La facilité, ç'aurait été de rester dans une position confortable et de ne pas chercher l'amour. La facilité, ç'aurait été de poursuivre ses petites affaires avec Gina, sans sentiments amoureux derrières les trois galipettes chaque semaine. Mais il n'a pas envie de faire dans la facilité, il veut trouver son âme-soeur, sortir de sa zone de confort, essayer de s'engager réellement dans une relation durable. C'est pas son fort à Angelo, les relations longues. Pourtant, les sentiments, ils arrivent souvent rapidement. Mais il est comme ça, le petit Welch, il donne beaucoup, il aime très fort, mais il ne se projette pas vraiment. C'est trop d'investissement, trop de planification, et ça, il n'aime pas. Quand il s'imagine dans une relation longue, il a l'impression qu'on l'enferme. Comme s'il fallait rendre des comptes, comme si sa passion pour le voyage allait être étouffée. Parce que quand on est en couple, on ne peut pas partir à l'autre bout du monde sans prévenir ? On ne peut pas réserver un vol en retour flexible sans donner de date butoir fixe ?

Mais depuis que sa grand-mère est décédée, Angelo est plus enclin à chercher à s'ancrer près de sa famille. Depuis que mamie est partie, l'idée de perdre ses parents, ses sœurs, sa jumelle surtout, est devenue étouffante. Habituellement, ce qui l'étouffe, c'est sa mère. Sa mère et tout cet amour qu'elle déverse sans occasion particulière. Son aînée, Liv, qui remplace trop fréquemment sa mère en le couvant quand la matriarche n'est pas là. Et pourtant, là, tout ce dont il a besoin, c'est de savoir que celles qui le font facilement sortir de ses gonds seront présentes pour une bonne partie de sa vie. Parce qu'il n'a encore rien accompli, il ne se sent en tous cas pas comblé par les innombrables pays qu'il a visité. C'est pas viable. C'est pas les voyages qui seront là à son chevet quand il mourra.

Alors ce soir, il a décidé qu'il rencontrerait son âme-soeur. Celle qui lui donnera envie de rester indéfiniment à Brisbane, celle qui saura le garder sans l'étouffer. Hum. Optimiste, n'est-ce pas ? Radical même, comme façon de voir les choses.

Il s'est fait tout beau mais pas trop. La barbe est taillée, les cheveux fraîchement coupés et le t-shirt repassé. Il a enfilé un jean et ses snickers les plus propres : beau gosse mais décontracté. C'est l'esprit de la soirée, hein ? Elle avait l'air cool, cette Alice. Ça fait deux jours qu'ils discutent par message et le courant a l'air de bien passer. Elle est architecte d'intérieur, aime les randonnées, les animaux et l'esprit de Noël. Une fille parfaite à présenter à la famille welch, non ?

Devant lui, une blonde s'apprête également à rentrer dans l'enceinte du restaurant chic où Alice lui a donné rendez-vous. Sourires cordiaux échangés, puis Angelo lui tient la porte pour qu'elle rentre avant. Elle a l'air de venir pour un date elle aussi. Ils ont classé ce restaurant comme "lieu idéal pour un premier rendez-vous" dans TripAdvisor ou quoi ?, se demande-t-il, son regard balayant la salle à la recherche de sa future dulcinée.
Il la répère rapidement. Comment ne pas la voir en même temps ? Elle s'est fait belle, Alice, un peu trop même. Beaucoup trop pour Angelo. La robe dorée pailletée à strass l'effraie. Mon dieu où est-ce que je mets les pieds, pense-t-il, l'angoisse montante davantage. Trouver son âme-soeur, oui, mais pas tout de suite tout de suite quand même. De son joli sourire, elle lui fait signe pour qu'il vienne s'installer. "Hey, salut !", amorce-t-il gêné, les mains moites empoignant le dossier de sa chaise pour la tirer et s'asseoir dessus. Elle est vraiment jolie Alice, mais too much. M'enfin, on ne s'arrête pas aux apparences, hm ?

Elle a commandé un verre de spritz et il la suit, calculant déjà combien de dollars il aurait à sortir dans ce restaurant beaucoup trop élevé pour sa classe sociale. Quelques banalités sont échangées avant que le serveur ne vienne leur apporter leur verre. En relevant la tête vers lui, il s'aperçoit que la blonde croisée quelques minutes plus tôt se trouve à la table juste à côté. Eyes contact à nouveau. Sourire cordial à nouveau. Focus sur ta future meuf, Angelo, s'ordonne-t-il, et son regard bascule sur la robe dorée brillante.

A peine une gorgée de spritz avalée qu'Alice embraie sur le sujet de mariage. Et blablabla, ça parle déjà de fiançailles et de famille nombreuse à inviter. Putain, c'est quoi ce bourbier. Elle l'avait prévenu qu'elle cherchait du sérieux pourtant, mais il ne pensait pas qu'elle le voulait de façon imminente. Il ne sait quoi répondre, la laisse déblatérer en se contentant d'aspirer le spritz par sa paille et de le descendre en moins de cinq minutes. La soirée risque d'être longue.

