Quand elle entre dans les lieux, Anna ne peut s’empêcher d’avoir un mouvement de recul. Infime dirons-nous, mais assez pour qu’elle se demande si c’était une bonne idée de venir dans cette soirée disco organisée par la ville. Elle a toujours ce réflexe premier que de se demander si elle a eu raison. De laisser son manque de confiance en elle la saisir et lui faire perdre pied. Peut-être que c’est tout simplement une idée pourrie et elle s’en veut presque d’avoir embarqué la terre entière pour se trouver ici avec Izan, son ami aux doigts d’or. C’est qu’en tant que maman, il a fallu faire des pieds et des mains pour qu’Oscar soit prêt à l’heure pour dormir chez son meilleur ami. Qu’il a fallu préparer ses affaires car à écouter son fils, un caleçon de rechange aurait suffi amplement. En grande stressée qu’elle peut devenir quand il s’agit de la chair de sa chair, Anna s’est assurée d’avoir tous les numéros d’urgence communiqués au cas où. Tout va bien se passer. C’est ce qu’elle se dit. Elle a même joué le jeu de s’habiller à la mode des années disco mais n’a pas osé prendre de perruque. Il y a des choses sur lesquelles, Anna reste toujours dans la mesure, trop sage pour céder à la folie et pourtant, elle se dit que cette soirée lui fera du bien. Samuel est en pleine tournée d’une oeuvre qu’il a co réalisé à Brisbane. Et de ce fait, elle oeuvre seule sans la présence de son compagnon. Le lit vide lui paraît si froid. Et quand, elle a eu vent de la soirée disco pile au moment où Oscar réclame cette soirée pyjama. La pianiste s’est dit qu’il y avait forcément un signe du destin. Pour qu’elle puisse se trouver dans cette soirée. Pour qu’elle puisse partager ce moment avec Izan avec qui elle s’entend si bien depuis des années maintenant. Il faut dire que la passion du piano les lie. Et même si les débuts ont été houleux, qu’elle a clairement détesté sa tête d’ange prétentieux, aujourd’hui, l’eau a bien coulé. « Je crois que je regrette d’être venue… » S’exclame Anna d’une voix forte au vu de la musique qui se fait entendre. Elle connait déjà la réaction de son ami qui passera, certainement, par des émotions qu’elle lui connait bien. Mais avec Izan, il n’a jamais été question de se mentir. Elle lui glisse même un sourire d’excuse au travers de ses lunettes aux verres oranges. « Oui, je sais. Tu peux me tuer de te dire ça quand on vient à peine d’arriver ! » Mais il est vrai qu’elle sort peu souvent. Son poste à la compagnie de théâtre ne lui offre pas de possibilités de participer aux mondanités. Et si soirée il y a, Anna a souvent préféré les moments avec Samuel à écouter de la musique classique ou aller voir un ballet. Ou même de se faire un cinéma avec son fils. Alors forcément, sortir pour s’amuser et … danser. « Tu te rends compte que la dernière fois où j’ai dû danser… C’était peut-être il y a dix ans en arrière ? » Ou plus, et cela dit, Anna préfère ne pas compter. Puis se rappeler les souvenirs d’avant, ça demeure toujours douloureux. Il y a encore ces creux dans son coeur qui la malmène encore. Qui attise son manque de confiance qui ressort pile à cet instant où il lui faudrait lâcher prise et profiter de l’instant présent. Mais c’est difficile même si la musique donne tellement envie de se trémousser sur cet air de boogie woogie. De toute façon, elle connaît Izan et se doute qu’il ne se contentera pas de ces aveux et qu’il fera en sorte de la pousser à prendre du temps pour elle. En attendant, Anna regrette de l’avoir lancé sur cette invitation, se disant qu’une soirée avec un bon thé et un peu de musique classique en fond sonore aurait été le mieux pour l’ermite qu’elle est.

