| What's that urge, that lifted up our longing eyes? • Gabriel |
| | (#)Mar 10 Nov 2015 - 23:02 | |
| En passant les portes de cette université je suis un instant étonné par la beauté du bâtiment. J'avoue que lorsque Gabriel m'a donné rendez-vous ici, je n'aurais pas pensé être face à ce genre de bâtisse. Pendant un instant je repense à Cambridge et les universités que cette ville offre. Ces université là sont sans doute les plus belles qui existent dans ce monde. Rien ne leur arrive à la cheville. Sauf peut-être l'université de Queensland devant laquelle je me trouve. J'avoue que je ne me sens pas totalement dépaysé en passant le portail. Enfin, encore faut-il que je m'y retrouve, ce qui n'est sûrement pas gagné, d'autant que je ne sais pas à quel point les bâtiments sont accessible en fauteuil roulant.
Enfin, je verrais bien. Doucement, je m'avance sur les pavés du chemin et en profite pour observer les alentours, mais aussi pour me préparer psychologiquement à revoir Gabriel. Il est sans doute un des hommes les plus intimidant que je connaisse et pour qui j'ai le plus grand des respect, ne serait-ce que pour ce qu'il a réussi à faire et atteindre durant ses études. Je pourrait limite le prendre pour modele … s'il avait été dans la même branche journalistique que moi. Non, il a juste été mon tuteur en science appliqué. Et je dois dire que j'en ai réellement bavé avec lui.
Il n'a pas été aimable du premier coup. En fait, au début j'avais limite envie de lui dire 'fuck' et de me chercher un autre tuteur, mais j'étais obligé de rester au moins deux semaines avec lui. Il m'en a réellement fait bavé et m'en a fait voir de toutes les couleurs, j'ai souvent enchaîné les nuits blanches. Il m'a presque poussé à bout, à tel point que je me suis un jour évanoui en cours. Fatigue + stresse, tout ça n'a pas fait bon ménage. Mais au final.... je suis resté avec Gabriel. J'ai compris qu'il était quelqu'un qui sait vraiment de quoi il parle et j'ai tellement appris avec lui. Il est d'ailleurs le seul professeur qui s'est inquiété de mon cas après mon accident. Je n'ai jamais répondu à ses lettres, mais je dois dire que malgré tout elles m'ont réellement fait plaisir.
Et quelle ne fut donc pas mon étonnement et ma joie de le retrouver ici, à Brisbane au détour d'un café. Nous avons longuement discuté autour d'un thé, comme les bons anglais que nous sommes. Nous nous sommes échangé des courriels et je lui ai demandé un service. C'est pour cette raison que je viens maintenant. Il m'a donné l'endroit exact où je devais le retrouver. Et je suis pile à l'heure devant les escaliers qu'il m'a indiqué. |
| | | | (#)Mer 11 Nov 2015 - 12:28 | |
| Je suis toujours abasourdi lorsque j'entends mes collègues parler avec mépris de certains de leurs étudiants. La médiocrité d'un élève se partage avec son professeur. Nul n'est bon ou mauvais. Nous avons une part de responsabilité dans l'échec de ceux à qui nous enseignons. Surtout concernant ceux qui sont nos pupilles désignés.
Je me souviens de Nathan Potter lors de notre premier entretien. Je l'avais trouvé très décevant. Non de par ses capacités mais de par son attitude désintéressée. Je n'avais pas le sentiment qu'il souhaitait vraiment s'impliquer or j'avais spécifiquement demandé à n'être assigné qu'à des étudiants motivés. Cependant au cours de notre entrevue j'ai très vite décelé chez lui des qualités inouies. Je pense que lui-même n'en avait pas conscience. J'ai été dur avec ce jeune homme mais je ne le regrette pas. Parce que je suis ainsi avec tous mes étudiants, quel que soit leur niveau. Je ne fais pas de favoritisme. Et surtout je tiens à ma réputation: quels qu'ils soient, moi je me dois de rester à la hauteur. Et je pense avoir fait mon travail correctement avec lui. J'avoue que lorsque j'ai entendu pour son accident, je me suis demandé si je n'avais pas été trop sévère. Mais la vie est telle qu'elle est et nous ne pouvons tout remettre en question constamment.
Je ne pensais jamais revoir cet étudiant qui m'avait tellement surpris lors de son internship avec moi. Je n'ai pas un plaisir particulier à enseigner aux étudiants qui ne sont pas dans le domaine de la science. Mais lui enseigner à lui, le diriger fut une belle découverte. Et le retrouver à Brisbane aussi. J'ai d'abord été déconcerté par sa chaise roulante et puis j'ai vite retrouvé ma prestance habituelle. Ce n'est pas par pitié que j'ai accepté de le rencontrer, je ne fais pas ce genre de choses. Si j'ai accepté, c'est parce que sa requête m'a intriguée.
