Cause you had a bad day - st vincent's hospital
crédit gifs(purplespoiler) + @Midas Sterling

En ce moment, Helen connaissait des jours avec, mais surtout des jours sans. Le moral n’était pas au beau fixe, et malgré les moments passés auprès de ses amis, de sa filleule, rien ne semblait vraiment rapporter le soleil dans sa vie. La veille, la famille Cartwright avait invité le couple à faire un barbecue pour les premiers jours de beau temps du mois. Invitation que la chirurgienne n’avait pas pu esquivé, car cela faisait déjà le troisième week-end de suite qu’elle la refusait. Son frère et sa sœur étaient là, eux-aussi, alors évidemment que les conversations ne tournaient qu’autour de tout ce que les enfants Cartwright faisaient d’extraordinaire. Des vantardises, en veux-tu, en voilà. Cet esprit de compétition entre fratrie n’avait rien de sain, ça fatiguait énormément Helen qui pourtant jouait le jeu et en rajoutait une couche lorsqu’il s’agissait de se vanter des exploits qu’elle réalisait dans son bloc opératoire. De quoi rendre fiers papa et maman. Et puis, sans grande surprise, sa mère s’était plainte de ne toujours pas être grand-mère. L’avantage, lorsqu’il y avait son frère et sa sœur, c’était qu’ils en prenaient pour leur grade également. Eux-aussi recevaient cette même pression de concevoir à tout prix, pour satisfaire le désir de leur mère. Autant vous dire, le week-end n’avait pas été très glorieux, et le retour en voiture non plus. Cette pression commençait à peser lourd sur les épaules de la chirurgienne, qui ne se sentait vraiment pas dans son assiette aujourd’hui. Elle avait d’ailleurs la désagréable impression de tout faire de travers… et c’était peut-être véritablement le cas. Un peu plus tôt dans la matinée, elle avait inversé les fiches de deux patients ; pas bien malin pour doser correctement les traitements. Heureusement, l’infirmière s’était aperçue de sa petite erreur et rien de grave n’était arrivé. Ensuite, c’était son café qu’elle renversa sur sa propre tenue, l’obligeant à aller se changer en vitesse dans l’une des chambres de garde… dans laquelle l’un de ses collègues dormait et qu’elle réveilla par inadvertance. Sans parler des innombrables ascenseurs qu’elle ratait depuis son arrivée, mauvaise question de timing, mais c’était carrément chiant. En gros, rien n’allait ce jour. Mais Helen préférait tout autant passer une journée de merde au boulot qu’une journée de merde aux côtés d’un Sam en rute, prêt à la féconder à tout instant. Tout pouvait encore arriver et lui faire changer d’avis, pour le moment c’était à l’hôpital qu’elle souhaitait être. Elle lui restait plusieurs consultations, et c’est par les escaliers qu’elle décida de s’y rendre, car elle ne se sentait pas prête à arriver devant des portes d’ascenseurs qui se referment juste sous son nez. Perdue dans ses pensées, la jeune brune se précipitait dans la partie intérieure des escaliers pour monter plus rapidement. Evidemment, ce qui devait arriver, arriva. Helen ne remarqua pas suffisamment à temps la présence d’un homme, qui lui était en train de descendre. Pas bien malin de se focaliser sur ses pieds comme ça… mais elle fonça irrémédiablement dans le jeune homme, qui se retrouva les fesses sur l’une des marches un peu plus hautes tandis qu’Helen le surplombait, complètement gênée. « Oh, veuillez m’excuser… » La chirurgienne était vraiment confuse, c’était bien la première fois qu’une telle chose lui arrivait. « Je ne voulais pas vous foncer dedans, je m’excuse terriblement. » C’était évident qu’elle n’avait pas souhaité le percuter de plein fouet, même s’il fallait avouer qu’il était plutôt bel homme. ‘Stop Helen, arrête d’avoir ce genre de pensées alors que ton mari n’attend que toi pour vivre les plus belles nuits de jambes en l’air de ta vie ces derniers temps’.  « J’enchaîne les bourdes depuis ce matin, je crois que ce n’est vraiment pas ma journée aujourd’hui. » Cela n’excusait rien, mais elle se devait de justifier cette horrible mésaventure, alors qu’elle était en train de se redresser. « Je ne vous ai pas fais mal ? » Quand même, n’était-ce pas le plus important ?

cause you had a bad day
Midas Sterling & @Helen Stenfield ☆ crédit/purplespoiler

« Je vais aller te chercher quelque chose à grignoter princesse, ça te va ? » Je pose un baiser sur le front de ma fille qui, assise sur son petit lit dans la zone réservée aux enfants, acquiesce d’un signe de la tête. Je quitte la pièce en laissant ma princesse sous la bonne surveillance de son oncle - qui nous a suivis de Kilcoy jusqu’à Brisbane et, une fois dehors, je pousse un soupir de soulagement et laisse retomber la pression. Posy va bien. Tombée de cheval alors que nous étions à la ferme familiale, celle de mon oncle et ma tante, elle s’en tire finalement avec rien de plus grande qu’une entorse et, dans deux semaines, elle pourra oublier que tout ça n’est ne serait-ce qu’arrivé. Ca arrive, il faut laisser les enfants être des enfants et faire leurs propres expériences, voilà ce que dirait Harls et, dans le cas présent, elle aurait raison, pourtant je sais bien que je vais avoir du mal à ne pas m’inquiéter à chaque fois que ma gamine montera à cheval et ce pendant quelque temps.

Je ne déteste pas autant venir ici que je le devrais. Du moins, si je déteste systématiquement le contexte qui me pousse à devoir me rendre à l’hôpital et ce quel qu’il soit, j’aime l’anonymat que me garantit un lieu comme celui-là. Ici, ceux qui me reconnaissent gardent pour eux leur envie de sortir leur téléphone pour me prendre en photo et personne ne dérange un homme dans les couloirs d’un hôpital. Les quelques infirmières ou internes qui me sollicitent parfois pour un autographe le font toujours avec déférence et respect, et cela change de ce qu’il peut se passer dans la rue.  

Sur mon téléphone, occupé à répondre à ma nouvelle assistante à propos de détails concernant la tournée qui arrive, je ne vois pas la jeune femme qui déboule face à moi. Surpris, je laisse échapper l’appareil et me retrouve les fesses sur le sol et terriblement confus : je suis ainsi, même si ce n’était pas ma faute - et ça l’est en moins en partie, j’étais distrait - j’aurais voulu assumer la majeure partie de la responsabilité de l’accident.  « Oh, veuillez m’excuser… Je ne voulais pas vous foncer dedans, je m’excuse terriblement. » Je secoue la tête avant de chercher mon téléphone du regard ; il se trouve plusieurs marches plus bas. « Ne soyez pas désolée. Je ne regardais pas où je mettais les pieds. » Je me redresse sans mal, constant qu’à mon niveau en tout cas aucun dégât n’est à déplorer. « J’enchaîne les bourdes depuis ce matin, je crois que ce n’est vraiment pas ma journée aujourd’hui. » - « C’est moi qui suis désolé. Vraiment, ne vous en faites pas docteur. » Par peur qu’elle interprète un regard vers l’étiquette accrochée à sa blouse comme un coup d’oeil à sa poitrine, je m’en abstiens. Toutefois, sa tenue ne laisse que peu de place au doute : elle travaille ici. « Je ne vous ai pas fais mal ? » - « Pas du tout. Et si c’était le cas, je serais déjà au bon endroit, non ? » Je lui adresse un sourire de connivence pour la mettre à l’aise, peu désireux de la voir continuer à se répandre en excuse. « Je cherchais la caféteria, ou n’importe où je peux acheter quelque chose de sucré. » Je parcours les quelques marches qui me séparent de mon portable - l’écran est fissuré mais je n’en ai que faire - avant de le glisser dans ma poche. « On m’a dit que c’était au rez-de-chaussée, mais l’ascenseur tardait à arriver. J’aurais mieux fait de l’attendre, je vous aurais évité ce genre d’accident. Je peux vous payer un café pour me faire pardonner, malgré tout ? » Venant de quelqu’un d’autre, ce genre de proposition aurait peut-être été guidée par une arrière pensée. Chez moi, il s’agit simplement de courtoisie, de toute évidence.  

