Deux semaines. Cela faisait deux semaines qu'ils ne s'étaient pas vus. Et honnêtement, Julian ne parvenait pas à se l'expliquer. Les trois jours passés à Rockhampton & Yeppoon avait été merveilleux. Ils avaient pris le temps de se retrouver, de profiter d'être ensemble, d'apprendre à se connaître. Si la première journée et la troisième avaient été "gâchées" par le trajet aller-retour, la deuxième journée fut riche en émotions. La cascade, le musée, la galerie d'art... ils avaient vu tellement de choses. Madison en avait même profité pour prendre des photos, particulièrement de lui. Cela ne le dérangeait pas, il avait parfaitement confiance en elle. Il savait qu'elle n'était pas du genre à mettre ces photos sur internet ni même à les envoyer à Lauren, loin de là. L'italien avait pu profiter de ce séjour pour se vider la tête, pour ne penser à rien d'autre qu'à l'anglaise et à profiter de sa compagnie. Leurs nuits avaient été délicieusement courtes et intenses, et chaque minute passée en sa compagnie était une raison de plus de ne pas regretter d'avoir entamé une telle relation avec l'organisatrice. Elle était son exutoire, son havre de paix. A leur retour à Brisbane, ils avaient du se séparer. Mais l'anglaise avait tout prévu pour qu'ils se voient régulièrement, notamment pour prendre deux déjeuners ensemble par semaine. Et ils avaient suivi ce planning, tranquillement. Lorsqu'il était avec elle, Julian se sentait revivre. Il oubliait ses tracas du quotidien, il oubliait son travail, il oubliait son père, il oubliait tout... Parfois, il avait l'impression de retomber en adolescence avec la brune. Plus qu'une maîtresse, elle semblait être un flirt. Il n'avait pas juste envie de coucher elle, non. Il voulait lui plaire, apprendre à la connaître, passer du temps encore et encore avec elle. Et plus il en passait, plus il s'attachait à elle. Inéluctablement. Peu à peu, elle parvenait à le changer. Sauf que, et Julian ne s'y attendait pas, ça le changeait aussi vis-à-vis de Lauren, sa fiancée. Il s'énervait moins, se montrait plus patient. Et donc, parallèlement à son rapprochement avec Madison, il se rapprochait aussi de la rousse. Leurs disputes se faisaient moins fréquentes, et la colère qui le consumait disparaissait petit à petit. Tout cela jusqu'au jour où elle lui avait parlé de l'invitation à un gala à Sydney. Un remake d'un film qu'elle avait écrit était en route, et on lui avait demandé d'y participer. Bien évidemment, elle avait accepté. Et elle devait donc en faire la promotion, à Sydney donc. Elle avait demandé à l'avocat de l'accompagner, afin d'être présenté officiellement. Il allait devenir une personnalité publique, et serait connu aux yeux du monde entier comme le fiancé de la scénariste Lauren-Rose Davis. Il avait hésité, longuement. Il ne savait pas s'il était prêt à devenir quelqu'un de "connu", même si bien sûr ça n'allait pas être grand chose en comparaison avec Lauren. Mais quand même, il ne serait plus le simple avocat qu'il était actuellement. Il avait aussi pensé à Madison. Mais finalement, il avait accepté. Lauren restait sa fiancée, il n'avait officiellement aucune raison de refuser. Et puis elle avait fait des efforts, et elle avait besoin de lui. Comment aurait-il pu refuser ?
A Sydney, Julian avait eu la preuve du rapprochement qui s'était effectué entre lui et la scénariste. Ils s'étaient montrés proches, complices, attentifs l'un à l'autre. Pas de prise de tête pour ternir le tableau, pas de dispute à l'horizon. Sur le tapis rouge, ils s'étaient montrés particulièrement proches, unis. Des regards, des sourires. La presse s'était enflammée de parler du "parfait" couple qu'ils formaient. Puis, ils étaient rentrés à Brisbane. Pendant toute la durée où il avait été à Sydney, le natif de Londres n'avait pas eu la possibilité de donner des nouvelles à Madison. Pire, il ne l'avait même pas avertie de son départ, ni du gala. Et il avait évité de penser à elle, pour ne pas tout gâcher. Après tout, cela faisait partie du contrat : elle n'était que sa maîtresse. Et par conséquent, c'était normal s'il faisait en sorte que ça fonctionne avec celle qui allait devenir sa femme... non ? Les premiers jours, il était resté silencieux. Pas de déjeuner, pas d'appel ni de message, absolument rien. A l'intérieur de lui, une lutte infernale faisait rage. Il ne savait pas quoi faire, il ne savait même pas pourquoi il se sentait mal. Mais les faits étaient bel et bien là : il se sentait coupable vis-à-vis de l'organisatrice. Étrangement, il avait l'impression de la trahir, voire de la tromper. Ce qui était absolument ridicule, si on pensait à la situation de façon rationnelle. Sauf que, rien n'était rationnel avec Madison, et ce depuis le jour où il avait croisé son regard émeraude... Finalement, il avait décidé de lui envoyer un message. Il avait besoin de la voir, de lui parler. Et de lui expliquer. Il ne savait pas encore ce qu'il dirait, mais il trouverait bien. Mais elle n'avait pas répondu. Alors il en avait envoyé un autre, et encore un. Mais toujours pas de réponse. C'est ainsi que deux semaines s'étaient écoulées depuis son retour de Sydney, et l'avocat commençait à perdre la tête. L'absence de la brune, son silence, tout cela le faisait souffrir comme jamais il ne l'aurait cru. Lui en voulait-elle ? Ou alors avait-elle décidé d'arrêter de vivre dans l'ombre ? Peut-être même qu'elle avait rencontré quelqu'un... cette idée lui tordait littéralement l'estomac. Il en avait marre d'attendre, encore et toujours. Car si elle ne répondait pas, et qu'elle n'appelait pas, il était complètement bloqué. Mais au bout du compte, il se décida à agir.
C'était un soir en plein milieu de la semaine. Il était rentré du travail tôt, et traînait chez lui. Aujourd'hui, il n'avait cessé de penser à l'organisatrice. Elle accompagnait ses pensées depuis son réveil, la faute à un mauvais rêve qu'il avait fait... Madison avait débarqué un jour chez lui, pour tout révéler à Lauren. Il s'avérait en fait qu'elle n'était pas organisatrice, mais avait été embauchée par Lauren pour tenter de le séduire. Tout était planifié, prévu. Et il avait tout perdu. Sa famille, Lauren, et Madison. Il s'était réveillé en sueur, et dès lors elle n'avait pas quitté son esprit. Bien sûr, il savait que cela était impossible et improbable. Mais il se rendait compte que tout ça le rendait parano, et qu'il devait la voir. Alors il s'était levé de son canapé, était monté dans sa voiture et avait pris la direction du quartier Redcliffe, où habitait la jeune femme. Le brun savait qu'il n'avait pas le droit de venir chez elle, elle l'engueulait à chaque fois qu'il en parlait. Car il y avait trop de risques qu'il soit vu, etc. Mais ce soir il s'en fichait, il devait la voir, il en avait besoin. Il n'avait même pas pris la peine de s'habiller d'une certaine manière, il avait simplement un jean, un pull et ses cheveux étaient attachés. Il arriva enfin devant l'immeuble de Madison en début de soirée. Il se gara en vitesse et en moins de deux il se retrouva à l'étage de la jeune femme, devant sa porte d'entrée. Il hésita quelques secondes, puis posa son doigt sur la sonnette. Les secondes s'écoulèrent, du bruit se fit entendre à l'intérieur de l'appartement. Au moins, il savait qu'elle était là. Après ce qui lui sembla être des heures, la porte s'ouvrit pour laisser apparaître le visage de sa maîtresse. Il la fixa quelques instants, sans savoir quoi dire ni quoi faire. Heureux de voir que tu vies encore. Son ton était plus sec que prévu, mais il sentait d'un coup la colère monter en lui. Il ne comprenait vraiment pas pourquoi elle ne lui avait pas répondu, et encore moins pourquoi elle ne l'avait pas appelé au cours de ces dernières semaines. Sans plus attendre, il se permit de pénétrer à l'intérieur de son appartement. Il n'allait pas rester vingt ans sur le pas de sa porte, et il ne voulait pas prendre le risque qu'elle ne le laisse pas entrer. Une fois à l'intérieur, il se tourna vers elle et planta son regard dans le sien. Tu n'as pas reçu mes messages ? Il lui laissait une porte de sortie, même s'il savait très bien qu'elle les avait reçus.
