La mousseline n’arrête pas de se coincer et d’emmêler le fil de la machine à coudre, et Cleo doit retenir plusieurs jurons. Shiloh lui a montré une technique pour coudre ensemble des assemblages de mousseline pour créer une jupe bouffante, mais Cleo n’a pas encore pris le coup de main, et son amie est partie pour une urgence de boulot, la laissant seule dans le petit atelier de son appartement.

Cleo adore cet endroit et est reconnaissante de la générosité de Shiloh qui lui a proposé sans hésitation de venir l’utiliser. Cleo n’a jamais eu une telle pièce. Dans son ancien appartement, avec Tommy, le petit bureau servait de studio de danse, comme si sa passion dépassait de facto les projets créatifs de Cleo. Elle avait accepté - comme le reste -, elle n’avait pas le choix, de toute façon, elle venait vivre avec lui, il lui faisait un prix sur le loyer parce qu’il savait qu’elle galérait, qu’elle avait tout plaqué pour le suivre lui. Et maintenant que tout ça est terminé, Cleo est dans une chambre minuscule, dans une coloc bruyante, et l’espace manque, elle n’a qu’une petite machine à coudre sur son bureau, sur lequel s’empile aussi des carnet de croquis, des palettes de maquillage, un pistolet à colle, des vieilles pellicules pour un argentique qu’elle a trouvé dans une brocante. Tout déborde, chez Cleo, dans sa tête et ses étagères. Ce maximalisme l’inspire, mais elle doit bien avouer que c’est plutôt pratique, parfois, d’être dans une pièce où elle a une certaine marge de manoeuvre physique.

Elle profite donc d’être chez Shiloh pour s’attaquer à cette robe qu’elle a imaginée, avec des volants et des couleurs dans tous les sens, faite de plusieurs jupons achetés en friperie, et elle ne sait même pas encore exactement où elle va avec la création, elle a fait un dessin, imaginé une tenue extravageante, elle a trouvé des papillons en feutrine qu’elle voudrait coller dessus ; elle s’imagine ressembler à une fleur dans la robe. Peut-être que cela sera une bonne tenue pour une performance ? Elle ne sait pas encore, elle se laisse porter - si toutefois elle arrive à coudre ce qu’elle souhaite sans que le tissu ne manque de casser la machine à coudre à force de coincer l’aiguille. Cleo pousse un soupir, finit par s’écarter, passe sa main sur son front. Bon, elle mérite bien une petite pause.

C’est étrange d’être dans l’appartement de Shiloh sans qu’elle soit là, et Cleo sort de la pièce, un peu gênée, l’impression de ne pas vraiment être à sa place. Elle voudrait juste un verre d’eau dans la cuisine, mais quand elle y arrive, celle-ci est déjà occupée. Shiloh a présenté rapidement sa colocataire à Cleo, quand elle est arrivée à l’appartement tout à l’heure, mais elles n’ont pas eu l’occasion de discuter. « Oh, euh, rebonjour », bredouille Cleo, éternelle timide, les joues qui rougissent déjà sous son blush orangé marqué, assorti à son fard à paupières rose et orange fluo qui fait ressortir ses yeux. « Désolé, je cherchais juste un verre d’eau », elle explique, pour justifier sa présence qui doit déranger.

@Olive Sterling

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@Cleo Baker ☆ crédit/fancykraken

La nuit au dispensaire a été rude. Même si Olive n'avait aucune obligation de rester, elle a souhaité veiller le chevet de cet inconnu parce qu'elle savait qu'il n'y avait personne pour le faire à sa place. La brune n'attendrait rien en retour, voulant simplement s'assurer que tout irait bien pour le jeune homme. Il avait assez souffert pour ne voir que les murs blancs et froids du dispensaire en se réveillant. C'est comme ça qu'elle se sentait bien Olive, en pouvant venir en aide aux autres. En étant là quand ils en ont le plus besoin, et ça faisait sens dans sa vie. Elle qui pendant si longtemps avait touché les profondeurs de l'océan. Maintenant qu'elle respirait mieux, elle se sentait presque redevable envers le monde pour simplement rentrer chez-elle et faire comme s'il n'y avait rien eu. Non, ça, c'était au dessus de ses forces. Alors, elle avait gardé les yeux ouverts, priant pour que le jeune garçon s'en sorte. Une fois qu'elle avait été certaine que tout irait bien pour lui, elle avait quitté péniblement le dispensaire pour regagner son domicile. Le soulagement chassa quelques peu la fatigue de ses yeux, au moins pour quelques minutes. Il faisait déjà bien jour quand elle avait pénétré dans son logement à fortitude valley, celui qu'elle avait trouvé par hasard et qui aujourd’hui était son foyer. Celui qu'elle avait la chance de partager avec Shiloh. Cela aussi, c'était tout nouveau dans sa vie et ça la rendait folle de joie. Enfin Olive se sentait libre.

