Un bras cassé et une dent en moins
crédit gifs(purplespoiler) + @Lorelai Houdellier

Le compteur d’heures supplémentaires à son actif explosait, mais tant pis. Ce soir encore, on lui demandait si elle pouvait rester une heure ou deux de plus, et Helen acceptait sans broncher. Elle préférait être à l’hôpital ces derniers temps et, malgré les conseils avisés de son amie Sloane, elle n’avait pas encore trouvé la force d’affronter Sam. Elle y arriverait… un jour. Mais pas aujourd’hui. A vrai dire, Helen était susceptible de rester bien plus qu’une petite heure ou deux. Allez savoir pourquoi, les urgences étaient saturées et elle enchaînait les consultations de foulures. Peut-être était-ce dû au mauvais temps de ces derniers jours, la maladresse, elle n’en avait pas la moindre idée. Au moins, cela maintenait son esprit occupé un bon moment. Au fur et à mesure de ses consultations, Helen voyait l’aiguille de l’horloge accrochée sur le mur de l’accueil tourner. Rapidement, elle s’empara de son téléphone qui se trouvait dans la poche de sa blouse et envoya un rapide texto à son mari -quand même- pour le prévenir de ne pas l’attendre pour dîner encore ce soir. Il lui répondit presque aussitôt, mais Helen préféra ignora sa réponse et reporta son attention sur sa tablette. « Simon Houdellier. » L’écran annonçait le dossier du prochain patient, et Helen fronça les sourcils lorsqu’elle arriva sur un petit encadré qui stipulait « Blessures fréquentes, avertir les services sociaux ? ». La chirurgienne leva les yeux vers le dit Simon Houdellier, qui s’avérait être un jeune garçon de onze ans, aux côtés de ce qui semblait être sa mère. Ce genre de commentaire n’était pas à prendre à la légère, mais en tant que chirurgien il s’agissait aussi de faire preuve de délicatesse. Helen n’avait pas besoin de monter sur ses grands chevaux et de crier d’emblée qu’elle faisait d’office face à un cas de maltraitance. Elle arbora alors son sourire le plus bienveillant, tandis qu’elle s’adressait à son patient. « Excusez-nous pour l’attente, c’est la folie aux urgences. Suivez-moi, s’il vous plaît. » Tandis qu’elle montrait le chemin à suivre, Helen observait silencieusement la mère et son fils. Au premier abord, elle ne constatait rien d’anormal. Mais elle savait que, parfois, les apparences pouvaient être trompeuses. Helen les invita à entrer dans une chambre, puis montra le siège d’ausculation de la main au petit Simon. Elle s’empara de son tabouret, puis s’assit face à lui. Visiblement, c'était le bras qui semblait lui faire mal, vu la manière dont il le maintenait contre lui. Une chute, probablement, ou autre chose. « Alors, raconte-moi ce qu’il s’est passé, Simon. » Les informations apparaissaient sur sa tablette, mais la procédure nécessitait qu’Helen entende de vive-voix la version du petit garçon, et non de la mère. Evidemment, tout cela continuait de se faire dans la bienveillance la plus totale. Rien ne laissait sous-entendre qu’elle suivait la procédure de détection de cas de violence domestique sur enfant exigée par l'hôpital.

