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death before decaf, spring hill.
Mardi 9 avril 2024.
@shiloh atkins

***
“Nathan. Ça va aller, d’accord ? Prends-le doucement et ne t’enferme pas. Dis-lui ce que tu as envie de lui dire.” La voix de Chris le rassure de l’autre côté du téléphone et même si il ne peut pas le voir, Nathan hoche la tête. Shiloh lui a envoyé un message dimanche pour lui proposer d’aller boire un café et depuis il est une véritable boule de nerfs. Le boulot l’a tenu occupé dimanche, mais étant donné qu’il n’a pas travaillé hier et qu’il ne travaille pas aujourd’hui, il ne peux s’empêcher de penser à sa sœur. Il est même tellement nerveux qu’il a fini par appeler Chris, le psy qui le suit depuis maintenant près de trois ans. Il a confiance en lui et il sait que quoi qu’il traverse, quel que soit son état de santé mentale, il peut l’appeler pour en parler. “Oui, okay. Je peux faire ça.” “Maintenant, respire, et va au café avant que tu sois en retard.” Nathan n’a pas le temps de répondre que Chris raccroche de l’autre côté et il laisse échapper un soupir. Il a raison, bien sûr qu’il a raison, il n’y a aucune raison d’être aussi stressé de voir Shiloh. Après tout, elle reste sa sœur, sa sœur jumelle, et même si leur relation est bien loin d’être aussi fusionnel qu’elle l’a été un jour, il serait toujours prêt à absolument tout pour elle. Poussant son téléphone dans la poche arrière de son short, Nathan essaye de se rappeler la dernière fois que lui et Shiloh ont partagé un moment juste tous les deux et à vrai dire, il n’arrive pas vraiment à s’en rappeler. Il l’a revu depuis son retour à Brisbane en juin 2023, il a été là pour elle si elle en avait besoin, mais ils ont souvent été entourés d’autres personnes comme leurs parents Leur routine du vendredi soir lui manque… Il prend une nouvelle respiration avant d’attraper une casquette qu’il enfonce sur sa tête et d’attraper la laisse de sa chienne. Arlo, qui comprend rapidement ce qui se passe, arrive auprès de lui faisant claquer ses griffes sur le sol de l’appartement ce qui arrache un sourire au brun. Cela fait à présent presque quatre mois qu'Arlo partage sa vie, et il se demande pourquoi il n’a pas adopté un chien plus tôt. Elle est l’une des meilleures choses qui lui soit arrivée.

Le soleil brille dans le ciel alors Nathan sort de son immeuble, emmenant sa chienne vers le café où il a rendez-vous avec sa sœur. L’été commence doucement à finir à Brisbane mais les températures sont toujours très agréables et c’est l’une des choses qu’il adore ici. Il jette un regard à l’heure pour savoir si il a le temps de faire un petit détour, histoire de faire marcher Arlo, mais cela le mettrait en retard et il déteste être en retard alors il prend le chemin le plus direct. Seulement plus il se rapproche de Death Before Decaf et plus il sent son estomac se nouer. Il a hâte de voir Shiloh, bien sûr qu’il a hâte de la voir, elle lui manque toujours aussi terriblement et il aimerait vraiment trouver un moyen de retrouver la relation qu’ils ont eue dans le passé, mais entre eux les choses sont… Bizarre, tendus. Des fois, ils ressemblent presque plus à deux parfaits étrangers qu’à des frères et sœurs des jumeaux. Lorsqu’il arrive devant le café il ne faut cependant que deux secondes à Nathan pour trouver la silhouette familière de sa sœur, ses cheveux blonds légèrement plus court que la dernière fois lui tombant sur les épaules. Il se rapproche doucement, un léger sourire s’étendant sur les lèvres. “Hey Shiloh.” Dit-il une fois qu’il est sûr qu’elle peut l’entendre. Il hésite quelques secondes avant de venir la serrer rapidement dans ses bras, une accolade rapide, et Arlo profite de ce moment pour venir sniffer la blondinette. “Oh euh, Shiloh, j’te présente Arlo. Arlo j’te présente Shiloh, c’est ma sœur.” Explique-t-il comme si la chienne peut le comprendre. En un sens, avoir la boule de poil à ses côtés l’aide à se détendre un peu et elle leur donne également un sujet de conversation de secours si jamais les silences deviennent trop gênants.

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@NATHAN ATKINS & SHILOH

lieu: death before decaf, west end

C’est elle qui était à l’initiative de ce rendez-vous. Elle qui avait envoyé un message en premier. Elle qui avait à cœur de faire les choses bien. Mais Shiloh se sentait presque stressée. Comme elle pouvait l’être pour un petit rien parfois. Ce genre de stress qui génère une boule dans le ventre et qui la pousse à se transformer en une perfectionniste. Elle a changé de tenue deux fois, comme si elle avait besoin d’impressionner son propre frère, avant de se rappeler que Nathan se fichait bien de ce genre de détail. Il n’allait pas critiquer sa tenue, il ne l’avait jamais fait, l’encourageant plutôt à exprimer tout son talent dès qu’il en avait pris conscience. Cette nouvelle robe qu’elle s’était cousue fera l’affaire. Elle avait cherché à dompter sa tignasse blonde avant de se résoudre à tout simplement maintenir ses cheveux par une pince. Une paire de chaussure à talon, un sac à main rempli de bêtises en tout genre au cas où elle devrait attendre et son éternelle paire de lunettes de soleil sur le bout du nez. Shiloh était prête, mais elle était stressée. Elle s’en voulait de l’être quand elle avait rendez-vous avec son frère. Son jumeau. Celui qui était censé être la moitié d’elle, la personne la plus proche d’elle. Ils l’avaient été pendant longtemps, avant qu’elle ne se fasse entraîner dans cette relation toxique. Désormais, elle s’en voulait. Couper les ponts avec ses amis était une chose, couper les ponts avec son jumeau ? Cela n’aurait jamais dû se produire. Elle s’en voulait d’avoir laissé autant de pouvoir à Lawrence au point de ne plus savoir comment faire pour réparer les pots cassés. Mais il était temps de laisser tout cela derrière elle, de reprendre le contrôle de sa vie et de la relation avec son frère. Shiloh refusait de laisser les choses ainsi, qu’importe le temps que cela prendra. Elle voulait se battre pour retrouver son frère.