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La facilité, ç’aurait été de ne pas devenir la maîtresse d’un homme marié pour ne pas avoir à se trouver une couverture digne de ce nom histoire de continuer à le voir en toute impunité, même après que sa femme se soit rendu compte du goujat qu’il était. La facilité, ç’aurait été d’accepter de sortir avec l’un de ses collègues internes qui aurait compris ses impératifs en matière de planning et qu’elle aurait trouvé suffisamment à son goût pour ne pas se sentir obligée de longer les murs de l’hôpital dés le lendemain matin. Mais elle n’avait pas envie de faire dans la facilité, Mavis, elle était trop ambitieuse pour ça. Les applications de rencontres, c’était une cour des miracles qu’elle n’avait jamais foulée parce qu’elle se jugeait trop bien pour ça, bien sûr. Cependant, il fallait être honnête deux minutes : ses options étaient plus que limitées, sa sociabilité branlante la rendant parfaitement inapte à faire son marché dans un groupe d’amis qu’elle n’avait pas, ou dans ses connaissances qu’elle négligeait par manque de temps, mais surtout par manque de volonté. Alors elle avait swipé longtemps sans bouder son plaisir quand il avait fallu baser ses premières impressions sur le physique des bonhommes qui mettaient leurs atouts en valeur pour vendre leur bout de gras, mais franchement, elle méritait tellement mieux que ça, merde. Finalement, au terme de quelques efforts laborieux, elle était tombée sur Rudy au hasard de ses errances nocturnes — inutile d'avouer que ça avait été entre deux lavements imposées aux urgences —, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu'il avait de quoi attirer l’attention. Typiquement le genre de mec qui attirait son oeil — grand, brun, tatoué —, sauf qu'il avait le vocabulaire d’un gamin tout juste entré au cour préparatoire, et que ça lui posait un certain problème de conscience lorsqu’elle se demanda s'il avait toutes ses facultés.

Elle avait décidé de s’en moquer, le prouvait sa présence au lieu de rendez-vous qu’ils s’étaient fixés après quelques jours à peine de discussion poussive, douloureuse même, mais la vérité, c’était qu’aucun d’eux ne cherchaient vraiment à discuter. Elle s’arrêta devant la porte vitrée du restaurant chic dans lequel elle s’apprêtait à entrer, s’avisa de la tenue qu’elle portait et qui était somme toute élégante sans trop l’être, parfaite pour faire son entrée ; escortée par la galanterie d'un autre client à qui elle rendit son sourire avec politesse en se demandant s’il était dans le même cas qu’elle, ou s'il était un habitué des lieux. Elle eut sa réponse quelques instants plus tard lorsque, après plusieurs minutes à patienter dans le lobby du restaurant, on lui demanda si elle avait réservé. Elle répondit que oui, mais qu’elle attendait quelqu’un qu’elle relança au bout de cinq minutes par texto, installée à la table à laquelle on l’avait invitée à s’installer pour patienter. Elle commanda le premier mocktail qu’elle vit sur la carte, qui était d’ailleurs beaucoup trop sucré à son goût, mais elle s’en contenterait, ses oreilles traînant du côté de la table du couple qui n’était pas loin. Là, elle reconnut le jeune homme qui lui avait tenu la porte tout à l’heure ; il avait l’air dépité, et Mavis voulut comprendre pourquoi.

Curieuse, elle jeta un oeil à la jeune femme qui lui faisait face, et ce fût immédiat : elle pinça les lèvres, retenant un sourire, en examinant sa tenue qui paraissait too much que ce soit pour l’endroit, ou pour le type dont elle trouva les yeux à nouveau un air de lui dire tu peux faire mieux que ça, non ? Rudy, lui, se faisait attendre, mais dans l’absolu, ce n’était pas un problème tant ce qu’elle perçut de la discussion du couple posé à quelques mètres d’elle lui paraissait plus engageant que la compagnie d’un trentenaire qui ne savait pas que les si n’aiment pas les rais "Pardon, excusez-moi." Elle ne savait pas si c’était l’expression de panique qu’elle remarqua sur le visage du jeune homme lorsque sa dulcinée parla soudainement mariage qui l’alerta, mais prise d'un sentiment d’urgence qui la poussa à intervenir, Mavis s’inclina vers la table qu’ils occupaient avec, sur le visage, une mine d’excuse polie qui la rendait on ne peut plus adorable sous la chaleur tamisée des lampes qui les entouraient "Oui, bonsoir. Je suis désolée d’interrompre votre conversation —", presque avec connivence, ses yeux noisettes se posèrent de nouveau sur le pauvre jeune homme qui semblait subir le fantasme de vie parfaite d’une bécasse emballée dans de l’aluminium "— je me trompe peut-être, mais on se connait, non ?" Non, la réponse était non, il n’avait même pas besoin de faire semblant de réfléchir pour qu’ils en soient sûrs tous les deux. Elle continua tout de même, faisant mine qu’il était sur le point de dire son prénom qu’elle lui donna gratis, en bonne samaritaine qu’elle était "Mavis." Rudy n’était toujours pas là, alors au lieu de ruminer sur l’idée que ce demeuré lui posait un lapin, elle pouvait faire une bonne action et sauver les jolies petites miches d’une pauvre biche pris dans les phares d’une jeune femme qui se sapait au rayon sac à sapin des grands magasins, non ?

Le verre de spritz a été sifflé en un quart de seconde et quand Alice lui déblatère tous ses plans pour leur mariage, Angelo n'a plus aucune autre distraction pour s'occuper ni les mains, ni la bouche. S'il se demandait pourquoi Alice était toujours célibataire derrière son écran de téléphone pendant ces deux jours d'échanges de SMS, il en a finalement vite compris la raison. Puis, 19h c'est beaucoup trop tôt pour parler fiançailles. Surtout pas après un seul verre d'alcool.

