Faith faisait désormais partie de la vie de Russell depuis plusieurs mois maintenant. Mais au fil du temps leur relation évoluait pour devenir de plus en plus spéciale. S'ils étaient seulement au début deux inconnus aux réunions des alcooliques anonymes, ils avaient rapidement brisé la glace. Leurs parcours de vie chaotiques les avaient rapprochés : ils avaient tous mes deux vécu des épreuves difficiles, que cela soit avec l'alcool, avec leur famille ou encore avec leur conjoint, tous deux décédés. Ils se comprenaient donc et cela faisait un bien fou à Russell à qui on avait toujours collé l'étiquette du méchant de l'histoire -ce qui avait pu être vrai à certains moments-, sans chercher à comprendre son point de vue. Russell était un homme qui avait souffert et qui avait fait souffrir sa famille sans le vouloir, noyé dans sa souffrance et le cercle vicieusement de l'addition. Mais c'était un temps révolu : il voulait devenir quelqu’un de bien, redevenir l'homme fort, plein de belles valeurs qu'il avait été dans le passé. Il y arrivait progressivement, même si Angus ne voulait pas l'entendre. Il essayait également de se reconstruire, pas à pas, un jour après l'autre et cela passait aussi par s'autoriser à ressortir, à avoir une vie sociale et peut-être même flirter un peu même s'il n'arrivait toujours pas à s'avouer les sentiments qu'il éprouvait pour Faith. Il y avait pourtant dans son entourage une personne qui avait bien cerné les intentions de Russell envers Faith : Joaquin. Son meilleur ami l'avait d'ailleurs incité à l'inviter à un rendez-vous, un vrai. Russell y avait réfléchi pendant plusieurs jours avant de finalement inviter la blonde au cinéma. Ce dernier passait justement des films rétro qu'ils avaient tous les deux connus dans leur jeunesse, l’occasion de se remémorer de bons souvenirs et de pouvoir réciter leurs répliques favorites à voix haute. La journée avait encore une fois était chaude, laissant présager une belle soirée ce qui était idéal puisque la séance se déroulait en extérieur. C’était une soirée parfaite en perspective pour Russell qui avait toujours été un grand cinéphile bien qu’il fut toujours davantage porté sur les films d’actions et de super héros. Dans sa jeunesse il était un peu geek sur les bords, sa collection Star Trek, posée pendant de nombreuses années sur sa commode en était le témoin. Ce soir pourtant il n’emmenait pas Faith voir Super man, il avait choisi un film qui plairait davantage à la blonde : Grease. Un classique qu’on ne présentait plus et qui l’espérait serait un choix qui plairait à Faith.

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Le pompier était passé chercher Faith chez elle avec sa vieille Harley, le rendez-vous au cinéma avait ainsi été accompagné par une petite virée en moto. Ce n’était pas la première fois que la blonde prenait place à l’arrière de sa bécane et il trouvait cette idée réconfortante tout comme la sensation de ses bras qui s'agrippait autour de lui. Il se gara sur le parking du cinéma qui était encore vide. Il étaient en avance pour la séance puisque Russell craignait qu’une foule de spectateurs prennent le cinéma d’assault. “Bon finalement il n’y a pas grand monde.” Il lança à Faith avec un petit sourire tout en haussant les épaules. Il enleva son casque et tout l’équipement qu’il rangea dans le compartiment prévu à cet effet, révélant ainsi la chemise à manches courtes qu’il portait  et un jean bleu légèrement délavé par le temps. Il avait fait un effort pour elle en ne mettant pas un t-shirt et il espérait secrètement qu’elle le remarque. Cette soirée avait des airs de premier rendez-vous comme s’il avait à nouveau quinze ans, mais il ne s’était pas senti aussi apaisé depuis longtemps. “ça a été derrière pour la route ?”  Il avait conduit avec d’autant plus de prudence que d’habitude pour ne pas l’effrayer et pour qu’elle profite de la balade calmement. “Je vais aller nous prendre des billets.” Son regard fut ensuite attiré par le stand de sucreries en tout genre qui se trouvait à côté de la billetterie. “On prend quelque chose à grignoter peut-être ?”

