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crédit gifs(fallenfeatures) + @Harper Ackerman

La plupart des rencontres d’Helen se construisait autour de ses parents ou de son époux, même si une poignée d’entre eux venait de ses propres efforts à elle. Être ami avec une personne, et surtout entretenir cette amitié demandait des efforts, de la part des deux parties. Sa rencontre avec Harper n’avait pas été si hasardeuse que cela, elle était une nouvelle fois connectée aux caprices de son père. Ce dernier l’avait inscrite – sans même penser à l’informer – à une émission radio, durant laquelle il estimait qu’elle pourrait se vanter aux oreilles de tous les auditeurs. Le sujet relevant de son domaine d’expertise, c’est-à-dire la chirurgie orthopédique, Helen avait été amené à répondre aux nombreuses questions d’Harper Ackerman à propos de la prévention du port du casque et des terribles conséquences possibles en cas de chute. Elles avaient ensuite bifurqué sur les opérations qu’elle était amené à réaliser le plus souvent, en lien avec les accidents domestiques. Au départ, Harper s’était vite aperçue de l’humeur blasée d’Helen qui subissait une nouvelle fois les lubies de son père. Et puis, au final, cette dernière l’avait mise très à l’aise. L’échange avait été léger, malgré la gravitude du sujet, et Harper avait réussi à décoincer la chirurgienne qui était presque partie du principe qu’elle ne répondait que par mono-syllabes à ses questions. A la suite de l’émission, les deux jeunes femmes avaient échangé un peu plus sur leur vie privée autour d’un café. Et, petit détail qui la fit tiquer au bout de deux heures à ses côtés, Helen réalisa que l’animatrice radio portait le même nom de famille qu’un ancien interne de l’hôpital : Winston. Ce dernier s’avérait être son frère, information qu’elle enregistra bien dans sa tête. Pour le moment, Harper n’avait pas connaissance de cette partie là. Les deux jeunes femmes s’étaient si bien entendues que la chirurgienne n’avait pas eu le courage de tout casser et d’avouer qu’elle était en partie responsable du renvoi de son frère, même si visiblement leur relation ne semblait pas hyper positive. Lorsque la blonde lui proposa de se retrouver après le travail au café pour décompresser un peu, ce fut avec plaisir qu’Helen accepta. Autant elle n’arrivait jamais à finir à l’heure pour passer du temps avec Sam, autant cela ne lui parut pas bien compliqué pour Harper. La jeune femme l’attendait déjà à l’intérieur du Starbucks lorsqu’elle arriva, et c’est avec un immense sourire qu’elle l’invita à s’asseoir en face d’elle : « Salut ! » « Salut toi ! »  Helen lui déposa une bise rapide sur la joue, tandis qu’elle prenait place. « Je te laisse prendre un truc et installe toi avec moi ! » Helen accrocha son sac à main sur le dos de la chaise, tandis qu’elle appelait déjà le serveur. Elle n’avait pas besoin de regarder la carte, elle savait déjà ce qu’elle souhaitait consommer : « Un thé glacé à la pêche. Bien frais, s’il vous plait. » Visiblement, c’était également ce qu’Harper avait commandé, ce qui les firent s’enthousiasmer. Se rendre compte de points communs, c’était toujours grisant, non ? « Alors comment vas tu ? » En ce moment, Helen détestait cette question. Les choses avec Sam stagnaient, et elle ne voulait pas donner le sentiment de se plaindre tout le temps. Et puis, outre le sentiment d’être perdue dans sa vie, on pouvait dire que le reste allait plus ou moins. « La routine, et toi ? J’ai l’impression que tu étais absorbée par ton téléphone avant que je n’arrive. Le boulot ?» Le problème de tout le monde aujourd’hui, c’était bien celui d’être tout le temps accroché à son smartphone. Quelle belle invention d’avoir l’univers entre les mains en un tapotement de doigt sur ce logo en forme de planète… mais à force de l'utiliser, on en oubliait presque les choses simples.