Malgré son profond désir de renouer un lien, il lui avait été plus facile de lui donner rendez-vous dans un lieu public. L’excuse se voulait toute trouvée, elle ne voulait pas déranger Olive. Mais la vérité résidait dans le simple fait qu’un lieu public pouvait nourrir tout un tas de sujets de discussion ou même la proposition d’une balade pour mieux combler les silences. Shiloh espérait de tout cœur ne pas avoir à recourir à ce genre de subterfuge, mais elle s’en était laissé la possibilité, comme par précaution. L’idée d’en avoir recours à tout cela lui serrait le cœur. Elle savait ce qui les avait perdus. Elle était parfaitement au courant de sa responsabilité dans la chute de leur lien. Et elle s’en voulait plus que jamais, mais ce ne sont pas les regrets qui feront bouger les choses. Elle en avait pris pleinement conscience en retrouvant Kendall et Lewis. Elle se devait donc de ravaler ses angoisses pour retrouver son frère. Il était bien plus important que tous les autres à ses yeux. 

Elle était arrivée la première, n’avait pas osé commander quoi que ce soit et avait préféré sortir son carnet de croquis pour faire passer le temps. Nate n’était jamais en retard de toute façon. Il le prouva encore une fois en arrivant peu de temps après elle, accompagné par le chien qu’il lui avait présenté en photo. Shiloh eut un léger sourire en croisant le regard de son jumeau. « Hey Shiloh. » Elle se laissa entraîner dans ses bras, profitant de la maigre étreinte qu’il souhaita lui accorder. Ce n’était pas assez, ce n’était jamais assez à ses yeux, mais si Nathan ne voulait lui donner que cela, elle prendrait la moindre miette. « Hey… Je suis contente de te voir. » Elle l’était, réellement. Heureuse de le voir en forme, ravie de savoir qu’il voulait passer ce moment en sa compagnie. Et amusée de se faire quelque peu dérangée par l’animal qui ne tenait plus en place à leurs pieds. « Oh euh, Shiloh, j’te présente Arlo. » Il entreprit la même présentation en s’adressant au chien et Shiloh ne put s’empêcher de rire légèrement. « Bonjour, ma belle. » Elle avança lentement sa main vers l’animal pour ne pas l’effrayer, mais après un léger reniflage, Arlo vint lui lécher le bout des doigts. « Je suis vraiment étonnée que tu es attendu tout ce temps pour adopter un chien. » Enfant, il ne parlait que de cela. À chaque Noël, à chaque anniversaire, si on demandait à Nathan ce qu’il désirait le plus au monde, la réponse était toujours la même : un chien. Elle était aussi étonnée qu’il ne se soit pas immédiatement précipité pour la prévenir de cette adoption. Son sourire perdit un peu de son éclat alors qu’elle lui fit signer de s’installer à table. « J’ai pas commandé. » Parce qu’elle n’était plus certaine de connaître les préférences de son frère désormais. 

Le silence parut s'étirer alors qu’ils attendaient que le serveur ne vienne s’occuper de leur table. Shiloh jouait nerveusement avec son crayon de papier, avant que la pression ne devienne trop forte et que son cœur ne craque. « Je suis désolé, Nate… » Pour tout et rien à la fois. Pour les silences, les absences et tout ce qui en avait suivi. Si seulement il pouvait entendre à quel point elle était désolée.

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Mardi 9 avril 2024.
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Le cœur qui bat un peu trop fort dans sa poitrine, Nathan fait tambouriner les doigts de sa main gauche sur son short en jean alors qu’il tient la laisse d’Arlo, qui renifle tout sur son passage, de la main droite. Plus il se rapproche du café ou il a rendez-vous avec sa sœur et plus il se sent nerveux. Comment les choses en sont arrivés là entre eux, alors qu’à une époque ils avaient été si proches, inséparables ? Malgré le fait qu’il connaît à présent la vérité sur ce qu’a vécue sa sœur, sur ce qui l’a poussé à s’éloigner et à éventuellement couper les ponts complètement, cela arrive encore que Nate se demande si il y est également pour quelque chose. Avait-il fait quelque chose de travers ? Son psy ne cesse de lui répéter que non, qu’il a simplement été victime de la relation de sa sœur et dans le fond il sait que c’est vrai. Pourtant avec le temps leur relation n’est toujours pas la même. Il a l’impression que rien entre eux ne sera jamais pareil et sa sœur lui manque terriblement. Elle est à présent sortie de sa relation avec Lawrence, ce qui soulage grandement Nate, mais il y a encore ce fossé entre eux, un fossé qu’il ne sait pas réellement comment refermer. Une partie de lui à envie de dire à sœur tout ce qu’il pense, ce qu’il a traversé lorsqu’elle a coupé les ponts, mais il ne veut pas qu’elle se sent coupable de quoi que ce soit. Le seul coupable dans l’histoire c’est Lawrence. Et l’autre partie de lui n’ose pas parler de tout cela à Shiloh parce qu’il a peur que cela ne les éloigne encore plus. Il aimerait pouvoir claquer des doigts et que tout redevienne comme avant, comme à l’époque où il n’y avait aucun secret entre eux.

