Une certaine solitude s’était emparée de Lucas, ces derniers temps. Sa sobriété était devenue sa priorité ; il tenait son journal à jour consciencieusement, y notant ses victoires et aussi ses difficultés. Il s’était aussi replongé dans la musique ; son trombone avait été sorti de sa housse, pour le plus grand bonheur de ses voisins (non). Monter un groupe de jazz était l’une des choses qu’il avait vraiment envie de faire cette année, alors il était temps de s’y remettre. S’il ne savait pas encore tout à fait ce qu’il allait faire de sa vie professionnelle, il avait au moins décidé de faire quelque chose de ses dix doigts. Et quand il avait décidé quelque chose, il avait souvent tendance à s’y consacrer de façon obsessionnelle, d’où la solitude qu’il avait commencé à ressentir. Il s’en était rendu compte ce matin, lorsque, assis sur le sol, entouré de partitions, son téléphone s’était mis à sonner. Il s’en était saisi pour y voir s’afficher le nom de Louis sur l’écran. Depuis combien de temps n’avait-il pas pris de ses nouvelles ? Il s’était alors remémoré leur dernière discussion, dans le même salon où il se trouvait. Le jeune homme lui proposait de se retrouver dans un bar quelques jours plus tard, et l’ancien pompier n'avait pas hésité une seconde avant d’accepter. Il avait réalisé quelques minutes plus tard que le jour de leur rendez-vous tombait également le jour de l’anniversaire de son ami. Le jour venu, Lucas a à la fois hâte et appréhension en se rendant au rendez-vous avec Louis. Il sait que l'anniversaire du trentenaire n'était pas toujours une journée facile, surtout compte tenu des événements passés. Pourtant, il se sent déterminé à rendre cette soirée spéciale pour Louis, même si cela signifiait simplement lui offrir une oreille attentive et une épaule sur laquelle s’appuyer. En entrant dans le bar, Lucas repère immédiatement le brun assis sur un tabouret de bar, une bière à la main. Il esquisse un sourire en réponse au signe de la main de son ami, traversant la pièce pour le rejoindre. « Salut beau gosse, » salue-t-il chaleureusement en arrivant à sa hauteur. « Un london mule pour moi, s’il vous plaît ! », demande-t-il à l’attention du serveur. Après avoir commandé sa boisson, Lucas se laisse tomber sur un siège à côté de Louis. « Happy birthday, mate ! », finit-il par lui souhaiter, en lui tapotant gentiment l’épaule. Il observe son ami pendant un moment, remarquant les traits tirés mais déterminés sur son visage. Il se demande un instant ce qui pouvait bien se passer dans sa tête en cette journée particulière. « Alors, comment ça va depuis la dernière fois qu'on s'est vu ? » demande-t-il, cherchant à briser la glace et à ouvrir la voie à une conversation plus profonde. Il voulait que Louis sache qu'il était là pour lui, peu importe ce dont il avait besoin de parler. Lucas prend une gorgée de son cocktail, laissant un moment de silence confortable s'installer entre eux. Il sait que parfois, les mots ont besoin de temps pour se former, surtout quand il s'agit de sujets délicats comme ceux qui semblaient peser sur Louis ce jour-là.

@Louis Dalton

Lucas s’installe plus confortablement sur son tabouret, appréciant la chaleur de l’ambiance du bar. Il lève son verre pour trinquer avec Louis, avant d’attendre patiemment qu’il réponde à sa question. Il écoute attentivement son ami lui raconter les derniers événements passés. « Mushu, hein ? » dit-il en riant. « J'aurais payé cher pour voir ça. Tu devais être adorable. » Il prend une gorgée de son cocktail, savourant le mélange de gin, gingembre et citron vert. Il ne peut s’empêcher de ressentir une certaine réserve du côté de Louis, mais le pompier fait mine de ne pas la voir. Il ne veut pas brusquer le brun et espère qu’après un verre ou deux, sa langue se déliera d’elle-même. « De mon côté, ça va pas mal. » Il marque une pause, réfléchissant à la meilleure façon de partager les nouvelles sans accaparer toute l’attention. Le mois de janvier avait été un vrai calvaire, suivi d’un mois de février par toujours très simple, mais il avait l’impression ces dernières semaines de s’en sortir à peu près. « Je suis sobre depuis deux mois, bientôt. » Lucas se sent légèrement gêné d’aborder ce sujet, mais il sait que Louis comprendrait. Ils ont toujours été ouverts l’un avec l’autre, partageant les petits et grands moments de leur vie. L’arrêt de sa consommation excessive d’antidouleurs était un pas important dans sa vie dernièrement, et il voulait que son ami soit au courant. « Ça a pas été simple, au début. J’ai fait une grosse crise de manque tout début janvier, un enfer. Heureusement, Olive a débarqué… », explique-t-il, un peu penaud. Il s’interrompit un instant, observant Louis. « J’ai prévu de la revoir dans quelques jours, d’ailleurs. J’avoue que ça me stresse un peu, je sais pas trop si c’est censé être un rencard ou juste un truc entre potes. On a un passif un peu compliqué, elle et moi. » Il rit doucement, tentant de masquer son appréhension. Dire que leur passif était un peu compliqué était un euphémisme. Toutefois, la tournure qu’avait pris leur relation depuis leur dernière rencontre était bien plus qu’inattendue. Lucas pose son menton sur son poing, avant de rediriger son regard avec son ami. « Mais assez parlé de moi. C’est toi la star, ce soir ! », dit-il, avant de reporter son verre à ses lèvres. « Des nouvelles du docteur Mamour ? », demande-t-il, en soulevant un sourcil. Lors de leur dernière conversation, Ruben avait été un sujet prédominant, et Lucas craint que le chirurgien ne soit encore la raison des tourments de son ami. Peut-être qu’il met les pieds dans le plat, mais tant pis !

@Louis Dalton