Tout roulait bien, étrangement bien, trop bien pour que ça ne dure très longtemps. Madison s'était faite à son rôle de maîtresse, du moins c'est ce qu'elle croyait lors des toutes premières semaines. Leur escapade à sept heures de Brisbane leur en avait mis plein les yeux, l'espace d'une poignée de jour où elle se souvenue ce que c'était d'être pleinement heureuse, chose qu'elle avait fini par oublier parce que sa vie avant toujours été incomplète avant qu'elle ne rencontre Julian. Il lui manquait quelqu'un et elle l'avait trouvé, même si ce n'était pas dans les meilleures conditions, qu'il n'était pas totalement présent, le peu de temps qu'elle passait avec lui donnait un nouveau souffle à son quotidien qui était uniquement rythmé par son travail avant qu'il n'arrive. Ils s'arrangeaient pour se voir au moins deux fois par semaine, c'était une fréquence qui était tenable, qui lui permettait d'avoir des midis de réservés à ses autres clients et qui le permettait de rentrer chez lui ou de manger avec ses collègues, elle avait trouvé le bon compromis. Les deux amants avaient du mal à se trouver du temps pour aller chez elle, elle était encore trop prisée par sa recherche d'employée, mais celle-ci toucha enfin sa fin. Son soulagement était immense, quelqu'un allait enfin partager son fardeau, ce n'était pas une femme très expérimentée, mais elle allait certainement vite devenir indispensable une fois qu'elle sera dans le bain. Dès le jour où elle signa les papiers, elle décida d'appeler l'avocat pour lui annoncer la bonne nouvelle, ils allaient enfin pouvoir se voir plus souvent. Avant de saisir son portable, elle prépara son dîner, pendant qu'il chauffait elle prit place dans son canapé et alluma la télé. Madison ne choisira pas la chaine, c'était donc la chaine qu'elle avait regardé la veille qui s'afficha et elle était en train de diffuser un gala se déroulant à Sydney, mais ce qui l'interpellait le plus c'était la banderole qui était en train de s'afficher : Lauren-Rose Davis, c'était le nom de la fiancée de son amant et elle était en train de parler à un journaliste. Elle découvrait enfin le visage de celle qui avait la place qu'elle désirait, elle n'avait rien à voir avec ce qu'elle s'imaginait, elle était mince, rousse et possédait de grands yeux verts, elle était loin d'être laide et cela lui déplaisait, cela voulait dire qu'elle était désirable et donc qu'il ne devait pas rechigner à finir dans le même lit qu'elle, que cela ne devait pas être une corvée. Cela aurait pu s'arrêter là, mais la scénariste se retourna pour présenter... son fiancé. Est-ce que ce qu'il se passait devant ses yeux était réel ? Annonçait-il vraiment publiquement qu'il était sien ? Ces regards qu'ils s'échangeaient, ce n'était pas ceux que deux personnes s'échangeraient dans un couple en perdition. Il ne l'avait même pas prévenu qu'il allait passer à la télévision avec elle, cela voulait tout dire. Alors qu'elle avait commencé à faire défiler la liste de ses contacts, elle s'arrêta avant de sélectionner Julian et balança violemment son portable contre le mur. L'avocat l'avait pris pour la dernière des connes, il lui avait servit la même salade que n'importe quel homme sortirait pour avoir des aventures extra-conjugales. Avoir la vérité qui lui explose dans la figure de cette manière ça faisait mal, très mal, mais elle n'allait pas exprimer sa colère en lui envoyant des textos ou en cherchant à lui laisser des messages vocaux, non elle allait se terrer dans le silence le plus total à partir de ce soir.
Les jours passaient et sa colère ne se dissipait pas, avoir vu la presse décrire Julian et de Lauren-Rose comme " le couple parfait " avait juste enfoncé un peu plus le couteau dans la plaie, comme tout le reste. Il l'ignorait, il n'était même pas venu la chercher dans son bureau pour aller déjeuner, il ne lui avait pas laissé le moindre message, il semblait l'avoir effacé de sa vie depuis qu'il avait mis les pieds à Sydney. Elle n'existait déjà plus alors que ça ne faisait même pas un mois qu'ils avaient une liaison. Julian était désormais une déception parmi tant d'autres. Il n'était pas différent, elle s'était laissée aveuglée par les sentiments qu'elle avait eus en son égard. Madison avait décidé de le rayer de sa vie au point de ne plus parler de lui à personne, ses amis n'étaient donc pas au courant de ce qu'il s'était passé, mais ils voyaient bien qu'elle était de mauvaise humeur. L'organisatrice d'événementiel ne leur avait pas dit qu'elle avait eu une liaison avec lui et elle avait bien fait, ainsi ils ne l'embêtaient pas avec lui, elle pouvait faire comme si rien ne c'était passé, que si elle était de mauvais poil c'était à cause d'autres choses et pour l'instant ils mordaient à l'hameçon. Cela lui faisait prendre conscience à quel point elle avait changé pour lui, elle n'avait jamais autant menti de sa vie avant de croiser sa route. Tous ces mensonges n'avaient servi à rien à part lui faire perdre du temps et de l'énergie, elle regrettait ce qu'elle avait fait. Néanmoins, la jeune femme essayait de positiver, si la relation ne s'était pas terminée ainsi et maintenant elle aurait pu se terminer plus mal encore, ils auraient pu se faire attraper, sa fiancée aurait pu faire un scandale et elle aurait perdu une partie de sa clientèle, elle n'avait pas tout perdu au final. C'était une consolation bien maigre, mais elle se raccrochait à ça. Elle tenait bon, elle ne cherchait pas une seule seconde à la croiser à la l'infinity tower, au contraire elle en sortait le plus rapidement possible, elle avait effacé son numéro de ses contacts. Cela s'expliquait par le fait qu'elle était encore plus blessée que la première fois qu'il l'avait laissé sans nouvelles, pour la simple et bonne raison qu'elle s'était encore plus attachée à lui maintenant qu'elle avait partagé un tas de choses avec lui, qu'elle avait apprit à le connaître, mais à présent elle doutait de tout ce qu'elle avait pu vivre avec lui, tout paraissait tellement faux à présent. Madison aurait bien aimée pleurer dans les bras de Sophia, qui souffrait également d'un chagrin d'amour, mais celle-ci s'en était allée, elle s'était donc contentée de pleurer seule chez elle, dans son lit presque chaque soir. Fichue sensibilité, elle n'arriverait pas à se contrôler, à s'empêcher d'inonder son oreiller. Merde il fallait qu'elle se ressaisisse, elle faisait pitié, il fallait qu'elle arrête de s'abattre à cause des hommes, la vie ne se résumait pas à eux.
Deux semaines s'étaient passées, l'organisatrice d'événementiel s'était détachée de tout cela, elle s'était vidé la tête et il était temps, son employée n'allait pas supporter ses sauts d'humeur bien longtemps. Sa tâche de travail s'était amoindrie avec la fin de l'été, elle en profita pour augmenter ses heures de coaching en sport avec Lisandre et pour apprendre à bricoler, tout était bon pour éviter de penser à l'avocat. Alors qu'elle s'apprêtait à rentrer chez elle, elle vu quelque chose d'inhabituel dans sa boîte au lettre, un colis l'attendait, elle ne savait pas de quoi il pouvait s'agir et encore moins qui l'avait envoyé, elle s'empressa donc d'aller le chercher avant que la poste ne soit fermée. La jeune femme revenue chez elle avec un gros carton provenant d'Angleterre, il lui suffisait de voir sa provenance pour savoir que cela devait venir de sa famille. Dès qu'elle entra chez elle, elle le lâcha, c'est qu'il était lourd ce colis, elle chercha une paire de ciseaux et l'ouvrit, la première chose qu'elle découvrit fut une lettre, un manuscrit rédigé par sa mère qui expliquait qu'il était temps qu'elle se débarrasse de toutes ses vieilles affaires, qui prenaient trop de place dans sa chambre. Elle devina bien vite que ses parents voulaient faire quelque chose de sa chambre pour lui envoyer autant de choses sans attendre qu'elle ne vienne les voir. Madison soupira, où est-ce qu'elle allait bien pouvoir mettre tout cela ? Ses meubles étaient déjà pleins à craquer. Après avoir fouillé quelques minutes le carton, elle tomba sur un énorme album photos, elle le saisit et s'installa sur son sofa pour le regarder. Cela faisait des lustres qu'elle n'y avait pas jeté un coup d'œil, il fallait qu'elle se souvienne de ce qu'elle avait mis à l'intérieur. Les premières photographies sur lesquelles elle tomba furent des photographies où elle était petite et où elle jouait avec son meilleur ami, cela la fit sourire, par la suite elle tomba sur des photos où elle était avec Nathan puis des photos où elle était avec Jamie, juste après les photos avec son ange gardien il y avait celles avec... Castiel. La jeune femme s'était immédiatement mordue la lèvre à sa vue. Elle s'attarda sur une en particulier, où ils s'embrassaient, elle respirait tellement la sincérité, elle était si belle qu'elle en devenait nostalgique. Et si... et si elle allait au Canvas pour le voir ce soir ? Et si elle mettait les choses à plat avec lui ? Madison n'aura pas le temps d'y réfléchir puisque quelqu'un sonna. Elle déposa son album photo sur sa table basse - tout en le laissant grand ouvert - et elle regarda de qui il s'agissait avant d'ouvrir. Julian. Madison colla son front contre la porte et soupira, elle avait totalement oublié qu'elle avait ignoré les messages qu'il lui avait envoyé tardivement. Elle lui ouvrit et lorsqu'elle se retrouva face à lui elle se figea, elle attendait de voir ce qu'il allait bien pouvoir lui dire. Il lui dit qu'il était heureux de voir qu'elle vivait encore, paroles qu'elle aurait très bien plus utilisés quelques jours plus tôt, avant qu'il ne se souvienne soudainement de son existence, mais elle n'aura pas le temps de répliquer, il rentra dans son appartement sans lui demander son avis. La jeune femme fronça des sourcils et ferma sa porte avant de croiser les bras. Il lui demanda si elle avait bien reçu ses messages, ce à quoi elle répondit dardar : « Non j'ai perdu mon téléphone. »Son ironie n'était même pas masquée. « Sérieusement tu pensais que j'allais répondre à monsieur DAVIS ? » Elle le fusillait littéralement du regard.« Tu ne t'es pas assez joué de moi HEIN ? Il fallait que tu te ramènes ce soir. Je pensais que tu en avais fini avec moi mais apparemment non... »
