more than one hit wonders
@Asher Thornhill  & Landry Chamberlain

Landry avançait d’un pas lent, presque machinal, dans les rues pavées du centre-ville de Brisbane. Son esprit était ailleurs, perdu dans les échos d’une autre époque, celle qu’il verrouillait souvent par peur de se remémorer des souvenirs douloureux. Ses mains fourraient dans les poches de son manteau, une attitude similaire que lorsqu’il revêtait la blouse du docteur Chamberlain, confiant et charismatique. Chaque pas semblait le porter un peu plus loin dans ses souvenirs, vers cette période trouble mais vibrante de son adolescence où la musique régnait en maîtresse incontestée et, tant le jour que la nuit. Il se rappelait de cette époque du secondaire où, entouré de quelques amis, il avait rejoint un groupe. La nostalgie monta en lui tel un torrent, un sourire se dessinant sur son visage. Parmi eux, il y avait Asher, celui qui jouait de la guitare avec une précision. Ensemble, ils avaient passé des heures à répéter, à chercher ce son unique, cette harmonie parfaite qui les ferait vibrer tous ensemble. Landry, à la composition et à la batterie, tentait toujours d’ajouter une couche supplémentaire à leurs compositions, un dynamisme ou parfois une pointe de mélancolie. Le groupe, c’était plus qu’un simple passe-temps. C’était une échappatoire, une façon de s’exprimer sans avoir à parler. Asher et lui partageaient cette complicité presque évidente, ce lien musical qui les faisait s’accorder presque instinctivement. Ils n’avaient pas besoin de mots pour se comprendre, leurs instruments parlaient pour eux. Mais avec la fin du lycée, la vie les avait séparés. Chacun avait pris des directions différentes, emportant avec lui des morceaux de cette époque insouciante.

Perdu dans ces souvenirs, Landry se retrouva soudainement face à un bâtiment qu’il n’avait jamais vraiment remarqué auparavant, le comble pour un natif de la ville. Il s’agissait d’un conservatoire. Il sourit, presque malgré lui. C’était drôle, des fois la vie lui faisait des clins d’œil inattendus, qui lui faisait plaisir. Un exploit pour celui qui se cachait derrière des couches et des couches d’indifférence. Alors, porté par cet instinct qui l’avait mené devant cette bâtisse, il franchit la porte, plus par curiosité que par nostalgie. À l’intérieur, l’ambiance sereine du lieu contrastait avec l’agitation extérieure du centre-ville. Les couloirs semblaient s’étirer à l’infini, bordés de salles de classe et de répétition d’où s’échappaient des bribes de mélodies, des accords de guitare et des notes de piano. Landry se laissa porter par cette atmosphère, avançant sans destination précise, les réminiscences du club de musique de son époque. Au détour d’un couloir, un accord attira particulièrement son attention. Du rock, comme il l’aime. Il s’arrêta, tendant l’oreille jusqu’à une petite salle de répétition. La porte était entrebâillée, et sans bruit, il entra, se glissant discrètement au fond de la pièce. Forcément, il ne voyait pas le mal là-dedans. Un homme jouait, la tête légèrement penchée sur le côté, concentré, les doigts glissant avec aisance sur les cordes de sa guitare. Une boule se forma dans sa gorge alors qu’il réalisait peu à peu l’identité du musicien. Asher. C’était lui. Et cette pulsion qui l’avait guidée jusqu’ici lui glaça quelque peu le sang. Le contre-coup des coïncidences pour quelqu’un qui faisait en sorte de tout contrôler comme Landry. Pourtant, il était bien là celui qui, des années auparavant, avait enflammé les soirées de leur jeunesse avec ses riffs enflammés, ce même Asher avec qu’il avait partagé tant de moments complices, de rires, et de doutes.