Cause you had a bad day
crédit gifs(purplespoiler) + @Midas Sterling

Dans la vie de chacun, il existait des jours avec et des jours sans. Pour Helen, aujourd’hui était un jour sans. Vraiment sans. Ce choc entre elle et l’homme inconnu en était la preuve irréfutable. La chirurgienne détestait quand sa vie personnelle empiétait à ce point sur sa manière d’agir au travail, cela devenait beaucoup trop fréquent. Néanmoins, au jour d’aujourd’hui, elle ne trouvait pas de solution viable à ses yeux pour résoudre ses problèmes d’un claquement de doigts et faire en sorte que ça n’impacte plus son travail. Rester avec Sam, ça signifiait continuer à être dans cet état. Quitter Sam, ça signifiait subir le courroux de ses parents, la potentielle tristesse de ne plus être aux côtés de l’homme qu’elle aimait. Bref, quelle vie chaotique en ce moment. Au moins, après cette chute sur l’étranger, la brune ne voyait pas comment sa journée pouvait être encore plus merdique. « Ne soyez pas désolée. Je ne regardais pas où je mettais les pieds. » Pourtant, elle non plus. « C’est moi qui suis désolé. Vraiment, ne vous en faites pas docteur. » La chirurgienne remarqua le regard de l’homme se diriger vers un objet tombé plus loin et elle comprit qu’il s’agissait de son téléphone. Oh non, l’avait-elle abîmé ? Elle n’en avait pas du tout l’intention… « Pas du tout. Et si c’était le cas, je serais déjà au bon endroit, non ? » « En effet… » Sa remarque détourna son attention du téléphone gisant quelques marches plus bas, et elle lui rendit son sourire. Elle comprenait qu’il ne se formalisait pas de ce contact inattendu. Finalement, rien de mal ne leur était arrivé, et c’était tout ce qui comptait.  « Je cherchais la caféteria, ou n’importe où je peux acheter quelque chose de sucré. » Il y avait bien la cafétéria, ou bien des distributeurs présents à tous les étages dans les couloirs de l’hôpital. Tout dépendait de s’il était pressé par le temps ou non. A nouveau, elle s’attarda sur le smartphone du jeune homme et elle crut apercevoir une fissure le long de l’écran. Helen n’en était pas certaine, mais cette idée la fit déglutir. Ce n’était pas le moment pour qu’on lui annonce qu’elle devait lui dédommager de la casse de son téléphone, auquel cas la journée deviendrait véritablement merdique. « On m’a dit que c’était au rez-de-chaussée, mais l’ascenseur tardait à arriver. J’aurais mieux fait de l’attendre, je vous aurais évité ce genre d’accident. Je peux vous payer un café pour me faire pardonner, malgré tout ? » Malgré sa pensée sur le physique du jeune homme tout à l’heure, Helen n’imaginait pas un seul instant que sa demande puisse relever d’autre chose que d’un geste de politesse. Autant être honnête maintenant, la chirurgienne ne connaissait pas la notoriété de la personne qu’elle avait en face d’elle. Musicalement parlant, la brune restait bloquée dans les années 2000… un peu plus, et elle annonçait qu’elle possédait encore son Ipod de l’époque. Que de bons souvenirs, quand même. Néanmoins, ses traits ne lui paraissaient pas totalement inconnus. « Oui c’est… Je… Oui, d’accord. » Répondit-elle au bout d’un moment de réflexion très flou. Il avait tellement pris les devants pour que ce soit lui qui se confonde en excuses et qu’il lui propose de se faire pardonner avec un café, qu’elle en perdait presque son latin. « C’est bien au rez-de-chaussée. » Confirma-t-elle finalement, tandis qu’elle faisait demi-tour. Ses consultations attendront la fin de son café, une petite pause semblait méritée. A quand remontait la dernière, d’ailleurs ? Hier soir, avant de s’endormir ? « J’espère que votre téléphone s’en est sorti indemne. » Souffla-t-elle, en se mordant la joue. Outre la question d’argent s’il fallait le rembourser, elle n’avait tout simplement pas besoin de se sentir encore un peu plus boulet aujourd’hui. Tandis qu’ils descendaient tranquillement tous les deux, Helen alternait son regard entre les marches –histoire de ne plus foncer dans qui que ce soit- et l’homme à ses côtés. Elle osa lui demander, après une courte minute de silence : « Votre visage me semble familier. Vous vous rendez souvent à l’hôpital ? » Même si un chirurgien pouvait voir des centaines et des centaines de visages différents toutes les semaines, il y avait des visages qui marquaient. Le sien lui parlait, pour autant elle était vraiment incapable de resituer comment et pourquoi.

cause you had a bad day
Midas Sterling & @Helen Stenfield ☆ crédit/purplespoiler

« En effet… » Mon trait d’humour déride à peine la brune et, bien qu’elle quitte mon téléphone de ses yeux renfermant ce qui ressemble à une pointe de culpabilité, elle me fait l’impression d’une biche qui viendrait d’être percutée par une voiture à pleine vitesse. L’état de ma petite sœur, lorsque je l’ai découverte après qu’elle ait démissionné, me revient à l’esprit. Dieu que cet endroit a l’air nocif pour tous ceux qui y travaillent. De toute évidence, la doctoresse est épuisée et tient à peine debout.

C’est cette raison et cette raison uniquement qui me pousse à proposer de lui offrir un café. Je me dis que si plus de personnes – patients, proches de patients et autres membres du personnel soignants – étaient bienveillantes avec les médecins dans sa situation, peut-être que le système n’écraserait pas les personnes en détresse comme Oli. « Oui c’est… Je… Oui, d’accord. » Un sourire et je m’écarte du chemin pour qu’elle puisse se remettre de ses émotions, se redresser et me guider au travers des couloir de l’hôpital. Elle m’a l’air assez jeune pour que la question de son poste ici se pose. Est-il une interne, comme l’était Olive, ou bien une chirurgienne aguerrie ? « C’est bien au rez-de-chaussée. » - « Je vous suis. J’aimerais éviter de me perdre et de rentrer à nouveau dans quelqu’un qui n’a rien demandé. » Je la laisse donc passer devant, une main dans son dos mais sans toutefois la toucher ou l’effleurer. J’ai été élevé en bon gentleman et c’est ce que je suis jusqu’au bout des ongles. « J’espère que votre téléphone s’en est sorti indemne. » - « Si ce n’est pas le cas, ce n’est pas bien grave. » Je peux en payer un autre, de téléphone. Je peux même en payer des dizaines de milliers et plus encore. Je n’aurais qu’à demander à mon assistante de m’en fournir un nouveau et de copier tout le contenu de celui-ci-dessus : ce genre de chose n’est qu’un détail pour moi. « Ne vous inquiétez pas, vraiment, ce n’est rien. C’est à ça que les assurances servent. » Je le dis plus pour la déculpabiliser que parce que j’envisage de me servir de la mienne. Le prix d’un téléphone n’étant rien, en acheter un nouveau sera bien plus simple que de me lancer dans des démarches administratives pour me faire rembourser celui-là. Je n’aurais qu’à le faire réparer et à l’offrir à ma petite sœur, elle sera certainement ravie.

