Le soleil et la chaleur l'avaient amené à sortir de chez toi avec Emilia pour l’apporter dans un parc non loin de chez Clarence où il y avait des jeux d’eau. Tu avais préparé un sac avec une bouteille d’eau pour chacune d’entre vous, une serviette pour Emilia, ses souliers d’eau, la crème solaire ainsi que son chapeau, tu l’avais fait monter sur son petit vélo pour ensuite vous diriger vers le parc en question. C’était un endroit que tu avais trouvé il y a quelques jours en te baladant un soir où tu ne travaillais pas et que tu avais besoin d’air. Jonathan te reprochait de plus en plus de ne pas être assez présente, de travailler plus souvent qu’autrement et qu’il voulait que tu sois avec lui plus souvent pour le bien de votre couple qui n’était encore qu’aux premiers balbutiements. Tu savais qu’au fond, il avait raison, mais tu ne pouvais te résoudre à dire non à Clarence lorsqu’il te demandait de rester plus longtemps ou encore de rajouter une journée dans ton planning. Tu aimais vraiment passer ton temps avec Emilia et tu ne te voyais pas l’obliger à se trouver une autre personne pour rester avec la fillette. De plus, tu aimais les moments que vous passiez tous ensemble également. Tu ne comprenais pas encore exactement la place que prenais celui qui devait n’être que ton patron à la base, mais tu avais besoin de sa présence. Il t’apaisait alors que tu pouvais être un vrai moulin à parole. Tu aimais cette manière dont vous aviez de vous taquiner les deux, comme si vous vous connaissiez depuis toujours.
Tu étais posé sur un banc à surveiller doucement Emilia qui jouait dans les jets d’eau avec d’autres enfants. Tu avais un sourire bienveillant sur les lèvres, un peu à la manière d’une mère. Tu n’avais jamais eût l’intention de remplacer Emma auprès de sa fille. Tu n’avais que le désir d’être une personne ressource pour elle, quelqu’un à qui elle pourrait avec une confiance aveugle et tu avais l’impression que tu étais sur la bonne voie. Elle te donnait également la force d’être une meilleure personne, de tenter de te surpasser, de te voir un peu plus comme tu l’étais vraiment et t’aider à avoir une meilleure estime de toi. Quelques secondes perdues dans tes pensées avaient suffit à ce qu’Emilia sorte de ton champ de vision. Ton coeur se mit à battre rapidement dans ta poitrine. Trop rapidement. Tu ne pouvais pas l’avoir perdue, tu ne t’en remettrais pas. Tu te levas rapidement de ton banc, scannant les alentours du regard. Tes yeux tomba sur la fillette de 6 ans, en train de parler avec une femme blonde, posé sur une couverture de pique-nique avec trois enfants en bas âge. Tu te dirigeas rapidement vers elle, la min sur la coeur. ”Ma coccinelle, tu m’as fait peur. Tu dois m’avertir avant de t’éloigner.” Bien que tu t’étais inquiétée, tu n’avais pas haussé le ton. Tu avais été douce pour seulement lui expliquer ce qu’elle devait faire la prochaine fois qu’elle voudrait aller voir quelqu’un. Tu te retourna vers la femme avec un sourire au visage. ”Emilia aime beaucoup les bébés. J’espère qu’elle ne vous a pas trop embêté.”

Si l’hiver à Torquay avait tendance à être frais, à la limite du froid demandant de s’envelopper sous quelques couches supplémentaires de vêtements, tu n’étais pas sans savoir que l’hiver à Brisbane était bien plus doux, faisant même des jours plus frais une bonne opportunité pour sortir les enfants, faire le tour des parcs et simplement profiter de cette belle journée de juillet. Une dizaine d’années passées à Brisbane maintenant, et même après tout ce temps, tu ne cessais de te surprendre du manque flagrant de changements de saisons. Sortir de la maison demandait toujours une organisation de haut niveau, quelque chose avec laquelle tu étais désormais bien familière, maintenant que Maia avait deux ans déjà et que les jumeaux allaient souffler leurs premières bougies dans quelques semaines à peine. Il y avait eu de nombreux moments où tu ne pensais que tu t’en sortirais, où les journées te semblaient interminables, les nuits trop courtes, les journées trop longues, pas assez de mains pour t’occuper de tout ton petit monde. Mais les routines s’étaient installées tranquillement, la prédictibilité des journées t’aidant, mais aidant surtout tes petits humains qui dépendaient complètement de toi. Tu avais encore l’impression de n’être qu’une maman de la tête aux pieds, mais les moments où tu retrouvais des morceaux de toi, de celle que tu étais en dehors de ce rôle qui était tien 24 heures par jour, se faisaient de plus en plus fréquents, et tu te réjouissais de ces changements. À la maison, Isaac allait mieux de jour en jour, et peut-être que ça aussi, ça te permettait de prendre un peu plus de temps pour penser à toi et toi seulement.

