Etre tranquille. C’est tout ce qu’il souhaite. Assit dans son fauteuil, Kalon n’a qu’une envie c’est de mettre ses écouteurs et son walkman en route pour entendre ses chansons préférées. Mais bon, au lieu de cela il est là, dans le jardin, avec Nixie à attendre que le temps passe. Il pourrait utiliser son fauteuil pour aller le chercher à l’intérieur mais à l’intérieur il y a les grandes personnes, qui leur ont bien dit de rester dehors ensemble. Kalon ne désobéit jamais aux règles, quelles qu’elles soient. Nixie s’agite autour de lui et sa seule réaction est de lever les yeux au ciel. Sa présence l’irrite autant qu’elle la réconforte. Il ne le dit pas mais c’est une constante que lui permet d’avancer. Depuis son accident, il voit la vie en noir et blanc, peinant à trouver un semblant de couleur dans l’avenir qui s’offre à lui. Son quotidien est silencieux, il parle à peine à tout le monde, y compris son père. Nixie elle, elle lui parle et à défaut d’échanger quelques brides de conversation, elle casse le silence avec ses paroles, parfois à faire les questions et les réponses. Il râle pourtant, il la repousse mais quand elle part avec ses parents, le silence est bien pesant. « Non » un mot simple pour répondre à toutes ses questions. Il ne veut pas jouer, il ne veut pas communiquer, il veut être seul, il veut qu’elle le laisse tranquille. Elle peut jouer avec qui elle veut elle, elle est libre de courir et sauter de partout ce qui n’est pas son cas. Et quand Kalon vit des enfants de leur âge, sa première pensée fut que Nixie allait finir par le laisser pour aller jouer avec eux, oubliant le fait que la dernière fois elle s’était déjà pris la tête avec eux, pour lui, en parti. « Pourquoi tu leurs parles ? » Une phrase qui ne soit pas pour râler sort d’entre ses lèvres, c’en est presque un miracle. Cette question après les mots à son égard pourrait s’apparenter à un reproche mais c’en n’est pas un. « Ils sont bêtes comme leurs pieds ». Kalon mit quelques instants à se rendre compte que ça pouvait se percevoir comme un jeu de mot, seulement s’il plaisanter de sa situation et faisait preuve d’auto dérision. Kalon laissa échapper un petit rictus avant de reprendre son air sérieux, fronçant des sourcils « Enfin c’est plutôt à moi que tu ne devrais pas parler » Si elle ne veut pas devenir un monstre en tout cas. Après avoir échangés trois phrases, il se rendit compte que sa carapace avait quelque faille et sa réaction fut de tourner la tête et de se remettre dans sa carapace fragilisée. « Comptons de nouveau les nuages ! » son activité préférée, au moins pas besoin de parler pour ça.

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Le silence est quelque chose que Kalon apprécie. C’était déjà le cas avant son accident et avec le temps passé dans son fauteuil, il l’apprécie davantage. Il y a toutefois tout le temps quelque chose pour venir briser ses moments silencieux, avant c’était les disputes indécentes de ses parents, maintenant c’est Nixie qui n’arrête pas de parler malgré son silence à lui. Une vraie pipelette. A vrai dire elle parle pour eux deux enfin de compte. Kalon préfère nettement la voir bouder. Kalon entend bien les bêtises que peuvent raconter les autres enfants mais il décide comme à son habitude de faire abstraction. Enfin c’était sans compter sur Nixie qui s’en mêle, bien que Kalon ne comprenne pas pourquoi. « Et bien vas jouer avec eux ! » Même s’il fait celui qui s’en fiche, ça lui ferait quand même quelque chose qu’elle y aille. C’est plaisant de voir quelqu’un prendre sa défense, d’autant plus une personne de son âge. Elle peut être casse pied mais au moins elle n’est pas méchante avec lui. Lui sourit, comme un idiot pour quelque chose qui venait de lui traverser l’esprit, une blague sur sa situation, mais venant d’une autre personne et là en l’occurrence Nixie, il n’apprécie pas. « Pff » Son sourire qui n’a duré qu’un temps disparait. Il veut revenir dans leurs attitudes initiales, c’est-à-dire qu’ils ne parlent pas, se contenter de regarder le ciel et les formes des nuages mais sa camarade n’est pas de cet avis de toute évidence puisqu’elle le supplie de jouer avec elle. Lu ça lui fait monter les yeux en l’air. « Ok cours loin et je te rattrape ! » propose-t-il alors qu’ils savent tous les deux que c’est pour la faire déguerpir et qu’il ne bougera pas un petit doigt pour la suivre. Mais bon, il se rend compte qu’elle l’a défendu il y a quelques minutes à peine alors il peut être gentil le temps de quelque minute quand même. Alors il souffle, le temps de quelques secondes puis il lui propose « Ok… on peut jouer au jeu des petits chevaux. Mais en silence ! » Il veut bien faire un effort mais pas trop non plus. C’était ça ou jouer aux échecs mais il serait ouvrir la bouche pour dire échec et mat. Oui, tout est calculé pour le coup.

