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Ne sois pas en retard. Le message a été envoyé il y a quelques minutes de cela par Kim, l'assistante de ta mère. Et tu as roulé des yeux. Oui, même si la situation, enfin correction, ta situation est précaire à souhait, tu as eu l'audace de rouler des yeux. Parce qu'elle te dit quoi faire, et même du haut de tes trente ans, tu détestes que les gens te disent quoi faire. Mais tu as fini par te bouger, par sortir de ton lit, sans aucun vêtement, pour envahir la salle de bain et tenter d'effacer la dernière nuit de boulot. La salle de bain est incluse dans cette chambre que tu occupes, jusqu'à la fin de la semaine, un truc trouvé en urgence, sur un site plus que louche, tu as payé en espèces, on t'a donné une clef et on t'a dit de dégager dimanche.
Ou sinon il se passe quoi, que tu as demandé, un peu cynique, et le type qui t'a tendu les clefs a eu un rire, avant de déclarer qu'on te foutrait à la porte dans tous les cas. Grosse ambiance, juste une semaine pour trouver un logement décent, où te retrouver à la rue. Tu ne veux pas y penser, tu n'y penses même pas alors que tu te rends présentable pour aller à cette visite. Tu as dû supplier Kim, le seul lien qu'il te reste encore avec ta mère, de t'aider. Ouais, vous vous connaissez depuis des années, ouais t'es un petit connard impétueux qui l'a tout simplement fait culpabiliser. Parce qu'elle a le malheur de répondre à tes appels, parce qu'elle fait l'écran entre ta mère et toi, parce que si on est réfléchi bien, t'es presque son môme et elle le sait. Peu importe la raison, c'est une ouverture, une opportunité que tu peux utiliser. Elle t'a donné une heure, assez tôt (avant onze heures rien que ça) et une adresse, en t'assurant qu'elle s'est occupée du reste. Parfait, t'as juste à te pointer. Et ta tenue adulte sérieux? Elle consiste à un pantalon en cuir noir, avec un veston bleu marine, il y a beaucoup de peau exposée, tes bras sont couverts par différents bracelets, mais c'est toujours mieux de montrer la marchandise, et hors de question d'être le cas à l'heure et en cravate. Tu dois prendre le bus et si tu payes, c'est avec un petit pincement au cœur et tes lunettes de soleil sur le nez.
Mais tu arrives enfin, à l'adresse en question, et ouais... tu avais raison, il y a des gens en cravate, c'est un petit groupe qui accompagne l'agente immobilière et quand cette dernière confirme ton prénom, tu te demandes si les autres derrière vous respire. Peut-être. Peut-être pas. "On attend encore une personne..." Une personne, qui arrive cinq minutes après toi, donc en retard et la rouquine, Cleo d'après ce qu'elle a dit à l'agent, a le droit à un sourire. Parce qu'elle n'a pas de cravate, qu'elle a presque l'air aussi perdu que toi et qu'elle a l'air humaine, juste humaine tout simplement. Vous suivez tous jusqu'à l'appartement ne question, comme à l'école, une porte s'ouvre et tu sais que le salon est plus grand que la chambre tu occupes actuellement. La cuisine est juste là, propre et lumineuse et tu aurais peut-être dû demander le prix à Kim. Quoi que tu es là, trop tard. Tu écoutes à peine l'agente immobilière qui fait son boulot, non, toi tu vas déjà voir la taille du frigo, c'est un détail important, et tu t'appuies même sur le comptoir pour voir s'il est solide. Pour la cuisine mais pas que, il pourrait y avoir d'autres activités dans cette cuisine. "Je vous montre les chambres... c'est par ici." On suit, Cleo et toi vous êtes un peu en retrait et tu te tournes vers la rouquine. "Content de voir qu'au moins une personne a l'air normal... ou alors c'est moi le problème et je mens très mal?" Tu hausses les épaules et tu remontes tes lunettes de soleil sur tes boucles brunes. "Tu sais à combien il est le loyer toi? Ou je suis la seule personne paumée ?" Tu le marmonnes à l'adresse de Cleo, comme si vous vous connaissez depuis des années, alors que ce n'est pas le cas et que tu viens juste de la rencontrer.

