La musique su les oreilles, tu ne portes pas réellement attention à tout ce qui se passe autour de toi. Il reste encore une vingtaine de minutes avant que le film ne commence, et maintenant que ton frère a confirmé qu’il ne pourrait pas venir te rejoindre, tu considères grandement l’idée de rentrer chez toi. Non pas que tu n’aies réellement un chez toi présentement, ce qui fait plutôt pencher la balance vers l’idée de rester. De toute évidence, tu ne sais pas ce que tu veux, ce qui n’est pas réellement une surprise lorsque l’on te connaît. Toujours coincée ente deux idées, ce soir tu redoutes autant de rester toute seule au ciné-parc devant un film qui faisait bien plus le bonheur de ton frère que le tien, ou retourner chez Joaquin sans savoir à quoi t’attendre. Ton attention se perd sur les gens qui t’entourent. Les couples qui ne se lâchent pas d’un pouce, les familles que tu devines bruyantes sous le son de tes écouteurs, les groupes d’amis qui rigolent d’un tout et d’un rien. Tu ne te souviens pas la dernière fois où tu as eu l’impression d’appartenir à un groupe de la sorte, ton cercle d’amis semblant diminuer d’année en année, alors que les vies se placent, les couples se forment et il semble rester de moins en moins de temps pour toute activité secondaire. Cette simple pensée est particulièrement désolante, et c’est avec l’intention de rester bien en place que tu te réinstalles confortablement dans ta chaise de camping, prête à profiter du film même si tu es toute seule. Toutefois, l’univers semble avoir un autre plan pour toi, lorsque tu es sortie férocement de tes pensées par un liquide froid qui coule le long de tes pantalons. Un cri de surprise s’échappe de tes lèvres alors qu’un petit garçon se tourne vers sa mère, la déception claire sur son visage avant qu’il ne se retourne vers toi, un sourire gêné sur les lèvres. « Pardon madame! Je suis désolé! J’ai pas fait exprès! » Tu prends une longue inspiration avant d’offrir un sourire en retour au garçon, consciente que t’énervée pour un accident ne t’apporterait rien de bon. « Excusez nous madame, tenez, je suis vraiment, vraiment désolée. » Elle te tend un paquet de mouchoirs et c’est avec presse que tu tentes d’éponger le dégât, sans grande réussite. « Ça va, c’est pas grave. C’était un accident. » que tu rassures, surtout le garçon qui n’a pas hésité à plonger une main dans ses sucreries malgré le déluge sur toi. Tu es presque plus insultée par le madame que par le milkshake sur ton pantalon, surtout venant d’une jeune femme qui ne semble pas bien loin en âge de toi. C’est seulement lorsque tu relèves la tête que tu réalises à quel point elle te semble familière. « On se connaît, non? » que tu lui demandes, faisant le tour de tes souvenirs, tentant de te rappeler dans quel contexte tu as pu la croiser par le passé.