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On pourrait croire que les larmes de la jeune Nixie touche le jeune Kalon mais non, c’est plutôt son entêtement à vouloir jouer avec lui. Dans le jeu de celui qui capitulera en premier, Kalon n’est pas le vainqueur, elle a gagné. Alors il propose les petits chevaux, parce qu’on n’a pas besoin de parler pour ça, pas comme les devinettes ou quel que soit le jeu qui leur demanderait de chanter. « J’ai déjà perdu ma jambe, je ne vais pas perdre mes oreilles ! » dit-il simplement. Pourquoi faudrait-il qu’il devienne sourd ? Même si en l’occurrence, il ne serait pas contre le fait qu’elle perde sa langue le temps d’une après-midi. « Un peu alors, mais pas beaucoup beaucoup » conclut-il, il y a de la marge entre faire le roi du silence et parler à ne plus pouvoir respirer. L’avantage pendant qu’elle parle c’est qu’il n’a pas besoin de discuter au moins. « Eh attend ! » Il enlève les freins alors qu’elle commence à le pousser, il va bien plus vite qu’à l’ordinaire, il en aurait presque le tournis. Arrivés dans le salon, les grandes personnes comme il les appelles ne sont pas là « Bah ils sont où ? » Il veut surtout savoir car à deux, ça va être compliqué pour attraper la boite. Maintenant qu’il a dit qu’il jouerait avec elle, il ne peut pas vraiment faire demi-tour. « T’as qu’à monter sur le fauteuil, tu arriveras peut-être à l’atteindre ? » A deux ils peuvent peut-être l’aider, lui le support, elle qui escaladera. Il aurait été plus simple d’appeler à l’aide, mais ce n’est pas le style de Kalon qui, dans d’autres circonstance, aurait plutôt abandonner et aurait trouver une activité qu’il peut faire facilement. Il n’aime pas crier, il n’aime pas non plus demander de l’aide. Pourtant les gens le font, il ne peut dire qu’on le laisse se débrouiller seul mais il n’aime pas quand la demande d’aide émane de lui. Alors la plupart du temps il se contente des choses à sa hauteur. « Vite avant qu’ils arrivent ! » L’incite-t-il à monter, avant qu’ils se fassent disputer si quelqu’un les voit agir de la sorte, sans penser qu’en attendant, on leur donnerait la boite voilà tout.


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Kalon n’a jamais vraiment été du genre à aller jouer avec ses camarades, à faire des bêtises ou encore à faire pleins d’activité collectifs. Non lui il préfère les bouquins et sa simple présence. Autant dire que depuis son accident, c’est d’autant plus le cas. Déjà qu’à la maison il ne parle pas beaucoup mais en plus il ne se rattrape pas en la présence de Nixie. Ils ont le même âge, ils se voient souvent de par la culpabilité de Mr Sweeney, mais Kalon reste toujours dans son mutisme. Aujourd’hui c’est quelque peu différent. Il a accepté de jouer avec Nixie, à condition qu’elle ne parle pas trop. Il en demande sans doute un petit peu trop Kalon. « Pour m’en servir quand j’en ai envie ! » dit-il avec un petit air sec. Ila pas envie d’entendre les gens parler c’est son droit non ? Mais il ne peut pas non plus l’obliger à se taire. Kalon s’accroche à son siège tandis que Nixie le fait avancer à une vitesse folle. Il n’a pas l’habitude, en général il roule ou tout seul ou les adultes le font pour eux à un rythme plus lent. Seulement ils ne peuvent pas attendre le jeu sur l’armoire, Kalon encore moins alors Nixie se mit à escalader le siège, à peine Kalon eu-t-il le temps d’actionner les freins. « Sinon ce n’est pas grave une prochaine fois » il se rend vaincu le petit Kalon même s’il ferait mieux de rien promettre quant au fait de jouer avec elle dans l’avenir. Chaque chose en son temps. Kalon n’eut pas le temps de réagir quant au fait qu’elle empiétait trop dans son espace en grimpant sur les accoudoirs qu’il sentit son fauteuil valdinguer. Plus de peur que de mal même s’il ressentait une légère douleur à cause de la chute. « Qu’est-ce que… » il n’eut pas le temps de reprendre ses esprits. Entre les pleures de Nixie et une porte qui venait de s’ouvrir à la volée, il fut sorti de ses pensées. « Qu’est-ce que tu as fait Nixie ? » Hurla Sweeney tout en s’approchant, la gouvernante à ses côtés. Ils auraient dû attendre quelques minutes pour demander un service aux grandes personnes mais ce qui est fait est fait. « Kalon tu vas bien ? » interroge la mère de la jeune fille à s’accroupissant à ses côtés, laissant cette dernière pleurer. Kalon cru même voir un peu de sang sur son front « Nixie ça va ? » dit-il, ne répondant même pas à la question qui lui était posée. Pour la première fois depuis leur rencontre, Kalon s’intéressait réellement à Nixie et à son bien-être, s’inquiétant en la voyant dans cet état. Mais il était le seul apparemment « Tu saignes là ? » et tandis qu’il s’adressait à elle, la gouvernante redressait son fauteuil pour qu’il retrouve sa place d’origine, la place qu’il occupe tout le temps.