Aujourd’hui toutefois, tu es pleinement dans ton rôle de mère, quand les bruits d’enfants se font entendre un peu partout autour de vous, dans le parc où s’accumulent enfants et parents qui jouent, crient et pleurent en tandem. Tu t’es installée dans un coin plus calme, les jumeaux assis sur une couverture à s’échanger des morceaux de sandwich entre deux rires, Maia assise sur tes genoux en te racontant une histoire dont tu ne comprends ni le début ni la fin, mais à laquelle tu réponds avec de gros hochements de la tête et des sourires, au grand bonheur de ta petite starlette. Jude quant à lui, court un peu plus loin, sous les jeux d’eau, heureux d’avoir croisé un ami qu’il s’est fait à l’école. Ton attention se divise autant que possible entre les quatre petites têtes, profitant des moments avant que l’un ou l’autre ne se mette à pleurer, une finalité inévitable avec tes tous petits. « Comment ils s’appellent? » vient te demander une jeune fille qui semble avoir l’âge de Jude, ses doigts pointant vers les jumeaux qui babillent ensemble des mots qui ne sont compréhensibles que pour eux. « Mila et Jack! » répond avec force et certitude ta fille, toujours aussi fière de présenter son frère et sa sœur. « Et toi, comment tu t’appelles? » que tu demandes à la jeune fille, ton regard analysant rapidement le parc, à la recherche de l’adulte responsable pour elle. La gamine n’a pas le temps de répondre qu’une jeune femme s’approche de vous à toute vitesse, et tu en déduis qu’il s’agit sans doute de la maman. « Ma coccinelle, tu m’as fait peur. Tu dois m’avertir avant de t’éloigner. » Tu ne pouvais que comprendre l’appréhension de la brune, ayant eu cette même discussion avec Jude il n’y a pas si longtemps. « Emilia aime beaucoup les bébés. J’espère qu’elle ne vous a pas trop embêté. » « Pas du tout. Maia était simplement très fière de présenter son frère et sa sœur. » À l’entente de son prénom, Maia se défait de ton étreinte et approche les nouvelles venues, les étudiant sous un air curieux. S’il y avait bien une chose que ta fille avait hérité de toi, c’est l’absence complète de gêne avec les inconnus et l’envie de se faire voir, en tout temps. « Balançoire? » que Maia demande à l’égard d’Emilia, espérant que sa nouvelle amie instantanée aura envie de la pousser un peu, tâche qui était souvent celle de Jude normalement. « Ça vous gêne pas? Je pense que Maia vient de se faire une nouvelle meilleure amie. » que tu avoues alors que ta fille tire sur la main de la fillette, cherchant toute son attention.

Le plus proche que tu avais été de petits humains était dans ton rôle de tante avec la fille de Jackson. À ton plus grand malheur, tu n’avais jamais vraiment su t’y prendre avec elle et encore moins depuis que ton frère était décédé. Elle était maintenant adulte et son visage te rappelait trop celui de Jackson, décédé, remuant constamment le couteau dans la plaie béante qu’avait laissé son départ. Avec Emilia, tout était différent. Tu avais sauté à pied joint dans ton rôle de nounou sans trop te poser de question. La connexion avec l’enfant avait été instantanée et ton nouveau boulot, à temps partiel au début, avait fait naître en toi cet instinct maternel que tu n’avais jamais vraiment développé. Toi qui n’était pas du tout organisé normalement, tu faisais maintenant les préparatifs pour les journées d’école sans rien oublier, le sac pour les escapades au parc en pensant aux moindres détails. Tu t’épanouissais tranquillement à son contact, oubliant tes tracas et les difficultés que tu pouvais traverser. C’était sans doute la raison pour laquelle tu ne souhaitais pas prendre de vacances alors que Clarence t’avait dit de lui communiquer les dates auxquelles tu souhaitais avoir une pause. La vérité était que ta vie tournait maintenant autour de cette enfant et que tu trouvais ça très bien comme ça.
Alors lorsqu’Emilia sortit de ton champ de vision, bien sûr que ton coeur s’était arrêté. Tu ne pouvais pas t’imaginer la perdre. Par chance, tu la retrouvera rapidement avec une femme qui était entourée de trois jeunes enfants. Tu te levas rapidement et accéléra le pas pour le rejoindre. Cette dernière avait un visage doux et ne semblait pas embêtée par la présence d’Emilia. « Pas du tout. Maia était simplement très fière de présenter son frère et sa sœur. » Un sourire prit place sur ton visage en regardant les deux bébés qui étaient très certainement jumeaux et la fillette qui semblait avoir autour de quatre ans. Tu n’eu pas le temps de prendre parole que cette dernière s’approcha d’Emilia. « Balançoire? » Celle que tu surnommais ta coccinelle hocha la tête puis te regarda pour te demander ton approbation. « Ça vous gêne pas? Je pense que Maia vient de se faire une nouvelle meilleure amie. » Tu hocha la tête à ton tour en t’adressant à Emilia. « Bien sûr, allez-y, mais vous ne vous éloignez pas hein. Et s’il y a quoi que ce soit, venez nous chercher. » Emilia te fit un câlin avant d’attraper la main de la dénommée Maia et l’apporta vers la balançoire. Tu la couvait d’un oeil attendri, ne pouvant s’empêcher de la trouver mignonne lorsqu’elle s’occupait de plus jeune qu’elle. Tu te retourna vers la mère des trois enfants. « J’m’appelle Ethel. Emilia ne parlera que de votre fille ce soir, j’en suis certaine. Vous venez souvent dans ce parc ? » Tu essayais de te souvenir si tu avais déjà vu cette femme auparavant.

sun is shinning, weather is sweet
@Ethel Hartfield + Penny Stringer
lieu: oates park, logan city.