Je le découvre en bas des escaliers, exactement là où je lui avais donné rendez-vous et à l'heure. Premier bon point, j'aime les gens rigoureux et respectueux. Je m'approche de lui et lui tend la main. "Bonjour Monsieur Potter, je suis ravi de vous revoir." La forme solennelle que j'emploie me semble légèrement déplacée. Nous ne sommes plus dans un rapport étudiant/professeur. Mais je me serais mal vu le tutoyer, ce serait un manque de professionnalisme. Je lui indique le chemin vers les arrières cours qui sont particulièrement fleuries pendant cette période de l'année et il me suit. Une fois arrivés, je m'installe sur un banc en pierre pour être à son niveau et me tourne vers en lui adressant un sourire chaleureux: "En quoi puis-je t'être utile Nathan?" Oui j'ai changé de ton, mais je me sens assez proche de lui et étant donné que c'est un ex étudiant, je pense que moi je peux me permettre d'être moins formel à son égard. |
| | | | (#)Mer 11 Nov 2015 - 14:48 | |
| Lorsque j'arrive aux escaliers, je suis quelque peu soulagé que Gabriel ne s'y trouve pas encore. Je sais qu'il déteste le retard. C'est quelque chose qu'il ne supporte pas et je ne peux que trop bien le comprendre. De toute manière, avec lui 'celui qui est à l'heure est déjà en retard'. C'est pour ça que je suis venu avec 5 min d'avance. D'ailleurs, je suis parti vraiment très tôt de chez moi étant donné qu'en fauteuil roulant dans les transports en commun on ne peut jamais rien prévoir. Il se pourrait très bien qu'un ascenseur soit en panne par exemple. Et c'est dans ces moments là que je me dit qu'une fois que je saurais marcher tout sera tellement plus simple. J'ai tellement hâte de pouvoir me déplacer en béquille. Mais pour l'instant je ne suis pas encore là. Je suis encore en fauteuil roulant et je dois me débrouiller du mieux que je peux. Je ne veux pas de traitement de faveur donc je fais tout pour ne pas décevoir les autres. Je prévois toujours l'imprévisible et je crois que c'est quelque chose qu'il faut absolument apprendre quand on se retrouve dans cette situation, si on ne veut pas être considéré comme boulet. Enfin peu importe.
Je me retrouve donc là, à attendre mon ancien tuteur qui ne tarde pas à arriver. Il me vouvoie, me dit 'Monsieur Potter' et je dois avouer que ça mon déconcerte un peu. La première fois qu'on s'est revu on est rapidement passé au tutoiement. Je trouve le vouvoiement très … déplacé. Mais peu importe. Je lui offre un sourire agréable et chaleureux et lui sert la main qu'il me tends «De même » souriais-je avant d'hocher la tête lorsqu'il me dit de le suivre. Je pousse sur mes roues et nous nous dirigeons vers l'arrière cours. Arrivé là-bas, je laisse Gabriel s’asseoir sur un banc en pierre. Il m'observe puis entre directement dans le vif du sujet. Ce que je fais ici, pourquoi je suis venu le voir et en quoi il peut m'aider.