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Kalon a beau ne pas avoir passé toute sa vie dans un fauteuil, ça reste même tout nouveau puisque les mois qui ont suivi son accident c’est plutôt dans son lit qu’il restait, il a l’impression de l’avoir toujours été. C’est comme si sa vie d’antan n’était qu’un vaste souvenir. Comme si une nouvelle vie avait existé. Sa vie avec ses deux parents lui parait si loin, aujourd’hui il y a que son père, et les Sweeney qu’il côtoie régulièrement, comme s’ils les avaient connus toute sa vie. Pourtant, il a beau s’habituer à voir Nixie, c’est pas pour autant qu’il est simple avec elle ; Ils ne jouent pas comme tous les enfants de leurs âges, ce n’est pas faute d’avoir essayé de la part de Nixie. Mais aujourd’hui c’est un grand jour, il ouvre la bouche pour autre chose que de lui dire de s’en aller et de le laisser tranquille. Mieux encore, il accepte de jouer.
C’était sans compter ce petit incident, au lieu d’être autour d’une table pour jouer ils se retrouvaient tous les deux au sol. De toute évidence c’est Nixie qui en a le plus souffert et c’est pourtant Kalon qu’on vient bichonner. « C’est pas… » il voulait lui dire que ce n’était pas grave, qu’il n’avait pas eu mal ou que ce n’était que des égratignures, il avait connu pire mais on ne lui laissa pas achever sa phrase tandis que Nixie se faisait réprimander. Alors il l’observe, ne disant rien. Il aurait pu se rebeller, la suivre directement dans sa chambre alors qu’elle est punie dans sa chambre et qu’on se dépêche de s’assurer que lui va bien. Non au lieu de ça il l’observe puis fait demi-tour en bougeant ses roues. Il se dirige vers la cuisine où se trouvait Mme Sweeney. « Tu veux une glace Kalon, tu l’as bien mérité ! » C’est facile d’avoir des choses quand la personne en face se sent redevable, quand on vous offre tout ce que vous souhaitez. C’est un peu ça avec Kalon et les adultes Sweeney, clairement pas avec son propre père. Mais avec les Sweeney il peut en profiter, ce que Kalon ne fait jamais habituellement. Alors, repensant aux larmes de Nixie, une idée lui traverse l’esprit. « Je peux prendre la glace au chocolat ? » Celle au chocolat il n’aime pas, non lui il préfère la vanille mais il sait que la dernière fois qu’on leur a demandé de choisir, c’est chocolat que Nixie a prit. Alors, déposant la glace sur le plateau qu’il met en équilibre sur ses genoux tandis que les adultes ont le dos tourné. Il roule alors jusqu’à la porte de la chambre de la jeune fille, toquant alors trois coups. « C’est moi, c’est Kalon ! » Comme si elle n’avait pas pu le deviner au son de sa voix. [/b]» Je peux entrer ? je t’ai pris de la glace au chocolat ! » Lui de la glace il n’en veut pas, mais peut-être que Nixie ça lui fera plaisir et ça lui fera oublier la douleur le temps de la déguster. La gourmandise peut tout soigner ou presque. Mais Kalon essaya d’être discret, il ne voulait pas que les adultes les voient.