Olive était un peu à l'ouest quand elle avait déposé discrètement ses chaussures dans l'entrée, ne sachant pas encore si sa colocataire serait dans le coin ou non. Elle ne voulait pas la déranger si c'était le cas, et faisait en sorte de ne pas se faire remarquer. Jusqu'à ce que la petite tête blonde ne passe le coin du mur. Shiloh n'était pas seule et les présentations s'étaient faites trop rapidement pour qu'Olive ne retienne le nom de la jeune femme qui était présente. Elle s'excuserait plus tard, mais elle était trop épuisée pour tenir une conversation de toute manière. Le tour des politesses faites, Olive s'éclipsa pour rejoindre les bras de Morphée qui n'attendait plus qu'elle. Plaisant, rassurant.

Un sommeil léger, Olive tourna en rond après quelques heures à lutter pour trouver une position confortable. Pourtant, le sommeil ne manquait clairement pas, mais son cerveau fulminait à plein régime. Quelques instants après s'être résignée, elle fit voler la couette pour se lever. Se demandant si un petit-déjeuner ne lui ferait pas du bien pour reprendre un peu de force, à défaut du sommeil. La brune se dirigea vers la cuisine, se préparant ainsi un bol de céréales et une pomme. Olive n'avait aucune idée de l'heure qu'il pouvait être, complétement décalée suite à sa présence nocturne au dispensaire. Elle n'avait même pas pris le temps de consulter son téléphone tellement elle avait eu hâte de s'endormir. « Oh, euh, rebonjour » Olive relève doucement la tête pour faire face à cette voix qui ne lui dit rien. Quand elle reconnait la jeune femme après quelques instants de doutes. « Désolé, je cherchais juste un verre d’eau » - « Bonjour, aucun problème, attends. » Olive se lève pour attraper un verre au dessus de sa tête, elle file en suite vers le frigo pour attraper une carafe d'eau. « As-tu besoin de quoi que ce soit d'autre ? » Elle était prête à lui faire une omelette si c'était nécessaire, cela même si elle n'arrivait pas à se rappeler de son prénom. Qu'elle aubaine. « N'hésite pas en tout cas, je sais que ce n'est pas toujours facile de trouver des choses ici. » Au début, elle devait ouvrir absolument l'ensemble des placards pour trouver un bol, maintenant elle y arriverait presque les yeux fermés. « Shiloh est avec toi ? » Elle n'avait aucune idée de ce qui avait pu se passer pendant ces derniers instants, complétement troublée et à l'ouest de sa courte nuit.

La différence entre les deux jeunes femmes est presque amusantes : Olive a le visage à peine tiré du sommeil, des traits doux et un regard bienveillant, tandis que le maquillage de Cleo est coloré et criard, sa tenue excentrique et ses cheveux bouclés roux constratent avec le blanc des murs. Eles partagent néanmoins toutes les deux un sourire timide, qui semble ne pas vouloir dérangé l’autre, et Cleo ne peut pas s’empêcher de relever qu’Olive est jolie, avec ses pommettes hautes. Il y a quelque chose d’un peu intemporel qui se dégage d’elle, de son attitude ; Cleo est gênée, tout à coup, à l’idée de l’avoir interrompu et dérangée dans son espace. « Bonjour, aucun problème, attends. » Olive ouvre placard et frigo avant de finir par lui tendre un verre d’eau fraîche. « Merci beaucoup », bredouille Cleo, toujours persuadée de déranger. Pourtant, le sourire qu’Olive lui adresse est doux, patient, malgré les cernes sous ses grands yeux ronds. « As-tu besoin de quoi que ce soit d'autre ? » Ele secoue la tête immédiatement, horrifiée à l’idée d’être une invitée qui en demande trop. « Oh, non, non, merci », elle répète. Elle sent sa nervosité occuper l’espace et s’en veut, elle qui voudrait savoir faire facilement la discussion. Si Olive est la colocataire de Shiloh, elle est forcément adorable - jamais Shiloh ne pourrait vivre avec quelqu’un de désagréable.