Cleo est devenue une spécialiste des canapés. Elle a un avis tranché sur les revêtements velours ou coton, les couleurs, les angles, les accoudoirs, et elle sait se contorsionner pour dormir de façon confortable avec des coussins durs dans le dos. Elle plaisante avec ses amis, et prétend faire des classements : le canapé de Khalid l’emporte de loin, celui de Mona est le pire, le jury se décide encore pour départager celui de AJ et de Danny. Cleo, elle, a du mal à croire la gentillesse de ces gens qu’elle ne connait pourtant que depuis un peu plus d’un an, mais elle est trop anxieuse de ces semaines de tornade pour avoir le temps de trop réflechir. Pour une fois, elle accepte la main qu’on lui tend, les canapés qu’on lui laisse. La plupart de ses affaires sont dans d’immenses sacs plastiques, dans le placard sous l’escalier de Mona, qui a accepté de les garder le temps que Cleo retombe sur ses pattes. D’ici là, elle vit avec une simple valise et une boule dans la gorge qui ne part jamais vraiment.

Les textos de Tommy sont incessants, et avec une teneur plus ou moins similaire : pardonne moi, je suis désolé, je ne voulais pas mais tu m’as poussé à bout, je n’aurais pas dû lever la main sur toi, pardonne moi, sale connasse, je t’aime, désolé, pardon, salope, tu me manques. Elle n’arrive pas à bloquer son numéro, pas encore, mais elle évite tous les lieux qu’ils ont fréquenté ensemble et remercie le ciel qu’ils aient finalement si peu d’amis en commun. Cleo a toujours cru que Tommy s’intéressait à sa vie et à ses amis à elle, mais avec du recul, elle réalise qu’il faisait plus acte de présence aux soirées qu’autre chose, plus occupé à faire son numéro de charme pour plaire aux autres qu’à essayer de les connaître. Aucun des amis de Cleo n’a eu l’air très déçus quand elle a annoncé la rupture, ce qui l’inquiète d’une façon qu’elle a du mal à expliquer : qu’ont-ils pensé de Tommy, en vérité, tout ce temps ? Est-ce qu’ils la jugeaient d’être en couple avec lui ? Est-ce qu’ils ont pitié d’elle, et n’acceptent de l’héberger que jusqu’à qu’elle trouve un appartement avant de la ghoster ?

Bon, ça aussi, ça risque de prendre du temps. Cleo enchaîne les visites sans grand succès, son dossier bien trop bancal : pas de garant, parce qu’elle ne parle plus à ses parents et que ses amis sont tous des saltimbanques, un petit boulot à temps partiel qui paie mal et un enchaînement de jobs randoms pour compléter les fins de mois… La seule chose qui reste à Cleo, pour marquer des points, c’est sa politesse légendaire. Pour les visites, elle a ressorti des habits ternes du fond de sa garde robe, garde un maquillage simple, fait bonne figure, bref, elle cosplay l’ancienne Cleo, infirmère, hétérosexuelle, et de bonne famille. Dommage que les fiches de paie et autres preuves ne suivent plus.

Sauf qu’aujourd’hui, elle n’a même pas eu le temps de se rendre présentable - elle a eu un créneau pour visiter une colocation à la dernière minute, alors qu’elle se balade dans Brisbane avec un short à sequin et une chemise seventies avec des étoiles argentées qu’elle a répété sur ses paupières avec du fard bleu vif. Tout le monde la regarde bizarrement quand elle arrive, en retard, et elle regrette déjà d’être venue. A quoi bon, elle n’aura jamais l’appartement. Un garçon brun lui adresse un sourire compatissant.