Angelo ne cherche même pas à camoufler ses émotions avec ses yeux de poisson éberlué mais ce n'est pas ça qui arrêtera la blonde, elle poursuit sa tirade sans la moindre considération pour celui qu'elle projette déjà comme son futur amoureux. Il aurait dû prévoir un plan de secours mais il n'en a pas eu l'idée avant de voir à qui il avait réellement à faire. Son regard croise celui de sa voisine de table et par miracle - ou malheur selon le point de vue - elle est encore seule. Son rendez-vous se serait-il fait la malle ? Elle intervient et Angelo la remercie des yeux, soulagé. T'excuses pas, tu n'nterrompts rien du tout, merci, merci, merci, merci, qu'il pense aussi fort qu'il puisse dans l'espoir qu'elle le devine par télépathie. "Oh punaise ! Mavis ? Mavis ! Mais qu'est-ce que tu fais là ?? T'es rentrée quand ??" Il rentre volontiers dans son jeu, se lève presque trop brusquement, renverse sa chaise mais s'en fout complètement, et enlace sa voisine de table. On n'est clairement pas sur une attitude adaptée dans ce restaurant trop chic pour lui.

Dans l'oreille, il lui glisse un "Tu viens de procéder à un sauvetage, je te dois un verre" puis il la prend par l'épaule pour la présenter à son date du soir. "Alice, Mavis. Mavis, Alice." Il fait les présentations, tout joyeux d'avoir été extirpé de la situation, cherchant encore comment il va pouvoir déguerpir rapidement. "Mavis et moi on est sortis ensemble pendant quoi ? Trois ans ?", poursuit-il, ses yeux venant s'ancrer à nouveau dans ceux de sa soi-disant ex petite amie. "On s'est séparés à cause de la distance mais je ne pensais pas qu'on se retrouverait de si tôt." Ça fait suffisamment red flags, non ? Le mec qui retrouve son ex et qui va repartir avec elle, ça fait peur normalement ça, non ? Puis, elle va bien finir par se rendre compte qu'elle ne peut pas demander un homme - garçon serait presque plus adapté pour le petit Welch - en mariage au bout de deux minutes ? Elle va bien finir par se barrer, le laisser en plan ? Ce serait cool, ça.

c'est quand même drôle de jouer ça avec des dés :

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Sur le moment, Mavis n’était pas sûre que le jeune homme de la table voisine attraperait sa bouée de sauvetage. Mais même à cette distance, elle le vit, le soulagement dans ses yeux. Sa réaction était excessive, sa chaise raclant le sol finissant par tomber à la renverse. Ça ne faisait que témoigner de la délivrance qu’elle lui offrait en lui tendant la main. Elle aussi, elle se leva, avec bien moins de fracas néanmoins, respectant toujours les codes sociaux pour éviter d’attirer l’attention de la mauvaise façon, et entra dans le jeu qu’elle avait initié, mais qu’il avait lancé pour de bon en réagissant comme il le faisait, soucieuse de l’aider à se dépêtrer de ce bourbier dans lequel il se trouvait, s’ennuyant à crever à attendre que son date ne daigne se pointer.

Elle accepta son accolade, ferme et réconfortante, se retrouva sur la pointe des pieds pour la lui rendre avec une chaleur induite par rien d’autre que la connivence qui naissait là, juste comme ça, s’émerveillant pour de faux que le destin les réunisse à nouveau alors qu’il était clair, pour lui comme pour elle, qu’ils ne se connaissaient ni d’Eve ni d’Adam "Je suis rentrée il y a une semaine. J’y crois pas, c’est bien toi." De où était-elle rentrée, Dieu seul savait à ce stade. C’était facile de mentir, facile de jouer la comédie, facile de faire naître chez autrui la jalousie : Alice était livide, Mavis le remarqua quand la pointe de son menton se posa sur l’épaule du jeune homme dont elle ne connaissait pas le nom. Ça l’excita de la voir fulminer en silence, l’attirail de papillote en chocolat qu’elle portait la rendant encore plus ridicule que ses projets de mariage fait à l’arrache avec un inconnu. Lui, il lui murmurait à l’oreille quelque chose qui la fit rire et se reculer pour le regarder un air de dire tu m’en dois au moins deux avant de le relâcher pour faire bonne mesure.

Elle fit mine de noter la présence d’Alice que maintenant, se tournant vers elle avec un grand sourire éclatant, sa main se tendant dans sa direction lorsqu’elle lui fit, hypocrite "Je suis enchantée. Je veux pas vous déranger par contre, j’ai cru comprendre que vous prépariez un grand évènement." Elle inclina la tête vers le jeune homme avec une malice non dissimulée affichée sur son visage, les fossettes qui se creusèrent dans ses joues traduisant combien elle trouvait tout ça drôle au fond. Elle enfonça le clou en lui faisant, aussi sérieuse qu’elle emprunta son air le plus innocent "Félicitations, tu t’es enfin décidé à te ranger." Il s’était permis de la prendre dans ses bras, elle se permit de poser une main sur son épaule pour établir une connexion qui partirait disparaîtrait à l’instant où Alice déciderait de s’en aller — et à en croire par la fumée qui lui sortait des oreilles à l’instant où il parla d’une relation de trois ans, ce serait pour bientôt. A nouveau, Mavis s’adressa à elle, s’étant brièvement perdu dans les souvenirs de cette relation qui n’existait pas "J’espère que tu mesures la chance que tu as, t’aurais pas pu tomber sur mie —" Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase. Alice saisit son verre pour le jeter sur son rancart, aspergeant Mavis au passage qui, rentrant le menton, eut un temps de réflexion de quelques secondes avant de faire au jeune homme, moins épargné qu’elle "Moi qui pensais que c’était un move qu’on voyait que dans les films. T’as l’air d’avoir le chic pour choisir tes conquêtes, toi."