« N'hésite pas en tout cas, je sais que ce n'est pas toujours facile de trouver des choses ici. » « C’est gentil, merci, mais je ne vais pas te déranger, ne t’inquiète pas », elle assure avec un sourire. C’est tout Cleo, ça, elle ressent toujours le besoin de promettre qu’elle ne va pas être une épine dans le pied de qui que ce soit. Des années de conditionnement parental, évidemment. « Shiloh est avec toi ? » Cleo fait un petit signe de la tête. « Elle a eu une urgence au boulot, mais elle m’a dit que je pouvais rester, mais, hm, je peux partir si t’as besoin de calme pour dormir », elle propose, « Shiloh m’a dit que tu avais passé la nuit au dispensaire où tu travaillais. » Cleo a forcément posé quelques questions à Shiloh. « J’étais venue pour coudre avec Shiloh, mais y a rien d’urgent. C’est plus important que tu sois reposée pour aller sauver des vies ! » Elle s’exclame, plaisantant à moitié.

@Olive Sterling

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Depuis toujours les relations avec les autres ne sont pas évidentes pour Olive. Très timide de nature, elle a parfois du mal à aller vers les autres et encore plus à ne pas bégayer quand on s'adresse à elle. Ses premières années à l'université ont permis à la jeune Australienne de se libérer un peu plus de sa grande timidité et son internat au Saint-Vincent a fait le reste. Ce n'est pas encore parfait, il lui arrive encore de rougir pour pas grand chose, mais elle s'améliore doucement avec le temps. Au tel point fou, qu'elle a accepté de rejoindre la collocation de Shiloh après une seule nuit en sa compagnie. C'était une première qui resterait à jamais dans les anales. Après quelques mois à trainer dans cet appartement, elle avait commencé à y prendre ses marques et à se sentir complétement chez-elle. C'était de plus en plus facile de ne pas avoir honte de laisser trainer un élastique sur la table du salon. Plus facile de savoir où chaque chose se situe. Alors forcément, elle avait agit rapidement pour aider la nouvelle venue à trouver ses marques, ce qui était aussi d'un naturel chez-elle. « Merci beaucoup » Olive n'y voit aucun inconvénient à lui venir en aide, bien au contraire et cela même si elle n'a pas tout à fait les yeux en face des trous. « Oh, non, non, merci » La brune sourit de plus belle. « Aucun problème, c'est avec plaisir. » Aider son prochain dans toute situation possible. Olive était serviable et prête à tout pour rendre une autre âme heureuse, même un instant.

« C’est gentil, merci, mais je ne vais pas te déranger, ne t’inquiète pas » Olive se mit à rire doucement, se retrouvant dans les mots de Cléo. Des mots qu'elle aurait eu facilité à prononcer dans le cas inverse.  « Oh, tu ne me déranges pas. » C'était sûrement même l'inverse, enfin, c'était son estomac qui en avait décidé ainsi après tout. Olive ne peut s'empêcher de s'interroger sur la présence de sa colocataire. Elles ont l'habitude de la discrétion il faut dire, pas toujours à se tenir au courant des allées et venus de l'une et l'autre. C'est un rituel qu'elles ont mis en place rapidement. Le mot d'ordre étant "pas de surprise incongrue" ce qui ne viendrait même pas à l'esprit d'Olive d'ailleurs. « Elle a eu une urgence au boulot, mais elle m’a dit que je pouvais rester, mais, hm, je peux partir si t’as besoin de calme pour dormir » Les lèvres de la brune forme un O. « Mince, j'espère que ce n'est rien de grave. » Olive ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter tout de même pour la jeune femme. Après tout, elle l'appréciait réellement. « Shiloh m’a dit que tu avais passé la nuit au dispensaire où tu travaillais. » L'Australienne hoche lourdement la tête de haut en bas. « Oui, une très longue nuit, et j'suis bien contente d'être de retour ici. » Dans le calme de cet appartement. « J’étais venue pour coudre avec Shiloh, mais y a rien d’urgent. C’est plus important que tu sois reposée pour aller sauver des vies ! » La brune émit un rire léger à la remarque de la nouvelle arrivante. « Oh ne t'en fais pas, le sommeil ne veut clairement pas de moi, alors tu peux faire tout le bruit que tu le souhaites. » Elle porta la pomme à ses lèvres pour en croquer un morceau. « Alors, une passionnée de couture également ? C'est trop cool. » Et elle était vraiment impressionnée Olive par ces personnes qui maitrisaient à la perfection cet art si complexe. Olive, elle n'avait pas la patience nécessaire pour s'y lancer, mais elle admirait jalousement les autres.