« Ce … c'est difficile à expliquer en fait» répondais en baissant le regard, liant nerveusement mes doigts. « Je ne sais même pas par où commencer » je réfléchis puis hausse les épaules « En fait, je ne sais d'ailleurs même pas si c'est vraiment ton domaine. Je sais que tu es chercheur en neuroscience mais … bref.» je me passe une main dans les cheveux, mal à l'aise « ça me concerne moi-même » je relève mon regard sur Gabriel «Il y a deux ans, les médecins ont dit que ma moelle épinière était totalement détruite et que donc il serait totalement impossible pour moi de remarcher car les nerfs ne se réparent pas. » je fixe un instant mon regard dans celui de mon ancien tuteur avant de me pincer les lèvres « Est-ce que c'est possible que … qu'ils se soient tromper ? Que plusieurs nerfs peuvent se reconstruire comme ça, an fur et mesure des mois et des années ? » je déglutis puis fait un petit sourire « Désolé, si ce n'est pas de ton ressort … mais c'est vraiment une chose qui me turlupine depuis qu'on m'ait annoncé que je peux remarcher ...» |
| | | | (#)Ven 13 Nov 2015 - 12:35 | |
| Je ne me suis toujours pas habitué à ce que les étudiants déambulent en petite tenue dans les couloirs de l'université. A Cambridge, nous avions des uniformes. Dernièrement le code vestimentaire s'était un peu assoupli mais jamais pour autant nous n'aurions vu une fille se promener en débardeur devant les salles de cours. Après je reconnais que dans les soirées estudiantines, les anglaises ne manquaient pas de montrer une certaine inclinaison à la provocation. Mais cela restait en dehors du cadre universitaire, en dehors du campus même. Je m'essuie le front qui perle à cause e la chaleur suffocante et entraîne Nathan dans une petite cour. J'aime beaucoup la végétation d'ici, c'est un des seuls avantages que je trouve à ces pays chauds: la faune s'y développe de manière très enthousiasmante. Mais c'est bel et bien un des seuls compliments que je me vois disposer à faire à l'Australie. Je rumine intérieurement tout en attendant la réponse de Nathan. Il semble peiner à en venir aux faits et j'attends sans l'interrompre. "Prends ton temps, je t'écoute." Je cherche tout de même à le mettre un peu à l'aise, un simple silence pourrait être discourtois. Je me raidis cependant en l'entendant me tutoyer. D'accord je l'ai fait mais je suis son aîné, son ancien professeur. Cette familiarité de sa part me semble excéder ce qui lui est permis. Je ne dis rien mais une certaine tension m'habite tandis qu'il poursuit son explication. "Je vois." Ca le concerne lui-même, j'imagine par là qu'il désigne sa situation "handicapante" mais je ne sais toujours pas en quoi je peux lui être utile. Et une certaine hostilité à son encontre depuis qu'il m'a tutoyé m'empêche de l'écouter avec toute l'attention que je m'étais promis de lui accorder. J'écoute le diagnostic posé par ses médecins et hoche la tête cherchant à prendre pitié de son sort pour arrêter de m'en tenir à mes préceptes de bonne éducation. Je me souviens que pendant qu'il était mon étudiant, il avait toujours été très correct et très poli. Et dans toutes mes élucubrations internes, soudain j'arrête de divaguer parce que sa voix me saisit et me force à me concentrer presque malgré moi. "Je ne..." Je n'ai pas le temps d'exprimer ma confusion qu'il m'explique le pourquoi de sa question.
Dire que je suis étonné serait vraiment trop faible. Il ne me demande pas de l'aider pour du boulot ni pour un point du passé, il n'a pas besoin d'un conseil, il veut... que je lui dise s'il a le droit d'espérer. Le poids qui s'abat sur mes épaules me fait oublier qu'il y a quelques secondes je lui en voulais de me parler trop familièrement. "Qui t'a annoncé cela?" Je n'ai pas envie de me prononcer tout de suite car je sais que parler sans plus d'informations serait dangereux. "Je comprends que tu veux une confirmation de la véracité de cette possibilité?" J'ai besoin de savoir ce qu'il attend de moi. Et surtout de faire traîner les choses pour réfléchir. Délicatement je pose une main sur son genou "Sens-tu ma main en ce moment même?" J'effectue une légère pression sur la jambe de Nathan. C'est une drôle de question mais je sais où je veux en venir. J'aime utiliser des métaphores pour arriver à mes conclusions, surtout quand mes réponses n'ont aucun fondement certain. |
| | | | (#)Ven 13 Nov 2015 - 18:13 | |
| C'est avec une facilité presque déconcertante que je tutoie Gabriel. Je ne devrais pas, je le sais. Mais il n'est plus mon professeur. Depuis que nous avons eu ce long échange autour d'un très bon thé, je le considère plus comme un ami qu'autre chose. Et je n'ai pas l'habitude de tutoyer mes amis. Et si ça ne lui plaît pas, tant pis pour lui. Je ne vais pas changer vers le vouvoiement maintenant, à moins qu'il ne me le dise expressément. Mais j'oublie bien vite ça lorsque je commence à parler. Et tandis que je parle, je me demande pourquoi je lui dit ça, pourquoi je lui pose ce genre de question. Plus je m'avance dans mes paroles, plus je me dis que ce n'est pas lui qui aura les réponses. Bien qu'il soit chercheur en neuroscience. Est-ce que ça n'englobe pas une partie biologique ? Avec la formation des nerfs et tout ça ? C'est bien ce qui me semble.
Je sens que mes question étonnent réellement mon ami. Il me fixe, gardant une mine neutre sur le visage et ne réagit pas dans un premier temps. Ce n'est que lorsque je fini de parler qu'il se redresse. Mais au lieu de me répondre, il cherche à savoir ce que je veux réellement dire. Qui m'a dit ça ? « Mon médecin. Un neurologue. Un certain Mr. Adamson, qui travail à l'hôpital de Brisbane. Je ne sais pas si tu le connais ...» j'hausse doucement les épaules. La suite ? S'il doit me confirmer la véracité des propos de cet homme. J'incline légèrement la tête sur le côté, hésitant « Je … enfin, si tu as une réponse, ouais. Ouais. Enfin je pense que c'est vrai ce que le médecin me dit mais … voilà » je me sens totalement idiot de ne pas réussir à formuler une phrase correct. D'autant que c'est bien Gabriel qui m'a apprit à le faire.