La visite commence, Cleo est en retrait, les joues rougies, la honte sous l’épiderme. Alors que le petit groupe se dirige vers les chambres, le brun de tout à l’heure se penche vers Cleo.  "Content de voir qu'au moins une personne a l'air normal... ou alors c'est moi le problème et je mens très mal?" Elle a une demi-seconde de surprise, parce qu’elle n’est pas sûre qu’il s’adresse à elle. « Je ne sais pas si c’est normal le terme qu’ils utiliseraient pour nous décrire… » Elle souffle avec un air presque désolé. « J’ai pas eu le temps de rentrer me changer et faire semblant d’adorer porter des robes de mère de famille », elle murmure en grimaçant. Heureusement, son compagnon d’infortune a l’air tout aussi perdu qu’elle. "Tu sais à combien il est le loyer toi? Ou je suis la seule personne paumée ?" Elle retient un petit rire. « 1000 AUD par personne, sans les charges. C’est une affaire vu la localisation », elle soupire, et rajoute, « enfin ça sert à rien de rêver, entre ma tenue et mon dossier bancal, c’est mort. » Le petit groupe regarde les deux chambres - Cleo adore l’idée d’une colocation à deux, plus calme que celle à sept qu’elle a visité y a deux jours. « Tu préférerais quelle chambre, toi, si t’avais l’appart ? » Elle demande au brun, curieuse : l’une des chambres est plus petite, mais à un petit balcon qui donne sur la cour décrépite, et l’autre est lumineuse, plus grande, avec une vue sur la rue animée et colorée, mais clairement plus bruyante.

@Milan Mayer

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Tu n'es pas une personne timide, pas facilement gêné, à dire vrai, il en faut beaucoup pour te mettre sur la touche et pour que tu te retrouves sans mots. Est-ce parce que tu adores le son de ta propre voix ? Oui, très certainement, mais ce n'est pas que ça. Tu es un véritable caméléon quand il s'agit d'interagir avec des nouvelles personnes et tu peux devenir amis avec n'importe qui. Parce que tu es de ceux qui sont capable de se tordre en quatre pour adopter une nouvelle personnalité, surtout s'ils savent que cette dernière peut plaire et va leur permettre d'avoir encore plus d'attention sur eux. Cela ne fait aucun sens, mais c'est ce qui te permet de parler avec Cleo, comme si vous étiez venus ici ensemble et que vous étiez en train de faire une visite plus que prévue. "Hey pas besoin, t'es très bien comme ça." Tu complimentes la rouquine, facilement, tu ne mens pas, ce n'est pas de la flatterie pour te faire bien voir. Et elle a de la chance, parce que tu es sincère pour le coup, et tu enchaines même, alors que la jeune femme ne t'a absolument rien demandé : "Et puis faut pas dénigrer les mères de famille comme ça tu sais, sans elles, on ne ferait rien du tout. Rien du tout, crois-moi." Ta phrase est ponctuée par un clin d'œil, qui en dit long sur tes intentions et sur ce que tu avances. Tu viens juste de la rencontrer, pas besoin de la choquer avec ta vie amoureuse, et disons-le franchement, sexuelle, plus que chaotique. Vous n'êtes pas là pour cela, et c'est vrai qu'elle est vraiment cool cette cuisine, tu veux te concentrer sur cette trouvaille avant tout.
Cleo a déjà plus d'information à te donner et tu hoches la tête, plutôt rassuré par le chiffre qu'elle te donne. "Ouais, j'avoue, c'est moins cher que mon loyer précédent." Pas aussi classe que le penthouse dans lequel tu as grandi, mais il est temps pour toi d'admettre que tu ne retrouveras jamais ce type de luxe. C'est tout simplement fini, tu n'as pas envie de tourner la page, tu t'accroches comme un gamin têtu, parce que c'est tout ce que tu es dans le fond. Mais ça aussi, tu le gardes pour tout et tu suis Cleo, alors que le petit groupe observe les chambres. Il y en a une plus petite que l'autre en effet, mais les deux sont lumineuses, tu sais déjà qu'avec le lit et la commode, tu peux t'en sortir. Peut-être envoyer valser le bureau, pour le remplacer par un bean bag et un énorme miroir, juste là. "Je t'avoue que je m'en fiche, je suis capable de faire mon nid n'importe où..." Oui, c'est surtout ça que tu as appris depuis que tu dois te débrouiller seul depuis trois ans. Même si ça t'emmerde, même si ça blesse ton ego, les compromis sont fait, l'ego est mis de côté, tu survis un jour de plus. "Ça me soule juste devoir bouger tous les trois mois." Que tu admets, avant de passer une main dans tes boucles brunes, éloignant celles qui sont en train de retomber sur ton visage. On vous montre rapidement la salle de bain, l'agent immoblière a un coup de fil alors et vous laisse faire le tour, pour vous familiariser avec l'endroit. Tu as vu ce que tu voulais voir, cet appartement est génial, mais sans qui que ce soit pour se lancer dans tout avec toi, tu risques d'être à la ramasse. Aussi tu hausses les épaules, te plantant devant Cleo la seconde suivante."Clairement, il me faut un coloc. Mais quelqu'un de sympa, et de compréhensif, qui comprendra que parfois, c'est un peu la galère financièrement et qu'on pourrait tout à fait magouiller à deux pour le payer se loyer." Parce que tu sais magouiller, tu sais te débrouiller, ça ne fait aucun doute, la preuve, tu tiens encore sur tes deux pieds, tu es capable de demander, de supplier même et de faire ce qu'il faut pour mettre du beurre dans les épinards, que personne n'en doute, vraiment pas. Certes ce n'est peut-être pas très joli, ou même dans les règles, mais qui s'en soucie putain? Qui?
"Quelqu'un de chill qui ne s'offusque pas si je ramène une fille, ou un mec, ou quelqu'un avec moi." Un autre haussement d'épaules, alors que tu fixes Cleo, est-ce qu'elle est la personne que tu recherches? Oh, il n'y a qu'un seul moyen de le savoir."Tu vois le genre?"