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La situation dans laquelle Helen se trouvait regorgeait de délicatesse. Rares étaient les fois où elle avait du contacter les services sociaux pour suspicion de maltraitance sur des enfants, elle pouvait d’ailleurs les compter sur les doigts de la main. A côté de cela, elle avait rencontré bons nombres de femmes victimes de violences conjugales… La chirurgienne se montrait attentive à tous les détails ; la manière dont la rousse enfouit sa main dans les cheveux de son fils lorsqu’ils marchèrent tous les trois vers la salle d’auscultation, puis la façon dont elle glissa sur ses épaules. C’était doux, pas forcé. Pour le moment, elle ne trouvait rien d’alarmant. Elle était simplement témoin de l’inquiétude d’une mère pour son fils. Néanmoins, Helen était forcée de suivre le protocole, alors elle attendit patiemment que le dit Simon lui récite le récit de ses aventures. « Y'a un garçon qui m'a défié de monter à l'arbre dans la cour du collège, alors je suis monté. Et puis en fait, la branche sur laquelle j'étais a craqué et PAF, je me suis pété la gueule. » « Simon ! » « Pardon. Je suis tombé. J’ai même perdu une autre dent de lait. » La chirurgienne eut un petit rictus, amusée par la répartie de ce jeune garçon. Il donnait l’impression d’être un vrai boute-en-train. « Et bien j’imagine que la petite souris va passer ce soir. » Ou comment montrer à ses patients qu’elle n’avait pas d’enfant… Evidemment qu’à l’âge de Simon, les enfants ne croyaient déjà plus à la petite souris. « Il a une fâcheuse tendance à trop laisser parler son ego quand on lui lance un challenge. » « Je suis pas une couille-molle, c'est tout » Décidément, quel phénomène. « Je vois surtout un garçon aventureux et plein d’énergie. » Elle se retint de dire « petit garçon », auquel cas le jeune Simon lui aurait probablement rétorqué qu’il n’était pas un bébé, au vu de sa manière de s’adresser aux autres. Il y avait un côté amusant, mais Helen ne devait pas oublier qu’elle avait toujours possiblement un cas de maltraitance sous les yeux. A l’instant, la chirurgienne ne doutait pourtant pas du discours du garçon. Alors elle commença à ausculter son bras, même si Simon ne semblait pas totalement de cet avis. « Est-ce qu'il est cassé ? » « Mais, je ressens pas la douleur moi regarde je sui-AIE. » « Je t'ai dis de faire attention ! Arrête de faire l'intéressant et laisse-la faire son travail. Excusez-le, docteur. Il est assez agité, même fatigué. » Madame Houdellier semblait sur les nerfs, et c’était compréhensible. Peut-être se doutait-elle de l’enjeu de cette entrevue, outre la forte probabilité pour que son fils sorte de l’hôpital avec un plâtre ce soir. Même si Helen ne connaissait pas encore le sentiment d’être mère, elle arrivait un peu à se mettre à sa place. Cela devait être terrible de savoir qu’on cherchait peut-être à nous retirer notre enfant. « Ne vous inquiétez pas, Madame Houdellier, c’est parfaitement compréhensible. » Dit-elle pour la rassurer, avant de se retourner vers Simon : « Mon grand, je vais avoir besoin de ta coopération, car cela me semble effectivement cassé. » Son bras était gonflé, et le fait qu’il soit en incapacité à tourner le bras vers le bas lui confirmait bien ce diagnostic. « Nous allons prendre une radio pour constater l’importance de la fêlure, mais tu repars pour sûr avec un plâtre ce soir jeune homme. » Généralement, les enfants étaient toujours ravis d’avoir un plâtre, contrairement aux adultes qui râlaient que cela les empêchait de vivre normalement leur vie. C’est pourquoi Helen appréciait beaucoup le contact avec les enfants dans son service, ils étaient souvent plus coopératifs. « Je vais te laisser avec ma collègue qui s’occupe des radios pendant que je vais rester avec ta maman. Si tu es sage jusqu’au bout, je te laisserai choisir la couleur de ton plâtre, d’accord ? » Il n’y avait rien de tel pour les rendre fou, mais sage à la fois. Helen bippa alors sa collègue radiologue, qui se manifesta rapidement. Cette dernière se rendit dans la salle annexe d’imagerie médicale en compagnie de Simon, laissant la chirurgienne et Madame Houdellier en tête à tête. « Il a l’air de vous donner du fil à retordre. » Elle ne se permettait absolument pas de la juger, au contraire sa remarque se voulait bienveillante et même un peu amusée par l’engouement du garçon malgré sa douleur.  « Ce n’est donc pas la première fois qu’il chute au collège ? » Son instinct lui dictait qu’elle n’était pas face à une mère qui bat son enfant, mais elle ne voulait pas non plus être en faute professionnelle si elle ne poursuivait pas son enquête.