Il fini par se pencher vers moi et pose une main sur mon genou. Je sursaute et j'ai un mouvement de recule lorsque je sens ses doigts chaud sur ma jambe. J'hoche la tête lorsqu'il me demande si je sens sa main en ce moment même. « Ou … oui. Oui je la sens » je pince les lèvres et déglutis « Enfin, c'est vers le pieds que je n'ai pas de sensation, mais sinon je sens toute ma jambe. Encore plus la gauche » je me penche en avant et fait glisser ma main sur mon tibia gauche. C'est le cas. « De ce côté y a juste le bout du pied et le gros orteil que je sens pas. J'arrive même à lever le pied » je lui fait une rapide démonstration, puis regarde vers ma jambe droite. « Ici par contre, je ne sens pas du tout mon pied. Et j'ai beau essayé, j'arrive pas à le lever » je soupire doucement « Déficit du Nerf sciatique, si je ne me trompe pas»je rigole légèrement « avec tous les noms techniques qu'ils utilisent les médecins... » |
| | | | (#)Sam 14 Nov 2015 - 11:42 | |
| Si je suis prêt à aider mes étudiants dans bien des domaines, il faut avouer que je ne suis pas non plus le professeur le plus altruiste qui soit. J'aime tenir une certaine distance entre mes élèves et moi et j'aime que ma vie privée soit bien délimitée. Cela signifie donc aussi par conséquent que je ne me soucie que rarement de la leur. Mais là, je suis un peu bloqué. Parce que premièrement Nathan n'est plus un de mes étudiants. Deuxièmement parce que c'est moi qui ai été amical avec lui. Et troisièmement et surtout, parce que j'ai accepté de l'aider. Certes c'était par politesse avant tout, mais ce que j'ai fait j'ai fait. Il n'est pas dans mes habitudes de me dérober à mes engagements: je suis un homme de parole. Et je tiens à ce genre de principes.
Je ne connais pas cet Adamson mais son nom me dit quelque chose. Travaillant dans le domaine des neurosciences, j'ai évidemment fait de la recherche dans nombreux domaines avoisinant le mien. Un personne qui veut travailler correctement doit étendre un maximum ses connaissances afin de ne rien laisser passer. "Je ne le connais pas mais cela ne veut rien dire." Par là j'entends que je ne suis pas forcément le plus apte à dire si quelqu'un est bon, et surtout le fait que je ne le connaisse pas ne signifie pas qu'il ne le soit pas. Par contre le contraire aurait été positif: lorsque je connais un professeur ou docteur et que j'en ai de bons échos, mon avis est rarement à mettre à la poubelle. Je suis quelqu'un de très critique et je soigne les opinions que j'émets publiquement. "Les médecins disent tout un tas de choses Nathan..." Ma voix se cale dans ma gorge. Je me suis mal exprimé. Il pourrait comprendre que je pense que ses chances sont nulles. "Je veux dire qu'il ne faut pas s'y fier ou s'en méfier. C'est le métier d'un docteur de faire des pronostics et c'est ton job à toi de te renseigner, c'est naturel." On se rattrape comme on peut.
