La porte des urgences s'ouvre. Un homme porte un enfant. Au visage marquée par la saleté. Avec un peu de sang ici ou là. Des fringues pas forcément en bon état non plus. "Excusez-moi. J'aurais besoin d'aide." L'infirmière de l'accueil s'approche de l'homme qui lui explique la situation. Il roulait en direction de Gold Coast quand il a trouvé l'enfant qui était seul. Et qui marchait le long de la route. "J'ai essayé de la faire parler mais j'ai rien pu en tirer." Une petite fille. Qui ne semble pas vraiment en forme.

Le personnel médical prend en charge la fillette. L'assistante sociale de l'hôpital est également prévenue. Mais c'est difficile pour eux d'obtenir quelque chose de la part de la petite. Elle ne parle pas. Ou ne semble pas avoir envie de parler. Elle a quelques écorchures. Elle est bien sale. Elle a les cheveux en bataille. Un peu déshydratée. Un peu comme si elle était en état de choc. Comme si elle avait été dans une voiture et été dans un accident. Sauf que personne n'a rapporté un accident récemment. Et encore moins la disparition d'un enfant. "J'vais prévenir les écoles du coin. J'vais prendre une photo et voir si elle leur dit quelque chose. J'vais prévenir la police aussi." Elle préfère ... disons qu'elle préfère ratisser large. La police n'a pas toujours d'info. Et elle a déjà eu l'occasion de régler une affaire grâce à une école parce qu'ils avaient reconnu la petite. Donc oui, elle tente sa chance.

La petite est sous perf. Dans un box des urgences où une infirmière veille sur elle. Où elle essaie de jouer un peu avec elle et de la faire parler, surtout. Mais toujours rien. "Certains sont plus réactifs que les flics." L'assistante sociale va pas charger les flics, ils doivent avoir d'autres choses à faire, c'est vrai. "Ils envoient quelqu'un de la St Anthony's School." Ca serait bien de savoir, quand même, d'où vient cette petite fille, et qui elle est. La police fera son job, bien sûr, mais ils peuvent pas venir tout de suite. Et c'est bien dommage.

Lorsqu'Eve a vu la photo de cette petite fille recueillie par l'hôpital cet après-midi, elle s'est pensé victime d'une hallucination. Elle jurerait que son cœur a manqué un battement lorsqu'elle a cru reconnaître sa filleule. Son premier réflexe – après avoir frotté ses yeux aussi fort qu'elle le pouvait – a été d'attraper son téléphone pour appeler son frère, avant de se raviser. Même si elle jurerait que cette petite fille est Riley, elle refusait de risquer de lui infliger la douleur d'un faux espoir. Même si, éternelle optimiste, elle n'a jamais perdu espoir qu'elle soit retrouvée, après des mois sans nouvelles elle sait aussi que les probabilités sont minces. Alors elle préfère en être sûre, et pouvoir serrer de toutes ses forces la petite dans ses bras avant d'appeler son papa. « Je pense que je la connais, je vais y aller, » assure-t-elle d'une voix dont elle peine à contrôler les tremblements, essayant pourtant d'avoir l'air aussi professionnelle que possible. Elle a l'impression que son corps entier tremble à l'idée que ce soit bel et bien sa filleule, un espoir auquel elle s'accroche désespérément depuis si longtemps, mais tout autant à l'idée que ça ne soit pas elle.

Arrivée à l'hôpital aux côtés de Sam, son collègue et ami qui s'est immédiatement porté volontaire pour l'accompagner, elle a glissé ses mains dans ses poches pour en camoufler les tremblements qui n'ont pas cessé depuis qu'elle a vu cette photo. Le duo se présente à l'accueil, et Eve sent déjà sa bouche s'assécher affreusement. Et si ce n'était pas elle ? « Nous sommes de la St Anthony's School... » Elle veut continuer mais perd ses mots, le prénom de Riley tournant dans sa tête et l'angoisse lui vrillant les trippes. Que lui est-il arrivé ? Remarquant sûrement son trouble, son collègue se permet de continuer. « On vient voir la petite fille qui a été retrouvée cet après-midi. » Leur interlocutrice hoche la tête et affirme qu'elle va les conduire auprès d'elle. Et sur l'interminable chemin qui la sépare de sa filleule, Eve peut sentir son cœur battre jusque dans le bout de ses doigts tremblants.