« Votre visage me semble familier. Vous vous rendez souvent à l’hôpital ? » Un sourire gêné étire mes lèvres. Je ne m’habituerai jamais à ce genre de discussion. J’aime rencontrer quelqu’un qui ne me connais pas à et qui je ne dis absolument rien : cela me confère le sentiment d’être un être humain comme les autres. Toutefois, à choisir entre un fan hystérique et une personne qui me dévisage en tentant de se souvenir de pourquoi mon visage lui dit quelque chose, je crois que je préfère encore le premier cas de figure. Au moins, celui-ci m’évite les discussions inconfortables qui me donnent l’impression de manquer de modestie et de tout faire pour ramener ma célébrité sur le devant de la scène. « Non, Dieu merci. Pas que le personnel ne soit pas très sympathique mais, moins je suis ici, mieux je me porte. Comme tout le monde je suppose. » Cela doit être étrange comme sentiment, celui de travailler dans un endroit que les gens préfèrent éviter, le genre d’endroit où les gens n’ont qu’une hâte lorsqu’ils y atterrissent : en sortir le plus vite possible. « Je chante. » Doux euphémisme lorsque l’on est le meilleur vendeur de disque du pays de la décennie. Mais modeste, je le suis réellement, ce n’est pas qu’une image que je me donne. « Vous m’avez certainement aperçu quelque part dans un magazine ou à la télévision. Si tant est que vous ayez le temps de la regarder. » Après tout, je n’ose imaginer le nombre d’heure qu’elle passe ici. Ma cadette avait à peine le temps de se laver les cheveux, certaines semaines. Et je doute qu’elle nous ait tout raconté concernant son internat, j’en découvre encore un peu chaque jour, au point d’en avoir le poil qui se hérisse. « Vous n’avez pas l’air d’avoir beaucoup de temps pour souffler. Depuis combien de temps vous n’avez pas dormi ? » Loin de moi l’idée qu’elle a mauvaise mine. Simplement, il y a des signes qui ne trompent pas.

Cause you had a bad day
crédit gifs(purplespoiler) + @Midas Sterling

« Je vous suis. J’aimerais éviter de me perdre et de rentrer à nouveau dans quelqu’un qui n’a rien demandé. » Helen appréciait qu’il rejette presque la faute entièrement sur lui, alors qu’elle avait sa part de responsabilité dans cette histoire. Au moins, cela lui permettait de se sentir un peu plus légère et de ne pas s’ajouter un souci de plus à sa longue liste déjà existante de problèmes à gérer. Néanmoins, elle craignait tout de même que le smartphone de l’inconnu n’en ressorte pas indemne, et ça c’était une autre histoire. Certaine personne était tellement accro à leur téléphone qu’elle allait peut-être se faire gueuler dessus comme du poisson pourri car elle venait de briser ce pauvre objet. « Ne vous inquiétez pas, vraiment, ce n’est rien. C’est à ça que les assurances servent. » Elle ne put s’empêcher de laisser sortir un soupir de soulagement, rassurée que la situation ne vire pas à la catastrophe à cause d’un téléphone cassé. Les deux adultes allaient donc pouvoir se rendre à la cafétéria, sans encombre, pour boire ce fameux café. Mais, sur le chemin, la chirurgienne n’arrivait pas à se défaire de l’idée qu’elle connaissait vaguement le jeune homme. Parfois, certains patients venaient régulièrement à l’hôpital pour suivre des traitements, alors peut-être pouvait-elle commencer à creuser de ce côté-là ? « Non, Dieu merci. Pas que le personnel ne soit pas très sympathique mais, moins je suis ici, mieux je me porte. Comme tout le monde je suppose. » Il avait entièrement raison sur ce point-là. « Tout à fait. Il y a quand même plus fun comme endroit qu’un hôpital. » Helen avait beau adorer son travail, elle avait aussi conscience que l’hôpital était perçu comme anxiogène chez beaucoup. C’était un lieu synonyme de mauvaise santé, de problèmes, de mort… On s’y rendait vraiment qu’en dernier recours. « Je chante. » « Ah ? » En fait, Helen ne s’attendait pas à cette réponse, elle qui était pourtant persuadée de le connaître à plus petite échelle que parce qu’il était chanteur. « Vous m’avez certainement aperçu quelque part dans un magazine ou à la télévision. Si tant est que vous ayez le temps de la regarder. » La chirurgienne acquiesçait doucement, néanmoins peu convaincue par cette probabilité. Autant elle connaissait par cœur le nom et le visage des groupes qu’elle écoutait plus jeune, car elle en avait passé du temps à visionner ses clips préférés. Elle avait toujours eu besoin d’écouter de la musique en révisant, mais comme précisé précédemment, Helen n’était pas à jour en ce qui concernait les morceaux d’aujourd’hui. Elle continuait d’écouter les titres qui la faisaient vibrer autrefois, car au fond elle n’avait pas le temps de s’intéresser davantage aux nouveaux musiciens. Et puis, en ce qui concernait la télévision, Helen n’utilisait que Netflix lorsqu’elle avait envie de se poser devant… Bref, elle n’était pas certaine que ce soit la bonne réponse à ses interrogations. « Je peux me permettre de vous demander votre prénom ? Je ne suis pas très musique actuelle, en fait… » Même si finalement, c’était pas super important, non ? Mais c’était le genre de détail qui était embêtant. Savoir qu’un visage nous est familier, sans savoir le resituer avec certitude. Cela n’empêcherait pas qu’ils aillent boire un café ensemble, mais au fond elle tenait à éclaircir ce mystère. « Vous n’avez pas l’air d’avoir beaucoup de temps pour souffler. Depuis combien de temps vous n’avez pas dormi ? » Elle avait tant une sale tête que ça ? Non, parce que rien ne laissait paraître qu’elle croulait sous le travail en ce moment, si ? « Si je ne compte pas la micro-sieste de 5 minutes tout à l’heure dans la salle de garde, je dirai… pas depuis hier après-midi. » Helen s’était rendue à l’hôpital après son merveilleux dimanche passé en compagnie de sa famille. Elle était censée se reposer ce matin, mais son téléphone avait bippé pour la prévenir qu’un collègue était malade et qu’il lui fallait faire ses consultations à sa place aujourd’hui. Evidemment, elle répondit sur un ton léger, car au fond ça ne la dérangeait pas. Helen adorait son boulot, et même si c’était souvent compliqué, elle ne regrettait pas les heures supplémentaires. « Un collègue est malade, j’ai dû le remplacer après ma nuit. » Se justifia-t-elle, tandis qu’ils continuaient de descendre les escaliers. « Et aujourd’hui, j’ai bien l’impression que je n’aurai pas d’interne pour me soulager du poids des dernières consultations. » Pour une fois qu’ils auraient pu lui être vraiment utiles, ces derniers semblaient être en observation sur une opération révolutionnaire en neurologie.

cause you had a bad day
Midas Sterling & @Helen Stenfield ☆ crédit/purplespoiler

Grandir en étant un Sterling, c’est apprendre la diplomatie, le respect et la discrétion. Parce que je suis tout ça, il n’est pas question de faire un esclandre en cas de casse de mon téléphone – elle est avérée, mais je ne voulais pas mettre la jeune femme mal à l’aise en agitant l’appareil à l’écran fissuré sous ses yeux. Dans ma poche, il ne mettra personne dans l’embarras. N’est-ce pas bien plus agréable que d’avoir une discussion civilisée et de rencontrer une nouvelle personne ? D’offrir un café à une jeune femme qui, de toute évidence n’a pas besoin qu’on lui hurle dessus pour un objet et pour une chute sans conséquence alors que l’incident n’était volontaire d’aucun côté ? Je ne comprendrai jamais ceux qui se mettent dans des états de colère indescriptible pour du matériel, mais je suppose que c’est là un luxe réservé aux individus fortunés. « Tout à fait. Il y a quand même plus fun comme endroit qu’un hôpital. » - « Exactement. » Un coup d’œil circulaire sur les couloirs qui m’entourent et j’ajoute. « Je n’ai jamais compris l’attrait des jeunes qui se lancent dans des études de médecine en sachant qu’ils vont passer toute leur vie dans ce genre d’endroit. Sans vouloir vous offenser. » C’est à Olive que je pense surtout. La pétillante Olive, ma petite sœur qui était solaire et pleine de vie avant de commencer son internat ici. Cet endroit l’a brisée, je le sais pour l’avoir hébergée pendant plus de deux ans après ça. Je sais pourquoi ma petite sœur s’est lancée dans des études de médecine : pour faire plaisir à nos parents qui attendaient d’elle rien de moins que l’excellence. Mais les autres, pourquoi le font-ils ? Elle ne doit pas être la seule que le milieu médical fini par briser.

