Walk this way. w/  @Nieves del Pino

Dans la liste de toutes les choses que Norah aimait faire, il y avait recevoir du monde chez elle. Quelque chose qu’elle n’a découvert qu’à son arrivée à Brisbane, profitant alors de son appartement où elle vivait seule. Dans cette même optique, les bienfaits de l’indépendance ont révélé chez elle un attrait pour la décoration mais surtout pour l’organisation de soirées. Car en quittant le domicile familial, elle s’était promis qu’elle profiterait de son espace pour faire ce qui lui plait, à la différence des règles asphyxiantes de ses géniteurs. A son image, son appartement a une ambiance calme et cocooning la journée – idéale pour réviser – et le soir, beaucoup plus animée – bien déterminée à garder du temps pour elle. Et lorsqu’elle ne le dédiait pas à une activité individuelle, elle le partageait avec son entourage. Principalement des amis de la faculté, l’étudiante en droit se rendait compte qu’elle avait besoin de ces moments. Déjà parce que cela lui permettait de décompresser, mais aussi parce que c’était tout simplement elle. Là où elle se sentait réprimée dans les dîners mondains de ses parents, elle pouvait s’exprimer comme elle le souhaitait, si bien qu’elle s’est liée d’amitié avec des personnes aussi différentes les unes que les autres. Peut-être que c’est un moteur dans la vie de Norah, les rencontres. Cela ferait sens, elle qui a toujours été très sociable et qui s’engage dans un domaine où elle serait constamment en contact avec les autres. Ses choix étaient peut-être tous liés, au final.

Ce soir là, Norah recevrait celle qu’elle voyait le plus en dehors de l’université : Nieves. Etudiante en art, leurs chemins s’étaient croisés plus d’une fois, sachant sa passion pour la peinture. Et il fallait croire qu’elles se sont tout de suite bien entendues puisqu’elles ont mis en place leur rituel à elle : la pyjama party mensuelle. Chaque mois, les deux se retrouvaient pour passer une soirée d’anthologie, à parler de tout et de rien, à regarder des films, à manger tout ce qui leur passait par la main. En somme, profiter de la vie. Cette fois-ci, c’était chez Norah qu’elle avait lieu et elle comptait bien la rendre mémorable. Elle avait quitté l’université plus tôt que d’habitude pour faire quelques courses. En arrivant, elle avait l’état d’esprit d’une véritable organisatrice d’événements. Elle fit du rangement, déplaça quelques meubles de manière à libérer le plus d’espace possible dans son salon. Pièce où elle passerait toute la soirée, elle installa des bols de snacks mais surtout les gros sceaux à popcorn devant la télé. Quelques guirlandes sur les murs, des lumières d’ambiance, un fond musical et tout était prêt. Véritablement impatiente que son invitée arrive, elle ne put l’attendre et décida de se changer pour porter son pyjama préféré, à la croisée du confort et de la féminité. Peu de temps après, la sonnette retentit, de quoi sortir Norah de son canapé pour se précipiter vers la porte. Vérifiant tout d’abord à travers le judas de qui il s’agissait – au cas où elle n’ouvrait pas à des voisins dans cette tenue, un grand sourire se dessina sur son visage alors qu’elle ouvrit la porte. « Salut toi, ça va ? », enlaçant son ami avant de lui faire découvrir ses préparatifs de ce soir, elle ferma derrière elle. « Installe-toi, fais comme chez toi. » Ravie de la retrouver, la Sawyer laissa quelques instants à son interlocutrice pour qu’elle s’imprègne de l’ambiance. « Ce soir, j’ai pensé qu’on pourrait regarder des enquêtes, voire des histoires paranormales ? A voir jusqu’à quand on tient, seules et dans le noir… », dit-elle dans un ton similaire aux voix off de documentaire criminel. « T’as soif ? Faim ? » Traversant le salon pour se rendre dans sa cuisine ouverte, elle sortit une bouteille du frigo et deux verres qu’elle remplierait si Nieves en avait envie. « J’ai plein de choses à te raconter. » Sourire en coin, il y avait énormément de sujets qu’elle aimerait aborder avec son amie mais elle devra faire le tri car malheureusement, la nuit n’était pas éternelle.