Une des infirmières, on l'appelera Sandy pour plus de facilité, est restée un moment avec la fillette. Elle a essayé de la faire parler. Elle a essayer de lui faire dire quelque chose. Au moins son prénom. Mais rien. Rien n'est sorti de la bouche de la fillette. Elle n'a rien dit. Même quand on lui a donné cette peluche en forme de chien pour qu'elle puisse jouer avec. Mais rien. L'infirmière n'est pas désespérée. Mais elle se dit que ça va être compliqué. Très compliqué. Avec un peu de chance, quelqu'un reconnaîtra la petite. Soit ceux qui doivent venir la voir. Ou alors, les flics. Quand ils daigneront se déplacer. Elle ne comprend pas, d'ailleurs, pourquoi ils ne peuvent pas venir tout de suite. La pauvre Sandy est quand même afférée. Dans le sens où c'est une petite fille. Qu'elle est toute seule. Qu'elle a peut-être subi un traumatisme. Peut-être qu'elle s'est perdue. Ou qu'il y a pire. Enfin, tout ça pour dire que tout le monde n'a pas le même degré d'urgence, si on peut dire ça ainsi. Et c'est bien dommage d'ailleurs ! Très dommage même. Enfin.

Le médecin passe dans le coin. "Toujours rien ?" L'infirmière secoue la tête "Pas un mot." Mais elle veut ... elle veut garder le moral. La petite est peut-être trop traumatisée dans l'immédiat pour pouvoir parler ou dire quoi que ce soit. Peut-être qu'il lui faut un peu de temps. Peut-être qu'elle doit simplement être patiente. Si ça se trouve, la petite finira par se confier ou bien parler une fois qu'elle sera en confiance. Ou pas. On toque à la porte. Un autre membre du personnel médical. "Elle a de la visite. Les gens de l'école." Sandy a un sourire. Avec un peu de chance ... Elle croise les doigts pour qu'on sache qui est cette petite fille. "Ah, tu entends ? Tu as de la visite." C'est limite si la petite a redressé la tête.

La porte s'ouvre à nouveau. Laissant rentrer les deux individus. "Bonjour." L'infirmière s'est levée pour les saluer. Est-ce que le mystère va être résolu ? Elle saura, Eve. Elle saura quand elle posera les yeux sur la fillette. Elle a peut-être changé. Parce que ça fait plus d'un an. Près de seize mois. Mais elle la reconnaîtra.

Chaque pas séparant Eve d'une étreinte avec sa filleule semble être une torture. Et si ce n'était pas elle ? Et si la photo était floue et lui avait laissé croire qu'elles se reverraient en vain ? Et si elle avait simplement vu ce qu'elle voulait voir sur cet écran de téléphone parce qu'elle lui manque profondément ? La Daxson a presque envie de courir pour accéder à la vérité, pour enfin savoir si ses espoirs ravivés par cette photo avaient un sens ou s'apprêtaient à être violemment éteints. À ses côtés, Sam doit sentir qu'elle est fébrile, adoptant une attitude plus calme et raisonnée qui a quelque chose de rassurant. Ne pas être seule l'aide à ne pas perdre pied, pourtant elle sait que si derrière cette porte se trouve une autre fillette que Riley alors son cœur se brisera en mille morceaux. Ça fait presque un an et demi, c'est interminable pour un père perdant sa fille, pour une marraine perdant sa nièce.

Le moment fatidique arrive et la porte s'ouvre, son collègue la laissant entrer la première. Eve entend à peine l'infirmière les saluer d'un « Bonjour. » et ne remarque même pas qu'elle s'est levée dans ce même but, son propre regard ne cherchant que Riley. L'enfant est là, sur le lit, silencieuse, et lorsque la Daxson la voit elle sait. Elle a le visage sale, abîmée, elle a grandi, mais dans son esprit il n'y a aucun doute possible : c'est elle. Son cœur se met à battre si fort dans sa poitrine qu'il lui fait mal mais ça n'a aucune importance. « Oh Riley. » Sa voix se casse et malgré elle ses yeux se remplissent de larmes. Elle aimerait être plus résistante pour sa filleule mais elle ne peut pas l'être, envahie par des émotions trop puissantes pour les contenir. Elle s'approche de la petite, se forçant à ne pas courir vers elle pour ne pas lui faire peur. Elle ne sait pas ce qui a pu se passer pendant tout ce temps, mais elle doit admettre que l'imaginer la terrifie. « Ma puce tu m'as tellement manqué. » Elle vient doucement enlacer la petite et embrasser son front, attentive à ne pas faire le moindre mouvement brusque pour ne pas l'effrayer. « Tout va bien, tu vas pouvoir rentrer à la maison. » Elle doit se retenir de la submerger sous toutes les questions qui l'envahissent. Elle travaille avec des enfants depuis plus d'une décennie, elle sait que ça n'apportera rien d'autre que de l'angoisse pour la petite fille qui doit déjà être bien perdue. « On va appeler Papa d'accord ? » Tandis que d'une main elle caresse doucement les cheveux de sa filleule pour la rassurer, de l'autre elle sort son téléphone pour appeler Jay. Peut-être qu'elle devrait d'abord demander à l'infirmière ce qui lui est arrivé, ou à un médecin, mais pour l'instant il n'y a rien de plus important à ses yeux qu'annoncer à son frère que leur petite Riley est de retour.