@Izan Da Silva  

’’Mais qui êtes-vous et qu’avez-vous fait de mon amie ?’’ Elle ne peut s’empêcher d’éclater de rire parce que dans le fond, elle le sait. Proposer de venir faire la fête ici. Encore plus en étant déguisée, ça relève du jamais vu. Il faut dire qu’Anna a toujours été cet être calme et sensible, qu’elle n’a jamais été le genre de personne exubérante à être visible. Oh non, si elle le pouvait, Anna aurait carrément passé sa vie dans une grotte armée de son piano. Aussi, d’être là et face aux mots d’Izan, elle ne peut que répliquer d’une voix mi-gênée et mi-malicieuse. « Je crois qu’on l’a kidnappée, la petite Anna. » Et au fond d’elle, elle est certaine que c’est très certainement le cas, surtout quand elle découvre les lieux. Le monde. La musique. Et oh mon dieu, mais pourquoi a t-elle eu une idée aussi folle. Forcément, exprimer ses sentiments, c’est faire face aux regards d’Izan qui ne sont qu’équivoques sur le fait qu’il la connait si -trop- bien. ’’On partira dès que tu en auras marre.’’ Peut-être que c’est la meilleure idée et lorsqu’elle ouvre la bouche pour que ça soit un « maintenant ? » qui soit prononcé, Izan ne lui en laisse pas le choix. C’est d’un geste énergique qu’il vient enrouler son bras autour du sien et qu’il l’emmène vers la piste de danse, laissant la pianiste éclater de rire. Même si… Anna se ratatine déjà à l’idée d’être au milieu de la musique et des néons. Et en même temps, il y a quelque chose de grisant d’être en compagnie de son ami, de pouvoir profiter de ce moment à deux. Ils ont si peu de temps pour se voir ces derniers temps tant il y a eu du boulot pour chacun d’eux. Elle se veut sincère en l’informant que sa dernière activité de danse remonte à l’âge de pierre, ce qui n’a pas l’air de freiner son ami. ’’T’es en train de me dire que tu es rouillée ? Si on entend quelqu’un grincer sur la piste, on saura que c’est toi…’’ - « Tu vas entendre un réel crissement juste .. horri… » Ses mots se meurent dans un cri de surprise suivi d’un rire quand il la fait pivoter soudainement. Aurait-il autant de talents dans la danse que dans la piano ? Il faut croire que oui ! ’’J’ai pas entendu de grincement, ça va !’’ - « Alors nous sommes sauvés et je ne gâcherai pas la soirée en faisant grincer mes vieux os ! » Et puis, elle sent quand même cette envie de s’amuser. Elle se le répète aussi de profiter de cette soirée en étant seule. Sans compagnon, ni enfant. Juste la présence d’Izan et elle, en plein d’une soirée disco. Et puis, la musique donne envie de se trémousser. Ou alors c’est parce que ce soir, elle a un partenaire qui transmet une énergie plus que communicative. ’’On boit un verre, d’abord ? À moins que tu aies envie de danser tout de suite…’’ Alors ça, c’est une bonne idée. Elle se dit qu’un verre un peu chargé pourrait lui permettre de se dérider un peu. Anna n’est pas une grande consommatrice d’alcool mais sait l’apprécier quand l’occasion se présente. Elle n’a pas oublié cette leçon avec Ginny qui se sera transformée en petit verre de vin et une proposition de se faire peindre par l’artiste. « Oh bah écoute, je crois que j’ai besoin de « vitamine » pour me décoincer un peu. Il ne me restera plus qu’à enflammer le dancefloor ! » Elle a ce rire sincère qui amène de l’espoir quand au fait que, non, elle ne partira pas de suite comme l’a suggéré son ami. Elle ne pourrait pas lui imposer cela surtout quand l’invitation est venue d’elle. Une fois arrivés au bar, ils prennent une boisson et Anna se laisse tenter par celui portant le nom de boogie woogie. Elle verra bien le gout. Du bar, elle englobe les lieux et voit tout ce monde qui semble s’amuser. Et Anna se sent bien comme entourée de toutes ces énergies auxquelles elle est sensible.  ’’En tous cas, ça te va bien cette tenue ! J’pense que tu devrais enseigner comme ça, même.’’ Elle hausse un sourcil amusé avant de franchement se mettre à rire. « S’il faut enseigner, habillée ainsi, à ma classe de petits… Ils en seraient fous et ça partirait en cacahuètes. » Elle imagine qu’ils voudraient tous être habillés de la sorte. Est-ce que l’ordre serait là ? « Néanmoins, ce serait une bonne idée de leur faire travailler la musique de l’époque. » Dit-elle pile au moment où un savoureux morceau de piano, bien endiablé, se faire entendre. Ça a ce don de la faire vibrer et elle sait qu’Izan ressentira la même chose. L’amour du piano ne s’acquiert pas, on naît avec. « Mais je te propose un deal ! Le jour où je dois enseigner en tenue disco, tu viendras également déguisés. Au moins, on se soutiendra dans notre folie. » Pouffe Anna en se disant que dans le fond, le ridicule n’a jamais tué personne. « En tout cas, je suis vraiment contente de passer la soirée avec toi. J’ai l’impression que nous ne nous sommes plus vus depuis douze siècles au moins ! Même Samuel je ne le vois plus ! C’est atroce et le temps passe si vite. » Ou alors ça a été en coup de vent. « Et toi comment ça va dans ta vie ? » Finit-elle par demander en se disant que dans le fond, sa question est plus que réthorique. Izan paraît nager dans le bonheur.

@Izan Da Silva  

Ce qu’elle apprécie avec Izan, c’est la légèreté qu’il y a dans leur amitié. Il n’y a jamais de temps mort ou d’hésitation qui font regretter d’avoir voulu passé un moment. Quand tout le monde se tait à la recherche d’un sujet de conversation qui pourra effacer ce sentiment de « je veux rentrer chez moi car je me fais chier ». Non avec Izan, c’est simple, c’est léger et ce même si elle sent qu’elle a été un peu trop audacieuse avec le thème de la soirée et qu’au final, ça s’éloigne des soirées qu’elle affectionne vraiment. ’’La rançon pour la récupérer est de combien ?’’ Elle ne peut s’empêcher de pouffer de rire à sa question. « Il paraîtrait que c’est juste un cocktail bien chargé. » Elle n’est pas le genre de personnes à boire en dehors de toute convention sociale. Mais il est vrai que la musique prête à se laisser aller. Et que dans le fond, elle aurait presque envie de se décoincer un peu. Mais ça reste un exercice assez difficile. Cela étant dit il n’y a pas de meilleur partenaire qu’Izan pour lui capturer la main et décider qu’ils iront se mêler à la foule, à la musique. Il va jusqu’à la faire tournoyer pour vérifier qu’elle ne s’est pas trop rouillée à ne jamais sortir et à préférer le confort d’un canapé, d’un thé vert et d’un livre sous fond d’une musique classique. Un décor chiant si on compare à la soirée dans laquelle ils se trouvent. ’’Nous sommes encore dans la fleur de l’âge, qu’est-ce que tu dis ?’’ Et cette fois-ci, c’est un rire venant du fond de sa gorge qui franchit les lippes d’Anna. Est-ce que les gens pourront les croire qu’à leur rencontre, Izan a traumatisé Anna ? Impossible, personne pensera à un soupçon de vérité. Elle fronce les sourcils, met ses mains autour de sa bouche et se met à crier « Il faut brancher ton sonotone à QUINZE !!! » Ne pouvant s’arrêter de rire, elle se laisse emporter par l’idée d’Izan d’aller boire avant d’attaquer la fête. Et plus le temps avançant, plus elle commence à se sentir à l’aise. Elle n’ira pas jusqu’à dire qu’elle est au taquet comme son ami car elle est bien trop réservée. Mais à chaque seconde qu’elle passe en compagnie du pianiste suffit à la faire se sentir un peu plus à sa place. ’’Allez, viens, allons te chercher quelques vitamines.’’ L’idée des vitamines sont accueillis avec enthousiasme et naturellement elle le suit vers le bar où ils s’y accoudent. Le sourire d’Anna ne décolle pas de son visage, se laissant même jusqu’à, très légèrement, se dandiner un peu au gré de la musique. ’’La même chose qu’elle.’’ Elle lui lance un regard étonné et ajoute « Ah bon toi aussi tu vas boire un chocolat chaud ? A quinze il faut le brancher je t’ai dit ! » Avant de finalement éclater de rire parce que c’est impossible de garder son sérieux. L’endroit. Leurs tenues. Leur complicité. Rien ne peut lui faire garder son sérieux.