« Ah ? » - « Je n’ai pas une tête à être chanteur, c’est ça ? » Je lui demande, l’air taquin. Non, je suis conscient d’avoir bien plus l’air d’un garçon de ferme, dans les jours où je choisis d’être moi-même, loin de mes tenues de scènes ou des vêtements sophistiqués que l’on me fait porter pour toute apparition publique. Je ne respire pas la célébrité, et c’est tout aussi bien comme ça. « Je peux me permettre de vous demander votre prénom ? Je ne suis pas très musique actuelle, en fait… » - « Il n’y a pas de mal, vraiment. J’attends pas de toutes les personnes que je rencontre de tomber à mes pieds, je vous rassure. » J’aurais été plus mal à l’aise qu’autre chose en la voyant défaillir en me reconnaissant. « Midas, c’est mon prénom. » Mon prénom est assez rare pour ne pas avoir besoin de mon nom de famille, en règle générale. D’autant plus que mon objectif n’est absolument pas d’étaler ma renommée et que je me vois mal lui donner mon prénom et nom en espérant qu’elle se souvienne de l’artiste. Je préfère largement avoir une conversation normale ; elles sont trop rares dans mon quotidien.

« Si je ne compte pas la micro-sieste de 5 minutes tout à l’heure dans la salle de garde, je dirai… pas depuis hier après-midi. » Je fronce les sourcils, lui jetant un coup d’œil inquiet au passage. Lorsque je suis en tournée, je suis habitué à travailler d’arrache-pied et en ne me reposant que très peu. Seulement, moi, je n’ai la vie de personne entre mes mains. « Un collègue est malade, j’ai dû le remplacer après ma nuit. » - « Personne d’autre que vous ne pouvais s’en occuper ? » Je ne cherche pas à lui asséner le moindre reproche ; je ne fais qu’exprimer ma surprise et ma circonspection quant à la façon dont les choses semblent fonctionner par ici. L’hôpital manque-t-il de personnel médical ? Est-ce le cas dans tout le pays ? Pendant son internat, je voyais peu Olive. Locataire d’un logement étudiant, elle faisait sa vie sans que je n’aie regard sur sa santé et les horaires qu’elle pouvaient faire. Si elle avait le même genre de vie que la jeune femme face à moi, il n’y a rien de surprenant au fait qu’elle ait fini par s’effondrer. Raison de plus pour respecter mon interlocutrice qui, elle, semble tolérer ça sans flancher. « Et aujourd’hui, j’ai bien l’impression que je n’aurai pas d’interne pour me soulager du poids des dernières consultations. » - « Vous avez tout mon respect. » Je ne lui adresse pas de banalité du genre "vous devriez vous reposer" puisque, de toute évidence, elle le ferait si elle le pouvait. « En sachant ça, rien de surprenant à l’idée que vous rentriez dans des gens. » Je lui adresse un sourire et un clin d’œil charmant, sans être charmeur. « Je suis certain que les internes font ce qu’ils peuvent, non ? » Si tous sont aussi professionnels et volontaires que l’est ma petite sœur, ils doivent simplement être eux aussi complètement sous l’eau. « En quoi est-ce que vous êtes spécialisée, docteur ? » Après avoir sympathisé avec un de ses collègues l’an dernier, j’aurais bientôt fait la discussion à l’hôpital tout entier. La politesse exige toutefois que je lui laisse l’occasion de se présenter.

Cause you had a bad day
crédit gifs(purplespoiler) + @Midas Sterling

« Je n’ai jamais compris l’attrait des jeunes qui se lancent dans des études de médecine en sachant qu’ils vont passer toute leur vie dans ce genre d’endroit. Sans vouloir vous offenser. » La médecine, plus que tout autre métier, devait effectivement être une vocation car il s’agissait de s’embarquer dans des dizaines d’années d’études, chaque année étant plus difficile que la précédente. Pour sa part, Helen s’était dirigée dans cette voie pour satisfaire le besoin d’excellence de ses parents. Si elle s’était écoutée, son métier aurait été tout autre. Aujourd’hui, elle ne regrettait pas car elle aimait être chirurgienne… mais la jeune femme gardait beaucoup de remords à l’idée de n’avoir jamais réussi à affronter ses parents et à oser faire ce que son cœur lui guidait de faire. Ne préférant pas se lancer dans les détails de sa vie, la chirurgienne se contenta de lui adresser un sourire amusé ainsi qu’un léger haussement d’épaules, pour montrer qu’elle ne se sentait pas offensée le moins du monde.

« Je n’ai pas une tête à être chanteur, c’est ça ? » Ce n’était pas ce qu’elle voulait sous-entendre, Helen ne connaissait pas suffisamment le monde de la musique actuelle pour dire de qui il s’agissait, voilà tout… Malgré tout, quand elle l’observait à l’heure actuelle, rien ne laissait forcément entendre qu’il s’agissait d’une super star. Il était habillé simplement, comme n’importe quelle autre personne à l’hôpital, en fait… Après, il était indéniable qu’il était très beau et qu’il devait faire fureur auprès de ses fans parmi la gente féminine. « J’imagine que vous êtes dans votre tenue de tous les jours, alors pour quelqu’un qui ne vous connait pas, ce n’est pas si évident, je dirai. » Son identité l’intriguait donc, la jeune femme se permit alors de lui demander son prénom. « Il n’y a pas de mal, vraiment. J’attends pas de toutes les personnes que je rencontre de tomber à mes pieds, je vous rassure. » Pour une star, il paraissait vraiment très humble. Ca ne devait pas courir les rues des célébrités qui réagissent ainsi. « Midas, c’est mon prénom. » Midas, Midas, se répéta-t-elle plusieurs fois dans sa tête. Elle ne voulait pas du tout paraître impolie… malgré la connaissance de son prénom, elle confirmait bel et bien qu’elle ne le connaissait pas. « Et bien, Midas, j’écouterai l’un de vos tubes sur Spotify sur la route du retour tout à l’heure. » Préféra-t-elle dire, plutôt que « non je ne vous connais vraiment pas ». Peut-être qu’elle se trouvait devant la plus grosse star de la chanson de cette génération, et elle ne sourcillait même pas. De toute façon, en tant que chirurgienne, elle était amenée à faire des rencontres d’acteurs, de politiciens, de sportifs… Peu importe le métier qu’on exerce, chaque personne restait humaine et susceptible de se retrouver un jour à l’hôpital pour des raisons de santé.

« Personne d’autre que vous ne pouvais s’en occuper ? » Leur bout de route dans les escaliers touchait à sa fin, et elle lui répondit tandis qu’ils empruntaient le couloir du rez-de-chaussée qui menait vers la cafétéria. « Si, probablement. J’étais déjà sur place, alors j’ai accepté. » Et cela lui laisserait une raison supplémentaire pour dormir directement en rentrant chez elle, plutôt que d’affronter son époux. Mais, la brune préférait garder ce détail de sa vie privée pour elle. « Vous avez tout mon respect. En sachant ça, rien de surprenant à l’idée que vous rentriez dans des gens. » Il n’avait pas entièrement tort. La fatigue était à surveiller chez les chirurgiens, car ils possédaient des vies humaines entre leurs mains. Heureusement, pour le moment, rien de plus grave n’était arrivé ; uniquement ce rentre-dedans dans les escaliers. « Je suis certain que les internes font ce qu’ils peuvent, non ? » Elle ne put s’empêcher de laisser une légère grimace déformer ses lèvres. C’était une réaction naturelle chez la chirurgienne lorsqu’on lui parlait des internes. « Pas tous, malheureusement. Certains sont plus motivés que d’autres. » Mais ils sont tous casse-pieds malgré tout, pensa-t-elle. « D’autant plus qu’ils se retrouvent en sous-nombre… plusieurs ne font plus partie du programme de formation aujourd’hui. » Ajouta-t-elle, sans rentrer dans les détails, mais pour appuyer le fait qu’elle s’occupait elle-même des dernières consultations malgré la fatigue évidente sur son visage. « En quoi est-ce que vous êtes spécialisée, docteur ? » La cafétéria n’était plus qu’à quelques mètres, la perspective d’un café la tentait alors de plus en plus pour laisser de côté le coup de mou qu’elle avait ressenti tout à l’heure. « Je suis chirurgienne orthopédiste. » Répondit-elle, avant de préciser -puisque Midas n’était peut-être pas forcément calé en médecine : « Je m’occupe essentiellement de tout ce qui touche aux squelettes, aux muscles, les ligaments, etc… Mes collègues me disent souvent qu’on est un mixte entre le boucher et le charpentier. » Elle disait cela pour la blague, mais au fond c’était un peu vrai quand même.