A l'entente du prénom, la fillette relève la tête. Ce qui fait dire à l'infirmière qui la surveillait jusqu'à présent qu'elle peut s'appeler Riley. Et c'est bien le cas. Parce que c'est bien la petite Riley Daxson. Parce que Eve, ici présente, est bien sa tante. Parce que la petite fille disparue ... la petite fille kidnappée a été retrouvée après tant de temps. Près de dix-sept mois d'attente. A se demander si elle était vivante. Ou bien morte. A se demander si elle allait bien. Ou bien si au contraire, c'était la galère pour elle. Reste à savoir si la fillette pourra se confier à ce sujet. Si elle acceptera dans parler ou bien si elle restera muette.

Quoi qu'il en soit, Riley pourra être rendue à sa famille. Famille qui a explosé puisque Jay' et Lisbeth ne sont plus ensemble. Mais ça, c'est un autre sujet. La fillette laisse Eve la prendre dans ses bras quelques instants. "Tata ..." Les premiers mots qu'elle prononce depuis que l'homme l'a trouvée. Et qu'il a décidé de la mener à l'hôpital. Enfin, les premiers ... le premier plutôt. D'autres suivront peut-être. Ou peut-être pas tout de suite. Il faut le temps au temps, comme on le dit si bien.

La maison. Rentrer à la maison. Ca fait longtemps qu'elle n'est plus à la maison. Mais la regagner, c'est quelque chose que la fillette veut. Plus que tout. Revoir son papa. Revoir sa maman. Parce qu'elle se souvient d'eux. Parce qu'elle les a pleurés. Longtemps. Parce qu'elle voulait qu'ils soient là. Et ils ne l'étaient pas. "Où est papa ?" Elle veut son papa. Elle veut sa maman. Elle veut rentrer à la maison.

[...]

Il trouve bien dommage de ne plus avoir un véhicule d'urgence à sa disposition. Parce que là, il aurait mis les gyrophares et il aurait roulé à tombeau ouvert. Mais c'est peut-être mieux comme ça à dire vrai. Ca lui évite un accident. Ca lui évite de finir aux urgences dans un mauvais état. Ca serait con, mine de rien, qu'il se tue après cette bonne nouvelle. Riley ... Sa petite fille. Enfin ... Il appréhende un peu. Beaucoup même. Parce qu'il ne sait pas dans quel état il va la retrouver. Il ne sait pas non plus ... ce qu'elle a pu subir durant tout ce temps.

Quand il arrive à l'hôpital, il prend deux minutes. Il est encore là. Au voulant de son véhicule. Il prend ... de lentes inspirations. Et les larmes ... les larmes inondent son visage. Riley. En vie. Et retrouvée. Enfin. Il dit pas que c'est la fin du calvaire. Il dit pas non plus que tout va bien aller maintenant qu'elle a été retrouvée. Mais ... Mais au moins, il arrêtera de se poser la question. Au moins, cette incertitude, c'est fini. Il avait le coeur en miettes. Il l'aura toujours un peu. Parce qu'il ne pourra cesser de se demander ce qui s'est passé. Et où était sa fille. Mais dans les minutes qui vont suivre, il va pouvoir serrer sa fille dans ses bras. Il va pouvoir la serrer tout contre lui. Et il pourra la ramener à la maison. Peut-être pas dès ce soir. Il se doute qu'elle va devoir rester en observation. Les médecins ne la lâcheront pas de sitôt. Mais ... il sera là. Avec elle.

Après de longues minutes, il sèche ses larmes et il sort de son véhicule. Direction la chambre de Riley. Eve lui a indiqué où se trouvait sa fille. Il n'a donc pas besoin de passer par l'accueil et il va aller les rejoindre directement. Il a son coeur qui bat la chamade comme jamais. Eve n'a pas pu se tromper. Il sait ... il sait que sa fille est là. "J'arrive ma puce." Un étage. Deux étages. Et il est là. Devant cette porte. La porte qui le sépare de sa fille. Il n'attend pas plus longtemps. Il a besoin de la voir. Alors, il ouvre la porte. Eve est là. Mais pas Riley. "Où est ..." Il apprendra qu'elle a juste été emmenée pour quelques examens et qu'on va vite la lui ramener.