Il venait de sonner à sa porte, et Julian attendait désormais que Madison vienne lui ouvrir. Les secondes ressemblaient à des heures dans un moment tel que celui-ci. Il sentait littéralement son cœur battre contre son torse, et même dans chacune de ses veines. Il ne pouvait plus se défiler, mais il n’en n’avait jamais eu l’intention. C’était lui qui avait envoyé des SMS, c’était lui aussi qui venait se présenter chez elle. Il avait besoin de lui parler, plus que tout. Même si au fond, il avait peur de cette confrontation. Peur de ce qu’elle pourrait lui dire, mais de ce qu’il pourrait dire lui aussi. Il n’avait absolument aucune idée de ce qu’il se passait entre eux ces derniers temps, ni de ce qui allait se passer dans les prochaines minutes. La porte commença à s’ouvrir, son cœur se mit à battre la chamade. Enfin, elle apparue devant lui… L’organisatrice ne semblait pas au mieux de sa forme, mais elle n’était pas non plus au bout du rouleau. Ce qu’il pouvait lire sur son visage, c’était surtout de la surprise. Et un peu… d’agacement ? Probablement. Revoir son visage provoquait de nombreuses réactions à l’intérieur de l’italien, qui ne savait pas quoi faire avec tout ce qu’il ressentait d’un coup. Il y avait d’abord du soulagement, qu’elle soit venue lui ouvrir. Aussi de la joie, revoir ce visage qu’il aimait temps. Ses lèvres charnues, sa peau de porcelaine, ses grands yeux bleus. Dans d’autres circonstances, il se serait jeté sur elle sans la moindre hésitation pour à nouveau sentir sa bouche contre la sienne. Mais en l’état actuel des choses, il ne pouvait pas la faire. Au-delà de ces sentiments, c’était surtout la colère qui dominait. De la frustration, de l’incompréhension. Pourquoi ne répondait-elle pas à ses messages ? Pourquoi n’était-elle pas venue le voir ? Pourquoi était-ce à lui de tout braver pour venir sonner chez elle ? Ce fut toute cette rancœur que le rongeait de l’intérieur depuis plusieurs jours qui prit le dessus sur tout le reste. Alors l’avocat ouvrit la bouche, pour lancer une première pique. Et sans lui laisser le temps de vraiment réagir, il se précipita à l’intérieur de chez elle. Il se retrouvait dans un cadre qu’il ne connaissait que trop bien, et qu’il lui rappelait bon nombre de souvenirs merveilleux. Et pourtant, il devait faire l’impasse sur tout cela. Cette fois, les choses ne se passeraient pas comme d’habitude. Il se retourna vers l’anglaise et planta son regard noisette dans le sien. Il lui parla alors des SMS, espérant secrètement qu’elle ne les avait pas reçus. Cela expliquerait une partie des choses, mais pas pourquoi elle ne l’avait pas contacté elle. « Non j'ai perdu mon téléphone. » Le regard qu’elle lui lançait, cette voix remplie d’ironie, et surtout sa façon de se tenir devant lui : les bras croisés contre sa poitrine, comme si elle se fermait complètement à lui. Il crut que c’était un mauvais rêve – ou du moins il l’espérait. « La bonne excuse. » Il ne la croyait pas, mais il n’était pas sûr que ce soit ce qu’elle voulait de toute façon. Elle ne se fit pas attendre pour le lui expliquer de toute façon. « Sérieusement tu pensais que j'allais répondre à monsieur DAVIS ? » Si elle avait pu tuer avec ses yeux, le brun serait mort depuis de nombreuses minutes déjà. Il eut un mouvement de recul, ses sourcils se froncèrent. Monsieur Davis ? C’était donc ça le problème ? Sa relation avec Lauren ? Il comprit rapidement qu’elle devait avoir vu le gala à Sydney. Il savait qu’il aurait du l’avertir avant, et ensuite ne pas attendre avant de lui donner des explications. Mais sur le moment, il n’avait pas su quoi dire. Alors il avait préféré ne rien dire, plutôt que de se lancer dans des excuses peu convaincantes. « Tu ne t'es pas assez joué de moi HEIN ? Il fallait que tu te ramènes ce soir. Je pensais que tu en avais fini avec moi mais apparemment non... » Les traits de son visage se durcirent. « Pardon ? » C’était ce qu’elle pensait ? Qu’il se jouait d’elle ? Elle pensait vraiment cela ? « Tu plaisantes j’espère ? » Furieux, Julian commença à faire les cent pas en face de Madison. Il était perdu, complètement. Mais surtout furieux, et déçu. « Explique-moi en quoi j’ai joué avec toi ?! J’ai TOUT risqué pour être avec toi, TOUT ! Et c’est comme ça que tu me remercies ? A cause de Lauren ?! Mais réveille-toi ma grande, Lauren est ma fiancée. Ma FIANCÉE. Je ne me rappelle pas te l’avoir caché. » Au fur et à mesure qu’il marchait, l’avocat s’éloigna de Madison. Il se trouvait à présent dans le salon de l’anglaise quand il s’arrêta de marcher pour prendre son visage entre les mains avant de rouvrir les yeux en direction de son amante. « Si tu ne te sentais pas capable d’être ma maîtresse, il ne fallait pas te jeter sur moi. Je ne t’ai jamais fait croire qu’il y avait autre chose, jamais. » Tout du moins, il n’en avait pas l’impression. Julian n’avait jamais été infidèle, et encore moins sur le long terme. Alors il ne savait pas ce qu’il fallait faire, ou ne pas faire. Peut-être que Madison avait interprété de la mauvaise façon certaines choses qu’il avait faites. Mais de son côté, et même s’il avait rapidement été troublé par son amante, il avait toujours fait en sorte de ne pas lui donner de faux espoirs. « Alors tu ne voulais pas que je vienne ? Je te dérange, peut-être ? Désolé, mais moi je ne sais pas tourner la page comme tu le fais. Pas après tout ce qu’on a vécu. Mais apparemment, ce n’était pas tant que ça pour toi. » Il était dédaigneux, méprisant. Il lui en voulait tellement, tellement. De lui avoir sorti la tête de l’eau, de l’avoir rendu heureux, pour finalement tout abandonner sans même se retourner. Elle avait tourné la page comme si ce n’était rien, elle l’avait relégué dans le passé sans aucun remord. Lui qui pensait qu’un lien spécial les unissait, il tombait de haut. La vision de Madison lui faisait bien trop mal, alors il détourna les yeux pour tomber sur ce qui semblait être un album photos, posé sur la table basse et ouvert. Curieux, il s’en approcha pour observer ce qu’elle regardait avant qu’il n’arrive. Bien qu’elle soit beaucoup plus jeune dessus, il l’avait reconnue sans la moindre hésitation. Quant à la personne qu’elle embrassait… L’italien attrapa l’album pour regarder ça de plus près. L’individu lui disait vaguement quelque chose, et il ne lui fallut que quelques secondes pour mettre un nom sur ce visage. « Castiel ? » Il en était persuadé. Julian allait assez souvent au Canvas pour se rappeler du visage du chanteur qui se produisait presque tout le temps là-bas. Il releva le visage vers l’organisatrice, pâle comme s’il venait de voir un fantôme. Presqu’aussitôt, il fit le lien entre l’ex dont Madison lui parlait la dernière fois, celui qui lui avait appris à chanter. Voilà que Madison et Castiel se trouvaient dans la même ville. Au regard de leurs âges sur la photo, il devait sûrement être son premier amour. « On repense au bon vieux temps ? » Il parlait d’une voix sèche, presque incompréhensible tant il serrait la mâchoire. La colère coulait dans ses veines, il pouvait la monter petit à petit au point de former une boule dans sa gorge. « Et après, c’est moi qui me joue de toi ? TU TE FOUS DE MA GUEULE ?! » hurla-t-il de rage en envoyant valser l’album photos aux pieds de Madison. Il la regardait, le visage déformé par la colère. Tout se chamboulait à l’intérieur de lui, tout ce qu’il croyait savoir ne semblait qu’être des mensonges désormais. Ses yeux se posèrent sur la brune. Et alors qu’il aimait tant la regarder depuis la première fois où elle était apparue dans son champ de vision, voilà que désormais elle provoquait sa colère. Devant lui, il ne voyait qu’une inconnue.
