter en chemin. « Non. J’étais dans Spring Hill, aux dernières nouvelles. J’ai aucune idée de comment on aurait pu faire une heure de route dans cet état. » Il a soudainement comme un léger souvenir. « Le Sixteen Antlers ? » Il n’avait pas donné rendez-vous à Gayle là-bas ? Non. Pour être seul avec un autre gars, c’était forcément Ginny et elle lui avait posé un lapin pour une raison saugrenue dont elle seule a le secret. L’odeur qui règne dans l’habitacle de la voiture le sort de sa rêverie. « Putain. » Ils ont bu là-dedans ? « Oui, ce devait être notre carrosse. » Génial, un tombeau de la mort. « Tu connais une Lauren Patton ? » Atlas se retourne sur le siège pour voir ce que tient Sergio. « Ça me dit rien. » Est-ce que c’est le moment d’avouer ses problèmes à son compagnon de galère. « Mec… J’ai déjà des problèmes de mémoire et boire avec mon traitement. Pas certain que ce soit l’idée du siècle. » Il n’a aucune idée de ce qui aurait pu le pousser à consommer autant. Vraiment, Atlas, t’as pas une petite idée ? « Le numéro de téléphone ? » - « Nous faudrait un portable. » Ça pourrait résoudre bien des problèmes s’ils avaient une trace numérique, non ? « Et s’il y avait une autre chambre ? » Atlas se met à fouiller le compartiment des portes qui sont de ce sont côté, mais il n’en sort qu’un paquet de chewing-gum à moitié vide. Super. « Il y a un sac. » Il note l’hésitation de Sergio et soupire longuement. « Il va pas te mordre ! » Sans attendre, il attrape le sac pour en découvrir son contenu. Il déverse tout sur la banquette arrière.

win - Il y a leur deux portables dans le sac, celui d'Atlas n'a plus de batterie, mais l'autre encore. En plus de ça, ils trouvent un portefeuille avec la carte d'identité de cette fameuse Lauren. C'est pas grand chose, mais déjà avec un téléphone, ils peuvent s'en sortir. « Check tes photos, si y'a pas des preuves ou tes appels. » En cherchant encore dans le sac à main, il retrouve sa montre. « Putain mais on a fait quoi sérieux ?! »
so close - Dans le sac à main, il y a un portable qui n'est ni le sien, ni celui de Sergio, mais au moins ce dernier n'est pas verrouillé par un code. Au pire, ils pourront appeler quelqu'un. Mais une femme commence à s'approcher de la voiture, en criant leur prénom. Atlas se tourne vers Sergio un peu paniquer. « Tu la connais, elle ? »
fail - Dans le sac, il ne trouve que des papiers de bonbons, une bonne réserve de préservatif et absolument rien qui ne pourraient les aider à complètement retracer leur soirée. En plus de ça, le gérant du motel les voient s'agiter dans la voiture et s'approche d'eux d'un air menaçant. « J'ai appeler la police. Bande de voleur ! » Et effectivement, la sirène d'une voiture de police se fait entendre au loin. Merde, merde, merde !

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Ce ne serait pas la première fois que ses souvenirs lui font défaut, mais cette fois tout est bien plus cocasse, il faut l’avouer. Il n’avait pas prévu de se retrouver avec un compère d’infortune. Il n’avait surtout pas planifié de se retrouver dans un endroit inconnu, sans ses affaires et sans avoir la moindre idée de ce qui avait pu les amener jusque-là. En bonne déformation professionnelle, Atlas cherche à tracer un fil rouge, une cohérence qui donnerait un scénario plus ou moins plausible quant au début de leur aventure parfaitement alcoolisé. « Je pense. Ce serait plausible. » Donc tout aurait pu démarrer au Sixteen Antlers. Ce serait un bon point. Atlas connaît bien le videur à l’entrée et il ne serait pas trop difficile d’aller le voir et de retracer un semblant de parcours dans tout cela. Ce n’est qu’un détail, mais il se raccroche à ce besoin de cohérence, se cherchant même des excuses liées à ses propres problèmes et le traitement qu’il se doit de suivre pour sa santé. Cela paraît presque amuser son compère et Atlas ne manque pas de lever les yeux au ciel. « Je ne pense pas que le problème soit venu de ton traitement. » Super. Ils se sont donc mis une caisse ensemble, mais l’espagnol semble avoir rangé son amabilité avec sa sobriété.

Passant une main sur son visage, Atlas cherche à faire abstraction du mal de crâne qui le dérange jusqu’à la racine de ses cheveux en bataille. La voiture n’est pas la leur, pourtant ils ont les clés. Un sac main de femme sur la banquette arrière et aucune autre trace de leurs affaires. Tout l’épuise, mais il se veut bien plus courageux que son camarade d’infortune. « Je m’attends à tout. » Il lève les yeux au ciel avant de fouiller le seul truc qui pourrait s’avérer utile. Il en dégote un téléphone qui semble fonctionner et cela s’avère déjà être une victoire en soi. Il pourrait presque soupirer de soulagement, mais il semblerait que les étoiles se sont alignées pour ne jamais leur accorder une minute de répit. « Non. Mais j’ai pas l’impression qu’on ait eu les meilleures idées hier soir. On ferait mieux de se tirer de là. Vite. » Avant qu’il n’ait le temps de réaliser quoi que ce soit, Sergio s’est littéralement barré en courant. Il jure dans sa barbe, ferme la portière de la voiture et se lance à la poursuite du brun. Le souci étant qu’Atlas n’est plus en mesure de courir. Auparavant, il aurait mis une bonne distance à l’hispanique, mais aujourd’hui, il est obligé de serrer les dents pour le rejoindre et pour monter dans ce bus qui semble être un signe du divin. Il devine les regards en biais du chauffeur, mais se contente d’un sourire avant d’aller trouver une place à l’arrière du bus. « Putain, mais c’était qui cette folle ? » Elles les avaient insultés copieusement, usant de tout un tas de noms d’oiseaux, et quelque chose lui dit qu’elle serait capable de se lancer à la poursuite du bus. Soupirant, il tend sa jambe blessée dans l’allée du bus, cherchant à reprendre son souffle. « Plus qu’à passer des coups de fil. » À deux, ils observent le téléphone encore entre ses mains. « À toi l’honneur. » Il ne connaît plus aucun numéro de téléphone par cœur. Étrangement, le seul qui a bien voulu rester imprégner dans sa mémoire s’avère être celui de Lola et il était hors de question qu’il l’appelle après la soirée qu’il venait, visiblement, de passer.

Alors qu’à ses côtés Sergio paraît pianoter sur l’écran du téléphone, Atlas s’autorise à fermer les yeux un instant. Il connaissait les situations de pression, il lui fallait juste un instant pour faire le vider et tenter d’éclaircir un peu le brouillard. Pas vrai ? L’exercice se veut cruellement plus complexe depuis quelques années, mais alors qu’il se répète le prénom qu’avait trouvé Sergio, il eut l’impression d’être transcendé par un éclair. « Putain… » Il ouvre à nouveau les yeux pour observer son compagnon. « Je crois qu’on s’est incrusté dans une soirée d’anniversaire ou un truc dans le genre… » Il se souvient d’une chanson et de cette fameuse Lauren ? Ou tout du moins d’une nana qui célébrait quelque chose. « Et on voulait vraiment participer ? » D’où leur tenue ? Il tire sur le col de sa chemise et soupire longuement. « Y’a pas des photos sur le téléphone ? » Quitte à se faire peur, autant y aller franchement.