Même si Eve s'est accroché à l'espoir que cette enfant retrouvée soit sa filleule dès qu'elle a vu cette photo prise à l'hôpital, réaliser que c'est bien elle la bouleverse d'émotions trop puissantes pour qu'elle parvienne à contenir ses larmes. Elle ne devrait sans doute pas pleurer, c'est elle l'adulte et elle devrait épargner ça à Riley, mais comment faire face à tant de soulagement ? Car c'est ce qui prime avant toute chose dans son esprit depuis qu'elle l'a reconnue et a prononcé son prénom à voix haute : le soulagement. Bien sûr, il y a aussi l'inquiétude de ne pas l'avoir vue pendant des mois, la peur d'apprendre ce qui lui est arrivé, la culpabilité de ne pas l'avoir retrouvée avant... Mais face à Riley et son minois d'enfant, sa marraine est surtout soulagée. Doucement, elle s'approche d'elle pour l'enlacer, veillant à ne pas être brusque parce qu'elle ne veut pas l'effrayer, prête à reculer si sa filleule refuse d'être étreinte. « Tata ... » Son cœur fait un bond dans sa poitrine en entendant sa voix qui lui paraît terriblement faible, comme si elle ne s'en était pas servie depuis des heures, des jours. L'idée la terrifie mais elle essaie de ne pas y penser et de s'accrocher à ce qui est positif : Riley est là, saine et sauve, elle va pouvoir rentrer. Alors elle la rassure, lui promettant qu'elle va pouvoir rentrer chez elle, que tout est fini, que son cauchemar est terminé. « Où est papa ? » Le palpitant de l'adulte se serre tandis qu'elle sort son téléphone afin de l'appeler, considérant que c'est le plus important à cet instant précis. Son frère doit savoir que sa fille est ici, avec elle, qu'elle a finalement été retrouvée. La Daxson n'a pas besoin de beaucoup de temps pour sélectionner l'un de ses contacts les plus fréquents, par contre chaque sonnerie lui semble interminable jusqu'à ce qu'enfin Jay décroche.

* * Conversation téléphonique * *
Lorsque son frère raccroche, Eve remet son téléphone dans sa poche sans cesser de caresser les cheveux de sa filleule pour la rassurer. « Papa arrive ma puce, il sera bientôt là. » Il a le numéro de la chambre, elle sait qu'il arrivera en courant dès qu'il aura atteint l'hôpital. Elle espère tout de même qu'il sera tout de même prudent sur la route. Même si elle comprendrait que chaque limitation de vitesse lui paraisse absurde et chaque feu rouge de trop, ce serait prendre des risques inutiles et risquer de la rejoindre ici pour de bien mauvaises raisons.

* * * * *
Lorsque la porte de la chambre s'ouvre, Eve est seule pour accueillir son frère, stoppant sa marche décousue qui lui permettait d'attendre dans le calme depuis ce qui lui semble être une éternité. Riley est partie en compagnie de l'infirmière qui s'occupait d'elle, mais sans surprise Jay fouille la pièce des yeux à sa recherche. « Où est ... » « Elle passe des examens, elle va vite revenir, » assure-t-elle. « Les médecins ont dit qu'il valait mieux ne pas attendre pour les faire mais que ça ne devrait pas être trop long. » La brune se rapproche de son frère et vient le serrer dans ses bras. Elle sait qu'il voudrait voir sa fille mais pour l'instant il faut être prudent et ne pas mettre en danger sa santé peut-être mise à mal pendant ces mois sans nouvelles. « On l'a retrouvée, » murmure-t-elle d'une voix qui se serre, comme si des larmes menaçaient d'envahir à nouveau son regard. C'est seulement lorsqu'elle sent que Jay n'a plus besoin de son étreinte qu'elle se détache de lui, esquissant un mince sourire malgré ses yeux brillants. « Elle m'a reconnue, elle va te reconnaître toi aussi. Elle m'a même demandé où tu étais. » Quoi que la petite ait traversé, elle ne les a pas oublié·es. « Tout va bien se passer. » Tout ne peut qu'aller mieux maintenant que Riley est de retour, de toute façon.

Il a peut-être les yeux un peu rouge. Mais c'est normal après tout. Franchement, il ne s'y attendait plus. A ce qu'on retrouve la petite fille. Il s'attendait plutôt à recevoir l'autre genre d'appel. Celui ... celui qui aurait brisé son coeur. Celui qui aurait pu le faire basculer. Il n'avait plus trop d'espoir, c'est vrai. Mais le fait ... de ne pas savoir, ça le bouffait. De plus en plus. Maintenant, cette attente est terminée. Maintenant, il sait. Maintenant, il va pouvoir la serrer dans ses bras. Il va pouvoir passer du temps avec elle. Il va devoir prendre des jours. Il s'en fout, il s'est plongé dans le travail. La seule fois où il a pris un peu de temps pour lui, c'est quand il a été faire de la pêche avec Quino. Ouais, Joaquin. Il va devoir le prévenir. Lisbeth aussi d'ailleurs. Il est pas sûre que ça va remettre leur couple sur les rails. Mais Lisbeth ... doit être au courant. Leur petit bébé miracle, ils l'ont fait à deux. Elle est revenue. Et même s'ils ne sont plus ensemble, Riley a encore deux parents qui peuvent s'occuper d'elle. Et ça se fera. Même si c'est à tour de rôle. Enfin.