En arrivant au café il repère rapidement sa tignasse blonde de sa sœur et malgré tout il ne peut retenir un sourire en le voyant avec un carnet de croquis sorti. Il faut croire que certaines choses ne changent pas. Il vient près d’elle et lui fait une accolade rapide, trop rapide à son goût. Il aurait voulu serrer sa sœur dans ses bras, vraiment la serrer dans ses bras. “Hey… Je suis contente de te voir.” Son sourire s’agrandit un peu plus. “Moi aussi Shiloh.” Parce que oui, ils pourraient avoir traversé tout et n’importe quoi, Nate serait toujours heureux de voir sa sœur. Elle est toujours sa meilleure amie à ses yeux, celle à qui il a confiance et il sait que cela ne changerait jamais. Doucement, il vient présent sa chienne à sa sœur et fait de même pour Arlo à ses côtés qui remue la queue avec entrain. “Bonjour, ma belle. Je suis vraiment étonnée que tu es attendu tout ce temps pour adopter un chien.” Nathan laisse échapper un léger rire alors qu’Arlo lèche les doigts de sa sœur. “J’attendais d’avoir mon appart. Et crois-moi, une fois que j’avais mon chez moi, ça a pris… ” Il pause une minute pour réfléchir. “Très exactement quatre jours pour je craque sur cette bouille.” Nathan a toujours adoré les animaux, si c’était lui il vivrait surement à la campagne avec une ferme, mais il a toujours eu un faible pour les chiens et les chats en particulier. En grandissant il avait réclamé un animal de compagnie à ses parents pour tout ses anniversaire et maintenant qu’il est adulte et sur de ne pas quitter Brisbane pour les années à venir, il lui a suffi de poser les yeux sur Arlo, à l’époque âgée à peine de trois mois, pour tomber amoureux. “Un regard de sa part et je savais déjà que je la ramené chez moi.” Sa main vient gratter la tête de sa chienne, alors qu’il se pose sur la chaise en face de sa soeur. “J’ai pas commandé.” Il hoche simplement la tête.

Un silence s’installe alors entre les jumeaux et si, pendant un instant, le stresse de Nate était descendu, il remonte en flèche. Sa jambe se met à bouger nerveusement alors qu’Arlo se couche sous la table, à l’ombre, entre lui et Shiloh. Il a envie de lui demander comment elle va, de lui dire qu’elle lui manque, qu’il aimerait la voir plus souvent mais les mots se coince dans sa gorge. “Je suis désolé, Nate…” Nathan relève les yeux vers sa sœur et presque immédiatement sa main vient trouver celle de la blonde. “Shiloh…” Dit-il tout bas, cherchant les mots. “Tu n’as pas à être désolé… Tout ça, ce n’est pas ta faute.” Il observe son visage quelques instants avant de chercher son regard et lorsqu’il le trouve il lui prend une respiration. “Je t’en veux pas, ou du moins je t’en veux plus… Pas après ce que tu as vécu. Je… Je sais que c’est pas juste de te dire ca mais j’aurais aimé que tu me parles, que tu me dises que les choses n’allaient pas. Je…” Il soupire. “Mais c’est du passé et la verité c’est que tu me manques. T’es en face de moi et j’ai l’impression qu’il ya  toujours un fossé qui nous sépare.” Si il y a bien quelque chose que Nathan ne sait pas faire, c’est de mentir à sa sœur. Il ne lui a pas parlé sa dépression, certes, mais il refuse de lui mentir sur ce qu’il ressent. “J'veux juste que tu ailles bien, Shiloh. C'est tout ce qui compte pour moi. Comment tu vas, vraiment ?”

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Il était étrange de se trouver nerveuse à l’idée de retrouver son frère. Shiloh n’aimait pas cette sensation, mais cela se voulait plus fort qu’elle. Ils ne s'étaient pas vus depuis si longtemps, n'avaient pas pris le temps d’entamer la moindre conversation depuis des semaines. Tout se voulait complexe entre eux, sans qu’aucun des partis ne semble réellement savoir comment ils avaient bien pu en arriver là. Enfin… Il était simple de comprendre le pourquoi du comment. Il était plus complexe de comprendre pourquoi ni l’un ni l’autre ne paraissait trouver la bonne manière de revenir auprès de l’autre. C’est comme si un voile s'était jeté entre eux, trop épais pour se dégager une bonne direction. Auparavant, Shiloh n'était pas prête à répondre aux questions que Nathan allait avoir pour elle. Aujourd’hui, rien ne se voulait simple, mais elle se sentait un peu plus apte à affronter les reproches et les interrogations de son frère. Rien ne sera parfait en une seule fois, mais elle avait à cœur de renouer le lien avec Nathan. Il n’était pas qu’un simple ami, comme pouvait l’être Kendall ou Lewis. Il était son frère jumeau, sa moitié, la personne la plus importante de sa vie. Et si elle s’était longtemps culpabilisée de l’avoir ainsi effacé de sa vie, aujourd’hui elle comprenait ne pas être pleinement responsable de tout cela. Sous l’emprise de son ex, elle s’était pliée à des exigences qui ne lui ressemblaient pas. Désormais, il ne lui restait plus qu'à réparer les pots cassés.