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Faith était partie acheter de quoi manger et de son côté Russell se dirigeait vers la billetterie pour acheter les entrées du cinéma. Il sorti son portefeuille de la poche arrière de son pantalon tout en demandant à la jeune fille de la billetterie. “Bonjour, deux billets pour Grease s’il vous plaît.” Il y avait quelque chose d’étrange dans cette situation : la jeune fille le dévisageait énormément. Plus que cela, elle lui jetait des regards noirs, comme s’il avait commis une terrible erreur. Elle passait peut-être une journée exécrable, certains clients étaient parfois peu agréables et pouvait totalement justifier une telle réaction. Un malaise s’installa, l’obligeant à demander d’un air hésitant. “Y a un soucis mademoiselle ?” Il n’aimait pas être dévisagé de cette façon. Heureusement que le film était bon puisque le service client laissait franchement à désirer.

Depuis quelques jours, l’humeur d’Angus est égale à la mienne ; mauvaise. On communique à distance, à travers de brefs messages et grognements plaintifs quand la nécessité l’exige, sans jamais se donner la peine d’ouvrir la bouche. On a toujours eu notre fonctionnement à nous, un peu à l’inverse des autres ; on s’est détesté avant de s’aimer, et on se pardonne de s’ignorer. Je sais qu’il ne m’en veut pas et il sait que je ne lui en veux pas, alors on a décidé de faire notre vie de cette manière jusqu’à ce que nos humeurs respectives s’améliorent. Le problème, c’est que la mienne ne cesse de se détériorer, et je doute sincèrement que la sienne connaisse une éventuelle amélioration alors qu’il est préoccupé par le retour de son père dans sa vie. Ou plutôt, de la possibilité de lui donner une chance. On en a longuement discuté avant qu’Angus se mure dans le silence ; signe qu’il débat désormais avec lui-même. J’ai même proposé de dresser des listes, de poser de vrais mots sur ce qu’il ressent face à la perspective de refaire une place à Russell, de prendre le risque d’être à nouveau déçu. Les pour, les contre, les éventuels avantages, les potentielles conséquences. J’en ai gribouillé, des papiers, mais pas suffisamment pour qu’Angus puisse croire en un semblant de réponse. Alors il a décidé de poursuivre la discussion avec lui-même et je ne lui en veux pas de m’avoir mise à l’écart – c’est une décision qu’il est le seul à pouvoir prendre, après tout. Et je sais aussi que mon avis est sans doute biaisé par mon propre manque de paternel dans ma vie, alors qu’il a loin d’avoir détruit mon enfance – un détail qu’Angus ne manque pas de me renvoyer à la figure dès que j’ai l’air trop naïve dans mes espoirs de réconciliation.

J’ai pris mon parti, pourtant. Je ne minimise pas les actes de Russell Sutton, bien au contraire. Encore moins alors que j’ai appris à aimer son fils aîné, à adorer son fils cadet, à ne pas comprendre les raisons pour lesquelles il a pu décider de leur tourner le dos. Samuel rencontre des difficultés qui sont compensées par d’énormes forces ; celle-là même qu’il aurait lui-aussi découvert s’il n’avait pas fui si vite. Rien ne pourra excuser son comportement, et je ne demande pas à Angus de le faire, seulement de s’assurer de ne pas vivre avec des regrets. Mais je sais aussi que je n’ai pas mon mot à dire, aucune légitimité dans cette histoire, aussi ai-je compris que mon silence était lui-aussi le bienvenu. J’ai cessé de ressasser cette histoire, me concentrant sur mes propres problèmes, ceux-là mêmes qui ne méritent pas de listes puisque tout est clair dans ma tête quant à leur finalité, omettant d’en parler à Angus pour ne pas connaître son ressenti (évident) vis-à-vis de tout cela.