Pas même l’idée d’assurer un cours habillée en tenue disco. Elle est certaine que ça partirait dans tous les sens et que ça deviendrait vite ingérable. ’’Ça rendrait les cours plus divertissants ! J’me souviens que les miens étaient plutôt barbants…’’ Elle hoche la tête. « Oui, c’est vrai. Mon professeur m’a beaucoup appris mais je me souviens que mon père me mettait la pression pour que j’apprenne vite mes gammes. Alors dans le fond… Un cours en tenue. » Elle finit pourtant par se dire qu’apprendre à des enfants en s’amusant, c’est une bonne idée et que cela n’a jamais été essayé jusqu’à présent. Elle se sent, pourtant, pousser des ailes et propose alors un deal. Et pas des moindres, elle se dit qu’elle n’a pas encore bu une goutte d’alcool et pourtant, elle commence déjà avec des idées qu’elle qualifierait comme « idée pourrie ». Cela étant dit, elle aurait proposé cette idée à Samuel, il aurait déjà trouvé une raison de canaliser une idée pareille. Mais venant d’Izan. ’’Deal !’’ Ok, donc maintenant il faudra qu’elle se fasse à l’idée qu’un jour, lunettes disco et tenues à paillettes feront leurs entrées dans la compagnie ainsi que dans la salle de cours. Avec Izan, elle est certaine que cette idée sera mise à exécution. D’une manière ou d’une autre.
Quand leur verre arrive, Anna le saisit et avec beaucoup de pudeur et d’honnêteté, elle fait savoir son bonheur d’être ici. Même si le temps leur manque cruellement. Izan est devenu un ami précieux pour elle. Et sa présence est une source de réconfort.
’’C’est vrai, mais tu sais que je suis là si tu as besoin, n’est-ce pas ?’’- « Et tu sais que toi aussi, hein ! » Lui répond-elle aussitôt. Il l’a connue à une époque où elle tentait de se remettre de sa séparation avec Malone. Il l’a connu en miettes, essayant de recoller des morceaux. Puis, il l’a vu retrouver l’envie d’aimer avec Samuel. Et aujourd’hui, tout semble rouler pour elle. Comme pour Izan, dont elle s’enquiert à demander comme ça va pour lui. ’’Tout va bien de mon côté.’’ Alors elle lève son verre pour trinquer à son attention. Comme témoin d’un bonheur fragile et qui est en plein coeur de leur vie à tous les deux. ’’Et toi ? Oscar va bien ? Ça fait un moment que je ne l’ai pas vu.’’ Comme à chaque fois qu’il s’agit de son fils, le visage de la pianiste devient aussi radieux qu’un soleil sans nuages. « Il va tellement bien. Il s’est pris de passion pour le cricket grâce au frère de Malone. Ça lui permet de se canaliser parce qu’à l’école, ce n’est pas trop ça. » Ajoute Anna avec une petite moue attristée. Les problèmes comportementaux sont un vrai fléau même si elle sait que dans le fond, la séparation a beaucoup affecté le petit garçon. Ça n’aide jamais ce genre de déchirure. « Mais il faudra que je te l’amène. Même s’il continue de bouder le piano. En ce moment, il préfère la batterie et surtout taper comme un gros bourrin. » Ajoute Anna avec un petit rire et portant le verre à ses lèvres une nouvelle fois. Le cocktail est sucré, rafraichissant et elle sent bien l’alcool. ’’Ça te plait ?’’ Elle tend l’oreille et crie un quoi « J’entends pas ?! » Avant de rire et de répondre « C’est sucré mais c’est très bon. C’est le genre de boisson que tu bois cul sec et tu finis par danser sur les tables sans trop comprendre pourquoi. Et toi, qu’en penses tu ? J’ai bon gout en cocktail ?. » Répond Anna avec un petit rire. En tout cas, elle fait trinquer son verre avec celui d’Izan. « Et comment va ton Asher chéri ? » Ajoute Anna en évoquant l’amoureux de son ami qu’elle a déjà rencontré par le passé au détour de soirées bien plus sages que celle-ci.