Il a déboulé un peu comme une furie dans la chambre de sa fille. Normal. Mais c'est limite s'il est pas en mode panique quand il balaie du regard la chambre et qu'il ne voit pas son tendre et cher chérubin. Est-ce qu'il lui est arrivé quelque chose ? Est-ce que Jay' est arrivé trop tard ? Il se pose mille et une questions, là, tout de suite. Et il imagine ... les pires réponses. Les pires scénarios. Mais la voix de sa soeur le ramène quelque peu sur terre. Des examens. Riley a été emmenée pour des examens. Elle est toujours là. Elle n'a pas disparu de nouveau. Sans doute que Eve a autorisé, en attendant que Jay' arrive, lesdits examens. Les médecins savent ce qu'ils font. S'ils devaient faire les examens maintenant, c'est pour une bonne raison. "D'accord." C'est un mélange de déception mais également de soulagement.

La douceur de sa soeur quand elle vient l'étreindre lui fait un bien fou. Il dira pas que c'est comme si ... et bien, comme si le poids du monde qu'il avait sur les épaules jusqu'à présent venait de s'envoler. Mais presque. Oui. Presque. Elle est là. Riley est enfin là. Elle leur a été rendue. Enfin, pas totalement puisque pour le moment, elle va passer des examens. Et il se doute qu'elle va devoir rester quelques jours à l'hôpital. Mais elle est là. C'est tout ce qui est important. Après de longues minutes, Eve se détache de son frère. Il s'est calmé. Mais c'est vrai qu'il a terriblement envie de prendre sa petite fille dans ses bras. Il a envie de la serrer tout contre son coeur. Elle ne répondra probablement pas à ses questions. De savoir ce qui s'est passé. Comment elle a pu ... s'échapper de là où elle était. Et tout un tas d'autres choses. C'est pas le plus important. C'est important, c'est vrai. Pour mettre derrière les barreaux celle qui a fait ça. "Elle a ..." Sa soeur lui indique que la petite a reconnu sa tata. Et que forcément, elle allait le reconnaître, lui aussi. Il a les mains moites. Est-ce que l'ancien pompier serait en stress ? Peut-être un peu. "Ouais ... Ca va aller." Il a conscience qu'il ne parle pas beaucoup. Qu'il ne dit pas grand chose. Mais c'est sans doute parce qu'il attend son bébé. Il a prié. Il a pleuré durant de longues heures. Il a rêvé quand même à ce jour. Au jour où il la prendrait dans ses bras. Il doit être fort. Encore un peu. Une fois qu'elle franchira la porte et qu'elle sera là, ça sera ... ca sera génial. "J'ai pas ... eu le temps de prévenir Lisbeth." Faut dire qu'il a dû prévenir son chef qu'il partait en urgence et il a conduit le plus rapidement possible pour venir. "Elle est ... au courant ?" Il ne saurait dire si sa soeur a gardé le contact avec son ex presque belle-soeur.

Eve connaît suffisamment son frère pour n'avoir besoin que d'un regard pour le percer à jour, savoir ce qu'il ressent, deviner ses émotions. Mais aujourd'hui, même un·e aveugle pourrait percevoir l'inquiétude qui irradie autant de ses yeux que de son corps tout entier lorsqu'il découvre que Riley n'est pas à ses côtés. Elle imagine sans mal à quel point il aurait voulu la voir et la serrer dans ses bras pour ne plus jamais la lâcher, elle le comprend même parfaitement, raison pour laquelle elle s'empresse de lui expliquer cette absence. Elle ne veut pas qu'il se monte la tête et s'imagine le pire : elle est toujours là, mais dans des salles qui ne sont accessibles qu'aux professionnel·les de l'hôpital. « D'accord. » Elle sait bien qu’il est déçu de devoir attendre, mais elle sait aussi qu'elle a fait ce qu'il fallait en acceptant que la petite soit amenée pour ces tests. Jay est un bon père et il ferait passer la santé et le bien-être de sa fille avant toute chose, comme elle-même le ferait pour Ella. Alors il n'aurait pas voulu que sa marraine la retienne ici en attendant qu'il arrive, pas alors que les médecins ont assuré que le plus tôt serait le mieux. Un geste si égoïste ne lui ressemblerait pas, même si elle se doute qu'il va détester chaque seconde passer à attendre le retour de son enfant.