Éprouver de la nostalgie rien qu'en regardant de simples photographies c'était un mauvais signe, signe que ça n'allait pas bien dans sa vie actuelle, qu'elle n'était pas à la hauteur de ce qu'elle avait espéré. Madison avait ressenti la même chose au bout de ses premiers mois en Australie, parce qu'elle n'avait pas d'amis, de famille, n'avait pas encore un carnet de relations et de clients bien remplis ni d'amant, parce que son quotidien était tout simplement creux, sans intérêt. Aujourd'hui elle avait presque tout, son cousin l'avait rejoint, elle avait retrouvé son ange gardien, s'était fait de nouveaux amis, elle avait reprit l'affaire de Savannah et s'en sortait plutôt bien, elle avait un salaire assez confortable pour louer un appartement trop grand pour elle, il ne lui manquait qu'une chose : l'amour. Hélas s'il y avait bien quelque chose qui se faisait désirer c'était bien ça, il fallait croire que cupidon lui en voulait, qu'il était incapable d'envoyer ses flèches sur les bonnes personnes ou alors qu'il prenait un malin plaisir de ne lui envoyer que des hommes avec qui ça ne collerait pas, qu'il n'était pas aussi angélique qu'on pouvait le croire. L'organisatrice d'événementiel avait eu peu de relations au cours de sa vie, elle ne se forçait pas à se mettre en couple, si elle ne flashait pas véritablement sur quelqu'un elle ne se mettait pas avec, chose que faisait d'autres femmes pour ne pas finir seule. Cependant, plus elle vieillissait et moins elle supportait d'être célibataire, elle pouvait très bien supporter de n'avoir personne lors de son adolescence et lors de ses débuts dans la vie active, mais à présent c'était de plus en plus difficile de faire semblant qu'il ne lui manquait rien, qu'elle était une femme indépendante qui n'avait besoin de personne pour être complètement épanouie. Était-ce à cause de son horloge biologique ? De l'approche imminente de la trentaine ? Sans doute. L'anglaise pensait que cette année serait l'année de tous ses succès et pourtant, elle échouait encore lamentablement au niveau sentimental. Comment pouvait-elle autant souffrir de ce qui ne devait être qu'une petite liaison ? D'une relation qui avait une date de péremption ? Cette date était floue, bien trop floue, elle avait donc eu l'impression qu'elle ne serait jamais établie. La réalité l'avait soudainement rattrapé, sa télévision qui autrefois ne lui diffusait que des images de couples fictifs aux sentiments enflammés qui finissaient souvent sur des happy ending avait laissé place à un couple bien réel : celui que formait Julian avec sa fiancée. C'était bien la dernière chose à laquelle elle s'attendait en l'allumant, le voir regarder tendrement cette femme, annoncer au monde entier qu'elle allait porter son nom, si ce n'était pas la preuve que ça allait vraiment se faire elle ne savait pas ce que c'était. Le silence qui suivit cette apparition télévisuelle lui en donna la confirmation. C'était fini elle n'avait plus qu'à tourner la page, pouvait-elle le faire en réécrivant la fin d'une autre page ? Celle qui était consacrée à Castiel ? ...
Finalement la page Julian n'était pas définitivement tournée puisque celui-ci se pointa devant sa porte. Le voir ici était surprenant parce qu'il ne venait jamais sans qu'elle ne lui donne son accord ou sans qu'elle le lui ait proposé. Il n'avait pas comprit la signification de son absence de réponse ou plutôt il ne voulait pas la comprendre puisque la première chose qu'il lui demanda c'était si elle n'avait pas eu ses messages. Elle pourrait le lui faire croire, mais à quoi ce mensonge lui mènerait ? À rien puisqu'elle ne voulait pas de rabibochage. Madison opta donc pour de l'ironie, une ironie qui n'avait pas été saisie par l'avocat. Par la suite l'organisatrice d'événementiel se fit plus bien explicite, chose qui enclencha la colère du benjamin des Grimes. « Tu as très bien entendu. » Ses sourcils se froncèrent.« J'ai l'air de plaisanter ?! » Il commença à se faire dur, soulignant que Lauren-Rose était sa fiancée, qu'il ne le lui avait jamais caché et qu'il avait tout risqué pour elle. La brunette devait le remercier pour ça ? Parce qu'il avait accepté de se lancer dans une liaison ? Quelle blague, elle ne l'avait jamais forcé à quoique ce soit. « Parce que moi je n'ai rien risqué peut-être ? Mon agence ce n'est rien ? Ah oui pardon ce n'est rien comparé à de l'argent tombé du ciel... ou plutôt de la famille. » Bien qu'elle ne croyait plus vraiment à cette histoire d'héritage l'ayant poussé à accepter d'épouser la rouquine, il fallait qu'elle lui envoie des piques, qu'elle souligne ce qui lui semblait être un de ses principaux défauts : Sa vénalité. Elle savait que son attache à son confort était des plus réels, qu'il lui était impossible de faire une croix dessus. « Mais je n'y crois plus, j'ai ouvert les yeux. » Dit-elle en captant son regard. « Tu n'es pas malheureux dans ta relation, tu m'as sorti la même salade que tous les hommes pris sortent aux femmes pour qu'elles acceptent de vivre dans l'ombre. »Il avait désormais la raison de son silence, elle ne pouvait pas être plus claire que cela. L'avocat continua de s'éloigner d'elle et lui balança de nouvelles paroles à la figure, plus blessantes parce qu'il y avait une part de vérité, il ne lui avait jamais promis qu'ils iraient plus loin qu'une liaison.« JE me suis jetée sur toi en pensant que TA relation allait au plus mal, que tu ne ressentais RIEN pour cette femme. »Contrairement à Julian elle ne bougeait pas, elle restait plantée comme un piquet et gardait ses bras croisés, bouger ne l'aiderait pas à contenir sa colère, au contraire cela la rapprocherait de son client et ne ferait que de l'augmenter, la distance qu'il avait mis entre eux lui allait très bien. Il lui dit que ce qu'ils avaient vécu ne comptait pas pour elle, comment pouvait-il dire de telles affreusetés ?« Comment tu peux dire ça ? Comment oses-tu ? » Son émotion était visible, aussi bien dans sa voix que dans son regard.« JE me suis battue pour nous alors que toi tu n'as rien fait, si j'étais restée passive comme tu l'as été dans l'ascenseur il n'y aurait rien eu... J'ai fait bougé les choses, pas toi. » Pour la première fois c'était lui qui était venu, qui semblait vouloir se battre pour eux mais c'était trop tard, le mal avait été fait, elle n'arrivait plus à le voir autrement que comme un menteur et les menteurs elle les avait déjà bien assez collectionné. Il ne la regardait plus, son regard s'était détourné vers... sa table basse ou plutôt son album photos. Julian s'en approchait d'un peu trop près, cela n'augurait rien de bon. « Laisse-ça à sa place. »Bien évidemment il ne l'écoutera pas, il le saisit et le l'observera d'encore plus près pour ne louper aucun détails. Il prononça le prénom de son ex, chose qui la surprit sur le coup. Il le connaissait ? Non ce n'était pas possible, il ne pouvait pas le connaître intimement, il devait juste l'avoir vu sur scène, il devait être un habitué du Canvas mais comme elle n'y mettait plus les pieds depuis qu'elle savait que Castiel y travaillait elle n'aurait pas pu le savoir plus tôt. Le visage de l'avocat s'était décomposé, elle ne l'avait jamais vu dans un tel état. Elle comprit que la moitié de ce qu'il lui dit mais c'était assez facile de deviner ce qu'elle n'avait pas comprit. Madison ne lui répondra rien. Il se mit à hurler et balança son album, son album se retrouva à ses pieds. L'organisatrice d'événementiel baissa sa tête et ferma les yeux, elle n'aimait pas s'énerver, dire des mots qui dépassaient sa pensée alors elle essayait d'être calme. « Ça t'arrange d'être tombé là-dessus pas vrai ? De tout mettre sur moi. » Dit-elle en ouvrant les yeux. « Mais non Julian, tu n'as pas le bon rôle et tu ne l'auras jamais, ce ne sont pas de pauvres photos qui vont te le donner. » La brunette décroisa ses bras. « Ce n'est pas moi qui me suis pavané sur un tapis rouge, ce n'est pas moi qui ai annoncé au monde entier que j'aimais quelqu'un d'autre, ce n'est pas moi qui ai baisé ce jour-là, ni les suivants. » Ses sourcils se haussèrent. « Ah non pardon elle tu ne la baises pas, tu lui fais l'amour puisque c'est ta future femme, celle avec qui tu formes " le couple parfait ". » Elle avait levé le ton, tout en s'avançant lentement mais sûrement vers Julian.« Tu peux dire tout ce que tu veux, sortir tes plus beaux mensonges mais je ne serais plus dupe. J'ai vu la manière dans tu la regardais, dont vous vous regardiez, tu ne vas pas me dire que c'était de la comédie. La seule comédie que tu sais jouer c'est celle que tu joues avec moi, pour pouvoir te vider les entièrement les couilles puisqu'une seule femme ne te suffit pas pour ça. » La jeune femme avait mal, déballer tout ce qu'elle pensait ainsi était douloureux mais il fallait qu'elle le fasse. « Je ne t'attendrais plus, je ne serais plus à ta disposition, pas maintenant que j'ai vu la vérité, je ne sèmerais plus le trouble dans un couple qui va bien ni dans aucun autre à présent. » Malgré toutes ces paroles elle mourrait d'envie de lui donner un dernier baiser, un baiser d'adieux mais elle se retenait.« Va t'en je t'en prie. »Qu'il ne rende pas les choses plus compliquées qu'elles ne l'étaient déjà...