Tu enviais la facilité avec laquelle ta fille était en mesure de se faire des amis. Si tu te fiais à ce que tes parents te disaient de toi à son âge, tu agissais exactement de la même manière, un sourire toujours collé sur les lèvres et l’envie de parler avec tout le monde et son voisin aussi. Aujourd’hui, on ne peut pas dire que tu sois aussi avenante que tu pouvais l’être enfant. La vie et le milieu dans lequel tu as évolué t’ont rendu plus prudente, plus fragile, mais surtout plus sur tes gardes. Pas ici toutefois, pas alors que la petite fille qui s’ajoute à ta tribu semble sincèrement curieuse en approchant les jumeaux, avant de tourner son attention sur ta plus vieille. Tu n’as pas besoin de chercher longtemps dans le parc avant de découvrir à qui appartient la petite fille, une jeune femme s’approchant à la presse de votre groupe. Tu la rassures aussitôt que sa fille ne vous dérange pas, bien au contraire. Tu n’as pas le réflexe de te méfier des enfants, et tu n’espères jamais en arriver là un jour à l’être. Tu aimes que la communauté de Brisbane te permette de vivre ta vie de jeune maman sans trop de pression, sans l’impression que tes moindres mouvements sont suivis par des paparazzis zélés ou des fans qui sont justement un peu trop fanatiques. Ça aide que la jeune femme devant toi ne semble pas savoir qui tu es, ou bien si elle le sait, elle le camoufle très bien. Maia espère avoir le droit d’aller se balancer, chose que tu lui permets si Emilia en reçoit elle aussi la permission. Les balançoires ne sont qu’à quelques mètres d’où tu t’es assise avec les jumeaux et Jude n’est pas loin dans les glissades, tu sais que tu n’as rien à craindre. « Bien sûr, allez-y, mais ne vous éloignez pas hein. Et s’il y a quoi que ce soit, venez nous chercher. » Maia et Emilia acquiesce d’un hochement de la tête commun, et Maia n’attend pas plus longtemps pour tirer sa nouvelle amie avec elle vers son jeu de prédilection. Emilia ne semble pas du tout gênée de suivre les consignes de ta petite boss des bécosses, et tu es attendrie par l’image. « J’m’appelle Ethel. Emilia ne parlera que de votre fille ce soir, j’en suis certaine. Vous venez souvent dans ce parc? » Tu hoches doucement la tête, alors que les jumeaux continuent de se chamailler pour les quelques jouets que tu as mis autour d’eux. « On se promène souvent de parc en parc. Avec quatre enfants à occuper, j’avoue que le changement est souvent de mise. » Comme ça, ils ne peuvent pas se plaindre que vous faites toujours la même chose, bien que ce ne soit pas réellement le genre de Jude et que les trois autres sont encore trop petits pour former une telle opinion. « Moi c’est Penny. Voulez-vous vous asseoir? J’ai emmené assez de nourriture pour nourrir une armée au complet. » que tu lui avoues, lui faisant signe de prendre place à tes côtés si elle le souhaite. Tu sortis de ton panier de nombreux contenants dans lesquels se trouvaient un assortiment divers de fruits et de biscuits, ainsi que des petits jus. « Votre fille a quel âge? » Elle semblait avoir l’âge de Jude ou dans les environs, si ça se trouve, peut-être qu’ils allaient à la même école.

Tu n’avais pas l’habitude des nouvelles rencontres. Bien sûr, tu adorais parler aux gens dans la rue, leur faire un sourire, s’attarder à un sans-abri alors que tu te penchais pour mettre quelques pièces dans la canne à leur pied, mais c’était toujours des gens qui allaient et venaient. Ce n’était jamais des gens qui seraient significatifs dans ta vie. Toutefois, l’année 2024 semblait être différente cette fois. Tu avais rencontré Catarina qui était bien vite devenu ton inséparable, Clarence, qui était maintenant beaucoup plus que ton patron, Emilia que tu aimais comme tu ne savais pas que l’on pouvait aimer un enfant et maintenant, cette femme blonde qui était assise au sol avec ses enfants dans un parc. Tu ne le savais pas encore, mais ce ne serait pas la dernière fois que tu la croiserais. Toutefois, voir Emilia quitter en direction des balançoires avec la jeune Maia te faisait chaud au coeur. Tu savais que la jeune fille se sentait parfois seule à la maison même si tu faisais tout en ton pouvoir pour lui organiser des activités toutes plus amusantes les unes que les autres. Tu ne pouvais pas imaginer ce que c’était de grandir dans une maison où tu étais la seule enfant puisque tu avais grandi avec trois frères. Tu essayais donc de créer plusieurs occasions où Emilia pouvait s’amuser avec d’autres enfants. Tu ne te mélangeais toutefois pas souvent aux autres parents puisque tu avais souvent l’impression d’être une imposteure au travers de ces mères qui tentaient d’élever leur enfant. Ça te rappelait souvent brutalement que toi, tu n’en avais pas d’enfant et que tu pouvais sortir de la vie d’Emilia et de Clarence aussi rapidement que tu y étais entrée. « On se promène souvent de parc en parc. Avec quatre enfants à occuper, j’avoue que le changement est souvent de mise. » Un sourire compatissant apparut sur ton visage. Tu laissas glisser ton regard sur les deux jeunes enfants qui jouets sur la couverture que leur mère avait placée au sol. « Je n’en doute pas. J’ai juste Emilia et je dois souvent renouveler mes idées d’activitées sinon je me le fais dire assez rapidement qu’on fait toujours la même chose. » Tu laissas échapper un petit rire. En même temps, tu adorais rechercher sur internet des nouvelles expérimentations. Tu t’assurais toujours que ce que tu lui faisais faire avait un côté éducatif également. Tout savait toutefois que de t’occuper d’un seul enfant n’était rien à côté du défi de s’occuper de quatre. « Moi c’est Penny. Voulez-vous vous asseoir? J’ai emmené assez de nourriture pour nourrir une armée au complet. » Tu jetas un regard où tu étais assise juste avant qu’Emilia prenne la poudre d’escampette. « Je vais seulement aller chercher mon sac et je reviens. »Alors que tu te dirigeais vers le sac en question, tu réfléchissas au meilleur moyen de refuser la nourriture qu’elle t’avait offerte. Tu n’avais pas prévu de faire face à ce genre de défi en allant seulement au parc. Après seulement une minute, tu étais revenue et tu avais prit place au sol, à côté des jumeaux. Tu décidas de ne pas reparler de la nourriture, de continuer la conversation comme s’il y en avait jamais été question. « Faites-moi plaisir, tutoyez-moi, ce sera plus simple. » Tu détestais te faire vouvoyer. Passer les trente ans avait été difficile pour toi et ce simple geste de politesse te rappelait tous les jours que tu vieillissais rapidement. « Votre fille a quel âge? » Un petit sourire prit place sur tes lèvres. « En fait, Emilia n’est pas ma fille. Je suis sa nounou depuis un petit moment maintenant. Elle a six ans. Et vos enfants ? » Tu t’étais tellement bien intégré chez les Aldridge que tu avais l’impression d’être parmi eux depuis toujours en fait alors que ça ne faisait que quatre mois.