Souhaitant être là pour lui, Eve vient enlacer son aîné dans un geste dont ils ont l'habitude lorsque ça ne va pas. Elle le serre contre elle comme une promesse que tout ira bien : Riley est de retour et ne les quittera plus. Ni lui ni elle n'esquisse le moindre mouvement pendant plusieurs minutes, seul·es dans cette bulle qu'iels se créent pour se soutenir dans ce moment difficile. Se réconfortant comme iels l'ont toujours fait, chacun·e sait que l'autre sera toujours là et l'accueillera à bras ouverts à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. Lorsque finalement leur étreinte prend fin, Eve a les yeux qui brillent un peu à cause des larmes qui lui sont venues et Jay a toujours l'air très désemparé. Difficile de croire au retour de sa fille alors qu'il ne peut pas encore la voir et ne demande que ça, elle s'en doute. « Elle a ... » Il a du mal à parler mais elle ne l'y force pas, préférant qu'il prenne tout le temps dont il a besoin pour clarifier ses pensées et mettre des mots dessus. Voyant que rien ne vient, et ayant peur qu'il se crée plus d'inquiétudes encore, elle tente de se montrer rassurante. Elle ne sait pas ce que sa filleule a vécu, personne à part la petite elle-même ne le sait ici, mais elle est revenue parmi elleux avec des souvenirs intacts. Elle a même réclamé son Papa, c'est bien la preuve qu'elle n'a pas oublié sa famille qui espère son retour depuis si longtemps. Tout se passera bien maintenant qu'iels sont ensemble. « Ouais ... Ca va aller. » Eve hoche la tête, et si elle n'arbore pas son habituel sourire rayonnant elle veut tout de même avoir l'air confiante. Elle ne peut pas se montrer pessimiste alors qu'après plus d'un an de recherche vaine, la petite est de retour parmi elleux. « J'ai pas ... eu le temps de prévenir Lisbeth. » Elle s'imagine bien qu'il est parti presque en courant du boulot et n'a sans doute prévenu que son chef. « Elle est ... au courant ? » Face à cette question, ses yeux s'écarquillent légèrement. Elle n'y a pas réfléchi, pour être honnête, parce que son frère est toujours le premier à qui elle pense quand il s'agit de Riley, même si elle est toujours amie avec Lisbeth. « Pas par moi. Je t'ai appelée puis je suis restée avec Riley pour la rassurer. » Et l'hôpital n'a eu l'identité de la petite qu'une fois que sa marraine l'a identifiée, donc personne n'a pu appeler Lisbeth avant. Étant donné que les membres du personnel sont très occupé·e,s iels ont dû se dire qu'elle se chargerait de contacter le reste de la famille, ça semble même logique. « Je peux m'occuper de l'appeler si tu veux, » propose-t-elle en glissant sa main sur l'épaule de son frère dans un geste réconfortant. Elle aurait pu le faire avant, c'est vrai, mais elle était tellement préoccupée par la petite qu'elle n'a pensé qu'à prendre soin d'elle une fois Jay prévenu. « J'ai essayé de donner un maximum d'informations sur Riley aux médecins, mais iels risquent de te poser d'autres questions, » le prévient-elle, pour qu'il ne soit pas surpris.

Elle est revenue. Mais elle n'est pas là. Il ne peut pas la laisser dans ses bras. Pas encore. Et il en a besoin. Il a besoin de lui faire sentir que ... qu'il n'a jamais abandonné. Même s'il a voulu baisser les bras, à de nombreuses reprises, il n'a jamais cessé d'espérer qu'elle reviendrait. Qu'elle serait retrouvée. Et qu'elle rentrerait à la maison. Mais elle n'est pas encore là. Enfin, disons qu'elle a été emmenée pour des examens. Il ne dira pas que son petit coeur s'est brisé en voyant que sa gamine n'était pas là. Mais presque. Oui. Presque. C'est dur. Il va devoir attendre. Il va devoir prendre son mal en patience. C'est pas cool franchement. Il doit être fort. Encore. Pour lui. Pour sa soeur. pour Riley aussi. Il pourrait laisser les larmes inonder son visage. Mais c'est sans doute pas le bon moment pour pouvoir le faire. Il doit être fort encore un peu. Et c'est pas quand il rentrera à la maison qu'il pourra se laisser aller. Parce qu'il ne rentrera pas à la maison. Pas ce soir. oh non. Il va rester à l'hôpital. Il pourrait pas lui déloger le cul du fauteuil où il sera. Parce qu'il se doute qu'il ne pourra pas ramener sa fille dès à présent à la maison. Les médecins laisseront pas faire.

Jay' a bien du mal à s'exprimer. C'est bloqué au fond de sa gorge. Il sait très bien que sa soeur ne plaisanterait pas avec le fait qu'ils ont retrouvé Riley. Seulement, il ne pourra le croire ... que quand il verra sa petite fille. Quand il pourra la prendre dans ses bras et lui faire un câlin. Et lui dire qu'il l'aime. Parce qu'il en a besoin. Et qu'il se doute que Riley a également besoin d'entendre ses choses. Et ça ira mieux. Pour Jay. Quand il la verra. Mais il a besoin que ça se fasse rapidement. Il ne veut pas que ses jambes cessent de le porter. Que ses épaules s'affaissent comme lorsqu'il n'avait pas de nouvelles. Il la sait proche. Et il veut être là.