Et tout cela commençait par prendre un café en compagnie de son frère. Trois fois rien, mais quelque chose de tangible malgré tout, la possibilité de se parler, sans le regard inquisiteur de leur parent et sans se croiser dans les couloirs d’un tribunal. La possibilité pour elle de remarquer à quel point Nathan paraissait avoir changé. Toujours aussi renfermé sur lui-même, mais peut-être un brin plus confiant grâce à la présence de son nouveau compagnon à quatre pattes. « J’attendais d’avoir mon appart. Et crois-moi, une fois que j’avais mon chez moi, ça a pris… » Oh, elle connaissait déjà la réponse. « Très exactement, quatre jours pour que je craque sur cette bouille. » Elle ne put s’empêcher de rire face à son récit. « Je suis pas vraiment étonné. » Il avait toujours été celui qui s’arrêtait dans la rue pour caresser le moindre chien, il en avait parlé plus d’une fois à la maison, à de diverses occasions, sans que jamais leur père ne cède à son désir. « Un regard de sa part et je savais déjà que je la ramènerais chez moi. » - « C’est chouette. » Elle pourrait dire tellement plus, mais c’est bien les seuls mots qui lui viennent à l’instant. Avant que l’idée de partager un peu plus ne lui traverse l’esprit. « J’ai adopté un chat. » Elle avait craqué elle aussi, dès l’instant où Trent avait quitté l’appartement. « Elle s’appelle Freya et c’est une vraie princesse. » Ou une terreur, cela dépend des points de vue. Olive dirait très certainement que la boule de poil est une vraie terreur.

Une fois les banalités échangées, il ne restait qu’un silence pesant. De ceux qui vous font penser à tout ce qui pourrait être si différent. Ceux qui font grandir la douleur au fond de la poitrine et qui rappellent à Shiloh tout ce qu’elle avait loupé auprès de son frère. Il ne restait que les regrets et l’incapacité de pouvoir faire autre chose que s’excuser. Mille fois, pour une centaine de raisons différentes et sans que jamais cela ne se trouve être assez. « Shiloh… Tu n’as pas à être désolé… Tout ça, ce n’est pas ta faute. » Elle eut envie de rire, de lui assurer que si, au final, elle était tout de même coupable de quelque chose. Coupable d'être tombé sous le charme d’un manipulateur, coupable de l’avoir un tel contrôle sur sa vie, surtout. Mais les mots restèrent coincés dans le fond de sa gorge alors que la main de Nathan vint trouver la sienne. « Je t’en veux pas, ou du moins, je t’en veux plus… Pas après ce que tu as vécu. Je… Je sais que c’est pas juste de te dire ça mais j’aurais aimé que tu me parles, que tu me dises que les choses n’allaient pas. Je… » Elle retira sa main de son étreinte, préférant la cacher sous la table, gardant le regard fixé sur cette dernière. « Mais c’est du passé et la vérité, c’est que tu me manques. T’es en face de moi et j’ai l’impression qu’il y a toujours un fossé qui nous sépare. » Ce fut son tour de soupirer, pas d’impatience, mais de tristesse. « C’était pas si simple que ça Nate. » Elle aurait aussi voulu avoir la lucidité nécessaire pour parler à ses proches, mais Lawrence avait déjà refermé sa poigne, il ne lui avait laissé aucun espace de liberté. « J’avais pas conscience de tout ça. Je… Je sais pas comment t’expliquer. » Comment dire l’impensable ? Comment rendre compréhensible ce que tout le monde résumait avec une simplicité mondaine : elle aurait dû partir dès les premières insultes. « C’est pour ça que… Enfin, je sais plus comment revenir, parce que je sais pas comment expliquer tout ça et… J’ai plus envie d’en parler, Nate. » Elle était fatiguée de se justifier, d’expliquer, de retracer l’enfer, les mensonges, les insultes et puis les coups. Elle ne voulait plus se plonger dans ce passé qui avait détruit sa vie et avait emporté ses meilleures relations au passage. « J'veux juste que tu ailles bien, Shiloh. C'est tout ce qui compte pour moi. Comment tu vas, vraiment ? » Elle hocha la tête, tenta d’y ajouter un sourire. « Je vais mieux. » Et c'était la meilleure des conclusions possibles. « Je te dirais pas que tout est parfait, mais ça va. J’ai retrouvé mon travail, j’ai un chouette appartement avec une coloc sympa. » Elle avait retrouvé Megan depuis longtemps et plus récemment les garçons. « J’essaye de… Pas de tourner la page, mais de ne plus laisser cette histoire m’enterrer dans la peur. » Est-ce qu’il allait comprendre tout ça ?