cause you had a bad day
Midas Sterling & @Helen Stenfield ☆ crédit/purplespoiler

« J’imagine que vous êtes dans votre tenue de tous les jours, alors pour quelqu’un qui ne vous connait pas, ce n’est pas si évident, je dirai. » Un regard à mon jean plus tard, j’esquisse un sourire amusé. Contrairement à elle, je n’ai pas vraiment d’uniforme mais je vois toutefois où elle veut en venir. Jamais personne ne me laisserait monter sur scène dans une tenue de monsieur tout le monde. Jamais personne ne me laisserait accepter une interview avec autre chose que des vêtements sélectionnés au préalable et de grands créateurs. Aujourd’hui cependant je suis juste Midas, au-delà du fait de tenter de passer inaperçu également pour l’anonymat de ma petite fille que je suis déjà prêt à présenter comme ma nièce si la moindre question m’était posée à son sujet. « Et bien, je ne suis pas RuPaul non plus - » La comparaison est peut-être maladroite, mais cherche à mettre en avant le peu d’extravagance que j’autorise mes équipes à mettre à l’œuvre lorsqu’il est question de dénicher ma prochaine tenue. « Mais je vois où vous vouloir en venir. » Un sincère sourire amusé sur les lèvres, je quitte la cage d’escalier derrière elle et la suite dans son sillage jusqu’à la cafétéria. « Et bien, Midas, j’écouterai l’un de vos tubes sur Spotify sur la route du retour tout à l’heure. » - « Rien ne vous y oblige, vous savez. » Gentleman, j’attrape la poignée verticale de la porte de notre destination avant qu’elle n’ait mis la main dessus pour la lui ouvrir, avant de lui faire signe de la main de me précéder à l’intérieur de la pièce. Tout en l’écoutant parler, j’attrape mon portefeuille dans ma poche – il est encore là après la chute, heureusement, avant de me diriger vers le comptoir.

« Pas tous, malheureusement. Certains sont plus motivés que d’autres. » Je veux bien la croire : après tout, c’est le cas un peu partout et je ne vois pas pourquoi le monde hospitalier, bien qu’il soit souvent le résultat d’une vraie vocation, ferait exception à la règle. Toutefois, je la trouve un peu dure de l’affirmer de la sorte et sans détour. « D’autant plus qu’ils se retrouvent en sous-nombre… plusieurs ne font plus partie du programme de formation aujourd’hui. » - « Oui, malheureusement j’en sais quelque chose. » Dans un premier temps, je n’en ajoute pas plus, peu désireux d’évoquer ma petite sœur face à quelqu’un qu’elle a peut-être connu et quelqu’un qui a dû être un temps sa supérieure, si je me fie à l’âge apparent de la brune. La situation a longtemps été assez compliquée pour elle pour que je ne remette pas une pièce dans la machine. « Je suis chirurgienne orthopédiste. » Je hoche la tête, récupérant mon café et que le sien – que j’ai insisté pour lui offrir –  ainsi que les donut’s emballés dans ses sachets individuels que j’ai commandé pour Posy des mains de la personne qui assure le service et de me diriger vers une petite table ronde. Je m’installe et pose les deux boissons l’une en face de l’autre, invitant mon interlocutrice à en faire de même. « Je m’occupe essentiellement de tout ce qui touche aux squelettes, aux muscles, les ligaments, etc… Mes collègues me disent souvent qu’on est un mixte entre le boucher et le charpentier. » Je laisse un rire poli m’échapper, et je lui réponds avant de porter ma tasse de café à mes lèvres et d’en boire une gorgé. « S’ils ont raison, je vais toucher du bois pour ne rien me casser de sitôt et ne pas avoir besoin de passer entre vos mains. » Je suis certain qu’elle est très compétente, mais puisqu’elle semble aborder le sujet avec légèreté, j’en fais autant. « Je suis sûr qu’ils font de leur mieux. » Je réalise que la transition n’est peut-être pas évidente – j’ai fait un retour en arrière – si bien que je précise. « Les internes. Ce n’est pas leur faute s’ils sont en sous nombre, de toute évidence. Et je doute que ce soit une place facile. » Je ne peux pas parler d’expérience, simplement d’après le constat que j’ai tiré de la dépression de ma cadette. « Ma sœur a travaillé ici il y a quelques années. » Par pudeur pour elle, je ne précise pas à quel point cela a a été difficile. Je n’ajoute pas non plus les raisons pour lesquelles je parle au passé. « Mais je ne dois rien vous apprendre, après tout. Vous êtes passée par là vous aussi. »

Cause you had a bad day
crédit gifs(purplespoiler) + @Midas Sterling

« Et bien, je ne suis pas RuPaul non plus… Mais je vois où vous vouloir en venir. » Helen n’eut absolument pas la moindre idée de qui était ce ‘RuPaul’ mais elle se promit de consulter son ami Google un peu plus tard pour comprendre de qui il s’agissait -si la chirurgienne n’oubliait pas son nom entre temps. Une chose était certaine, le prénom de l’artiste avec lequel elle discutait présentement, elle ne l’oublierait pas pour écouter une de ses chansons sur Spotify sur la route du retour ce soir. ‘Midas’, ce n’était pas un nom commun. A part le roi de la mythologie grecque qui changeait tout en or au moindre touché, Helen n’avait jamais eu l’occasion de croiser une personne portant ce prénom-là…  enfin, peut-être s’agissait-il aussi d’un pseudonyme ? N’était-ce pas courant, dans la vie du showbiz que de s’approprier un nom de scène ? « Rien ne vous y oblige, vous savez. » « J’y tiens, vous m’avez rendu très curieuse. » Il était fort probable qu’elle n’aime pas sa musique, elle qui était si difficile aujourd’hui et qui préférait écouter les vieux titres qui la faisaient autrefois vibrer. Chacun ses goûts, heureusement il fallait de tout pour peupler cette Terre. Si tout le monde se ressemblait, la vie serait d’un ennui…
« Oui, malheureusement j’en sais quelque chose. » Est-ce qu’il connaissait quelqu’un parmi les internes ? Chaque année, une nouvelle cohorte franchissait les portes de l’hôpital avec l’infime espoir d’apprendre des plus grands chirurgiens ici. Malheureusement, les années ne se ressemblaient pas et il arrivait qu’il y ait finalement des petites erreurs commises dans le choix des CV. Au fond, rien de grave, mais ça impactait un peu le fonctionnement de l’hôpital avec presque deux ou trois internes en moins pour certaines promotions. Lorsqu’ils s’installèrent à l’une des tables rondes de la cafétéria, la chirurgienne lui expliqua la spécialité dans laquelle elle s’était lancée à la suite de son internat : « S’ils ont raison, je vais toucher du bois pour ne rien me casser de sitôt et ne pas avoir besoin de passer entre vos mains. » « Vous seriez néanmoins entre de très bonnes mains, je peux vous l’assurer même si je ne suis pas très objective pour le coup. » Le côté boucher intervenait surtout lorsqu’il fallait passer au bloc opératoire, sinon c’était aussi la spécialité des plâtres et autres interventions plus bénines. Elle ne faisait pas non plus le remake du massacre à la tronçonneuse tous les jours, heureusement. « Je suis sûr qu’ils font de leur mieux. [/color] » La jeune femme fronça les soucils, pas certaine de comprendre où il voulait en venir. De qui parlait-il ? « Les internes. Ce n’est pas leur faute s’ils sont en sous nombre, de toute évidence. Et je doute que ce soit une place facile. » Midas semblait vouloir revenir sur le sujet des internes, ce qui laissa Helen un peu perplexe. « Ma sœur a travaillé ici il y a quelques années. » Sa sœur ? De qui s’agissait-il ? La chirurgienne eut un mauvais pressentiment, bizarrement. « Mais je ne dois rien vous apprendre, après tout. Vous êtes passée par là vous aussi. » Elle but une gorgée de son café, avant de se pencher vers Midas. En posant les coudes sur la table, elle prit une profonde inspiration avant d’oser lui demander : « Votre sœur a travaillé ici, en tant qu’interne ? » La question lui brûlait les lèvres, alors elle la laissa les franchir aussitôt : « Elle s’appelle comment ? » La chirurgienne s’occupait des internes depuis 2021, alors il était probable qu’elle l’ait connu. Sauf que, si elle prenait un malin plaisir à leur faire croire qu’elle ne se souvenait jamais de leur prénom, c’était tout le contraire. Entre 2021 et aujourd’hui, seule une poignée d’internes ne travaillaient plus ici… Et elle les visualisait tous, sans exception. Helen eut une illumination et fit aussitôt le rapprochement entre le sentiment d’avoir déjà vu Midas quelque part et sa sœur interne ayant travaillé à l’hôpital. « Attendez… vous ne seriez pas le frère d’Olive Sterling, par hasard ? » Et merde. Si c’était le cas, Helen se trouvait dans une situation des plus délicates. Sauf que maintenant, cela lui paraissait être comme une évidence.

