Oops i did it again

    @Winston Ackerman   ft. Gayle Danbury

Sur la route, dans un bar miteux de Cambooya

La musique qui résonnait à fond dans l'habitacle de la voiture ne parvenait pas à éteindre ou au moins à étouffer la colère qui rebondissait dans la boîte crânienne de Gayle. Les deux mains sur son volant, elle regardait la route défiler avec une hargne sans demi-mesure. Elle avait beau essayer de se raisonner elle n'y parvenait pas. Elle avait tout simplement envie de le tuer. Elle savait au fond d'elle que Winston n'était encore qu'un gamin à qui il fallait rappeler les règles, qu'il fallait surveiller et parfois encadrer ou recadrer mais elle n'était pas sa mère ! Le jeune homme semblait néanmoins l'avoir oublié puisqu'il passait son temps à l'appeler à la rescousse. Gayle ne l'avait pas engagé depuis très longtemps et si elle n'avait pas été persuadée qu'il était l'un de meilleurs cascadeurs qu'elle ait jamais vu, elle l'aurait viré sur le champ. Au lieu de ça la blonde se retrouvait à rouler sur les routes d'Australie pour aller chercher son poulain en plein milieu d'un village paumé.

Elle se trompa une première fois, ne voyant pas la petite route qui devait lui faire quitter l'artère principale. Après avoir donné un coup sur son volant et avoir lâché quelques noms d'oiseaux, l'agent artistique avait fini par retrouver son chemin. Lorsqu'elle se gara devant le néon à moitié éteint du Booya bar il faisait déjà nuit. Elle jeta un coup d'oeil à sa montre et remarqua qu'elle avait mis un peu plus d'une heure trente pour rejoindre les lieux. Une heure trente c'était peu, mais c'était aussi énorme pour un Winston qui semblait incapable de se montrer raisonnable. Qu'avait-il bien pu faire durant tout ce temps ? La Danbury ne perdit pas plus de temps et sortit de sa voiture.

Lorsqu'elle poussa les portes du bar, son regard balaya instantanément la pièce à la recherche du coupable qu'elle était venue chercher. Elle n'eut pas besoin de chercher bien longtemps puisque déjà la voix du garçon parvenait jusqu'à elle. Elle fronça les sourcils en avançant. Il avait l'air bien trop joyeux, bien trop en forme, bien trop... éméché. Assis au milieu d'un groupe d'hommes, Winston semblait prendre du bon temps. Elle s'approcha, le regard sombre et se posta dans son dos, les bras croisés sous sa poitrine. Si elle n'avait fait aucun effort dans sa tenue vestimentaire, son port de tête altier ainsi que son regard froid imposaient un certain respect ou au moins une certaine crainte. Le cascadeur claqua son verre vide contre la table, signe qu'il en voulait un autre mais aucun de ses compagnons ne le suivit, ils étaient bien tous trop occupés à la regarder. Winston se retourna enfin : « Oh. Gayle. T'es déjà là ? ». La mâchoire de la blonde se crispa mais elle finit par lâcher un : « Je t'avais dit moins de deux heures. » Sa voix était sèche et son regard assassin. Elle s'approcha un peu plus pour prendre le verre vide qu'il tenait entre ses mains et le porta jusqu'à son nez. Elle grimaça en sentant les effluves de bière qui s'en échappaient. « Y en a au moins un de nous deux qui a une parole. » Et elle posa avec violence le verre sur la table, manquant de le briser au passage. Winston ne lui avait pas promis qu'il ne boirait pas mais la façon dont Gayle lui avait ordonné de ne pas le faire était sans appel. « Lève-toi. On y va. » L'autorité dont faisait preuve la quadragénaire pouvait paraître exagérée et à coup sûr les autres dans le bar devaient penser qu'il s'agissait de sa mère, ou de sa compagne en colère mais Gayle s'en fichait royalement. Elle n'avait pas une minute de plus à perdre ici.  

