crash the party like a record scratch
@Heath Wilson ☆ crédit/pedrettigifs

Ne pas attirer l’attention sur son arrivée dans les bureaux de La Fondation, c’était une épreuve qu’Evelyn se sentait capable de surmonter. Du moins, ça l’était avant qu’elle ne s’aperçoive de son retard. Elle voyait déjà les choses d’ici, et ça lui déplaisait, mais elle s’était engagée à participer à ce dîner, alors tant pis pour les bonnes impressions. Elle pressa son chauffeur pour qu’il accélère un peu le mouvement, leur voiture prise dans les affres de la circulation, et vérifia son téléphone portable pour mieux classer et chasser quelques notifications de son écran, déterminée à maximiser son temps pour ne pas en perdre davantage. Les derniers événements à la MHI lui prenaient toute son énergie, c’était encore la meilleure chose à faire à ses yeux que de se laisser happer par sa vie personnelle qui n’était pas catastrophique, au contraire, qui n’était pour autant pas parfaite au point de ne pas la contrarier un peu. Il n’y avait aucun signe de bébé à l’horizon, aussi faudrait-il sans doute qu’elle lève le pied pour s’en donner les moyens et ne plus vivre avec ce poids sur la conscience, sauf qu’elle préférait se tuer à la tache que de se morfondre sur ce qui ressemblait de plus en plus à un échec. Enfin, tout ça n’était pas à l’ordre du jour, ce soir ; ce qui l’était davantage, c’était l’invitation de sa mère à participer à ce dîner, et ça aussi, c’est ce qu’elle préférait à l’éventualité de retrouver Rhett pour discuter pour la énième fois de quoi faire au sujet de cet enfant qui se faisait désirer. Elle n’arriverait pas sur place avec la discrétion qu’elle chérissait donc, elle saurait tout de même y faire, c’est ce qu’elle se dit en terminant de consulter son téléphone.

Une fois arrivée, elle rejoignit l’étage où se passaient les festivités, et fut happée par la magnificence de l’organisation. Comme à l’accoutumée, Celie avait mis les petits plats dans les grands, et d’ailleurs, elle la voyait au loin, sa mère ; à minauder auprès d’un homme qu’elle avait déjà croisé à de maintes reprises lors des galas de La Fondation et qui se montrait bien cavalier auprès de la matriarche qu’elle voyait rire aux éclats de l’autre côté de la baie vitrée qu’elle finit par contourner pour rejoindre l’assemblée. Comme prévu, on la remarqua, et le ballet de convives se succédant pour venir aux nouvelles et la féliciter de tout un tas de choses accapara son attention pendant de longues minutes encore, détournant sa concentration du tableau de sa mère et de cet homme en qui elle n’avait pas suffisamment confiance pour lui prêter de bonnes intentions. Celie était maline, elle n’était pas née de la dernière pluie, mais les escrocs l’étaient davantage, et peut-être était-ce un tort de la part d’Evie à ce moment-là, mais se basant sur l’apparence de l’homme en question, elle avait des doutes sur le bienfondé de sa présence permanente à ce genre d’évènement. Après un instant, baladant de nouveau son regard de droite à gauche, elle les retrouva dans son champ de vision — et ce qu’elle vit, ça ne lui plaisait définitivement pas, et ce sans véritablement savoir pourquoi. Toujours est-il qu’elle s’excusa auprès de la personne qui discutait avec elle, et finit par se diriger vers le duo composé de sa mère et de cet homme pour enfin les saluer.

Elle s’adressa d’abord à Celie. Faussement sur la défensive, elle anticipa sa remontrance "Inutile de me le faire remarquer, je suis un peu en retard. Mais tu sais, la circulation." lui fit-elle, accueillant l’embrassade de sa mère avec un sourire rentré, jamais très à l’aise de s’adonner à ce genre de choses en public. Cela dit, elle n’eut pas tellement le temps de discuter davantage avec elle puisque, sollicitée de toutes parts, Celie faussa aussi vite compagnie à sa fille et l’homme qu’elle salua d’une bise sur sa joue, laissant perplexe Evelyn qui tourna enfin son regard vers lui pour d’abord le toiser, ensuite lui demander, ses cils papillonnant pour faire le point sur ce qu’elle voyait "Je ne crois pas avoir jamais été présentée." En effet, elle n’avait pas besoin de faire dans la politesse de bas-étage pour qu’elle en soit certaine. Elle lui tendit cependant la main avec précaution pour qu’il la lui serre, elle lui demanda sans délai, ses yeux bruns trouvant les siens avec autant de détermination qu’il était possible d’en démontrer "Vous êtes ?"