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Des fois Nathan ont du mal à se rappeler un temps pour Shiloh et lui étaient proches, complices, ou ils se parlaient de tout sans avoir aucune retenue. Bien sûr, il s’est toujours douté qu’un jour ils grandiraient et que leurs chemins se sépareraient un peu, mais il s’est toujours dit que la seule personne qui serait une constante dans sa vie serait sa sœur. Shiloh a toujours été bien plus qu’une sœur pour Nathan, elle est sa meilleure amie, sa confidente, sa ‘safe place’ et lorsque les choses ont vraiment commencé à partir de travers, il l’a extrêmement mal vécu. Si mal vécu qu’aujourd’hui il ne sait plus vraiment comment agir avec sa sœur, la personne qu’il aime le plus au monde. Il aimerait retrouver leur complicité du passe, mais il ne sait pas si ça serait possible un jour. A-t-elle seulement envie de le retrouver ? Nathan manque-t-il à Shiloh autant qu’elle lui manque ? Il l’ignore parce que les conversations qu’ils ont jusqu’à présent, et depuis le retour de Nathan a Brisbane, sont toujours reste très superficiel et ils ne se sont jamais retrouvés juste tous les deux. Ce qui explique d’ailleurs le fait qu’il est nerveux a l’idée de voir Shiloh, seul. Enfin… Pas vraiment seul, il peut compter sur Arlo à ses côtés qui est d’ailleurs absolument parfaite pour rapidement brise la glace entre eux avec un sujet plutôt léger. “Je suis pas vraiment étonné.” Nathan lui sourit tendrement. Bien sûr qu’elle n’est pas surprise, parce que malgré tout ce qu’ils ont pu vivre, Shiloh le connaît toujours par cœur. “C’est chouette.” Il hoche la tête, sa main trouvant instinctivement la tête de sa chienne pour la caresser. “Oui, ça a été une décision facile.” Et puis Arlo l’aide, tous les jour, sans même s’en rendre compte. “J’ai adopté un chat. Elle s’appelle Freya et c’est une vraie princesse.” Il relève la tête vers le visage de sa sœur et laisse échapper un petit rire. “Je dois bien avouer que je suis pas du tout surpris non plus.” Apres tout, Shiloh a toujours adoré les chats. “Il va falloir que je vienne la voir. Tu as une photo ?” Une main tendue, une promesse de se revoir bientôt.

Les sujets légers et superficiels ne durent pourtant pas longtemps entre eux et Nathan sait qu’il est temps qu’ils aient cette conversation. Ils ne peuvent passer leur vie à l’éviter, surtout si ils veulent tous les deux avancer et tenter de retrouver leur relation. Il hésite quelques instants, mais il veut être honnête avec sa sœur, il veut qu’elle sache ce qu’il a ressenti même si rien de tout cela n’est de la faute de Shiloh. Il n’a jamais menti à sa sœur. “C’était pas si simple que ça Nate.” “Je sais…” Murmure-t-il doucement, le fait que Shiloh ait retirée sa main de la sienne lui serrant un peu le cœur. “J’avais pas conscience de tout ça. Je… Je sais pas comment t’expliquer.” Il hoche doucement la tête, il sait que ce n’est pas aussi simple, il a lu assez de chose sur la violence domestique pour savoir au moins cela. L’idée que sa sœur ait pu vivre ce genre de chose sans qu’il ne voie jamais rien lui tord encore le ventre au jour d’aujourd’hui. Il aurait dû se rendre compte de quelque chose… “C’est pour ça que… Enfin, je sais plus comment revenir, parce que je sais pas comment expliquer tout ça et… J’ai plus envie d’en parler, Nate.” Nathan se retient de revenir prendre la main de sa sœur et au lieu de ça, il vient les enrouler autour de sa tasse. “Alors on en parle plus. Je veux juste savoir ce que je peux faire pour t’aider a avancer.” Elle ne peut pas oublier, elle n’oubliera jamais mais il veut être là pour elle. Et puis il en sait assez, il n'est pas réellement sur de vouloir plus de details sur les horreurs qu'elle a vécu avec ce connard. Il veut qu’elle puisse avancer, qu’ils puissent tous les deux. “Peut être qu’on pourrait recommencer à faire nos soirées du vendredi, comme avant.” Offre Nathan en repensant a leur rendez hebdomadaire du vendredi ou ça avait toujours été eux, juste elle et lui, a parler, regarder des films, jouer à des jeux, juste passer du temps ensemble. Hésitant quelques secondes, il finit par lui demander comment elle va, comment elle va vraiment parce qu’il ne veut pas de la réponse automatique que les gens donnent toujours. “Je vais mieux. Je te dirais pas que tout est parfait, mais ça va. J’ai retrouvé mon travail, j’ai un chouette appartement avec une coloc sympa.” Il hoche la tête et lui offre un léger sourire avant de prendre une gorgée de sa boisson. “J’essaye de… Pas de tourner la page, mais de ne plus laisser cette histoire m’enterrer dans la peur.” “Je comprends. Prends le temps que tu as besoin et tu sais que si tu as besoin de quoi que ce soit… Je suis toujours là pour toi. Tu étais et resteras toujours la personne que j’aime le plus, Shil.” Nathan lui avoue à demi-mot. “Est ce que… Est-ce que tu vois quelqu’un ? Un psy je veux dire. Ça pourrait t’aider.” Ça l’avait aidé lui, ça l’aide encore aujourd’hui même si il n’est pas sur d’être prêt a avouer ça à Shiloh.

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Au final, installé dans ce café, englobé par le brouhaha général des conversations, il était presque facile d’oublier les tensions qui avaient bien pu exister entre eux. Comme s’il était plus aisé de respirer et de se donner dans la simplicité d’un échange qui se voulait on ne peut plus banal. « Oui, ça a été une décision facile. » Elle n’en doutait pas une seule seconde, c’était bien dans l’état d’esprit de son frère. Comme s’il avait enfin réalisé un rêve d’enfant. Et dans le fond, elle en avait fait de même. Pas immédiatement après avoir quitté la maison, mais bien plus tard, pour ne pas se retrouver seule. « Je dois bien avouer que je suis pas du tout surpris non plus. » Elle eut un léger rire amusé, haussant des épaules, comme prise la main dans le sac. « Il va falloir que je vienne la voir. » - « Elle aime bien snober les gens, faudra pas le prendre personnellement. » Il avait fallu un certain temps à l’animal pour se faire à la présence d’Olive. « Tu as une photo ? » Elle fouilla son sac à main pour en extirper son téléphone et fouilla dans sa galerie afin de trouver une photo de son chat. « Regarde cette bouille. » Elle se sentait telle une proud mama qui voulait absolument montrer une photo de sa progéniture et cela avait quelque chose d’amusant malgré tout. Un peu de légèreté avant que le ton de la conversation ne change complètement.