cause you had a bad day
Midas Sterling & @Helen Stenfield ☆ crédit/purplespoiler

« Vous seriez néanmoins entre de très bonnes mains, je peux vous l’assurer même si je ne suis pas très objective pour le coup. » – « J’en suis certain. » Je lui adresse un sourire de rigueur, confiant en mon prochain de façon générale et bien trop poli pour supposer quoi que ce soit à propos de quelqu’un que je ne viens à peine de rencontrer. Après tout, elle travaille dans le plus gros hôpital de la ville, un hôpital qui forme les futures générations de médecin qui plus est, alors je suis certain qu’elle est très compétente.

Tout comme je mets facilement ce qui pourrait être perçu comme des reproches envers la dite future génération sur le coup de la fatigue, d’une journée de travail bien remplie, trop remplie, au point qu’elle ait largement débordé sur la suivante. Je ne doute pas que le quotidien ici peut parfois avoir raison du plus patient et pédagogue des médecins. Je ne défends "la relève" que parce que je me souviens de l’investissement de ma petite sœur qui, malgré une tête bien faite – elle était sans conteste le petit génie de la famille – et beaucoup de bonne volonté n’a pas tenu dans ce genre d’environnement. Je me dis qu’elle ne doit pas être la seule, après tout. « Votre sœur a travaillé ici, en tant qu’interne ? » - « Hum ? » Les deux coudes posés sur la table, penchée vers moi, la docteure m’accorde une attention toute particulière. Surprenante, même, étant donné que le sujet doit à peine la concerner et ne peux guère la toucher, pas vraiment en tout cas, pas comme il me touche moi.

« Elle s’appelle comment ? »
« Et bien, elle s’appel- »
« Attendez… vous ne seriez pas le frère d’Olive Sterling, par hasard ? »

Coupé dans mon élan par une question qui suit rapidement la première, je fronce les sourcils. Je n’ai pas de problème à l’idée d’être affilié à ma sœur. Je suis fière d’elle, ravi de pouvoir affirmer que j’ai grandi avec Olive, que j’ai été témoin de sa force – elle en a, dissimulée sous sa fragilité apparente – de sa profonde humanité et de sa détermination à aider ceux qui l’entourent. En sortant de X-Factor il y a huit ans, il n’y a pas une interview où je n’ai pas dit que je devais mon inscription à ma cadette et que, sans elle, je serais encore en train de gratter les cordes de ma guitare dans l’arrière-boutique du disquaire qui m’employait et que je possède désormais. Toutefois, l’enchainement des choses dans cette discussion est surprenant. Tout comme l’air indéchiffrable qu’affiche à présent la brune. « Et bien, oui. Midas Sterling, c’est mon nom. » Je ne suis pas habitué à devoir préciser ce qui vient après Midas, la plupart des gens le savent. Bon dieu, je ne suis pas même habitué à devoir me présenter, tout simplement. « Ma, euh, nièce est ici. Elle est tombée à cheval quand je la gardais, alors je l’ai amenée ici. » Crois-je bon de préciser alors que cela n’a absolument pas le moindre rapport avec la conversation, mais parce que je suis mal à l’aise à l’idée d’avoir décliné mon identité complète et qu’un rapprochement avec ma fille puisse être fait. Je n’aime pas non plus celle que des oreilles curieuses puissent trainer autour de nous maintenant que nous sommes un peu plus entourés que dans la cage d’escalier. « Vous avez travaillé avec Olive ? » Je suis certain dans ce cas qu’elle n’a que du bien à en dire. « Vous êtes le docteur ? » Je n’ai pas demandé son nom, pas plus que je ne lui ai demandé par quel prénom l’appeler ; la chute m’a fait perdre toute mon éducation, décidemment. « Si vous la connaissiez, peut-être qu’elle m’a parlé de vous. Elle a vécu chez moi quelque temps après avoir changé de voie. » C’est une bien jolie façon de présenter la réalité, mais je n’ai pas l’intention d’accabler ma petite sœur en disant qu’elle n’a pas réellement trouvé de nouvelle voie, qu’elle se cherche encore, pas plus en précisant combien de temps elle a pansé ses plaies à l’abris derrière les grilles de ma propriété.