Walk this way. w/  @Norah Sawyer

Pour une fois dans cette vie qui était régie par un contrôle omniprésent, je ne savais pas où j'en étais. Certes, j'étais obnubilée par mes études où j'excellais en étant major de ma promotion couplé à cela, cette envie d'œuvrer aux côtés de Valentina De Luca. Une femme aussi influente que directive et dont le caractère m'avait instantanément plu. Du moins, je me plaisais à dire que nous nous étions trouvées. Cela était au moins quelque chose de certain dans mon existence.
En ce qui concernait le reste, en revanche ? Rien n'était moins sûr.

Il y avait bien une personne qui avait eu l'outrecuidance de bousculer quelque peu mes paradigmes. Ou mes sens. Une personnalité singulière que je n'avais pas l'habitude de côtoyer. Là encore, je ne savais pas du tout quelle voie emprunter pour tout dire, j'étais loin d'apprécier cela. Le jeune homme en question, -chirurgien de surcroît- me paraissait en deçà de quelques considérations réelles. Il semblait bien trop pragmatique et dénué de sentiments, comme anesthésié de ces derniers. En d'autres termes : son emploi lui collait réellement au derme comme une seconde peau. Et malgré moi, je trouvais cela peut-être un peu trop inquiétant.

Par contre, ce qui ne m'angoissait pas outre mesure, c'était une invariance. Avec une étudiante, que j'avais rencontré sur les bancs de l'Université et avec qui, je me retrouvais souvent à converser en-dehors du Campus. Bien que possédant peu d'accointances, -je privilégierais toujours la qualité à la quantité-, j'aimais à la revoir lors de soirées passées chez elle. Et ici, cela ne ferait pas exception.
Une soirée pyjama décrétée comme mensuelle où je sortirais bien évidemment le meilleur de mes atours, pour cette occasion.

J'avais alors opté pour un ensemble composé d'un hoodie rose pâle et d'un short allant de pair. Le tout sublimé par ma longue chevelure blonde attachée en une queue de cheval haute, un sac à main de couleur noire et des baskets blanches. Ayant tout de même posé sur mes épaules un teddy sombre et oversize, alors que je pénétrais dans l'Uber qui me conduirait chez mon hôtesse.
Pianotant sur mon Iphone, je jetais une œillade quelque peu dédaigneuse à l'homme qui tentait d'amorcer une conversation.

Je le payais pour me mener à une adresse donnée, nullement pour échanger avec ma personne sur un sujet, que je serais certaine de détester.
Avec un sourire pour le moins feint néanmoins, je réglais ma course qui n'avait pas été bien longue, mais je n'avais pas envie de marcher. Surtout pas à cette heure. Pour me rendre chez ma future interlocutrice, manifestant ma présence en appuyant mon index impeccablement manucuré d'un vernis bleu nuit, sur sa sonnette.
Attendant qu'elle m'ouvre, -elle ne fut pas longue à ce propos-, je ne pus qu'avoir un sourire bien présent sur mes lèvres pleines, mon regard vert pétillant de malice à sa vision.

- Salut. Je lui épargnais toute une salutation dans ma langue natale, toutefois. Je vais très bien ! Et toi ? Comment vas-tu ? J'en venais à froncer mon joli nez tout en posant mes affaires, pour me sentir à l'aise. Et vu, qu'elle me l'avait expressément dit ... pourquoi, m'en priver ? ... le programme que tu me proposes est plus qu'enchanteur ! À deux, on devrait tenir dans le noir, n'est-ce pas ?

Un haussement d'épaules mutin, alors que je suivais la jolie brune à travers son logement, j'acquiesçais d'un mouvement de ma tête blonde, à son interrogation. Même si, je ne buvais pas d'alcool, par habitude.

- Soif, j'opterais pour quelque chose sans alcool. Et faim, j'avoue que je commence à être tiraillée ... parce que tout ce qui se trouve non loin de moi, est alléchant, je dirais. Un rire flûté, alors que je récupérais le verre qui venait de m'être tendu. ... plein de choses à me raconter ? Tu sais que je suis tout ouïe. Était-ce au niveau de ses études, de sa famille, ou bien avait-elle rencontré quelqu'un ? Décidément, j'étais quelque peu curieuse ... je devais me l'avouer. C'en était même sincère, par ailleurs.