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Par chance, le jeune Simon se montra très coopératif malgré l’excitation dûe à la fatigue. Helen avait conscience que l’attente aux urgences pouvait être longue et pénible, déjà pour un adulte, alors pour un enfant de son âge. La chirurgienne était persuadée que tout se passerait pour le mieux, et que cette histoire de procédure serait rapidement derrière elle. Même s’il était primordial de maintenir un regard neutre et de poursuivre sereinement son entretien avec Madame Houdellier, la brune avait le sentiment que les choses n’étaient pas si graves. Il fallait simplement ajuster son point de vue et rendre compte de la situation dans laquelle vivait cette famille. « Pas tant que ça. Il est adorable quand il ne se met pas en danger. Simon peut être un ange... parfois. » Evidemment, Simon n’avait pas foncièrement méchant. Il semblait surtout jouer les adultes, montrer qu’il était plus mature que son âge. De ce qu’elle avait compris, plus les enfants grandissaient et plus ils étaient terribles. « J'ai essayé de demander à l'école qu'ils fassent quelque chose à propos de ce Jake, le garçon qui l'embête tout le temps. C'est lui qui lui a encore donné ce défi ridicule et dangereux. J'ai même essayé de parler à sa mère mais elle est riche, pas moi, et elle est trop importante dans la communauté de parents pour que j'aie le moindre soutien. Simon me dit qu'il ne lui fait pas de mal, mais ils n'ont encore que onze ans, et je veux à tout prix éviter que ça tourne à un harcèlement physique. Vous comprenez ? » Helen écoutait attentivement les paroles de la rousse, acquiesçant à la fin de celles-ci. Son mari était professeur des écoles, et il soulevait les mêmes problématiques dans sa cour de récréation. Très souvent, il voyait des élèves entraîner les autres, et pas toujours dans le bon sens. A cet âge-là, c’était souvent l’innocence qui parlait… au collège, c’était une autre histoire. Et puis les relations entre parents, quelle plaie. Sam lui racontait régulièrement à quel point certains parents pouvaient être casse-pieds avec les autres et avec la communauté éducative également. « Vous avez raison, le jeu peut rapidement prendre une autre ampleur lorsque c’est répété. » Madame Houdellier avait raison de rester sur ses gardes ; Helen voyait en elle une mère inquiète, plutôt qu’une mère qui lève la main sur son enfant « Il est diagnostiqué avec des troubles de l'attention avec hyperactivité, je sais que ça joue beaucoup mais... Est-ce que c'est normal qu'il ressente autant ce besoin d'adrénaline ? Il se met en danger, il aime le goût du risque. Sa situation familiale est un peu compliquée, est-ce que... Est-ce que ça pourrait être de ma faute ? » Que de questions auxquelles il n’était pas aisé de répondre. Les seuls enfants qu’Helen cotoyaient pour le moment, c’était sa filleule Delilah, et ceux qui passaient dans son service, alors il lui était difficile d’avoir des connaissances étendues sur le sujet. « Je ne suis pas une experte en enfant. » Commença-t-elle, avant de poursuivre car elle sentait bien là que cette réponse ne lui suffirait pas à apaiser ses inquiétudes, même si Helen n’avait pas la prétention de croire qu’elle en était capable. « De ce que j’aperçois de votre famille, vous faites au mieux pour Simon. Vous l’aimez profondément, et il vous rend cet amour. Il commence certainement à vouloir s’affirmer, il veut laisser de côté l’enfant et effleure le jeune adolescent en lui. » Helen se surprenait elle-même, mais ses paroles étaient sincères. « Vous n’avez rien à vous reprocher, ni vous, ni son père, j’en suis intimement persuadée. » Le dossier tout à l’heure ne mentionnait pas son père, alors Helen s’aventurait peut-être sur un terrain glissant. Avec le recul, la phrase « sa situation familiale est un peu compliquée » raisonna en elle, alors la chirurgienne ajouta rapidement : « Son père est-il souvent absent ? »