Il avait besoin de réponse, Nathan. C’est comme s’il avait attendu trop longtemps et que désormais il n’était plus en capacité de retenir quoi que ce soit. Il voulait savoir, il voulait comprendre. Et elle ne pouvait pas lui en vouloir pour cela. Il avait le droit de poser des questions, elle l’avait abandonné sans un mot, après tout, il était temps qu’elle assume la conséquence de ses actions. Il était malgré tout encore si difficile pour elle d’évoquer cette période. Comment justifier tout ce qu’elle avait laissé Lawrence faire, la manière dont il avait agrandi son emprise sur elle. « Alors on en parle plus. Je veux juste savoir ce que je peux faire pour t’aider à avancer. » Elle laissa un soupir lui échapper. Ce n’est pas ainsi qu’elle avait imaginé que la conversation allait se dérouler. C’est comme si Nate avait choisi de baisser les bras et elle n’était pas certaine d’être à l’aise avec ce choix si soudain. « Tu as le droit de me poser des questions, Nate. » Est-ce qu’il n’avait pas envie de tout faire sortir ? Il lui en avait voulu, elle le savait, sinon leur relation ne serait pas aussi abîmée. Et pourtant, c’est comme s’il n’avait pas envie de se battre. « Peut-être qu’on pourrait recommencer à faire nos soirées du vendredi, comme avant. » Sa proposition lui paraissait presque paradoxale. Comment pouvait-il tourner la page comme cela ? Est-ce qu’il n’avait pas des choses à dire ? Shiloh se sentait presque mal à l’aise face au comportement de son frère. « On pourrait… » Elle ne voulait pas se fermer à l’idée, parce que leurs soirées du vendredi lui manquaient plus que tout. « Mais tu crois pas que l’on devrait crever l’abcès avant ça ? » Si l’image se voulait affreuse, elle avait besoin de savoir ce qui se tramait dans la tête de son frère pour qu’il la regarde d’un air aussi triste. Elle détestait ce regard dans ses yeux, elle voulait que cela change. Elle était consciente que rien ne pourrait revenir comme avant en un claquement de doigt, mais ce n’est pas en jouant l’autruche qu’ils allaient s’en sortir, elle l’avait appris récemment.

« Je comprends. Prends le temps que tu as besoin et tu sais que si tu as besoin de quoi que ce soit… Je suis toujours là pour toi. Tu étais et resteras toujours la personne que j’aime le plus, Shil. » Son cœur se serra à l’entente de ses quelques mots. « Je t’aime aussi, Nate, ça n’a jamais changé ça. » Le simple fait qu’il ait un jour pu penser que sa sœur l’aimait moins lui filait la nausée. Ça ne devait pas arriver, il n’aurait jamais dû descendre dans ce genre d’enfer, c’était impensable pour elle. « Est-ce que… Est-ce que tu vois quelqu’un ? Un psy je veux dire. Ça pourrait t’aider. » Est-ce qu’il arrivait trop tard ? Elle s’en rendait compte désormais. Comme si elle aurait été capable de se tenir devant lui s’il n’avait pas été voir un psy. Il avait un train de retard et il était temps de raccrocher les wagons. « Bien sûr que je vois quelqu’un, je m’en serais jamais sorti sinon. » N’était-ce pas tout simplement évident. « Nate… Tout est déjà en place, y’a rien que tu pourrais proposer de nouveau. » Elle avait son support system, mais ce n’est pas comme si elle pouvait guérir de ses années sous emprise juste par un peu de bonne volonté. « C’est pas quelque chose que je peux oublier en un claquement de doigt, tu comprends ? » Elle ne voulait pas jouer les moralisatrices, mais elle n’était pas sûre d’apprécier le tournant de la conversation. « Je prends soin de moi. » Maladroitement parfois, sans réellement faire attention à ses besoins premiers lorsque les périodes se veulent plus compliquées, mais elle avait des gens autour d’elle qui veillaient au grain, comme Megan et James, par exemple.

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Depuis tout petits, les jumeaux ont toujours adoré les animaux, même si Nathan a toujours préféré les chiens et que Shiloh elle a toujours eu un point sensible pour les chats. Ce n’est donc pas réellement surprenant qu’ils se retrouvent aujourd’hui respectivement avec l’un d’eux chacun. Adopte sa chienne a été l’une des meilleure décision, et sûrement la plus facile, que Nate n’est jamais faite. Avoir Arlo dans sa vie lui apporte un amour inconditionnel, un soutien moral, une nouvelle meilleure amie, mais surtout une raison de sortie de son lit le matin lorsqu’il traverse une de ses journées qui peut être difficile. Arlo est en réalité l’une des meilleures choses qui lui est arrivée récemment et la décision également la plus facile à prendre parce qu’il était tombe amoureux d’elle au premier regard. Il a cependant également bien envie de rencontre le chat de sa sœur. ”Elle aime bien snober les gens, faudra pas le prendre personnellement.” Nathan laisse échapper un rire. ”C’est un chat quoi, elle aime qui elle veux.” Il aime bien les chats également évidemment, à vrai dire il aime tout type d’animaux, mais les chats sont connus pour être plus moody que les chiens. Pique par la curiosité, il ne peut cependant pas se retenir de demander une photo, de voir à quoi elle ressemble. Il n’en faut pas plus pour que Shiloh fouille dans son portable et alors qu’il parle de leurs animaux Nathan a presque l’impression d’avoir, pendant une minute, retrouver leur relation d’avant. ”Regarde cette bouille.” Il baisse les yeux vers le téléphone de sa sœur et un sourire s’étend sur ses lèvres. ”Elle est beaucoup trop cute. Est-ce que tu sais si elle s’entend bien avec les chiens ?”