Et j’essaie. Je jure que j’essaie de me tenir à l’écart des problèmes, puisque je suis bien souvent incapable de me mêler de mes affaires et que cela finit toujours par virer à la catastrophe. J’ai appris de mes erreurs – je le croyais, du moins. Je le croyais jusqu’à ce que je me retrouve figée devant ce type, à mon comptoir, qui demande deux billets pour Grease. Je n’ai pas à chercher longtemps pour identifier cette impression de déjà-vu ; et me remémorer les rares photos de famille montrées par Samuel (Angus s’affairant à cacher toutes celles qui peuvent dévoiler le visage de son père). Russell Sutton, en chair et en os, devant moi. Russell Sutton qui continue sa petite vie, qui a même l’air plutôt en forme si je me permets un jugement. Russell Sutton qui devrait être en train de continuer à ramper au pied de ses fils pour se faire pardonner, et non pas à passer du bon temps. “Y a un soucis mademoiselle ?” Toi, connard. « Deux places pour Grease. » Je répète alors que j’imprime les tickets, les glissant en sa direction sur le comptoir. « Autre chose ? » J’ajoute, forçant un sourire. Ce ne sont pas mes affaires. Ce n’est pas mon père ; ce n’est pas ma mission, tout simplement. Et j’essaie de résister à cette petite voix dans ma tête qui cherche à le confronter, à enquêter, à savoir ce qu’il fait ici, à défendre et protéger Angus alors même qu’il n’a certainement pas besoin de ça. Il va m’en vouloir, c’est certain, et je me suis déjà bien assez joué de lui et de notre relation pour ne pas ajouter un chef d’accusation à la lourde peine que je me traîne déjà. « Vous passez une bonne soirée ? Vous êtes venu en famille ? » Les mots m’échappent sans même que je n’essaie vraiment de les retenir, et quand je relève les yeux sur l’homme face à moi, mon sourire est plus sincère, plus tranchant, aussi.

@Russell Sutton

Russell était heureux à la perspective de partager cette soirée avec Faith. Plus le temps passait et plus ils passaient du temps ensemble. Leur premier rendez-vous en tête à tête avait véritablement été le réveillon de noël qu’ils avaient passé dans un chalet sous les étoiles à faire griller des marshmallows. Une soirée de rêve qui aurait pu être le décor d’une comédie romantique. Depuis, le pompier et la blonde s’étaient revus à de très nombreuses reprises. Aux alcooliques anonymes bien sûr mais chez l’un puis chez l’autre à raison de plusieurs fois par semaine. Tony, le chat de Russell semblait avoir adopté Faith, lui réservant un accueil plus qu’enjoué à chaque fois qu’elle passait le pas de la porte. Le fait que Tony accepte aussi bien Faith était un signe extrêmement positif pour le quadragénaire qui prenait plaisir à faire de plus en plus de place à Faith dans sa vie. Russell ne savait pas s’il devait mettre une étiquette particulière sur leur relation : il était peut-être tôt ou trop précipité pour affirmer qu’ils étaient officiellement ensemble mais quelques jours auparavant, Russell lui avait fait comprendre qu’il l’appréciait plus qu’une simple amie sur les conseils de Joaquin avant de l’inviter au cinéma, en guise de premier rendez-vous. Une invitation que Faith avait tout de suite acceptée avant de lui confirmait qu’elle ressentait aussi plus que de l’amitié pour lui. A cet instant tous les malheurs de Russell avait disparu et il avait eu l’impression d’avoir à nouveau quinze ans. Il avait souri bêtement, l’estomac rempli de papillons comme cela avait pu être le cas la première fois qu’il avait Beth à l’époque. Avec elle il redevenait un adolescent, il retrouvait cette innocence là qu’il avait perdu il y a bien des années. Ce rendez-vous était donc bien différent de toutes les fois où ils avaient pu se voir en tête à tête : un vrai premier rendez-vous, un rencard dont il avait hâte. Des attentes qui tranchaient nettement avec le ton plus qu’acerbe que la caissière employait avec lui. « Deux places pour Grease. » Elle avait l’air jeune, très jeune et Russell la jugea un peu rapidement en se disant qu’elle n’avait sûrement pas été recrutée pour son amabilité. « Autre chose ? » Il secoue la tête de gauche à droite avant de lui répondre. “Non ça ira merci.” Russell avait beau essayer de se dire que la fille à la caisse est juste de mauvaise humeur mais son intuition lui dictait qu’il y avait quelque chose qui clochait. « Vous passez une bonne soirée ? Vous êtes venu en famille ? » Il fronça les sourcils, un peu déstabilisé par la question qu’il trouvait intrusive. Il eut un moment d’hésitation sur la manière dont il devait lui répondre mais après tout, elle cherchait peut-être à se montrer sympathique ou elle était peut-être obligée de poser la question à chaque client pour réaliser un genre de sondage. “Non je suis venue avec ma…” Il hésita sur la manière dont il devait appeler Faith : il se voyait mal l’appeler “sa petite amie” à presque cinquante ans. “compagne.” Le mot était peut-être un peu fort et elle aurait sûrement rougi en l’entendant parler d’elle de cette façon mais c’était le meilleur compromis qu’il ait trouvé.