"Hey pas besoin, t'es très bien comme ça." Les joues de Cleo rougissent, parce qu’elle n’est jamais très à l’aise devant des compliments, des regards sur elle ; cela peut sembler paradoxal, au vu de son look exubérant, mais elle le fait sincèrement pour elle et non pour les autres. Le jeune homme semble être le genre de personne qui n’a aucun souci avec partager son opinion ou dire quelques flatteries, il a ce rictus charmeur des gens charismatiques que Cleo, éternelle timide, a toujours envié. "Et puis faut pas dénigrer les mères de famille comme ça tu sais, sans elles, on ne ferait rien du tout. Rien du tout, crois-moi." Les sourcils de Cleo se froncent un instant devant le clin d’oeil du garçon, parce qu’elle ne comprend pas immédiatement le sous-entendu, et lorsque cela s’aligne dans son cerveau, elle a un petit rire, mi-amusé mi-gêné, parce qu’elle ne sait pas exactement quoi répondre. « Ah, il faut peut-être que j’augmente la limite d’âge des profils que me proposent Tinder, alors », elle dit sur un ton de plaisanterie, essayant de s’adapter à la conversation un peu taquine - en réalité, elle a installé l’application ivre, un soir, sur les conseils de Mona, mais elle n’a répondu à aucun de ses matchs. L’ombre de Tommy est encore trop présente.

Mais le dating n’est pas le sujet principal du jour : comment avoir des conquêtes si l’on a aucun appartement où les ramener ! "Ouais, j'avoue, c'est moins cher que mon loyer précédent." Cleo hoche la tête. Pour elle, ça sera plus cher que vivre avec Tommy, parce qu’ils se partageaient un minuscule appartement un peu insalubre, mais elle s’en fiche, tout ce qu’elle veut, c’est avoir un chez-soi où elle se sent en sécurité, à la différence de sa vie avec Tommy. "Je t'avoue que je m'en fiche, je suis capable de faire mon nid n'importe où… Ça me soule juste devoir bouger tous les trois mois." Cleo lève un sourcil, curieuse. « Pourquoi est-ce que tu bouges autant ? Pour ton boulot ? » Elle demande, peut-être un peu naïvement - à Brisbane, elle a rencontré assez de gens arty qui faisaient des tournées de théâtre, de musique ou de danse, jamais au même endroit bien longtemps. C’est peut-être le cas du jeune homme ?

L’agente immobilière s’éloigne, et Cleo continue le tour de l’appartement en compagnie du brun, slalomant entre les autres visiteurs tous en costard et robes bien repassées. "Clairement, il me faut un coloc. Mais quelqu'un de sympa, et de compréhensif, qui comprendra que parfois, c'est un peu la galère financièrement et qu'on pourrait tout à fait magouiller à deux pour le payer se loyer." Cleo a une petite grimace, et répond, honnête : « Pareil… » Elle pousse un petit soupir. « J’ai pas vraiment de revenus fixes, c’est pour ça que mon dossier est bancal aussi. J’en suis déjà à ma douzième visite », elle avoue. Pour l’instant, son dossier n’est jamais approuvé, ou les autres colocataire ne semblent pas vouloir d’elle, peut-être parce qu’elle n’a pas l’air très stable ou de confiance, ou que sa timidité agace.