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« Je n’en doute pas. J’ai juste Emilia et je dois souvent renouveler mes idées d’activités sinon je me le fais dire assez rapidement qu’on fait toujours la même chose. » Tu ne pus t’empêcher de rire au commentaire rapporté par la jeune femme. Emilia, qui semblait avoir environ le même âge que Jude, sonnait exactement comme ce dernier et c’était toujours un léger soulagement que de réaliser que tes expériences avec tes petits humains étaient universelles. Que tu étais loin d’être la seule à te prendre un peu trop souvent des commentaires franchement honnêtes à la gueule, que les petits pépins du quotidien qui te paraissaient si gros parfois n’étaient en réalité que des petites péripéties qui n’avaient rien de bien originales. « C’est ce qui est bien quand ils sont encore petits, on s’en sauve plus souvent avec les mêmes choses. » Maia et les jumeaux ne pouvaient pas encore se plaindre des activités parfois répétitives que tu leur proposais au quotidien, et tu savais qu’à la crèche, ils avaient autant droit à une routine bien nécessaire qu’à un éventail varié de choses à faire. Jude lui, était plus souple depuis qu’il avait commencé l’école, le scolaire quelque chose de bien plus demandant et exténuant qu’avait pu l’être le préscolaire dans les dernières années. C’est de bon cœur que tu invites la jeune femme à se joindre à vous, puisque Maia semble déjà bien accrochée à Emilia, Jude ayant lui aussi rejoint le duo. « Je vais seulement aller chercher mon sac et je reviens. » Tu la regardes s’éloignée quelques instants avant de revenir avec ses affaires et s’installant à tes côtés. « Faites-moi plaisir, tutoyez-moi, ce sera plus simple. » « Seulement si c’est réciproque. » que tu contre-argumentes avec un sourire. Il fallait dire que toi non plus, tu n’étais pas fan de te faire vouvoyer, surtout par quelqu’un qui semblait avoir ton âge. Tu ne te sentais pas comme une dame, comme une adulte. Tu avais souvent l’impression d’être restée une adolescente dans un corps qui vieillissait trop rapidement, en plus d’avoir à ta charge un trop gros nombre d’enfants avec lesquels tu ne savais pas quoi faire la moitié du temps. Mais à les regarder tous ensemble, à s’amuser au parc, tu essayais de te convaincre que tu ne devais pas faire une job si terrible que ça avec eux. « En fait, Emilia n’est pas ma fille. Je suis sa nounou depuis un petit moment maintenant. Elle a six ans. » « Oh pardon, je n’aurais pas dû assumer. » que tu t’excuses rapidement et bêtement, regrettant de ne pas avoir poser la question d’une autre façon. « Elle semble très attachée à toi en tout cas. » que tu commentes, ayant vu la jeune femme et la petite fille interagir un petit peu avant qu’Emilia ne se greffe à ton groupe. « Et vos enfants? » « Le petit garçon qui vient de se joindre à Maia et Emilia? » Tu pointes Jude du doigt, attirant l’attention d’Ethel vers ce dernier. « C’est mon beau-fils, Jude. Il va avoir six ans en septembre. » C’était toujours drôle de devoir dire que Jude était ton beau-fils, mais tu ne voulais pas non plus prétendre être sa mère, même si cette dernière avait disparu du portrait depuis bien trop longtemps maintenant. « Maia a eu 2 ans en juin et les jumeaux vont avoir un an au début août. Et non, on s’ennuie jamais à la maison. » que tu ajoutes avec un air amusée, habituée à tout genre de commentaires sur la toute petite différence d’âge entre Maia et les jumeaux. « Ça fait long que tu travailles comme nounou? Ça te plaît? » que tu la questionnes, curieuse d’entendre quelqu’un en parler alors qu’ils sont au beau milieu d’un contrat. « C’est quelque chose qu’on a souvent considéré pour les enfants, mais on dirait que ça me fait peur, l’idée de trouver quelqu’un à qui j’ai assez confiance pour les inviter ainsi chez moi. » Sans doute que c’est quelque chose que la jeune femme pouvait comprendre, de l’autre côté de la médaille, non?

« C’est ce qui est bien quand ils sont encore petits, on s’en sauve plus souvent avec les mêmes choses. » Tu ne pouvais pas te prononcer sur cette affirmation puisque tu n’avais pas vraiment connu cette étape. Tu étais la nounou d’Emilia que depuis février et tu étais trop jeune du temps que Jackson avait eu sa fille. Tu ne passais pas beaucoup de temps avec eux puisque tu étais adolescente et trop occupée à tenter de te trouver toi-même une identité pour passer tout ton temps libre avec ton aîné et sa famille. « J’imagine que c’est d'autres soucis qui sont présents lorsqu’ils sont aussi petits en fait. » Tu avais espoir d’un jour pouvoir être maman, avoir ton enfant à toi et connaître également chaque petits soucis et chaque petits moments heureux qu’être parent pouvait t’apporter. Tu doutais toutefois que ce soit avec Jonathan que ça se produirait. Même si tu l’appréciais beaucoup, il avait une humeur changeante et une jalousie que tu avais de la difficulté à comprendre et à faire face. Il était attentionné, mais tu commençais sérieusement à douter que ce soit l’homme de ta vie.

