La bouteille de tequila agonise à son côté, enroulée dans la couette lorsqu'elle n'est pas portée aux lèvres; descendue de moitié, sans prétexte autre que d'avoir soif, Danaë ne cherche même plus à justifier ses excès. Ils existent, elle en profite, et demain sera une autre journée. Le niveau d'énergie sociale côtoie les pâquerettes, la motivation se noie au même titre que s'inhibent les pensées; dame fatigue s'est pointée, emportant tout entrain et toute volonté, supplantant le programme festif par un arrière goût d'alcool sur fond de sieste.

- Naë, ton portable sonne..! tirée d'sa léthargie par la voix sororale, le profond soupir fait état d'réponse et elle doit mobiliser toute sa concentration pour se sortir du lit. - à moins qu'ce soit Raelyn, réponds que j'suis dead. c'est presque une vérité, vu la tête qu'affiche son miroir; les dernières semaines furent intenses, Danaë ne se souvient pas avoir eu plus d'un soir de repos, et plus de deux nuits sans compagnie - à l'arrivée, ça fait trop. - C'est Hottie, j'réponds quoi ? et là, ça fait tilt; elle lui a donné un surnom qui correspond plutôt à sa façon de l'observer, aspirant exagérément le H pour créer un sous-entendu foncièrement explicite. Turn me on, girl. Le corps se pare naturellement d'un frisson, s'enveloppe d'une douce chaleur à l'évocation de son nom; difficile - voir impossible - de lui dire non, surtout en captant qu'elle n'a pas vu sa frimousse depuis plusieurs semaines. C'est presque une hérésie, à ce stade, de ne pas avoir côtoyé ses draps pendant si longtemps. - réponds pas, un "vu" suffit. Elle saura. que j'viens la retrouver.

La robe est légère, un poil aguicheuse, facile à mettre - et à enlever; un taxi passe la chercher pour la déposer directement à l'adresse bien connue, où elle s'empresse de sonner. Dire qu'elle pionçait en se minant la tronche à coup de bouteille, v'là qu'elle retrouve son grand béguin de longue date. L'avantage avec Ottie, c'est qu'elle connait déjà la plupart des choses à savoir - surtout les plus tordues; ça empêche pas d'faire des folies, et encore moins des conneries - notamment en flirtant avec les autres pour se voiler la face quant à leur relation. (c'est sa partie préférée). Sa frappe de caractère l'avait séduite le premier soir, et ça continue au présent; le joint - qu'elles vont partager - en dit long sur l'état d'la soirée à venir, à peu près autant que sa façon de l'attirer à l'intérieur. Danaë la mate toujours, même après des années; son regard n'a pas changé, il flirte toujours avec les courbes, le long de la chevelure, dans la chute de reins. - Tu m'embrasses même pas ? Tu m'fais payer les dernières semaines, c'est ça ? une question pour une autre; ce n'est pas tant un manque d'affection, c'est un cruel manque de sa présence, qu'aucune autre n'a su égaler. Les sandales sont laissées à l'entrée, la veste tombe à côté; comme le premier soir, Naë l'allume outrageusement. - J'picolais dans mon lit en regardant un écran noir, si ça peut t'donner une idée. inutile de voiler ses problématiques, son haleine fruitée trahirait tout mensonge à ce sujet. - Et toi, what's up ? T'as pas trouvé d'cible à ton goût ce soir, alors tu reviens à la valeur sûre ? minaude un déhanché jusqu'au canapé, entend occulter le téléviseur en grimpant à califourchon sur ses cuisses. J'sais pas comment tu fais pour m'supporter. Ce mystère là reste entier. 

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Un peu de rancune, peut-être ? Ou pas, si elle se fie à l'éclat de rire. A moins qu'il ne soit légèrement sarcastique. C'est probablement une surinterprétation. De concert, c'est plausible et cohérent. Tu fais chier Hottie, à m'retourner le cerveau. Preuve que son jugement compte, que Danaë est bien moins "je m'en foutiste" qu'à son habitude. La Butcher pourrait clairement la défoncer en trois phrases, avec des mots bien placés; elle connait les failles, les points de rupture et les zones sensibles, tant pour la faire pleurer que crier - double sens involontaire, y croyez-vous ? - ça va.. c'était trois semaines..! éventuellement un peu plus, mais la brune dénigre le temps pour atténuer l'ampleur de son silence. Quoique, c'était réciproque. C'était bizarre, avec le recul - et malgré l'alcoolémie qui frise la stratosphère, parce qu'elles ne restent jamais plus de deux semaines sans se capter.

Le naturel au galop la replace sur ses cuisses, comme si rien n'avait changé. We're good, right ? C'est une façon de s'en convaincre, de taire la béance sous-jacente et de retirer le pouvoir du langage à cette saloperie, qui crie pourtant I missed you. - Pour des coups d'un soir, t'es trop exigeante.. et elle, pas assez sans doute. Ce n'est pas faute de chercher ailleurs, mais aucun corps ne vaut la complicité de leurs braises entrelacées. Conférer une exclusivité quelconque à Ottie reviendrait à dire ouvertement qu'elle l'apprécie plus que de raison; pas question donc, mieux vaut prétendre être épanouie dans les bras de visages qu'elle ne visualise plus dès l'aube venue. - J'sais que tu veux te débarrasser d'moi, mais j'suis tenace.. elle joue déjà, avec le regard, et d'une subtile ondulation du bassin, qui la rapproche autant qu'elle ne doit chauffer son hôte. - J'ai eu un paquet de trucs à faire.. De gens à voir.. je me suis donnée, et tu le sais, mais son corps lui revient toujours.