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@Evelyn Pearson ☆ crédit/ssoveiagifs

Si ton père te voyait... il aurait très certainement une crise cardiaque. Oui, Charles Wilson, le premier du nom, serait certainement très déçu de voir que tu peux arriver à l'heure quand on te le demande, dans un costume qui te va, dans une chemise repassée et que tu peux même être avenant et charmant. Quand tu le veux bien entendu. Tout ceci est conditionnel et tu n'as aucun intérêt à le faire pour l'entreprise familiale, une chose que ton père ou même ton petit frère n'ont jamais compris, c'est leur monde l'automobile, le tient, c'est la médecine et ça fait de toi une créature un peu étrange dans cette famille qui court après l'argent. Toi ? Tu cours après les distractions et le dîner de la Fondation Pearson ce soir, c'est une bonne distraction. Qui tombe à pic parce que ton frigo est complètement vide et que Celie Pearson est de bonne compagnie. Une bonne chose à tes yeux et un compliment quand on te connaît bien et qu'on sait que tu peux être sarcastique, cassant et insultant, et ce même quand tu es celui qui est invité et qui devrait être arrangeant. Ce soir, tu l'es sans absolument aucune hypocrisie, parce que les intentions de la Fondation sont plus que louables et que tu ne t'ennuies pas. Celie n'est pas médecin, elle n'a pas fait les études pour l'être et pourtant, parce que tout ceci lui tient à cœur, elle se penche régulièrement dans les publications de ta discipline, pour les disséquer et voir où sont les prochaines avancées. Pas juste pour les sportifs, mais aussi pour ses propres lectures personnelles. Ce qui rend toujours vos discusions plus que constructives et intéressantes.
"Lire des articles de Nature, ça te détend ? Tu devrais changer de métier, un seul coup de fil de ma part et on te libère une place au St-Vincent... Tu me le dis, hein." Tes mots arrachent un rire à Celie et elle n'imagine même pas à quel point tu es sérieux. Peu importe, on vous interrompt, un visage familier, encore plus pour Celie que pour toi. Evelyn, tu sais qu'il s'agit d'Evelyn, est en retard. Son aparté avec sa mère ne sera que de courte durée cependant, Celie est demandée. Tu n'acceptes même pas ses excuses à ce sujet, tu acceptes en revanche la bise qu'elle te donne. "Je t'en prie, je sais que tu es souvent demandée... Et puis, tu restes l'organisatrice." Il n'en faut pas plus pour que Celie s'éclipse, te laissant seul avec Evie. Qui n'y va pas par quatre chemin et tu la toises en retour, un sourire sur le visage alors que tu fixes la main qu'elle te tend."Hmm ? Le type avec un verre vide et je sais déjà qui vous êtes." Oh non, si elle compte jouer les gamines irritées de ne pas avoir l'attention de maman, tu ne comptes pas lui serrer la main. Tu l'ignores, préférant chercher le bar de tes yeux, pour savoir qui peut remplir ton verre. Ah c'est par là. Une fois que c'est fait, tu termines ta phrase, car comme tu l'as dit, tu sais déjà qui elle est."La fameuse Evelyn Pearson, et non, les présentations n'ont jamais été faites, pas officiellement, je ne réponds pas toujours aux invitations, j'évite les endroits où je peux croiser certains de mes pairs." Tu hausses les épaules, elle ne comprendra pas ce que tu dis, si elle ne sait pas que tu es toi aussi médecin, et pas juste un invité lambda sur la liste. Ou peut-être que tu l'es ? Hey au moins, toi tu es dans les petits papiers de l'organisatrice, Evelyn a beau être sa fille, tu doutes qu'elle puisse en dire autant.
"Heath Wilson, pour répondre à votre question." Qu'elle est au moins ton prénom si elle veut t'insulter par la suite. "Et je suppose que vu votre entame, vous avez d'autres questions de ce type ? Je vais vraiment avoir besoin de ce verre rempli dans ce cas." Tu hausses les épaules, te dirigeant vers le bar sans plus de cérémonies, qu'elle te suive si elle le souhaite. Tu ne sais pas encore s'il s'agit d'une discussion à sens unique, ou pas, il est trop tôt pour le dire, beaucoup trop tôt.