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La seule utilité de son téléphone pour le travail était d’être joignable. Adieu les affreux bippers de l’ancien temps, aujourd’hui la modernité du smartphone permettait aux infimières et chirgurgiens de contacter directement les personnes nécessaires, et ce plus efficacement. Le seul inconvénient était d’avoir davantage l’impression d’être la tête dans le travail, car il arrivait que la chirurgienne soit bippé durant ses jours de repos -même si ces derniers se faisaient rares ces temps-ci. Plus difficile de faire la part des choses entre vie privée et vie professionnelle, mais Helen avait également fait le choix de ne pas avoir de téléphone pro. Multiplier les objets comme ça, ce n’était pas quelque chose qui l’intéressait. Harper semblait être du même avis, car elle avait l’air de travailler également avec son téléphone personnel. Acharnée du travail elle aussi, n’est-ce pas ? « Le boulot, tu sais... sans qu'on s'en rende compte, et le boulot prend toute la place. » Helen ne pouvait qu’être d’accord avec elle. Le travail prenait une place énorme dans la vie de quiconque… Etant donné qu’on passait un tiers de notre vie à dormir, on pouvait facilement estimer qu’on travaillait autant qu’on se prélassait durant toute notre existence. « C'est le revers de la médaille, je crois... Ca fonctionne du coup on demande plus de moi. Mais assez parlé de moi. » « Si les résultats escomptés sont là, je dirai que c’est le plus important. » Surtout si Harper aimait son travail et qu’elle fournissait les dits-efforts avec plaisir et motivation. Si c’était fait à contre-cœur, l’histoire était toute autre… « Et ta routine consiste en quoi ? » Entre ses soirées à discuter à Sloane, Nina et Izan par messages, ou dès qu’elle les voyait, la chirurgienne avait le sentiment d’être toujours en train de se plaindre de sa vie personnelle. Helen répétait que les choses ne s’arrangeaient pas avec Sam, sauf qu’elle ne bougeait pas non plus le petit doigt pour faire en sorte que ça soit différent entre eux. Des efforts étaient à réaliser, sans douter, mais des deux côtés, non ? Et la chirurgienne ne semblait pas être la seule à vouloir oser faire le premier pas. Tout ça pour dire que… aujourd’hui, elle allait essayer d’arrêter de se plaindre dès qu’on lui demandait comment ça allait. « Et bien, ma routine en ce moment se résume à aller courir le matin. » Commença-t-elle, avant de boire une gorgée de son thé à la pêche bien frais, ce qui lui permit de faire une petite parenthèse. « Je me suis mise à la course, et wow qu’est-ce que ça fait du bien ! » Puis elle poursuivit : « Et ensuite, je me rends au travail pour sauver ou charcuter mes patients, pendant des heures et des heures… à tel point que j’ai rarement le courage de prendre la route le soir. Du coup je vais souvent récupérer quelques heures de sommeil en chambre de garde. » Autant dire, rien de bien fou-fou dans sa routine… « A m’entendre parler, je me rends compte que ma routine n’est pas très intéressante à écouter… » Mais c’était ainsi pour beaucoup, non ? Les choses extraordinaires ne pouvaient arriver, sinon la vie serait lassante à force de connaître des surprises tous les jours ?

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En prononçant les mots qui décrivaient son quotidien, la chirurgienne eut soudainement l'impression que ce dernier n'avait rien d'extraordinaire. Pourtant, lorsqu'elle s'était mise à la course, la jeune femme avait ressenti la possibilité de s'échapper grâce au sport. Merci le shoot d'endorphines après un footing, même si elle ne faisait que débuter dans l'exercice. Helen ressentait déjà plus ou moins les effets sur sa santé mentale, et c'était tant mieux, car sa vie était un vrai désastre ces derniers temps. « Tu rigoles ? Pour moi, tu es la notion parfaite de la super héroïne des temps modernes. Tu essayes de sauver des vies, tu cours... et rien que cela je te mets en haut de tout. » Sa remarque la fit sourire, tant elle lisait de sincérité dans ses paroles. Harper était visiblement toujours ainsi, à dire très haut ce qu'elle pensait, sans en être effrayée, et Helen trouvait en elle cette qualité très respectable.  « T'exagères un peu mais... merci. » La remercia-t-elle, avant de boire une nouvelle gorgée de son thé à la pêche. « La mienne à côté est beaucoup plus... frivole. » Pourtant, Harper n'avait rien de superficielle, bien au contraire. Helen n'était pas du tout d'accord avec elle sur ce point-là.  « Arrête de dire des bêtises ! Je suis persuadée que tu aides énormément de tes auditeurs. Avec ta voix, tu dois en apaiser des cœurs lorsqu'ils t'écoutent, et ça, c'est bien plus fort que de savoir manier le bistouri. C'est naturel chez toi, alors que j'ai dû étudier des années et des années pour pouvoir le faire. » Paraissait-elle suffisamment convaincante, ou devait-elle poursuivre ? Parce que des arguments, Helen pouvait lui en sortir davantage au besoin. « D'ailleurs, tu n'as jamais reçu de lettres d'amour de la part d'un auditeur ? ou une lettre pleine d'admiration ? Parce qu'il y a de quoi tomber amoureux avec une voix comme la tienne.» Maintenant, elle espérait qu'Harper soit regonflée à bloc niveau confiance, parce qu'elle ne disait pas ça dans le vent. « Tu aimes vraiment courir ? Je veux dire, vraiment ? » Même si ce n'était que les prémices de son activité, Helen était déjà persuadée d'avoir trouver un moyen de répondre à certains soucis dans sa vie. Alors oui, elle pouvait affirmer que c'était bel et bien le cas. « J'en suis la première surprise, et pourtant en tant que chirurgienne, je le connais par-cœur le discours. » Elle modifia légèrement sa voix, imitant celle des publicités mettant en avant les bienfaits de la course : « Niania, ça réduit les risques d'AVC, les risques de cancer. Niania, mangez cinq fruits et légumes par jour. » Elle laissa échapper un petit rire, à la fois parce qu'elle se savait nulle en imitation mais parce que c'était quand même un comble pour un médecin de rire ouvertement du sujet. « Mais en fait, c'est tellement vrai. Je me sens beaucoup mieux depuis que je me suis mise à courir. Ca libère le corps et l'esprit, c'est presque miraculeux. » Mais jusqu'à quand ? Qu'elle ne se leurre pas, la course n'allait pas l'aider à faire taire ses doutes et raviver la flamme entre Sam et elle...