Le jeune homme, lui, continue de lister ce qu’il recherche. "Quelqu'un de chill qui ne s'offusque pas si je ramène une fille, ou un mec, ou quelqu'un avec moi." Un petit ping agite l’estomac de Cleo, elle est toujours un peu surprise quand les gens avouent ça sans aucune gêne, si facilement. Elle a mis des années, elle, à pouvoir se le dire à elle-même, et encore plus pour le dire aux autres. "Tu vois le genre?" Elle hoche la tête avec un sourie. « La semaine dernière, j’ai visité une coloc, et j’avais des boucles d’oreilles arc-en-ciel, et l’un des mecs m’a demandé si j’étais, je cite, “ce genre de personnes” », elle forme des guillemets avec ses doigts en grimaçant. « J’aimerais bien quelqu’un de chill aussi, qui s’offusque pas si je m’enferme parfois dans ma chambre parce que j’ai besoin de calme, ou qui me laisse mettre ma collection de mug moche dans la cuisine », elle avoue avec un petit rire. « Mais je voudrais juste un endroit où je me sens chez moi », elle rajoute d’une voix plus basse, plus sérieuse. « Peut-être que tu devrais faire équipe avec l’un des mecs en costard, t’auras plus de chance pour faire passer ton dossier, non ? » Elle suggère, consciente que pour elle, c’est déjà cause perdue.

@Milan Mayer

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Les apparences ne sont pas trompeuses. Cela, tu le comprends depuis que ta mère a coupé la petite laisse qu'elle avait autour de ton cou et qu'elle ne te nourrit plus, vraiment. La plupart des gens n'ont pas assez de sous pour se payer une armure toute bien polie et dorée, alors ils exposent tout. Absolument tout. Ce qui est une très bonne chose pour la personne désespérée que tu es, une excellente chose pour un opportuniste comme toi. Enfin, là, l'opportunité, c'est que tu ne veux pas te retrouver à la rue. Si tu ne trouves pas un truc rapidement, tu vas finir avec toutes tes affaires à dormir sur un banc dans un parc quelque part. Tu ne veux pas y penser, tu ne veux pas l'imaginer, alors l'ego il est mis au placard et cette façon légère et désinvolte qui te définit, qui te permet d'expliquer les choses à Cleo, c'est vraiment toi. Parce que tu es capable de rester détendu dans un moment tel que celui-ci, oui, tu es capable d'être détendu alors qu'il y a beaucoup un jeu. Est-ce que tout ceci est une blague pour toi ? C'est difficile à dire, mais tu fixes bien Cleo avec des grands yeux alors qu'elle te dit de quoi ont été fait ces derniers jours."Douzième visites ? Putain, tu as du courage, tu mérites un câlin, ou un sandwich gratuit." Au moins, tu ne diras pas non à un sandwich. Merde, maintenant tu as faim, ce n'était pas une bonne idée de parler de ça, tu as presque envie d'ouvrir le frigo pour voir s'il est rempli. Cela se fait parfois pendant les visites, parfois, à la place, tu te tournes vers Cleo. "Et vu que je ne peux pas payer le sandwich, eh bien..." Alors elle a le droit à un câlin, même si tu viens de la rencontrer il y a environ cinq minutes, parce que tu es ce genre de personne, que tu ne sais pas ce qu'est une limite, que tu as toujours été une personne tactile. Toujours, une poignée de main, une main sur les épaules, un coude de coude, tu as toujours été de cette trempe-là, ça ne va pas changer parce que tu es entouré d'inconnus.
Tu relâches Cleo sans plus de préambules et alors qu'elle se confie un peu plus sur son expérience, tu fais une grimace. Qui a osé lui dire ça? De visu en plus? Malheureusement, il semble que vous retournez arrière, les mentalités ne sont pas si ouvertes que cela, certains aimeraient plus de retenus et tu leur dis merde, vraiment. "Eeeeeeeew... et laisse-moi deviner, il était aussi blanc qu'un sac de farine et avec la personnalité d'un mouchoir usé ? Pff faut pas les écouter ce genre de personne, ils sont juste frustrés et ce sont souvent eux qui se cachent, pas l'inverse." Tu hoches bien la tête en disant cela, parce que c'est ton expérience et tu as été derrière des portes fermées et tu as déjà vu des gens qui se disaient bien sous tout rapport avoir les pires vices... Déjà quand tu étais un petit roi, tu ne jugeais pas, trop obnubilé par ta propre image pour te pencher sur celles des autres, mais maintenant que tu dois te débrouiller ? T'as pas le temps pour ces bêtises. Et tu fais un bruit pour montrer que tu es outré, une main sur ta poitrine, face à ce que tu suggères Cleo. "Alors déjà, si je fais équipe avec un mec en costard, c'est pour passer maximum cinq minutes dans un placard..." Cleo a le droit à un clin d'œil de ta part. "On va dire trois, je suis réaliste, ce genre de mec n'a pas tellement d'endurance." Et là encore c'est du vécu, mais tu as déjà pris ta décision.
"Et je m'en fiche, t'es la seule personne avec qui je parle depuis cinq minutes, moi je dis..." C'est cosmique, c'est pour une raison, et pas juste pour lui demander c'est quoi la marque de son vernis ou même de son mascara. "Combinons nos efforts, non?"