La réaction est excessive, certes, mais à l'image de son soulagement. On n'est plus sur une bouée de sauvetage mais sur un canot tout entier. Il se voyait déjà essayer de ralentir Alice, en vain, puisqu'elle s'était déjà fait une idée toute formée de leur futur couple. Lui n'avait qu'une envie : se noyer dans son verre de spritz. Alors quand la fameuse Mavis intervient, il la place au niveau de sainte, un vrai ange tombé du ciel. Il ne sait pas encore comment, mais il compte bien la remercier. Et si lui offrir un verre n'est pas suffisant, il était prêt à dévaliser tout un bar juste pour elle.

Son câlin lui est rendu et sa partenaire de mensonge poursuit la comédie en répondant très sérieusement à ses questions. Elle va même jusqu'à les féliciter pour leurs futures fiançailles et ça lui arrache un rire moqueur, à Angelo. "Non, non, mais c'est pas ce que tu crois, on va pas se mar..." Visiblement, Alice n'apprécie pas de pas être au centre de l'attention. Surtout, elle n'apprécie pas avoir à faire avec une ex qui ressurgit pendant sa soirée finement organisée. Et ele apprécie encore moins quand elle se rend sans doute compte qu'Angelo ne veut plus d'elle.
Le fond du spritz vient éclabousser son haut blanc, et, même si ce move annonce la fin de leur date, il est aussi sacrément dégoûté parce qu'il l'aimait bien, ce t-shirt. "Attends Alice..." Très peu d'effort sont fournis pour retenir la blonde qui s'en va en pestant, c'est à peine s'il ne chuchote pas pour être sûr qu'elle ne l'entende pas.

"Moi qui pensais que c’était un move qu’on voyait que dans les films. T’as l’air d’avoir le chic pour choisir tes conquêtes, toi.
- Figure-toi que je pensais pas avoir choisi une boule à facette qui me parle mariage dès le premier rencard"

Il lâche enfin un rire, le soulagement venant lui faire retomber les épaules. "M'enfin on parle de mon rencard, mais t'as l'air de t'être fait poser un lapin toi, non ? Remarque, lui aussi aurait préféré ce scénario. Au moins, il serait reparti avec le t-shirt propre. Ses yeux se baissent d'ailleurs sur l'énorme tâche au centre. "P'tain, c'était un de mes préférés en plus." Son regard se lève cette fois vers la tenue de Mavis : elle a fait dommage collatéral. "Oh merde! T'en as aussi." Il tente tant bien que mal d'eponger les gouttes qui perlaient de sa serviette de table mais c'était clairement ineficace. La culpabilité se met à le ronger, sincèrement désolé qu'elle ait dû en subir les frais elle aussi alors qu'elle l'a sorti des griffes du monstre. "Dis moi combien elle t'a coûté ta tenue ? Je te rembourserai." Il espérait clairement que les habits viennent d'un shop lambda et non pas d'une marque de haute couture parce que pour le coup, du fric, c'est bien ce qui lui manquait ces derniers temps.

Et parce que les présentations officielles n'avaient pas encore été faites, il enchaîne : " Enchanté du coup, Mavis. Moi c'est Angelo." Il aurait pu reprendre ses distances physique avec elle mais n'importe quel type de proximité ne le dérange pas vraiment. C'est qu'il a vécu auprès d'inconnus pendant près de neuf ans le petit. Il finit tout de même par lâcher l'épaule de Mavis avant de se reculer pour mieux l'observer. "Bon, qu'est-ce que je peux faire pour te remercier ? T'as le droit à tout ce que tu veux. Littéralement", qu'il annonce avec sérieux d'un hochement de tête. Elle pouvait lui demander d'aller casser la gueule de son ex, il en aurait été parfaitement capable.

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@Angelo Welch (crédit gif/hartrps)

Elle voyait les maigres efforts d’Angelo pour retenir Alice, Mavis. Elle voyait qu’il avait plus l’air dégoûté de voir le t-shirt qu’il portait, et qu’il avait peut-être même acheté pour l’occasion, se faire souiller par la jalousie d’une petite meuf qu'il avait cru pouvoir ramener chez lui après quoi, trois verres à peine ?, que de perdre la perspective de se faire passer la corde au cou par la petite meuf en question. Ça la fit rire, et elle ne s’en cacha pas, bien qu’elle finit par dissimuler sa bouche derrière la paume de sa main après s’être ouvertement moquée du départ très hollywoodien de la dulcinée du jeune homme qui n’était pas tendre avec elle. Ça redoubla le fou rire de la blonde qui, la voix pleine de sourires, lui dit après avoir repris son sérieux — ou à moitié en tout cas, un léger éclat venant ponctuer ses paroles "Je m’excuse, mais t’aurais vu ta tête pendant qu’elle te parlait de votre mariage imminent, c’était à se tordre de rire." lui fit-elle, regrettant de ne pas avoir eu le réflexe de sortir son téléphone pour immortaliser la scène.