Si leur conversation a commencé légère, en parlant de choses simples, Nathan s’attendait bien à ce que celle-ci finisse par aborder le sujet sensible de la relation passée de sa sœur qui l’a poussé à couper les ponts avec lui. Nathan y pense encore aujourd’hui, une partie de lui se sent encore coupable de n’avoir rien vu, de ne pas avoir agi avant que les choses n'en arrivent là, mais il ignore encore aujourd’hui réellement l'étendue des séquelles sur sa sœur. Il a été présent au procès, il sait plus ou moins ce qu’il lui a fait vivre, mais lui et Shiloh n’en ont jamais parlé. Il veut se montrer patient avec elle, il ne veut pas la pousser de peur à ce qu’elle disparaisse à nouveau de sa vie, alors il tente de respecter ses choix lorsqu’elle lui annonce ne plus vouloir en parler. ”Tu as le droit de me poser des questions, Nate.” Le problème ce n’est pas qu’il n’a pas de questions, c’est qu’il en a trop et qu’il ne sait pas par où commencer. Pourquoi n’a-t-elle pas appelé à l’aide ? Pourquoi n’est-elle pas revenue à Brisbane ? Combien de temps cela a-t-il vraiment duré ? Toutes ses questions lui tordent le ventre et il se met nerveusement à secouer sa jambe, ce qu’Arlo remarque rapidement. Elle sent sa nervosité et vient poser sa tête sur sa cuisse, alors que sa main vient immédiatement caresser sa tête. ”C’est juste que… Je sais pas vraiment par où commencer.” Avoue-t-il doucement alors que ses yeux se baissent vers sa tasse de matcha devant lui. Il ne veut pas non plus la forcer à revivre tout cela. Peut-être que de recommencer leur vendredi soir ensemble, comme avant pourrait les aider à avancer, à reconnecter, mais il lit clairement sur le visage de sa sœur qu’elle n’est pas certaine. ”On pourrait… Mais tu crois pas que l’on devrait crever l’abcès avant ça ?” C’est au tour de Nathan de laisser échapper un léger soupir et de venir se passer sa main libre sur le visage, l’autre restant sur la tête d’Arlo pour le garder calme. ”Surement… C’est juste je… Je sais que ce n’est pas aussi facile que de simplement le dire mais pourquoi tu n’es pas partie ? Ou alors revenue à Brisbane, j'étais la…” Dit-il alors sans aucune accusation dans sa voix parce qu’il sait que rien de ce qu’elle a vécu n’est sa faute. C’est lui, le monstre qui a fait du mal à sa sœur.

”Je t’aime aussi, Nate, ça n’a jamais changé ça.” Les mots lui serrent un peu le cœur et il sourit tendrement à sa sœur. Malgré tout elle resterait sans aucun doute toujours sa personne préférée au monde, dans le fond il aurait simplement aimé que rien ne les sépare comme cela a été le cas. Tout ce qu’il veut, c’est qu’elle aime bien, qu’elle guérisse que cela l'inclut dans sa vie ou non, même s'il préférerait que ce soit le cas. ”Bien sûr que je vois quelqu’un, je m’en serais jamais sorti sinon. Nate… Tout est déjà en place, y’a rien que tu pourrais proposer de nouveau.” Les mots de sa sœur sonnent un peu comme un reproche à ses yeux mais il n’en dit rien, il hoche simplement la tête. ”Oui, d’accord.” Au moins elle se fait aider, elle avance et c’est tout ce qui compte au final. Bien sûr qu’il aurait aimé faire partie de ce système de support, qu’elle puisse se tourner vers lui, mais il ne peut pas non plus la forcer à quoique ce soit. ”C’est pas quelque chose que je peux oublier en un claquement de doigt, tu comprends ?” Il se retient de venir prendre sa main à travers la table qui les sépare et hoche la tête. ”Non, bien sûr que je sais que tu n'oublieras pas ça aussi facilement, ou même pas du tout, que tu dois sûrement juste apprendre à vivre avec. Je comprends que tu as besoin de temps, mais si jamais tu… Enfin je suis là aussi, si tu as besoin de quoi que ce soit, je veux juste que tu le saches.” Parce que malgré tout, Nathan ferait absolument tout pour sa sœur et si lui ne peut pas oublier ou chasser complètement sa dépression, elle ne pourra jamais oublier son trauma entièrement non plus. ”Je prends soin de moi.” ”C’est l’essentiel. C’est tout ce que je veux pour toi, que tu prennes soin de toi, que tu ailles bien.” Après tout, c'est tout ce qu’il a toujours voulu pour elle. ”Et je sais que… Que les choses sont toujours… Bizarre entre nous, mais tu m’as manqué, et j’aimerais vraiment te voir plus souvent.” Admit-il dans un murmure. ”Mais je respecte ton rythme. Sache juste que si c’est ce que tu veux aussi, alors je suis pas loin.” Il lui offre un léger sourire.