@Izan Da Silva  

Devant la surprise d’Izan, Anna ne peut s’empêcher de sourire. Puisqu’il a commencé à la taquiner, la pianiste n’a eu de motivation que renchérir. Bien sûr qu’au fond, boire n’a jamais été sa tasse de thé et ne le sera jamais. Il faut dire qu’elle a un attachement profond avec la sobriété et ce, dans toutes les formes qu’elle puisse exister. Elle n’a jamais apprécié de perdre ses moyens en étant trop à l’ouest pour réaliser ce qu’il peut se penser autour d’elle. ’’Vraiment, je commence à croire que j’ai atterri dans un univers parallèle…’’ Et Anna se remet aussitôt à rire et ajoute : « Ce sera un petit verre, je précise ! » Parce que oui, sur le fond, c’est rigolo. Sur la forme, c’est clair qu’elle ne va pas enchaîner les verres et se taper du moonwalk debout sur le bar.
Ce qu’il y a de bien, c’est qu’Ivan comprend et veillera sur elle si jamais. Ce ne sera pas le genre de personnes qui se lancera, soudainement, dans des jeux à boire ou autre. Surtout quand il connait son passif. Mais il est vrai que ce soir… ça lui fait du bien relâcher la pression. Est-ce la musique disco ou bien la présence de son ami ? Anna n’en a pas la réponse mais elle savoure l’instant présent, rire parce qu’elle taquine son comparse sur sa soudaine crise de surdité qu’elle lui trouve. Elle devient encore plus hilare devant sa mine outrée. ’’Tu es plus vieille que moi, j’te signale !’’ A son tour d’afficher une mine outrée, posant sa main sur sa poitrine pour calmer le coeur qui s’agit devant une telle vacherie… Qu’elle a bien mérité. Mais au fond, il n’y a que de la bienveillance entre eux. Et Anna ne s’en offusquera jamais. Elle connait Izan, leur amitié est née, certes, dans des larmes. Mais aujourd’hui, il fait partie des personnes qui lui sont bien chers. Et si Anna devait s’avouer une chose : elle est plus proche du pianiste que de sa propre soeur, c’est dire.
Devant le bar, quand ils arrivent, elle ressent toujours cette allégresse qui lui donne envie de bouger, de rire. Non vraiment, ce serait presque à croire qu’il y a du gaz de LSD qui circule au travers de la bouche d’aération car même Izan en semble tout étonné. ’’T’as l’air bourrée alors que t’as même pas encore bu, c’est dingue !’’ Elle secoue déjà la tête, non sans lâcher un petit rire amusé. « Je te promets que je n’ai rien bu avant. » Et au vu de la taille du verre, et bien qu’il soit appétissant, elle n’en boira qu’un seul et ça s’arrêtera là. Anna n’a jamais aimé de boire à outrance, elle a toujours considéré que ceux qui s’en félicitaient de tenir la cadence ne s’attachaient à pas grand chose.