Il n’est pas difficile d’imaginer la réaction d’Angus à l’idée que je me mêle de ses affaires personnelles ; elle serait sans doute similaire à la mienne si les rôles étaient inversés. S’il se mettait en tête de me réconcilier avec Seth, ou même de lui adresser la parole alors que je ne lui ai rien demandé, je serai sans doute furieuse, et prête à lui faire passer un sale quart d’heure pour lui rappeler où se situe sa place. Pourtant, au moment où je reconnais Russell Sutton, je n’hésite qu’un seul instant avant d’employer un ton acerbe qui en dit long sur l’estime que j’ai pour cet homme ; c’est-à-dire, pas grand-chose. Il a abandonné femme et enfants au moment le moins opportun, après leur avoir fait vivre un malheur durant des années par le biais de son alcoolisme ; dans aucun monde je ne peux rester insensible à la présence de ce type. Je pourrais me contenter de me montrer hostile, de simplement lui faire croire que je ne suis pas dans un bon jour, que ça n’a rien à voir avec lui si le service client laisse à désirer. Mais ça tout à voir avec lui, avec cet homme dont je connais les méfaits les plus enfouis, alors même que c’est la première fois que je me retrouve en sa présence. Russell a toujours réussi à s’en sortir, bien trop facilement si l’on me demande mon avis, et être le témoin privilégié de sa bonhommie me laisse un goût amer en bouche. Il ne mérite pas de s’épanouir, il ne mérite pas d’avoir ce sourire aux lèvres, il ne mérite pas de continuer son existence comme s’il n’avait pas ruiné celle de l’homme que j’aime. Non, il ne mérite certainement pas de poursuivre sa soirée sans se douter des dégâts qu’il a pu causer autour de lui, et je refuse qu’il puisse parader de la sorte, impuni, en mettant le malaise qui nous entoure sur moi ; non, il serait temps de prendre vos responsabilités, Russell, et de réaliser tout le mal que vous avez pu faire. “Non ça ira merci.” Il veut écourter la rencontre, mais je ne compte pas le laisser filer. Je laisserai Angus me passer le savon que je mérite, mais je regretterai encore plus de ne pas arrêter Russell. Angus m’en voudra et je n’arriverai sans doute pas à lui expliquer le raisonnement qui me pousse à vouloir confronter son père, peut-être parce que je sais que mon copain a baissé les bras et qu’il ne semble plus attendre grand-chose de l’homme face à moi. “Non je suis venue avec ma…” Je le sonde du regard, le pousser à dire les mots. Avec qui, Russell ? Avec votre nouvelle famille ? Avec votre nouvelle femme ? Qui est suffisamment important pour justifier d’oublier l’existence de ses propres gamins ? “compagne.” Un instant, je me demande si Angus sait que son père a remplacé sa mère. Je ne suis pas insensible, Beth et lui étaient séparés depuis longtemps, c’était de l’histoire ancienne avant même qu’elle ne décède. Mais, justement, elle n’est plus de ce monde, laissant Angus s’occuper seul de Samuel, assumant toujours un peu plus ce rôle de père qu’il n’est pas, alors que l’acteur original n’a même pas profité de cette tragédie pour soutenir son aîné. Non, il préfère sortir sa poule de luxe, et il n’en faut pas plus pour sentir mes nerfs qui se crispent, quand je lui adresse, avec mon sourire le plus hypocrite, quelques mots que je veux tranchant par mon ton froid : « C’est dommage. Je suis sûre que Samuel aurait apprécié cette soirée. » Je rétorque, alors que, déjà, je me dirige vers le client à l’autre bout du comptoir, le laissant cogiter, espérant avoir planté les graines qui sauront pourrir le reste de sa soirée.