Les deux jeunes femmes semblent aussi polies l’une que l’autre, le genre de personne à se confondre en excuse pour avoir respirer trop fort. C’est une valse de merci, de rien, pardon, pas de problème, des yeux baissés et des joues rougies. Cleo n’est pas surprise qu’Olive soit si bien intentionnée, elle n’en attendait pas moins de la colocataire de Shiloh. Son amie est si solaire et généreuse, Cleo n’aurait jamais pu l’imaginer vivre avec quelqu’un de taciturne ou malpoli. Mais malgré la gentillesse d’Olive, Cleo aurait bien voulu que Shiloh n’ait pas eu à disparaître, parce qu’être seule dans l’appartement d’une inconnue est une certaine épreuve pour la grande anxieuse sociale qu’elle est. Elle essaie de sourire, de ne pas avoir l’air nerveuse, et explique que Shiloh a dû partir pour une urgence au boulot. « Mince, j'espère que ce n'est rien de grave. » Cleo secoue la tête. « Non, je crois que c’était juste une histoire de tenue pour un photoshoot, mais bon, dans un milieu aussi prestigieux, je crois que tout devient vite une urgence », elle dit avec un petit haussement d’épaule. Elle se demande si Olive, qui travaille littéralement dans un dispensaire, trouve cette agitation du luxe un peu ridicule, elle dont les urgences sont littéralement des cas de vie ou de mort.

Et Olive a l’air un peu fatiguée, son travail n’a pas l’air reposant. « Oui, une très longue nuit, et j'suis bien contente d'être de retour ici. » Cleo a un sourire : elle comprend - un peu - Olive, parce qu’elle aussi, elle a travaillé dans ce milieu. Quand elle était infirmière, elle avait l’habitude des long shifts jusqu’au petit matin. « Tu travailles là-bas depuis longtemps ? » Elle demande, curieuse. « En tout cas, je compatis… J’étais infirmière, avant, je me rappelle des longues nuits à l’hôpital », elle dit avec un petit sourire en coin. Ce n’est pas forcément un mauvais souvenir. Disons qu’elle a plutôt l’impression qu’elle parle de quelqu’un d’autre, quand elle évoque cette vie. Comme si elle avait vécu pour d’autres (ses parents) et non pour elle.

Elle est bien plus heureuse, la tête dans sa machine à coudre. Mais elle est consciente du bruit qui dérangerait Olive. « Oh ne t'en fais pas, le sommeil ne veut clairement pas de moi, alors tu peux faire tout le bruit que tu le souhaites. » Cleo a un petit sourire, contente - l’inspiration est là, et elle est ravie de pouvoir surfer dessus. « Alors, une passionnée de couture également ? C'est trop cool. » Elle secoue la tête avec enthousiasme. C’est plus simple de socialiser pour elle, quand on évoque l’une de ses passions. « Oui, je n’ai pas le talent de Shiloh, mais j’adore ça. Du coup c’est trop cool, elle m’apprend pleins de trucs », elle explique, ses yeux pétillant. « Tu couds, toi aussi ? »


@Olive Sterling

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« Non, je crois que c’était juste une histoire de tenue pour un photoshoot, mais bon, dans un milieu aussi prestigieux, je crois que tout devient vite une urgence » Les mots de la jeune femme furent un soulagement pour Olive qui s'attendait déjà à entendre le pire concernant sa colocataire. Par chance, ce n'était une question urgente que pour son travail et non autre-chose. Olive pouvait donc cesser de penser au pire maintenant que la vérité faisait son nid dans son esprit. « Bien tant mieux. » Olive soupira avant de se reprendre. « Enfin que ce ne soit que le boulot qui l'accapare à cet instant. » Et pas autre une vraie urgence vitale ou un autre événement de ce genre qui ferait bondir Olive sur place. Elle ne connaissait Shiloh que depuis quelques mois, mais pourtant elle se ferait facilement du soucis pour la jeune femme s'il venait à lui arriver quoi que ce soit. Shiloh comptait maintenant beaucoup pour la jeune Australienne. Et puis, elle lui avait un peu sauvé la vie aussi, donc ce n'était pas n'importe quoi.

