Je m'avance sur l'artère principale, bordée d'arbres que j'imagine centenaires, mêlant la modernité avec le rupestre de bâtiments plus anciens. Bien sûr, tout est modernisé et les antiques bâtisses résonnent souvent la nuit de sons assourdissants que la jeunesse de nos jours appellent "musique", mais je préfère m'interroger sur ce que ce lieu a pu être avant. Juste le temps de me distraire un instant. J'aimais bien ce quartier, et même si le Starbuck du coin pouvait peut-être faire un peu basique dans le paysage qui semblait tout faire pour se démarquer de l'autres, il se noyait lui-même dans une petite rangée de clubs en tout genre, un peu comme si on avait décidé d'accorder à ce tronçon de rue d'être envahie de modernité tout en laissant le reste tranquille.

Je savais que par un temps pareil, il était inutile de me prendre quelque chose de chaud à boire, mais ne disions-nous pas que tout ce qui est tiède ou chaud désaltère plus qu'une boisson bien fraiche? Je ne questionne pas la logique de ce raisonnement, je savais juste qu'avec moi, ça se vérifiait...

Je traverse la rue pour me rendre dans cet espace qui semblait si exigüe qu'il me rendait presque claustrophobe; me décidant de m'installer à une table près des larges baies vitrées grande ouvertes à l'occasion de ce beau temps, passant par le comptoir pour me commander quelque chose avant d'aller m'installer en gardant un oeil sur les passants, attendant patiemment que la barista appelle mon nom avec ma commande. Certains trouvaient bizarre d'être ainsi scruté par une jeune femme, le regard couvert par une paire de lunettes aux verres fumés. D'autres, eux, pense me reconnaitre à ma dégaine et mes fringues, imaginant peut-être que je suis la conquête qu'ils ont croisé à la soirée d'hier. Certains passants me toisent du regard, n'appréciant pas d'être observés alors que d'autres, au contraire, m'offre un sourire chaleureux et bienveillant.

Le monde me surprendra toujours par sa qualité d'opposés.

J'aurais pu trouver cette journée des plus banales, tuant l'ennui en observant le monde qui m'entourait et à me demander en silence quels inconnus cachaient une seconde vie et qui ne se doutait de rien... Quelles personnes cachaient un secret et qui risquaient de croiser une toute autre forme d'intérêt de ma part. Qui sait? J'avoue, c'était pour cette raison également que je m'étais décidée à rester à la bordure de l'extérieur... Mon nom est appelé, m'invitant à venir prendre ma boisson mais la surprise n'est pas des moindre lorsque ma main n'est pas la seule se fermant sur la tasse attendant sur le comptoir....