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don't hold back

@WINSTON ACKERMAN & OLLIE

lieu: dojo, west end

« Il faut sortir maintenant, Madame. » Elle prenait son temps, la vieille, jouant avec ses nerfs. Il avait fermé la caisse, abaissé de moitié le rideau de fer et s’apprêtait à l’enfermer dans la boutique s’il le fallait. Il avait déjà tenu la journée sans faire de dinguerie, mais l’heure de fermeture se voulait dépasser depuis dix minutes et Ollie n’allait plus se contenir. Ce n’était pas la première fois qu’elle lui faisait le coup, et elle n’achetait jamais rien, la connasse. De son perchoir, sur le comptoir de caisse, il pouvait la voir faire semblant de fouiner dans un des bacs qu’il avait remplis plus tôt dans l’après-midi. Lançant un décompte mental, il finit par perdre complètement patience lorsqu’elle chercha à s’en aller vers le fond de la boutique. « Aller, c’est bon, j’en ai ras-le-cul maintenant. DEHORS ! » Elle leva les yeux au ciel, la Karen, jouant de son air offusqué et de ses privilèges de petite bourgeoise. « Vraiment, l’accueil ici n’est plus ce qu’il était. » Il eut un rire mauvais alors qu’il la pressait vers la sortie. « Hésitez pas à nous laisser un avis. Ollie Gallagher, pour vous servir ! » Elle avait à peine mis un pied à l’extérieur qu’il s’empressa de fermer la porte derrière elle. Quelle conne. Ses fantaisies l’avaient mis en retard, non qu’il en eût quelque chose à faire, mais tout cela était venu titiller ses nerfs. Win avait intérêt à l’attendre à la salle, il était d’humeur à échanger quelques coups.

« Qu’est-ce que tu foutais ? » - « Ta gueule ! » Comme s’il n’avait jamais eu à l’attendre auparavant. Il jouait les malins Winston, avec son prénom de merde et l’attitude qui matchait avec. Laissant son sac tomber au pied du ring, il fit glisser la fermeture éclair pour récupérer ses affaires. « Bouge ton cul, je vais passer un appel dix minutes et on y va. » Il préféra ne pas répondre, s’asseyant sur le banc pour changer ses chaussures et observer Winston s’éloigner, son téléphone déjà collé à l’oreille. Si Ollie avait été un ami attentionné, il aurait noté l’air un peu renfrogné du brun, mais Ollie ne prêtait pas attention à ce genre de détail, il se demandait tout simplement quelle gonzesse il pouvait bien être en train de supplier. La simple réflexion le fit soupirer plus que de raison avant qu’il ne s’installe face au sac de frappe, prêt à laisser sa frustration s’écouler.

Il ne lui fallut que peu de temps pour commencer à transpirer et sentir ses muscles se détendre à mesure des coups. Ollie prenait un réel plaisir à s’entraîner, la boxe étant devenue une véritable échappatoire au fil des années. Il s’agissait de l’endroit où personne, ou presque, ne lui demandera de se calmer. « Ça va? » Normalement, il s’agit également d’un lieu où personne ne vient l’emmerder, sauf Winston, il faut croire. Il ne prit même pas la peine de lui répondre, resserrant le lien de son gant autour de son poignet. « Tu te sens d’attaque ou il faut que je te laisse encore quelques minutes ?  Histoire que tu ne trouves pas d’excuses quand je t’aurai foutu ta raclée. » Levant les yeux au ciel, Ollie s’écarta d’un demi centimètre, juste assez pour planter ses pieds dans le sol et décrocher une droite dans l’épaule de Winston. « Ça répond à tes questions ? » Il lui offrit un sourire empli d’insolence avant de désigner le ring libre sur leur droite. « Aller monte, j’ai pas que ça à faire. » Ces derniers temps, le Ackerman s’était mis dans la tête la volonté de vouloir le vaincre, ce n’était pas encore arrivé et Ollie n’avait pas l’intention de lui offrir la moindre victoire. « Et va pas chialer cette fois, on fait un combat à la loyale. » Chacun des membres de ce club savait qu’Ollie n’avait pas une définition universelle d’un combat à la loyale, mais il n’allait pas s’attarder sur ce point. « Ou tu préfères qu’on se fasse des tresses et que tu parles de tes meufs ? » Il cherchait à le mettre à bout, Ollie avait vraiment envie de frapper ce soir.