new beginnings
@Primrose Wheeler + Willow Storm
lieu: résidences, redcliffe.

C’était presque épatant de voir que ta vie ne tenait pas à grand-chose. Quelques sacs remplis de linges que tu portes depuis bien trop longtemps, tes moyens ne t’ayant jamais réellement permis de te faire une nouvelle garde-robe à chaque saison, un sac rempli de cahiers à dessins dont tu n’avais pas envie de te défaire et quelques bric-à-brac que tu gardais sans trop savoir pourquoi. Ton appartement n’avait pas été très long à vider, et si tu avais été en mesure de te distraire bien assez pendant les préparations, tu devais admettre que le chemin entre ton appartement minable et celui dans lequel tu allais t’installer, au sein d’une colocation, avait suffit à ce que ton anxiété monte en flèche. Tu n’avais jamais vécu avec personne d’autre que ta mère et ta sœur, et tu ne pouvais pas dire que l’expérience en était une dont tu avais appris de bonnes choses, si ce n’est quoi ne pas faire au sein d’un environnement de vie partager. Ta mère n’avait jamais su comment s’occuper d’une maison, et tu avais fait de ton mieux pour apprendre comment, pour offrir un environnement moyennement sain à ta sœur une fois qu’elle vous avait rejoint, mais tu étais loin de ce qu’on pouvait appeler une fée du logis. Tu espérais seulement que tu fasses l’affaire au sein de la colocation. Tu ne savais pas réellement à quoi t’attendre, aucune idée de ce qu’on groupe de quatre filles pouvait bien faire ensemble, toutes sous le même toit. Les seuls exemples de colocation que tu connaissais, tu les tirais des films et des sitcoms américaines, et quelque chose te laissait croire que la vraie vie était loin d’être si comique (ou dramatique, selon les shows choisis) et actif, mais tu ne pouvais t’empêcher de rêver de quelque chose de si différent de ce que tu avais connu jusqu’à maintenant. Tu n’avais pas pu connaître ce genre de renouvellement à ta vingtaine, quand tu pensais prendre ton envol loin de Brisbane, mais peut-être bien que c’était enfin ta chance, maintenant que tu étais à l’aube de la trentaine. C’est avec la peur au ventre que tu gares ta voiture devant l’immeuble qui deviendra bientôt le tien, et tu remercies l’univers de ne pas avoir à attendre après l’une de tes potentielles colocataires pour rentrer. Sara, celle qui t’a fait visiter, t’avait déjà donné un double des clés pour que tu puisses venir t’installer dès que tu t’en sentais prête. Tu ne savais pas si quelqu’un était présent dans l’appartement lorsque tu avais tourné la clé dans la serrure, le bruit de la porte qui s’ouvre et se referme derrière toi et tes sacs les seuls bruits dans la pièce. Ton souffle est court lorsque ton regard se perd de part et d’autre sur l’appartement, peinant à croire que c’est dans un environnement si grand, si éclairé, qui sent l’air frais et non le renfermé qui allait désormais être ta maison, ta demeure, ton chez-toi. Tu es encore figée dans l’entrée lorsque tu aperçois une jeune femme qui sort d’une autre pièce, possiblement sa chambre. « Oh, allô. » que tu commences, d’une voix qui te semble si différente de celle que utilises normalement. Ce n’est pas Sara, tu la reconnaîtrais, et comme elle t’avait dit que Dina, la propriétaire de l’appartement était partie à l’extérieur de la ville, tu présumais que la jeune femme devant toi devait sans doute être celle qui venait d’emménager, peu de temps avant toi. Malheureusement, son prénom t’échappait complètement et tu semblais avoir oublier comment interagir normalement avec une inconnue/nouvelle colocataire/personne de ton âge parce que franchement, on ne pouvait pas dire que tu avais eu les meilleurs repères sociaux qui soient. « Désolée, eh, j’espère que je te dérange pas. Moi c’est Willow. » que tu commences, maladroitement. « Je suis la nouvelle colocataire. » Tu es hésitante à savoir si tu dois lui tendre la main ou non, alors tu lui offres plutôt un maigre signe de la main, qui témoigne sans doute un peu trop d’à quel point tu es inconfortable présentement.