L’heure de la confrontation avait sonné, et elle promettait de n’épargner personne. Julian et Madison se faisaient face et plus rien ne semblaient comme avant. L’époque à laquelle ils se jetaient dans les bras l’un de l’autre semblait bel et bien révolue. Ils ressemblaient plus à des inconnus qu’à des amants. Ou plutôt à des ennemis, tant les regards qu’ils se lançaient étaient hostiles. L’italien devait faire avec les sentiments contradictoires qui naissaient en lui, mais ce fut la colère qui l’emporta assez facilement. En y réfléchissant, il n’était pas venu pour faire la paix. Non, pas du tout. Il était venu réclamer des comptes, obtenir des explications. Mais aussi alléger sa conscience, qui était devenue tellement lourde que c’en était insoutenable, ce qu’il ne comprenait pas. Il n’avait rien fait de mal – du moins il voulait s’en persuader. Alors c’était l’occasion de régler ses comptes avec Madison. Il ouvrit les festivités, la meilleure des défenses étant l’attaque. Mais l’anglaise fut la première à lui reprocher quelque chose, en évoquant Lauren. Au fond, il le savait qu’un jour ou l’autre cela lui tomberait dessus. Qu’elle lui reprocherait ses fiançailles, qu’elle ne supporterait plus cette situation. Mais il ne pensait pas que cela arriverait aussi tôt, ni comme ça. Elle aurait pu essayer de lui en parler, avant de passer à autre chose. « Parce que moi je n'ai rien risqué peut-être ? Mon agence ce n'est rien ? Ah oui pardon ce n'est rien comparé à de l'argent tombé du ciel... ou plutôt de la famille. » Son sang ne fit qu’un tour, et il dut se faire violence pour ne pas frapper dans la première chose qui lui tombait sous la main. « Tu ne sais pas de quoi tu parles, ferme-la. » Son ton était anormalement calme, car Julian faisait tout son possible pour ne pas exploser tout de suite. Elle n’avait pas conscience de ce qu’il vivait, avec sa famille. Et elle n’avait jamais eu d’argent, elle ne savait pas ce que c’était d’avoir peur de tout perdre. S’il faisait un pas de travers, il perdait à la fois sa famille mais aussi tout son héritage. Et il ne pouvait pas tolérer ça, de se retrouver sans rien du jour au lendemain. Encore moins pour une femme, même s’il s’agissait de Madison. « Ne compare pas ma situation avec la tienne, j’ai beaucoup plus à perdre. » Si elle perdait son agence, elle n’avait qu’à déménager et tout recommencer. Si elle perdait la confiance de ses clients, elle n’avait qu’à la reconquérir. Mais lui, s’il perdait sa famille, que pourrait-il faire ? Et s’il perdait son héritage, pourrait-il reconstruire cette fortune familiale ? Non, bien sûr que non. Il ne serait plus rien. Et Madison ne serait pas restée avec lui, il en était persuadé. Sans argent, il n’était plus rien, ne valait plus rien. « Tu n’y crois plus ? » répéta-t-il, surpris. De quoi parlait-elle ? La réponse ne tarda pas à arriver : la nature de sa relation avec Lauren, une fois de plus. Elle le croyait heureux désormais ? Qu’il avait menti depuis le début ? Ce n’était pas possible. L’avocat n’arrivait pas à croire ce qu’il entendait. « Je ne t’ai PAS menti ! » Il avait de plus en plus de mal à garder le contrôle de sa voix. Elle le poussait à bout. Et même s’il ne voulait pas qu’elle y arrive, il n’y pourrait rien. Julian avait l’habitude de s’énerver, de crier et de se disputer après ces dernières années passées en compagnie de Lauren. Il ne voulait pas que l’organisatrice le voit comme ça, mais il n’aurait sûrement pas le choix. « Je ne suis pas comme les autres hommes. » Ce que Madison lui disait le blessait plus qu’il ne l’aurait cru. Elle qui avait toujours su le voir autrement, le voir pour lui-même, et le trouver si unique, voilà qu’à présent elle ne le considérait que comme les autres. Il ne serait qu’un banal menteur, sans plus. Disait-elle ça pour le faire enrager ou était-ce qu’elle pensait réellement ? Il avait du mal à croire qu’elle remette sa parole en doute si facilement, comme si plus rien n’avait d’importance à présent, comme si tout ce qu’ils avaient vécu ne comptait plus désormais. Il continua de faire les cent pas, en se mettant à crier à présent. « MAIS JE NE RESSENS RIEN POUR LAUREN ! » Dieu qu’elle était têtue. Il n’était pas amoureux de sa fiancée, et il ne l’avait jamais été. « Je n’ai jamais aimé une femme. » précisa-t-il, comme si cela pouvait avoir de l’importance désormais. Etait-ce tellement dure à comprendre ? Ou simplement de le croire ? Pourquoi ne voulait-elle pas ouvrir les yeux ?! Ou alors elle essayait juste de se trouver des excuses. Julian était blessé, il décida de blesser à son tour, de frapper là où ça faisait mal. Et il vit immédiatement l’émotion prendre place dans les yeux de l’anglaise. « Comment tu peux dire ça ? Comment oses-tu ? » Il ne rajouta rien, il pensait ce qu’il venait de dire. Elle agissait vraiment comme si rien n’avait été important à ses yeux, sinon elle ne ferait pas tout pour le chasser comme elle était en train de le faire. « J’ai préféré ne rien faire, pour justement éviter que quelque chose comme ça n’arrive. » Qu’ils se fassent la guerre, après s’être faits l’amour. A présent qu’il s’était éloigné assez d’elle, Julian détourna les yeux pour ne plus la regarder. Il ne supportait plus de la voir, elle le mettait littéralement hors de lui. Son regard se posa sur un album, ouvert sur une photo bien précise. Il ne fallut que quelques secondes au brun pour faire des connections et en tirer les conclusions adéquates. Il avait du mal à croire ce qu’il voyait. Et après, elle se permettait de lui parler de Lauren ? De lui faire la leçon ? Il laissa sa colère s’exprimer, s’emportant totalement. Il foudroyait littéralement Madison du regard, ne prêtant plus attention à l’album qu’il avait envoyé à ses pieds. Il espérait que celui-ci soit en mauvais état, et même que cela la blesse comme elle venait juste de le faire avec lui. « Ce n'est pas moi qui me suis pavané sur un tapis rouge, ce n'est pas moi qui ai annoncé au monde entier que j'aimais quelqu'un d'autre, ce n'est pas moi qui ai baisé ce jour-là, ni les suivants. » L’avocat tomba de haut, de très haut. Encore une fois, il fut surpris par la violence dont pouvait faire preuve l’anglaise. Mais aussi de ce qu’elle pensait de lui. Il fronça des sourcils, ne sut pas quoi répondre sur le moment. Au fond ce qui le blessait encore plus, c’est qu’elle avait raison. Oui, il l’avait baisée avant le gala. Le soir aussi, et même le lendemain. Ils n’avaient pas arrêté, et ça le rendait malade. Malade de trahir ses principes, mais aussi de voir à quel point c’était simple de le faire et de s’y habituer. Que finalement, il pouvait coucher avec Madison dans l’après-midi pour remettre ça avec Lauren dans la soirée. Il pali à vu d’œil, mais Madison n’en n’avait pas terminé avec lui. Elle ne lui laissait pas le temps d’en placer une. Son cœur se serra un peu plus quand elle lui dit qu’il ne jouait qu’avec elle, pour profiter d’elle. Il voulait hurler, tout casser autour de lui. C’était injuste, tellement injuste. Qu’elle pense ça de lui, et qu’elle puisse croire qu’il pensait ça d’elle. Comment en étaient-ils arrivés là ? « Je ne t'attendrais plus, je ne serais plus à ta disposition, pas maintenant que j'ai vu la vérité, je ne sèmerais plus le trouble dans un couple qui va bien ni dans aucun autre à présent. » Il déglutit, comprenant tout de suite le poids des mots qu’elle venait de prononcer. C’était fini ? Vraiment fini ? « Va t'en je t'en prie. » Il resta interdit plusieurs secondes, se contentant simplement de fixer la brune à quelques mètres de lui. Il ne savait pas quoi dire, ni quoi faire. Mais il ne partirait pas, pas parce qu’elle le lui demandait. Il ne partirait que lorsqu’il l’aurait décidé. Tout lui échappait et il semblait n’y avoir aucun moyen d’éviter ce qui était en train de se dérouler. Peut-être qu’au fond, c’était ce qu’il y avait de mieux pour eux. Peut-être qu’ils n’auraient même jamais du se connaître. « T’es qu’une égoïste. Une putain d’égoïste. » Ce furent ses premiers mots, la voix pleine de rage. « Tu crois pouvoir me jeter quand ça t’arrange ? Tu tires tes propres conclusions et tu te débarrasses de moi ? Je suis quoi pour toi ? » Ce n’était qu’une question rhétorique, il ne voulait pas avoir de réponse. « Tu préfères croire des journaux et des écrans de tv, plutôt que moi ? » Le dire à haute voix ne rendait pas la chose plus logique, il n’arrivait toujours pas à y croire. « C’est TOI que ça arrange. C’est mieux de croire que j’ai menti, comme ça madame a la conscience tranquille. » Julian tremblait littéralement sous l’effet de la colère. Il se mit à marcher, en direction de Madison. Il ne volait plus la fuir désormais, mais la confronter le plus durement possible. « Alors OUI, je t’ai menti. Et oui, je l’ai baisée. Tous les jours, tous les soirs. Parfois même avant de venir te voir, et parfois juste en te quittant parce que j’en AVAIS PAS ASSEZ ! » Elle voulait qu’il soit un gros con ? C’était ainsi qu’elle le voyait ? Alors il le serait. Cela lui était égal désormais, le mal était fait puisqu’elle avait déjà fait son procès sans même lui laisser une chance de s’expliquer. « Les choses ont changé, Lauren a changé. QU’EST-CE QUE J’ÉTAIS CENSÉ FAIRE ?! Je suis son fiancé ! » Il ne pouvait pas refuser de l’accompagner au gala, ni même la quitter. Il était bloqué, complètement bloqué. C’était son devoir de l’accompagner, de la soutenir. D’essayer de faire que les choses marchent, s’il en avait la possibilité. Madison ne pouvait pas lui en vouloir d’accorder la priorité à sa relation, c’était parfaitement logique. Sinon, il l’aurait quittée depuis longtemps. « J’aurais préféré ne pas te rencontrer. » dit-il une fois qu'il fut arrivé juste en face d'elle. Car au final, il avait trompé Lauren, il avait trahi ses principes et valeurs, et tout ça pour rien. Pour du vent, pour quelque chose qui n’avait jamais vraiment existé. Madison n’avait été qu’un rêve, et le réveil était brutal.