Je touche son genou et il me répond positivement. S'ensuit un explicatif de ce qu'il a et de ce qu'il ressent. C'est bien plus que ce que je ne demandais et je souris en lui reconnaissant là la fougue de la jeunesse. "Ce que je voulais te dire c'est que le simple fait que tu sentes la pression de mes doigts sur ta jambe est déjà un miracle en soi Nathan. Lors de ton premier examen post-opératoire, les médecins ne pouvaient pas prévoir que tu serais de nouveau sensible au touché. Ils l'espéraient mais n'en savaient rien. Je pense même que certains ont du penser que c'était impossible." Je respire avant de continuer mon explication. "Aujourd'hui, on te prédit que tu pourras de nouveau marcher. C'est bien, c'est un bon point. Mais c'est de nouveau imprévisible. Cependant de la même manière que certains auraient pensé que tu ne pouvais plus ressentir des sensations dans les jambes, d'autres penseront que tu ne peux plus te remettre debout. Cela ne veut rien dire." Et de la même manière, j'aimerais lui dire que les prévisions positives sont aussi à prendre avec la pincette. Mais je n'ose pas avancer tellement. "Mon avis, puisque c'est ce que tu me demandes, restera très objectif si tu le veux bien. S'il est possible que tu marches à nouveau? Oui. A ce stade de la médecine, rien n'est impossible. Tu es un cas très intéressant et un cas qui marche contre les probabilités, excuse mon jeu de mots." Je souris tendrement avant de lui dire "Maintenant que tu reviennes à ton état antérieur ou non ne dépend pas des diagnostics et prognostics de tes médecins ni de ce que je te dis ou non. Cela ne dépend que de toi et de ta force personnelle." Tout se résume à ça en définitive. Je suis spécialisé dans les forces du cerveau, dans leur analyse. Et j'ai bien vu que la détermination était bien plus opérante que la biologie. |
| | | | (#)Sam 14 Nov 2015 - 13:26 | |
| J'en ai marre d'être là, à attendre des réponses et à ne jamais en avoir. J'ai beau demandé aux médecins comme s'était possible que je puisse, d'un coup, à nouveau marcher alors qu'il y a deux ans on disait encore que je devrais passer ma vie en fauteuil roulant. C'est pour ça que j'ai décidé d'aller voir Gabriel et de lui demander à lui, s'il avait peut-être, en temps que chercheur en Neuroscience, une idée de comment on pourrait expliquer ça. Je crois que ça le met mal à l'aise, mais peu importe, je lui pose tout de même la question.
Il me répond quelques autres questions, juste pour être sûr de ce que je lui demande. Je lui répond sans hésitation, lui donnant même d'avantage d'explications que ce qu'ils ne voulait savoir à la base. Au final, il me fait comprendre que les médecins disent un tas de truc, pas toujours vrai, mais qu'il ne faut pas non plus prendre à la légère. J'hoche doucement la tête, lui montrant que je l'ai entendu et que je suis d'accord avec lui. Il touche ensuite mon genou et je lui répond que oui, je sens la pression de ses doigts. La suite est beaucoup plus … incroyable.
Il dit que le simple fait d'avoir des sensations dans la jambe relève du miracle. Je lève mon regard sur Gabriel et l'observe tandis qu'il continue. Il dit que même si on me prédit aujourd'hui que je pourrais de nouveau remarcher c'est à nouveau imprévisible mais pas impossible. J'ouvre la bouche pour lui répondre, mais je sais qu'il déteste qu'on le coupe dans ses paroles, donc je le laisse continuer. Il me dit être persuadé que oui je pourrais à nouveau remarcher car je suis un cas qui marche contre les probabilité. Je souris doucement à son jeu de mot puis hoche la tête lorsqu'il reprend que pour le reste c'est moi et ma force de volonté qui sont en jeu et qui me permettront d'avancer.
«Oui » soufflais-je avant de toussoter légèrement « Oui je pense que tu as raison. Enfin, non je ne pense pas, j'en suis sûr même » je lui souris « Mais enfin … je me suis un peu mal exprimer en fait je me mordille la lèvre inférieure «Je veux dire … je marche. En rééducation et tout, j'ai atteint le stade où je peux me déplacer sur un petit 5 m avec des béquilles. Ce qui est vraiment énorme, compte tenu de … enfin des deux années sans toucher le sol avec les pieds » je lui souris doucement puis soupire «Non en fait ce que je voulais c'était … avoir une approche plus … biologique. Tu vois ? Genre la formation de nerf et tout » je me passe une main sur le visage et dans les cheveux «Je sais qu'un nerf détruit ne se reconstruit pas, c'est ça ? Alors pourquoi … ? Comment est-ce que c'est possible que ma moelle épinière semble s'en être remise ? » C'est peut-être à nouveau un peu trop technique ? Mais de toute manière, je me suis préparé psychologiquement déjà à ressortir de cet entre vue avec encore plus de questions que j'en avais à la base. |
| | | | (#)Dim 15 Nov 2015 - 14:11 | |
| Mon avis n'est certainement pas le plus propice à éluder les questions du jeune homme. Mais il est venu me le demander et il est tout naturel que je lui réponde ou que je fasse de mon mieux. Je dois avouer que je suis déjà très étonné qu'il ait les sens au niveau des jambes si développés. Cela m'aide à ne pas être trop négatif dans ses perspectives de futur. Je ne m'attendais pas du tout à un pareil rétablissement du coup tout me semble possible sans que je n'ose faire d'affirmations à voix haute. Donner trop d'espoirs à quelqu'un peut s'avérer dangereux.
