Faith avait été appelé en renfort par Diego à l’hôpital pour l’aider avec un nouveau cas de cancer chez une petite fille de cinq ans. Elle n’avait su que le matin même qu’elle devait faire face à ce nouveau défi. Elle aimait normalement être avisé d’avance, surtout lorsque c'était un enfant pour être capable de se faire à l’idée, de mettre en place ses mécanismes de défense et de gestion de ses émotions. Être présente à l’annonce de la découverte d’un cancer chez quelqu’un appartenant à la clientèle pédiatrique venait toujours la chambouler. C’était difficile pour elle de penser à l’éventualité d’un décès chez un jeune patient et même si elle tentait de garder une certaine distance avec eux, elle ne pouvait s’empêcher de s’attacher à eux. La plupart était d’une force et d’une résilience extraordinaires. Ils étaient si petits, mais en même temps si forts. Son travail était d’être présente pour accompagner tout le monde de la famille éprouvée. Elle ne travaillait pas pour l’hôpital, mais son rôle dans l’association Beauregard l'amènent à collaborer avec les médecins de St-Vincent’s lorsqu’ils savaient que les patients et la famille auraient besoin d’un soutien supplémentaire que celui offert à l’hôpital. Elle avait été chanceuse. La rencontre s’était bien déroulée. Les parents de la petite Mila s'attendaient à ce diagnostic et ils étaient prêts à tout mettre en place pour que les traitements se passent bien. La petite en question ne semblait pas comprendre totalement ce qu'impliquerait sa maladie, mais semblait contente que les médecins aient enfin trouvé ce pourquoi elle ne se sentait pas bien depuis quelque temps. Faith n’avait pas eût à faire une grosse intervention dur sur son moral. Elle avait été une oreille attentive pour écouter leurs craintes et elle leur avait expliqué ce que pouvait leur offrir l’association. Elle était plutôt confiante de les revoir dans son bureau prochainement. C’est quand même avec l’esprit un peu tourmenté qu’elle emprunta le couloir de l’hôpital pour retourner dans les locaux de l’association. Elle devait aller ouvrir le dossier de Mila, décrire ce qui s’était passé dans leur rencontre. Un homme la sortit de ses pensées lorsqu’il sortit soudainement d’un local à sa droite. Elle s’arrêta brusquement, réussissant de peine et misère à conserver ses papiers dans ses mains. « Désolé… » Cette voix, Faith la connaissait, mais ne réussissait pas à relier à quelqu’un. L’homme releva la tête et enleva sa casquette. Elle reconnu immédiatement Joaquin. Un sourire étira son visage. « Faith… Comment vas-tu ? » Elle ne l’avait pas revu depuis qu’elle avait été porté de la nourriture à la caserne de pompier avant l’ouragan. « Je vais bien et toi ? » En posant sa question, elle se rendit compte que Joaquin avait l’air fatigué, qu’il avait le teint pâle et que ses cheveux étaient clairsemés. Elle releva les yeux et constata qu’ils étaient devant la porte du service d’oncologie, plus précisément de l’endroit où les gens recevaient leur chimiothérapie. Elle ne peut empêcher l’inquiétude se lire dans ses yeux. Toutefois, elle ne posa pas de question à Quino, lui laissant le choix de lui dire ou non s’il avait le cancer. Elle ne voulait pas lui imposer de lui dire si ce n’était pas ce qu’il désirait.

Normalement, Faith ne travaillait pas à l'hôpital. Elle trouvait cet endroit lourd, chargé de mauvaises émotions et elle avait de la difficulté à créer un lien adéquat avec sa clientèle. Elle préférait son bureau à l’association, l’ayant décoré pour qu’il soit le plus chaleureux possible. Ça lui permettait d'être plus calme et plus attentive. Déjà, qu’elle ait choisi de travailler avec des gens qui étaient touchés de près ou de loin par le cancer remuait souvent des émotions chez elle qui pouvait être difficile à gérer, elle préférait être dans un environnement où elle se sentait bien. Toutefois, il y avait des fois où elle n’avait pas le choix d’y mettre les pieds, comme aujourd’hui. Tomber sur Joaquin ne faisait pas partie de ses plans par contre. L’homme ne semblait pas être super ravi non plus de la voir. Clairement, il ne s’attendait pas à la rencontrer à cet endroit et de la manière dont il était accoutré, avec sa casquette bien vissée sur la tête, il ne voulait pas être reconnu de quiconque. Faith n’avait pas pu résister à l’envie de l’interpeller. « Tu as le temps pour un café ? Je pense qu’il y a des choses dont je dois te parler… » Faith hocha de la tête à la positive. Elle avait un sourire doux, compréhensif sur le visage. La douleur de savoir que Joaquin avait un cancer lui tordait les entrailles, mais elle refusait de le laisser transparaître. Elle ne souhaitait qu’une chose et c’était d’être présente pour lui comme il l’avait été lors de ses fausses couches, lors de son hystérectomie. Elle l’avait repoussée à un moment et elle comprendrait qu’il fasse de même, ne pouvant pas lui obliger d’accepter sa présence, mais il devait savoir qu’elle serait là s’il le souhaitait. « J’ai tout mon temps. Tu veux qu’on aille à la cafétéria ? Dans un petit café non loin d’ici ou encore chez moi ? » Elle lui offrait différents choix puisqu’elle voulait surtout qu’il soit à l’aise. C’était important pour Faith que Joaquin se sente bien et ne se sente pas pousser à dire ou faire quelque chose qu’il ne voulait pas. « Je crois que je n’ai pas besoin de te faire un dessin… » La confirmation du diagnostic de Joaquin lui fit l’effet d’un coup de couteau dans les entrailles. Bien qu’elle avait deviné qu’il avait un cancer, elle avait encore jusqu’à maintenant l’espoir qu’il était venu voir quelqu’un qui avait un traitement et que ce n’était pas lui le patient en cancérologie. La tristesse passa dans ses yeux avant qu’elle se ressaisisse. Elle avait plein de questions, mais ne voulait pas être intrusive. Elle plaça une main qu’elle voulait réconfortante sur l’avant-bras de Joaquin. « Tu sais, tu n’es pas obligé de m’en parler si ce n’est pas ce que tu veux. » Elle trouvait injuste qu’il ait à passer au travers de cet épreuve. Elle avait de la difficulté à croire qu’il y avait vraiment un dieu quelque part lorsqu’elle voyait de si bonne personne souffrir. « Ça fait longtemps que tu le sais ? »