« Oh pardon, je n’aurais pas dû assumer. Elle semble très attachée à toi en tout cas. » Que Penny ait pris en considération que tu étais la mère d’Emilia te faisait quand même plaisir. Tu n’avais pas la prétention de pouvoir la remplacer et tu ne voulais surtout pas prendre la place d’Emma qui était décédée beaucoup trop jeune, mais ça voulait toutefois dire que votre complicité était palpable. « Mais non, c’est rien. On a développé une complicité assez rapidement moi et elle. » Tu reporta ton regard sur Emilia pour s’assurer que tout se passait bien du côté des balançoires. « Le petit garçon qui vient de se joindre à Maia et Emilia? C’est mon beau-fils, Jude. Il va avoir six ans en septembre. Maia a eu 2 ans en juin et les jumeaux vont avoir un an au début août. Et non, on s’ennuie jamais à la maison. » Tu ne pu t’empêcher de rire. Clairement que les journées devaient être bien remplies avec autant d’enfant en aussi jeune âge. Pour l’instant, les jumeaux semblaient bien calmes, jouaient ensemble sur la couverture et Maia et Jude semblaient avoir du plaisir avec Emilia. « Ça fait long que tu travailles comme nounou? Ça te plaît? » Tu pris le temps de prendre une gorgée de ta bouteille d’eau avant de répondre. « J’ai débuté en février à temps partiel. J’avais un autre boulot à ce moment. Et quand mon ancien employeur m’a annoncé qu’il n’aurait plus besoin de moi, le père d’Emilia m’a offert de passer à temps plein. Les horaires sont un peu spéciaux puisqu’il est urgentiste, mais j’adore ça. Emilia est fantastique. Je ne dirai pas que c’est facile à tous les jours, mais je ne me vois plus faire autre chose. » Tu ne pouvais toutefois pas avouer à Penny qu’autant que tu étais attachée à Emilia, autant que tu ne te voyais plus sans Clarence. Il faisait maintenant partit intégrante de ta vie et tu avais besoin de le voir, de le savoir pas trop loin de toi. C’était viscéral. Tu savais que tu ne devrais pas ressentir tout ça pour lui, d’autant plus que tu avais un petit copain, mais tu ne l’avais pas souhaité. C’était juste… Arrivé… « C’est quelque chose qu’on a souvent considéré pour les enfants, mais on dirait que ça me fait peur, l’idée de trouver quelqu’un à qui j’ai assez confiance pour les inviter ainsi chez moi. » Tu hocha la tête. Tu comprenais sa réticence. Tu savais que c’était un privilège de pouvoir partager la vie privée d’une famille à ce point, d’entrer dans leur maison et leur intimité. « Je comprends. Il ne s’agit pas seulement de trouver quelqu’un avec qui ça fonctionnera pour les enfants, mais pour les parents aussi. Je veux dire… Si Clarence n’était pas d’accord avec ce que j’inculque à Millie, je ne me verrais pas continuer. Je n’ai jamais envisager faire ce boulot, mais au final, je suis bien contente d’avoir répondu à l’appel. »

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@Ethel Hartfield + Penny Stringer
lieu: oates park, logan city.

« J’imagine que c’est d’autres soucis qui sont présents lorsqu’ils sont aussi petits en fait. »
« Oh ça, c’est le moins qu’on puisse dire. »

Une des choses que tu avais rapidement apprises en tant que mère – et de belle-mère pour Jude – c’est que petit enfant voulait dire petit problème, et grand enfant voulait dire grand problème, et dans un cas comme dans l’autre, ça n’invalidait pas les ressentis des petits comme des grands. Ni le ressenti des parents comme toi, qui voulais tout faire aussi mieux que possible, mais dont la patience se faisait parfois maigre, surtout après des petites nuits et des journées bien longues. Peut-être bien que ça aurait dû te mettre la puce à l’oreille quant au rôle de la jeune femme vis-à-vis de la nouvelle amie de Maia, mais tu te rassurais en te disant qu’Ethel ne semblait pas insulter par ton assomption. « Mais non, c’est rien. On a développé une complicité assez rapidement moi et elle. » Tu n’en doutes pas une seule seconde. C’était quelque chose que tu trouvais beau chez les enfants, cette facilité déconcertante qu’ils avaient à créer des liens puissants avec des adultes de confiance dans leur environnement. Ethel ne pu retenir un rire lorsque tu lui offris la liste complète de ta tribu – et oui, avec 4 enfants, tu avais le sentiment que l’on pouvait clairement parler d’une liste – et c’est tout naturellement que ton rire se joint au sien. La grande famille n’avait pas été un choix complètement conscient de votre part, à Isaac et toi, mais c’était une vie si précieuse et remplie que pour rien au monde tu n’aurais pu t’imaginer en changer. Pour une fois que ce n’était pas ton métier qui était sous la lampe, tu profitais de l’expérience de la jeune femme pour lui demander son ressenti en tant que nounou, toi qui hésitais encore à engager quelqu’un à temps plein à la maison. « J’ai débuté en février à temps partiel. J’avais un autre boulot à ce moment. Et quand mon ancien employeur m’a annoncé qu’il n’aurait plus besoin de moi, le père d’Emilia m’a offert de passer à temps plein. Les horaires sont un peu spéciaux puisqu’il est urgentiste, mais j’adore ça. Emilia est fantastique. Je ne dirai pas que c’est facile tous les jours, mais je ne me vois plus faire autre chose » Tu es amusée par l’éternelle réalisation que cette ville est bien plus petite qu’elle n’en a l’air. « Je comprends parfaitement le rythme hectique de quelqu’un qui travaille aux urgences. Mon partenaire est infirmier aux urgences de St-Vincent. » Elle comprendrait sûrement pourquoi le besoin d’une paire de mains supplémentaires à la maison en tout temps ne serait pas exactement un luxe, vu vos horaires continuellement changeant. « Est-ce que je peux te demander si tu demeures sur place? J’espère que ce n’est pas une question trop intrusive. » Tu étais bien consciente que tu venais tout juste de la rencontrer, mais l’occasion était trop belle pour que tu t’empêches de lui poser toutes les questions qui te passaient par la tête. « Je comprends. Il ne s’agit pas seulement de trouver quelqu’un avec qui ça fonctionnera pour les enfants, mais pour les parents aussi. Je veux dire… Si Clarence n’était pas d’accord avec ce que j’inculque à Emilia, je ne me verrais pas continuer. Je n’ai jamais envisager faire ce boulot, mais au final, mais je suis bien contente d’avoir répondu à l’appel. » « Tu faisais quoi avant? » que tu lui demandes, éternellement curieuse. « Je suis moi-même en reconversion professionnelle, c’est pas ce qu’il y a de plus simple. » Il n’y avait pas une journée qui passait sans que tu ne te remettes continuellement en question, à tergiverser entre la peur de reprendre le chemin des plateaux et l’impression de passer à côté du rêve de ta vie. Tu prends une nouvelle bouchée des sandwichs que tu as apporté, offrant des morceaux de fruits finement coupés aux jumeaux qui s’amusent plutôt à les écraser entre leurs poings qu’à réellement les manger. « Gêne-toi pas hein, je te jure que y’en a assez pour une armée. J’apprends encore comment gérer mes portions. » que tu proposes de nouveau à Ethel avec un rire, toi qui préférais toujours partir avec bien plus de choses que nécessaires que de risquer te retrouver avec les mains vides.