Cause you had a bad day
crédit gifs(purplespoiler) + @Midas Sterling

Les billes marron de la chirurgienne recommençaient à détailler l'homme qui se tenait en face d'elle, le stress l'envahissant petit à petit. Ce visage lui était familier depuis le début, parce qu'après des années à travailler avec sa sœur, Helen avait suffisamment leurs traits communs en tête pour affirmer d'avance qu'elle ne se trompait pas sur la question de son identité. Puisqu'elle ne connaissait pas la personnalité, la brune n'était pas en mesure de connaître le nom de famille qui suivait le prénom "Midas". Si sa culture musicale était plus développée, l'évidence aurait montré le bout de son nez bien plus tôt, avant même qu'elle n'accepte qu'il lui offre ce café. Malheureusement, il aurait peut-être mieux valu que ce soit le cas, car elle n'était pas certaine de pouvoir anticiper la réaction de Midas en apprenant qu'il discutait tranquillement avec le bourreau de sa sœur. « Et bien, oui. Midas Sterling, c’est mon nom. » La confirmation de ce qu'elle pensait la fit difficilement déglutir, si bien qu'elle reposa presque aussitôt le café qu'elle tenait entre ses doigts, comme si la chirurgienne n'était finalement plus légitime de se l'être fait offrir. « Ma, euh, nièce est ici. Elle est tombée à cheval quand je la gardais, alors je l’ai amenée ici. » La brune ne comprit pas nécessairement pourquoi il précisait cela, mais au fond ce n'était pas grave puisqu'elle vit comme une porte de sortie qu'elle saisit aussitôt, pour tenter de dévier la conversation sur Olive : « Oh, j'espère qu'elle n'a rien de cassé ? » Au mieux, une petite fracture qui nécessitait un plâtre, et voilà, elle ne lui souhaitait pas le traumatisme crânien ou toutes autres complications plus importantes. « Vous avez travaillé avec Olive ? » Evidemment qu'il n'allait pas lâcher le morceau, maintenant qu'elle avait évoqué sa sœur. Si elle disait très clairement le prénom d'Olive Sterling devant lui, et qu'il s'agissait bel et bien de sa famille, la logique des choses voulait que la curiosité le pousse à poser davantage de questions sur leur relation et leur entente. Pour seule réponse, la chirurgienne hocha positivement de la tête, sans oser préciser quand, pourquoi, comment. « Vous êtes le docteur ? » Se dévoiler n'était peut-être pas aussi dangereux qu'il n'y paraissait, car l'ex-interne n'était peut-être pas allée jusqu'à dévoiler le prénom de son tyran pour se plaindre auprès de sa famille ? Quel était le pourcentage de chance pour que, même à l'évocation de son nom de famille, Midas ne sache pas à qui il avait affaire ? « Si vous la connaissiez, peut-être qu’elle m’a parlé de vous. Elle a vécu chez moi quelque temps après avoir changé de voie. » Après sa remarque, peut-être 10 % ? C'était peu, il fallait l'avouer. Ne voulant se dérober et trouver le prétexte de s'enfuir avant même de lui répondre -ce qui, elle était persuadée, la rendrait plus suspecte encore-, la chirurgienne trouva le courage d'être honnête... « Je suis le docteur Stenfield, j'ai été sa supérieure pendant qu'elle réalisait son internat ici. » ... tout en omettant un petit détail, malgré tout. Et c'était à ce moment-là qu'elle mettait en avant ses compétences, non ? « Son départ a été très regretté, c'était une interne sérieuse. Elle faisait du bon travail. » Peut-être était-ce très culotté de sa part de le préciser, mais c'était au fond ce qu'elle pensait véritablement. Les regrets l'avaient envahi en comprenant que la jeune femme avait démissionné par sa faute, alors qu'Olive restait l'une des meilleures internes de sa promotion. Elle ne lui avait pas suffisamment dit, voire même peut-être jamais... alors, prononcer ces mots devant son frère pouvait être considéré comme une forme de rédemption, non ?

cause you had a bad day
Midas Sterling & @Helen Stenfield ☆ crédit/purplespoiler

La jeune médecin semble d’un coup bien mal à l’aise en ma présence et, bien que peu versé dans la psychologie humaine et l’analyse comportementale, je ne peux pas passer à côté des signes d’anxiété qu’elle présente. Elle déglutit plusieurs fois en apparence difficilement, son regard évite un peu plus le mien qu’avant que je ne lui dévoile mon identité et ses doigts jouent nerveusement les uns avec les autres. Puisqu’elle ne m’a pas semblé impressionnée de la moindre façon par l’évocation de mon statut, je doute que l’ajout d’un nom de famille à mon prénom ne l’ait subitement éclairé sur ma renommée, si bien que je m’interroge : pourquoi semble-t-elle si nerveuse ? Est-ce à cause du lien qui me lie à ma petite soeur ? J’ai bien l’intention de comprendre : toutefois, maintenant que mon identité n’a plus rien d’un secret, ma priorité va à la protection de l’anonymat de ma petite fille. Aux yeux de quiconque ne constituant pas son équipe médicale directe - eux sont tenus au secret, elle est ma nièce et rien de plus. « Oh, j'espère qu'elle n'a rien de cassé ? » - « Oh non, une entorse au poignet, rien de grave. » Même si Posy a pleuré à chaude larme lorsque le médecin lui a dit qu’il faudrait qu’elle évite de remonter à cheval avant au moins six semaines. A cet âge, cela semble être une éternité, infaisable, quand en réalité elle a la vie devant elle pour profiter des plaisir du ranch de son oncle et sa tante. « Enfin, à ses yeux c’est la fin du monde puisqu’elle ne pourra pas remonter à cheval tout de suite, mais dès qu’elle aura compris que ça lui fait une semaine sans école à rester à la maison je suis certain que ça ne sera plus si dramatique ça. » J’esquisse un sourire amusé, un qui dit "ah, les enfants" avant de hausser les épaules.

Revenons-en à nos moutons, donc, ou plutôt à l’agitation de la brune depuis qu’elle a mis un nom de famille sur mon visage. Elle connaît Olive d’accord, mais à quel point ? Est-ce que cela a quoi que ce soit à voir avec sa nervosité ? Je suis prêt à mettre ma main au feu qu’il ne s’agit pas là d’une histoire de rivalité ou de rancoeur : ma cadette est un véritable ange tombé des cieux ; elle n’est incapable de commettre le moindre tort à qui que ce soit. A partir de là, il n’est guère compliqué de soupçonner que nous sommes peut-être dans la situation inverse. « Je suis le docteur Stenfield, j'ai été sa supérieure pendant qu'elle réalisait son internat ici. » La jeune femme se présente enfin et mes lèvres esquissent un "O" de surprise. Il y a quelques mois je n’aurais pas réagi d’une façon particulière en entendant son nom, mais Olive s’est confiée davantage à moi qu’elle ne l’avait fait jusque-là en début d’année. Je n’ai pas oublié le nom du médecin qu’elle redoutait de croiser au dispensaire. Et je n’ai pas non plus oublié qu’elle la considérait comme son bourreau. A mes yeux, elle est responsable de tout ce qui est arrivé à ma cadette - bien que mes parents ne soient pas non plus innocents non plus, Oli a subi la pression qu’ils lui ont mise sur les épaules depuis sa naissance - et me voilà tout d’un coup bien moins disposé à son égard. « Son départ a été très regretté, c'était une interne sérieuse. Elle faisait du bon travail. » - « Elle m’a parlé de vous. » Elle m’a même écrit après que la rencontre qu’elle redoutait n’ait eu lieu et ne se soit transformée en altercation. J’ignore la teneur exacte des mots qui ont été échangés, mais je sais que ma cadette a quitté le dispensaire en larme ce soir-là et la pilule a du mal à passer. Quel intérêt la chirurgienne a-t-elle trouvé au fait de torturer Olive après autant d’années ? Alors qu’elle n’est plus dans ses pattes d’une quelconque façon ? « Quel était l’intérêt de l’humilier à nouveau en début d’année ? Elle est plus dans vos pattes, elle fait plus partie de votre programme… » Tout ce que ma sœur essaie de faire au dispensaire, c’est distribuer un peu de son temps et de ses compétences bénévolement. « Elle fait juste ça pour continuer à aider les autres et elle le fait de façon bénévole. Vous pouvez pas lui foutre la paix ? » J’ignore si les échanges continuent entre elles. Ce que je sais, c’est que ma sœur a à nouveau été dans un état de détresse incontestable à cause du docteur Stenfield. « Si vous n’aimez pas enseigner, pourquoi vous faites ce boulot ? »