Et c'est là que Nathan m'apprend qu'il marche déjà. "Vraiment?" Je pense que le choc doit se lire sur mon visage bien que je sois doué pour le contenir. Mais une nouvelle pareille m'émerveille et c'est normal. Donc il marche déjà. D'accord... Dans ce cas, à quoi bien puis-je lui servir? "Je ne comprends pas ce que tu veux que je te dise alors?" Je le sonde gentiment. Après tout, l'essentiel est là non? Il est déjà en rééducation! Un point de vue plus scientifique sur le fonctionnement interne de ses muscles et de ses terminaisons nerveuses. Ok, je vois où il veut en venir. "Tu te tracasses pour le futur?" C'est vrai qu'un prompt rétablissement n'assure pas forcément un avenir sans pépin, il pourrait très bien rechuter si la guérison n'est pas parfaite. "Un nerf détruit ne se reconstruit pas. C'est comme un neurone, une fois perdu, nous n'en fabriquons pas de nouveaux." Je marque une petite pause afin de lui expliquer les miracles du corps humains et ses bizarreries. "Nathan, tes nerfs ne pourront jamais redevenir les mêmes. Mais le corps humain tend à l'homéostasie c'est-à-dire à un équilibre pour faire court. S'il te manque certaines fonctionnalités, il va tout faire pour y pallier. Après chaque cors est unique et réagit différemment à ce qu'on lui impose comme condition critique. Est-ce que tu pourras un jour totalement oublier que tu as eu un grave accident? J'en doute. Ton corps en portera toujours certaines séquelles. Mais tu pourras très bien vivre avec elles, ton corps s'y habituera et s'en accommodera tellement bien que tu oublieras qu'il y avait une autre manière de vivre." Je lui souris aimablement. Je ne sais si cela répond entièrement à sa question. L'horloge de l'université fait tourner ses aiguilles et je remarque que ma pause est bientôt à sa fin. "Ai-je répondu à tes questions où est-ce toujours aussi confus pour toi?" Je n'ai pas le sentiment de l'avoir beaucoup aidé. "Ta moëlle ne sera jamais totalement guérie, mais elle pourra fonctionner de sorte que tu n'en ressentiras pas physiquement les conséquences." J'essaie de le rassurer comme je peux. |
| | | | (#)Dim 15 Nov 2015 - 15:00 | |
| Lorsque je lui annonce que je marche et que, finalement, je ne voulais avoir que des explications plus biologique concernant la formation des nerfs et tout ce qui s'y rapporte, l'étonnement de Gabriel est bien visible. Et je dois dire que le fait de voir cet étonnement … m'étonne moi-même. Je veux dire, il n'a jamais été quelqu'un qui montre ce qu'il pense. Il est souvent très discret dans ses expressions, on ne peut que très difficilement savoir ce qui se passe par sa tête. Mais là, il est très clairement étonné par ce que je viens de lui dire. J'avoue que ça me met un peu mal à l'aise lorsqu'il me demande confirmation de ce que je viens de lui dire. Doucement, hoche la tête et souris légèrement en haussant les épaules. «Oui, vraiment » reprenais-je avant que Gabriel ne reprenne la parole.
Il me demande si c'est le futur que je crains. Je le regarde et me mordille légèrement la lèvre inférieure. Comment peut-il avoir aussi raison ? Ç'en est presque flippant. « Oui … oui c'est ça. En fait je … enfin j'ai peur que ce rétablissement ne cache pas quelque chose de … mauvais, tu vois ? » j'esquisse un léger sourire.
Sourire que je perds lorsque Gabriel m'explique qu'un nerf, à l'instar d'un neurone, une fois détruit ne se reconstruit pas. J'hoche doucement la tête. Ça, je ne le sais que trop bien. J'ai cessé de compter le nombre de médecins qui m'ont dit ça. Mais Gabriel, lui, pousse plus fort et creuse d'avantage, m'expliquant que mes nerfs ne redeviendront jamais les même qu'avant. Et puis il me parle de l'homéostasie, que mon corps parviendrait à retrouver un certain équilibre. Je l'observe et l'écoute avec un attention toute particulière. « En somme, mon corps compense un manque par ...autre chose. Genre un tonus musculaire plus fort d'un côté par exemple et … enfin ouais, je crois savoir ce que tu dis » je me redresse un peu « Mais bon, il est possible que la fracture déplacée de ma lombaire n'ai pas totalement endommagé tous les nerfs de la moelle épinière, c'est ça ? » j'incline la tête sur le côté « Mais alors … comment expliquer le fait que pendant deux ans mes jambes étaient comme morte et là, d'un coup, la sensation revient ? C'est vraiment ça que je ne comprends pas. Car si les nerfs n'étaient pas totalement détruit avant, j'aurais du sentir une partie de mes jambes, non ?» Je pose vraiment beaucoup de questions et j'avoue que j'en ai quelque part honte.