Autour, on leur accordait des regards qui gênèrent juste un peu la jeune femme, et ce pour une seule chose, et c’était parce qu’elle était bien élevée. Avant qu’Angelo ne pointe du doigt le désastre qu’était sa soirée, à elle aussi, elle s’inclina pour ramasser sa chaise et la replaça correctement en faisant signe aux gens autour d’eux que tout allait bien, qu’ils pouvaient retourner à leurs petites affaires. Les siennes étaient compromises ce soir, Angelo avait raison. Elle s’en défendit tout de même, fronçant les sourcils en dégainant sa meilleure arme : la mauvaise foi "Et qu’est-ce qui te dit que j’ai un rancard ?" La tête serpentant juste assez pour se décaler de son axe, elle croisa les bras sur sa poitrine en lui posant sérieusement la question, un air de défi brillant dans ses prunelles. Elles finirent par dériver sur le t-shirt dont il déplorait l’état "Elle t’a pas raté. A mon avis, tu vas plus avoir de ses nouvelles." A quel point ça le décevait ? Elle ne lui posa pas la question, pinçant ses lèvres pour doucement les frictionner l’une sur l’autre, estompant le peu de baume à la coco qui restait dessus alors que lui, il se désolait pour sa tenue. Elle décroisa les bras, secoua la tête, et puis la baissa pour constater les dégâts à son tour. Elle le rassura dans la seconde "C’est rien, j’ai une machine à laver tu sais." Elle espérait juste que Rudy n’allait pas décider de se pointer maintenant et juger qu’elle était une crasseuse de première catégorie de s’être amenée à un date avec des vêtements tachés. Mais puisqu’elle n’avait pas de ses nouvelles, elle estimait qu’il y avait peu de chance que ça arrive, de toute façon.

Elle sourit au jeune homme qui lui donnait enfin son prénom "Angelo." répéta-t-elle pour se l’ancrer dans la tête. Un serveur s’avança juste à ce moment-là pour ramasser le verre brisé sur le sol, et Mavis s’excusa à la place d’Alice avant de reporter son attention sur sa rencontre du soir. Elle n’avait pas beaucoup d’options pour sauver sa soirée, Mav : soit elle attendait encore quelques minutes que son cassos de date ne daigne la rejoindre, soit elle rentrait chez elle pour repartir pour un tour de swipe et croiser les doigts pour que son prochain match ne soit pas du même genre. Angelo semblait plutôt sympa, lui : ses goûts en matière de femmes mis à part, s’entend. Elle réfléchit, le toisant avec une discrétion certaine, de bas en haut, et enfin statua sur la certitude qu’elle eut en croisant son regard, et qui était qu’elle pouvait sauver sa soirée, à lui aussi. Elle haussa les épaules, un petit sourire sur les lèvres "On pourrait s’asseoir ?" Polie, elle lui posa la question avant de s’exécuter "Et tu me raconteras comment t’en es venu à emmener Alice ici sans la connaître." Elle se redressa doucement, posa sa main droite sur son coeur pour lui faire une promesse à moitié solennelle, le vrai sourire qui fendait ses lèvres rendant moins sérieuse ce qu’elle lui dit pour le rassurer "Je me moquerai pas, je ferai qu’écouter, c’est juré."

Le point positif de la soirée, c'est que Mavis a l'air de s'amuser. Elle rigole bien de la situation d'Angelo et ça met un peu de légèreté dans ce date foireux-foiré. Elle ramasse la chaise tombée au sol dans l'engouement d'une issue de secours à ce rendez-vous et c'est seulement là qu'il se rend compte avoir fait du dégât. Autour, les gens les observent. Oups. Cela dit, ce n'est pas le regard des autres qui l'importe. Sa nouvelle partenaire de soirée a l'air plus fun qu'Alice, et elle a l'air seule ce soir. "Tu vas pas me faire gober que t'attendais une pote ? Y'a qu'à voir les gens qui sont là..." D'un coup de menton, il montre la salle : la majorité sont des couples bien sappés. La moyenne de la tranche d'âge est de cinquante ans, et si jeunes il y a, ce sont des trentenaires prêts à faire des demandes de mariage ? Mais pas d'amis en tête à tête en vue en tous cas.

Son attention se focalise sur son t-shirt presque neuf (plus maintenant), pris sur vinted d'occasion pour l'occasion, puis sur l'accoutrement taché de Mavis. Il est soulagé quand elle lui dit pouvoir nettoyer son vêtement sans qu'il n'ait besoin d'en racheter un pour elle. Ouf. Ça de moins. C'est qu'il est plutôt pauvre en ce moment - ne l'a-t-il jamais été ? - et l'idée de sortir des centaines d'euros à cause d'une nana qui voulait lui passer la bague au doigt dès le premier rendez-vous, ça l'angoissait. Un peu cher pour un date tout ça. Le prochain, ce sera un pique nique premier prix en bord de mer : romantique mais beaucoup moins de dépenses à prévoir.

Il ne s'asseoit pas quand elle l'invite à le faire puisqu'il souhaite quitter l'endroit au plus vite, mais sourit quand elle demande davantage de détails sur cette fameuse Alice. "Oh, mais c'est que madame est curieuse." Qui ne le serait pas dans son cas ? Et puis, elle lui a quand même sauvé la mise. "Déjà, c'est pas moi qui l'ai invitée ici, c'est elle qui a insisté pour venir ici." Quand même, il n'allait pas proposer un endroit aussi chic pour un premier rendez-vous ! Un bar aurait mieux fait l'affaire : moins intimiste, plus de possibilités pour s'échapper. "Ensuite, si ça te dérange pas, est-ce que ça te dérange qu'on se mette ailleurs ? C'est un peu hors de prix pour ce qu'ils servent je trouve." Il chuchote la dernière phrase, gêné de lui confesser à demi mot qu'il n'a pas les moyens de rester. "Faut juste que je paie les cocktails avant, et on peut se retrouver devant ? J'ai vu qu'il y avait un bar juste à côté, j'crois qu'ils font une soirée blind test. Ou autre chose si tu préfères ? Je t'invite où tu veux." Puis il se rappelle qu'elle n'est pas à sa disposition et qu'elle attendait quelqu'un de base. "Enfin... Si ça te chauffe. C'est juste pour te remercier...", qu'il se justifie, ne voulant pas passer pour un lourdeau, "et aussi parce que je sais que tu meurs d'envie de connaître l'histoire d'Alice", termine-t-il en jouant des sourcils. Peut-être que sa curiosité finira par faire pencher la balance.