Cause you had a bad day
crédit gifs(purplespoiler) + @Midas Sterling

La chirurgienne aurait cent fois préféré continuer à rebondir sur la chute de la nièce de Midas, plutôt que de s'embarquer dans la situation hyper gênante de 'je parle au frère d'Olive, qui a démissionné par ma faute'. La chirurgienne aurait sinon cent fois préféré ne jamais lui rentrer dedans dans les escaliers, pour éviter ce gros malaise qui allait naître en eux. En tout cas, il tenait déjà la brune à la gorge. Elle se sentait terriblement gênée d'être aux côtés d'un proche de son ancienne interne, puisqu'elle connaissait sa part de responsabilité dans sa décision de quitter l'hôpital. La jeune femme avait bien du mal à croire qu'elle tombe sur un membre de sa fratrie, alors qu'elle ne travaillait plus ici en tant qu'interne ? Cela n'était jamais arrivé auparavant, pourquoi aujourd'hui ? Comme quoi, Helen faisait face à une journée vraiment merdique. Evidemment, lorsqu'elle prononça son nom et qu'elle détailla ce qu'avait été Olive pour elle, Midas fit tout de suite le lien. Croire l'inverse était stupide, mais ça ne lui coûtait rien d'avoir un peu d'espoir à l'idée de pouvoir échapper à cette discussion sans encombre. Le brune essayait par tous les moyens de se dépatouiller comme elle le pouvait de cette situation, mais au final elle avait juste l'impression de s'emmêler un peu plus les pieds. « Elle m’a parlé de vous. » Oups. Ca ne sentait pas bon du tout pour elle, vraiment pas. Son stress et son malaise étaient donc parfaitement légitimes, la conversation avec Midas allait prendre un tournant bien différent. « Quel était l’intérêt de l’humilier à nouveau en début d’année ? Elle est plus dans vos pattes, elle fait plus partie de votre programme… » Midas évoquait leurs retrouvailles au dispensaire en mars dernier, donc il connaissait probablement tout le détail de leur entente entre Olive et elle. Cela ne servirait donc à rien d'essayer de mentir et d'échapper à sa colère, puisqu'elle ferait certainement que la nourrir davantage s'il s'en apercevait. Il allait falloir assumer. Mais d'abord, elle le laissait parler, ne préférant pas l'interrompre pour ne pas prendre le risque de l'agacer. « Elle fait juste ça pour continuer à aider les autres et elle le fait de façon bénévole. Vous pouvez pas lui foutre la paix ?» Helen avait pris conscience que son comportement n'avait pas été correct, elle l'avait beaucoup regretté après leur entrevue au dispensaire. C'était pour cette raison que la jeune femme avait fouiné dans les anciens dossiers pour récupérer le numéro de portable d'Olive. « Je me suis excusée auprès d'Olive pour mon comportement. C'était inapproprié, vous avez raison, je m'en suis voulue. Si elle le souhaite, je lui ai proposé de l'aider à ré-intégrer son internat.» Mais pourquoi lui racontait-elle cela à lui, plutôt qu'à la véritable concernée ? Probablement pour ne pas se faire crier dessus, ce qui serait plutôt compréhensible, en fait, puisqu'il s'agit de son frère et qu'en général les liens de la famille incitaient à se montrer protecteur les uns envers les autres. « Si vous n’aimez pas enseigner, pourquoi vous faites ce boulot ? » Sa question était clairement un sujet sur lequel elle ne souhaitait pas s'aventurer avec lui, ni avec qui que ce soit externe à l'hôpital. Si elle était capable de discuter pendant des heures sur sa fonction de chirurgienne, la brune préférait ne pas faire part de son manque d'envie et de motivation à propos de la nécessité de former des jeunes étudiants comme Olive. De toute façon, répondre ne servirait à rien. Cela ne réparerait pas le préjudice porté à sa sœur, alors inutile d'insister. Si leur conversation avait été très agréable depuis le départ, Midas et Helen avaient bien compris dès à présent qu'ils ne pouvaient pas être amenés à l'apprécier davantage. La chirurgienne se leva alors doucement de sa chaise, préférant finalement fuir. « Je crois qu'il vaut mieux que je m'en aille, de toute façon mes consultations m'attendent.» C'était sûrement très lâche de sa part, mais la jeune femme n'avait pas non plus envie de se donner en spectacle devant le reste de l'hôpital. Elle ne savait pas à quel point Midas pouvait se mettre en colère contre elle, alors il valait mieux arrêter les frais dès maintenant. « Merci pour le café, et je souhaite un bon rétablissement à votre nièce.» Elle n'en oubliait pas sa politesse, espérant malgré tout que le chanteur la laisse s'éclipser aussi facilement, sans avoir pris la peine de répondre à sa dernière question.

cause you had a bad day
Midas Sterling & @Helen Stenfield ☆ crédit/purplespoiler

Je ne suis pas un mauvais bougre. Il en faut beaucoup pour me faire sortir de mes gonds et, dans les faits, peu de personnes en sont capables. Lorsqu’il est question de moi, lorsque je suis celui qui est attaqué : lorsqu’il s’agit d’une personne que j’aime, tout change et les choses deviennent alors radicalement différentes. Alors, bien sûr, je reste quelqu’un de mesuré et peu enclin à me jeter sans réfléchir dans la mêlée. Je sépare bien plus souvent deux personnes qui menacent de se jeter l’une sur l’autre que je ne déclenche des bagarres. Toutefois, si la violence est à exclure et qu’elle n’est pas au programme, je ressens le besoin de partager ce que je penser à la chirurgienne, tout comme je ressens celui de lui demander des comptes. Elle en aurait beaucoup à rendre : si j’en crois les propos rapportés par ma cadette – et c’est le cas, Oli n’a rien d’une menteuse et dans le cas présent elle n’aurait en plus aucun intérêt à le faire – la brunette est à la fois à l’origine d’une partie de son calvaire lorsqu’elle était une interne, avant qu’elle ne présente sa démission, mais aussi plus récemment. Etonnement, c’est sur ce point-là que je choisis de me focaliser en premier lieu. « Je me suis excusée auprès d'Olive pour mon comportement. C'était inapproprié, vous avez raison, je m'en suis voulue. Si elle le souhaite, je lui ai proposé de l'aider à ré-intégrer son internat. » - « Pourquoi l’avoir traitée comme ça en premier lieu ? C’est un délire d’égo ou quelque chose du genre ? » Elle ne serait pas la première à prendre son pied en s’en prenant à plus faible qu’elle. Elle ne serait pas la première à y trouver une forme de pouvoir, un pouvoir grisant pour les gens capables du pire. Le docteur Stenfield est une femme et, d’une certaine façon, je trouve la chose encore bien pire que si l’un de mes congénères masculins avait fait l’étalage d’un comportement toxique propre à ceux qui se prennent pour des mâles alpha du vingt-et-unième siècle. « Elle a été à ramasser à la petite cuillère pendant des mois. Ça me rend fou que vous n’ayez même pas à répondre de vos actes. » Puisque de toute évidence elle a l’air de s’en sortir à merveille ici, à l’hôpital et dans sa carrière.

Suis-je injuste ? Peut-être, je ne connais pas toute l’histoire et elle ne m’a été relatée que du point de vue de ma petite sœur que je sais sensible. Toutefois et parce qu’il s’agit d’Olive, je me moque d’être excessif ou de surréagir. La jeune femme se lève de sa chaise, ses main serrées autour de sa boisson dans ce qui ressemble à l’expression de son malaise. « Je crois qu'il vaut mieux que je m'en aille, de toute façon mes consultations m'attendent. » Ma mâchoire se carre face à ce que je considère comme une façon de prendre la fuite. La conversation n’est pas agréable pour elle à n’en point douter. Elle n’a pourtant pas grand-chose à craindre de moi. D’autres, à ma place, aurait peut-être usé de leur notoriété et du rayonnement qu’elle procure pour partir en croisade contre la chirurgienne. Ils auraient demandé à voir le directeur de cet établissement, ils auraient demandé des comptes, exigé le départ du docteur Stenfield et la réintégration d’Olive sans être dégradée de son ancien statut et avancement dans ses études. Sauf que d’une part je ne suis pas certain que reprendre les choses là où elle les a laissées serait bon pour ma petite sœur et, d’autre part, je ne suis simplement pas ce genre d’homme. La notoriété ne m’est pas montée au cerveau et, de toute façon, je suis bien trop discret pour ce genre d’esclandre. « Merci pour le café, et je souhaite un bon rétablissement à votre nièce. » Mâchoire toujours serrée, je l’observe, déglutis bruyamment, avant de me lever à mon tour. « Bonne journée docteur. » C’est plus ferme et sévère qu’à l’accoutumée, mais un garçon bien élevé reste un garçon bien élevé, même sous le coup d’une colère vive. « J’espère vous avoir donné matière à réfléchir au traitement que vous accordez aux jeunes générations. » Si pas, je m’en moque : ma petite sœur s’est sortie de ce guêpier, c’est tout ce qui compte à mes yeux.

(de mon côté ça me semble être une clôture, dis-moi si tu veux tout de même rebondir et merci pour ce RP. )