Doucement la conversation dériva vers la nuit agitée d'Olive. « Tu travailles là-bas depuis longtemps ? » - « Depuis janvier, mais travailler c'est un bien grand mot. » Olive marqua une pause pour pincer ses lèvres entres elles. « J'y suis principalement en tant que bénévole, rien de plus. » Et ce n'était peut-être pas glorieux pour les autres. Après tout Olive donnait surtout de son temps à ceux qui en avaient besoin. Principalement en passant d'un box à l'autre pour donner un coup de main aux infirmières qui étaient sans dessus-dessous dans les moments de rush. Bien évidement, Olive prenait énormément de plaisir à être présente au dispensaire, ce n'était juste pas un métier à proprement dit. Simplement une main de plus dans cette fourmilière. « En tout cas, je compatis… J’étais infirmière, avant, je me rappelle des longues nuits à l’hôpital » Olive écarquilla les yeux de surprise. « Ah oui ? Il y a longtemps ? » Même si pour Olive ses années en tant qu'interne n'étaient pas si loin, elle n'arrivait pas à ce souvenir du visage de Cléo. Ou peut-être qu'elle n'avait pas été si attentive que cela finalement.

Il ne s’agissait pas que de faire le tour de la petite vie ennuyeuse d'Olive Sterling. Et puis, il fallait dire que cela l'arrangeait également de ne pas trop s'attarder sur elle. Naturellement, elle porta donc la conversation vers ce qui semblait être une passion pour la nouvelle venue. « Oui, je n’ai pas le talent de Shiloh, mais j’adore ça. Du coup c’est trop cool, elle m’apprend pleins de trucs » Elle était épatée Olive qu'on puisse se passionner pour quelque chose d'aussi difficile que la couture, enfin pour elle ça semblait dur. « Je ne doute pas que tu puisses faire des merveilles. » Oui Shiloh était vraiment douée, et c'était d'ailleurs toujours impressionnant de la voir confectionner un vêtement, mais Olive ne doutait pas aussi des capacités de la jeune femme. « Tu couds, toi aussi ? » La brune secoua vigoureusement la tête. « Oh non, du tout. Hormis des plaies à une époque, autrement non. » Ce qui n'était clairement pas la même chose alors forcément difficile d'admettre que oui. Elle est moins douée pour les tissus que pour les peaux finalement. « Disons que c'est moins grandiose que de confectionner entièrement un vêtement. » De son point de vu en tout cas.

Si Cleo ferme les yeux, elle peut voir à nouveau les long couloirs de l’hopital, sentir l’odeur acide de l’anti-sceptique, celle piquante de la colle à pansement. Elle a passé des nuits entières-là, à travailler, perdant la notion du temps, avant de rentrer épuisée, les traits cernés. A la sortie du lit, elle n’avait pas l’air aussi fraîche qu’Olive, en tout cas, dont le visage reste frais, lumineux, malgré le violet sous ses yeux clairs. « Depuis janvier, mais travailler c'est un bien grand mot. J'y suis principalement en tant que bénévole, rien de plus. » Oh ! Cleo s’en étonne, mais elle sourit, admirative : elle trouve ça impressionnant de dédier son temps à quelque chose de si fatiguant, si prenant, le tout bénévolement. Cela confirme la première impression qu’elle a eut d’Olive : personne qui ne vit avec Shiloh ne peut être autre chose qu’adorable. « Wow, je suis encore plus admirative. Tu fais autre chose à côté, du coup ? » Elle demande, curieuse.

Elle en profite pour aborder son propre passée d’infirmière, sous le regard intrigué d’Olive. « Ah oui ? Il y a longtemps ? » Cleo secoue la tête. « Il y a deux trois ans, quand je vivais à Alice Springs. J’ai fait ça pendant quelques années au début de la vingtaine », elle raconte avec un sourire en coin. « Mais ça ne me correspondait pas trop, au final. » Elle élude, essayant de garder le ton de la conversation joyeux, et de ne pas casser l’ambiance. La vérité ? Elle a été infirmière pour se conformer, pour être ce que ses parents voulaient. Rien de bien glorieux.