Le jeune homme est solaire, bien plus à l’aise socialement que Cleo, qui se demande un peu pourquoi il lui parle à elle ; c’est toujours comme ça quand quelqu’un s’intéresse à elle, elle est persuadée qu’il s’agit d’une erreur, qu’elle va décevoir l’autre dans quelques minutes, avec une phrase bredouillée, une idée mal formulée, une blague qui ne fait pas rire. "Douzième visites ? Putain, tu as du courage, tu mérites un câlin, ou un sandwich gratuit." Cleo hausse les épaules, l’air de dire que ça va, ce n’est pas si grave. C’est ce qu’elle doit se dire pour ne pas trop angoisser, quand elle s’endort sur un énième canapé, hantée par l’idée qu’elle n’aura jamais un endroit où elle est en sécurité, les images de Tommy en pêle-mêle qui l’angoisse. "Et vu que je ne peux pas payer le sandwich, eh bien..." Pas le temps de protester, et déjà le câlin est lancé, provoquant un rougissement de la part de Cleo, jamais bien à l’aise pour le contact physique. Elle a un petit rire gêné mais un peu touché, en même temps, parce que l’enthousiasme du brun est contagieux. « C’est sûr, ça va me porter bonheur, ça », plaisante Cleo avec un sourire.

Et elle a besoin d’un porte-bonheur, vu sa malchance récente. "Eeeeeeeew... et laisse-moi deviner, il était aussi blanc qu'un sac de farine et avec la personnalité d'un mouchoir usé ? Pff faut pas les écouter ce genre de personne, ils sont juste frustrés et ce sont souvent eux qui se cachent, pas l'inverse." Cleo hoche la tête, parce qu’elle sait qu’il a raison, même si elle a encore du mal à se déconstruire d’années de formatage familiale. « J’apprends à ne plus les écouter, oui », elle confie, pas encore tout à fait assuré.

Elle ne fait toujours pas fuir le brun, en tout cas. "Alors déjà, si je fais équipe avec un mec en costard, c'est pour passer maximum cinq minutes dans un placard..." Cleo ricane. "On va dire trois, je suis réaliste, ce genre de mec n'a pas tellement d'endurance." Toujours sourire aux lèvres, Cleo ose répliquer : « Ce serait toujours trois minutes de trop à mon goût. » Un sous-entendu sur ses propres préférences à elle, qu’elle a encore du mal à assumer dans une conversation légère, mais elle essaie chaque jour un peu plus d’en faire un non-sujet, ou une plaisanterie entre deux histoires dans une conversation.