La cambrure s'accentue, lorsqu'elle se penche pour voler le joint aux phalanges de sa beauté halée. - Il s'pourrait que j'aille en criminologie.. Et ma patronne serait super hot. en langage explicite, c'est synonyme de "j'vais tenter de me la faire" - et c'est la jalousie qu'elle cherche dans le regard de sa partenaire. Une latte est tirée, la fumée conservée entre les lèvres, tout juste entrouvertes, et le visage quémande le sien, l'effleure au plus en lui partageant son bien, de chaudes volutes remontant dans l'air pour créer une atmosphère bien à elles. - Hottie.. place ses mains sur son bassin, lui laisse le soin de flirter sous le tissu, de l'enlever, ou de rester sage - tout son contraire, ses doigts glissant à présent à la lisière du pantalon, les ongles traçant quelques sillons épars sur son ventre, aux limites de l'indécence. Et toi, qui as-tu trouvé pour m'oublier ?

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- Non, du tout. au contraire, elle a raison : Danaë devrait revoir ses critères à la hausse. Difficile cependant, que de réaliser une "sélection" quand les atouts sont d'intérêt purement physique-pratique; elle ne cherche pas de conversation sur l'oreiller, simplement son propre plaisir. Pour la Lescaut, c'est plutôt portes ouvertes : elle se fout éperdument des gens avec qui elle passe une nuit, ou un instant volé, ce ne sont que des marionnettes oubliées après usage. - Ta vermine préférée. c'est une fleur poison, qu'elle glane tel un laurier; une couronne d'épines, qui se refuse à quitter le sillage d'Ottie. Il faudrait arracher en profondeur pour qu'elle n'y revienne point, cette misère là est fermement accrochée.

- J'bosserai pour une cellule psy'.. Tu sais à quel point ça me fascine, la psyché. le trouble est jeté, Danaë crève d'envie de voir au creux de son regard, brûler l'éclat de la possessivité. Montre le moi, qu'tu me partages pas. La brune est un calvaire psychologique ambulant, et c'est la raison pour laquelle elle postule : en tant que p'tite viciée, elle estime pouvoir comprendre et manipuler la matière grise, pianoter au dedans pour tirer ce qui l'intéresse. Et là, tout de suite, c'est de sa moitié inavouée qu'elle attend le geste, la rupture de bienséance, la désinvolture manifeste qui irait cramer le monde pour chercher son corps, son âme en enfer. La réponse charnelle est explosive, exactement comme elle l'aime, et Danaë fond sur son visage pour répondre au baiser. Les lèvres s'entrouvrent, approuvent l'intrusion des mains sur ses galbes en un soupir à peine contenté, le bassin l'accompagne encore et le souffle quémande plus, se perd dans l'onde de leur étreinte. Danaë griffe légèrement, les ongles posent plus encore leur empreinte sur sa peau, quand ils ne marquent pas la nuque en remontant dans sa douce crinière.

Insatiable demoiselle, difficile à contenter, suspecte un rapport entre la nymphomanie et sa première fois avec Ottie. You were supposed to be a one shot. La connasse l'aguiche, elle connait toutes les ruses sur ce terrain; ses lèvres, puis ses mots, son timbre gracile, aussi délicat et assuré que ses doigts sur sa peau, Danaë la rend définitivement responsable de ses addictions voluptueuses. Avec sa brune, c'est le désir constant, et c'est là tout le problème. Difficile de sortir sans la vouloir trouver, sans l'arrêter au détour d'une rue pour l'embrasser, sans vouloir embraser l'interdit en y mêlant les plus vicieux des fantasmes. - Si j'te dis que je porte rien dessous, ça t'inspires quoi..? vérifie donc, je t'en prie. Une bretelle de sa robe glisse sur l'épaule, sa respiration saccadée met en valeur les pointes de son désir, qu'elle encourage Ottie, à la braise de ses yeux, à venir enflammer. - J'tiendrais jamais une soirée sans rien te faire.. Qu'on soit en public, ou pas. sa bouche trouve sa mâchoire, puis rejoint la courbe du cou, après quoi le crop top devient gênant. Elle proteste d'un grognement, mais s'amuse de ce rempart qui l'empêche d'accéder aux monts de leurs plaisirs; la main, posée sous la poitrine, remonte sur l'ogive thoracique en y glissant l'index, juste entre les pommes de ce fabuleux péché. L'autre, mal positionnée, se contorsionne pour glisser sous le pantalon, et Naë se mord l'inférieure en prévision de ce qu'elle pourrait lui faire. - J'suis pas sortable, pour des raisons évidentes. celles qui gravitent sur sa peau, à deux encablures à peine de la terre promise, sur la voie de leur amour déguisé.

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