Ce moment était inévitable, Madison le savait et ce depuis le début mais elle s'était quand même jetée corps et âme dans cette liaison, elle avait tout donné avant de disparaître, ce n'était pas son genre de faire le fantôme, de couper court ainsi mais elle avait pensé que cela lui ferait moins mal que d'affronter les choses en face à face comme ils étaient en train de le faire à l'instant. L'organisatrice d'événementiel avait aussi évité de le mettre dans l'embarras en lui écrivant alors qu'il risquait d'être aux bras de sa fiancée, mais ça il n'avait pas l'air de s'en rendre compte, il ne prenait en compte que le fait qu'elle l'ait abandonné. La jeune femme avait l'habitude de prendre l'initiative de rompre, de confronter ses exs à leurs erreurs, mais ça se terminait tellement mal à chaque fois qu'elle n'avait pas le courage de le faire avec Julian, sachant que cela ferait encore plus mal que les précédentes ruptures. Elle aurait préféré que les choses se fassent sans fracas, qu'ils se comportent comme de parfaits inconnus, qu'ils retournent à leurs vies d'avant mais c'était mal connaître son amant de penser que les choses auraient pu se passer ainsi. Planté chez elle il commençait à lui parler sur un ton qu'il n'avait jamais utilisé auparavant, il lui demandait carrément de se la fermer parce qu'elle ne savait pas de quoi elle parlait. Heureusement qu'elle ne le savait pas, elle ne voulait pas de ce genre de vie-là mais en le fréquentant elle était entrée dedans malgré elle. A l'entendre parler il était aisé de refaire sa vie, de se faire une clientèle, de monter sa propre agence, mais lui même parlait sans savoir, il n'avait pas sa propre entreprise il se contentait de rester dans celle dans laquelle il était grâce à du piston. « Tu ne sais pas non plus de quoi tu parles, tu es trop habitué à la facilité, désolée de ne pas être née avec une cuillère en argent dans la bouche comme toi. »Elle pensait réellement ce qu'elle disait, plus les minutes passaient et plus elle y croyait dur comme fer, il ne savait pas ce que c'était de se battre pour quoique ce soit, il ne savait pas faire de compromis... Leur liaison n'était pas un compromis, c'était avoir le beurre et l'argent du beurre. Il avait tout, la richesse, la santé, une femme jolie qui l'aimait plus que tout, mais ça ne lui suffisait pas, il lui fallait de l'adrénaline, chose qu'il avait cherché en l'embrassant au château. Julian était stupéfié d'apprendre qu'elle ne le croyait plus, mais il avait laissé les choses couler au lieu de s'expliquer avant qu'elle ne se fasse des films, c'était prévisible qu'elle ne le croit plus, à quoi il s'attendait ? Qu'elle fasse comme si elle n'avait rien vu ? Qu'elle continue de se jeter sur lui en faisant totalement abstraction de son apparition télévisuelle ? C'était impossible même avec la meilleure volonté au monde. « Cacher des choses c'est une forme de mensonge... c'est rendre la vérité invisible. »Si elle n'avait pas allumé sa télévision au bon moment cela aurait pu être encore pire, elle n'aurait cessé de se demander pourquoi il n'était plus là, mais n'aurait peut-être pas chercher à avoir des explications comme lui, elle aurait attendu que les choses se passent comme l'été précédent avant de le croiser dans l'ascenseur.
Julian se disait différent et pourtant il se comportait exactement comme les autres à ses yeux, il s'était abstenu de lui dire des choses capitales comme l'avaient fait Castiel et Gabriel avant lui. Elle avait cette désagréable impression d'être prise pour une quiche à chaque fois, que chacun d'entre eux croyait qu'elle ne verrait et n'entendrait rien, mais peu de choses échappaient à une femme aussi observatrice et passionnée qu'elle. Madison n'avait pas aimé tous ces hommes de manière égale, mais s'il y avait bien une chose qu'elle avait faite c'était de se donner à fond dans chacune d'entre elles, pour leur donner une chance que cela fonctionne. Hélas tous ces efforts ne serviraient à rien en ce qui concernait l'avocat, il avait déjà une personne dans sa vie et elle n'avait pas de baguette magique pour la faire disparaître. « Tu as peut-être raison, peut-être que tu ne l'aimes pas parce que la seule chose que tu aimes dans la vie c'est ton confort... je n'en sais rien, mais la seule certitude que j'ai c'est que tu ne tiens pas à moi plus que ça. » Il lui disait qu'il avait cherché à éviter cette dispute pourtant c'était lui qui l'avait enclenché en venant ici. « Ce n'est pas en disparaissant à chaque fois que tu vas éviter le pire... au contraire tu ne fais que de me blesser davantage. Tu as disparu un mois, tu es réapparu à mon anniversaire pour redisparaître dans la nature aussitôt et là tu as recommencé à disparaître, je pensais réellement que tu ne reviendrais pas. Encore moins après ce que j'ai vu. »En disant cela elle se rendait compte qu'il avait déteint sur elle, qu'elle était devenue comme lui, qu'elle avait préféré la lâcheté plutôt qu'autre chose. « Ce n'est que maintenant que tu te rends compte ce que ça fait, pour une fois que les rôles sont inversés. »Malgré tout elle n'avait pas l'impression d'avoir le moindre pouvoir sur la situation, c'était toujours lui qu'il l'avait eu et c'était d'autant plus frustrant. La colère de la jeune femme avait grandi après qu'il s'en soit pris à son album photo, malgré sa demande de le laisser à sa place elle ne se souciait pas plus que ça de son état, ce qui l'énervait c'était qu'il cherchait à lui mettre tous les torts sur le dos. La jeune femme avait réussi à le décontenancer, il ne disait plus rien, allait-il s'en aller à présent ? Elle le lui avait demandé gentiment, elle avait réussi à se contenir pour ne pas envenimer les choses, mais après quelques minutes de silence son amant reprit la parole, il annonça directement la couleur en lui crachant son venin en pleine figure. Égoïste ? Elle était égoïste ? Et c'était lui qui lui disait ça ? Quelle sombre blague. Elle n'avait pratiquement pas le temps d'en placer une, il la dénigrait tellement, elle ne l'aurait jamais cru capable d'un tel mépris en son égard.. Madison aurait aimé être sourde plutôt que de l'entendre parler.