@Russell Sutton, @Faith Palmer  

La caissière du cinéma l’avait mis mal à l’aise par son agressivité et par ses questions intrusives. L’intuition de Russell lui disait qu’il n’y avait rien de bon son attitude, qu’il y avait quelque chose à cacher vu la manière dont elle le fusillait du regard. Russell ne comprenait pas, il ne la connaissait pas, il s’était bien comporté avec elle, il n’y avait pas de raison apparente à ce qu’elle réagisse comme ça. Il répond à sa question de manière hésitante en désignant Faith comme sa compagne, ce qui était tout nouveau pour lui mais pas déplaisant. « C’est dommage. Je suis sûre que Samuel aurait apprécié cette soirée. » Et elle tourna les talons brutalement, laissant Russell qui essayait de digérer l’information. Il n’était pas sûr d’avoir bien entendu, avait-elle bien parlé de Samuel ? Il était sous le choc et il n’avait pas bougé alors que la file d’attente derrière lui commençait à s’impatienter. “Vous comptez camper ici ?” Une voix s’éleva pour le presser ce qui le sortit brutalement de sa torpeur. “Désolé.” Il se décala tout de suite pour les laisser passer alors que Faith avançait vers lui, un grand seau de pop-corn à la main. “Je euh...” Il ne trouvait pas les mots pour décrire ce qui venait de se passer à la blonde mais les traits du visage du pompier étaient déformés par l’inquiétude. Il était préoccupé, complètement dérouté et pris de court. La caissière devait le connaître ou du moins connaître ses enfants et c’était quelque chose auquel il ne s’attendait pas. “Il vient de se passer quelque chose de très bizarre.” Mille et une questions se bousculaient dans sa tête : qui était cette fille par rapport à ses enfants ? Est-ce qu’elle était très proche d’eux ? Elle devait forcément l’être pour lui faire une telle réflexion. Que savait-elle sur eux ? “Je crois que la caissière connaît Angus et Samuel.” Aux questions sans réponse s’ajoutait également de la culpabilité. Cette fille, Maisie s’il en croyait le nom inscrit sur son badge, lui avait remis devant la figure ses erreurs passées. Il n’y avait pas un jour où il ne pensait pas à eux, à la porte qu’il avait claquée il y a huit ans et au manque de courage dont il avait fait preuve pendant de nombreuses années en ne les contactant pas. A son retour sur Brisbane il avait essayé d’entrer en contact avec Angus, d’arranger les choses mais cela avait été un échec cuisant, Angus refusait catégoriquement de pardonner son père. Il tourna la tête en direction du guichet pour voir si Maisie était à nouveau là ou pas mais elle semblait avoir disparu, ne lui laissant pas l’occasion d’aller lui poser des questions supplémentaires. Il devait pourtant lui parler, éclaircir ce mystère : cette fille était peut-être la clé pour qu’il puisse renouer avec sa famille. Ou peut-être pas, elle s’était montrée plus qu’hostile avec le quadragénaire. Si elle connaissait Angus il était parfaitement normal qu’elle le haïsse, il lui avait certainement tout raconté et Russell ne minimisait pas la souffrance qu’il avait infligée à sa famille. Ce qu’il voulait ce n’était pas renouer en prétendant que rien ne s’était passé et que tout allait bien, mais plutôt il voulait une deuxième chance. Une chance de montrer qu’il s’était pris en charge, qu’il était sobre désormais et qu’il était apte à être un bon père, à faire mieux et que cette fois-ci il ne les décevrait pas. Un état d’esprit que Faith partageait et Russell savait qu’en se confiant au sujet de ses enfants, elle le comprendrait parfaitement étant dans la même situation.