Landry resta silencieux, s’installant sur une chaise au fond de la salle, presque caché dans l’ombre. Il n’avait pas besoin de se faire remarquer, pas encore. Pour l’instant, il se contentait d’écouter, laissant la musique faire sa magie. Il se doutait qu’Asher ne l’avait pas vu entrer, sinon il se serait sûrement arrêté. A moins que son attention soit absorbée par les accords qu’il composait. Il continuait de jouer, le visage captivé par son instrument. Et dans ce moment suspendu, Landry ressentit quelque chose d’étrange. Comme si le temps s’était figé, et que tout ce qui avait séparé leur jeunesse de ce moment présent n’avait jamais existé. La dernière note résonna, longue et vibrante, avant de s’éteindre doucement. « Hm. », murmura-t-il dans son coin sans pour autant se lever ni quitter l’obscurité qu’il occupait. « Je suis censé applaudir ou c’est too much ? » Sa voix traduisait un sourire. Les bras croisés sur la dossier de la chaise devant lui, il observerait soigneusement la réaction de son interlocuteur, curieux à l’idée de savoir s’il le reconnaîtrait – ou non.

more than one hit wonders
@Landry Chamberlain  & Asher Thornhill

Entre les préparatifs du mariage et Izan qui ne se sentait pas bien, l’anglais avait du mal à prendre le temps pour sa musique. Il aurait voulu rester vingt-quatre sur vingt-quatre en compagnie de son fiancé, mais ce n’était évidemment pas possible. Les obligations étaient toujours présentes. Il devait prendre part aux différentes pratiques de son groupe et il devait aussi donner ses cours de guitare. Et puis, il avait ce petit projet solo, cette fameuse chanson qu’il voulait interpréter à son mariage pour l’homme avec qui il allait partager toute sa vie. Évidemment, il ne pouvait pas s’en occuper lorsqu’il était dans leur appartement. Izan était bien trop fouineur. Même malade ou épuisé, il allait être en mesure de découvrir son petit secret. L’anglais s’en voudrait de gâcher la surprise. Il savait qu’il avait encore du temps devant lui, mais il voulait que tout soit parfait. Après tout, il souhaitait rendre son fiancé heureux. Lorsque ce dernier était occupé à autre chose et qu’il voyait différentes personnes, Ash s’éclipsait au conservatoire, l’endroit même où il donnait ses cours ou qu’il répétait avec son groupe. Il avait besoin d’un piano pour composer et il avait fini par comprendre ce que Izan voulait dire par rapport au son. Il avait également embarqué sa guitare, parce que cette dernière lui manquait lorsqu’elle n’était pas en sa présence. Ash travailla donc durant quelques heures sur la partition, puis à un moment, il eut besoin de prendre une pause. Il y avait une partie de la chanson qu’il n’arrivait pas à mettre sur une feuille, il ne savait pas pourquoi et ça avait le don de l'énerver. Il savait qu’il y parviendrait, il avait juste besoin de se changer les idées. Après avoir mangé un petit quelque chose, il prit sa guitare entre ses mains et commença à jouer quelques chansons qu’il avait composées jadis lorsqu’il était au secondaire. Il se revoyait avec Alby, Rayleigh et Blaize, mais aussi parfois avec Landry qui avait remplacé le batteur durant quelques temps. La nostalgie l'envahit, puisqu’en ce moment, ce n’était pas facile avec le départ d’Alby. Bien sûr, ils avaient réussi à trouver un autre guitariste. Il était très doué et s’accordait aux autres membres et il avait réussi à cerner ses compatriotes. Néanmoins, ils avaient tous vieilli. Ash s’ennuyait du temps où ils étaient tous dans l’innocence de l’adolescence.

Le guitariste se donna alors corps et âme dans l’interprétation de la chanson et ne réalisa pas que quelqu’un était entré dans la petite salle de répétition. Lorsqu’il termina quelques instants plus tard, l’anglais entendit un « Hm. » comme un murmure, mais assez pour qu’il ne sursaute pas. Une silhouette était assise sur une chaise dans l’obscurité. Ash n’arrivait pas à distinguer de qui il s’agissait. « Je suis censé applaudir ou c’est too much ? » Bien sur, il ne distinguait toujours pas les traits de son visage, mais Ash aurait pu reconnaître la voix de son interlocuteur parmi des milliers. Le sourire qui étira ses lèvres voulait tout dire. « faudrait pas que tu te blesses si tu veux interpréter un morceau avec moi… » L’amusement se lisait sur les traits du visage de l’anglais et il déposa sa guitare pour aller dans la direction de Landry. « tu fais ça souvent te terrer dans l’ombre? et essayer de faire peur aux autres? » Il alla lui faire une accolade et le serra contre lui. Landry lui avait manqué, cela faisait un moment qu’il n’avait pas eu de nouvelles de lui. Mais bon, il était bien occupé avec la médecine qui ne lui laissait sûrement aucun répit. « je suis bien heureux de te revoir. que deviens-tu? »