Les paroles de son amant n'étaient pas entièrement fausses, elle avait préféré croire les médias plutôt que de lui, ce qui montrait que son niveau de confiance était bas, très bas mais elle avait été trahie tellement de fois qu'elle n'arrivait plus à faire confiance à un seul homme, encore moins à un homme fiancé. Elle comprenait bien qu'il ne voulait pas avoir de réponse à sa question, mais elle essaya tout de même d'en placer quelques unes.« Je ne t'ai pas jeté, je t'ai rendu la vie plus... » Facile en mettant fin à cette liaison grâce à son silence, il aurait pu retourner tranquillement à son mariage arrangé sans se retourner.« Je n'ai jamais eu la consc... » Il ne voulait pas l'écouter, il préférait balancer d'autres paroles, des paroles qui lui servaient d'armes et qui la transperçaient plus qu'elle ne le pensait. Elle sentait ses larmes monter de plus en plus, elle les contenait préférant attendre qu'il s'en aille. Comme par hasard sa fiancée avait changé quand il était avec elle, pas avant, il lui demandait ce qu'il aurait dû faire ce à quoi elle répondu.« Tu aurais simplement dû me prévenir au lieu de faire le mort Julian. Après ce que tu m'avais dit au château je pensais que tu aurais fait preuve de plus d'honnêteté, de courage mais je me suis trompée. »Il avait préféré continuer de la blesser plutôt que de s'en aller, ce qui la décevait grandement.« Tu n'es pas homme que je pensais que tu étais et tu viens de me le confirmer en te comportant ainsi. Tu as fini maintenant ou tu as encore d'autres choses à me balancer à la figure ? Pour un homme ayant cherché à éviter la violence en m'ignorant tu es drôlement virulent tu ne penses pas ? Tu te contredis tout seul et après tu veux que je te fasse confiance... »Elle ne savait pas comment elle faisait pour lui parler avec autant de calme, mais elle savait qu'elle ne pourrait plus le faire très longtemps. « Tu aurais préféré ne pas me rencontrer très bien mais alors T'ATTENDS QUOI POUR PRENDRE CETTE FICHUE PORTE ?! » Cria-t-elle en sachant pertinemment que ses larmes couleraient dès que sa voix monterait. Elle lui tourna le dos, elle ne voulait plus le regarder, elle s'avança jusqu'à sa porte d'entrée et s'arrêta lorsqu'elle se trouva juste en face d'elle. Madison l'ouvrit en grand. « Elle n'attend plus que toi. » Dit-elle d'une voix tremblante. Elle doutait qu'il veuille se donner en spectacle devant les voisins, elle pensait donc qu'en ouvrant elle mettrait fin à cette engueulade, qu'ils pourraient passer à autre chose. La brunette le regarda à nouveau, les larmes aux yeux cette fois-ci. « Pars... »Elle n'aurait cru devoir le lui demander, mais il l'obligeait à le faire. « Va t'en et ne reviens pas, cela ne devrait pas être trop compliqué vu que tu es un expert en matière de disparition alors fais donc ce que tu sais faire le mieux. »
Si Julian était venu dans le but d’obtenir des explications et de parler de tout ça, il n’avait pas tenu très longtemps avant de s’emporter. Il s’était consumé par cette colère qui le tiraillait depuis de nombreux jours, qui se nourrissait de lui de l’intérieur. A présent qu’elle pouvait sortir et s’exprimer, elle ne se gênait pas pour le faire. Ils se hurlaient dessus, se lançaient des piques, se faisaient des reproches. L’avocat pensa – le temps de quelques secondes – que tout cela n’était qu’un mauvais cauchemar et qu’il se réveillerait bientôt. Comment cette femme qui se tenait devant lui, qui lui avait autant plu et qu’il avait tellement désirée, pouvait désormais le mettre dans un tel état de rage ? C’était à n’y rien comprendre. Jamais il n’aurait pensé que ça se passerait comme ça ou qu’ils en arriveraient là. Il n’avait jamais souhaité que les choses évoluent ainsi, il n’avait jamais voulu que ça se termine comme ça. Cette situation le mettait dans tous ses états, le poussait dans ses derniers retranchements. Tout était absolument hors de contrôle, ce qui le faisait littéralement disjoncter. Il n’avait jamais su quoi faire quand les choses pouvaient se dérouler de cette façon, alors il se contentait de faire ce qu’il savait si bien faire depuis quelques années : crier, hurler, tout balancer, rejeter la faute sur l’autre. Sauf que cette fois, ce n’était pas Lauren qui subissait son courroux mais bel et bien Madison. L’anglaise ne manquait pas d’être surprise de son ton, et même choqué de son comportement. Mais elle n’était pas en reste et se permettait elle aussi de placer quelques phrases bien senties, d’appuyer là où ça faisait mal. Encore une fois, elle lui parlait de sa famille, de son héritage, de sa fortune. Si les précédentes fois c’était pour le taquiner, là il s’agissait bien d’un reproche. Quand il lui avait offert un bouquin extrêmement rare, quand il lui payait des restaurants très onéreux, quand il lui avait payé un hôtel hors de prix, elle ne s’était pas plainte de l’argent qu’il avait. Et voilà que maintenant c’était un problème ? Elle s’attendait à quoi, à ce qu’il s’excuse d’avoir de l’argent ? De vouloir conserver ce qui lui revient de droit ? D’être « né avec une cuillère en argent dans la bouche » comme elle le faisait si bien remarquer ? Julian était bien trop aveuglé par sa colère pour se remettre en question. Il n’y voyait que de la jalousie et de la frustration. Il préféra ne rien répondre, il savait pertinemment que c’était inutile. Une femme comme elle ne comprendrait jamais un homme comme lui. Ils étaient bien trop différents, appartenant à des milieux complètement opposés. Des mondes qui ne devraient jamais se mélanger, et ils avaient fait l’erreur d’essayer. « Cacher des choses c'est une forme de mensonge... c'est rendre la vérité invisible. » Le brun soupira, visiblement ennuyé par ce que l’organisatrice disait. « Je n’ai rien caché. » Encore une fois, il se voilait la face. Il ne lui avait pas parlé du séjour à Sydney avec Lauren, ni du gala. Il aurait pu le faire, il aurait du. Cela aurait été honnête, et Madison le méritait bien. Mais il préférait se dire qu’il faisait encore ce qu’il voulait, qu’il ne lui appartenait pas. Et que ce qu’il faisait avec sa fiancée ne le regardait que lui, sa maîtresse n’avait absolument pas à se mêler de ses affaires. La dispute poursuivit son déroulement, les reproches ne cessèrent pas. Madison avait décidément beaucoup de chose à lui dire, et le brun avait de plus en plus de mal à y faire face. Il voulait s’en aller, claquer la porte. Ne pas subir tout ça, ne pas affronter ses erreurs ni leurs conséquences. Le plus difficile étant d’accepter qu’il était en train de la perdre, définitivement. Elle qui s’était imposée dans sa vie sans qu’il ne s’y attende, et qui était devenue essentielle en l’espace de quelques mois seulement. Voilà que désormais, elle allait appartenir au passé. Elle l’avait déjà relégué à ce plan d’ailleurs, elle n’attendait rien de lui et elle le lui disait clairement. « Tu as peut-être raison, peut-être que tu ne l'aimes pas parce que la seule chose que tu aimes dans la vie c'est ton confort... je n'en sais rien, mais la seule certitude que j'ai c'est que tu ne tiens pas à moi plus que ça. » Une violente pulsion le traversa. L’espèce de quelques instants, il eut envie de la gifler. De la secouer même, pour qu’elle se réveille enfin. Mais il réprima cette envie, trop abasourdie par ce qu’elle disait. S’il ne tenait pas à elle, pourquoi était-il là ? Il se serait contenté de rester chez lui, avec Lauren. Mais non, il avait pris le risque d’être découvert juste pour venir la voir et lui parlait. Elle comptait tellement à ses yeux, plus qu’il ne se l’admettait même. La rancœur qu’elle avait contre lui semblait la rendre aveugle, elle ne voyait que ce qu’elle voulait voir. Ses défauts, ses erreurs. Elle se fermait à tout le reste. Les bons moments partagés, les promesses faites, les efforts effectués. Elle ne voyait rien, n’entendait rien. Il se sentait tellement impuissant à cet instant, mais il comprit. Il comprit que c’était trop tard, qu’il n’arriverait pas à arranger les choses ni à lui faire entendre raison. Dès lors, cela ne servait plus à rien de se trouver des excuses ni même d’essayer de parler. Il se résigna aussitôt. Désormais, la suite ne servirait qu’à cracher son venin et exprimer sa rancœur. Quitte à se quitter, autant se détester. Dans un premier temps, l’avocat se contenta de subir les assauts de Madison. Il la regardait droit dans les yeux, alors qu’elle continuait de lui en vouloir. Voilà que maintenant, elle parlait de ses absences. Elle le voyait lâche, du genre à fuir quand les choses se corsent. Il se demanda vraiment pourquoi elle n’était pas partie plus tôt alors, s’il était tellement bourré de défauts. Il resta silencieuse quelques secondes, après qu’elle lui eut demandé de quitter les lieux. Tout