Le jeune homme ne semble pas décidé à faire équipe avec les gens en costard, en tout cas. "Et je m'en fiche, t'es la seule personne avec qui je parle depuis cinq minutes, moi je dis..." Cleo, terrifiée à l’idée d’être un boulet pour quelqu’un, voudrait protester, mais elle voit bien que la décision semble acter. "Combinons nos efforts, non?" Elle inspire avant d’hocher la tête. « Ok, deal », elle tend la main pour qu’il serre ou la high-five, qui sait, il va peut-être lui faire un autre câlin. « J’ai pas de garants mais j’ai de quoi couvrir la caution. J’ai un contrat temporaire, et c’est juste un temps partiel, ça rapporte pas grand chose, mais j’ai pleins de fiches de paie d’autres petits boulots, je ne sais pas si ça va suffire ? » Elle demande, doutant vraiment de son dossier. « Par contre je suis très forte en administratif, je pourrais faire notre dossier sans souci sans oublier aucun papier », elle propose, essayant d’être proactive. « Oh, et moi, c’est Cleo. Et toi ? »


@Milan Mayer

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Tu viens juste de la rencontrer, et pourtant, tu lui proposes déjà… quoi ? Un semblant de colocation ? Oui, cela te parait cohérent, ce n'est une logique qui ne marche que dans ton esprit. Tu ne la connais pas, elle pourrait être une tueuse en série reconnue dans tout le pays que ça te passerait au-dessus. Est-ce de l'instinct ou de la stupidité pure et dure ? Dans ton cas, c'est un peu des deux, et puis, il faut dire que depuis que ta mère t'a coupé les vivres, tu n'es plus en position de protéger qui que ce soit. Tu n'as rien à perdre en fait, au pire, votre dossier est refusé, au mieux, tu te retrouves à vivre avec elle et elle laisse trainer ses longues mèches rousses un peu partout dans l'évier. Ce qui n'est pas la fin du monde. La fin du monde serait de te retrouver à la rue. Tu ne sais même pas si ta mère accepterait de reprendre le contact avec toi alors, ou si elle te laisserait dans la misère. Tu ne le sais pas et franchement ? Tu ne veux pas avoir la réponse à cette question, donc il fait mieux de sourire, de faire un high-five à Cleo et d'imaginer la suite des choses."Tant mieux parce que l'administratif, ça me soule." Et tu n'y comprends jamais rien, donc c'est déjà un atout important qu'elle souligne. Tu sais juste quand apposer ta signature, à la fin des documents en général, et après, tu passes à autre chose, ni plus, ni moins. Pourquoi est-ce que tu aurais besoin de faire plus que cela en réalité, hmm, pourquoi ? Cela te parait stupide de lire ce que tu signes vraiment.
"Toutes mes économies partiraient dans la caution si y'en a une, je vais être franc. J'ai potentiellement une garante et..." Tu fais une légère grimace, est-ce le moment où tu déballes ton sac ? Tu préfères commencer tout doucement en fait. Ou pas, tu ne sais pas, tu n'as juste pas envie de plomber l'ambiance en parlant de tes problèmes de famille, qui te semblent complètement triviaux dans la présente. "Dans le pire des cas, je peux toujours faire jouer la carte : oh vous savez qui est ma mère ?" Un truc que tu n'aurais pas hésité à faire avant, et ce n'est pas comme si l'agence allait vraiment l'appeler, non ? Et puis Kim peut toujours se porter garante pour toi, tu sais bien qu'elle ne te laissera pas galérer. Non, même si elle n'est que l'assistante de ta mère, elle a au moins, elle a un cœur. "Ouais, on ne se parle plus, mais c'est son dada d'acheter des biens immobiliers comme si c'étaient des sacs à mains." Donc ç'a un peu de poids dans la ville, que tu supposes. "Milan au fait, tu peux raccourcir mon prénom comme tu le veux." Tu réponds à tout : Milan, Mimi, connard, tu les as toutes entendues en grandissant, et encore plus maintenant que tu as perdu ton statut de petit prince. Un statut que tu n'avais pas prévu de perdre, du tout d'ailleurs. "Je bosse à l'Electric Playground depuis peu en plus de quelques petits boulots... euh je ne peux pas vivre sans mon eye-liner préféré, je suis du genre maniaque quand il s'agit de laisser la salle de bain propre et… hors de question de me parler sans mon café." Tu as un haussement de sourcils pour indiquer que le dernier point n'est pas vraiment négociable. "Voilà. C'est tout ce que tu dois savoir avant qu'on se lance dans tout ça." Cela te parait être un bon début. "Quelle chambre t'intéresse au fait si notre dossier est pris ? Tout me va, je te laisse choisir."