Elle préfère amplement parler de la couture, un univers dans lequel elle est à l’aise.  « Je ne doute pas que tu puisses faire des merveilles. » Les joues de Cleo rougissent instantanément - elle ne sait pas se comporter devant un compliment d’une jolie fille, même si Olive essaie seulement d’être polie et de faire la conversation. Elle prie pour que le rouge se perde sous son blush appuyé, et elle essaie de dévier la conversation vers Olive, pour savoir si elle coud aussi. « Oh non, du tout. Hormis des plaies à une époque, autrement non. » Cleo a un sourire - elles ont quelque chose en commun. « Si tu sais faire ça, la couture, c’est encore plus simple, promis », elle dit avec un petit clin d’oeil qui emballe son coeur - pour qui elle se prend, à faire des clins d’oeils, maintenant ?! « Disons que c'est moins grandiose que de confectionner entièrement un vêtement. » Cleo secoue la tête. « Moins créatif, peut-être, mais super impressionnant et important. Dans un avion, quand y a une urgence, personne ne demande si quelqu’un est couturière », elle plaisante. Elle hésite, et rajoute : « La prochaine fois que je viens, tu pourrais te joindre à Shiloh et moi ? On pourrait te montrer comment coudre un truc simple, ça serait sympa. » Une perche tendue pour revoir Olive, en quelque sorte.


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Qu'elle était douce et adorable cette jeune femme. Olive était ravie de la découvrir même si elle n'était pas très en forme. La nuit au dispensaire l'avait transformé en zombie et elle lutait pour ne pas divaguer dans cette agréable conversation. « Wow, je suis encore plus admirative. Tu fais autre chose à côté, du coup ? » Olive avait de plus en plus de facilité à discuter de ce qu'elle faisait de ses journées en attendant de trouver mieux. L'idée qu'on lui indique qu'être bénévole n'est pas un vrai métier ne l'angoisse plus tellement. Elle sait que cette direction lui permet au moins de sortir de chez-elle, mieux encore, cela lui permet de venir en aide aux autres tout en restant loin d'un bloc opératoire. C'est entre autre la combinaison parfaite pour elle. « Pour l'instant non, mais j'aimerai débuter une reconversion. Je ne sais juste pas encore comment exactement, mais ça viendra. » L'idée était là, prête à jaillir dès qu'Olive aurait pu faire le tour des possibilités. En tout cas, elle avait maintenant envie de donner un sens à sa vie et elle était surtout prête à cela. Il ne manquait plus que le quoi.

Olive est vraiment curieuse et elle ne peut s'empêcher de vouloir en apprendre sur la jeune femme haute en couleurs. « Il y a deux trois ans, quand je vivais à Alice Springs. J’ai fait ça pendant quelques années au début de la vingtaine » Comme quoi, il ne fallait vraiment pas se fier à la première impression, Cléo était vraiment pleine de surprise. Olive avait presque le sentiment de se retrouver en elle, mais elle ne voulait pas non plus trop s'avancer. Cette première rencontre lui avait fait bonne impression et elle ne pensait pas se tromper en admettant que la rouquine était une très bonne personne. « Mais ça ne me correspondait pas trop, au final. » - « Oh que je comprends. » D'un air théâtre Olive se pencha en arrière pour appuyer ses propos. La médecine était un drôle de secteur et Olive était très bien placée pour le savoir. Elle non-plus ça ne lui correspondait pas de continuer. Même si on attendait mieux d'elle à ce sujet, mais c'était une toute autre histoire.

« Si tu sais faire ça, la couture, c’est encore plus simple, promis » Olive ne pouvait que croire la jeune femme sur ce sujet, même si elle était persuadée de ne pas douée pour ça. Non pas qu'elle manquait de patience ou autre, mais ce serait sûrement plus délicat qu'une plaie. Enfin, c'est l'image qu'elle en avait en tout cas, ravie de pouvoir en voir le contraire. « Moins créatif, peut-être, mais super impressionnant et important. Dans un avion, quand y a une urgence, personne ne demande si quelqu’un est couturière » Olive se mit à rire légèrement. « Tout dépends de l'incident. » Elle voulait croire que chaque façon d'agir était importante à sa manière. « La prochaine fois que je viens, tu pourrais te joindre à Shiloh et moi ? On pourrait te montrer comment coudre un truc simple, ça serait sympa. » La brune penche doucement la tête sur le côté analysant cette demande. L'idée lui semblait un peu dingue mais pourquoi pas oui, en tout cas elle était tentée de participer à cette activité. « Ce serait avec plaisir oui. » Un large sourire se dessina sur le visage de la brune. « Je suis navrée, mais je vais te faire faux-bonds pour rejoindre Morphée, si tu as besoin de quoi que ce soit, tu n'hésites pas. » Elle marqua une pause tout en s'éloignant du spot d'origine. « Ce fut un plaisir de te connaître Cléo. A la prochaine. » Son sourire s'élargit de plus belle alors qu'elle quittait définitivement la cuisine pour retrouver sa chambre ou elle ne tarderait pas à s'endormir. Rêvant de cette jolie femme aux couleurs scintillantes.

rp terminé.