(c) harley & stefansalvatored

i'll be there for you

@NATHAN ATKINS & SHILOH

Elle aurait aimé que la conversation reste légère. Qu’ils ne se soucient que d’échanger des anecdotes à propos de leurs animaux. C’est ce qu’ils auraient pu faire avant. Lorsque tout allait bien entre eux, lorsqu’il n’existait aucun poids, aucun éléphant dans la pièce. Mais il lui était difficile de prétendre que tout se voulait normal. Elle avait parfaitement conscience d’avoir entretenu cette distance. Il lui avait été nécessaire de prendre son temps, de guérir par elle-même avant de se présenter à nouveau au regard de son frère. Il n’était pas question de fierté, la sienne avait a jamais été brisée, mais plutôt un désir de ne pas laisser le poids de ses erreurs se répercuter sur les épaules de son jumeau. Elle n’avait pas toujours fait les bons choix, elle s’en était rendu compte un peu tard, mais aujourd’hui, Shiloh avait à cœur de réparer les pots cassés, qu’importe le temps que cela prendra. Elle était prête à encaisser tous les reproches que Nathan était en parfaite légitimité de ressentir et de lui exprimer. La discussion ne serait pas simple, mais elle était prête à lui répondre désormais, alors que ce n’était pas le cas il y a encore quelques semaines de cela. « C’est juste que… Je sais pas vraiment par où commencer. » Elle ne pouvait que le comprendre, rien de tout cela ne se voulait aisé et il avait sûrement accumulé les questions au fil des années. « Y’en a bien une que tu dois avoir en tête. » Elle n’était plus certaine de connaître son frère par cœur, mais pouvait au moins affirmer cela. Elle savait encore lire ses traits, deviner ses hésitations et ce qu’il cherchait désespérément à dire sans oser le faire. « Sûrement… C’est juste, je… Je sais que ce n’est pas aussi facile que de simplement le dire, mais pourquoi tu n’es pas partie ? Ou alors revenue à Brisbane, j’étais là… » De toutes les questions qu’elle s’attendait à entendre, celle-ci s'apparente à la plus cruelle. Celle qu’elle aurait aimé ne jamais entendre dans la bouche de son frère. « Tu crois que c’était aussi simple ? » Elle ne voulait pas être sur la défensive, mais sa question l’amenait à se reculer malgré tout. Est-ce qu’elle allait réellement devoir expliquer les conséquences de l’emprise à son propre frère ? Est-ce qu’il allait la forcer à se justifier quand elle n’en avait aucunement l’envie ? Elle espérait autre chose de cette conversation et la déception devait commencer à se lire sur ses traits. « T’as pas idée de l’emprise qu’il avait sur moi, de toutes les horreurs qu’il a pu me dire, toutes les menaces qu’il proférait à longueur de temps. » Elle lui en voulait d’être allé aussi facilement dans le jugement. « Je pensais que toi t’aurais pu comprendre… » Elle était blessée et plus vraiment certaine de vouloir poursuivre cette conversation, mais elle devait au moins cela à son frère.

« Non, bien sûr, que je sais que tu n’oublieras pas ça aussi facilement, ou même pas du tout, que tu dois sûrement juste apprendre à vivre avec. Je comprends que tu as besoin de temps, mais si jamais tu… Enfin, je suis là aussi, si tu as besoin de quoi que ce soit, je veux juste que tu le sache. » Elle hocha la tête, parfaitement consciente que son frère voulait tout simplement se montrer présent. Qu’il faisait de son mieux dans une situation qui le dépassait, qu’il n’était pas réellement en mesure de gérer avec la tête froide. « J’ai juste besoin que tu ne me juge pas Nate. » Avait-il au moins une idée de la honte qu’elle pouvait ressentir suite à cela ? Elle n’avait carrément pas besoin qu’on lui fasse des reproches supplémentaires. « Je sais que je te dis que tu pouvais poser toutes les questions que tu voulais et je te répondrais sincèrement, mais ne crois pas que c’était aussi simple que juste partir. » Il lui avait fallut du temps, elle avait eu besoin de comprendre, d’assimiler. Et puis il avait lever la main sur elle et tout s’était chamboulé en un claquement de doigt.

Elle pouvait au moins lui assurer qu’elle prenait soin d’elle, qu’elle était en train de remettre sa vie sur les rails. « C’est l’essentiel. C’est tout ce que je veux pour toi, que tu prennes soin de toi, que tu ailles bien. » Elle restait touchée par son attention, par le fait qu’il n’avait jamais laissé tomber son rôle de frère protecteur. « Je vais à mon rythme, mais je remonte la pente. » Elle pouvait au moins lui assurer cela. « Et je sais que… Que les choses sont toujours… Bizarre entre nous, mais tu m’as manqué, et j’aimerais vraiment te voir plus souvent. Mais je respecte ton rythme. Sache juste que si c’est ce que tu veux aussi, alors je suis pas loin. » Elle lui adressa un sourire timide. « Je serais pas là si je n’avais pas envie de la même chose, Nate. » Il devait au moins être assuré de cela. « Je veux vraiment pouvoir répondre à tes interrogations, tu sais. » Il devait l’entendre, et surtout, elle aimerait qu’il ne se gêne plus autant avec elle. « Et j’ai besoin de savoir comment tu vas, toi aussi. » Elle avait l’impression de ne plus rien savoir de sa vie et ce n’est pas quelque chose avec lequel elle vivait aisément.