En tout cas, son cocktail a le mérite d’être délicieux et Anna le savoure tout en répondant aux questions d’Izan. Forcément, dès lors qu’il s’agit de son fils, son visage s’égaie, devient encore plus lumineux qu’il ne l’est déjà. Jusqu’à évoquer le choix de la batterie comme instrument à pratiquer. ’’Oh, non ? Sérieux ?’’ Avec un grand soupir, Anna acquiesce car elle comprend que trop bien ce qu’il entend par là. Oui, la batterie c’est chouette et demande une dextérité complexe. Mais Anna et Izan sont team piano. Donc forcément. ’’Toute une éducation à refaire, franchement… J’aurais accepté le violon, le violoncelle, la guitare… Mais la batterie ! Autant taper sur des casseroles.’’ Et là Anna se met à rire franchement « Oh t’exagères Monsieur le Pianiste, il faut bien des percussions pour composer tout un orchestre » Et puis dans son for intérieur, Anna songe combien la terre est bénie d’avoir inventé le rock bien que son choix de prédilection reste le classique. En tout cas l’ambiance prête à l’allégresse de la soirée, à leur boisson délicieuse. Et Anna se retient de ne pas le boire d’un coup. ’’Ben tu me donnes envie de le boire cul sec, quoi…’’ Oh bah tiens. Elle n’est donc pas la seule. Cela dit, le regard d’Izan ne décrit rien de bon. Et avant même qu’elle ait pu rétorquer, il a déjà renchéri : ’’Mais t’es pas capable, je pense…’’ Alors Anna lève un sourcil un brin moqueur. « Tu sais très bien que je peux le faire si tu me chauffes trop ! » Il faut dire que lorsque son esprit de compétition s’éveille… « Mais je t’en prie, montre moi donc comme tu sais faire. » Et cela dit, elle verra très bien Izan réussir avec brio. Vraiment, il est une personne si importante pour elle. Et pourtant Anna n’est pas le genre de personne à avoir énormément d’amitiés. Avec le temps, le tri a été fait. Avec les épreuves, elle a su voir sur qui elle pouvait compter. Izan est arrêté bien après sa rupture mais aujourd’hui, elle connaît sa vie et y compris, son merveilleux petit ami. ’’Il va très bien puisqu’il me côtoie presque tous les jours !’’ Alors Anna se met à rire parce que dans le fond, elle l’admet : il n’a pas tort. ’’Il n’imagine pas la chance qu’il a.’’ qEt là, cette fois-ci, elle l’observe d’un air soudainement blasé. Izan, c’est Izan…; « Sinon ça va les chevii..aaaaaaah ! » S’exclame-t-elle quand il lui attrape le bras. ’’On arrête de parler ! Maintenant, on danse !’’ Elle a juste le temps de poser son verre sur le comptoir du bar et avec un petit rire, Anna se laisse entraîner sur la piste de danse où il y a déjà du monde. La musique prête vraiment à se laisser aller. Mais au départ, Anna se trémousse avec gêne. C’est plus fort qu’elle même si elle se donne du mal pour défaire sa réserve habituelle. Peut-être que la présence d’Izan l’aide beaucoup. En vrai, ce n’est même pas « peut-être » mais plutôt que c’est une certitude. Alors Anna se prête à se laisser aller avec son ami. A rire, à danser et à se laisser porter par la musique. A se laisser même tenter des gestes de la main qui rappelait les mouvements de danse de l’époque. Et puis finalement, à imiter Izan qui se débrouille bien mieux qu’elle niveau aisance.
Et lorsque la musique se termine, ils s’écartent un peu de la piste de danse, laissant à Anna le temps de reprendre son souffle. « Doux Jésus, j’avais oublié combien je n’avais plus de souffle pour danser ! » Dit-elle en haletant presque, le regard luisant de sueur parce qu’il fait dans la salle immense. « Et sinon, depuis quand t’es devenu le Dieu du Disco toi ? » Ajoute Anna avec un sourire en coin. « A la base, tu es juste le Dieu du Piano. »

@Izan Da Silva  

’’La batterie, c’est l’instrument du gueux. Ce n’est pas noble.’’ Elle ne peut s’empêcher de pouffer de rire. Parce qu’Izan, quand il a une idée en tête, il ne l’a pas ailleurs. Et qu’il sera difficile de le faire changer d’avis. Cela dit, Anna partage cet avis, elle a une préférence pour les instruments plus doux et surtout, pour le piano. Cela étant dit, elle reste convaincue qu’il doit y avoir de la batterie quoi qu’il arrive. Et pour le bien entier de la musique. ’’Je le dirais à Oscar.’’ - « Je crois que tu n’es pas prêt à ce qui t’attend. Oscar est tellement têtu quand il s’y met. » Bien sûr, elle outrepasse le fait que c’est de famille. Qu’entre le père et la mère, le petit est plus que servi. « Il risque même de te faire changer d’avis. Et peut-être que je te verrai derrière une batterie. » Elle mime avec ses mains le mouvement comme si elle tenait des baguettes de batterie et qu’elle était en train de tambouriner les caissons de son instrument imaginaire. « Je t’y verrai bien. » Ajoute-t-elle en venant lui donner un coup de coude par simple envie de le taquiner. Mais en vrai, il se mettrait à pleuvoir des grenouilles si le cas de figure se présentait.