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@Heath Wilson ☆ crédit/pedrettigifs

Evie gravitait dans ce milieu depuis qu’elle était née, des pique-assiettes, elle en avait côtoyé un certain nombre tout au long de son existence, c’était un fait. Ils avaient tous la même attitude, la même désinvolture à s’imposer auprès de gens qui, sans le vouloir, leur faisaient miroiter maintes possibilités auxquelles ils s’accrochaient sans juger nécessaire de douter d’être légitimes ou méritants. Sa mère était une femme intelligente, trop diraient certains, et c’était aussi dérageant que c’était attrayant, elle en convenait avec une lucidité qu’on ne pourrait guère lui retirer, l’admirant autant qu’elle la mésestimait parfois, petite-fille laissée de côté au détriment des autres qui s’inséraient davantage dans le grand plan qu’elle avait en tête pour imposer sa famille dans le paysage de la haute-société australienne. Celie, elle savait reconnaître ceux qui la talonnaient que par opportunisme, elle savait reconnaître ceux qui à terme finiraient par devenir davantage un problème qu’une solution ; dans la présente cependant, sa fille avait le sentiment que quelque chose n’allait pas dans la dynamique qui la liait à cette homme à qui elle comptait se présenter en bon et due forme, et elle refusait de croire que c’était uniquement lié à son refus de voir sa mère proche d’un homme qu’elle ne connaissait pas. Ce n’était pas ça, son instinct ne se révélant pas mauvais pour débusquer les profiteurs dont Heath Wilson semblait faire partie.

Il refusa lui serrer la main. Elle s’en accommoda sans vexation, habituée à traiter avec des hommes dont l’ego dépassait à peine les portes. Elle se permit simplement de lui faire avec une douceur qui lui était propre, aussi caressante qu’elle savait être tranchante à certaines occasions, refoulant une longue mèche de cheveux bruns du bout de ses doigts qui rencontrèrent la courbe parfaite de sa mâchoire contre laquelle ses cheveux ondulèrent "J’oubliais que certains hommes craignent la contamination." Les femmes puissantes faisaient peur, les femmes puissantes étaient les ennemies jurées de la masculinité fragile ; il fallait dorloter les petits garçons mal-aimés qui sommeillaient en certains bonhommes qui ne supportaient pas de voir une femme fière, forte, et puissante à la fois. Là encore, elle en avait connu d’autres. Ne se formalisant pas de l’impolitesse de l’homme en question, elle inclina la tête sur le côté en guise de salut lorsqu’il prononça son nom et suivit son regard tout en l’écoutant dérouler des explications dont elle n’avait pas besoin au demeurant "En revanche, vous ne refusez pas les invitations qui vous offre tout le loisir de la compagnie de ma mère. De quoi vexer vos pairs." Qui sont ? aurait-elle pu ajouter si elle n’en avait pas rien à faire, lui adressant un sourire poli et une oeillade rapide pour remarquer le rictus sardonique qu’il avait sur le visage et qui faisait visiblement partie intégrante de ses trais marqués par les années. Il lui donna son nom, Evie opina du chef, le murmure exagéré qu’elle laissa poindre pour lui répondre sifflant dans l’espace qui les séparait sur l’instant tandis que son corps se penchait très subtilement dans sa direction pour qu’il l’entende plus distinctement "J’espère que vous ne m’en voulez pas de ne pas savoir qui vous êtes. À votre contraire, j’ai l’habitude de ce genre de soirées." Sous-entendu qu’elle en rencontrait tellement, des types comme lui, qu’elle avait bien du mal à les remettre au fil du temps, surtout à retenir que ce soit leur nom ou leur visage. Qu’il se vexe ou non, ça lui faisait une belle jambe à Evelyn qui leva brièvement ses deux mains devant elle lorsqu’il anticipa des questions qu’elle ne comptait pas lui poser, pas du genre à insister lorsqu’elle sentait son interlocuteur réfractaire au dialogue ; autant dire que c’était le cas ici, et dans un sens, ça la confortait dans ses soupçons. Elle lui fit tout de même "Je n’en avais pas d’autres non, vous êtes libre de vos mouvements, Heath." Pour qui se prend-il celui-là ? Elle le pensa, ne lui posa pas la question, et lui montra même le bar d’une geste gracieux de la main pour qu’il ne s’échine pas à le chercher trop longtemps des yeux "C’est à votre guise, je ne compte pas vous courir après." Contrairement à vous qui courrez après ma mère, se retint-elle d’ajouter, le laissant sans aller sans même chercher à le retenir puisque tel était sa volonté.