D'autant que je pense que Gabriel est pressé. Il n'a pas une longues pause lui. Lorsqu'il me demande si j'ai encore d'autres questions, je secoue légèrement la tête «Non, non rien. Merci beaucoup pour toutes ces explications » je lui offre un plus large et plus sincère sourire « ce … ça m'aide quand même pas mal, je dois dire » |
| | | | (#)Mer 18 Nov 2015 - 17:23 | |
| Donc j'ai tout mal interprété. Je pensais devoir faire attention à ne pas donner trop d'espoirs à un jeune homme, alors qu'en vérité ses espoirs sont déjà réalisés. Maintenant je dois toujours rester assez pragmatique cependant. Car les médecins ont pour tendance, assez naturelle et normale après tout, de confondre un événement positif avec toute une suite de conséquences qui ne vont pas forcément de pair. Je soupire en passant ma main dans ma nuque, cherchant des réponses à des questions qui me semblent toujours assez vagues. J'hoche la tête et lui souris chaleureusement "Je vois oui. Mais de ce point de vue là, je ne me tracasserais pas trop à ta place. Tu dois te dire que peu importe ce qu'il se passera, au moins cela a été accompagné de positif: tu marches à nouveau." Après, je ne peux pas lui promettre que ça ne risque pas de s'envoler par magie tout comme c'est venu, mais cela me semble peu probable. "Si tu respectes un mode de vie assez sain, je ne pense pas que tu encoures de grands risques de ce côté-là. Ceci dit, ici ce n'est plus mon domaine d'expertise." Ce que je dis donc est à prendre avec des pincettes.
Je croise mes doigts tout en regardant le sol pour mieux l'écouter. Regarder autour de nous pourrait me distraire or je tiens à être concentré. Je secoue la tête vivement. "Si ta moëlle épinière était totalement endommagée, tu ne pourrais même pas me parler en ce moment." Je lui souris à nouveau. "Je comprends que tu as peur du futur et c'est assez logique vu ta situation. Mais je t'assure que je pense sincèrement que le plus mauvais est derrière toi. Ta moëlle ne se reconstruira pas. Mais ton corps se substituera aux fonctions qu'elle n'assure plus d'elle-même toute seule. Si elle avait été trop gravement endommagée d'ailleurs, tu ne pourrais même plus bouger un orteil."
Les questions qui suivent me font sourire. C'est assez normal pour un novice de se demander tout cela. Je suis même étonné que personne ne lui ait expliqué avant moi. "Pendant deux ans, ton corps était dans l'état le plus normal qui soit, il recouvrait suite à un choc. Il aurait très bien pu rester dans cet état mais d'une manière ou d'une autre, il a commencé à se réparer. Parfois c'est dû à des chirurgies reconstructrices quand cela est possible, parfois c'est dû à la volonté de la personne, parfois rien n'y fait le corps reste fermé dans une attitude contraire à nos désirs. Il y a ce qu'on appelle les miracles de la médecine et aussi ce que moi j'appelle les miracles lents. C'est à dire que tu n'étais pas vraiment supposé récupérer toutes tes motions motrices mais que tu l'as fait et ce sur une période plus progressive." J'hoche la tête presque admiratif devant la vérité. Il fait effectivement partie des "miraculés".
Je suis content d'entendre que cela l'a aidé. "Je ne suis pas certain d'avoir fait quoique ce soit qui soit réellement utile. Mais je suis ravi de pouvoir t'enlever certains doutes. Et selon moi tu n'as rien à craindre du futur." Je me relève doucement tout en tirant sur la veste en tweed de mon costume pour l'ajuster. |
| | | | (#)Jeu 19 Nov 2015 - 7:40 | |
| Non, ce n'est pas la première fois qu'on tente de m'expliquer le pourquoi du comment je n'ai pas senti mes jambes et pourquoi je n'arriverais plus jamais marcher. J'ai cessé de compter le nombre de fois où j'ai posé la question, je dois dire. Mais au final, c'est bien la première fois qu'on me répond aussi clairement. Bien que Gabriel puisse avoir l'impression de n'être que très vague dans ses explications, je comprends bien plus avec ses mots qu'avec ceux d'un médecin. Ses explications à lui sont totalement fondées et logique.
Si ma moelle épinière avait été totalement détruite je n'aurais même pas put parler. Seule cette phrase là me semble un peu trop capillotracté et carrément fausse. Je secoue doucement la tête. « ça, c'est impossible » affirmais-je «La fracture était au niveau des lombaires. Ce n'est pas de là que sont innervé les systèmes qui font que je puisse parler » un sourire en coin d'affiche sur mes lèvres «Je me suis quand même renseigné un minimum » en moi naît un léger sentiment de fierté. J'ai pu contredire Gabriel ! Ce n'est pas rien.