En attendant, celui qui se présente, c’est d’avaler le verre au plus vite. Et si Anna se sauve en mettant, d’abord, Izan au défi. Elle le fixe, d’un air médusé et amusé, en train de vider le contenu de son verre. Ok, maintenant il va falloir qu’elle le fasse aussi. Elle songe déjà toutes les éventualités pour fuir. Peut-être les toilettes ? Oui ça peut être une bonne idée parce qu’Ivan finit assez vite son verre. ’’Wow… Ma gorge ne va peut-être pas te remercier…’’ Elle ne peut s’empêcher de rire tout en tapant dans tes mains. ’’À toi !’’ Elle a son verre dans ses mains et elle se rend compte qu’elle ne va pas y arriver. Et ce qu’il y a de bien dans leur amitié, c’est qu’il n’y a pas besoin de parler pour se comprendre. Sitôt qu’elle pose ses lèvres sagement sur les frontières du bord du verre, Izan l’entraîne trop rapidement vers la piste de danse. Elle a juste le temps de poser le verre sur le comptoir et de suivre le pianiste. « Attends, j’étais à deux doigts de gagner ! » Pouffe Anna en sachant que non. Izan est bien meilleur qu’elle à ce jeu et qu’elle n’arrivera jamais à boire un verre cul sec. Quand elle avait dix-huit ans, c’était différent. Cela dit, cela ne l’empêché pas de s’amuser. De Danser avec Izan sur les sons discos des années d’avant. Et autant dire qu’Anna s’éclate. Elle ne peut s’empêcher de rire, d’imiter tous les gestes de chorégraphie indémodables qui ressortent à toutes les soirées de ce genre. Et elle est tellement heureuse de partager ce moment avec son ami. Alors elle est pleine de gratitude. Les mots sont dits avec une sincérité touchante. ’’Tu ne disais pas ça, quand on s’est connus...’’ En guise de réponse, Anna lui répond par une grimace. « Quand on dit souvent, derrière les orages se cachent toujours des arcs en ciel. » Parce que au début, ça a été houleux. Il a été si dur avec elle alors qu’elle arrivait, le coeur encore flétri de mal être. ’’Tu me détestais, avoue-le !’’ Elle se met à réfléchir, sentant la tête du pianiste se poser sur son épaule. Ce geste la fait sourire. Il n’a pas tort. Elle l’a fortement détesté de son comportent et puis…’’Pourtant, j’étais adorable avec toi…’’Alors elle pivote sa tête pour venir lui pincer le nez tout en pouffant de rire. « Tu es devenu adorable.  Tu t’es rendu compte que je n’étais pas comme les autres. » Et puis doucement, de venir coller sa tête contre la sienne et de rester ainsi pendant que la musique raisonne, auréolée des néons lumineux. C’est comme si le temps se suspendait… Comme si l’évidence frappait qu’ils étaient pour s’entendre. « Il a fallu juste quelques détours avant de réaliser que toi et moi, nous étions faits pour être amis. Vraiment, tu es si important pour moi et je te fais confiance. Puis, quel bonheur que de pouvoir partager la même passion ! La batterie ! » Et avant qu’il ne proteste, elle se redresse pour lui tirer le bras et l’emmener vers la piste de danse et danser jusqu’à la fin de la nuit.
La légende raconte qu’Ivan a eu mal au crâne le lendemain, et pas Anna.

FIN DU SUJET

@Izan Da Silva