Tu avais toujours eu cette facilité à converser avec des inconnus, à te faire de nouveaux amis dans des endroits aussi bizarres que les files d'attente pour les toilettes des festivals que tu pouvais côtoyer. Que tu termines assise sur une couverture dans un parc pour enfant à converser avec une mère de quatre bambins n’étaient donc pas si étranges pour toi si on laissait de côté le fait que tu n’étais pas mère. Ce moment était doux, tranquille et c’était en plein ce dont tu avais besoin après avoir fait des pieds et des mains pour occuper Emilia plus tôt qu’à l’habitude cette journée-là. Elle avait sauté dans ton lit à peine après cinq heures du matin, prête pour partir à l’aventure alors que normalement, elle te laissait dormir jusqu’au tour de sept heures. Tu appréciais également discuter de ton emploi avec Penny, qui avait l’air curieuse de tout connaître à propos de ton rôle de nounou. « Je comprends parfaitement le rythme hectique de quelqu’un qui travaille aux urgences. Mon partenaire est infirmier aux urgences de St-Vincent. » Tu hocha de la tête. Penny devait donc se retrouver plus souvent qu’autrement à gérer la famille seule alors que le père de toutes ces belles petites têtes était appelé à travailler sur des horaires atypiques. « Est-ce que je peux te demander si tu demeures sur place? J’espère que ce n’est pas une question trop intrusive. » Un sourire prit place sur tes lèvres. Tu ne savais pas si Clarence serait d’accord avec ce que tu dévoilais à cette femme, mais en même temps, tu n’étais pas en train de lui donner la clé de la maison ou encore de révéler son plus grand secret. Tu ne parlais que des termes de votre entente. Entente qui était plus à l’amiable que réellement mis sur papier. « Plus ou moins. Je veux dire, j’ai encore mon appartement, mais je suis également installé dans leur chambre d’ami. Lorsque je fais plusieurs jours d'affilée, c’est souvent plus facile que je reste sur place pour être déjà présente le lendemain. » Tu ne pouvais pas avouer à Penny que votre relation était plus compliquée que celle entre patron et employé. Tu ne pouvais pas lui dire que tu sentais un manque lorsque tu étais loin d’eux, que Clarence était partie intégrante de ta vie alors que vous n’étiez pas en couple. « Quand Emilia est à l’école, je reste souvent là-bas quand même et je m’occupe de certaines tâches de la maison. Mais c’est sûr que vous, avec les enfants en âge préscolaire, la nounou aurait de quoi faire tous les jours. » Tu espérais que Penny comprendrait ce que tu voulais dire sans avoir à prendre des détours pour expliquer comment vous fonctionnez ensemble toi et Clarence. Lui révéler que même lorsqu’Emilia n’était pas présente, vous faisiez des activités ensemble comme aller vous balader pour regarder les étoiles filantes alors que la fillettes étaient chez ses grand-parents n’était pas nécessaire. « Tu faisais quoi avant? » Tu tournas le regards vers les balançoires, observa quelques secondes Emilia qui était accroupie au sol avant de réaliser qu’elle avait seulement vue une coccinelle et qu’elle s’était remise à pousser la jeune Maia après près d’une minute. « J’étais assistante personnelle d’Hassan Jaafari. Je ne sais pas si tu as déjà eu l’occasion de le voir à la chaîne d’ABC ? » Être nounou était loin de ton ancien travail, mais même si tu avais apprécié les deux ans passés avec Hassan, tu étais satisfaite de ton nouvel emploi. « Je suis moi-même en reconversion professionnelle, c’est pas ce qu’il y a de plus simple. » Tu levas un sourcil, curieuse. « Tu faisais quoi et tu considérais faire quoi ? » Tu espérais qu’elle ne te trouverait pas trop curieuse. En même temps, au vu des questions qu’elle t’avait posées, tu te permettais de faire de même sans trop de retenue. Tu la regarda manger un morceau de sandwich et tu sentiras qu’elle réitèrerait son invitation. « Gêne-toi pas hein, je te jure que y’en a assez pour une armée. J’apprends encore comment gérer mes portions. » Tu entendais encore Clarence te dire qu’il était inquiet parce que tu ne mangeais pas assez, Catarina te dire qu’elle était présente pour t’aider si tu voulais, Ruben te juger parce que tu fumais une cigarette avant même de manger. Tu regarda ce qui se trouvait devant toi, vis un quartier de sandwich. Tu ne savais pas ce qu’il y avait à l’intérieur et ça te challengeait beaucoup. Tu décida de prendre un quart et le regarda en l’apportant à ta bouche pour tenter de déceler les ingrédients. « Merci beaucoup. » Tu mangeas le morceau de sandwich en trois bouchées rapides pour ne pas penser aux calories que tu venais potentiellement d’ingérer. « Quand les trois mousquetaires se joindront à nous, je sortirai les sucreries que j’ai apportées pour faire plaisir à Emilia si ça te va. » Tu savais que ce n’était pas tous les parents qui laissaient leurs enfants manger bonbons et chocolat. Tu ne voulais pas en offrir aux enfants de Penny si c’était le cas pour elle.

