La journée de Russell avait été éreintante. Les nouvelles recrues ne lui avaient pas laissé une seconde de répit. Même s’il n’était pas toujours facile d’être le professeur d’un groupe des jeunes pompiers plein d’énergie tout comme d’arrogance, Russell aimait son travail. Il aimait voir ces gamins progresser, réaliser petit à petit leur rêve, faire leurs premières interventions jusqu’à devenir des pompiers accomplis. C’était la plus belle des récompenses. Il restait tout de même compréhensif et patient : il avait lui-même démarré en ayant à peine 16 ans et il se souvenait à quel point il avait détesté être entraîné par un lieutenant trop sévère. Après avoir salué Tony avec quelques caresses, il jeta ses clés sur le meuble de l’entrée avant de quitter ses chaussures en direction de la salle de bain. L’eau chaude détendait ses muscles tandis que l’odeur du gel douche au citron remplissait la cabine de douche : ce petit instant de bien-être était tout ce dont il avait besoin. Le reste de la soirée était vite trouvé : il allait finir les restes de lasagnes de la veille devant Iron Man avec son chat couché sur ses genoux avant de probablement s’endormir sur le canapé au bout de quelques dizaines de minutes. Mais l’univers avait d’autres plans pour sa soirée, ou plutôt sa voisine. Alors qu’il était encore en train de se délasser en chantonnant sous la douche, la sonnerie stridente de son téléphone le fit sursauter. “Merde merde merde”. Il se précipita hors de sa douche, inondant au passage le sol de sa salle de bain tout en attrapant son téléphone pour voir qui était en train de l’appeler. Russell n’était pas accro à son téléphone mais entre la caserne, Faith, Joaquin ou son filleul des AA il était toujours sur le qui vive. Quand le prénom de sa voisine s’afficha il fut assez surpris, mais que lui voulait-elle ? Il essaya de décrocher mais son doigt mouilla l’écran qui refusait de lui obéir. “Fait chier!” Il essuya en catastrophe l’écran et décrocha sur le dernier coup de sonnerie, in extremis. “Russell ! Je suis vraiment désolée de te déranger aussi tard mais ma douche a complètement lâché et... C'est vraiment une piscine ici maintenant. Si tu viens je t'assure que tu auras droit à... Une montagne de pizzas, et je te paie un billet pour le prochain match du Roar FC... Hmhm... Oh merci merci merci je t'adore... Oui... A tout de suite.” Il faudrait donc faire une croix sur les lasagnes et sur Tony Stark, mais c’était pour la bonne cause. Russell était toujours prêt à aider et un problème d’ampleur dans ce genre ne pouvait pas attendre. Il se dépêcha donc de rincer le savon qui constellait encore son dos avant de s’habiller en quatrième vitesse, ce qui après quarante ans chez les pompiers était un jeu d’enfant pour lui.

Il se pressa au fond du couloir duquel il pouvait aisément entendre des éclats de voix paniqués. Il toqua et quelques instants plus tard un grand bruit se fit entendre. La porte venait de vibrer comme si quelque chose ou plutôt quelqu’un s’était cogné contre cette dernière.  “Salut, Russell…” La première chose qu’il vit quand elle ouvrit la porte fut Simon, une main sur le front. C’était donc lui le grand bruit. “Vous allez bien ?” Il se mis à la hauteur du petit garçon pour regarder sa tête et lui demander : “ça va bonhomme ??” Puis son regard se posa sur le salon, ou plutôt le pédiluve flambant neuf de la piscine municipale de Brisbane. Effectivement, Lorelai n’avait pas exagéré quand elle parlait d’une inondation. “Oh m…..” Le mot faillit lui échapper mais la présence de Simon le rappela à l’odre. “....ercredi” Il remonta ses manches, ce n’était pas la première fois qu’il devait gérer un problème comme celui-ci, il était expert dans la gestion de crise mais il n’était pas pour autant plombier. Il se mit à réfléchir rapidement avant de décréter. “Bon il faut couper l’eau pour arrêter ce massacre. Ensuite on épongera et je regarderai pour voir d’où ça vient.” Il fit une pause avant d’ajouter : “je vais vous montrer”. Toujours dans son élan de pédagogie, Russell voulait leur expliquer ce qu’il allait faire. Il se dirigea vers l’arrivée d’eau avec Lorelai et lui montra le mécanisme pour couper cette dernière. “Au moins il n’y en aura pas d’autre.” Le problème était stoppé mais pas résolu. “Tu as une deuxième serpillère ou des serviettes qu’on pourrait utiliser ?”