Walk this way. w/  @Nieves del Pino

Outre le plaisir de recevoir chez elle, Norah appréciait encore plus les soirées où elle ferait ce qu’elle aime : les histoires qui font peur et les potins. La cerise sur le gâteau : partager ces occupations avec quelqu’un qui les appréciait tout autant, chose qu’elle trouvait en la personne de Nieves. Si leur rencontre à l’université s’était faite de manière totalement aléatoire étant donné leur cursus diamétralement opposé, la bonne entente s’était très rapidement installée, de telle manière qu’elles avaient l’habitude de se côtoyer régulièrement. L’étudiante en droite choyait ce type de relations car – même si elle connaissait quelque peu la ville de par les déplacements professionnels de ses parents – elle n’avait quasiment aucun repère. Et puis, elle vivait seule, être entourée était essentielle. Un grand sourire sur son visage, elle accueillit chaleureusement son amie, comme à chaque fois qu’elle l’invitait. A force, Nieves devait connaître l’appartement de Norah par cœur. « Oui ça va. Je sors juste d’une journée de cours interminable… Tu étais à l’université aujourd’hui ? », répondit-elle, persuadée de ne pas l’avoir croisée ce jour. Après, le campus était très grand mais il n’était pas rare que les deux se croisent durant la pause méridienne.

« J’ose espérer ! » Norah lui présenta les quelques jaquettes qu’elle avait pu emprunter à la médiathèque, chacune retraçant les plus grandes affaires de meurtre et d’enlèvement jamais résolues. « Je suis sûre que dans le lot, il y a des affaires qu’on connait déjà mais sait-on jamais, il y a peut-être des détails qui nous échappent ! » Leur fascination pour le true crime pouvait paraître déroutante et la Sawyer pouvait le comprendre. Après, elle regardait ces documentaires avec le même recul qu’elle avait lorsqu’elle était devant une série. Au final, le traitement était exactement le même, seulement le sujet et la tonalité des narrateurs différaient. « Pour les films d’horreur, j’étais pas très inspirée, du coup je me dis qu’on pourrait checker le catalogue Netflix ? » Chose qu’elles feraient certainement à un moment de la soirée, sans trop de doute. En tout cas, elle avait hâte de se poser devant toutes ces histoires, à laisser son imaginaire créer des théories aussi farfelues les unes que les autres mais aussi découvrir celle de son interlocutrice. « Je te laisse choisir par quoi on commence. » Un grand sourire qui se dessina sur son visage, elle lui faisait entièrement confiance pour ce qui allait rythmer leur début de soirée.

Retrouvant le comptoir de sa cuisine, il était surtout temps de boire un verre. Norah rouvrit son réfrigérateur pour proposer à Nieves des boissons correspondant à ses critères. « Jus de fruits, citronnade maison, soda ? » Sortant la bouteille qui lui conviendrait le mieux et lui servant son verre, elle attrapa la citronnade pour remplir son verre, de quoi commencer tout en fraicheur. Pouffant un rire à la remarque de son interlocutrice, elle rétorqua aussitôt, un sourire en coin. « Pourquoi choisir quand on peut tout goûter. » Après tout, les snacks étaient là pour être consommés et elles n’allaient certainement pas en laisser à la fin. Dérobant le bol contenant les chips, elle vint s’assoir sur son canapé non sans son attitude joueuse. « Oui je sais et c’est bien pour ça que je ne vais pas tout te dire tout de suite, sinon on aura plus rien à se dire à 3h du mat’. » Un rire s’échappa de ses lèvres, ce n’était pas prêt d’arriver puisqu’elles se débrouillaient très bien pour ce qui était de lancer des sujets faisant rebondir l’autre. « Ce que je peux te dire, c’est que je t’ai réservé des avant premières… » Pour le coup, elle disait la vérité. Elle s’apprêterait à lui dire des choses qu’elle n’avait jamais dites à personne. Tendant son verre proche de celui de Nieves, elles n’avaient plus qu’à trinquer pour inaugurer cette soirée pyjama.

Walk this way. w/  @Norah Sawyer

J'étais plus que sereine quant au déroulé de cette soirée, que je passerais en compagnie de ce que je pourrais qualifier d'amie, désormais. Avec la jolie brune, nous partagions un intérêt certain pour tout ce qui était d'une nature à faire frissonner. À nous faire nous poser des questions sur le genre humain et sur ses dérives. En ce qui me concernait, j'étais passionnée de ce genre de documentaires où des récits démontrant les agissements des tueurs en série étaient relatés. Ainsi que des témoignages de ceux et celles qui auraient pu les côtoyer, ou même des survivants qui en avaient réchappé.