Enfin, peu importe. Il me rassure ensuite en me disant que si je n'ai pas senti mes jambes pendant 2 ans c'est simplement parce que mon corps avant besoin de temps pour se remettre de ce choc. Liv m'avait dit plus ou moins la même chose lorsqu'elle m'a annoncé la bonne nouvelle, mais sans fondement et sans la même réflexion préalable que Gabriel. Pour ce qu'il en est du futur ? Je n'ai, d'après le professeur, rien à craindre : si j'ai fait ce genre de progrès en si peu de temps, je ne suis pas près à tout perdre.
«en somme, tu me conseil de garder la volonté et la motivation tout en ayant une bonne hygiène de vie, c'est ça ? » demandais-je avant de sourire « Merci Gabriel » le fait que mes progrès n'ont aucun raison à être réversible me rassure grandement. Je dois avouer qu'avec la prise d’otage à la banque il y a quelques temps et le fait que je ne peux toujours pas reprendre la rééducation comme je le voudrais j'ai réellement peur de perdre tout ce que j'ai réussi à obtenir jusqu'ici. Même si, durant la thérapie Esteban me fait faire des mouvements de 'maintient en forme' ce n'est pas la même chose que de marcher. Mais dès la semaine prochaine on attaquera en parallèle la rééducation de mon épaule et je pourrais à nouveau appuyer comme je voudrais sur mon bras. Heureusement qu'aucun os ou articulation n'aient été touchés !
«Enfin ouais, je ne vais pas te retenir plus longtemps hein » souriais-je en poussant sur mes roues pour reculer et lui laisser de la place pour se lever «a une prochaine » lui disait-je en lui tendant la main. Tout en serrant légèrement ses doigts, je regarde furtivement autour de moi « Dit, c'est gênant si je reste encore quelques instants ici ? Profiter encore un peu de la cour et tout ça ... » |
| | | | (#)Dim 22 Nov 2015 - 16:05 | |
| Quand Nathan me reprend sur sa fracture je suis momentanément déstabilisé. Puis je réalise qu'effectivement si l'on parle de sa fracture spécifiquement et de la lombaire, les fonctions de la parole ne sont en rien concernées. Je secoue la tête en essayant de ne pas m'agacer de son sourire en coin. "Je faisais référence à la moëlle épinière en général Nathan. Si effectivement elle avait été totalement endommagée, tu serais complètement paralysé et de par là tu ne pourrais plus parler non plus. Mais dans ton cas spécifique ce n'est pas le propos effectivement. Or c'était justement ce que j'étais en train de te dire." Après tout c'est lui qui m'avait demandé l'étendue des dégâts. Mais ce n'est pas vraiment très important, l'essentiel c'est qu'il se sache hors de danger.
Je l'écoute attentivement et hoche la tête lorsqu'il me demande si je maintiens mes conseils tels quels. "Oui, une bonne hygiène et de la détermination." Je lui adresse un petit clin d'oeil amical. Je suis sûr qu'il parviendra à reprendre une vie tout à fait normale. Ses progrès ne m'en laissent pas douter. Je me lève et il se décale pour me laisser passer. J'aime la politesse et il n'en manque pas, je lui souris à nouveau. Il me tend la main et je l'empoigne avec force comme à mon habitude. J'allais lui proposer de m'accompagner jusqu'au hall d'entrée afin de parler encore un peu avec lui mais j'admire son envie de rester encore un peu ici. La cour est effectivement très jolie. "Non, évidemment. Reste tant que tu veux, l'université est un bâtiment public, tu as le droit d'y rester sans soucis." Je lui souris aimablement et prend congé de mon jeune ami. C'est étrange, je me sens très heureux d'avoir parlé avec lui. Son cas est tellement particulier. Il me ramène des années en arrière mais en même temps il me montre un certain contraste. Il y a de l'espoir. Même pour des cas très sensibles et quasiment improbables, il y a de l'espoir. J'essaie de ne pas penser à Constance en me faisant cette réflexion mais c'est impossible de ne pas y penser. Et si elle pouvait elle aussi être ma paralysie qui revenait à la normale? J'entre dans le hall, jette un dernier coup d'oeil derrière moi et fais un petit signe de la tête à mon ami avant de tourner le coin et de le perdre de vue. Je regarde m'horloge mural qui annonce 13h07 et je commence à accélérer le pas, heureusement que j'ai le quart d'heure académique pour me justifier!
SORTIE DU PERSONNAGE
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| | | | | | | | What's that urge, that lifted up our longing eyes? • Gabriel |
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