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"J’aime les beaux endroits, c’est tout." Un moment de silence s’étendit en même temps qu’elle regardait les alentours avec un regard en biais, suivant à peine le signe de tête d’Angelo qui s’appliquait à lui prouver son point en désignant la clientèle de l’endroit dans lequel ils se trouvaient. Elle laissa passer trois secondes, et puis tenant à sa crédibilité, bien plus qu’à sa mauvaise foi en tout cas, elle finit par lui avouer dans un gros soupir, résignée, mais pas déçue compte tenu qu’une partie d’elle se disait qu’elle avait peut-être bien gagné au change "OK, je me suis fait poser un lapin." Elle leva aussi vite sa main devant elle, prête à retenir les moqueries d’Angelo en lui disant, souriant à moitié "J’étais pas vraiment prête à me faire demander en mariage de toute façon, c’est peut-être pas si pire finalement." Elle abuserait de ce running gag tout au long de la soirée. Elle finirait par le renouveler, du genre à se lasser aussi vite que ses humeurs changeaient, mais pour l’instant, elle ne comptait pas le lâcher avec cette histoire de mariage imposé.

Elle tirait du bon de la situation, en riant sans plus qu’en la déplorant, pas du genre à faire de scandale pour trois gouttes de cocktail éparpillées sur sa robe. Angelo pouvait respirer, elle ne lui ferait pas un remake d’Alice en le contraignant à lui rembourser sa tenue, tout comme elle ne le contraindrait pas à passer un moment avec elle si, échaudé par son rendez-vous du soir, il aspirait à retrouver sa solitude et à s’apitoyer sur son sort en tentant le rebond avec la première qui passe. Elle lui proposa tout juste poliment de poursuivre leur discussion, lui fit les yeux de biche quand il la traita de curieuse, une épaule relevée, le menton l’effleurant pour lui montrer son profil somme toute pas désagréable, les cils battant la mesure de la comédie qu’elle lui offrit avec plaisir "Mon plus vilain défaut. Au moins tu sais." qu’elle lui dit avant de retrouver son sérieux et d’en rire à nouveau, fonçant les sourcils à la suite "Ça t’a pas mis la puce à l’oreille qu’elle insiste pour t’emmener ici ?" Remarque, est-ce que ça avait mis la puce à l’oreille de Mavis que Rudy veuille qu’ils se retrouvent ici ? Elle préféra éviter cette question, pas volontaire pour réfléchir à ce que Rudy comptait lui faire vivre, et acquiesça au reste en chuchotant presque, un peu exagérément, tout en allant récupérer son sac pour lui indiquer avant de lui dire qu’elle était d’accord pour s’enfuir d’ici "C’est hors de prix, et puis on sait jamais, elle pourrait revenir t’achever avec la liste des prénoms pour vos futurs enfants." Vu comment elle était partie, elle était persuadée qu’elle y pensait. Elle lui adressa une grimace malicieuse, glissant la bretelle de son sac sur son épaule en finissant par adhérer complètement à son plan de secours, coinçant ses cheveux à deux mains derrière ses oreilles en même temps qu’elle cherchait son regard "C’est juste du blind test, ou y a des chances pour que ça se termine en karaoké ? Pas que je veuille me vanter, mais t’as aucune chance de rivaliser, et vu ce qui vient de se passer, je tiens pas à ce que ça achève ton amour propre, tu vois ?" Son mode compétitrice ne tarda pas à se mettre en route tandis qu’elle lui confirmait, ses yeux se révulsant brièvement pour prouver à quel point elle avait envie en effet, de connaître la genèse de son histoire avec Miss sac à sapin "J’ai beaucoup trop hâte." À nouveau, elle retrouva son sérieux, et puis enfin, laissant filer un léger clin d’oeil dans sa direction, elle le contourna et lui confirma avec un sourire contenu dans la morsure furtive de sa lèvre inférieure "Je t’attends devant. Me pose pas de lapin, hm ?"

Elle essaie de lui faire croire - à moins qu'elle ne cherche à se convaincre elle-même - qu'elle ne s'est pas fait poser un lapin, mais elle capitule bien vite face au regard perspicace d'Angelo. Enfin, perspicace... Ce n'était pas bien difficile à deviner. Il sourit, victorieux d'avoir réussi à lui faire cracher le morceau, et elle pique à son tour de plus belle, ne le laissant pas se moquer davantage. "Ah, ça te fait marrer hein." Elle peut après tout, il aurait fait de même le cas inverse. À croire qu'ils jouent au date le plus nul. Pour le coup, on est quand même respectivement sur les deux extrêmes opposés. Entre un gars qui ne se pointe pas et une nana qui fait une demande de mariage, il y avait quand même toute une batterie de possibilités entre.