Peut-être, était-ce quelque peu dérangeant ? Je n'en avais que faire, étant sûre et certaine que Rafael del Pino, mon très cher paternel, n'apprécierait aucunement cet état de fait. Ma mère, là aussi, je n'en avais que faire de ses dires. Étant donné que nous ne nous connaissions pas réellement. Elle m'avait juste donné la vie et sa beauté. Le reste, je l'avais obtenu de mon père.
Cette envie de ne m'entourer que de peu de personnes pour prétendre exister. Enfin, de celles qui en valaient la peine, notamment. Tout ce qui était en-dehors, n'était qu'accessoire.

- En même temps, je peux aisément le comprendre. Au vu de ta section. J'eus un petit rire flûté, parce que jamais ô grand jamais, il ne me serait venu à l'esprit d'entamer de telles études. Indigestes. Mais, d'après ce que j'en avais appris de mon interlocutrice, elle était à sa place dans celles-ci. ... j'étais pourtant bien à l'Université. Mais nos emplois du temps, ont fait en sorte que nous ne nous croisions pas. Cela était somme toute assez véridique.

Bien que nous nous retrouvions quelques fois pour nous sustenter, nous n'étions néanmoins pas dans les mêmes ailes du Campus. Et, ce dernier était assez immense, pour que nous ne soyons pas au même endroit, au même moment.
Or, je l'avais retrouvée chez elle pour pallier à ce manquement. Satisfaite d'avoir sous mon regard vert pour le moins intéressé, tout un choix envers ce sujet qui nous liait. Elle n'avait pas fait cela à la volée. Tout avait été pensé en amont, et m'en voilà, plus qu'enchantée !

- Je suis une boulimique des films d'horreur. Donc, tout ce que tu me proposes là, me ravit. Comment, pouvait-il seulement en être autrement ? On sera plus attentives aux détails qui nous auraient échappés, alors. Une petite œillade verte et ô combien mutine, par ailleurs. ... et pour bien entamer cette soirée, je dirais bien de la commencer par Amityville. Un haussement d'épaules mutin, car si elle me laissait le choix là aussi, je n'allais certainement pas le refuser. Bien au contraire.

En parlant de choix certains, j'étais confrontée à d'autres. Surtout en matière de breuvages, qui, telle que je me connaissais étaient de ce fait, dépourvus d'éthanol. Je n'aimais d'ailleurs pas cela, et je n'aimerais probablement jamais. Privilégiant un verre vierge de tout alcool, au demeurant. Même si, je n'en abuserais pas ... je préférais de ce fait, ne point y succomber.

- Je vais commencer par un jus de fruits et après, je prendrais un certain plaisir à goûter ta citronnade faite maison. Étant donné, que je peux tout tester, sans m'en priver. Un petit rire, occulté par mon verre de jus de fruits, notamment. ... oh mais ... je suis sûre que l'on trouvera toujours quelque chose à se confier, au-delà de trois heures du matin. C'en était même une satané évidence. Des avant-premières ? Et tu oses seulement me les cacher encore ? Un claquement de langue réprobateur contre mon palais.

Qu'attendait-elle pour seulement se dévoiler ? Car moi, j'étais de ce fait, réellement prête à l'écouter.

Walk this way. w/  @Nieves del Pino

Norah n’avait jamais été secrète sur ses centres d’intérêt, sauf ceux qui impliquaient de près ou de loin un processus artistique venant d’elle, notamment la peinture et la création de contenu sur internet. Beaucoup plus personnels, elle se gardait ses moments pour elle déjà parce qu’elle avait besoin de calme mais également parce qu’elle était très exigeante. Il fallait que sa production soit à la hauteur de ses propres attentes avant qu’elle puisse être montrée aux autres, proposer un prototype ou même une création en cours n’était clairement pas une option. Sa passion pour les documentaires criminels et les films d’horreur se situaient dans un entre-deux, ne la partageant qu’avec un cercle très restreint. Nieves en était la digne représentante puisqu’à elles deux, elles pouvaient passer des heures entières à décortiquer les mystères d’hier et d’aujourd’hui. Toutefois, la Sawyer pouvait comprendre que ce genre de conversations en mettaient mal à l’aise plus d’un. Les mœurs faisaient que parler des choses plus ou moins liées au destin funeste pouvait être un tabou. Tabou qui n’avait pas lieu d’être pour le duo qui comptait sur leur rendez-vous régulier pour en discuter, sans malaise ni censure.