se bousculait dans sa tête, mais il savait qu’il ne voulait pas partir. Pas encore. Alors il releva la tête, l’affronta du regard et se mit à parler. Ou plutôt à lui hurler dessus, et à cracher son venin. Il lui disait les pires choses qu’on pouvait entendre, il lui balançait à la figure les pires méchancetés possibles. Elle l’avait touché, elle l’avait affaibli, elle l’avait blessé. Il lui en voulait, de tellement de choses. Surtout de lui balancer ses quatre vérités. Elle avait su toucher ses points sensibles, maintenant elle allait comprendre que ce n’était pas quelque chose à faire avec lui. Julian était un homme profondément complexe et torturé c’est le moins que l’on puisse dire. La faute à sa famille, à son éducation mais aussi au choix qu’il avait fait. Il savait se montrer horriblement fier et égoïste. Il se faisait passer avant tout le monde, et il ne fallait pas s’en prendre à sa dignité. Or, Madison avait réussi à l’égratigner plus qu’il ne pouvait le permettre. Elle avait connu le meilleur de lui, il lui présentait maintenant le pire. Sa bouche était une arme, ses mots étaient des balles. Il ne l’épargnait pas, et il ne le voulait pas. Pendant qu’il parlait, il ne la lâchait pas des yeux, son regard n’avait jamais été sombre avec elle. Il avançait, encore et encore jusqu’à se retrouver juste devant elle. Il l’empêchait de se défendre, de répondre. Il ne voulait pas entendre ce qu’elle avait à dire, il voulait juste déverser sa haine. Ce fut un flot de reproches, d’injures, d’insultes. Elle l’avait poussé à bout, voilà le résultat. Les yeux de l’anglaise avaient beau se remplir de larmes, ce n’était pas ça qui l’arrêtait. « Tu n'es pas homme que je pensais que tu étais et tu viens de me le confirmer en te comportant ainsi. Tu as fini maintenant ou tu as encore d'autres choses à me balancer à la figure ? Pour un homme ayant cherché à éviter la violence en m'ignorant tu es drôlement virulent tu ne penses pas ? Tu te contredis tout seul et après tu veux que je te fasse confiance... » Elle parlait calmement, mais il savait qu’elle ne l’était pas. Elle devait certainement être choquée devant cette nouvelle facette de sa personnalité. Elle voulait autre chose ? Très bien, il avait gardé le meilleur pour la fin. Il espérait ne l’avoir jamais rencontrée. Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase et Madison se mit à lui hurler dessus pour qu’il s’en aille. Elle s’éloigna de lui pour ouvrir la porte d’entrée, ce qui refroidit complètement Julian. Il ne pouvait pas continuer à hurler, si les voisins pouvaient tout entendre et venir s’en mêler. Il regarda la brune durement, lui en voulait de l’empêcher de poursuivre. « Et après c’est moi le lâche ? » dit-il froidement. Il s’approcha de la porte d’entrée, se retrouvant une nouvelle fois devant Madison l’espace de quelques secondes. « Je ne reviendrai pas. Je ne veux plus jamais te voir. » Il ne criait plus, mais ça ne l’empêchait pas d’avoir un ton agressif. « Je trouverai quelqu’un d’autre pour organiser mon mariage. » Oui, il voulait lui rappeler qu’il allait encore se marier. Alors qu’elle resterait seule. C’était bas mais c’était plus fort que lui. Julian reste encore quelques instants à fixer Madison, à voir les larmes commencer à couler sur son visage. Il savait que c’était très certainement la dernière fois qu’il lui voyait, et cette pensée lui faisait affreusement mal. Il voulait encore la regarder un peu. Il eut même envie de se jeter à ses lèvres, partager un dernier baiser. Mais il finit par détourner les yeux et à sortir de son appartement. La porte se referma presque aussitôt derrière lui. Il ne bougea pas tout de suite, se contentant de fermer les yeux et de soupirer longuement. Il ne comprenait pas comment tout avait pu autant déraper, mais les choses étaient comme ça à présent. Il ne lui restait plus qu’à rentrer chez lui, près de Lauren. Et d’oublier Madison.
Julian n'avait pas réagi à ses propos, mais elle ne prenait pas son silence comme un acquiescement, elle savait que ça n'en était pas un, elle ressentait qu'il se retenait de dire le fond de sa pensée et ce n'était pas plus mal parce qu'il avait suffisamment été cinglant avec elle. Il lui dit qu'il n'avait rien caché et cela elle ne le supportait pas.« Arrête de te voiler la face... » L'avocat savait qu'elle avait raison, mais il ne lui donnerait pas raison de la journée, il était trop aveuglé par sa colère pour ça. Le jeune homme ne parlait pas, mais la situation était de plus en plus claire, l'organisatrice d'événementiel sondait son esprit, elle avait l'impression de lire ses pensées. Il pensait qu'il ne lui devait rien, qu'il ne lui appartenait pas alors que de son côté à elle c'était tout l'inverse, elle devait toujours répondre présente, lui donner des nouvelles, essayer de le voir... cette relation était tellement à sens unique, elle ne s'en rendait compte que maintenant. Faire preuve d'autant de dévotion pour un homme qui se donnait aussi peu à elle c'était risible, il ne le méritait pas et il le prouvait encore plus aujourd'hui. Tout ceci ne lui donnait envie que d'une chose : lui dire ses quatre vérités. Elle lui donna à moitié raison en parlant de sa non affection pour Lauren en s'attaquant à sa vénalité, parce qu'elle avait l'impression qu'il tenait bien plus à l'argent, à son mode de vie qu'aux membres de sa famille en eux-mêmes, qu'il n'aimait personne en réalité à part lui-même. En fréquentant Julian Madison s'était rendue compte qu'on ne lui avait pas apprit à aimer, on lui avait seulement apprit à être concurrentiel, à être meilleur que son frère et sa sœur, chose dans laquelle il semblait avoir échoué n'ayant pas son propre cabinet, de réputation aussi forte que celle de Milena. La brunette avait eu envie de lui apprendre à avoir des sentiments, à voir autre chose que les billets, la réussite professionnelle, mais à présent qu'elle savait qu'il ne savait qu'haïr cette envie était lointaine. De toute manière elle ne serait sûrement jamais arrivée à lui faire aimer un mode de vie simple, il était beaucoup trop imprégné par celui des Grimes, il avait préféré opté d'avoir deux femmes plutôt que d'en avoir qu'une seule à laquelle il pourrait s'attacher. Elle était en partie responsable de ça, parce qu'elle n'avait pas su lui imposer quoique ce soit, elle ne l'avait pas convaincu de quitter la scénariste, elle l'avait juste convaincu de la prendre comme maîtresse, une performance des plus navrantes. Julian avait cessé d'être silencieux, il semblait soudainement déterminé à la détruire plus qu'elle ne l'était déjà. Madison n'avait pas de réactions violentes, ni physique ni verbal, elle essayait de tout encaisser mais, une de ses répliques fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Elle s'était époumonée pour lui faire comprendre qu'il était définitivement temps de quitter son appartement. Une fois la porte ouverte il la traita de lâche, chose dont elle se fichait bien elle voulait juste que ça se termine. La jeune femme voulait qu'il s'en aille et vite, sans dire un mot c'était trop demandé mais au moins qu'il franchisse le pallier. Il lui dit qu'il ne voulait plus jamais la voir, qu'il trouverait quelqu'un d'autre pour organiser son mariage, elle resta silencieuse une vingtaine de seconde avant de lui dire : « Bon débarras. »Julian détourna du regard et s'en alla enfin. Contre toute attente elle ferma la porte sans la claquer, juste après l'avoir verrouillée elle se colla contre elle et laissa son dos glisser contre elle avant de s'asseoir par terre. Elle ferma les yeux, renifla.« Putain... » Madison n'en pouvait plus, elle se laissa complètement aller en pleurant bruyamment. Elle qui pourtant s'était jurée de ne plus pleurer comme ça, pas un homme, ses yeux ne lui servaient donc plus qu'à cela, pleurer à torrent ? Son ancien amant ne devait pas être très loin, il n'avait peut-être pas encore eu l'ascenseur mais elle n'allait pas lui courir après, pas après une telle scène, elle allait conserver le peu de dignité qui lui restait. Qu'il rejoigne sa fameuse fiancée, l'épouse, s'enrichisse et n'apparaisse plus jamais dans sa vie. Après avoir passé une bonne dizaine de minutes assise, elle se leva et saisit son album photo, les pages étaient froissées, mais il n'y avait pas eu de grands dégâts en soi, il avait raté son but, celle qui avait le plus morflé c'était elle, son visage était défiguré par ses pleurs. Elle déposa son album dans le carton dans lequel elle l'avait trouvé, elle chercha son portable et elle effaça l'avocat de son répertoire, élimant ainsi la possibilité de le contacter en étant bourrée parce qu'elle savait pertinemment que c'était ce qu'elle allait faire, se bourrer la gueule comme à chaque fois qu'elle allait mal...