Il a une pensée, quand même, pour Lisbeth. C'est sa mère après tout. Ils ne formeront peut-être plus le même genre de famille. C'est à dire vivre sous le même toit. En fait, c'est même sûr. Ils ne seront plus ensemble. Mais Lisbeth doit savoir. Elle doit être mise au courant, elle aussi. Eve propose qu'elle appelle Lisbeth. Pour l'en informer. "Si ça te dérange pas, je veux bien." Il a un hochement de la tête. Les yeux qui brillent, un peu rougis. Il lutte. Il lutte pour que les larmes n'inondent pas son visage. Ca arrivera sans doute quand il verra sa fille et qu'il la prendra dans ses bras. "Faudra aussi ... qu'on prévienne m'man et p'pa." Ca peut attendre peut-être. Mais Jay ne semble pas vraiment ... être en état de prendre son téléphone lui-même et d'appeler. En vrai, là, tout de suite, il se repose sur sa soeur. Celle qui a été là à quelques reprises pour le ramasser à la petite cuillère quand il avait des problèmes de coeur. Et le plus gros problème de coeur qu'il a pu avoir, c'est bien la disparition de Riley. Maintenant qu'elle est là, il va pouvoir ... aller bien. Aller mieux. "J'suis pas certain de pouvoir répondre à leurs questions. Du moins, si ça concerne ... avant sa disparition, oui." Mais à partir du moment où elle est partie, où elle a été enlevée au magasin, il ne pourra pas dire grand chose de plus. "Ils t'ont dit ... combien de temps ils en auraient ?" Parce qu'il a l'impression que ça fait une éternité qu'il est là. Les minutes sont longues. Très longues. Trop. Ca ressemble à des heures. Il est impatient. Et quand il est impatient, il peut être chiant.

Eve voit bien que son frère est déboussolé mais c'est normal après ce qu'il vient de vivre. Cela fait des mois que les recherches pour retrouver Riley n'avancent plus, et soudainement sa cadette l'appelle pour lui annoncer qu'elle est avec elle à l'hôpital. La Daxson n'ose pas imaginer à quel point chaque seconde qui s'est écoulée depuis cet appel doit lui paraître longue, regrettant presque d'avoir accepté que sa filleule soit amenée pour des examens puisque cela retarde leurs retrouvailles. Pourtant elle sait qu'elle a fait ce qui est le mieux pour la petite et que c'est ce qui compte le plus – même si Jay est en état de choc, il doit le comprendre. Iels parlent des personnes à contacter, Lisbeth en premier lieu bien sûr puisque ni lui ni elle ne s'est encore chargé. Eve était trop occupée à rassurer Riley à peine de retour parmi elleux, et Jay n'a pas eu le temps de le faire. Sans hésiter, l'enseignante se propose de le faire pour le décharger. « Si ça te dérange pas, je veux bien. » « Bien sûr que non. » Elle le lui a proposé, après tout. « Faudra aussi ... qu'on prévienne m'man et p'pa. » Elle hoche la tête. « Je m'en occupe, » assure-t-elle en continuant de frotter doucement le dos de son frère pour lui signifier qu'elle ne le lâche pas. Quitte à passer un coup de fil, elle peut en passer un ou deux de plus sans souci. Elle essaie aussi d'être prévenante, se souvenant de toutes les questions qui lui ont été posées quand elle a assuré connaître Riley et être sa marraine. Jay n'y échappera sans doute pas lui non plus, après tout elle suppose que les médecins ont besoin du maximum d'informations possibles pour traiter au mieux leurs patient·es. « J'suis pas certain de pouvoir répondre à leurs questions. Du moins, si ça concerne ... avant sa disparition, oui. »  « Personne ne t'en voudra si tu ne réponds pas à tout, tu feras de ton mieux. » Il est bouleversé et ça se voit, elle suppose que les membres de l'hôpital qui viendront lui parler s'en rendront compte et s'adapteront. « Ils t'ont dit ... combien de temps ils en auraient ? » « Une trentaine de minutes. » Elle jette un coup d'oeil à son téléphone pour consulter l'heure. « Elle ne devrait plus tarder. » Quelques minutes, une dizaine tout au plus. Elle appuie sa tête contre son épaule. « Ça va aller, » murmure-t-elle encore une fois, car elle veut qu'il y croit autant qu'elle.


Sans nul doute, les minutes qui ont suivi et durant lesquelles il n'était toujours pas après de sa fille ont dû lui paraître des heures. Une attente interminable durant laquelle Eve est restée avec lui, faisant de son mieux pour le rassurer. Lorsqu'enfin la porte de la chambre s'ouvre, c'est sur une silhouette bien plus grande que celle de Riley, mais la petite est juste-là, devant l'infirmière qui l'accompagne. Et aussitôt a-t-elle reconnu son père qu'elle court vers lui, ce dernier déjà prêt à accueillir sa princesse qui lui a tant manqué. Il n'en faut pas plus à Eve pour que ses yeux s'embuent.