« Je ne suis pas sûre que ce soit tant lié au droit que ça, plus au planning de l’université. » Elle tira la langue, modeste par rapport à son cursus. Si les études de droit étaient connues pour être dans le classement des études les plus exigeantes et difficiles, Norah n’était pas du genre à le crier sur tous les toits. Déjà parce qu’elle ne les avait pas encore terminées et qu’elle ne voudrait pas se porter malheur, mais également parce qu’elle ne faisait pas de telles études pour le prestige. « J’aurais adoré qu’on ait au moins un cours en commun. Juste un, j’en demande pas trop non plus ! » Si l’idée lui plaisait énormément, c’est parce qu’elles auraient fait absolument tout à part écouter cet hypothétique cours qui aurait rassemblé les étudiants en art et en droit. Et puis, elle se demandait à quoi il pouvait ressembler. Peut-être un atelier autour des droits d’auteur ou alors une thématique totalement transversale comme la communication.

« C’est bien pour ça que j’en ai pris autant ! Et puis le catalogue Netflix est bien fourni aussi. » Forcément, elle commençait à connaitre les goûts de son interlocutrice en matière de films d’horreur. Enfin, elle avait surtout l’air de tous les aimer. De son côté, Norah ne semblait pas difficile non plus. Il fallait juste que le film soit bien construit et que les effets ne soient pas trop de mauvaise qualité. Elle qui avait surtout l’habitude de voir de grosses productions américaines avec un gros budget dans les effets spéciaux, elle était devenue particulièrement critique lorsqu’un film n’était pas à la hauteur de ses attentes. Attentes qu’elle savait nuancer, en revanche. « C’est sûr, et puis comme à chaque fois, on va faire pause toutes les minutes pour débriefer. » Car l’avantage de suivre ce genre de vidéos en dehors des séances de cinéma était de pouvoir arrêter, reprendre, revenir en arrière ou au contraire avancer dans l’affaire. La liberté totale pour ces adoratrices de frissons. « Ça marche. » Elle attrapa la jaquette portant le nom ‘Amityville’ puis se dirigea vers sa Playstation, divine machine qui lui permettait à la fois de profiter des meilleurs jeux-vidéo mais aussi de regarder le contenu des CD et DVD. L’écran d’accueil apparut directement, il ne manquait plus qu’à faire play.

Un grand sourire lorsqu’elle revint du côté de la cuisine, elle servit son invitée directement après qu’elle ait fait son choix. « Ouhhh, est-ce que tu n’aurais pas des choses à me dire toi aussi ? » Écarquillant les sourcils, elle se montrait aussitôt intéressée. Car si elle appréciait se confier à Nieves, la réciproque lui plaisait tout autant. « Il faut me laisser le temps de romancer tout ça attend ! Si je te disais tout ce qui était en train de se passer dans ma vie sans que j’y mette les formes, ça serait beaucoup moins passionnant. » Clin d’œil avant de reprendre. « On s’installe et on commence ? » Elle guida Nieves jusqu’au canapé même si elle devait connaître la route par cœur désormais. Elle s’installa un genou fléchi de manière à faire face à son interlocutrice. « Alors par quoi commencer… Oh. Il se peut que j’ai fait une rencontre récemment. » Un sourire qui se dessina automatiquement après qu’elle ait prononcé cette phrase, le paraverbale perlait de lui-même. « Il travaille dans la boutique de comics où j’ai l’habitude d’aller, et c’est trop bizarre parce que nos regards se sont croisés plusieurs fois sans qu’on puisse véritablement parler. » Elle posa son verre sur la table basse en face d’elles, passant ses mains dans sa chevelure comme pour réarranger sa coiffure. « J’ignore s’il y a une signification derrière ça – ou même s’il fait ça avec toutes les filles qui entrent dans la boutique – mais on a fini par parler et… il est vraiment intéressant. » Un rire crissant, il s’agissait d’un vrai compliment pour l’étudiante en droit. Mais il fallait qu’elle reste lucide, elle qui avait souvent été déçue par le passé. « C’est pas trop ridicule ? » Elle se devait d’avoir l’avis de son amie, sondant si cette dernière avait besoin de plus de détails, mais aussi pour savoir si elle n’était pas complètement à côté de la plaque.