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    @Winston Ackerman   ft. Gayle Danbury

Sur la route, dans un bar miteux de Cambooya

Debout dans ce bar, l'observant sortir son portable pour feinter de s'inquiéter de l'heure alors qu'il savait pertinemment que son portable n'était plus éteint, Gayle se demandait bien pourquoi elle ne l'avait pas encore viré. « J'ai toujours pas de batterie alors... » Elle eut envie de prendre son téléphone et de le balancer à travers la pièce mais au lieu de cela elle s'était contentée de prendre son verre vide et de le renifler. Elle l'avait fait par pur aspect théâtral. L'agent artistique n'était pas stupide, elle savait – sans même avoir besoin de le prendre entre ses doigts – qu'il avait bu de la bière. Elle aussi aurait pu en boire une tranquillement vautrée sur son canapé mais il avait fallu que ce petit con l'appelle à la rescousse. Parfois elle avait envie de lui mettre des claques et c'était le cas actuellement. Il y avait quelque chose chez Winston qui l'attendrissait ou la touchait sinon pourquoi ferait-il encore partie de son équipe ? Gayle n'aimait pas l'échec, elle n'aimait pas admettre qu'elle s'était trompée, il était donc hors de question que cela commence avec le cascadeur. C'était l'une des raisons qui la poussait à continuer à travailler avec lui ça et le fait que dans le fond, elle l'aimait bien. Jamais elle ne l'admettrait. Gayle n'avait pas de sentiments, en tout cas elle ne les exprimait pas, sauf s'il s'agissait de sentiments négatifs. Actuellement, elle en débordait comme le montrait son ton moralisateur. Il y avait plusieurs choses que la quadragénaire ne supportait pas. Que l'on se foute de sa gueule en faisait partie. Malheureusement pour le garçon, c'était littéralement ce qu'il était en train de faire. « J'en ai pris qu'une, juste pour les accompagner. » Il n'assumait qu'à moitié ses propos, marmonnant, baissant la tête et évitant son regard. Elle avait failli lui cracher ses quatre vérités au visage, lui dire qu'il n'était qu'un piètre menteur mais au lieu de cela, elle lui avait ordonné de se lever. Ils auraient tout le temps de régler leurs comptes dans la voiture. Ils s'étaient assez donnés en spectacle au milieu de ce bar miteux.  Winston comprit sans doute qu'il valait mieux ne pas la contrarier davantage puisqu'il obtempéra sans opposer la moindre résistance. Alors qu'il se dirigeait vers le bar pour payer, elle entendit un badaud railler : « Oula, ta p'tite dame elle est pas commode ce soir. Tu vas passer une bonne soirée je crois. » Si le cascadeur s'était contenté de lui lancer un regard noir, Gayle n'avait pu s'empêcher de balancer de manière acerbe : « Au moins il passera la soirée avec quelqu'un contrairement à d'autres. » laissant ainsi entendre qu'ils étaient bien ensemble même si ce n'était pas le cas. Sa remarque eut l'effet escompté, tous les hommes de la table commencèrent à rire de leur camarade qui n'avait plus les mots et qui se contentait d'ouvrir la bouche en rougissant.

« C'est bon. » Gayle reporta son attention sur Winston et haussa un sourcil. Depuis quand lui parlait-il de la sorte ? Son regard était foudroyant mais elle ne dit rien, se contentant d'hocher la tête et de le suivre à l'extérieur. Ils se dirigèrent jusqu'à la voiture mais la jeune femme ralentit le pas en voyant que Winston s'était arrêté. « J'peux conduire si tu veux. » Elle attendit quelques secondes qu'il se mette à rire mais il ne le fit pas. Ce fut donc elle qui se mit à rire d'un rire sans joie. « Tu te fous de moi là ? » Elle lui laissait une seconde chance, celle de revenir sur ses propos, de s'excuser, de s'asseoir côté passager et de la boucler mais rien ne vint. « Tu crois quand même pas que je vais te laisser conduire alors que t'as bu ? » Qu'est-ce qu'il pouvait être stupide parfois. Elle sortit une cigarette de son paquet, l'alluma et s'appuya contre la carrosserie de sa voiture. Alors qu'elle expirait sa fumée tout en fixant le ciel étoilé elle tentait tant bien que mal de retrouver son calme. La tâche était ardue voire impossible puisque Gayle ne parvenait pas à oublier la petite imitation que Winston avait fait d'elle à l'intérieur. Elle se tourna donc dans sa direction et lui dit sèchement : « La prochaine fois que l'envie te prend de m'imiter, essaie d'avoir un peu plus de classe. » Elle n'était pas du même standing que lui, et si habituellement elle ne s'amusait pas à catégoriser les gens de la sorte, ce soir elle voulait lui faire comprendre qui était la patronne et qui était l'employé. Il fallait qu'il sache où était sa place et si à l'avenir le doute le gagnait, elle se ferait un plaisir de le lui rappeler.  

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