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« J'imaginais pas que ce serait aussi dur, le passage à l'adolescence. » Helen ne cotoyait pas suffisamment de parents, ou en tout cas de parents assez âgés pour avoir des enfants devenus adolescents pour certifier que c’était effectivemment le cas. Elle en avait juste simplement entendu parler, comme s’il s’agissait d’une des pires étapes de la vie de parents. Mais d’après ses amis parents, « être parent ce n’était que du bonheur », « la dose de positif balait tout le négatif ». De quoi donner envie de l’être aussi à son tour, n’est-ce pas ? « Il l'a abandonné. Je suis tombée enceinte à 18 ans et il n'a pas voulu de lui. J'ai donc emménagé à Brisbane et Simon ne l'a jamais connu. Pour le moment en tout cas. Il veut récupérer sa garde et m'a poussée au tribunal pour ça. J'ai reçu une convocation il y a peu. Je ne sais pas très bien comment fonctionne le système judiciaire australien, je ne sais pas s'il est plus judicieux de faire se rencontrer Simon et son père ou si je devrais garder ça sous cape pour lui éviter... Un choc ? » Helen resta silencieuse pendant plus secondes, qui semblèrent durer davantage. Elle ne s’attendait pas à s’aventurer sur un sujet de conversation aussi délicat. A vrai dire, elle n’avait pas souhaité se montrer aussi intrusive… En enquêtant dans le cadre de la procédure, elle n’avait aucune raison d’avoir des informations aussi intimes de cette famille, même si finalement cela pouvait expliquer bien des choses. Tout à coup, la chirurgienne culpabilisa à l’idée qu’elle aurait pu signaler cette maman aux services sociaux alors que l’évidence était sous ses yeux : elle se démenait pour son fils. Madame Houdellier se battait pour la garde de Simon, rien d’autre. « Je ne crois pas être la meilleure personne pour vous conseiller sur ce genre de choses… » Ce n’était pas son rôle, en tant que chirurgienne, que de lui dire quoi faire de sa vie, même si au fond elle ressentait beaucoup d’empathie pour elle. Helen ressentait le stress dans la voix de la rousse,  elle donnait envie qu’on l’aide. Alors elle ajouta, en aparté de son boulot de chirurgienne : « Si nous n’étions pas à l’hôpital et que je n’étais pas le médecin de votre fils, je vous répondrai sûrement que… il n’est jamais bon de cacher la vérité. » Pourtant c’était elle-même ce qu’elle faisait à Sam, mais oust de ses pensées, ce n’était pas le moment. « Le mensonge est plus douloureux. » Leur situation n’était en rien similaire, Helen essayait autant qu’elle le pouvait d’imaginer la sienne pour lui répondre au mieux. A tous les coups, elle était à côté de ses pompes dans ses conseils. « Simon serait très certainement choqué, et il vous en voudra peut-être, oui… mais ce grand bonhomme aime profondément sa maman. On peut facilement voir que votre relation mère-fils est solide, certainement dû au fait que vous n’étiez que tous les deux durant toutes ces années. » Les regards, les petites marques d’amour et d’inquiétude, chez l’un comme chez l’autre. Ca ne se créait pas en un claquement de doigts. « Même s’il voyait son père, cela ne balayera pas tous les moments qu’il a vécu à vos côtés. » Dans un geste rempli d’empathie, la chirurgienne posa sa main sur l’avant-bras de Madame Houdellier et lui adressa un sourire des plus sincères. Puis elle réalisa qu’elle allait peut-être un peu trop loin, qu’elle n’agissait plus de manière professionnelle. Helen n’avait pas envie que ça se retourne contre elle, alors elle se racla la gorge et ajouta : « Désolée, Madame Houdellier, je ne voulais pas dépasser de quelconques limites. Qui je suis pour donner mon avis sur votre vie ? » Elles ne se connaissaient pas, et même si Madame Houdellier rendait la confidence facile, Helen restait son chirurgien. Par ailleurs, sa collègue et Simon firent de retour au même moment, ce qui coupa court à leur conversation à propos du père du jeune garçon. La radiologue lui adressa la radio, qu’elle fila accrocher sur le mur lumineux pour mieux la visualiser. « Et bien mon garçon, ton bras est bien fracturé. Tu as gagné un plâtre pendant au moins trois semaines. » Elle sentait que cela ne le ravissait pas, mais elle tenta de garder bonne figure : « C’est quoi ta couleur préférée, Simon ? » Comme promis, il allait pouvoir choisir la couleur de son plâtre.