sun is shinning, weather is sweet
@Ethel Hartfield + Penny Stringer
lieu: oates park, logan city.

Tu appréciais qu’Ethel te fasse part de son expérience en tant que nounou, toi qui jouais avec l’idée d’engager quelqu’un à temps plein à la maison depuis quelques mois maintenant, pour combler ses trous de temps qui n’étaient pas si aisément combler par la crèche de l’hôpital ou par l’école. Comme tu avais de plus en plus de responsabilités, autant dans la fondation de Run For Judy que la Fondation Tomlinson, ton temps se faisait d’autant plus divisés, tes disponibilités limitées et tu trouvais difficile de perdre un temps considérable à trimballer les enfants ici et là quand l’option de confier cette tâche à quelqu’un d’expérimenté et dédier à passer du temps avec tes enfants était disponible. Faire confiance à une inconnue était ton principal souci, surtout vu ta notoriété, mais tu aimais croire que quelqu’un d’honnête et de vaillant existait bel et bien, quelque part dans cette ville. « Plus ou moins. Je veux dire, j’ai encore mon appartement, mais je suis également installée dans leur chambre d’ami. Lorsque je fais plusieurs jours d’affilée, c’est souvent plus facile que je reste sur place pour être déjà présente le lendemain. » Tu hoches la tête. Tu n’avais pas pensé à cette option, que la nounou puisse avoir ses propres quartiers dans la maison, une chambre et une salle de bain à tout le moins, sans être sur place en permanence. « Quand Emilia est à l’école, je reste souvent là-bas quand même et je m’occupe de certaines tâches de la maison. Mais c’est sûr que vous, avec les enfants en âge préscolaire, la nounou aurait de quoi faire tous les jours. » « Ce qui est le plus difficile à prédire, c’est que nos horaires à Isaac et moi changent à toutes les semaines. Et puis je me disais que la nounou pourrait aussi être une paire de bras supplémentaire quand Isaac travaille de soir ou de nuit… est-ce que c’est aussi quelque chose que tu fais? Venir en aide aux parents, même quand un ou l’autre est présents? » Tu es consciente que toutes tes questions ne parlent vraiment que de l’expérience d’Ethel, mais comme elle est là, tu en profites.

Tes questions dérivent légèrement de sa position en tant que nounou, te faisant désormais curieuse sur ce qu’elle faisait avant de prendre ce rôle. « J’étais assistante personnelle d’Hassan Jaafari. Je ne sais pas si tu as déjà eu l’occasion de le voir à la chaîne d’ABC? » « Je ne le connais pas personnellement, mais je suis familière oui. » Il faut dire que le monde de la télévision et du cinéma avait tendance à vivre dans les mêmes cercles, surtout dans une ville comme Brisbane, et à défaut de lui avoir déjà parlé, tu le connaissais de nom et de réputation. « C’est tout un changement de carrière quand même. » que tu commentes, les deux emplois n’ayant absolument rien en commun. « Tu faisais quoi et tu considérais faire quoi? » C’est toujours drôle de répondre à cette question quand il est évident que la personne face à toi n’a pas la moindre idée de qui tu es. « Je suis actrice. » que tu réponds tout simplement. « Mais j’ai pas travaillé sur beaucoup de projets dernièrement. J’étais assez occupée. » que tu rajoutes avec un rire, faisant un léger signe vers ta progéniture. « En ce moment, je consacre le peu de temps que j’ai à diverses fondations de la ville. » Et pour l’instant, ça remplissait le trou. Ça occupait ton temps, tu te sentais utile, appréciée dans ces capacités et surtout, ça te forçait à sortir de chez toi, à converser avec des adultes de manière régulière et c’est surtout de ça que tu avais. « Merci beaucoup. » dit-elle après avoir inhalé un morceau de sandwich, et si son comportement semble un peu suspect, tu n’en fais pas de cas. Tu es loin de te prendre pour une cheffe, et tes sandwichs n’ont rien de grandioses ou de bien particuliers. « Quand les trois mousquetaires se joindront à nous, je sortirai les sucreries que j’ai apportées pour faire plaisir à Emilia, si ça te va. » « Oui bien sûr, j’en connais une qui ne voudra plus jamais te laisser partir. » Maia, du haut de ses deux ans, était une véritable bibitte à sucre et entre sa nouvelle admiration pour Emilia qu’elle ne lâchait pas d’un pas et Ethel qui allait bientôt lui offrir quelque chose de doux à se mettre sous la dent, la petite blonde allait très certainement être au paradis. « Je ne sais pas si c’est quelque chose qui se peut pour toi, mais que dirais-tu si on essayait de se retrouver ici ou dans un autre parc de la ville la semaine prochaine? Je crois que Maia va me parler d’Emilia très souvent après aujourd’hui. » Et tu pourrais faire avec une nouvelle amie, toi aussi.