Après de longues étreintes entre père et fille, Eve pose sa main sur l'épaule de son frère pour attirer son attention. « Je vais vous laisser et appeler Lisbeth et les parents, d'accord ? » Elle lui demande pour être sûre qu'il se sente en état d'être seule avec Riley malgré l'émotion. S'il a besoin qu'elle reste, elle le fera sans hésiter autant de temps qu'il le désire. Mais lorsqu'il lui assure que ça ira, elle esquisse un sourire tendre. « Est-ce que tu veux que je passe vous voir ce soir ? Je peux apporter le repas, » propose-t-elle, se disant que ça allègera sans doute un peu sa soirée s'il n'a pas à réfléchir à ce qu'il va cuisiner. Mais elle sait aussi qu'il aime cuisiner et a peut-être envie d'être seule avec sa fille et Lisbeth ce soir, raison pour laquelle elle ne s'impose pas, attendant son avis pour s'y plier sans insister. Puis elle s'accroupit pour être à la hauteur de sa filleule et vient caresser ses cheveux doucement. Elle ne fait pas plus pour ne pas la brusquer. « À tout à l'heure ma puce, » souffle-t-elle avec un sourire, avant de se relever. Un dernier câlin à son frère et elle s'en va, sortant son téléphone dès l'instant où elle a passé la porte de la chambre pour chercher Lisbeth parmi ses contacts.

Lisbeth n'est pas au courant. les parents non plus. En même temps, quand Jay' a reçu l'appel, il n'a pensé qu'à une chose. Arriver le plus vite possible. Pour voir sa petite princesse. Pour la prendre dans ses bras. Même ça, il a foiré en quelque sorte. Il a foiré parce qu'elle n'est pas là. Elle est pas loin. Elle fait juste quelques examens. Mais c'est ... dur d'attendre pour lui. Il veut la voir. Il veut passer sa main dans ses cheveux. Il veut la prendre dans ses bras. Il veut la serrer tout contre son coeur. Il en a besoin. Pour s'assurer que c'est bien elle. Qu'elle a bien été retrouvée. Et que c'est pas une autre. Même s'il a une totale confiance en sa soeur. Jay' sait qu'elle ne l'aurait pas appelé dans le cas contraire. Ou si elle avait eu un doute.

En tout cas, il remet entre les mains d'Eve ... la lourde tâche de prévenir leurs proches. Lisbeth et leurs parents. Il n'a pas le courage de les appeler. Et surtout, il a attend de voir sa petite fille. Il aurait pu la prendre dans ses bras, peut-être qu'il aurait pu prendre le téléphone et le faire lui-même. Mais là, il reste inquiet. Là, tant qu'il ne l'aura pas vu, c'est vrai que ... et bien, c'est vrai qu'il sera content. Qu'il sera bien mieux. Il sera soulagé. Eve se veut réconfortante avec son frère. Elle a toujours eu ce don d'ailleurs avec lui. Et ça fait du bien. Ca fait du bien qu'elle soit là. Il ne sait pas trop comment il aurait réagi ... si elle n'avait pas été là. Il s'est contenté de prendre sa main et de la serrer un peu. Comme s'il en avait besoin pour ... pour reprendre des forces. Mais aussi pour la remercier. Même s'il n'a rien dit.

[...]

C'est long. C'est trop long pour Jay'. Il n'arrête pas de regarder sa montre toutes les trente secondes, ou presque. Et quand la porte s'ouvre finalement, il s'est tourné. Et c'est elle. "Riley ..." Il s'est baissé. Il s'est agenouillé pour la prendre dans ses bras. pour la serrer tout contre lui. Il en a les larmes qui coulent le long de sa joue. C'est peut-être un mec. Mais pour Riley, oui, les larmes ont souvent coulé. Quand elle était en réa-néonat et que sa vie ne tenait qu'à un fil. Quand elle a disparu. Et maintenant. Il a placé une de ses mains à l'arrière de la tête de la petite et il la serre fort. Pas trop non plus. Mais il veut lui montrer que papa est là. Et qu'il ne va pas partir de sitôt.

Il a levé la tête vers Eve quand cette dernière lui indique qu'elle va s'absenter. "Ok." Il dépose un baiser sur le front de la petite tandis que sa soeur reprend. Elle pense passer plus tard. A la maison. "Je ... Je sais pas s'ils vont la laisser sortir dès aujourd'hui." L'infirmière qui accompagnait Riley est déjà repartie apparemment. "Il faut ... que je vois le médecin. Et s'ils la laissent sortir, tu peux passer bien sûr." Il a son téléphone à portée de main. Donc oui, il la tiendra au courant."Dès que j'en sais plus, je te dis." Il renifle un peu. Ils vont aller s'installer dans le fauteuil. Ca sera bien mieux que dans le lit où il pourrait pas l'avoir dans ses bras. "Merci ... d'avoir été là." Quelle chance, mine de rien, qu'ils aient appelé Eve ! Sans quoi, il n'y aurait peut-être pas eu ... de si joyeuses retrouvailles.