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Kalon a oublié sa manie de ne pas lui parler et de rester froid tel un glaçon à la minute même où il a compris qu’elle s’était fait mal. Première fois qu’il s’inquiétait pour elle pour quelque chose. Kalon s’en fiche de sa propre chute, il y avait plus de peur que de mal mais les pleures de Nixie ont retenti dans ses oreilles et ont surtout retenus son attention. Mais il la vit partir avec Ana tandis que lui restait avec sa mère. Kalon ne comprit pas pourquoi ce n’était pas l’inverse mais il ne dit rien. Sans doute une erreur car il aurait pu défendre la cause de Nixie, dire qu’il était en parti fautif car il avait lui-même proposé de monter sur son fauteuil, bien loin d’imaginer la chute finale à sa proposition. Mais il ne dit rien. Comme d’habitude. Il ne voit pas le mal. La seule chose c’est que de ne pas voir Nixie et ne pas s’assurer qu’elle va ben l’inquiète un petit peu. Alors la glace, c’est son excuse pour aller taper à sa porte, et c’est aussi un dessert en guise de réconfort, non ? Depuis que les deux enfants se connaissent, c’est bien la première fois qu’il veut être proche et ne la repousse pas, mieux encore, c’est lui qui va vers elle.
Il pensait tous les malheurs derrières eux mais visiblement non, Nixie a encore plus mal ce qui fait grimacer Kalon. En plus, la glace est fichue. « Tu devrais le dire à Mme Sweeney ! » Conseille-t-il alors qu’il ne comprend même pas pourquoi elle l’a fait plutôt. Quand on a mal on le dit aux adultes pour qu’on puisse se faire soigner non ? Pourtant Kalon n’écoute pas ses propres conseils, ne se plaignant rarement à son père quand quelque chose ne va pas. Il est plus chouchouté ici, des fois il aime bien ça, d’autres fois c’est bien l’inverse. « Et pourquoi ça ? Je pensais que tu voulais jouer ! » Dit-il en croisant les bras contre sa poitrine. Elle voulait jouer, maintenant qu’il veut elle ne veut plus. Faudrait savoir ! On a qu’à jouer à autre chose. Oui parce que du coup ils sont dans sa chambre alors que le jeu n’y est pas. Il boude parce qu’elle boude, cette fois les choses sont inversées. Il n’a pas non plus envie de la supplier de jouer avec lui mais il préfère ça que de la voie pleurer. Officiellement il pourrait dire que c’est pour protéger ses oreilles de la savoir calme, officieusement il n’a pas aimé ce qu’il a ressenti en la voyant être mal. « Par contre j’ai peur d’abimer mes roues » dit-il en regardant le bol éclaté au sol, comme si ses roues étaient les plus importantes. Mais c’est une manière pour lui de changer de sujet et peut-être la voir sourire à nouveau ? » On peut faire un petit bac, pas besoin de boite de jeu comme ça » un truc pour étaler sa science, forcément qu’il adore.

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L’incompréhension de la voir comme ça. Il s’était inquiété Kalon, il n’avait pas non plus compris pourquoi on l’avait cajolé lui et non Nixie qui avait fait la plus grosse chute. Elle qui parle tout le temps, qui est toujours en train de chercher son attention, elle était tout l’inverse aujourd’hui. Dans une autre circonstance Kalon en aurait profité, il aurait aimé même mais là ce n’est pas le cas. Changement trop brusque, inquiétude même car si elle le repousse c’est que vraiment, elle doit être vexée. Alors lui il fait le mielleux, lui apportant de la glace qui normalement est miraculeuse, elle guéri les maux, puis il profite de jouer à n’importe quel jeu, tant qu’elle lui adresse la parole. Il a tout faux, il ne va pas l’amadouer aussi facilement et la jeune fille lui fait bien comprendre. « Alors pourquoi tu me demandes toujours de jouer ? » il commence à froncer les sourcils, croisant les bras alors que dans l’instant t, ce n’est pas lui qui boude mais bien elle. Il pensait rester dans sa chambre un petit moment mais maintenant qu’elle n’y est plus, il n’a plus aucune raison. Alors il la suit. Il peut être collant quand il s’y met Kalon. « T’es même pas drôle » dit-il en voyant qu’elle est dehors sur le toboggan alors qu’il peut pas la suivre comme il voudrait. Il ne peut pas la rejoindre facilement, c’est pas du jeu. « Tu veux jouer puis tu veux plus jouer, faudrait savoir ! » il fronce toujours les sourcils alors qu’il parle assez fort pour qu’elle l’entende de là où elle est. « Les filles c’est vraiment trop compliqué ! » Il la met dans la case ‘fille’ alors qu’elle est bien unique en son genre Nixie, il ne peut pas dire le contraire. C’est une manière pour lui de la faire réagir tandis qu’il essaye tant bien que mal de descendre et de rouler dans l’herbe. « J’suis coincé ! » fini-t-il par se rendre compte, alors que sa roue s’est bloquée dans un trou dans le sol, espérant que Nixie soit bien gentille et arrête de bouder pour venir l’aider.

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