« Ce qui est le plus difficile à prédire, c’est que nos horaires à Isaac et moi changent toutes les semaines. Et puis je me disais que la nounou pourrait aussi être une paire de bras supplémentaire quand Isaac travaille de soir ou de nuit… est-ce que c’est aussi quelque chose que tu fais? Venir en aide aux parents, même quand un ou l’autre est présent ? » Les questions de Penny t’apportaient à te poser des questions sur la place que tu occupais réellement auprès de Clarence et d’Emilia. La situation de familiale de ces derniers était clairement différente de celle de la femme que tu venais de rencontrer, ne serait-ce que part le nombre d’enfant qu’elle avait à sa charge. Tes tâches en tant que nounou différaient clairement de celles que pourraient avoir une nounou qui travaillait pour une famille de cette grandeur. « Au final, c’est toi qui poserait les modalités de travail avec la personne qui prendrait ce job. De mon côté, les horaires changent beaucoup également puisque le père d’Emilia est urgentologue. Je suis souvent porté à rester plus tard s’il y a des urgences de dernières minutes ou encore s’il doit aller au boulot une journée qu’il était censé être en congé. » En décrivant tes horaires et les modalités de ton emploi, tu te rendais compte que tu étais très flexible dans ton temps avec la jeune fille et que dans le fond, Jonathan avait probablement raison quand il disait que ça n’avait pas de sens de répondre présente à chaque fois que Clarence t’appelait pour que tu vienne rester avec Emilia, que tu annule toutes obligations. Toutefois, c’était plus fort que toi. Tu ne voulais pas le mettre dans le pétrin parce que tu lui répondais par la négative. D’autant plus que tu devais avouer que tu n’aimais pas ne pas savoir qui restait avec la jeune fille. Pas que tu ne faisais pas confiance à Clarence pour trouver quelqu’un qui saurait s’en occuper adéquatement, mais tu avais peur que la jeune fille ne soit pas comprise par d'autres autant que tu la comprenais et que tu connaissais ses besoins. « Pour ce qui est de les aider quand ils sont à la maison, ça s’applique plus ou moins puisqu’Emilia n’a pas de frère et soeur, elle est plus facile à gérer seule, mais je m’assure souvent que la ménage de la maison soit fait, qu’il y ait des petits plats de prêt au frigo quand je ne suis pas là. Ça laisse donc plus de temps à Emilia et son père pour faire des activités sans avoir à se casser la tête avec le quotidien. » Et tu ne le faisais pas parce qu’il te l’avait demandé, mais bien parce que ça te faisait plaisir d’adoucir la charge du quotidien dans la vie de Clarence. Tu avais de la difficulté à t’asseoir et ne rien faire dans une journée alors quand Emilia n’était pas présente avec toi, tu trouvais de quoi t’occuper. Ça te permettait également de faire des activités avec la jeune fille et de te concentrer à cent pour cent sur elle lorsqu’elle était à la maison avec toi.
Puis la discussion dériva sur le métier de Penny. « Je suis actrice. Mais j’ai pas travaillé sur beaucoup de projets dernièrement. J’étais assez occupée. » Tu levas les yeux sur la femme, un peu honteuse de ne pas l’avoir reconnue. Tu n’étais pas du genre à écouter souvent la télévision et lorsque tu le faisais, c’était plus souvent qu’autrement des séries américaines. De toute manière, tu n’étais pas la meilleure pour retenir les noms des personnes connues, encore moins pour les reconnaître autre qu’à la télévision. « En ce moment, je consacre le peu de temps que j’ai à diverses fondations de la ville. » - « Ça doit être valorisant de donner du temps pour des bonnes oeuvres. Il y a tellement de gens dans le besoin. » Si tu avais à en choisir une, tu aurais clairement du mal à choisir entre les enfants malades et les sans-abri. Tu pensais souvent à ce jeune sdf que tu avais perdu du vu, mais avec qui tu t’étais lié d’amitié. Tu lui apportais régulièrement des restes de tes plats lorsque tu cuisinais, mais que finalement tu ne mangeais pas ou encore des vêtements récoltés de tes frères ou de ton père.
« Oui bien sûr, j’en connais une qui ne voudra plus jamais te laisser partir. » Un grand sourire prit immédiatement place sur tes lèvres. C’était ta manière de trouver un sens à ta vie, de voir que des enfants étaient contents de te voir, de gagner la confiance de ces petits êtres parfois difficiles à dompter. Tu avais souvent pensé que tu serais maintenant maman rendu à ton âge, mais tu allais chercher cet amour d'une autre manière. « Je ne sais pas si c’est quelque chose qui se peut pour toi, mais que dirais-tu si on essayait de se retrouver ici ou dans un autre parc de la ville la semaine prochaine? Je crois que Maia va me parler d’Emilia très souvent après aujourd’hui. » Tu n’étais pas contre une nouvelle amie et tu savais bien que la jeune fille serait contente de retrouver les enfants de Penny également. « C’est une excellente idée. Emilia dit souvent qu’elle s'ennuie seule, même si j’essaie de faire des pieds et des mains pour trouver des activités plus amusantes les unes que les autres. Elle sera ravie de tous vous retrouver. Tu voudrais mon numéro de portable pour que ce soit plus facile à organiser ? »