Un bras cassé et une dent en moins
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Helen se surprenait elle-même en entendant toutes ces paroles rassurantes et bienveillantes sortir de sa bouche. Le rôle d’un médecin était bien évidemment d’être à l’écoute de ses patients, mais il valait mieux ne pas franchir la limite de la vie privée. Ici, la jeune mère se livrait sur des éléments de sa vie très intimes. « C'est tellement difficile d'intégrer qu'il puisse revenir dans la vie de Simon, et dans la mienne, puisque c'est inévitable. Je ne l'ai pas revu depuis 18 ans, et il décide que désormais, Simon est son fils, et qui plus est, qu'il n'est plus le mien. Je veux que Simon est la plus belle vie possible. » Elle entendait tout à fait son point de vue, elle imaginait que ça ne devait pas être simple, en effet. Elle voulait profondément le protéger, mais après tout, le choix revenait aussi à Simon, non ? N’était-il pas plus judicieux de lui demander directement son avis, de communiquer avec lui, pour savoir ce qu’il pensait de la question ? Comme Helen l’indiquait, le mensonge pouvait blesser son fils, plus que de le préserver. En tenant compte de son point de vue, peut-être vivrait-il mieux la situation ? Simon avait un amour profond pour sa mère, l’arrivée de son père ne pouvait pas détruire tout ce qu’ils avaient vécu ensemble. Néanmoins, la chirurgienne coupa court à la conversation. Elles n’étaient pas au café, en train de se raconter leur vie, mais à l’hôpital. Helen insistait pour maintenir des relations strictement professionnelles avec ses patients, elle voyait bien trop de collègues franchir cette limite imposée par leur éthique. « Ne vous inquiétez pas. C'est toujours agréable d'avoir l'avis de quelqu'un d'extérieur. » Helen lui adressa un sourire sincère, avant que Simon ne refasse son apparition dans la pièce. Le jeune garçon semblait exténué, alors la chirurgienne se promit intérieurement de faire au plus vite pour que cette famille puisse rapidement rentrer chez eux. « Orange ! » Choix de couleur très original. « Alors c’est parti pour un plâtre orange ! » S’enthousiama-t-elle pour lui, tandis qu’elle préparait tout le matériel nécessaire, puis elle invita le jeune garçon à se positionner correctement pour qu’elle puisse commencer. « Tonton Izan va être ravi de signer ton plâtre en premier. » Les yeux de la chirurgienne s’écarquillèrent subitement. Izan, comme son Izan ? Ce n’était pas un prénom commun, elle avait rarement rencontré d’autres Izan dans le coin. Par contre, tonton Izan ? L’utilisation de cette appellation lui mit le doute, mais Helen tenta malgré tout : « Vous connaissez Izan ? » La chirurgienne s’empara de la main de Simon, par laquelle elle enfila un tissu destiné à protéger sa peau du frottement du plâtre. Puis, elle enroula une bande de gaze humide tout autour de son bras, jusqu’en dessous de son coude. Helen avait le sentiment que la discussion allait reprendre un tournant un peu personnel, mais finalement elle était trop curieuse de savoir s’il s’agissait bien de son ami d’enfance. « Izan Da Silva ? » Si c’était le même Izan et qu’elle l’intitulait « tonton », c’est qu’ils se connaissaient bien. Mais pourquoi « tonton » ? Izan ne lui avait jamais raconté qu’il avait une sœur du nom de Lorelai Houdellier. Elle restait alors pendue aux lèvres de la rousse, alors qu’elle appliquait soigneusement le plâtre sur les bandes de gaze humides. « Si on parle du même Izan, c'est un ami d'enfance. Je ne savais pas que vous étiez sa sœur. »