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« Ce ne sont que des artifices. Ma voix, se module comme je le veux, tu sais… Ca ne sauve pas des gens. » « Tu panses les coeurs, j'en suis persuadée ! Qui ne se sentirait pas mieux et apaisé après t'avoir entendu ? Qu'un de tes auditeurs ose prétendre le contraire, et il va me voir débarquer avec mon bistouri ! » Rigole-t-elle, vraiment sincère à l'idée que la voix d'Harper soit suffisamment douce pour que ses auditeurs se sentent bien en l'écoutant. Les notes de son timbre avaient probablement le même pouvoir que certaines mélodies, certaines chansons qu'on écoute pour se sentir dans sa bulle, pour se préserver du monde extérieur. Si bien que, Helen se demanda si quelqu'un lui avait déjà manifesté son admiration et/ou amour après l'avoir entendu parler à la radio : « J’ai un fan club oui, mais tomber amoureux de ma voix pas encore. Je te préviendrais si ça arrive. » Un fan-club, quand même, ça n'était pas rien ça ! « Évidemment que j'aurai envie de savoir ! Je trouverai ça tellement romantique, de recevoir une lettre où quelqu'un te dit qu'il est tombé amoureux de ta voix. » Rêver d'un peu de romantisme, ça ne faisait pas de mal, non ? Harper et Helen s'aventurèrent ensuite sur un sujet visiblement épineux pour les deux jeunes femmes : le sport. La chirurgienne venait tout juste de se mettre à la course, pour tenter de faire disparaître toutes les tensions de son corps face à la situation qui durait depuis beaucoup trop longtemps entre Sam et elle, mais aussi à cause de la pression qu'exerçait toujours ses parents sur sa vie de chirurgienne et de mère en devenir, au grand espoir de sa mère. « Je t’admire vraiment. J’ai essayé et j’ai cru bruler mes poumons sur le champ. Alors, je t’admire vraiment. Je suis plus salle et pilate, mais je suis pas douée dans ces deux domaines, en tout cas je ne prends aucun plaisir, mais il faut bien penser à sa santé. » « Au début j'ai cru mourir aussi, et les points de côté, je ne te raconte pas... ça doit être sympa aussi le pilate, mais tu ne t'ennuies pas de toi ? ça me paraît planplan ? » Elle imaginait quelque chose de lent, de long, de chiant, un peu comme le yoga qu'elle avait essayé à l'event Back to 70', où elle avait rencontré Arsinoé. Soudain, des vibrations de la part de son téléphone attirèrent l'attention de la brune, qui remarqua aussitôt la notification de l'hôpital. La patiente qu'elle suivait de très près en ce moment, après lui avoir mis une prothèse à l'épaule. Visiblement, il y avait infection, et les constantes de la patiente était en train de chuter subitement. « Il faut absolument que j'y aille, je suis tellement désolée... une urgence à l'hôpital... » Concentrée sur cette fâcheuse nouvelle, Helen n'en avait même pas entendu sa question sur les amours, et tant mieux, d'un côté. « Je t'envoie un message pour qu'on se revoit très vite, promis ! Je dois vraiment y aller, encore désolée ! » Se confondit-elle en excuses tout en se levant, et en s'emparant rapidement d'un billet pour payer sa consommation, qu'elle n'avait pour le coup même pas terminé. L'instant d'après, Helen était déjà en train de courir dans la rue pour se rendre le plus rapidement possible jusqu'à l'hôpital.