L’avantage, quand on est un enfant soi-même, c’est qu’on s’entend facilement avec ceux des autres ; la preuve avec Simon, qu’il a vu naître et grandir, en ne cessant de cultiver cette affection sincère qui le rend un peu excessif quand il s’agit de faire plaisir à celui qu’il considère comme son neveu, mais qui le lui rend bien. La preuve en est : le musicien est largement moins en retard que d’habitude lorsqu’il arrive enfin sur les lieux du rendez-vous, s’extirpant de la voiture avec un élan impatient qui lui confère un sourire bien trop enfantin pour son âge. Mais puisqu’il a une représentation le soir même, Lynda s’est évertuée à calmer ses ardeurs en lui rappelant qu’il n’avait pas intérêt à se blesser sinon il finirait entre quatre planches — la logique lui échappe mais Izan oublie totalement la menace de son assistante sitôt qu’ils se rapprochent des grilles du parc d’attraction, en replaçant machinalement le col de la sur-chemise qui surpasse son t-shirt noir à manches courtes. Balayant le décor d’un regard circulaire, il repère déjà le stand de bonbons - parce que c’est bien l’une de ses priorités, sans encore croiser le visage de Loreilai ou celui de son fils.

Ça commence bien se dit-il en mordillant l’intérieur de sa joue et, n’ayant pas la présence d’esprit d’utiliser son téléphone pour l’appeler parce qu’il ne faudrait pas être trop intelligent non plus, il commence à marcher d’un pas tranquille vers l’entrée du parc, avant d’entendre un ’’Oh ça va ! Tu veux pas non plus te balader avec du chocolat sur le visage dans tout le parc !’’ qui est prononcé d’un timbre de voix qu’il reconnaîtrait entre mille. Un sourire amusé commençant à naître sur ses lèvres, il suit la source de ces mots pour déposer ses billes mordorés sur le visage harmonieux de Lori, de laquelle il se rapproche et, une fois à sa hauteur il lance, d’une voix faussement vexée ’’Donc, vous avez mangé une glace sans moi ?’’ mimant un air offusqué, il contemple la mère et le fils en haussant ses sourcils si haut que son front se targue de quelques plis, avant qu’il ne fixe son regard sur le plus jeune. ’’Toi, tu m’as trahi. On n’avait pas dit qu’on devait lui faire la misère, à ELLE ?’’ pointant Lori de son index, il émet ensuite un petit rire en laissant ses deux mains retomber le long de ses hanches, son menton se tournant vers le parc. ’’On y va ? J’ai vu un stand de bonbons.’’ comment ça, c’est pas le but de leur sortie ?

’’Izaaaan ! Je voulais t'en prendre une mais maman a dit qu'elle allait fondre.’’ Évidemment, dans le doute : blâmons Lori ! ’’Et j'avais pas tort.’’ la coupable désignée par le plus jeune se voit targuer d’un regard faussement réprobateur, et si le musicien fronce les sourcils c’est uniquement pour accorder du crédit à son personnage prétendu contrarié ’’Mais t’avais pas raison non plus : t’aurais pu attendre que j’arrive pour manger la glace !’’ heureusement que le gamin qui a les doigts recouverts de sucre fondu est de son côté, et la promesse ’’T'inquiètes, on va la trainer sur les attractions les plus ouf.’’ permet au brun de retrouver son sourire jovial et amusé, puisqu’il ne se lasse pas du caractère fougueux de celui qu’il considère comme son neveu. ’’Je te reconnais bien là.’’ ce qu’il a reconnu, aussi, c’est le stand de bonbons ; impossible d’échapper à sa gourmandise de sucreries, et si Lorelai est la première à s’en rapprocher en prévenant d’un ’’Allons-y, et y'a pas moyen que j'aille avec vous sur les manèges à sensation. Je préfère manger des churros.’’ le gamin beaucoup trop grand pour l’être se contente tout d’abord de lancer un regard malicieux à son complice, avant de lui emboiter le pas. ’’Tu peux faire les deux, tu sais ? Pas nécessairement en même temps, en plus.’’ c’est dit sur le ton de l’innocence mais Lori le connaît suffisamment pour savoir qu’il est largement amusé par la situation, si bien qu’il lance un haussement de sourcil entendu à Simon avant de reprendre la parole ’’On commence par un manège tranquille, ok ? On va te demander de faire les montagnes russes.’’ rajoutant, d’une voix suffisamment basse pour que Simon soit le seul à l’entendre ’’Pas tout de suite, du moins…’’

Après un clin d’oeil complice envoyé à son neveu, Izan récupère son paquet de bonbons en répondant un ’’Merci !’’ qui résonnerait presque comme celui d’un enfant, et s’il n’attend pas avant de piocher un bonbon pour l’apporter à ses lèvres, il tend son sachet pour en proposer à ses deux acolytes du jour. ’’J’suis assez généreux pour partager !’’ il le dit juste au cas-où Lori et Simon n’avaient pas remarqué ! ’’Vous voulez commencer par quoi ? Le palais du rire ? C'est tranquille ça…’’ en mâchouillant un bonbon acidulé à la pomme, il grimace un peu, sans véritablement déterminer si c’est sa sucrerie ou la proposition de Lori qui lui provoque cette crispation faciale ’’Si tu veux, mais si on commence par ça, tu viens avec nous au moins sur un gros manège.’’ - ’’C'est du chantage, ça.’’ Simon hausse les épaules et Izan l’imite, avant d’enfiler la casquette de l’avocat ’’Je dirais plutôt qu’il a le sens des affaires. Ça me semble équitable comme marché : t’es ok ? Génial, je savais qu’on trouverait un terrain d’entente !’’ et sans lui laisser le temps de réagir, Izan crochète son bras à celui de Lori pour l’entraîner dans une marche plutôt rapide en direction du palais du rire, Simon riant de bon coeur à ses côtés. ’’Commence déjà à réfléchir à notre deuxième manège, toi…’’ qui est destiné à Simon pendant qu’il sourit à Lori avec un air à la fois innocent et amusé ; il est l’un des deux, c’est mieux que rien.

Achetant les trois tickets pour entrer dans le manège, il pioche de nouveau dans son paquet de bonbons en plissant légèrement ses paupières face aux nombreux miroirs déformants qui composent la première pièce. ’’Eh Simon, viens voir…’’ se retournant pour émettre un léger rire à l’attention de son neveu, ses yeux se posent sur Lori et, avec une espièglerie enfantine il lui annonce, en se retenant de rigoler à nouveau ’’Ben j’vois pas vraiment la différence te concernant, en fait…’’