Elle propose de s'asseoir pour avoir les ragots sur Alice, il suggère plutôt de quitter l'endroit que la jeune femme avait présenté comme lieu de premier rendez-vous. "Ehhh je sens le jugement. Je connais pas tous les restau huppés de Brisbane moi !" Et il n'avait clairement pas googlé l'endroit avant de venir ici ce soir. "Puis j'te signale que tu t'es pointée ici aussi, donc j'crois que t'es pas la mieux placée pour charier dessus." Il fait les gros yeux, camouflant un nouveau sourire, un air innocent sur son visage. "Mais... Ouais, on devrait se barrer au plus vite." Elle a raison, Alice pourrait débarquer à tout moment pour terminer Angelo jusqu'au bout. "Puis vu l'excès de la nana, j'ai vraiment pas envie qu'elle me pourrisse mes pompes après avoir niqué mon t-shirt" Elle lui avait versé la moitié de son spritz sur son haut, elle serait très bien capable de compléter son acte de jalousie en revenant écraser un mégot sur ses baskets.  

Il propose de quitter ce restaurant, oui, mais souhaite poursuivre la soirée avec Mavis, et surtout, la remercier. Et son offre plaît visiblement : elle a l'air emballée et, mieux encore, elle pense pouvoir le battre si karaoké il y a. "Non mais c'est une blague ?? T'aimes le karaoké ??" Elle peut penser ce qu'elle veut, elle ne pourra jamais le battre sur ça. "Sache que j'accepte le défi." Parce que c'en était clairement un qu'elle lui lançait, n'est-ce pas ? "J'peux pas te poser de lapin après ça", qu'il répond tout sourire, avant de se diriger vers la caisse pour payer sa consommation et celle d'Alice.

En sortant de l'Esquire, il s'allume une clope et retrouve Mavis de l'autre côté du trottoir. "Ça te dérange pas que je fume ?", demande-t-il en soufflant sa fumée en tournant la tête de façon à ne pas intoxiquer la blonde. Ce serait hypocrite de dire qu'il essaie d'arrêter alors qu'il a toujours un paquet dans sa poche. "Bon, si j'ai bien compris... Après le concours du meilleur date foiré, on vise la compet' pour savoir qui chante le mieux ce soir ?" Il chante plutôt juste, Angelo, mais dire qu'il chante vraiment bien serait mentir. "J'espère que t'aimes High School Musical parce que c'est clairement mes chansons de chauffe, et je compte pas prendre le micro tout seul." Alors, défi accepté Mavis ?

maybe we're perfect strangers
@Angelo Welch (crédit gif/hartrps)

Pour la faire marrer, ça la faisait marrer, bien sûr. Du moins, ça la ferait marrer jusqu’à qu’il estime qu’elle en faisait trop et qu’il lui dise qu’il en avait assez de se faire asticoter par une petite blonde dans son genre. Mais elle avait plutôt confiance Mavis. Rudy mis à part (vu son profil, il était demeuré de toute façon, sa perception du monde n’était clairement pas la même que celle du commun des mortels), elle savait qu’elle n’était pas une fille qu’on larguait pour une autre ; qu’on se réservait comme option de choix pour des extras de folie par contre, ça c’était son super-pouvoir. Sauf qu’Angelo n’avait pas à le savoir et sans aucun doute qu’il ne le saurait jamais "Je juge pas. J’essaye juste de comprendre ce que vous avez bien pu vous dire pour qu’elle en vienne à la conclusion que t’étais le bon." Elle se rendit compte que ses propos pouvaient être vexants, n’en avait pas grand-chose à faire à dire vrai, seulement Angelo était fun et de bonne composition, alors elle reprit rapidement, retenant sa bévue en abattant une main dans l’espace qui les séparait "Enfin, je comprends pourquoi elle en est venue à ça. T’es mignon." Mignon, c’était insultant, non ? Il était plus que mignon par ailleurs, elle ne se corrigea pas pour autant.

Elle ne chercha pas à se défendre d’avoir été naïve à propos des intentions de Rudy qu’elle ne rencontrerait jamais. Loin de s’en désoler, elle en était plutôt heureuse sur l’instant. Elle passerait la soirée avec quelqu’un d’autre qui partageait au moins le même humour qu’elle — pas que visiblement, sa réaction la mention d’un défi karaoké lui laissant penser que, sans aucun doute possible, elle avait à faire à un grand expert, et donc, à un adversaire à sa hauteur. Elle roula des yeux pour faire bonne mesure "Qui n’aime pas le karaoké ?" A part les rabat-joies, ça allait s’en dire. Angelo ne semblait pas en être un, c’était sa chance. Se dirigeant vers la sortie, elle plissa les yeux quand il se servit de leur intérêt commun pour affirmer qu’il ne lui poserait pas de lapin. Elle le toisa, lui dit après une seconde ou deux à le fixer avec résolution pour dénicher ses mensonges avec l’esprit "Juré ?" Alice pouvait aller se rhabiller avec ses promesses d’amour éternel, Mavis tablait sur des serments bien plus sérieux que ça, prête à dégainer son petit doigt pour le sceller avec Angelo à qui elle offrit un sourire à la place.

Elle leva les mains devant elle quand il s’alluma une cigarette en lui demandant si ça ne la dérangeait pas. Ce n’était pas le moment de lui sortir un pamphlet sur les dangers du tabagisme. Elle lui fit avec nonchalance "Tes poumons, pas les miens." Mais franchement, l’interne en première année qu’elle était ne pouvait s’empêcher de le traiter intérieurement d’idiot. Marchant à ses côtés, elle détourna la tête lorsqu’il expulsa sa fumée, jeta un oeil distrait au ciel qui lui paraissait sans étoiles à cause de l’éclairage qu’il y avait autour, et opina avec conviction à ce qu’il lui disait "Disons qu’on vise plutôt l’opportunité de t’humilier un peu plus. Parce que c’est évident que c’est moi qui chante le mieux, c’est inutile d’en débattre." Elle prit une petite mine pédante qui se craquela dans un léger éclat de rire. Elle retrouva plus ou moins son sérieux, rebondit sur ce qu’il ajouta "Burnin’ Up des Jonas Brothers, c’est la mienne. J’en ai épaté plus d’un avec ma voix de tête à la Nick." Tu parles, elle en avait assourdi plus d’un, mais c’était un détail qu’elle préférait encore garder pour elle, pas encline à se trouver des défauts, persuadée d’être sortie de la cuisse de Jupiter. Faisant mine de réfléchir à son répertoire, prenant les choses très au sérieux — pour de faux —, elle compléta avec la même volonté que les grands professionnels ; ceux qui pouvaient se mettre à chanter dans un claquement de doigts, gagner des compétitions, vendre des disques et remplir des stades "Mais je peux faire du High School Musical sans aucun problème. Laquelle tu maîtrises le mieux ?" Il avait une tronche à Bet On It, mais sagement, elle attendit confirmation.

Elle est cash Mavis, et il aime beaucoup trop les femmes qui ont du répondant. Alors quand elle cherche à en savoir plus sur Alice et sur ses motivations, il aurait presque envie de lui donner tous les détails. Et elle aurait pu être blessante, sa remarque. Il aurait pu mal le prendre mais il n’est pas susceptible, Welch, sauf quand c’est la grande sœur Liv qui lui lance des piques. Il ne rebondit pas tout de suite sur la réflexion de la blonde parce qu’il apprécie l’image d’elle qui tente de se dépatouiller de la situation, comme si elle cherchait à se rattraper. “Mignon, c’est tout ?” qu’il demande en arquant un sourcil, narguant de son sourire sur ses lèvres. Il pourrait provoquer davantage, mais pas ici, ici c’est trop cher. Ici, c’est trop bien pour lui.

Il propose un plan B et elle a l’air plutôt ouverte à poursuivre la soirée avec lui. Ça lui plait, ce virement de situation. Surtout si ça finit en karaoké. “Je suis bien d’accord, qui n’aime pas le karaoké ?” Il reprend les mots de Mavis en exagérant, un air outré sur son visage, heureux d’être tombé sur une professionnelle. Généralement, les gens s’y mettent surtout quand ils sont alcoolisés et que les limites du raisonnable sont franchies. Lui, même sobre, il fonce. Il acquiesce quand elle lui demande de promettre de se pointer en sortant du restaurant, puis s’en va régler les boissons qu’il n’a même pas consommées.

Dehors, Mavis se contrefout du fait qu’il fume à côté d’elle (si seulement il savait comme elle le juge), et il enfume donc ses poumons à grosses inspirations.

Angelo aborde le fait que la compétition continue pour ce soir, et Mavis a l’air de se croire meilleure que lui au loisir qu’il pratique depuis qu’il sait parler. “Ok, pas de débat à avoir, je te laisserai te faire ta propre idée dans ce cas.” Puis, c’est un mec - plutôt mignon d’ailleurs d’après ses dires - et il a donc l’avantage de pouvoir chanter faux tout en se faisant acclamer parce qu’il aura osé s’exposer face au public. C’est toujours plus facile pour les mecs. Et comme d’habitude, il aura ses petites groupies célibataires de la soirée qui chercheront à en savoir plus sur ce beau brun mystérieux qui explore les quatre coins du monde, et bla, bla, bla. Ses soirées se ressemblent beaucoup finalement.

Il la défie de le suivre sur du High School Musical, cherchant par la même occasion à savoir si leur culture musicale était similaire. Il n’en est pas moins déçu quand elle évoque les JoBro’s, placés plutôt dans son top classement à lui aussi. Un grand sourire étire ses traits alors qu’il recrache sa dernière bouffée intoxicante et ne jette son mégot dans une poubelle, ayant bien pris le soin de l’éteindre avant. Globe-trotteur qui prend l’avion tous les trois mois, oui, avec une pauvre petite conscience écolo quand même. “Donc t’es plutôt team Nick que Joe, c’est ça ?” Kevin n’est même pas mis dans la conversation, bichette. “Ma pref en solo ?”, poursuit-il, faisant mine de réfléchir alors que sa réponse est évidente, “hmmmm. J’avoue que je fais un carton sur Bet On It, avec la choré et tout.” Rien de bien compliqué quand il s’agit de courir et sauter partout sans avoir répété. Ca rend presque aussi bien que Troy sur sa pelouse, sauf qu’il y en a un qui est dans une salle dont le sol est collant mais avec un public bien plus réactif que Gabriela. “Mais on se fera The Start of Something New pour s’échauffer en duo. Je vais pas te foutre la honte tout de suite avec ma performance.” Parce que c’est quand même plus fun de commencer à chanter à deux pour se faire une idée de ce que l’autre a dans le ventre, non ?

Devant l’entrée du bar, plusieurs voix qui hurlent sur du Teenage Dream se font entendre à travers les murs. Ca annonce une soirée déjà bien entamée. Angelo pousse la porte et fait signe à Mavis de rentrer en premier. “Tu veux boire un truc pour te donner du courage ou ça va, t’es une femme forte ?” qu’il provoque. Elle ne va pas se défiler, hm ?